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INTRODUCTION
Professeur Daniel Grasset
Président de l’Académie
L’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, dont la
pluridisciplinarité est l’une des facettes statutaires de sa personnalité,
demeure, par essence, ouverte aux thèmes infinis de l’univers culturel.
C’est dans cet esprit qu’elle n’hésite pas à sortir des sentiers battus des
sciences dites exactes, où triomphe la Raison, pour s’attarder sur des sujets
de haute réflexion où s’entrecroisent la médecine, la philosophie, la
théologie, la contemplation, la littérature et les arts, pour appréhender,
autant que possible, le pourquoi et le comment de notre vie et du monde
qui nous entoure. Le colloque organisé cette année sur La pensée
symbolique s’inscrit dans cette démarche.
L’utilisation du symbole, du moins dans sa forme primaire,
remonte à la nuit des temps et s’observe dans toutes les civilisations,
antiques ou chrétiennes. Le symbole apparaît alors comme un substitut au
langage écrit. Sa valeur pédagogique à l’égard des populations inaptes à la
lecture est évidente. Il permet de transmettre par l’image un message
visuel accessible à tous. Le recours à l’objet (glaive, balance…) ou à
l’animal (aigle, colombe, serpent…) est bien connu. De même,
l’utilisation du dessin, de la peinture ou de la sculpture ont indéniablement
servi à la propagation de la foi dans les religions catholique et orthodoxe.
L’interprétation des remarquables chapiteaux de nos églises romanes en
est une parfaite illustration. La contemplation des iconostases poursuit le
même but.
De nature bien différente et de compréhension plus complexe, le
symbole se présente comme un élément d’expression nouvelle, souvent en
réaction contre le dogme officiel, classique ou traditionnel. Il en est ainsi
dans les domaines littéraire (poésie de Baudelaire, Mallarmé…), artistique
(peinture abstraite, musique de Debussy, Stravinski et Schoenberg),
philosophique (doctrines antirationalistes) et religieux (rôle exact du