Etat de la connaissance sur l’adaptation au changement climatique en Rhône-Alpes
Fiche thématique – Préparation du SRCAE
Asconit Consultants - Enviroconsult Fiche 1- Ressource en eau
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LA RESSOURCE EN EAU
1. Contexte et données de cadrage
La ressource en eau en Rhône-Alpes est organisée autour de deux grands bassins
versants : la majeure partie est comprise dans le bassin Rhône-Méditerranée, tandis
qu’une frange ouest du territoire fait partie du bassin versant de la Loire.
La partie rhônalpine du bassin RMC est caractérisée par un réseau hydrographique
dense et une morphologie fluviale variée, avec la présence de nombreux plans d’eau (13
lacs de plus de 100 ha
1
). Les glaciers alpins représentent un total de 15,5 milliards de m
d’eau emmagasinés. On trouve également une grande diversité de types de masses
d’eau souterraines (nappes alluviales, aquifères karstiques, systèmes composites…), ainsi
que des zones humides riches et diversifiées.
L’axe Rhône structure par ailleurs les transports et la production d’énergie de la région,
qui fournit 25% de l’énergie nationale et 24% de l’énergie d’origine nucléaire.
La partie ligérienne de la région Rhône-Alpes est couverte par le SAGE « Loire en
Rhône-Alpes ». Espace appartenant au Massif Central, aux contrastes climatiques
importants, le secteur se présente comme un amphithéâtre de moyennes montagnes
(Mont du Forez et de la Madeleine, Mont du Pilat et du Lyonnais). Le réseau
hydrographique est structuré autour de l’axe nord-sud constitué par la Loire, avec de
nombreux affluents descendants des monts. L’axe Loire est marqué par deux grands
ouvrages (barrage de Grangent, pour la production d’énergie hydroélectrique, et barrage
de Villerest, pour le soutien d’étiage et l’écrêtement des crues).
Le réseau hydrographique de surface se compose ainsi de cours d’eau d’importance
nationale (Rhône, Saône, Loire, Ain) et locale. Les eaux souterraines sont principalement
les nappes alluviales des grands cours d’eau et des aquifères plus anciens, de grande
superficie.
Rhône-Alpes bénéficie d’un volume des précipitations efficaces
2
(moyenne 2003-2005) de
327 l/m, supérieur à la moyenne national (190 l/m). Des disparités territoriales
concernant la ressource en eau sont cependant à noter.
Le volume des prélèvements d’eau
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superficielle monte à 12,8 milliards de m en
2007
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.
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SDAGE RMC, 2009
2
Pluies efficaces : ressources en eau disponibles pour l’écoulement, l’alimentation des eaux
souterraines et les prélèvements (quantité de pluie tombée moins évapotranspiration)
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Les prélèvements d’eau correspondent aux volumes d’eau prélevés définitivement ou
temporairement dans le milieu naturel. S’agissant de l’énergie, la majeure partie de l’eau
prélevée est ensuite rejetée dans son milieu naturel.
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Source : SOeS, 2010 données régionales
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Il est réparti comme suit:
- part agriculture : 0,8%
- part industrie : 1,7%
- part énergie (nc eaux pour turbinage hydro-électrique) : 96,9%
- part domestique : 0,5%
Le volume des prélèvements d’eau souterraine représente 0,9 milliard de m en
2007
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.
Il est réparti comme suit :
- part agriculture : 5,3%
- part industrie : 40,6%
- part énergie (nc eaux pour turbinage hydro-eléctrique) : 1,3%
- part domestique : 52,8%
La superficie régionale couverte par un SAGE représente en 2006 29,2% (contre une
moyenne nationale de 45%). La superficie régionale couverte par un contrat de rivière
est de 75% environ, faisant de la région la première en terme de couverture en France.
2. Diagnostic de vulnérabilité du territoire face aux
impacts du changement climatique
Les effets du changement climatique
Les tendances du changement climatique en Rhône-Alpes montrent que les températures
moyennes pourront augmenter sur la région de 1°C à 2°C à l’horizon 2030, 1,5°C à
2,5°C en 2050 et jusqu’à C en 2080
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. La température moyenne évoluerait de manière
assez uniforme sur Rhône-Alpes, avec une augmentation plus marquée sur le sud des
Alpes et les Préalpes du Sud.
L’incertitude est plus grande concernant les précipitations, et par conséquence la
ressource en eau disponible.
Ainsi, il est prévu que les précipitations moyennes pourront diminuer sur Rhône-
Alpes jusqu’à 300 mm cumulés par an à l’horizon 2080 (projection modélisée de Météo
France). Les contrastes saisonniers et géographiques indiquent que la baisse des
précipitations sera particulièrement significative en hiver, et sur les reliefs. Le sud de la
région sera le plus exposé à l’allongement des périodes sèches.
La transcription de variations climatiques sur les rivières, en termes de débit ou
de température, résulte d’un ensemble complexe d’interactions physiques. Les
échanges thermiques entre la rivière et l’atmosphère sont notamment régis par la
température de l’air, par le vent, par l’ensoleillement et par le taux d’humidité
atmosphérique.
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Source : SOeS, 2010 données régionales
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Etude Météo France réalisée en juillet 2010 pour la DREAL/Conseil Régional Rhône-Alpes
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Les caractéristiques physiques de la rivière profondeur, vitesse d’écoulement,
singularités topographiques et les pressions anthropiques entrent également en ligne
de compte. Un certain nombre de données observées suffisent cependant à constater une
évolution significative des températures moyennes des cours d’eau sur les trois
dernières décennies. Ainsi, le Rhône français (Poirel, 2008) a connu une hausse de sa
température moyenne de 1 à 2°C sur l’ensemble de son cours entre 1978 et 2008,
hausse corrélée avec
l’évolution de la température de l’air.
Les projections des scientifiques indiquent une baisse des écoulements de surface
sur la quasi-totalité des bassins versants. Les travaux de Boé (2007) mettent ainsi
en avant :
- en hiver, une diminution modérée des débits ;
- au printemps pas de changement notable ;
- en été et en automne, une forte diminution des débits ;
- une augmentation du nombre de jours de la période d’étiage.
Dans sa thèse récente, J.Boé s’est attelé à modéliser l’influence du changement
climatique sur le débit des rivières, par la méthode dite des « régimes de temps » (les
projections des 14 modèles climatiques du 4ème rapport du GIEC) et en appliquant les
résultats à un modèle hydrologique donné.
L’exception alpine ?
Dans le cadre du scénario climatique A1B, des chutes marquées du niveau
pluviométrique moyen sont attendues. En hiver, seules quelques rivières alpines
enregistreraient une hausse de leur débit. Pour les débits extrêmes, les simulations
montrent des évolutions assez faibles des débits de crue, mais une augmentation nette
et générale de la fréquence et de la sévérité des étiages. Ces résultats restent
entachés d’une forte incertitude liée au scénario envisagé et aux limites des
modèles utilisés. Pour aller plus loin dans cette analyse sur les débits, il est cependant
nécessaire de prendre en compte les spécificités des différents bassins versants, qui sont
par exemple influencés par la neige (bassins versants de montagne) ou par les nappes
souterraines. Le projet GICC-Rhône s’est intéressé aux bassins alpins de la Durance et de
l’Ubaye. Dans tous les cas, les résultats des modèles montraient des débits hivernaux
plus importants, des crues nivales avancées et des débits estivaux plus faibles
(Ducharne, Séminaire Paris 2009).
La vulnérabilité du territoire
Au niveau national, les travaux réalisés dans le cadre du rapport de l’ONERC « coûts des
impacts et pistes d’adaptation » indiquent que si l’on considère une stabilité de la
demande, un déficit de 2 milliards de m
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pour la satisfaction des besoins actuels de
l’industrie, l’agriculture (irrigation) et l’alimentation en eau potable serait observé à
l’horizon 2050.
Sur le territoire rhônalpin, la ressource en eau est relativement mal répartie et
peut être localement insuffisante. Ainsi, les assecs sont relativement fréquents hors des
zones de montagne (Ain, Drôme, Ardèche, Loire).
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Le recul des glaciers et la fonte du manteau neigeux diminueraient la réserve en
eau disponible, entraînant des étiages beaucoup plus prononcés en juillet/ août. A
contrario, en montagne, cette même fonte des glaciers accentuée par la hausse des
températures provoquerait un pic de crue au mois de mai, en avance d’un mois environ.
La disparition des glaciers menacerait à terme le régime hydrologique du Rhône.
La pression sur une ressource diminuée serait donc croissante, et entraînerait des
conflits d’usage de plus en plus marqués : concurrence entre l’agriculture, la production
énergétique (importance de l’hydroélectrique en Rhône-Alpes), le tourisme… Cette
concurrence pourrait s’avérer problématique en riode d’étiages/assecs sévères,
amenant à de nécessaires choix politiques..
La pression croissante sur la ressource doit interpeller sur la pratique d'irrigation, la
gestion des arrêtés de sécheresse (selon quelle gouvernance , avec quelles modalités de
concertation préalable, quels indicateurs ou critères ?...), la gestion des stocks en
retenues et la politique d'aménagement d'ouvrages (retenues collinaires, réservoirs,
transferts...).
L'augmentation des températures peut entraîner une altération physique, et une
diminution des zones d'évolution des espèces piscicoles salmonicoles. Il est alors
d'autant plus important de définir une politique d'aménagement qui intègre et assure la
continui biologique pour éviter que les barrages physiques ne viennent aggraver le
phénomène (cf. étude GICC-Rhône).
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En Rhône-Alpes, sur le bassin RM&C, suite à la circulaire ministérielle du 30 juin 2008,
plusieurs masses d’eaux en ficit quantitatif ont été identifiées : elles font l’objet
d’études de « volumes maximum prélevables » (cf. explication ci-dessous :
Territoires touchés par des déficits en eaux en Rhône-Alpes :
Source : DREAL, 2010
Orange : zones en
déficit hydrique
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