T.EVETTE, C. CAMUS, Analyse stratégique : Organisations de maîtrise d'œuvre
CEP Les professions de la maîtrise d'œuvre, Grain, Ministère de l'emploi. Documents intermédiaires, Octobre 2000.
Direction scientifique : G. Tapie avec E. Courdurier, T. Evette et B. Haumont.
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1. La maîtrise d’œuvre d’ingénierie
Les activités d’ingénierie couvrent un très large champ d’intervention. Elles réunissent, selon la
définition du 6
ème plan “ Tout ou partie des activités, essentiellement intellectuelles, qui ont pour objet
d’optimiser un investissement, quelle que soit sa nature, dans ses choix, dans ses processus techniques
de réalisation et dans sa gestion.. Qu’il s’agisse de l’industrie, du bâtiment ou des infrastructures, cette
optimisation concerne “ soit la conception d’un produit, matériel ou immatériel, soit le ou les processus
de production correspondant (s), soit la réalisation des produits ou des processus concernés, soit la
gestion, l’exploitation ou la maintenance des produits, processus ou réalisation dont le donneur d’ordre a
la responsabilité. ”1
Sur ces questions, l’ingénierie comporte des activités d’études, de conception de systèmes ou
d’ouvrages, de direction d’exécution et de contrôle. Elles peuvent inclure la fourniture de matériel et
d’ouvrage, notamment dans le processus d’intervention dit “ clé en main ”. La fourniture de services
d’exploitation et de maintenance liés aux équipements et ouvrages tend à se développer en complément
des activités de conception et de fourniture.
Les sociétés d’ingénierie sont très différentes les unes des autres Elles se distinguent et s’opposent par
leur taille et par le caractère généraliste ou spécialisé de leurs activités. Il y a en France, une très
grande société d’ingénierie de plus de 10 000 personnes, 308 sociétés de plus de 50 personnes et 18
000 de moins de 50 personnes. Très nombreux également sont les ingénieurs exerçant individuellement
ou en très petite structure et que désigne le terme d’ingénieurs-conseil. La plupart des grandes sociétés
sont polyvalentes sur les trois domaines de l’industrie, du bâtiment et des infrastructures.
Certains représentants de la profession mettent en question la notion globalisante de “ société
d’ingénierie ” qu’ils réservent aux plus grandes en rangeant les autres dans la catégorie “ bureau
d’étude technique ”. Cette étiquette “ ingénierie ” est certainement à questionner. Elle permet
notamment de faire ressortir les concurrences à l’intérieur du domaine : entre les sociétés de grande
taille et les moyennes, d'une part, et les sociétés généralistes ou spécialisées, d'autre part. Il faut
d’ailleurs souligner que les petites sociétés d’ingénierie généraliste emploient volontiers l’appellation
“ BET ” (Bureau d’études techniques) sur le terrain.
C’est en s’appuyant sur cette typologie de taille et d’éventail d’activité que nous avons étudié
l’organisation des sociétés d’ingénierie et l’évolution des profils professionnels qu’elles mobilisent.
Les activités d’ingénierie et études techniques sont essentiellement exercées par des petites structures.
Mais c’est dans cette partie de la maîtrise d’œuvre que se trouvent les plus grandes sociétés. Ainsi, il
existe une très forte opposition entre une multitude de petites entreprises, très dispersées dans leur
localisation et orientées sur des marchés locaux, d’une part, et les grandes sociétés (plus de 200
salariés) implantées en région parisienne, mais disposant d’un réseau de filiale en France ou à
l’étranger, orientées sur des marchés plus importants et présentes à l’exportation. Selon les données du
Sessi2, le secteur ingénierie et études techniques3 représente en 1998 20 233 entreprises dont 18 517
1 J.M. Dossier, Fiche : Ingénierie, op. cité.
2 Et aussi J.M. Dossier, Fiche : Ingénierie, DGITIP, Secrétariat d’Etat à l’Industrie, mai 1999.
3 Code NAF 742 c hors ingénieries intégrées et ou entreprises ayant des activités d’ingénierie à titre secondaire.