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La grammaire structurante d’Elisabeth Nuyts
Nadine Rocamora, professeur des écoles et éducatrice Montessori 3-6 ans dans
une école publique. Cette dernière a elle-même effectué tout son primaire dans des
écoles Montessori à l'étranger. Portée, dans son métier, par les difficultés
d'apprentissage des élèves comme par le développement des enfants, elle a trouvé
des éléments de réponse auprès de Mme Elisabeth Nuytsen apprenant à construire
l'identité des enfants grâce à la grammaire structurante.
Comment en est-elle venue à la grammaire structurante d’Elisabeth Nuyts ?
Enseignante depuis 2001 et après avoir recherché les « bons » manuels et fait
travailler les leçons et les exercices sur le nom, l’adjectif, le verbe, etc. elle a réalisé
que :
10% des élèves suivaient. Ils restituaient leurs travaux sans y mettre leur pensée.
Ils mémorisaient la leçon.
40% ne restituaient que la première phrase de l’exercice sans élaborer leur
pensée pour les autres phrases. Ils ne mémorisaient pas la notion.
50% restituaient la notion dans tout l’exercice sans trop comprendre. Du copier-
coller. La fois suivante tout était oublié !
1. Quelle est la finalité de la grammaire structurante d’Elisabeth Nuyts ?
- Permettre la perception de soi et de l’autre dans un monde chacun peut agir
dans un lieu et un temps donné.
- Construire la pensée et analyser ses perceptions.
- Construire l’identité des enfants, des adolescents mais aussi des adultes.
- Construire leur sens des responsabilités, les ouvrir à qui ils sont.
Si dans notre enfance, on a correctement développé le langage, fondement de la vie
sociale, les catégories, la mise en mots de nos perceptions, notre identité, la
perception dans l’espace et le temps, nos relations avec les autres, alors les lois qui
régissent notre langue ont une étoffe humaine et sont porteuses de sens.
Dans le cas contraire, les mots des lois qui régissent notre langue restent virtuels.
Des mots dont nous ne nous sentons pas responsables, du son sans aucune portée
sur nous.
2. Le développement du langage de l’enfant de 0 à 12 ans.
L’enfant vit dans une nébuleuse auditive pendant ses deux premiers mois de vie.
C’est seulement à partir du troisième mois qu’il commence à émettre des sons,
composés de voyelles. A 6 mois surgit la première syllabe qu’il répète. Ainsi, il
continue inconsciemment sa recherche de mots, avec des balbutiements
mécaniques. A 10 mois, les sons ont du sens : PA/PA PA/PA désigne son papa et le
son n’est plus un balbutiement.
A 1 an il y a son premier mot intentionnel qui est prononcé. Ensuite, l’enfant utilise
des mots de deux syllabes avec un sens large. Des balbutiements psychiques sont
toujours présents, car il est en train d’intégrer un code social : le langage ! Il intègre
la communication.
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A 16 mois, chaque chose porte un nom. Il énumère plusieurs noms pour faire une
phrase, il na pas de structure grammaticale. A partir du 21ème mois, il nomme ses
actions. Ce qui se construit n’est pas que l’action mais aussi le nom de l’action.
A deux ans, c’est l’explosion des mots. A cet âge, la grammaire se met en place :
noms, verbes et autres parties du discours.
De 2 à 3 ans, c’est l’explosion du langage : l’enfant enrichit son vocabulaire et parle
beaucoup ! Il apprend le nom des choses par catégories et en lien avec la vie. C’est
l’âge des questions !
A 4 ans, c’est l’explosion de l’écriture qui mène à la pensée autonome et à la lecture.
Il doit apprendre tout de suite à tracer les lettres cursives pour ne pas semer
des confusions, lier l’oral au langage écrit. L’enfant a intégré le code oral, la
syntaxe est en place. Désormais il intègre le code écrit. Il doit affiner ses perceptions
sensorielles :
- auditives : par la discrimination des sons et des rythmes
- kinesthésiques : par le tracé des lettres dans le sable ou la farine pour en garder
une image mentale associée au son et au geste
- visuelles : en voyant les lettres tracées
C’est par l’écriture que l’enfant entre dans la lecture !
De 3 à 6 ans, l’enfant enrichit son vocabulaire et consolide sa syntaxe. Il faut lui
nommer tout ce qui l’entoure avec des mots d’adultes. Il aime apprendre beaucoup
de choses sur un seul thème et il devient très « spécialiste » de ce thème. C’est à cet
âge que naissent les passions pour la vie.
De 6 à 9 ans, c’est le temps de la répétition ! Il prend conscience du fonctionnement
de la langue et cela le construit. Il démarre une période sensible à la grammaire. Il
faut lui apprendre l’histoire de l’écriture. Il est sensible à la culture de son pays et aux
civilisations qui l’ont fondée. C’est l’âge des lectures de récits et de documentaires. Il
faut leur lire les histoires sur les ros de la mythologie qui fondent la plupart de
notre discours culturel et de nos récits. Il est capable de comprendre la phrase
simple, la phrase complexe et tous les compléments circonstanciels ainsi que les
propositions relatives. Il est aussi capable de comprendre tous les modes et tous les
temps.
Le temps de l’intégration se manifeste de 9 à 12 ans. Intégrer c’est être capable de
refaire à sa façon. L’enfant consolide ce qu’il a appris en le réinventant. Son
langage lui sert à s’émanciper et à prendre sa place dans la société par ses idées
originales. Il se tourne vers les langues étrangères. Il aimera appliquer ce qu’il a
appris des autres civilisations à sa propre culture.
3. Un prérequis pour la grammaire structurante : l’écriture consciente
L’écriture consciente est celle que nous écrivons :
- en ayant conscience du sens de ce que nous écrivons
- en ayant conscience de la forme des mots et des lettres que nous traçons
- en ayant conscience du lien des mots entre eux
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Comment l’écriture consciente se met en place ?
En maternelle :
1. La verbalisation du sens du tracé des lettres : « je descends vers la gauche, je
remonte, je fais une boucle, j’ai tracé le o »
2. L’association parole/lettre et débuts de mots avec cette lettre
3. L’entrée dans le code voyelles/consonnes et leur association progressive
4. La syllabation
5. L’écriture de sa pensée avec les lettres mobiles : écrire ce qu’il aime
6. L’enrichissement du vocabulaire par rapport à son vécu d’enfant de 3 à 6 ans
7. La discrimination auditive des sons avec des objets
8. La prise de conscience de ses perceptions : leur mise en mots
En revanche, ce qui conduit à l’écriture dissociée (dès la maternelle) :
1. Une écriture mécanique et silencieuse des lettres
2. Une écriture « bâtons »
3. Une reconnaissance visuelle et silencieuse des lettres dans toutes leurs graphies :
cursive et script majuscules et minuscules sur la même page
4. Une reconnaissance visuelle des prénoms ou des mots de manière globale sans
le toucher, le tracé, ni la parole
5. L’impossibilité de syllaber
6. Coller des étiquettes lettres et prénoms
7. Ne pas parler à ses élèves ni leur donner un retour de leurs expériences
8. La comptine de fermeture des perceptions
Cela conduit à des dysfonctionnements :
Une écriture ou seul le son compte : une écriture phonétique
« ils sont allés » = « il son talé »
Une écriture dysorthographique
« la princesse » = « la prunsess »
Une écriture que l’on qualifiera de dysgraphique, l’écrit ne sera que dans les
yeux et les repères de temps et d’espace ne seront pas intégrés
Une écriture ou les lettres majuscules « bâtons » et minuscules scripts ou
cursives seront mélangées
L’incapacité à écrire
Écrire des phrases infantiles
4. Comment reconstruire l’écriture consciente avec les plus grands ?
Il faut reconstruire la conscience de leur pensée donc de leur identité par un travail
sur les pronoms, le verbe, les temps passé, présent et futur et en même temps la
conscience du code de notre langue. Il faut également rendre leurs perceptions
conscientes.
Comment ?
En partant d’une expérience vécue par l’enfant, lui faire raconter avec le plus de
détails possibles pour qu’il ait des images mentales et qu’il les évoquent.
Faire dire, à l’enfant, à haute voix, syllabe après syllabe, ce qu’il écrit. Son écriture
doit aller au même rythme que sa main. Pour certains d’entre eux, il faudra refaire
épeler lettre après lettre.
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Lire des récits comme si vous jouiez la scène et leur faire évoquer le récit. Alors,
l’enfant recommence la lecture phrase après phrase, tout en les analysant. Il est
aussi important de lui faire écrire dans le sable ou la farine pour les perceptions. Le
faire jouer avec des animaux en plastique pour reconstruire les catégorisations.
Jouer au « Bla bla » pour inventer des histoires, retrouver leur trame et mémoriser.
5. La grammaire structurante
Le but de la grammaire structurante est de recentrer l’être sur lui-même.
Pour comprendre le sujet, le « JE »,il faut démarrer par l’action, le VERBE. C’est
fondamental de comprendre si l’enfant a compris ce qu’est un verbe.
Lui demander de mimer une action dans laquelle il a un verbe et un sujet. Si l’enfant
rencontre des difficultés à le faire c’est qu’il a intégré ces notions à l’extérieur de lui-
même.
Comment aborder le VERBE dans les maternelles et les CP ?
Donner un petit ordre à faire dans la classe : « saute » ; « cours » ;
« parle » ; « marche » … Pendant que l’enfant fait l’action lui dire :
- Que fais-tu ? « Je marche ! »
- Tu fais l’action de … « marcher ». Ton action c’est de « marcher »
Faire d’autres mimes et lui faire verbaliser son action même lorsqu’elle
est immobile. « Je réfléchis » ; « je regarde »…
Dans un deuxième temps passer au sujet (pas le même jour pour les petits)
Donner un ordre et demander ce qu’il fait ?
- Quand tu dis : « je marche » qui fait cette action de marcher ?
- C’est moi !
- Quel est le mot qui te représente quand tu dis : je marche ?
- C’est « je »
Parfois les enfants qui sont dans le mouvement vont dire c’est « marche ». Il faut
alors, leur préciser que marche est une action. Pour ce faire, Nadine Rocamora, écrit
au tableau l’action et elle met un symbole, un rond rouge, dessous, pour signifier
l’action.
Les pronoms en vécu pour construire l’identité et le verbe dès le CP
Reprendre la même trame avec une action à réaliser avec « je », un élève. Pour le
pronom « tu », l’enseignante fait l’action de marcher et elle lui demande :
- Qu’est-ce que je fais ? Tu marches !
- Quelle est mon action ? Marcher
- Qui fait cette action ? Toi !
- Quel est le mot qui me représente quand tu dis « tu marches » ?
- « tu »
Demander à l’enfant d’écrire le nom de l’enseignante qui fait l’action sous « tu ».
Poursuivre avec les autres pronoms en faisant intervenir d’autres élèves.
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Avec les CP et les CE1 mettre en perspective les terminaisons en utilisant
toujours le même verbe du 1er groupe
Écrire au tableau la conjugaison
Je marche
Paul
Tu marches
L’enseignante
Il marche
Max
Nous marchons
Paul et moi
Vous marchez (l’enseignante s’adresse à Max et Paul)
Max et Paul
Ils marchent (l’enseignante s’adresse à la classe)
Max et Paul
Ensuite, on fait observer les terminaisons aux élèves et il faut leur demander :
- Est-ce que c’est toujours le même verbe/action ? Pourquoi la terminaison change ?
- Parce que ce n’est pas la même personne qui fait l’action.
La conscience du temps passé présent futur
Demander à l’élève de faire plusieurs actions. En profiter pour travailler les
prépositions.
« Tu vas passer sous la table. Tu iras toucher le tableau. Tu passeras entre les
bancs au fond de la classe. Tu reviendras t’asseoir »
Faire dire à l’enfant ce qu’il va faire. Lui demander s’il est déjà en train de les faire.
- Non !
- Alors ces actions que tu vas faire, sont dans le passé ? Le présent ? Ou le futur ?
- Le futur !
Lorsqu’il exécute les ordres, lui faire dire ce qu’il fait au moment où il les fait.
- Que fais-tu ? Je passe sous la table etc.
Poursuivre ainsi jusqu’à la fin des petits ordres.
Lorsqu’il a fini. Lui demander :
- Qu’as-tu fait ?
- « Je suis passé sous la table. J’ai touché le tableau. Je suis passé entre les bancs
au fond. Je suis revenu m’asseoir. »
- Ces actions sont-elles terminées ? Oui
- Alors à quel temps sont-elles ? Passé/ présent ou futur ? Passé !
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