Au lieu d'une mondialisation orientée par les besoins de l'accumulation capitaliste, il s'agit de 
l'orienter vers une synthèse de regroupements régionaux. Ces derniers représentent une extension de la 
dimension des marchés, mais ils peuvent aussi rendre un pouvoir réel, éventuellement partagé, à des 
ensembles   d'États,   sur   leurs  propres   économies.   Cela  leur   donnerait   de  meilleurs   moyens  de   se 
protéger contre les entreprises transnationales et une position plus favorable de négociation avec les 
autres regroupements. Ils permettraient aussi, surtout aux économies les plus faibles, de développer un 
pouvoir de négociation sur le plan international. Enfin de tels regroupements formeraient la base de 
l'organisation de la sécurité collective.
Cette réorganisation serait accompagnée de mécanismes et d'institutions régulatrices au niveau 
mondial, de façon à assurer l'équité dans les transactions économiques, la coopération politique et la 
sécurité   internationale.   Ainsi   les   organismes  de   Bretton   Woods   pourraient   exercer   de  nouvelles 
fonctions qui cesseraient d'en faire les instruments du néo-libéralisme. Il s'agirait donc d'un monde 
polycentrique dont la philosophie s'opposerait à la mondialisation actuelle, dominée par les entreprises 
transnationales et le capitalisme financier [Alternatives Sud, Vol.I (1994), N 1, 42 et Vol.II (1995), N
 4, 130]. Pas question d'autarcie, ni d'isolement, mais déconnexion de la mondialisation dans sa forme 
actuelle, pour en reconstruire une autre sur de nouvelles bases [Alternatives Sud, Vol.I (1994), N 3, 
105 et Vol.III (1996), N 4, 40].
3) Réponse régionale aux besoins réels des populations
Sur base des regroupements régionaux dont nous venons de parler, il serait possible d'envisager 
un développement autocentré [Alternatives Sud, Vol.I (1994), N  3, 17], c'est-à-dire orienté sur la 
satisfaction des besoins locaux en interdépendance, plutôt que sur le  tout à l'exportation  comme 
aujourd'hui.   Ainsi,   ces   regroupements   ne   seraient   pas   de   simples   relais   d'une   mondialisation 
capitaliste, comme l'ALENA par exemple [Alternatives Sud, Vol.III (1996), N 4, 147-166], la zone 
de libre échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, mais bien des pôles de développement 
répondant   aux  besoins  réels   de   leurs  populations.  En  Afrique,   par   exemple,   cela   permettrait  de 
promouvoir une agriculture vivrière soutenue par une industrialisation [Alternatives Sud, Vol.I (1994), 
N 2, 71].
Cela suppose également une construction politique régionale capable de prendre des mesures 
d'équilibre   économique   et   social   à   l'intérieur   de   chacun   des   ensembles.   Il   s'agit,   en   particulier, 
d'instaurer des mécanismes de renforcement de la position des plus faibles, pays ou groupes sociaux 
[Alternatives Sud, Vol.II (1995), N 4, 132].
4) Éco-développement alternatif
Le   mot  durable  est   aujourd'hui   introduit   comme   un   terme   quasi-magique,   mais,   dans   la 
littérature officielle, en dehors du contexte des rapports sociaux existants [Alternatives Sud, Vol.II 
(1995), N 4, 8-16]. C'était le prix à payer pour que ce concept puisse faire carrière dans un monde 
dominé par le néo-libéralisme. C'est la raison pour laquelle nous préférons parler d'éco-développement 
alternatif. Il s'agit de créer de nouveaux rapports sociaux de production qui répondent, en même temps, 
à   l'impasse   de   la   destruction   des   ressources   naturelles   non-renouvelables,   de   la   pollution   et   du 
dérèglement écologique [Alternatives Sud, Vol.I (1994), N 3, 60].
5) Nouvelles alliances sociales, populaires et démocratiques
Pour créer des rapports de force capables de faire aboutir de telles politiques, il est nécessaire 
d'établir   de   nouvelles   alliances   sociales,   alternatives   à   celles   qui   ont   existé   jusqu'à   aujourd'hui 
[Alternatives Sud, Vol.III (1996), N 2, 81]. Dans les pays industrialisés, le moment est venu de viser 
à des stratégies communes entre la classe ouvrière, les classes moyennes en déclin, les intellectuels, les 
immigrés, les mouvements représentant des intérêts précis: écologistes, femmes, droits des enfants, 
etc. Dans les pays du Sud, face à l'alliance entre le capital international, la bourgeoisie compradore et