INTRODUCTION A LA GEOMORPHOLOGIE La géomorphologie ou Géodynamique externe est une science de la Terre qui s’intéresse à l’étude descriptive et explicative du relief. Elle étudie la météorisation (désagrégation et altération au voisinage de la surface terrestre), l’érosion qui arrache les débris, puis le transport de ceux-ci et plus loin, leur dépôt ou sédimentation. Elle traduit le comportement des terrains géologiques à l’égard des agents d’érosion sous les différentes conditions définies par les climats. La surface des continents est perpétuellement modelée par trois agents principaux : l’eau, la glace et le vent. Les continents tendent à s’éroder, ce qui entraîne une diminution de l’épaisseur de la croûte continentale qui, en vertu du principe de la compensation des masses, causera une remontée isostasique. Le modelé de la surface du globe est commandé par l’interaction de deux forces qui s’exercent de part et d’autre de la surface topographique et qui varient à la fois dans le temps et dans l’espace : - D’un côté, les forces externes qui ont leur siège dans l’atmosphère et dans l’hydrosphère. Ce sont elles qui prédominent et qui réduisent peu à peu les montagnes et comblent de sédiments les partis déprimées de l’écorce ; - De l’autre côté, à l’opposé, les forces internes, qui se manifestent par les déformations tectoniques et le volcanisme. Parfois, elles prédominent et réduisent peu à peu les montagnes et comblent de sédiments les partis déprimées de l’écorce De cet antagonisme entre ces deux forces, il en résulte une morphogenèse ininterrompue, provoquant de perpétuelles modifications du relief difficiles à observer directement par suite de leur lenteur. La géomorphologie doit aussi intégrer deux autres milieux : - La limite entre la lithosphère et l’atmosphère. Cette surface qui englobe aussi l’hydrosphère est également un support pour les activités des êtres vivants : c’est la biosphère. Cette dernière modifie la partie supérieure de la lithosphère en transformant les roches en sols, changeant ainsi les propriétés de la surface de la Terre ; - La zone tampon entre continents et océans : le littoral soumis à la fois aux processus terrestres et marins. Ce domaine géographique particulier caractérisé par diverses formes du rivage marin a donné naissance à une discipline dite géomorphologie littorale. Le temps est un élément fondamental car l'efficacité des agents qui façonnent le paysage est renforcée par la durée. De plus, sur une même région, le climat peut, à l'échelle géologique, varier dans le temps et engendrer nombre de successions de systèmes morphogénétiques, dont il faut tenir compte pour comprendre le relief. 1 La stratigraphie, ou étude de la succession des couches géologiques, relayée par la sédimentologie pour expliquer les conditions du dépôt des sédiments, permet de reconstituer les paysages du passé ou paléogéographie. Elle s’appuie pour cela sur la tectonique ou étude des déformations des couches de la partie superficielle de la terre pour remettre en place les différentes régions dérangées par les mouvements de l’écorce terrestre. L’évolution des reliefs dépendra donc essentiellement : - De la lithologie ou nature des terrains (granites, calcaires, marnes, etc., plus ou moins résistants à l'érosion). Le comportement spécifique des calcaires donne naissance à un relief particulier que l’on peut étudier dans le cadre de la géomorphologie karstique. - De la structure géologique des terrains : C’est le domaine de la tectonique, branche de la géologie qui s’intéresse selon l’échelle choisie à l’étude de l’isostasie, de la dérive des continents et des phénomènes régionaux représentés par les plissements, les failles, les chevauchements, les séismes et les volcans. L’étude des formes structurales consiste à tenter de reconnaître dans des milieux géomorphologiques les formes primitives et dérivées. On peut envisager donc trois grands types de contextes géomorphologiques : les bassins sédimentaires peu déformées et leurs marges, les zones de fractures et les chaînes plissées. Ces deux premiers points relèvent du domaine de la géomorphologie dite structurale. - Du climat (perméabilité, plasticité, solubilité, végétation, facteurs hydroclimatiques, altération des roches, etc.). C’est le domaine, cette fois-ci, de la géomorphologie dynamique et de la géomorphologie climatique ou zonale qui fait appel à la connaissance des mécanismes climatologiques et biogéographiques. Très varié à la surface du globe, le climat conditionne la répartition et la vigueur des agents érosifs. Il permet ou non l'existence d'une couverture végétale et de sols. Si cette couverture existe, elle constitue une protection de la roche vis-à-vis des agents de l'érosion. Dans le cas contraire, les agents érosifs peuvent agir directement sur la roche. En conclusion, on pourrait dire dans ce contexte que la géomorphologique structurale crée le relief, tandis que la géomorphologie climatique le détruit. Point de vue historique, la géomorphologie a connu 3 grandes étapes : le règne du catastrophisme, la théorie davisienne et la géomorphologie contemporaine ou appliquée. - Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la géomorphologie était rattachée à l'histoire de la géologie de la Terre : Il s’agissait de la tendance de faire de la structure géologique des terrains le principe d'explication du relief ; - C'est à W. M. Davis que la géomorphologie doit de s'être dégagée de cette emprise de la géologie. Cette mutation s'est faite sous le signe de la géomorphologie climatique à partir des observations sur la diversité des conditions de façonnement du relief suivant les milieux bioclimatiques. Cette nouvelle approche n'est toutefois pas exempte d'ambiguïtés : Certains auteurs continuent encore à attribuer l'ensemble des formes observables dans un domaine 2 climatique donné aux processus spécifiques de ce milieu, négligeant la part fondamentale des héritages. - La géomorphologie a fait l'objet de transformations profondes depuis quelques décennies. La démarche suivie, d'abord analytique, étudie le relief dans ses rapports avec la structure géologique, puis avec les milieux bioclimatiques après avoir précisé les différents aspects de l'érosion. Elle bénéficie toutefois d'un raffinement croissant de ses outils d'analyse, qu'elle emprunte souvent aux sciences naturelles voisines (géologie, pédologie, géochimie, sédimentologie, hydrologie, biologie, etc. Ainsi conçue, la géomorphologie offre un intérêt pratique incontestable : la description scientifique du relief et la compréhension des mécanismes de sa genèse constituent des préalables nécessaires à un aménagement rationnel de la nature. 3