Les Cahiers
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Contactologie
Cicatrices cornéennes
La présence de cicatrices minimes, arrondies, uniques
ou multiples chez un porteur de lentilles, générale-
ment souples, doit faire rechercher par l’interrogatoire
l’existence d’épisodes infectieux antérieurs, et doit tou-
jours éveiller la méfiance sur la vigilance du patient, et
sur sa compliance à l’entretien et à l’hygiène.
KPS diffuses
Qu’elles soient diffuses sur toute la cornée, centrales,
ou en couronne, elles évoquent une toxicité de la solu-
tion d’entretien utilisée et doivent orienter l’interroga-
toire dans ce sens. Elles diminuent souvent au décours
de la journée, après lavage de la solution par les lar-
mes et reconstitution des cellules épithéliales lésées.
KPS localisées
en arc supérieur ou inférieur : elles sont
souvent en relation avec la géométrie de la lentille et
nécessitent un changement de l’équipement.
Syndrome 3h-9h sous lentilles rigides
Il nécessite un rééquipement, et en cas d’échec avec
d’autres géométries de lentilles, il peut être néces-
saire de passer temporairement ou définitivement aux
lentilles souples.
Corneal warpage
Cette déformation cornéenne irrégulière le plus sou-
vent réversible, diagnostic différentiel du kératocône,
procède d’un mécanisme mal connu. Elle relève de
causes liées à l’anoxie et à l’appui mécanique de la len-
tille. Elle est observée avec des LRGP comme avec des
LSH, mais elle est beaucoup moins fréquente aujour-
d’hui avec la haute perméabilité à l’oxygène des maté-
riaux. La réversibilité s’obtient avec l’arrêt de la lentille
pendant plusieurs semaines, jusqu’à obtenir une régu-
larité parfaite de la kératométrie et une stabilité de
cette dernière, ainsi que de la réfraction, lors de deux
examens successifs. Chez des patients avec une forte
amétropie, il peut être proposé un port transitoire de
lentilles souples en silicone-hydrogel ou de lentilles
souples ultra-fines, qui sera souvent préféré malgré
une acuité moins performante, à une reprise des lunet-
tes. Une nouvelle adaptation pourra alors être propo-
sée en tenant compte de la malléabilité de la cornée.
Abcès
Quelque soit l’agent infectieux en cause, c’est la
pathologie la plus redoutée sous lentilles. Il survient le
plus souvent à la suite d’un mésusage des lentilles,
des solutions d’entretien ou d’un manque de propreté
des étuis, et le plus souvent en raison d’un retard du
patient à réagir et à consulter. Mais il s’observe parfois
en l’absence de toute cause identifiable. Après guéri-
son complète et une période de latence de quelques
semaines, une réadaptation peut être envisagée, dans
un cadre d’adaptation et d’information très strictes,
excepté chez un patient dont on peut soupçonner qu’il
présente des risques de négligence.
Pathologie du film lacrymal
Induite par les solutions d’entretien
L’interrogatoire met le plus souvent en évidence un
comportement volage des patients vis-à-vis des pro-
duits utilisés. Le choix d’un système oxydant permet
de diminuer l’intolérance, mais la restitution
ad inte-
grum
des cellules à mucus nécessite de longs mois.
Induite par les protéines dénaturées
déposées à la sur-
face ou dans la trame de la lentille: Il n’est pas super-
flu de redire que l’état d’une lentille, en particulier
souple, ne peut en aucun cas être évalué par un exa-
men à la LAF. Il est donc indispensable de se confor-
mer aux délais de renouvellement préconisés par les
fabricants, d’utiliser si besoin une déprotéinisation
hebdomadaire, qui doit être de règle pour toutes les
LSH à renouvellement traditionnel quel que soit le type
de solution utilisée.
En bref
Les pathologies de la surface oculaire sont multiples,
et font partie de la consultation courante en ophtalmo-
logie. Dans la majorité des cas, et quelle que soit leur
étiologie, elles ne sont plus une contre-indication au
port des lentilles. Mais il est indispensable :
– d’en définir la localisation,
– d’en identifier l’origine,
– d’en analyser la pathogénie.
La connaissance de la surface oculaire et de sa physio-
logie, les gammes très étendues de lentilles aujour-
d’hui à notre disposition, les modes d’entretien aux-
quels nous pouvons avoir recours, permettent
d’éliminer la majorité des contre-indications clas-
siques au port des lentilles, sans pour autant perdre la
notion de prudence que nous devons respecter devant
tout accident infectieux ou inflammatoire.
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