actualités - Société Française d`Immunologie

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Juillet
2012
N°126
actualités
Editorial
Société Française d’Immunologie
Par Roland Liblau, Président de la SFI
SOMMAIRE
Editorial
Chers amis,
p.1
Conseil d’administration
Renouvellement
Prix Jacques Oudin
Appel à candidature
p.2
p.6
Brèves
1/La sérotonine est impliquée dans la
différenciation des ostéoclastes
p.8
2/ Le TLR5 : un partenaire crucial pour la
phogocytose et l’éliminatioon de P. Aeruginosa
par les macrophages alvéolaires impliquant
l’IL-1b et l’asparagine endopeptidanse
p.10
3/ Souris humanisées pour le système
immunitaire : un outil multidimmentionnel
et évolutif pour la recherche biomédicale
humaine
p.13
4/ GADD34 régule la production de cytokines
en réponse au ARN double-brin : un lien entre
réponse au stress et immunité innée
p.17
5/Activation de l’alarmine IL-33 par les
protéases des neutrophiles
p.20
6/ Programmés pour tuer : les lymphocytes T
CD8+ mémoires potentialisent les activités
microbicides des monocytes inflammatoires
et des neutrophiles lors d’une réinfection
p.22
7/ Cancer du sein métastatique : la lymphodivpénie permet de pronostiquer la survie
globale
p.25
Cours
23e Cours Annuel
Clubs
4e workshop CFNI
8e Colloque de Vaccinologie
16e Colloque Cytokines et Chimiokines
Meetings
Congrès Européen d’Immunologie
Bourses et Prix
EFIS/Biolengend Young Investigator Award
Congrès International d’Immunologie
SFI
La vie de la SFI en 2012 et 2013
p.28
p.30
p.32
p.34
p.36
p.37
p.37
p.40
p.41
7 septembre 2012 de 12h45 à 13h45. Le
Le financement de la Recherche devient, de prix Jacques Oudin 2012 SFI / LFB sera
plus en plus, une préoccupation entêtante au remis à cette occasion.
sein de nos laboratoires. Certes, les appels Toujours sur la scène internationale, une
d’offres des «investissements d’avenir» ont délégation de la SFI a été reçue en Tunisie
récompensé de grands projets portés par dans le cadre du second Congrès Maghrébin
des immunologistes aussi bien à Paris qu’en d’Immunologie (3-6 mai 2012). Cet événement
Région. Cependant, le nombre très faible de a permis de resserrer les liens qui nous
projets d’immunologie financés dans le cadre unissent à nos collègues, souvent formés
du programme blanc de l’ANR contraste en France, travaillant de l’autre côté de la
avec la diversité, la qualité et la motivation Méditerranée. La SFI participera également
des chercheurs. A l’évidence, l’ANR n’a pas aux prochaines journées de la Société
(plus ?) les moyens de ses ambitions et son Marocaine d’Immunologie (décembre 2012).
fonctionnement et son financement doivent
être revus. De plus, la réduction régulière Les Clubs de la SFI et l’organisation de
des crédits récurrents venant de nos tutelles réunions scientifiques avec d’autres sociétés
pénalise la créativité et la prise de risque. savantes, permettent de promouvoir une
Des changements profonds s’imposent pour animation scientifique plus thématisée
que la productivité de nos laboratoires soit voire la mise en place de collaborations
à la hauteur de notre potentiel. Les défis scientifiques. Dans cet esprit, le Club
sont réels et immédiats pour la nouvelle Français de NeuroImmunologie tiendra son
3ème Workshop aux Cordeliers à Paris en
ministre et son cabinet.
2012. En 2013, le Club de Vaccinologie
Le dossier de création du CNP d’Immunologie proposera à l’Institut Pasteur de Paris un
biologique et clinique progresse très programme remarquable et le Colloque
favorablement grâce au travail sérieux et Cytokines et Chimiokines se tiendra, selon
efficace de Jean-Pierre Farcet au sein du CA la tradition, au Croisic. Bien entendu le 23e
de la SFI, en lien avec le CNU et les autres Cours Annuel de la SFI aura lieu comme
partenaires de l’Immunologie médicale. Il cette année à Albé en Alsace.La Société
vise à promouvoir la qualité de l’exercice Francophone de Transplantation a invité la
professionnel des médecins immunologistes SFI à co-organiser des sessions lors de son
au travers d’actions de développement Congrès annuel en décembre 2012). Avec
professionnel continu, de l’accréditation de le soutien de la SFI, la Société Française
pratiques professionnelles, de procédures d’Allergologie organisera en 2013 sa journée
de certification, de recommandations et de de Recherche en Allergologie et le Club
référentiels.
Rhumatismes et Inflammations tiendra les
Les mois à venir seront marqués par Rencontres en Immunologie. Toutes ces
plusieurs manifestations des nationales activités sont bien évidemment détaillées
et internationales auxquelles contribue la sur le site de la SFI.
SFI. L’événement marquant à venir est le
Congrès Européen d’Immunologie qui se
tiendra à Glasgow du 5 au 8 septembre
2012. Le programme est exceptionnel.
La France y est bien représentée et des
membres de notre société y recevront
des distinctions scientifiques ! Des bourses
ont été proposées par l’EFIS et la SFI aux
jeunes chercheurs. L’Assemblée Générale de
la SFI se tiendra à Glasgow le vendredi
En ces temps incertains, notamment sur le
plan financier, la SFI a plus que jamais besoin
de votre adhésion, de votre contribution, de
vos propositions pour que notre discipline
ne quitte pas les sommets où elle se trouve
depuis de nombreuses années.
La rentrée sera très chargée ; profitez de
vos congés pour «reconstituer votre force
de travail.
conseil d’administration
Les membres
Philippe bousso
Institut Pasteur et Inserm U668, Paris
du Conseil
Immunologiste de formation, je suis
d’Administration Directeur de Recherche à l’Inserm.
Renouvellement
du conseil
d’administration
de la sfi
Président :
Roland Liblau*
Inserm
U563,
Toulouse
Hôpital
Purpan,
Vice-Présidente :
Anne Hosmalin
Inserm U1016, Institut Cochin, Paris
Secrétaire Général :
Eliane Piaggio
UMR7211-UPMC/CNRS-CERVI
Hôpital Pitié Salpêtrière, Paris
Trésorier :
Jean-Luc Teillaud
Inserm U872, Centre de Recherche des
Cordeliers, Paris
Conseillers :
• Sebastian Amigorena
Inserm U932, Institut Curie, Paris
Conformément
aux
dispositions
adoptées par l’Assemblée Générale de
notre Société lors de sa réunion de
décembre 1982, vous êtes appelé(e)s
à voter pour l’élection des membres
du Conseil.
• le vote se fera uniquement en
ligne. Nous nous sommes assurés de
l’anonymat du vote.
• il y a 4 postes à pourvoir et 8
candidat(e)s dont vous trouverez une
courte présentation dans les pages
suivantes.
Votre participation à ce scrutin
témoignera de l’intérêt que vous portez
à la vie de notre Société.
Date limite des votes : 5 septembre
2012 à midi.
• Olivier Boyer
Inserm U905, Rouen
• Sylvia Cohen-Kaminsky
Inserm U999, Le Plessis Robinson
• Sophie Ezine
Inserm U1020, Institut Necker, Paris
• Jean Pierre Farcet
Hôpital Henri Mondor, Créteil
• Pierre Ferrier
Centre d’Immunologie
Luminy, Marseille
de
Marseille-
• Sylvain Fisson
GENETHON, Inserm UMRS 951, Evry
• Sylvie Fournel
IBMC, CNRS UPR 9021, Strasbourg
• Joel Pestel
CNRS UMR 8576, IFR 147,
Université Lille1, Villeneuve d’Ascq
• Corinne Tanchot
Inserm U970, Paris
• Abdelilah Wakkach
Inserm U576, Hôpital l’Archet 1, Nice
• Hervé Watier
UMR CNRS 6239, Faculté de Médecine,
Tours
*Les noms en orange indiquent conseilliers sortants
SFI Actualités 2
A l’Institut Pasteur, je dirige l’unité
Dynamiques des Réponses Immunes,
qui fait par ailleurs partie de l’unité
Inserm U668.
Les travaux de mon laboratoire visent
à obtenir un nouvel éclairage sur le
fonctionnement du système immunitaire
lorsqu’il est confronté à certains cancers
ou certaines infections afin d’identifier
de nouvelles pistes pour lutter contre
ces maladies. Pour cela, nous tirons
profit des technologies d’imagerie
intravitale et développons de nouveaux
outils pour visualiser en temps-réel et
in situ les réponses biologiques des
cellules du système immunitaires. Plus
spécifiquement, nous cherchons à
comprendre comment les lymphocytes T
et les cellules NK collectent leur signaux
d’activation in vivo et à disséquer les
mécanismes par lesquels ils agissent
dans
des
microenvironnements
complexes comme les tumeurs ou les
tissus infectés.
Je souhaite aujourd’hui rejoindre le
conseil d’administration de la SFI et
aider à promouvoir notre discipline
dans toute sa diversité. Je serai
particulièrement sensible au maintien
et au renforcement de liens étroits
entre les différents sites de recherche
en Immunologie en France et en Europe
notamment, au soutien que l’on peut
apporter aux jeunes chercheurs et à
la promotion de technologies nouvelles
pour notre discipline.
ali dalloul
Né le 20 07 1957 à Paris
PU-PH de Biologie Cellulaire
CHU de Nancy, université de Lorraine.
J’ai l’honneur de me porter candidat au
conseil d’administration de la SFI, dont
je suis membre depuis une vingtaine
d’années.
Médecin Biologiste, j’ai soutenu une
thèse de sciences à Paris VI en 1991
(Unité CNRS dirigée par le Professeur
Patrice Debré), j’ai été nommé CR1
de l’Inserm en 1992. J’ai effectué un
post doctorat au RW Johnson Research
Institute à Toronto, Canada de 1993 à
1995. J’ai réintégré mon unité ou j’ai
travaillé sur le développement des
précurseurs T et dendritiques dans le
thymus humain. En 2003, j’ai intégré
l’unité Inserm 131 puis 764 dirigée par
le Professeur Pierre Galanaud, puis par
le professeur Dominique Emilie, comme
directeur de l’équipe « lymphocytes B et
autoimmunité ». Je suis arrivé à Nancy
en 2007, où comme membre de l’EA
4369, j’ai continué mes travaux portant
sur 2 axes principaux, la fonction
immunologique de l’Interleukine-24 et
le rôle de la molécule CD5 comme
marqueur de tolérance dans les greffes
d’organe. Ceci a donné lieu a 2 brevets
et à la création d’un nouvel anticorps
monoclonal. J’ai par ailleurs dirigé 6
thèses de science et été reviewer de
plusieurs projets de recherche ainsi
que d’articles soumis à des périodiques
dont « J Immunol » en 2012.
La SFI a toujours joué un rôle majeur
dans la promotion de l’immunologie
Française, à travers l’organisation
d’enseignements et de congrès, la
coopération avec les autres sociétés
savantes et aussi en finançant des
bourses doctorales ou post doctorales.
Ce sont ses aspects que je défendrai
afin de maintenir l’excellence de notre
discipline et continuer d’y attirer des
jeunes talents.
francois lemoine
J’ai l’honneur de faire acte de
candidature au conseil d’administration
de la Société Française d’Immunologie
J’exerce mes fonctions de recherche au
sein de l’unité de recherche UMR CNRS
7211/Inserm U959 et mes fonctions
hospitalières à la Pitié-Salpêtrière au
sein du service de biothérapies.
Mes activités de recherche et
hospitalières sont étroitement liées avec
une forte connotation en recherche
translationnelle. Depuis de nombreuses
années, je suis impliqué dans l’étude des
interactions entre cellules dendritiques,
lymphocytes T effecteurs et lymphocytes
T régulateurs. Les objectifs sont de
manipuler le système immunitaire chez
l’homme et de mettre en oeuvre des
essais cliniques destinés à induire de
la tolérance pour le contrôle de la
maladie du greffon contre l’hôte ou le
contrôle de pathologies auto-immunes,
ou au contraire à stimuler le système
immunitaire en utilisant des populations
lymphocytaires enrichies en T effecteurs
ou des cellules dendritiques chargées
avec des antigènes d’intérêt pour le
traitement de patients atteints de
cancers.
Mes
activités
d’enseignement
à
l’Université Pierre et Marie Curie sont
à la fois à la faculté de médecine Pierre
et Marie Curie où je coordonne le
département d’enseignement et aussi
au sein de l’UFR des sciences de la vie
de l’UPMC en tant que co-responsable
du master d’immunologie.
Au niveau national, je suis membre du
conseil d’administration de l’ASSIM et ai
fortement contribué aux activités de
l’ASSIM en particulier au rapprochement
entre enseignants de médecine/
pharmacie
avec
les
enseignants
scientifiques, et à la rédaction des
ouvrages pédagogiques.
Je suis membre du CNU d’immunologie
47-03 et je viens d’achever 5 ans de
mandature Inserm en tant que vice
président de la CSS7.
J’ai participé par le passé à la création et
aux conseils d’administration de divers
clubs scientifiques et société savantes
(club Hématopoièse Oncogénèse, Club
Francophone des Cellules Dendritiques,
Société Francophone de Thérapie
Cellulaire et Génique).
La SFI a pour objectifs de promouvoir
l’Immunologie à travers l’organisation de
congrès, de réunions scientifiques mais
aussi à travers des actions pédagogiques
(cours, formations continues, ateliers).
Les raisons qui m’ont conduit à
me porter candidat sont, fort de
mon expérience, de contribuer au
renforcement des missions de la SFI
afin d’accroitre l’attractivité de notre
discipline pour les plus jeunes qu’ils
soient issues de formation scientifique
ou médicale.
B.L., COHEN J.L., KLATZMANN D.,
LEMOINE F.M. Clinical-grade preparation
of human natural regulatory T-cells
encoding the thymidine kinase. J Gene
Med 2008; 10: 834-846.
- LEMOINE F.M., CHERAI M., GIVERNE
C., DIMITRI D., ROSENZWAJG M.,
TREBEDEN-NEGRE H., CHAPUT N.,
BARROU B., THIOUN N., GATTEGNIO
B., SELLES F., SIX A., AZAR N., LOTZ
J.P., BUZYN A., SIBONY M., DELCOURT
A., BOYER O., HERSON S., KLATZMANN
D., LACAVE R. Massive expansion of
regulatory T-cells following interleukin 2
treatment during a phase I-II dendritic
cell-based immunotherapy of metastatic
renal cancer. Int J Oncol 2009 ; 35:
569-581.
- MAURY S., LEMOINE F.M., HICHERI Y.,
ROSENZWAJG M., BADOUAL C., CHERAI
M., BEAUMONT J.L., AZAR N., DHEDIN
N., SIRVENT A., BUZYN A., RUBIO M.T.,
VIGOUROUX S., MONTAGNE O., BORIES
D., ROUDOT-THORAVAL F., VERNANT
J.P., CORDONNIER C., KLATZMANN D.,
COHEN J.L. CD4+CD25+ regulatory T-cell
depletion improves the graft-versustumor effect of donor lymphocytes
after allogeneic hematopoietic stem
cell transplantation. Sci Transl Med.
2010 ; 41: 41ra52.
- GUILLOT-DELOST M., LE GOUVELLO
S., MESEL-LEMOINE M., CHERAI M.,
BAILLOU C., SIMON A., LEVY Y., WEISS
L., LOUAFI S., CHAPUT N., BERREHAR F.,
KERBRAT S., KLATZMANN D., LEMOINE
F.M. Human CD90 identifies Th17/Tc17
T-cell subsets that are depleted in HIVinfected patients. J Immunol. 2012;
188: 981-91. Epub 2011 Dec 19.
En vous remerciant de soutenir ma
candidature, je vous prie de croire,
Chers Amis et Collègues, en l’expression
de mes sentiments amicaux.
wahib mahana
Cinq publications représentatives
- MESEL-LEMOINE M, CHERAI, M., LE
GOUVELLO S, GUILLOT M, LECLERCQ
V, KLATZMANN, D., THOMAS-VASLIN,
V., LEMOINE, F.M. Initial depletion of
regulatory T cells: the missing solution
to preserve the immune functions of T
lymphocytes designed for cell therapy.
Blood. 2006, 107:381-388.
- GUILLOT-DELOST M., CHERAı M.,
HAMEL Y., ROSENZWAJG M., BAILLOU
C., SIMONIN G., LECLERCQ V., MARIOTTIFERRANDIZ M.E., SIX A., VERONIQUE
BON-DURAND V., MAURY S., SALOMON
Professeur des Universités, 2eme
classe,
Membre de la commission de
spécialistes 64-65
IGM, Université Paris sud XI,
Orsay
Chers Collègues,
Je suis professeur des universités à
l’Université de Bretagne occidentale
(UBO) depuis 1999 et je fais ma
recherche à l’université Paris sud XI
depuis 2007.
Actuellement, je suis intéressé par
le rôle de PAMPs dans la réponse
immunitaire ; au début par la l’étude
SFI Actualités 3
de l’utilisation de la flagelline comme
vecteur et adjuvant de la réponse
Immunitaire, puis par les relations
structure/fonction du LPS et interaction
avec le TLR4.
Je travaillais aussi dans différents autres
domaines ;
la caractérisation des
facteurs impliqués dans la virulence
du HTLV-I dans le modèle lapin,
les interactions de superantigènes
bactériens avec les CMH et le
TCR, l’immunologie
appliquée à
l’agroalimentaire,
l’auto-immunité
naturelle et les anticorps naturels.
Bien que je perde assez du temps
sur les routes entre le Finistère et
la région Parisienne, il m’en reste
suffisamment à consacrer à la Société
Française
d’Immunologie SFI et je
présente ma candidature au Conseil
d’Administration.
luc mouthon
Inserm U1016
Service de Médecine interne, Hôpital
Cochin
Université Paris Descartes.
Je suis membre de la Société Française
d’Immunologie depuis bientôt 20 ans et
je souhaite maintenant prendre une part
plus active au fonctionnement de cette
société, en soumettant ma candidature
au Conseil d’Administration.
Je suis PU-PH en Médecine Interne
à l’hôpital Cochin et co-directeur de
l’équipe « Neutrophiles et vascularites
» au sein de l’unité Inserm U1016,
Institut Cochin et Université Paris
Descartes.
J’ai une formation d’immunologie
clinique surtout orientée dans la
pratique sur les maladies systémiques
autoimmunes rares. Mes recherches en
immunologie ont essentiellement porté
au départ sur l’étude du répertoire des
lymphocytes B et des autoanticorps puis
sur l’autoimmunité humorale et son
implication dans la physiopathologie
des maladies vasculaires rares comme
les vascularites nécrosantes et la
sclérodermie systémique. La question
importante qui soutient mes recherches
aujourd’hui est d‘identifier la part de
responsabilité des autoanticorps et
des cellules constitutives de la paroi
vasculaire dans la physiopathologie de
ces maladies, en utilisant de larges
banques de cellules, plasmas, sérums
et de bases de données de patients.
SFI Actualités 4
Je m’intéresse aussi à un déficit
immunitaire cellulaire particulier, la
lymphopénie CD4 idiopathique, pour
lequel nous avons mis en place une
cohorte prospective et sur lequel
un vaste programme de recherche
multicentrique est en cours de
développement.
Je suis impliqué dans plusieurs groupes
de recherche, en particulier le Club
Rhumatismes et inflammation (CRI),
qui développe la recherche clinique
en lien avec la société Française de
Rhumatologie et la Société Nationale
Française de Médecine Interne, dont
je suis actuellement secrétaire le
Groupe Français de Recherche sur la
Sclérodermie, dont je suis trésorier
et le Groupe Français d‘étude sur les
Vascularites.
En tant que clinicien je pense pouvoir
apporter un regard différent pour
notre Société, sensible à la nécessité
d’interactions étroites entre cliniciens,
biologistes et chercheurs, et suis
désireux de contribuer à la poursuite
efficace des actions visant à son
développement, en particulier en
participant à la mise en place d‘ateliers
et de groupes de travail interactifs.
benoit salomon
Chercheur DR2 en immunologie à
l’Inserm, je suis membre de la SFI
depuis de nombreuses années. J’ai
d’abord travaillé sur les cellules
dendritiques, puis je me suis intéressé
aux lymphocytes T régulateurs Foxp3
dans l’auto-immunité. Nos thématiques
de recherche dans l’équipe que je
dirige ont pour objectif de mieux
comprendre les mécanismes de
tolérance périphérique, en étudiant
plus particulièrement la biologie des
lymphocytes T régulateurs en situation
physiologique ou inflammatoire chez
la souris. Notre unité de recherche
étant localisée dans l’hôpital de la
Pitié-Salpêtrière à Paris, j’ai eu aussi
l’opportunité de pouvoir développer
une recherche translationnelle. Enfin,
je suis impliqué dans des activités
d’enseignement dans des masters
d’immunologie.
Pour moi, la SFI joue un rôle capital
pour la promotion de la recherche en
immunologie en France. Son congrès
annuel est une occasion unique de
retrouver des collègues pour discuter
de l’avancement de nos projets et
nos impressions, avis et sentiments
sur tous les « à côtés » qui jouent
aussi un grand rôle dans notre vie
professionnelle. C’est aussi souvent
l’occasion pour les plus jeunes d’assister
pour la première fois à un congrès
international de qualité, de pouvoir
présenter son travail et de se faire
connaître dans notre communauté. Les
cours annuels de la SFI et les réunions
organisées par les clubs sous la tutelle
de la SFI sont également des occasions
particulières d’enrichir ses connaissances
et de nouer des relations. Si je suis
élu au CA de la SFI, j’oeuvrerais pour
que cette dynamique de promotion
et rayonnement de l’immunologie en
France puisse continuer, dans l’espoir
que cette discipline soit mieux perçue
et que peut-être nous souffrions moins
de la situation financière difficile que
beaucoup d’entre nous rencontrons en
ce moment.
gilles thibault
PU-PH, Pharm D, PHD
UMR CNRS 7292 GICC
Université François Rabelais de Tours
Faculté de Médecine
Laboratoire d’Immunologie
CHRU de Tours
Laboratoire d’Immunologie
Hôpital Bretonneau
Je souhaite aujourd’hui présenter ma
candidature au Conseil d’Administration
de la Société Française d’Immunologie
et participer ainsi au développement
de notre discipline, comme je le
fait déjà en étant membre du
Conseil d’Administration de l’ASSIM.
Pharmacien de formation, je me suis
initialement orienté vers un cursus
de biologie médicale. Après avoir
obtenu le certificat d’études spéciales
(CES) d’Immunologie générale, j’ai été
praticien attaché, puis à partir de 1992,
praticien hospitalier, biologiste des
hôpitaux, au laboratoire d’Immunologie
du CHRU de Tours. J’ai en parallèle
réalisé ma thèse de doctorat (Université
de Tours, soutenue en 1991) sur le rôle
du trophoblaste dans la tolérance de
l’unité foeto-placentaire par le système
immunitaire maternel. J’ai obtenu mon
HDR en 1995 et j’ai été inscrit sur la
liste de qualification aux fonctions de
professeur des Universités en 2000,
puis nommé professeur d’Immunologie
à l’UFR de Pharmacie de ClermontFerrand
(Université
d’AuvergneClermont1) cette même année.
Je travaille actuellement d’une part
au sein de l’UMR CNRS 7292, dans
l’équipe « Anticorps, Récepteurs Fc
et Réponses Cliniques », dirigée par
Gilles Paintaud dont l’objectif principal
est d’étudier comment les récepteurs à
la portion Fc des anticorps influencent
la réponse clinique aux anticorps
thérapeutiques. Mes projets concernent
plus spécifiquement les fonctions
effectrices dépendantes des récepteur
FcγRIIIa/CD16a et FcγRII/CD32 exercées
par les cellules NK et les plaquettes. Je
suis également co-responsable de l’axe
« Pharmacodynamie des anticorps »
dans le nouveau Labex « MabImprove
» dont le responsable est Hervé Watier.
Je continue d’exercer mon activité de
praticien hospitalier, dans le secteur
de l’exploration de l’immunité cellulaire
au sein du Laboratoire d’Immunologie
du CHRU de Tours. Enfin, j’enseigne
l’Immunologie à l’UFR des Sciences
pharmaceutiques de Tours après
ma mutation en 2009, puis mon
intégration en 2011 dans le corps des
bi-appartenants hospitalo-universitaires
(PU-PH 1ère classe).
Cette triple activité permet d’avoir une
perception globale de notre discipline
incluant notamment l’Immunologie
médicale, ce qui me semble être un
atout pour participer à la défense et au
développement de l’Immunologie sous
ses différentes facettes. Ma candidature
au CA de la SFI s’inscrit résolument
dans cette perspective.
daniela valmori
Nationalité : Italienne, suisse
Domaine de recherche : Immunologie,
oncologie
Spécialité : Immunité anti-tumorale
Actuellement Directeur de l’UMR 1102
Inserm/Université de Nantes, je suis
depuis 2007 professeur des universités
– praticien hospitalier en oncologie
biologique à la faculté de médecine
de l’université de Nantes. D’origine
italienne, avant de venir en France,
j’ai été professeur assistant à l’Institut
Ludwig de Recherche sur le Cancer
à Lausanne (Suisse), puis professeur
associé à Columbia University à New
York (USA). De 2008 à 2012, j’ai servi
en tant que membre de la Commission
Scientifique Spécialisée 5 de l’Inserm.
Depuis 2010, je suis professeur adjoint
à Roswell Park Cancer Institute (USA).
Je
travaille
spécifiquement
sur
l’immunité anti-tumorale. Au fait,
malgré les énormes progrès accomplis,
la moitié des cancers humains sont
résistants aux traitements existants.
L’immunothérapie a déjà un impact
significatif sur le traitement de certains
types de cancers, mais le potentiel de
notre système immunitaire à contrôler
la progression tumorale est encore
loin d’être complètement exploité. La
stimulation de la réponse immunitaire
spécifique des antigènes des tumeurs
par vaccination, seule ou en association
avec l’immunomodulation, est en train
d’émerger comme stratégie de choix.
Dans ce contexte, notre programme
de recherche vise à identifier les
étapes moléculaires et cellulaires qui
conduisent à une réponse immunitaire
anti-tumorale efficace. Les objectifs
spécifiques principaux sont : d’identifier
et caractériser les antigènes cibles
appropriés, d’élaborer des stratégies
d’élicitation et d’immunomonitorage
des réponses immunitaires aux cibles
choisies et d’identifier les points clefs
d’immunorégulation qui empêchent
la génération d’une immunité antitumorale efficace.
Nous
nous
concentrons
tout
particulièrement sur l’étude des
antigènes du group Cancer Testis
(CTA), des protéines exprimées dans
les tissus germinaux et dans les
cellules cancéreuses mais pas dans
les tissus somatiques normaux. Un
antigène en particulier, appelé NYESO-1, qui est caractérisé par une
immunogénicité remarquable, est au
cœur du programme de recherche
pré-clinique et clinique. Concernant
la recherche sur l’immunorégulation,
notre activité se focalise sur l’étude des
populations régulatrices/suppressives T
CD4+ FOXP3+ qui jouent un rôle clef
dans la régulation de l’homéostasie
des populations T et le contrôle des
réponses immunitaires exubérantes
mais limitent l’immunité anti-tumorale.
Notre programme de recherche est
conduit en collaboration avec le
Ludwig Institute for Cancer Research
et le Cancer Research Institute dans le
cadre d’un programme international,
le Cancer Vaccine Collaborative (CVC).
La recherche pré-clinique et clinique
est conduite en collaboration avec les
cliniciens de l’Institut de Cancérologie
de l’Ouest (ICO). L’objectif à long terme
est de participer à la transformation
des approches thérapeutiques en
cancérologie
avec
l’incorporation
croissante de l’immunothérapie et jouer
un rôle tangible dans le développement
des vaccins anti-cancer chez l’homme.
Avec ma candidature au Conseil
d’Administration de la Société Française
d’Immunologie, je souhaite contribuer
aux missions de la Société, à son
animation et son rayonnement national
et international ainsi qu’à la formation
et à la diffusion des connaissances
dans ma spécialité, l’immunologie des
tumeurs, en France.
FACEBOOK
Désormais la SFI est
également sur le réseau
Facebook. Venez nous y
rejoindre !
SFI Actualités 5
Prix Jacques OUDIN
LE PRIX JACQUES
OUDIN 2012 de
Les précédents lauréats du Prix Jacques Oudin de recherche en immunologie
recherche en
clinique sont :
immunologie
2002
2010
clinique
Corinne Tanchot, Patrick Revy, Bruno Lucas, Anne Hosmalin, Inserm U1016, Institut
Hôpital Necker-Enfants malades - Paris
DÉFICITS IMMUNITAIRES
2003
Eric Vivier
CIML, Marseille
STRATÉGIES DE RECONNAISSANCE DES
CELLULES NATURAL KILLER
2004
Siamak Bahram
Faculté
de
Médecine
et
Universitaires de Strasbourg
LES MOLÉCULES ATYPIQUES DE
CLASSE D’HISTOCOMPATIBILITÉ
2005
Jean-Laurent Casanova
Inserm U550, Hôpital
malades - Paris
DÉFICITS IMMUNITAIRES
Hôpitaux
Necker-Enfants
2006
Frédéric Rieux-Laucat
Inserm U768, Hôpital Necker-Enfants
malades - Paris
IDENTIFICATION DES BASES GÉNÉTIQUES
DU SYNDROME LYMPHOPROLIFÉRATIF AVEC
AUTOIMMUNITÉ CHEZ L’HOMME
Le Prix Jacques Oudin 2012 de recherche
en Immunologie et Immunothérapie a
pour objectif de récompenser un travail
original de recherche en immunologie
fondamentale,
translationnelle,
ou
clinique, ayant des applications directes
en thérapeutique dans les domaines
des maladies auto-immunes, maladies
infectieuses, déficits immunitaires, cancer.
Le montant du prix est 15 000 €.
Le prix sera remis suite à l’Assemblée
Générale de la SFI le 7 septembre 2012
lors du Congrès Européen d’Immunologie
à Glasgow, Ecosse.
SFI Actualités 6
2007
Bahram Bodaghi
Assistance Publique - Hôpitaux de Paris au
sein du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière
IMMUNOMODULATION
DES
UVÉITES
SÉVÈRES
2008
Philippe Musette
CHU de Rouen
LE TRAITEMENT DU PEMPHIGUS PAR LE
RITUXIMAB
Hervé Watier
Université François-Rabelais de Tours
POLYMORPHISME DU GÈNE CODANT
FCgRIIIA/CD16 ET REPONSE AUX
ANTICORPS THÉRAPEUTIQUES
2009
James Di Santo
Institut Pasteur de Paris
LES SOURIS HUMANISEES : UN OUTIL
PROMETTEUR POUR L’ETUDES DES
MALADIES HUMAINES
Luc Mouthon
Hôpital Cochin, Université Paris Descartes
L’AUTO-IMMUNITE AU COURS DE
L’HYPERTENSION ARTERIELLE PULMONAIRE
IDIOPATHIQUE OU ASSOCIEE A LA
SCLERODERMIE SYSTEMIQUE
Cochin - Paris
CELLULES DENDRITIQUES DANS L’INFECTION
PAR LE VIH
Renato Monteiro
Inserm U699, Hôpital Bichat - Paris
LE MOTIF ITAM INHIBITEUR : NOUVEAU
«CONTROLEUR» DE L’INFLAMMATION ET DE
L’AUTO-IMMUNITE
2011
Sophie Brouard
Unité Inserm 643 à Nantes
Immunointervention dans les allo et
xénotransplantations.
Peter van Endert
Inserm U1013, Paris
Présentation des antigènes par les
molécules de classe I du CMH :
mécanismes et impact dans le diabète
auto-immun.
SFI Actualités 7
brèves
LA SEROTONINE EST
IMPLIQUEE DANS
LA DIFFERENCIATION
DES OSTEOCLASTES
Yasmine Chabbi-Achengli
Corinne Collet
Marie-Christine de Vernejoul
UMR606, Inserm et Université
Paris Diderot PRES Sorbonne
Cité Hôpital Lariboisière, Paris
[email protected]
L
e remodelage osseux est un
processus régi par un équilibre
entre l’ostéo-formation opérée
par les ostéoblastes et l’ostéorésorption par les ostéoclastes. Les
voies de différenciation de ces deux
types cellulaires sont maintenant bien
établies. Les ostéoblastes proviennent
d’une cellule souche mésenchymateuse
présente dans le stroma médullaire et
leur induction vers la voie ostéoblastique
dépend principalement du facteur de
transcription Runx2. Plusieurs travaux
depuis 10 ans suggèrent que leur
différenciation et leur prolifération
dépend aussi de l’activation de la
voie wnt canonique et principalement
LRP5 (low density lipoprotein receptor
related protein 5), le co-récepteur
de Frizzle. La différenciation des
ostéoclastes se fait partir de précurseurs
monocytaires sous l’action du RANKL
une cytokine de la famille du TNFα
qui est sécrété principalement par les
cellules de la lignée ostéoblastique y
compris les ostéocytes. Cet équilibre
est sous l’influence de nombreux
facteurs systémiques comme les
hormones (les oestrogènes, l’hormone
parathyroidienne), des cytokines, des
facteurs de croissance sécrétés par les
ostéoblastes. Tout déséquilibre peut
conduire à des pathologies fréquentes
comme l’ostéoporose, les érosions de la
polyarthrite et les ostéolyses tumorales
causées par excès de résorption
ostéoclastique. Plus récemment on a
évoqué une régulation du remodelage
osseux par le système nerveux (1).
La sérotonine périphérique
1
SFI Actualités 8
La sérotonine ou 5-Hydroxytryptamine
(5-HT) est synthétisée à partir du
L-tryptophane (L-Trp), en deux étapes.
La première étape, mais aussi l’étape
limitante, est l’hydroxylation du L-Trp
par la tryptophane hydroxylase (TPH)
en
5-hydroxytryptophane
(5-HTP),
précurseur immédiat de la sérotonine.
Il existe deux gènes tph : le gène tph1
exprimé dans la glande pinéale et les
cellules entérochrommaffines et le gène
tph2 exprimé dans les noyaux du raphé
et les neurones myentériques
La
sérotonine
périphérique
est
principalement synthétisée par les
cellules enterochromaffines du tube
digestif. La sérotonine agit de façon
locale sur le tube digestif où elle a
un rôle dans la motilité intestinale.
Une
partie
de
la
sérotonine
synthétisée dans le tube digestif
aboutit dans la circulation sanguine.
La sérotonine circulante est d’emblée
capturée dans les plaquettes par une
protéine membranaire spécifique, le
transporteur de la sérotonine (SERT
ou 5-HTT). La sérotonine qui n’est
pas internalisée dans les plaquettes
est rapidement dégradée par les
monoamine oxydases (MAO) dans les
poumons ou le foie si bien que les
concentrations de sérotonine circulante
libre (en dehors des plaquettes) sont
très faibles de l’ordre de 5 nM. Dans
les plaquettes la sérotonine est stockée
grâce au transporteur vésiculaire des
monoamines le VMAT au niveau des
granules denses.
Le stockage, la recapture et la
dégradation sont des moyens pour
réguler l’interaction de la sérotonine
avec ses récepteurs. La grande majorité
des 15 récepteurs de la sérotonine
sont des récepteurs à 7 domaines
transmembranaires qui appartiennent
à la famille des récepteurs couplés
aux protéines G. Dans le système
périphérique, ils ont été décrits sur
les artères, les valves cardiaques, le
tube digestif, la glande mammaire,
le pancréas exocrine mais aussi sur
les monocytes et les lymphocytes. En
dehors du système nerveux central,
les principales pathologies où la
sérotonine a sans doute un rôle sont
l’hypertension artérielle pulmonaire,
des valvulopathies, le syndrome du
colon irritables et l’obésité.
Sérotonine et remodelage osseux : la
polémique
Depuis une dizaine d’année, des travaux
in vitro avaient montré l’existence
de récepteurs pour la sérotonine et
la présence d’un transporteur (SERT)
fonctionnel sur les ostéoblastes et sur
des lignées de cellules ostéoclastiques
et ostéocytaires (4-6). Par ailleurs des
souris invalidées pour le SERT ont un
défaut d’acquisiton osseuse durant la
croissance et nous avons montré que
les souris invalidées pour le récepteur
5-HT2B, qui est présent sur les
ostéoblastes ont une ostéopénie due
à une diminution de formation osseuse
(8). Le rôle de la sérotonine au cours
du remodelage osseux a été récemment
l’objet d’une vive controverse. En effet
Yadav et coll. montrent que LRP5,
qui est un co-recepteur de la voie
Wnt, induit l’inhibition de la TPH1
dans l’intestin, ce qui conduit à une
augmentation de la formation osseuse
via le récepteur 5-HT1B de la sérotonine
(2). En réponse à ce travail, Cui et coll.
ont étudié les souris invalidées pour
la TPH1 (TPH1-/-) de 4 à 6 mois sans
observer de modification de la densité
osseuse, redonnant ainsi à LRP5 et
à la voie Wnt un rôle direct dans le
remodelage osseux (3).
Le phénotype ostéoclastique des souris
invalidées pour la TPH1
Nous avons donc mené une étude
phénotypique complète des souris
TPH1-/- à différents âges (jeunes en
croissance 6 semaines et matures à
16 semaines) (9). Les souris mâles
TPH1-/- présentent une augmentation de
la densité minérale osseuse pendant
la croissance qui disparait à l’âge
adulte. Afin d’expliquer ce phénotype
une étude histomorphométrique a été
réalisée et a permis de montrer aux
deux âges une diminution importante
du nombre d’ostéoclastes le long des
travées osseuses. En revanche, la
formation osseuse qui est normale chez
les souris en croissance est diminuée
à l’âge adulte. L’analyse des marqueurs
biochimiques osseux comme les
déoxypyrydinoline DPD et l’ostéocalcine,
confirme ceci en montrant un défaut
de résorption qui perdure avec l’âge
et une diminution de la formation
osseuse à l’âge adulte ce qui permet
d’expliquer l’absence de modification
de la densité minérale osseuse et du
volume trabéculaire à cet âge.
L’étude
de
la
différenciation
ostéoclastique à partir de cellules
spléniques ou de cellules de moelle en
présence de MSCF et RANKL, a permis
de montrer une forte diminution de
la différenciation en ostéoclastes en
absence de sérotonine. Il a aussi été
prouvé le rôle direct de la sérotonine car,
par ajout de celle-ci, la différenciation
ostéoclastique est restaurée.
L’origine ostéoclastique de la sérotonine
dans le micro environnement osseux
La question qui se posait était l’origine
de la sérotonine car nous travaillons
dans un milieu de culture dépouvues de
sérotonine et nous reproduisions ex vivo
la diminution de l’ostéoclastégénése des
souris invalidées pour la TPH1. D’une
façon surprenante, nous observons
l’expression de la TPH1 mais aussi
la synthèse de sérotonine dans les
précurseurs ostéoclastiques. De plus, la
Figure 1 : Rôle de la sérotonine dans la différenciation des ostéoclastes
synthèse de sérotonine est augmentée
en présence de RANKL au cours des
premiers jours de la différenciation.
Dans un deuxième temps et par
l’utilisation d’agents pharmacologiques,
nous montrons que l’inhibition du
stockage, ainsi que du transport de
la sérotonine sont délétères pour
la
différenciation
ostéoclastique.
Puis, nous montrons la présence
des récepteurs 5-HT1B, 5-HT 2A et
5-HT2B sur les ostéoclastes. De plus,
l’inhibition
pharmacologique
des
récepteurs 5-HT1B et V5-HT2A diminue
l’ostéoclastogénése.
L’importance
de
cette
sécrétion
ostéoclastique de sérotonine demandait
à être précisée. Des transplantations
de moelles de souris sauvages à des
souris nouveau-nées invalidées pour
la TPH1 et vice et versa ont été
réalisées. Elles ont montré que quelque
soit le génotype du receveur, seul
le génotype du donneur détermine
le nombre d’ostéoclaste et leur
activité. Ces résultats montrent que
le phénotype ostéoclastique est du à
un défaut intrinsèque des ostéoclastes
et que la sérotonine produite par les
ostéoclastes a un rôle plus important
que la sérotonine circulante.
Nos résultats peuvent être comparés
à ceux des deux différentes études
publiées dans la littérature. Dans
l’étude de Yadav et al. (2), la synthèse
de sérotonine ostéoclastique ne pouvait
pas être observée car seule des souris
invalidées spécifiquement pour la TPH1
soit dans le tube digestif, soit dans
les ostéoblastes, ont été utilisées. Par
ailleurs, Cui et coll. (3) n’ont pas étudié
le remodelage osseux à l’âge adulte où
nous observons comme eux une densité
osseuse normale mais une diminution
de la formation et résorption. Ainsi il
n’y a pas de réelle divergence entre les
différentes études.
Conclusion et perspectives
Etant donné la synthèse de la
sérotonine par les ostéoclastes, on
peut considérer que l’os est un minisystème
sérotoninergique
complet
(Figure 1), comme dans d’autres tissus,
tels que les artères, le pancréas et la
glande mammaire par exemple où il
a été également montré une synthèse
locale de sérotonine, ainsi qu’un effet
paracrine et autocrine de la sérotonine
locale.
La
régulation
de
ce
système
sérotoninergique osseux et l’expression
locale de ses différents acteurs (enzyme
TPH1, SERT et différents récepteurs)
en fonction de l’âge, du sexe et de
différents stimuli extérieurs comme par
exemple l’inflammation est un champ
de recherche important. Effectivement,
de nombreux agents pharmacologiques
utilisés en clinique humaine comme les
antidépresseurs ou les antimigraineux
pourraient modifier ce systéme et
aboutir à des modifications de l’équilibre
du remodelage osseux
SFI Actualités 9
brèves (suite)
P
REFERENCES
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of bone remodeling by the central
and peripheral nervous system. Arch
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synthesis in the duodenum. Cell
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bone to regulate bone mass. Nat Med
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4.Bliziotes
MM
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Neurotransmitter action in osteoblasts:
expression of a functional system for
serotonin receptor activation and
reuptake. Bone 29:477-486.
5.Gustafsson BI et al 2006. Serotonin and
fluoxetine modulate bone cell function
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of serotonin receptors in bone. J Biol
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transporter reduces bone accrual
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9.Chabbi-Achengli Y et al 2012.
Decreased
osteoclastogenesis
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serotonin-deficient mice. Proc Natl
Acad Sci USA 109:2567-2572.
LE TLR5 : UN
PARTENAIRE
CRUCIAL POUR LA
PHAGOCYTOSE ET
L’ELIMINATION DE
PSEUDOMONAS
AERUGINOSA PAR
LES MACROPHAGES
ALVEOLAIRES
IMPLIQUANT L’IL1-β
ET L’ASPARAGINE
ENDOPEPTIDASE
Delphyne Descamps1
Bénédicte Manoury1
Jean-Michel Sallenave2,3,4
Inserm U1013, Hôpital Necker–
Enfants Malades, Paris
2
Défense Innée et Inflammation,
Institut Pasteur,
3
Inserm U874, Paris, 4 Univ. Paris
Diderot, Sorbonne Paris Cité,
Cellule Pasteur.
1
[email protected],
béné[email protected]
[email protected]
2
SFI Actualités 10
seudomonas aeruginosa (P.
aeruginosa) est un bacille
Gram-négatif
mono-flagellé.
Cette
bactérie
opportuniste
est
particulièrement
importante
dans
les pneumonies nosocomiales et les
maladies pulmonaires chroniques, telle
que la mucoviscidose où l’infection par
P. aeruginosa est la plus fréquente
cause de morbidité et de mortalité.
De nombreuses souches cliniques ont
été isolées, démontrant la capacité de
ce pathogène ubiquitaire à s’adapter
rapidement à son environnement
et à développer ou à acquérir des
résistances à de multiples agents antimicrobiens (1). Devant la virulence
potentielle de cette bactérie, une
meilleure
compréhension
de
la
pathogénicité de P. aeruginosa et des
mécanismes moléculaires impliqués
dans les interactions précoces hôte/
pathogène est requise pour proposer
de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Décrite par Eli Metchnikov, la
phagocytose est un processus de
défense innée déclenché par les cellules
immunitaires
appelées
phagocytes
(monocytes/macrophages, neutrophiles,
cellules dendritiques), dont le but est
d’internaliser et de tuer le pathogène
détecté. Les phagocytes expriment
à leurs surfaces une multitude de
récepteurs tels que les récepteurs Fc,
les récepteurs au complément ou au
mannose, les récepteurs Scavenger,
et des récepteurs Toll (TLRs) qui
sont nécessaires à la reconnaissance,
l’adhésion et l’internalisation du
pathogène. Ce contact pathogène/
phagocyte active des réseaux complexes
de signalisation cellulaire entrainant
le réarrangement du cytosquelette,
l’activation du phagosome et des
mécanismes lytiques anti-microbiens,
la libération de chimiokines et de
cytokines, et la production de molécules
nécessaires
à
une
présentation
antigénique efficace pour activer la
réponse immunitaire adaptative (2).
Un défaut de reconnaissance et de
clairance précoce de la bactérie par
les macrophages alvéolaires (MAs),
les premières sentinelles tissulaires
des poumons, sont suspectés dans
la mucoviscidose. Les MAs expriment
différents TLRs capables de reconnaitre
spécifiquement des motifs conservés à la
surface des pathogènes. De nombreuses
études ont associé l’activation des
TLRs par leur ligand à la production
de cytokines et de chimiokines par les
phagocytes, mais peu de travaux ont
décrit l’importance de l’engagement
des TLRs dans la phagocytose, la
maturation du phagosome et la
clairance des bactéries par les MAs (3,
4). Le TLR5 est connu pour être l’un
des récepteurs important des MAs
impliqué dans la reconnaissance de
la flagelline, le monomère constituant
le flagelle de P. aeruginosa (1,5). Par
ailleurs, il a été rapporté que différents
types de leucocytes étaient incapables
de phagocyter des bactéries nonflagellées (6). Toutefois, aucune étude
n’avait décrit le rôle du TLR5 dans
l’internalisation et la destruction de P.
aeruginosa par les MAs. Dans le cadre
d’un projet financé par l’association
Vaincre la Mucoviscidose, nous avons
entrepris de comprendre l’implication
de l’interaction TLR5/flagelline-flagelle
dans l’élimination précoce de P.
aeruginosa par les MAs (7).
La clairance de P. aeruginosa par les
MAs nécessite l’interaction du TLR5
avec la bactérie
Dans un premier temps, nous avons
déterminé l’impact de l’activation du
TLR5 sur la capacité des MAs à tuer
P. aeruginosa en évaluant la clairance
des bactéries par les MAs incubés soit
avec la souche sauvage flagellée PAK
de P. aeruginosa capable d’induire
un signal TLR5, soit avec différents
mutants de PAK dépourvus de
flagelle (PAKΔfliC) ou exprimant une
flagelline modifiée au niveau du site
d’interaction avec le TLR5 (PAKL88
et PAKL94) et incapables d’activer
efficacement ce récepteur (8,9).
Nous avons mis en évidence que des
bactéries non-flagellées ou exprimant
une flagelline présentant un défaut
d’activation du TLR5, ne sont pas
éliminées par les MAs. De la même
façon, nous avons montré ex vivo et
in vivo que des MAs issus de souris
déficientes pour l’expression du TLR5
sont incapables de tuer les bactéries
P. aeruginosa et que cette interaction
dépend d’une liaison spécifique et
fonctionnelle entre le flagelle de la
bactérie et le TLR5 des MAs.
La signalisation TLR5/MyD88 est
nécessaire à la phagocytose de P.
aeruginosa par les MAs
Dans un second temps, nous avons
montré que l’interaction TLR5/flagelle
n’induisait pas d’activité bactéricide
Figure 1A
La phagocytose et la destruction de P. aeruginosa par les MAs.
extracellulaire
mais
favorisait
l’internalisation de P. aeruginosa
dans les MAs. Cette observation a
également été validée par l’utilisation
des MAs de souris déficientes pour
l’expression du TLR5 ou de MyD88
(adaptateur moléculaire du signal
TLR5) qui présentent également
un déficit de 50% d’entrée de
P. aeruginosa dans les cellules.
Au contraire, nous avons mis en
évidence que l’absence d’expression
du TLR4 n’avait pas d’influence sur
la capture de P. aeruginosa par les
MAs. Ces résultats décrivent pour
la première fois l’importance de
l’activation du signal TLR5/MyD88
dans la phagocytose de P. aeruginosa
par les MAs (Figure 1A).
Le signal TLR5 participe à la production
de l’interleurline-1β (IL-1β) par les MAs
De façon surprenante, bien que la
souche modifiée PAKL94, dont la
flagelline interagit moins efficacement
avec TLR5 que la flagelline sauvage, soit
phagocytée à plus de 70%, nous avons
observé que ce mutant de P. aeruginosa
n’est pas tué par les MAs. Nous avons
déterminé que cette déficience est liée
à une quasi-absence de synthèse d’IL1β mature, par rapport à une infection
par la bactérie sauvage. De la même
manière, nous avons découvert un
déficit de sécrétion de l’IL-1β par les
MAs issus de souris n’exprimant pas
le TLR5. Les analyses moléculaires ont
établi que le défaut de libération de
l’IL-1β observé dans ces MAs n’était
pas lié à un problème d’activation de
la caspase-1, protéase responsable de
la conversion de la pro-IL-1β en IL1β, mais à un défaut de synthèse de
la pro-forme. La production de l’IL-1β
est donc dépendante de l’activation du
TLR5 des MAs lors d’une infection par
P. aeruginosa (Figure 1B).
L’IL-1β est nécessaire à l’élimination de
P. aeruginosa par les MAs
Les résultats précédents semblent
associer l’absence de clairance
bactérienne à un défaut de sécrétion
de l’IL-1β. Pour valider cette
hypothèse, nous avons utilisé une
souche modifiée de PAK dépourvue
du système de sécrétion de type III
(SST3), PAKΔpscF, et avons montré
que les MAs infectés par ce mutant
ne sécrètent pas l’IL-1β. De plus,
bien
qu’efficacement
phagocytée
par les cellules, ce mutant de P.
aeruginosa n’est pas tué par les MAs,
validant un lien entre la clairance
bactérienne et une réduction majeure
de la sécrétion d’IL-1β. De façon
intéressante, l’ajout d’IL-1β dans le
surnageant de culture des MAs (à des
doses qui n’induisent pas de toxicité
pour les cellules) pendant l’infection
par PAKL94, provoque la mort de
cette souche modifiée. L’importance
de la présence de l’IL-1β dans le
surnageant cellulaire pour permettre
la clairance bactérienne a été validée
par des expériences utilisant, soit un
inhibiteur naturel de l’IL-1β, l’IL-1RA,
soit des MAs issus de souris déficientes
pour l’expression du récepteur à l’IL1β (IL-1R) (Figure 1C).
La clairance bactérienne induite par
l’IL-1β est dépendante d’une protéase,
l’asparagine endopeptidase (AEP)
Nous avons ensuite choisi d’explorer les
mécanismes moléculaires nécessaires
à l’élimination de P. aeruginosa par les
MAs et déclenchés par cette sécrétion
de l’IL-1β. Grâce à l’utilisation de la
bafilomycine A, un inhibiteur de la
pompe à protons (la v-ATPase), nous
avons confirmé que l’acidification
des phagolysosomes des MAs est
nécessaire pour la lyse bactérienne
SFI Actualités 11
et que l’IL-1β était impliqué
directement dans ce phénomène.
Comme un certain nombre de
cysteine-protéases présentes dans
les lysosomes possèdent une activité
pH-dépendante, nous avons démontré
spécifiquement l’importance de la
protéase AEP dans la clairance de
P. aeruginosa par les MAs. Nous
avons mis en évidence que la
bactérie sauvage PAK entraîne une
consommation de l’AEP au cours de
l’infection, ce qui n’est pas le cas avec
dans les MAs infectés par les souches
bactériennes modifiées présentant un
déficit de sécrétion de l’IL-1β comme
PAKL94 ou PAKΔpscF. Cependant,
l’ajout d’IL-1β dans le surnageant
de culture des MAs infectés par
PAKL94 restaure la consommation
de l’AEP. Enfin, nous avons confirmé
l’importance de l’activité de cette
protéase dans la clairance de P.
aeruginosa en utilisant des MAs
provenant de souris déficientes pour
l’expression de l’AEP. Ainsi, bien que
ces MAs phagocytent normalement
PAK,
ces
cellules
dépourvues
d’AEP sont incapables d’éliminer P.
aeruginosa aussi efficacement que
des MAs sauvages (Figure 1C).
incapables d’éliminer correctement
P.
aeruginosa
lorsqu’ils
sont
infectés. Cette présence persistante
des
bactéries
provoque
une
colonisation bactérienne chronique
et une inflammation exacerbée des
voies pulmonaires qui conduisent
progressivement à la destruction des
poumons. Nous sommes en cours
de validation de notre hypothèse
d’un déficit TLR5/IL-1β dans les
MAs de patients mucoviscidosiques
et nous avons notamment montré
que les MAs de souris exprimant
la mutation ΔF508 dans le gène
CFTR présentent un défaut de
clairance de P. aeruginosa et une
perte significative de sécrétion de
l’IL-1β (manuscrit en préparation).
Ce travail ouvre donc la voie pour
de nouvelles pistes d’études liant
l’activation du TLR5 et la production
de l’IL-1β pour la résolution des
infections à P. aeruginosa, en
particulier, mais l’activation de
cette nouvelle voie de signalisation
et d’éradication de pathogènes
pourrait s’appliquer également à
d’autres bactéries flagellées !
Conclusion et perspective
Ces travaux de recherche sont
soutenus par l’association Vaincre
La Mucoviscidose.
Nos résultats apportent des données
mécanistiques sur les évènements
précoces (moins de 4 heures)
suivant l’infection par P. aeruginosa
des
MAs
et
étendent
notre
compréhension du rôle déterminant
du TLR5 dans les défenses du
poumon contre ce pathogène.
Ainsi, l’ensemble de nos travaux
montre que dans le cadre d’une
infection précoce par P. aeruginosa,
l’interaction TLR5/flagelle apparaît
comme une reconnaissance hôte/
pathogène cruciale pour déclencher
la phagocytose et la destruction
efficace de cette bactérie par les
MAs. L’engagement du TLR5 par P.
aeruginosa, à travers l’activation de
MyD88, entrainent la production de
l’IL-1β qui est nécessaire à l’activation
des mécanismes responsables de
l’élimination bactérienne.
Comme indiqué précédemment,
notre étude pourrait ouvrir des
portes thérapeutiques dans les
infections nosocomiales et dans
le cadre de la mucoviscidose. En
particulier, les MAs de jeunes
patients mucoviscidosiques sont
SFI Actualités 12
Remerciements
REFERENCES
1.Descamps D et al 2012. Pseudomonas
aeruginosa : a Model Pathogen with
Multiple Virulence Factors for the
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receptors. Nat Immunol 11:373-384.
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Nonopsonic
phagocytosis
of
Pseudomonas
aeruginosa
by
macrophages and polymorphonuclear
leukocytes requires the presence of
the bacterial flagellum. Infect Immun
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secretion
and
asparagine
endopeptidase are critical factors for
alveolar macrophages phagocytosis &
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versus motility in acute lung disease
caused by Pseudomonas aeruginosa. J
Infect Dis 196:289-296.
brèves (suite)
L
Souris humanisées
pour le système
immunitaire :
un outil
multidimensionnel
et évolutif pour
la recherche
biomédicale
humaine
Nicolas Legrand1
James P. Di Santo2
AIMM Therapeutics, Amsterdam,
Pays-Bas
2
Inserm U668, Institut Pasteur,
Paris
1
3
a recherche biomédicale et la
compréhension des pathologies
humaines
ont
largement
bénéficié des connaissances acquises
chez la souris, un modèle animal
de petite taille, facile à manipuler
génétiquement,
et
d’un
coût
relativement réduit. Plusieurs décennies
de recherche en immunologie ont
permis d’appréhender dans le détail
les étapes du développement des
leucocytes,
les
rôles
respectifs
des
différentes
sous-populations
lymphocytaires,
les
mécanismes
orchestrant la régulation de l’immunité,
ainsi qu’un grand nombre de pathologies
humaines – lorsqu’elles peuvent être
modélisées dans un modèle murin.
Cependant,
soixante-cinq
millions
d’années
d’évolution
divergente
séparent la souris et l’homme, et des
différences notables existent entre les
systèmes immunitaires de ces deux
espèces (1). De plus, la co-évolution
des pathogènes humains avec leur hôte
induit un tropisme marqué – voire
exclusif – pour l’espèce humaine. L’étude
de certains pathogènes causant des
maladies infectieuses particulièrement
dévastatrices chez l’homme (cf. le
virus de l’immunodéficience humaine
[VIH], les virus de l’hépatite B
[VHB] et C [VHC], ou Plasmodium)
est par conséquent souvent limitée
par l’absence de modèles animaux
totalement représentatifs de la situation
humaine ou d’un coût raisonnable,
lorsqu’ils existent. Enfin, les limitations
techniques ou éthiques empêchant
la menée d’études expérimentales
prospectives directement chez l’homme
sont nombreuses, et il existe de fait
un besoin pressant pour de nouveaux
modèles expérimentaux spécifiquement
adaptés à la recherche en immunologie
humaine.
Depuis quelques années, l’utilisation de
souris humanisées émerge comme une
approche particulièrement attrayante
pour l’étude in vivo du développement
et de la fonction des cellules du système
immunitaire humain, que ce soit pour
la recherche fondamentale, des études
pré-cliniques ou des applications bioindustrielles (2). La communauté
scientifique travaillant sur ces aspects
a tenu son 3ème congrès international à
Pittsburgh (Etats-Unis) en octobre 2011,
et nous discuterons ici des avancées
récentes sur le sujet, les applications
potentielles de ces modèles de souris
humanisées, ainsi que les problèmes
restant à résoudre avant d’arriver à un
développement technologique pouvant
être regardé comme optimal.
Construction de souris humanisées
pour le système immunitaire
De
manière
schématique,
les
souris humanisées pour le système
immunitaire (HSI) sont générées
par l’injection de cellules souches
hématopoïétiques humaines (CSHH)
dans des souris immunodéficientes
pré-conditionnées, i.e. des animaux
particulièrement
permissifs
à
l’implantation d’une xénogreffe. Il
existe cependant une large palette
de choix techniques possibles, tels
que le fond génétique et le degré
d’immunodéficience
des
souris
utilisées, la nature des CSHH injectées,
la manipulation génétique des CSHH
ex vivo, l’âge et le site auxquels
l’implantation a lieu, ou encore la
possibilité de co-transplanter des tissus
humains supplémentaires apportant un
support à la greffe hématopoïétique. Il
en résulte une large gamme de souris
HSI, parmi lesquelles le choix doit
être fait en fonction des possibilités
techniques de chacun et des questions
scientifiques posées (2-4).
Si on considère les modèles de souris
HSI les plus récents, on peut toutefois
dégager globalement trois familles de
systèmes. Le premier groupe est basé
sur la reconstitution de souriceaux
BALB/c Rag2-/-IL-2Rγc-/- (BRG) après
une unique injection de CSHH (Figure
1A). Un second groupe repose sur une
approche similaire mais avec des souris
de fond génétique NOD, tels les lignées
NOD.scid IL-2Rγc-/- (NSG ou NOG, selon
une provenance soit américaine, soit
japonaise) ou NOD Rag2-/-IL-2Rγc-/(NRG). Si les souris BRG et NSG
partagent une déficience complète pour
le développement des lymphocytes
T, B et NK murins, le fond génétique
NOD y ajoute une fonction altérée
des phagocytes murins, en particulier
du fait de l‘interaction possible entre
le récepteur d’activation phagocytaire
SIRPα et le ligand humain CD47. De
fait, les phagocytes de receveurs NSG
ne regardent pas les cellules humaines
comme une menace étrangère au «
soi» devant être activement éliminée,
et la reconstitution hématopoïétique
humaine obtenue avec des animaux
NSG et NRG est 2 à 5 fois supérieure
(en nombre absolu de cellules) à ce qui
est observé avec les animaux BRG.
SFI Actualités 13
Enfin, un troisième groupe est
constitué par les animaux humanisées
par co-transplantation de CSHH et d’un
organoïde fœtal autologue, générant
des animaux dits «BLT» – pour «Bone/
Liver/Thymus» (Figure 1B). Les systèmes
de type BLT sont généralement
produits dans des animaux adultes
dans un fond génétique NOD, mais une
approche similaire est possible avec les
souris BRG dès lors que les phagocytes
murins sont préalablement éliminés
après injection de liposomes contenant
du clodronate. Du fait de la présence
d’un organoïde thymique, les souris BLT
génèrent un nombre relativement élevé
de cellules T humaines, ce qui peut
expliquer sa popularité pour l’étude
expérimentale de l’infection par HIV1. Toutefois, au delà de la complexité
inhérente à ce modèle (notamment
parce qu’il repose sur le fait de
disposer de matériel biologique humain
d’origine fœtale), il faut noter que les
souris BLT sont probablement sujettes
au développement de symptômes
auto-immuns de type greffon-contrehôte (comme attendu de cellules T
humaines n’étant pas éduquées sur la
base des molécules du CMH exprimées
par l’épithélium thymique murin), ce qui
a des conséquences sur l’interprétation
des résultats obtenus.
Toutefois, ces quelques différences
ne doivent pas masquer le fait que
ces trois familles de modèles BRG/
NSG/BLT
partagent
globalement
les mêmes limitations. Bien que
des
progrès
substantiels
aient
été obtenus sur les cinq années
passées, deux axes d’amélioration
essentiels restent prioritaires pour
optimiser la technologie des souris
HSI : (a) le renforcement du niveau
de reconstitution par la greffe
hématopoïétique humaine, et (b) la
mise en place de conditions permettant
aux réponses immunitaires humaines
de se développer de manière optimale
(ce second axe étant sans doute
étroitement lié au premier).
Optimiser le niveau de reconstitution
hématopoïétique humaine
A
l’état
d’équilibre,
c’est-à-dire
deux à trois mois après injection
CSHH, le niveau de reconstitution
hématopoïétiques dans les souris HSI
ne représente qu’une fraction de ce qui
est observé dans une souris «normale»
de type BALB/c ou C57BL/6. De plus,
la
reconstitution
hématopoïétique
SFI Actualités 14
Figure 1.
humaine dans des tissus lymphoïdes
tels que les ganglions ou les muqueuses
reste particulièrement limitée, ce
qui réduit d’autant l’existence de
conditions optimales pour la génération
de réponses immunitaires humaines
dans ces sites pourtant primordiaux.
L’identification des facteurs limitant la
prise de xénogreffe hématopoïétique
reste donc essentielle, soit pour les
éliminer de l’environnement de la
greffe, soit pour les supplémenter de
manière artificielle.
Considérant que les animaux BRG
présentent un certain nombre de
caractéristiques attrayantes par rapport
aux souris NSG (par exemple une taille
accrue du thymus après reconstitution
hématopoïétique humaine ou une
sensibilité réduite aux conséquences du
pré-conditionnement par irradiation),
de nombreux efforts ont été faits pour
optimiser le niveau de reconstitution
humaine dans les animaux BRG et
ont par conséquent permis d’identifier
un certain nombre de mécanismes
fondamentaux de fonctionnement des
cellules hématopoïétiques humaines. En
se basant sur l’idée que les cytokines
sont des facteurs de régulation
essentiels de l’hématopoïèse, que
certaines de ces cytokines sont
principalement produites par des
tissus d’origine non-hématopoïétique
et que la réactivité croisée entre
espèces (notamment entre souris
et homme dans les cas des souris
HSI) peut se révéler être un facteur
particulièrement limitant, des efforts
importants d’ingénierie génétique visant
à remplacer les gènes codant pour des
cytokines murines (GM-CSF, IL-3, TPO)
par leur équivalent humain ont été
menés et ont démontré l’importance
de l’humanisation génétique pour
l’obtention de modèles HSI optimisés
(5). Des preuves de concept préalables
ont été obtenues par des méthodes
moins lourdes, telles l’injection de
protéines recombinantes (par exemple
BAFF, IL-7, IL-15/IL-15Rα), l’injection
hydrodynamique d’ADN codant pour
des produits humains (IL-7, EPO) ou la
modification des CSHH avant injection
par des vecteurs lentiviraux (IL-7). Toutes
ces méthodes confirment souvent des
résultats obtenus précédemment chez
la souris pour des sous-populations
précises de cellules hématopoïétiques
(effet bénéfique de TPO sur la prise
de greffe par les CSHH, de BAFF sur
les lymphocytes B, de IL-7 sur les
lymphocytes T, de IL-15 sur les cellules
NK, de la combinaison IL-3/GM-CSF sur
le développement des macrophages
alvéolaires, de EPO sur l’érythropoïèse),
mais sont également aptes à mettre
en évidence des phénomènes plus
spécifiques à la situation humaine
(effet bénéfique de IL-7 sur les cellules
dendritiques plasmacytoïdes, de l’IL15 sur le développement T γδ). Afin
d’achever cet effort d’humanisation
des modèles HSI, il s’agit désormais de
combiner chacune de ces modifications
individuelles en un nombre limité de
lignées BRG.
Alternativement,
des
approches
profitant à la xénogreffe humaine
dans son ensemble sont également
envisageables. Par exemple, l’interaction
entre le SIRPα murin et le CD47 humain
n’étant pas fonctionnelle dans les souris
BRG, nous avons cherché à identifier des
moyens pour s’assurer d’une inhibition
de l’activité phagocytaire anti-xénogreffe
dans ce fond génétique (6). Cela s’est
avéré possible soit en «murinisant»
les CSHH via un vecteur lentiviral
codant pour le CD47 murin, soit en
utilisant des souris BRG congéniques
exprimant un allèle de SIRPα capable
d’interagir de manière optimale avec
le CD47 humain, en l’occurrence la
molécule SIRPα du fond génétique
NOD. Cette approche résulte en une
accumulation de cellules humaines
hématopoïétiques à un niveau similaire
dans les animaux HSI générés dans
des receveurs BRG et NSG, renforçant
la notion que les phagocytes murins
participent activement au rejet de la
xénogreffe. De plus, nous avons mis en
évidence un bénéfice particulièrement
sélectif de cette approche sur les
populations de CSHH dans la moelle
osseuse, les lymphocytes T et les
cellules NK, autrement dit trois
sous-populations
hématopoïétiques
humaines dont la représentation est
relativement faible dans les souris
HSI générées dans des receveurs BRG.
Ces résultats indiquent également
que les cellules T et NK humaines
sont particulièrement sensibles aux
mécanismes de surveillance imposés
par les phagocytes patrouillant dans
les tissus – un phénomène biologique
qui n’avait été mis en évidence jusqu’à
maintenant que dans le cas de la
surveillance immunologique contre
les cellules de type leucémique, mais
qui pourrait donc également avoir
une relevance physiologique hors de
conditions pathologiques.
Renforcer la génération des réponses
immunitaires humaines
Les modèles de souris HSI sont
particulièrement attractifs pour tester
in vivo le comportement des cellules
hématopoïétiques humaines au cours
de la réponse immunitaire. Des
réponses générées par les leucocytes
humains après immunisation ont été
rapportées dans les trois types de
modèles HSI décrits précédemment, et
ce avec une variété d’approche assez
conséquente (immunisation entre autres
avec des protéines recombinantes,
des haptènes, des greffes de peau
allogène, des vaccins commerciaux,
ou des pathogènes tels que HIV, EBV
ou le virus de la dengue). Toutefois,
malgré des progrès incontestables
dans ce domaine, tous les modèles HSI
disponibles actuellement restent encore
sous-optimaux. De façon quantitative,
les
réponses
antigène-spécifiques
générées par les lymphocytes T et B
ne concernent pas systématiquement
tous les animaux immunisés, et
l’intensité des réponses reste limitée
et relativement variable entre individus
d’une même cohorte. Qualitativement,
nous avons également mis en évidence
des limitations dans le développement
de la réponse B, le répertoire clonal
généré après immunisation de souris
BRG-HSI avec des vaccins commerciaux
étant globalement de type IgM sans
mutation hypersomatique des chaines
lourdes et légères de l’immunoglobuline,
à quelques rares cas près (7). Les
systèmes HSI contenant une densité
accrue de cellules humaines (par
exemple dans les souris NSG ou
via l’axe d’optimisation CD47/SIRPα)
génèrent des cellules B antigènespécifiques IgG+, mais ces dernières
contiennent également un nombre
réduit de mutations hypersomatiques
(N. Legrand, non publié). Il est probable
qu’une taille supérieure du répertoire B
facilite l’isolation de clones B IgG+, mais
sans véritablement déboucher sur une
amélioration qualitative de la réponse.
Au final, la question de la relative
immaturité du système immunitaire
généré dans les souris HSI reste
ouverte et il a été proposé que le
type de réponse immunitaire observé
jusqu’à maintenant dans les animaux
HSI est plus représentatif des réponses
T-indépendantes mesurées chez les
jeunes enfants (8). Les causes sousjacentes de cette limitation ne sont
pas encore formellement établies, mais
il a été proposé que l’introduction de
molécules humaines du CMH dans les
animaux HSI puisse être bénéfique pour
le développement des lymphocytes T
humains, sur leur accumulation dans
les organes lymphoïdes et leur fonction
lors d’une immunisation, conduisant
à une amélioration quantitative et
qualitative des réponses lymphocytaires
B. A titre d’exemple, nous avons
relevé dans le modèle BRG-HSI que
l’introduction d’un transgène encodant
HLA-A2, une molécule de classe I du
CMH, induit en effet une accumulation
accrue des cellules T humaines dans
les organes lymphoïdes des animaux,
avec la persistance d’un phénotype de
cellules T au repos (N.D. Huntington
et J.P. Di Santo, non publié). Dans
le modèle NSG-HSI, qui est plus
permissif à l’établissement de la
xénogreffe hématopoïétique humaine,
l’introduction de ce même transgène
n’a pas d’impact quantitatif notable sur
les cellules T (9). Au niveau qualitatif
après immunisation, le modèle NSG-HSI
HLA-A2 transgénique facilite toutefois la
détection de cellules T CD8+ antigènespécifiques. Similairement, des souris
NOG-HSI exprimant la molécule du CMH
de classe II HLA-DR4 ne contiennent
pas plus de cellules T que les animaux
NOG-HSI contrôles, mais ils génèrent
une réponse B de type IgG fortement
accrue après immunisation avec de
l’ovalbumine (10). Ces résultats récents
plaident pour un rôle important des
molécules HLA dans l’induction optimale
de réponses immunitaires humaines
dans les animaux HSI, même si le peu
de données disponibles sur les aspects
qualitatifs de ces réponses (par ex.
niveau de mutations hypersomatiques
dans les réponses B) ne permet pas
encore de tirer de conclusion définitive
sur ce point.
En outre, il est loin d’être exclu que les
réponses immunitaires sous-optimales
dans les souris HSI soient le résultat
d’une densité encore trop faible des
cellules humaines devant participer
à la réponse, d’une inadaptation
structurelle des tissus lymphoïdes et
non-lymphoïdes murins, ou encore
d’un certain nombre d’incompatibilités
cellulaires et moléculaires interespèces empêchant la mise en place
SFI Actualités 15
la maintenance à long terme de la
xénogreffe hématopoïétique humaine.
Les modèles de souris HSI actuellement
les plus à la pointe devraient permettre
à court terme de disséquer, analyser
et manipuler la réponse immunitaire
humaine induite expérimentalement,
amenant à l’identification de nouveaux
mécanismes spécifiques de l’immunité
humaine, ainsi que de nouveaux vaccins
ou adjuvants prometteurs.
Figure 2.
d’une dynamique précisément ajustée
au niveau des tissus lymphoïdes
et des centres germinatifs. A titre
d’exemple, de nombreuses zones
d’ombre subsistent sur la nécessité de
complémenter les mécanismes utilisant
les cytokines ou les chimiokines, ou
encore des compartiments cellulaires
comme les cellules inductrices des tissus
lymphoïdes («lymphoid tissue inducer
cells») ou les cellules dendritiques
folliculaires, qui sont décrites comme
étant d’origine non-hématopoïétique.
Un moyen de contourner ces limitations
pourrait résider dans l’amélioration
des conditions dans lesquelles les
réponses immunitaires humaines sont
initiées chez les souris HSI, notamment
via
l’utilisation
de
protocoles
d’immunisation optimisés (timing, site
et nombre d’injections, formulation des
préparations vaccinales, etc.), l’addition
d’adjuvants mieux adaptés à la fonction
des leucocytes humains, ou l’utilisation
d’agonistes de la réponse immunitaire.
A titre d’exemple, nous avons montré
dans le système BRG-HSI qu’une forme
agoniste de l’IL-15, composé par
l’interleukine IL-15 et la chaîne IL-15Rα
liées de manière covalente, renforce
les réponses B dépendantes des
lymphocytes T (11). Cela pourrait être
la conséquence – directe ou indirecte
– des effets bénéfiques de l’IL-15 sur
le développement des cellules Tαβ, Tγδ
et/ou NK humaines, dont le nombre
est nettement renforcé dans les souris
BRG-HSI traitées par cet agoniste.
Dans l’ensemble, ces observations
illustrent le fait que des conditions
SFI Actualités 16
a priori limitantes dans les animaux
HSI peuvent être au moins en partie
contournées via l’utilisation de facteurs
exogènes soutenant la mise en place
d’une réponse immunitaires humaine.
Ces limitations n’ont toutefois pas
empêché d’utiliser les souris HSI pour
analyser la physiopathologie induite par
des pathogènes ayant pour cible des
cellules hématopoïétiques humaines,
tels que VIH-1, HTLV-1, le virus de la
dengue ou encore le virus d’EpsteinBarr.
Le futur des souris humanisées
Même s’il reste encore beaucoup de
chemin à parcourir, les progrès réalisés
au cours de la décennie passée dans
la génération de nouveaux modèles de
souris HSI sont considérables et ouvrent
d’ors et déjà la porte à un vaste panel
d’applications in vivo pour la recherche
fondamentale en immunologie humaine,
pour la recherche pré-clinique et pour
l’industrie biopharmaceutique (Figure
2). Cela inclut par exemple l’étude
de la fonction de gènes, l’étude de
mécanismes moléculaires et cellulaires
propres aux cellules hématopoïétiques,
la mise en place de modèles de
pathogenèse et de relations hôtepathogène, la génération in vivo de
nouvelles applications thérapeutiques
(anticorps humains) ou criblage à haut
débit de nouvelles molécules à visée
thérapeutique (RNAi, petites molécules
synthétiques, anticorps, etc...). Cela est
notamment rendu possible par le fait
que les modèles HSI actuels ont atteint
un niveau de stabilité accru dans
Trois grands domaines d’application
nécessitent
encore
des
étapes
supplémentaires de développement
technologique afin de mettre au point
des modèles HSI «combinés» (Figure
2), i.e. nécessitant la co-transplantation
de CSHH et d’autres tissus humains :
(a) les maladies auto-immunes ; (b)
les maladies infectieuses ne ciblant
pas le système hématopoïétique ;
et (c) l’étude des cancers. Les tissus
humains supplémentaires sont requis
pour permettre le développement de
l’activité auto-immune (par ex. contre
des greffons de peau, d’intestin, de
muscle), ou la réplication de certain
pathogènes (hépatocytes pour VHB/
VHC ; hépatocytes et érythrocytes
pour la malaria) (4). La transplantation
de nombreux types de tumeurs
humaines est possible dans des souris
immunodéficientes, notamment les
lignées BRG et NSG, et la combinaison
des souris HSI avec ce type de modèles
expérimentaux de la tumorogenèse
humaine
représente
une
étape
importante pour mieux comprendre et
manipuler la réponse immunitaire antitumorale (12). Au-delà, la possibilité de
pousser le processus d’humanisation
génétique des hôtes murins encore
plus loin laisse entrevoir une explosion
du nombre de modèles de souris
humanisées dans les années à venir
(13). La question de la sélection du
système le plus spécifiquement adapté à
chaque objet d’étude sera d’autant plus
cruciale que les challenges techniques
resteront complexes.
brèves (suite)
L
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gadd34 regule
la production
de cytokines en
réponse aux ARN
double-brin : un
lien entre réponse
au stress et
immunité innée
Giovanna Clavarino
Nuno Cláudio
Alexandre Dalet
Philippe Pierre
Evelina Gatti
Centre d’Immunologie de
Marseille-Luminy, Aix-Marseille
Université
Inserm, U1104, Marseille,
CNRS, UMR 7280, Marseille
[email protected]
[email protected]
4
es
cellules
dendritiques
(DC) sont, parmi les cellules
présentatrices d’antigène, les plus
efficaces dans l’initiation des réponses
immunitaires, induisant la différenciation
des lymphocytes T naïfs. Parmi les
produits microbiens responsables de
l’activation des DC, l’ARN double brin
(ARNdb) produit par la réplication virale
au cours d’une infection, occupe une
place importante. L’ARNdb est reconnu
dans les DC par différents récepteurs :
le Toll-like récepteur 3 (TLR3), les
hélicases cytosoliques MDA5, DDX1,
DDX21 et DHX36, ou encore par la
protéine cytosolique PKR (protéine
kinase dépendante de l’ARNdb). Suite
à la détection de l’ARNdb par ces
récepteurs, les facteurs de transcription
IRF3 et IRF7 sont transportés dans le
noyau où ils provoquent la production
d’interféron (IFN) de type I (1). L’IFN de
type I induit sur les cellules exprimant
son récepteur (IFNAR), la transcription
de plusieurs gènes avec fonction
antivirale, parmi lesquels la kinase PKR.
PKR exerce cette fonction à travers son
activation directe par l’ARNdb et cause
la phosphorylation de la sous-unité α
du facteur d’initiation de la traduction
eIF2 (eIF2α), qui bloque la synthèse
protéique et inhibe de la réplication
virale (2). PKR n’est pas la seule kinase
qui peut entraîner la phosphorylation
d’eIF2α et donc un arrêt traductionnel
en réponse au stress. Quatre kinases
de eIF2α ont été identifiées à ce jour :
PKR, GCN2, qui détecte une carence
en acides aminés, HRI, senseur de la
carence en hème pendant la synthèse
de l’hémoglobine dans les globules
rouges, et PERK, activée par un excès
de protéines mal repliées dans le
réticulum endoplasmique (RE) et qui est
responsable de l’initiation d’une réponse
au stress particulière nommée ‘unfolded
protein response’ (UPR).
L’induction de l’UPR peut être de
nature physiologique, comme dans
les cellules exocrines, ou encore
pathologique dans le cas de problèmes
de repliement tridimensionnel liés
à des mutations. L’activation de
trois enzymes transmembranaires du
réticulum endoplasmique, PERK, ATF6
et IRE-1, accroît l’homéostasie du RE
et augmente les capacités globales
de repliement, tout en réduisant
l’afflux de nouvelles protéines. En
plus de l’inhibition de la synthèse
protéique globale, la phosphorylation
eIF2α par PERK cause la traduction
SFI Actualités 17
spécifique du facteur de transcription
ATF4, responsable de la production de
protéines nécessaires pour répondre
au stress telles que des chaperons
moléculaires, des transporteurs d’acides
aminés et des protéines de la réponse
anti-oxydative (3).
L’UPR joue un rôle majeur dans
les cellules exocrines ou sécrétoires
comme les plasmocytes ou les cellules
β du pancréas. Également, l’UPR a
été montré avoir un rôle dans la
réponse immunitaire : l’activation
TLR-dépendante de XBP1, à travers
la production d’espèces réactives
de l’oxygène, est nécessaire pour
la production de cytokines proinflammatoires par les macrophages
(4). L’importance de l’UPR dans des
conditions pathologiques a été mise
en évidence dans le cas des maladies
neurodégénératives et cardiovasculaires,
ainsi que certaines maladies autoimmunes (3), comme la maladie de
Crohn où des mutations dans XBP-1
représentent un facteur important de
susceptibilité dans la population.
Dans nos études, nous avons montré
que les DC activées par l’ARNdb
résistent à l’arrêt de la synthèse
protéique normalement induite par la
phosphorylation d’eIF2α par PKR suite
à la détection d’ARNdb. En même
temps, la détection de l’ARNdb entraîne
l’expression de GADD34 (growth arrest
and DNA damage-inducible protein
34), un cofacteur inductible de la
phosphatase 1, responsable de la
déphosphorylation d’eIF2α dans les DC
activées. Nous avons pu démontrer que
GADD34 est nécessaire à la régulation
de la transcription et production de
cytokines majeures comme l’IFN-β et
l’IL-6 en réponse à des infections virales
(5). Nous proposons donc que l’activation
d’une voie de transduction du signal
utilisant certain acteurs de l’UPR comme
ATF4 a une fonction majeure dans la
réponse innée anti-virale.
Induction de GADD34 dans les DC
activées par le poly I:C
Afin d’identifier les voies de signalisation
impliquées dans la réponse à l’ARNdb,
nous avons effectué une analyse
transcriptomique des DC murines
dérivées de la moelle osseuse activées
par le poly I:C, un analogue synthétique
des ARNdb. De façon intéressante, nous
avons trouvé que les DC stimulées par
le poly I:C présentent certains transcrits
SFI Actualités 18
communs avec ceux produits au cours
d’une UPR induite par des agents
pharmacologiques comme la thapsigargin
(5). Parmi les transcrits induits par le
poly I:C, les facteurs de transcription
ATF4 et CHOP ont été retrouvés. En
conditions normales, le transcrit d’ATF4
est peu traduit, tandis que la protéine
ATF4 est rapidement synthétisée suite à
l’activation de PERK et la phosphorylation
d’eIF2α en résultant. La translocation
d’ATF4 dans le noyau induit l’expression
du gène CHOP, responsable de l’induction
de l’apoptose, et d’autres gènes de
la réponse au stress du RE, tels que
GADD34. Suite à l’activation par le poly
I:C, la synthèse des protéines ATF4 et
GADD34 a été observée, alors celle de
la protéine CHOP n’a pu être détectée.
Cette régulation négative de l’expression
traductionelle de CHOP pourrait ainsi
contribuer à la prévention de l’apoptose
dans les DC activées. GADD34 est un
cofacteur inductible de la phosphatase
1, responsable de la déphosphorylation
d’eIF2α. Normalement, GADD34 atténue
donc l’inhibition de la synthèse protéique
durant l’UPR, constituant ainsi une
importante voie de régulation négative
du stress du RE (6,7). En réponse
au poly I:C, nous avons observé une
augmentation du transcrit de GADD34
de 14 fois par rapport aux cellules non
stimulées, ainsi qu’une augmentation
importante des niveaux de la protéine
(5), laissant présager d’un rôle important
dans le contrôle de la synthèse protéique
dans les DC activées.
Régulation de la phosphorylation d’
eIF2α pendant l’activation des DC
La régulation de la synthèse protéique
pendant la maturation des DC induite
par la détection de motifs pathogènes
a été montrée précédemment par
notre groupe pour avoir un rôle
essentiel pour leur fonction et survie
(8). Nous avons développé une
nouvelle technologie pour mesurer
l’intensité de la traduction, basée
sur l’incorporation de puromycine
dans les chaînes polypeptidiques
néosynthétisées et sa détection par
des anticorps monoclonaux spécifiques
(9). En utilisant cette méthode, nous
avons montré que les DC, suite à la
détection du poly I:C, présentent une
résistance anormale à l’inhibition de
la traduction, contrairement à d’autres
types cellulaires tel quel les fibroblastes.
Également, nous avons observé que le
niveau de phosphorylation d’eIF2α est
anormalement élevé dans les cellules
non-stimulées in vitro comme in vivo.
Ce niveau diminue progressivement
au cours de l’activation des DC (5)
suggérant que la déphosphorylation
d’eIF2α est une condition nécessaire
à l’activation des DC. Deux composés
pharmacologiques ont été identifiés
comme inhibiteurs de GADD34 in vitro,
le salubrinal et plus récemment le
guanabenz (10). Puisque l’intensité de
la phosphorylation d’eIF2α est corrélée
inversement avec le niveau d’expression
de GADD34 dans les cellules activées,
la fonction du complexe PP1-GADD34
peut donc être testée en utilisant
ces inhibiteurs. Dans ces conditions,
une augmentation du niveau de
phosphorylation de d’eIF2α suite à la
stimulation avec poly I:C est clairement
détectée et récapitule les résultats
obtenus en parallèles avec des DC de
souris déficientes pour GADD34 (5).
Nous avons aussi identifié la kinase antivirale d’eIF2α PKR comme principale
responsable de la phosphorylation
d’eIF2α dans les DC après stimulation
avec poly I:C. Ainsi le niveau de
PKR, inductible par l’IFN de type
I, est fortement augmenté après
stimulation, et la phosphorylation
d’eIF2α est presque inexistante dans
les DC activées et déficientes pour
PKR (5). Le complexe GADD34-PP1
contrebalance donc l’activité kinase
de PKR et déphosphoryle efficacement
eIF2α au cours de l’activation des
DC. Contrairement à d’autres cellules,
l’expression d’ATF4 et de GADD34 dans
les DC est toutefois indépendante de
PKR. L’adaptateur moléculaire TRIF,
responsable de la transduction du signal
en aval de la détection de l’ARNdb par
le TLR3 et les hélicases DDX1, DDX21
et DHX36 a été montré nécessaire à
leur induction.
GADD34 est nécessaire à la production
de cytokines dans les DC activées par
l’ARN double-brin
De manière surprenante, et très
différente d’une situation de stress
induisant l’UPR comme avec un
traitement à la thapsigargin, la perte
de GADD34 n’impacte pas la résistance
des DC à l’arrêt de la traduction
normalement induit suite à la détection
de l’ARNdb. Cette observation, nous
a poussé à examiner de plus près
le phénotype des DC et des souris
inactivées pour GADD34. La maturation
des cellules déficientes pour GADD34
est normale en ce qui concerne
donc que l’activation d’ATF4 et GADD34
soit considérée comme partie intégrale
des voies de signalisation de l’immunité
innée suite à la détection de virus à
ARN (Figure 1).
REFERENCES
Figure 1.
Expression de GADD34 suite à la détection de l’ARNdb par TLR3, PKR et les hélicases.
GADD34 est nécessaire à la production d’IFN-β et IL-6 dans les DC et les fibroblastes.
l’augmentation de l’expression du CMH
de classe II et de CD86 à la membrane
cellulaire, toutefois la production
d’IFN-β et de l’IL-6 par ces cellules
est fortement réduite par rapport aux
DC contrôles. Ce phénomène a été
aussi observé in vivo, ou une forte
diminution des niveaux d’IFN-β dans
le sang des souris inactivées pour
GADD34 a été observé suite à injection
intraveineuse de poly I:C (5).
GADD34 est donc nécessaire à la
production de cytokines telles que
l’IFN-β et l’IL-6 dans les DC exposées
à l’ARN double-brin (5) et nous
avons pu étendre ces observations à
d’autres cellules comme les fibroblastes
embryonaires murins (12). De manière
surprenante, bien que GADD34 soit
toujours induit dans ces différentes
cellules en réponse à l’ARN doublebrin, les voies de signalisation utilisées
et les cibles de cette molécule
semblent être différentes en fonction
du type cellulaire impliqué. Dans les
DC, GADD34 est induit indépendament
de PKR et régule la transcription des
gènes des cytokines, alors que dans les
fibroblastes, GADD34 est induit sous
la dépendance de PKR et est impliqué
dans la régulation de la production
des cytokines au niveau traductionnel
(5,12). Ces observations sont corrélées
avec l’extrême sensibilité des souris
inactivées pour GADD34 à l’infection
par le virus Chikungunya. Ce petit
virus enveloppé à ARN a été choisi
pour ces capacités d’induction d’IFN
de type I, responsable du contrôle de
l’infection dans les souris nouveau-nés
(11). Cinq jours après l’infection, nous
avons trouvé une réduction significative
du niveau d’IFN-β dans les tissus cibles
des souriceaux nouveau-nés déficients
en GADD34, qui s’accompagne d’une
augmentation du titre viral dans des
organes vitaux comme le cœur, causant
ainsi des myocardites, des dilations
ventriculaires et finalement la mort de
ces animaux (12).
Conclusion
Nous avons mis en évidence dans les DC
activées par le poly I:C l’expression de
gènes de la voie de signalisation ATF4GADD34, normalement induits dans le
cas d’une UPR. De façon intéressante,
et contrairement aux fibroblastes, les
DC résistent à l’arrêt de la synthèse
protéique induit par la phosphorylation
d’eIF2α suite à la détection de l’ARNdb.
Nous proposons que, dans les DC, les
voies de signalisation responsables de
leur fonction dans l’immunité innée
soient prioritaires par rapport aux voies
de signalisation qui sont normalement
mises en place dans le cas d’un
stress cellulaire suite à une infection
virale. La réponse au stress, à travers
la phosphorylation d’eIF2α, pourrait
conduire à l’arrêt de la traduction,
et finalement à l’apoptose suite à
l’expression de CHOP, perturbant la
fonction des DC dans un moment
crucial de la réponse immunitaire.
L’absence d’inhibition de la synthèse
protéique et de la production de CHOP
suite à la détection d’ARNdb pourrait
permettre aux DC d’assurer leurs
fonctions immunitaires, telles que la
production de cytokines, même lors
d’une infection virale directe. Un rôle
de GADD34 dans la phosphorylation et
l’activation d’une molécule clef dans la
voie de signalisation en aval de TRIF
est donc envisageable. Nous proposons
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SFI Actualités 19
brèves (suite)
L
ACTIVATION DE
L’ALARMINE IL-33
PAR LES PROTEASES
DES NEUTROPHILES
Emma Lefrançais
Corinne Cayrol
Jean-Philippe Girard
CNRS, Université Paul Sabatier,
Institut de Pharmacologie et de
Biologie Structurale, Toulouse.
[email protected]
’inflammation
intervient
chaque fois que l’organisme
est menacé, le but étant
d’une part de réparer les dommages
subis et d’autre part d’en éliminer
la cause, qui peut être d’origine
infectieuse
(virus,
bactérie,…)
ou non (blessure physique). Le
déclenchement rapide de la réponse
inflammatoire dans les heures qui
suivent le dommage se fait grâce
à l’interaction entre des récepteurs
des cellules du système immunitaire
inné (Pattern Recognition Receptors:
PRRs) reconnaissant des composants
étrangers
(Pathogen
Associated
Molecular Patterns: PAMPs) ou des
molécules endogènes révélatrices d’un
stress cellulaire (Danger-Associated
Molecular Patterns, DAMPs). S’en suit
l’expression des molécules d’adhésion
et la libération de facteurs et
cytokines pro-inflammatoires qui vont
permettre le recrutement de cellules
immunitaires, comme les neutrophiles,
monocytes et lymphocytes, sur le site
afin d’assurer une phagocytose et une
élimination du danger.
Parmi ces molécules libérées, les
membres de la famille Interleukine (IL)-1
(IL-1α, IL-β, IL-18 …) sont des médiateurs
clés de l’inflammation, induisant la
fièvre, l’activation et la prolifération de
leucocytes, la sécrétion de différentes
cytokines
pro-inflammatoires
et
l’expression de facteurs d’adhésion
sur les cellules endothéliales, ainsi
favorisant le recrutement des cellules
immunitaires (1).
L’IL-33, un nouveau membre de la
famille IL-1
5
SFI Actualités 20
L’IL-33 a été découverte en 2003 en
tant que facteur nucléaire (NF-HEV) par
l’équipe du Docteur Jean-Philippe Girard
à Toulouse (2). Elle fait partie de la
famille IL-1 partageant avec les autres
membres une structure C-terminale
secondaire composée de 12 feuillets β.
Dans sa partie N-terminale, un signal
de localisation nucléaire et un motif de
liaison à la chromatine vont permettre
le stockage de cette cytokine dans
le noyau, associée à la chromatine
(3). L’IL-33 est ainsi exprimée, de
façon constitutive et abondante, par
les cellules endothéliales et par les
cellules épithéliales des tissus exposés
à l’environnement, notamment celles
dans les poumons, l’intestin, la peau
et le vagin (4).
L’IL-33 active le récepteur ST2
(5), exprimé par de nombreuses
cellules du système immunitaire
inné
(mastocytes,
neutrophiles,
eosinophiles,
basophiles,
macrophages et cellules «Natural
Killer») ou adaptatif (lymphocytes,
cellules dendritiques). La stimulation
du récepteur entraîne la sécrétion
par ces cellules de cytokines proinflammatoires comme l’IL-6, ou de
type 2 (l’IL-5 et l’IL-13). Récemment,
une population particulière de
cellules lymphoïdes innées de type 2
(ILC2), nommée également «natural
helper cells», nuocytes ou «innate
helper 2 cells», a été décrite.
Cette population est présente dans
l’intestin et les poumons et joue
un rôle crucial dans les réponses
immunes innées liées à des
infections par des helminthes ou
le virus de la grippe. De plus, elle
répond très fortement à l’IL-33 et
semble être une cible majeure de
l’IL-33 (6). L’IL-33 aurait donc un rôle
protecteur en alertant rapidement
les acteurs du système immunitaire
inné après un dommage cellulaire ou
tissulaire au cours d’un traumatisme
ou
d’une
infection.
Toutefois,
une inflammation prolongée peut
devenir délétère et l’IL-33 est
également
impliquée
dans
la
pathogénie de nombreuses maladies
inflammatoires et allergiques, comme
la polyarthrite rhumatoïde, des
maladies inflammatoires de l’intestin
et l’asthme, où elle participe à
l’activation inopportune ou exacerbée
du système immunitaire (7).
L’IL-33 : une alarmine
Nous avons récemment mis en
évidence que l’IL-33 de pleine taille
(IL-331-270), dépourvue de séquence
signal, est biologiquement active et
libérée par les cellules endothéliales
lors de la nécrose, mais inactivée par
les caspases lors de l’apoptose (8).
L’expression constitutive de l’IL-33 chez
l’homme dans les cellules endothéliales
et les cellules épithéliales tissulaires
en contact avec le milieu extérieur, sa
libération par les cellules nécrotiques
et sa capacité à recruter et activer
des cellules du système immunitaire
inné et acquis (4,8,9), suggèrent que
l’IL-33 pourrait agir comme un signal
de danger endogène, ou alarmine
(signal d’alarme) en alertant le système
immunitaire d’un dommage tissulaire
après une blessure ou une infection.
Activation de l’IL-33 par les protéases
des neutrophiles
Si la forme pleine taille de l’IL-33 est
libérée en cas de dommage cellulaire,
nous ne savions pas si cette forme
était la seule active ou bien s’il existait
une forme mature de la cytokine. L’IL33 jouant un rôle important dans les
maladies inflammatoires, nous nous
sommes demandés si elle ne pouvait
pas être activée par des protéases
sécrétées au cours de l’inflammation.
Les neutrophiles font partie des
premières cellules recrutées sur le site
d’une inflammation et, une fois activés,
ils libèrent leurs protéases capables
de cliver et de réguler l’activité de
plusieurs médiateurs de l’inflammation.
Nous nous sommes donc interrogés
sur le rôle possible des protéases
des neutrophiles, la cathepsine G
et l’élastase, dans la régulation de
l’activité de l’IL-33 (10). Ainsi, nous
avons pu montrer qu’en présence de
ces protéases sous forme recombinante,
l’IL-33 avait une capacité beaucoup
plus forte à activer les basophiles et
mastocytes en induisant une sécrétion
de l’IL-5 et de l’IL-6 à des niveaux dix
fois plus élevés qu’en leur absence.
Figure 1
Mécanismes de sécrétion et de régulation de l’IL-33, signal de danger relargué en cas de
dommage cellulaire. L’IL-33 est exprimée par les tissus en contact avec l’environnement. En
cas d’apoptose, les caspases inactivent la cytokine en la clivant au sein de son domaine
actif, tandis qu’en cas de nécrose, l’IL-33 est libérée sous sa forme pleine taille. Lors d’une
réaction inflammatoire, les neutrophiles sont recrutés rapidement sur le site inflammé, sont
activés et libèrent des protéases (cathepsine G et elastase) capables de cliver l’IL-33, et
de libérer son domaine C-terminal. Les fragments générés activent le récepteur présent
sur les cellules de l’immunité. La réponse inflammatoire innée qui en découle permet de
lutter contre les infections mais peut également jouer un rôle important dans les maladies
allergiques ou auto-immunes.
La cathepsine G et l’élastase clivent
l’IL-33, ainsi générant des fragments
dépourvus de la partie N-terminale et
qui contiennent le domaine «IL-1-like»,
capable de se lier au récepteur ST2.
Nous avons identifié ces fragments par
spectrométrie de masse et mutagenèse
dirigée. Ces formes matures d’IL-33 :
IL-3395-270, IL-3399-270 et IL-33109270 sont biologiquement actives,
capables d’entraîner la sécrétion de
cytokines pro-inflammatoires par les
cellules possédant le récepteur ST2 et
entraînant in vivo une splénomégalie,
une augmentation de leucocytes
sanguins, une augmentation du taux
d’IL-5 sérique, ainsi qu’une hyperplasie
des cellules caliciformes sécrétrices de
mucus dans l’intestin.
retrouvée dans le lavage broncho
alvéolaire à la suite des dommages
subis. Cette inflammation est associée
à un recrutement de neutrophiles dans
les poumons et nous montrons qu’une
forme clivée de l’IL-33 est détectée
dans le lavage broncho alvéolaire de
taille identique à celle identifiée in
vitro et ex vivo avec les protéases
recombinantes. Le clivage de l’IL-33
se produit donc également in vivo au
cours d’une inflammation requérant
d’une part la libération de l’IL-33 pleine
taille par des cellules épithéliales ou
endothéliales ayant subi un dommage
et d’autre part le recrutement sur le
site de neutrophiles.
Chez la souris, la protéine pleine taille
est également clivée, aussi bien in vitro
qu’ex vivo, par les neutrophiles activés
et les protéases recombinantes élastase
et cathepsine G, générant également
un fragment C-terminal mIL-33102-266.
Mais, qu’en est-il de l’IL-33 endogène
in vivo ? Nous avons utilisé un modèle
d’œdème pulmonaire lésionnel induit
par injection d’acide oléique où l’IL-33
pleine taille, très fortement exprimée
dans les poumons, est libérée et
Alors
que
l’IL-331-270
est
biologiquement active et libérée
par les cellules endothéliales lors
de dommages cellulaires (nécrose),
mais inactivée par les caspases au
cours d’une mort programmée par
apoptose, nous montrons pour la
première fois que l’activité de l’IL-33
peut être augmentée par un clivage
par la cathepsine G et l’élastase. Ces
protéases génèrent des fragments
contenant tout le domaine IL-1 et
Conclusion
débarrassés du domaine N-terminal qui
diminuerait l’activité biologique de l’IL33. Ces fragments induisent une forte
sécrétion de cytokines de type 2 par les
cellules cibles et induisent de profonds
changements morphologiques chez la
souris, associés à la prolifération de
cellules immunitaires et à la sécrétion
de ces cytokines, qui se manifestent
par une splénomégalie et une
hyperplasie des cellules caliciformes
de l’intestin. Cette découverte apporte
de nouveaux éléments quant à
l’importance du microenvironnement
inflammatoire dans la régulation de
l’activité de l’IL-33. Le recrutement
et l’activation de neutrophiles sur le
site du dommage entraîneraient une
exacerbation du signal d’alerte par
la génération de fragments «superactifs» de l’IL-33. La régulation de
l’activité biologique de l’IL-33 par les
protéases des neutrophiles pourrait
être particulièrement importante lors
d’inflammations stériles où l’on observe
un recrutement massif de neutrophiles :
inflammation aigüe des poumons ou de
l’intestin, maladies chroniques affectant
les articulations, mais également lors
d’infections bactériennes ou virales.
SFI Actualités 21
brèves (suite)
L
RÉFÉRENCES
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PROGRAMMES
POUR TUER : LES
LYMPHOCYTES T
CD8+ MEMOIRES
POTENTIALISENT
LES ACTIVITES
MICROBICIDES
DES MONOCYTES
INFLAMMATOIRES
ET DES
NEUTROPHILES
LORS D’UNE
REINFECTION
Emilie Narni-Mancinelli
Grégoire Lauvau
InsermU924, Université de NiceSophia Antipolis, Valbonne
[email protected]
[email protected]
6
SFI Actualités 22
’immunité innée constitue une
des premières lignes de défense
immunitaire
de
l’organisme
contre les infections et est essentielle au
contrôle rapide des agents pathogènes.
Les principaux acteurs de l’immunité
innée sont les cellules phagocytaires,
Natural Killer (NK) et NKT et γδ T. La
seconde ligne de défense immunitaire
qui ne se met en place qu’après
quelques jours est spécifique des agents
pathogènes rencontrés, c’est l’immunité
adaptative. Le système immunitaire
adaptatif est composé des lymphocytes
T et B qui ont la capacité de garder
en mémoire une primo-activation.
La mémoire immunologique est une
propriété fondamentale du système
immunitaire adaptatif et permet
de protéger l’hôte au cours d’une
réinfection. Une réponse immunitaire
mémoire est en effet plus rapide et
plus forte qu’une réponse primaire en
raison de l’augmentation de la fréquence
de cellules spécifiques de l’antigène,
de l’amélioration des caractéristiques
fonctionnelles de ces cellules, et de
leur localisation préférentielle dans
les tissus périphériques (1,2). Cette
réponse ‘améliorée’ permet de diminuer
l’intensité et la durée des symptômes
chez l’hôte immunisé.
Les lymphocytes T CD8+ mémoires (LT
CD8+Mém) sont des acteurs majeurs du
système immunitaire adaptatif. Ils sont
capables de conférer une immunité
de protection contre des agents
pathogènes intracellulaires comme
des bactéries, des protozoaires et des
virus (1). Bien que les LT CD8+ soient
principalement appréciés pour leur
capacité à tuer les cellules infectées,
ils sont dotés d’autres mécanismes
effecteurs qui contribuent aussi à la
défense de l’hôte (1). Les LT CD8+
sécrètent des cytokines inflammatoires
telles que l’IFN-γ, le TNF-α et les
chimiokines CCL3, CCL4, CCL5 qui
contribuent au contrôle de la croissance
des pathogènes intracellulaires tels que
Francisella tularensis, Leishmania major
ou Listeria monocytogenes (Lm) par
divers mécanismes et en particulier
via le recrutement et l’activation des
phagocytes (3-5). Lors d’une réponse
T effectrice, il est admis que le
contrôle optimisé de la croissance
des pathogènes intracellulaires résulte
d’une augmentation du nombre de
phagocytes recrutés au site infectieux
ainsi que de leur activation rapide (58). Cette hypothèse est basée sur la
notion selon laquelle les phagocytes
exercent une réponse qualitativement
comparable chaque fois que le même
agent
pathogène
est
rencontré.
Pourtant, les activités antimicrobiennes
des phagocytes exprimées lors d’une
primo-infection ne sont pas forcément
équivalentes lors d’une réinfection.
Nous avions démontré dans le modèle
d’infection par la bactérie Lm chez la
souris que les LT CD8+Mém qui sécrètent
CCL3 sont capables de protéger l’hôte
immunisé en potentialisant l’activation
des cellules effectrices du système
immunitaire inné (6). CCL3 induit une
augmentation rapide du TNF-α sécrété
par les monocytes inflammatoires qui,
à son tour, favorise la production
de radicaux oxygénés (RO) par les
monocytes et les neutrophiles. Nous
avions également constaté que les
RO générés étaient requis pour
la destruction de Lm. Dans cette
nouvelle étude (9), nous avons suivi
l’expression des activités effectrices
antimicrobiennes des phagocytes au
cours d’une réinfection et mesuré leur
capacité à éliminer les bactéries.
Les
LT
CD8+Mém
favorisent
l’expression des fonctions effectrices
antimicrobiennes dans les vacuoles de
phagocytoses
Les
phagocytes
tels
que
les
macrophages, les neutrophiles et les
monocytes inflammatoires jouent un
rôle essentiel dans l’élimination des
pathogènes intracellulaires (10). Ces
cellules phagocytaires reconnaissent
et phagocytent les pathogènes. Après
internalisation dans des vacuoles de
phagocytose, les phagosomes subissent
de nombreuses étapes de maturation
au cours desquelles la composition
protéique est modifiée et le pH acidifié.
Un autre mécanisme antimicrobien
exprimé par les phagocytes consiste à
produire des RO par la Nicotinamide
Adénine
Dinucléotide
phosphate
(NADPH) oxydase. Cette enzyme
génère des ions superoxydes O2- qui
s’accumulent dans la lumière du
phagosome. L’O2- est ensuite converti en
diverses espèces de radicaux oxygénés
(RO) hautement toxiques qui dégradent
le contenu du phagosome et facilitent
la destruction du pathogène (11). La
génération de RO peut également
induire une augmentation du pH dans
les phagosomes et ainsi activer un
autre type de protéases fonctionnelles
à pH neutre. Les phagocytes génèrent
également
d’autres
molécules
effectrices microbicides telles que les
radicaux nitrés (RN) qui sont produits
par l’enzyme inductible la Nitric Oxid
Synthase (iNOS). La combinaison des
RN et des RO est très toxique pour
les micro-organismes localisés dans
ces phagosomes (11). En résumé,
la somme de toutes ces activités
microbicides contribuent à la génération
d’un environnement particulièrement
inhospitalier qui limite efficacement
la prolifération des pathogènes dans
les phagosomes. Étant donné que
les enzymes qui produisent les RN
et les RO peuvent être activées par
la presence d’IFN-γ et de TNF-α, et
que les niveaux de ces cytokines sont
beaucoup plus élevés au cours d’une
réponse mémoire (5), nous avons
cherché à savoir si la production de
ces effecteurs microbicides était plus
rapide au cours d’une réinfection par
rapport à une primo-infection. Nous
avons observé que le nombre et la
fréquence de monocytes inflammatoires
et de neutrophiles capables de
produire des RO au cours d’une
réponse mémoire étaient plus élevés.
En outre, les quantités de RO produites
par les monocytes étaient également
plus importantes comparées à celles
produites par les neutrophiles et les
macrophages. Ces données suggèrent
que les monocytes inflammatoires
sont intrinsèquement plus efficaces à
produire des quantités plus importantes
de RO que les autres phagocytes
effecteurs. Nos données démontrent
également que l’activation rapide des
phagocytes au cours d’une réponse
mémoire dépend de la production de
CCL3 par les LT CD8+Mém.
Nous avons aussi constaté que
les monocytes inflammatoires, qui
produisent les plus forts niveaux de
RO, présentent une augmentation du
pH dans les phagosomes au cours
d’une réponse mémoire par rapport à
une primo-infection. Comme attendu, le
pH intra-phagosomal des neutrophiles
est également augmenté alors que
celui des macrophages reste acide. La
basification du pH des phagosomes des
monocytes et des neutrophiles dépend
aussi de la sécrétion de CCL3 par les
LT CD8+Mém.
En résumé, les résultats de cette
dernière étude montrent que les
cellules effectrices de l’immunité
innée - monocytes inflammatoires
et
neutrophilesprésentent
un
environnement
particulièrement
inhospitalier dans les phagosomes lors
d’une réponse mémoire. Ce milieu,
probablement plus toxique pour les
agents
pathogènes
intracellulaires,
pourrait favoriser leur meilleure
élimination.
Les LT CD8+Mém favorisent l’élimination
des agents pathogènes dans les
vacuoles de phagocytoses des cellules
phagocytaires
La première étape essentielle à la survie
de Lm au cours d’une infection est son
échappement de la vacuole primaire de
phagocytose vers le cytosol des cellules
infectées (12). Or, lors d’une réponse
mémoire, la survie et la prolifération
des bactéries sont fortement diminuées.
Nous avons donc émis l’hypothèse que
le moyen le plus efficace pour contrôler
la croissance de Lm serait d’empêcher
son entrée dans le cytosol des
phagocytes infectés. Si cette hypothèse
était vraie, la multiplication de Lm dans
les cellules des animaux immunisées
par rapport aux souris primo-infectés
devrait différer dès les premières
heures d’infection. Afin de tester
cette possibilité, nous avons mesuré la
multiplication de Lm dans la rate au
cours d’une primo et d’une réinfection.
Nous avons pu déterminer que très tôt
après infection (9 à 12 heures), les
souris immunisées possèdent 6.6 et
20 fois moins de bactéries dans la rate
que des souris primo-infectées. Après
24 heures d’infection, les bactéries
sont en moyenne 23 et 216 fois moins
nombreuses chez les souris immunisées.
Ces résultats montraient donc que
l’élimination de Lm commence très
rapidement après réinfection des souris
immunisées. Étant donné que plusieurs
activités effectrices antimicrobiennes
des phagocytes sont activées chez
les souris immunisées, nous avons
émis l’hypothèse que l’élimination
de Lm dans les phagosomes des
phagocytes devait être plus efficace
chez des souris immunisées que
des souris primo-infectées. Afin de
pouvoir discriminer les bactéries
contenues dans des vacuoles de celles
localisées dans le cytosol, nous avons
utilisé une bactérie Lm recombinante
(L029), qui exprime une résistance
au chloramphénicol uniquement lors
de sa localisation dans le cytoplasme
des cellules infectées (13). Nous avons
mesuré que, dès les premières heures
d’infection, 60% des bactéries vivantes
étaient localisées dans le cytosol
SFI Actualités 23
(résistantes au chloramphénicol) et
40% dans les vacuoles (sensibles au
chloramphénicol) des splénocytes des
souris primo-infectées. Par contre, la
grande majorité des bactéries vivantes
(~90-95%) était localisée dans le cytosol
des cellules infectées chez des animaux
immunisés. Ces résultats suggérent
donc que Lm est éliminée beaucoup
plus efficacement dans les vacuoles des
splénocytes lors d’une réponse mémoire
par rapport à une primo-infection. En
effet, dès 1.5 heures post-infection, les
souris immunisées possèdent 30-50%
moins de bactéries dans la rate que des
souris primo-infectées et 50% moins de
bactéries dans les vacuoles. Afin de
mieux démontrer la présence d’une
activité bactéricide plus efficace au sein
des vacuoles des souris immunisées
par rapport à celles des souris primoinfectées, nous avons mesuré la
survie d’un mutant de Lm déficient
pour la lystériolysine O qui n’est pas
capable de s’échapper des vacuoles de
phagocytose (12). Nous avons mesuré
une meilleure élimination du mutant
ΔLLO chez les souris immunisées
que chez les souris primo-infectées.
Cette meilleure activité listéricide est
dépendante de la production de RO
induite par la sécrétion de CCL3 par
les LT CD8+Mém. En effet, l’élimination
des LT CD8+, le blocage du CCL3 ou
l’absence de génération de RO chez des
souris immunisées prévient cet effet.
En résumé, nos résultats montrent que
lors d’une réponse mémoire, les LT
CD8+Mém conditionnent les phagocytes
qui génèrent alors un environnement
vacuolaire plus propice à l’élimination
de la bactérie. Ce processus dépend
directement d’une activité accrue du
complexe NADPH-oxydase.
Les LT CD8+Mém favorisent
mécanisme d’autophagie dans
phagocytes
un
les
Alors que très tôt après infection Lm est
plus efficacement tuée dans les vacuoles
des phagocytes des souris immunisées
par rapport à des souris primoinfectées, l’efficacité d’élimination des
bactéries vacuolaires est similaire après
6 heures d’infection. A 9 et 24 heures,
la proportion relative de bactéries
vivantes dans le cytosol des cellules
infectées diminue drastiquement de
60% à 15% chez les souris immunisées,
alors qu’elle ne diminue que de 20%
chez des souris primo-infectées. Ces
données suggèrent que les bactéries
SFI Actualités 24
vivantes localisées dans le cytosol
des
cellules
infectées
infectées
(résistantes au chloramphenicol) sont
rapidement relocalisées dans des
structures vacuolaires (sensibles au
chloramphénicol). Cette relocalisation de
Lm dans des vacuoles pouvait résulter
de la propagation de Lm de la cellule
infectée à une cellule voisine et/ou
de la ré-internalisation de la bactérie
libre du cytosol dans des structures
phagosomales à l’intérieur de la même
cellule infectée. Afin de discriminer ces
deux possibilités, nous avons utilisé
un mutant de Lm qui ne peut pas se
propager de cellules à cellules (mutant
ΔActA ; réf. 12) et mesuré le nombre
de bactéries localisées dans des
structures vacuolaires des splénocytes
après 24 heures d’infection. Que ce
soit avec la bactérie sauvage ou avec
le mutant ΔActA, nous avons mesuré
une même fréquence de bactéries
vivantes à l’intérieur de structures
phagosomales
chez
les
souris
immunisées. Ces résultats suggéraient
donc fortement que la relocalisation
de Lm dans des vacuoles ne résultait
pas d’une propagation des bactéries
aux cellules voisines, mais plutôt de
la ré-internalisation des bactéries à
l’intérieur de la cellule infectée. Cette
ré-internalisation
est
dépendante
des RO induits par les LT CD8+Mém
sécréteurs de CCL3. Ce processus est
également corrélé avec l’élimination
plus efficace de la bactérie chez des
souris immunisées qui possèdent 216
fois moins de bactéries vivantes dans
la rate après 24 heures d’infection
par rapport aux souris primo-infectées.
Dans l’ensemble, ces données suggèrent
donc que la destruction de Lm dans la
phase tardive de l’infection implique
des mécanismes distincts de ceux
exprimés dans la vacuole primaire de
phagocytose.
Nous avons ensuite étudié la génération
de ces phagosomes susceptibles
d’être les principaux contributeurs
à la destruction Lm au cours d’une
réponse mémoire. Lm est une cible
de l’autophagie, un processus qui peut
être favorisé par la production de RO
(14,15). Nous avons observé que Lm
est internalisée dans des structures
vacuolaires dans les phagocytes
infectés via un mécanisme dépendant
du CCL3 et des RO. Nous avons émis
l’hypothèse que les phagocytes des
souris immunisées sont conditionnés
par les LT CD8+Mém à éliminer Lm
par un processus d’autophagie. Afin
de tester cette hypothèse, nous
avons suivi la conversion du LC3-I
cytosolique en une forme lipidée (LC3II) qui est liée de façon covalente
à des phospholipides associés aux
membranes des
autophagosomes.
Cette modification du LC3-I altère ses
propriétés de migration qui peuvent
être visualisées par électrophorèse suivi
d’un immuno-transfert. Au contraire
des macrophages, pour lesquels nous
avons mesuré des niveaux intrinsèques
élevés d’autophagie chez les souris
non-infectées, les ratios LC3-II/LC3-I
dans les monocytes inflammatoires
et les neutrophiles purifiés à partir
de la rate de souris immunisées sont
augmentés par rapport à ceux mesurés
chez des souris primo-infectées. Cette
augmentation des ratios LC3-II/LC3-I
reflète la conséquence directe de
la lipidation de LC3-I au niveau des
membranes des autophagosomes. Après
24 heures de réinfection, nous avons
également observé par microscopie
électronique la présence de bactéries
à l’intérieur d’une structure vacuolaire
présentant des doubles membranes
caractéristiques des autophagosomes
dans des phagocytes de la rate des
souris immunisées. L’augmentation
de la lipidation du LC3-I chez les
souris immunisées est perdue lors de
l’élimination des LT CD8+, du bloquage
du CCL3 ou lors de l’absence de RO.
En résumé, nos résultats montrent
que les LT CD8+Mém CCL3+ induisent
la
formation
d’autophagosomes
spécifiquement dans les monocytes
inflammatoires et les neutrophiles ce
qui permet de contrôler efficacement
la croissance intracellulaire de Lm et
de l’éliminer.
Remarques finales
Le dogme actuel est que seuls les LT
classiques et les LB acteurs du système
immunitaire adaptatif sont capables de
se différencier en cellules mémoires
dont les propriétés fonctionnelles
sont qualitativement améliorées. En
revanche, les cellules effectrices du
système immunitaire inné comme
les monocytes, les macrophages et
les neutrophiles sont soupçonnés de
servir de médiateurs à une réponse
rapide et non-spécifique de l’antigène.
Cette réponse serait par définition
qualitativement comparable chaque
fois que le même agent pathogène est
rencontré. Cependant, il a été montré
que les macrophages peuvent remodeler
leur chromatine et améliorer leurs
brèves (suite)
activités microbicides à la suite d’une
stimulation par des motifs microbiens
(16). Des études récentes ont également
décrit que des LT CD4+ effecteurs /
mémoires permettent ‘d’aider’ des
cellules immunitaires innées afin de
favoriser la clairance des pathogènes
(7,8). Notre étude met en évidence
que plusieurs fonctions effectrices des
phagocytes sont fortement modulées
par la présence de LT CD8+Mém
ce qui permet une élimination plus
efficace
des
agents
pathogènes
intracellulaires. Nous avons montré
que la destruction de Lm implique
l’activation d’un plus grand nombre
de monocytes et de neutrophiles,
qui produisent aussi des niveaux plus
élevés de RO au cours d’une réponse
mémoire par rapport à une primoinfection. Les RO sont susceptibles
d’induire l’augmentation rapide du pH
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des vacuoles de phagocytose primaires,
ainsi que d’induire la génération
d’autophagosomes
qui
permettent
d’éliminer les bactéries. Collectivement,
nos résultats montrent donc que les
cellules du système immunitaire inné
se comportent différemment lors
d’une réinfection. En intégrant des
signaux délivrés par les LT CD8+Mém,
les
phagocytes
expriment
des
fonctions effectrices antimicrobiennes
optimisées ce qui favorise l’élimination
des pathogènes. La modulation de
ces fonctions effectrices lors d’une
réponse mémoire est potentiellement
importante dans la conception de
nouvelles stratégies de vaccination
et d’immunothérapie. Il est donc
essentiel de parvenir à une meilleure
connaissance du fonctionnement des
phagocytes dans le cadre d’autres
infections.
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TLR-induced chromatin modifications.
Nature. 447:972-978.
CANCER DU SEIN
METASTATIQUE :
LA LYMPHO-DIVPENIE
PERMET DE
PRONOSTIQUER LA
SURVIE GLOBALE
Manuarii Manuel1-4
Christophe Caux2-5
Nicolas Pasqual1
Christine Ménétrier-Caux2-5
ImmunID Technologies, Grenoble
Université Lyon 1, ISPB, Lyon
3
Team 11, CRCL INSERM U-1052/
CNRS 5286, Lyon
4
LabEx DEVweCAN - Centre Léon
Bérard, Lyon
5
Innovation in Immuno-monitoring
and Immunotherapy (P3I), Centre
Léon Bérard, Lyon
1
2
[email protected]
[email protected]
[email protected]
[email protected]
7
SFI Actualités 25
D
e nombreuses études ont
montré
l’importance
du
système immunitaire dans
l’évolution des cancers. Une série
de travaux s’est intéressée au rôle
des défenses immunitaires, visualisée
par la numération lymphocytaire. Le
Centre Léon Bérard est impliqué dans
cette thématique depuis les années
90 et leurs travaux réalisés sur plus
de 3000 patients ont montré que 20
à 25% des malades ayant un cancer
avancé souffrent d’une lymphopénie
qui concerne indifféremment toutes
les populations de lymphocytes. Ceci
se confirme également chez 20% des
patientes ayant un cancer du sein
métastatique non traité (1-4). Cette
lymphopénie est associée dans plusieurs
pathologies tumorales, dont le cancer du
sein métastatique, à une progression de
la maladie et une survie réduite (5).
La numération n’est pas le seul critère
à prendre en compte. La diversité du
répertoire des récepteurs des cellules T
(TCR) obtenue par les réarrangements
V(D)J au niveau de l’ADN génomique, est
proportionnelle au nombre d’antigènes
différents reconnus par le système
immunitaire et représente donc une
mesure de son efficacité. Cette diversité
du répertoire TCR a été identifiée
comme un facteur important pour la
réponse immune en cas d’infections,
par exemple par le VIH (6), ou pour
la réponse anti-tumorale (7).
Cette diversité du répertoire des
récepteurs des lymphocytes T et
B peut être mesurée à partir d’un
échantillon sanguin grâce à l’utilisation
du test ImmunTraCkeR®. Basé sur une
PCR multiplexe, il permet d’identifier et
de caractériser les réarrangements V(D)J
présents dans le génome. L’usage de
ce test a conduit à la définition de la
divpénie (8), un bio-marqueur introduit
en 2010 pour définir une personne
présentant une constriction anormale
de la diversité de ses lymphocytes.
Les résultats de notre travail (9)
montrent qu’un déficit en nombre de
lymphocytes T et en diversité des TCR
- appelé lympho-divpénie - est associé
à une survie globale plus courte. Il a
porté sur deux cohortes indépendantes
de patientes atteintes d’un cancer du
sein métastatique au moment de la
1ère rechute et avant tout traitement,
soit 133 patientes au total. Des
analyses univariées et multivariées ont
SFI Actualités 26
Figure 1
Le score NDL diffère chez des sujets sains, majoritairement NDL4, (a, n=26) et des patientes
en rechute du cancer du sein, cohortes A (b, n=66) et B (c, n=67) dont les scores sont
plus disparates.
fait ressortir que la lympho-divpénie
est un facteur de mauvais pronostic
indépendante. La notion de lymphodivpénie contribue à une meilleure
compréhension des relations entre
système immunitaire et cancer, tant sur
le plan de la recherche fondamentale
que sur le développement d’approches
cliniques innovantes, notamment pour
reconstituer les défenses immunitaires.
Une
étude
rétrospective,
prospective, sur 133 patientes
puis
Le travail s’appuie sur les analyses
portant sur des patientes suivies
entre 2004 et 2010 pour un cancer
du sein métastatique au Centre Léon
Bérard, Lyon (9). Une première étude
rétrospective sur une cohorte A de 66
patientes ayant reçu un traitement par
chimiothérapie de première intention
a permis une analyse a postériori de
divers paramètres sanguins, dont la
lymphopénie et la divpénie. Suite aux
résultats intéressants, une cohorte
prospective de validation de 67
patientes (cohorte B) a été mise en
place entre 2006 et 2010.
La lympho-divpénie est identifiée au
moyen du score de la Numération
Diversité Lymphocytaire
La
représentation
graphique
des résultats de la numération
lymphocytaire et de la diversité
combinatoire est appelée le score NDL
(Numération Diversité Lymphocytaire).
Cette manière de les formaliser
introduit la possibilité de classer les
résultats en quatre catégories, selon les
limites fixées à 1 Giga/L pour le taux de
lymphocytes et à 33% pour la diversité
des TCR. Le score NDL1 regroupe les
patientes lympho-divpéniques, le score
NDL2 regroupe les lymphopéniques nondivpéniques, le score NDL3 regroupe
les divpéniques non-lymphopéniques.
Le score NDL4 correspond aux sujets
ayant à la fois une bonne numération
et une bonne diversité.
L’analyse des résultats de cette étude
selon ce principe montre que les
contrôles sains sont quasi tous dans
la catégorie NDL4, avec une diversité
du répertoire TCR à la fois élevée et
homogène qui couvre généralement
les 2/3 du répertoire théorique des
TCR (médiane 67%) (Figure 1a). Par
contre, les patientes en rechute dans
les cohortes A (Figure 1b) et B (Figure
1c) peuvent appartenir à chacune de
ces quatre catégories, avec une grande
variabilité de la diversité dont la
médiane ne dépasse pas 50%. Ceci met
en évidence les profondes altérations
du profil immunologique présent chez
les patientes, et ceci dès la détection
d’un cancer du sein métastatique et
avant tout traitement.
La lympho-divpénie au moment
de la rechute est un bio-marqueur
pronostique de la survie globale
L’étude a été réalisée sur deux
cohortes indépendantes. Ici nous
reprenons pour plus de simplicité
l’analyse réalisée sur les deux cohortes
réunies. Une stratification des patientes
selon leur numération lymphocytaire a
permis de mettre en évidence qu’une
lymphopénie (<1 Giga/L), détectée chez
43% des patientes, est associée à un
mauvais pronostic vital : la médiane
de survie globale est de 11,2 mois
pour les patientes lymphopéniques
(n=53) contre plus de 24,4 mois pour
celles ayant une numération normale
(n=70).
Une divpénie sévère seule (diversité ≤
33%), détectée chez 30% des patientes
(n=38) est également associée à un
Ces résultats sont en cours de confirmation
sur une cohorte plus large de femmes en
rechute d’un cancer du sein.
Figure 2
Les patientes lympho-divpéniques (déficit en nombre et en diversité des lymphocytes) en
première rechute d’un cancer du sein ont un risque accru de décès précoce avec une
médiane de survie de 8 mois, contre environ 24 mois pour les patientes non lymphodivpéniques (résultat sur les cohortes réunies).
mauvais pronostic vital. Ainsi, ces
patientes ont une médiane de survie
globale de 14,3 mois, contre 22,9 mois
si la diversité est >33% (n=87).
L’étude de la lympho-divpénie permet
d’avoir une plus grande précision
pour la stratification des patientes.
En effet 17% (n=21) des patientes
présentant à la fois une lymphopénie
(<1 Giga/L) et une divpénie sévère
(≤33%) ont une très faible survie
globale, avec une médiane de 8,1
mois. Les patientes ayant au moins
un de ces deux indicateurs au-dessus
des seuils, soit 83% de la cohortes
ré présentent une médiane de survie
globale de 23,3 mois. Par ailleurs, la
survie à 3 ans est inférieure à 10%
chez les patientes lympho-divpéniques,
alors qu’elle est de 30% chez les non
lympho-divpéniques (Figure 2).
La lympho-divpénie est un facteur
pronostique indépendant
Enfin, l’intégration du paramètre
lympho-divpénie dans une analyse
multivariée incluant l’ensemble des
facteurs cliniques prédictifs (Personal
Statue : un ensemble de critères
permettant au médecin de décrire l’état
de forme du patient montré comme
étant en relation avec la survie),
ménopause, taux de neutrophiles, de
LDH et d’hémoglobine, la présence
de métastases hépatiques et le
statut Triple négatif de la tumeur, à
savoir les cancers ne répondant pas
aux thérapies ciblées actuellement
disponibles,
hormonothérapie
et
thérapie par anticorps), permet de
démontrer que la lympho-divpénie est
un facteur pronostique indépendant
pour la cohorte réunie.
La lympho-divpénie mesurée au
moment de la rechute, avant tout
traitement, constitue donc un biomarqueur utilisable en pratique
médicale. Sur la base de critères
biologiques, elle isole un groupe de
patientes réfractaires à la chimiothérapie
standard pour lesquelles il est important
de développer de nouvelles stratégies
thérapeutiques personnalisées. Une
stratégie consisterait à tester l’efficacité
de thérapies ciblées en remplacement
des chimiothérapies conventionnelles.
Une autre approche privilégierait
la
reconstitution
des
défenses
immunitaires des patientes avec des
molécules comme l’IL-7 et l’IL-15 pour
aider l’organisme à mettre en place
une meilleure réponse immunitaire
anti-tumorale et ainsi bénéficier
efficacement d’une chimiothérapie.
Ces travaux sont une démonstration
en clinique humaine de l’impact de la
qualité du système immunitaire sur la
progression tumorale. Ils illustrent aussi
la nécessité d’inclure la composante
immunitaire
dans
les
stratégies
thérapeutiques du cancer primaire, afin
de prévenir la rechute via la mise en
place d’une mémoire immunitaire.
Conclusion
Après
avoir
montré
la
valeur
pronostique de la lymphopénie pour la
toxicité et la survie chez les patients
atteints de pathologies néoplasiques
évolutives, ce travail met en évidence
que la lympho-divpénie est également
un facteur de mauvais pronostic
indépendant majeur (9). L’utilisation de
la divpénie dans notre étude apporte
une
information
complémentaire
permettant une meilleure stratification
des patientes lymphopéniques. Ceci a
mené à l’identification d’une population
présentant
des
immunodéficiences
importantes allant de pair avec une
fragilité particulière, comme en témoigne
leur survie réduite, environ trois fois
plus faible que chez les patientes dont
au moins un de ces deux paramètres
immunitaires est normal.
SFI Actualités 27
cours de la SFI
Organisation du cours
RÉFÉRENCES
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3. Borg C et al 2004. CD4 lymphopenia
as a risk factor for febrile neutropenia
and early death after cytotoxic
chemotherapy in adult patients with
cancer. Cancer 101:2675-2680
4.Ray-Coquard I et al 2003. Baseline
and early lymphopenia predict for
the risk of febrile neutropenia after
chemotherapy. Br J Cancer 88:181186.
5.Ray-Coquard I et al 2009. Lymphopenia
as a prognostic factor for overall
survival in advanced carcinomas,
sarcomas, and lymphomas. Cancer Res
69:5383-5391.
6. Gorochov G et al 1998. Perturbation of
CD4+ and CD8+ T-cell repertoires during
progression to AIDS and regulation of
the CD4+ repertoire during antiviral
therapy. Nat Med 4:215-221
7. Palermo B et al. 2010. Dacarbazine
treatment before peptide vaccination
enlarges T-cell repertoire diversity of
melan-a-specific, tumor-reactive CTL
in melanoma patients. Cancer Res
70:7084-7092.
8. Définition de la divpénie : www.
divpenie.com
9. Manuel M et al 2012. Lymphopenia
combined with low TCR diversity
(divpenia) predicts poor overall survival
in metastatic breast cancer patients.
Oncoimmunology 1:432-440.
Ce cours se déroule en immersion totale sur
trois jours (lundi midi au mercredi midi).
Il s’adresse aussi bien aux enseignants
d’Immunologie qui peuvent y trouver une
aide à la préparation de leurs cours, qu’aux
jeunes scientifiques qui peuvent y élargir
la vue forcément focalisée qu’ils ont de
l’Immunologie.
23e cours de la
Société française
d’immunologie
8 - 10 avril 2013
Albe, Haut-Rhin
Chacun des six conférenciers invités donne
deux séminaires d’une heure chacun,
l’un correspondant à une introduction et
revue générale du thème traité, l’autre
approfondissant un thème d’actualité ou
plus spécialisé non développé dans le cours
général. Chaque séminaire est complété
par des sessions de 15 min de questionsréponses interactives entre la salle et le
conférencier. Différentes tables rondes
sont organisées avec tous les intervenants
pour favoriser les interactions avec les
participants.
Un des intérêts majeurs de ce cours est
la présence conjointe pendant toute sa
durée de l’ensemble des orateurs et des
participants, facilitant les échanges plus
libres en dehors des exposés.
Ce cours est reconnu sur le plan universitaire
pour la validation de certains modules
d’Ecole Doctorale.
Frais d’inscription incluant deux nuits
et les repas en pension complète.
Avec le soutien de la Société
Peprotech et la participation de
l’ASSIM (Association des Enseignants
d’Immunologie des Universités de
Langue Française)
Chercheurs, Universitaires*, Doctorants /
Post doctorants ** : 500 euros
Autres participants : 850 euros
* 3 bourses permettant de couvrir la totalité
des frais d’inscription et de séjours seront
offertes par l’ASSIM pour des Maîtres de
Conférences Universitaires adhérents à l’ASSIM.
Les post-doctorants seront a priori exclus.
- ** 10 bourses de 225 € seront offertes
par la SFI pour des étudiants ou post
doctorants de moins de 35 ans (au 1er
janvier 2013), adhérents de la SFI. Certaines
bourses sont réservées aux étudiants ou
enseignants étrangers des pays en voie
de développement, et non affiliés à un
laboratoire français.
Pour tous renseignements :
Société Française d’Immunologie, 191 rue
de Vaugirard 75015 Paris - Tél : 01 45 66
85 97 - Fax 01 45 67 46 98 - Email : [email protected] - Site : http://
www.sfi-immunologie.fr
SFI Actualités 28
SFI Actualités 29
Clubs
Comité
d’organisation :
Coordinateur :
· Sylvain FISSON
Membres du bureau restreint :
· Sonia BERRIH-AKNIN
· José BOUCRAUT
· Sylvain FISSON
· Stéphane HUNOT
· David LAPLAUD
· Serge NATAF
· Abdelhadi SAOUDI
Membre d’Honneur :
· Roland LIBLAU
4e WORKSHOP du CFNI
19 octobre 2012
Institut des Cordeliers
Paris
Renseignements : www.sfi-immunologie.fr
SFI Actualités 30
Pré-programme
9h00-9h05
Welcome & Introduction (Sylvain Fisson)
9h05-9h45
Keynote lecture. Neuroviroimmunology. Michel Brahic (Institut Pasteur & Californie)
9h45-10h45
Session #1 : CPA résidentes et infiltrantes dans le SNC en conditions physiologiques et pathologiques
Chairmen : Pascal Giraudon & Guillaume Dorothée
Mallat (ICM)
2 selected abstracts
10h45-11h15
Posters
11h15-12h15
Ateliers thématiques parallèles
Treg and CNS diseases (Benoît Salomon & Guillaume Dorothée)
Neuro vs immuno vision of astrocytes (Arnaud Nicot)
Unexpected guest (expression and function of immune-related genes in the CNS and vice versa): CD3zeta,
MHC1, NMDA receptor in immune cells,… (Sylvia Cohen-Kaminsky & José Boucraut)
Emerging neuroimmunological diseases (Christelle Peyron & Jérôme Honorat)
Innervation of lymphoid organs, communications SNC vers SI et vice versa (Frédéric Perros)
12h15-14h15
Repas + Posters
14h15-15h15
Session #2 : Migration cellulaire dans le système nerveux
Chairmen : José Boucraut & David Laplaud
William Rosten (Chimiokines)
2 selected abstracts
15h15-15h45
Posters
15h45-16h45
Session #3 : B lymphocytes and nervous system inflammation
Chairmen: Abdel Saoudi & Klaus Petry
Sonia Berrih-Aknin (overview + travaux personnels)
2 selected abstracts
16h45-17h00
Concluding remarks & Best poster awards
SFI Actualités 31
Clubs
8
ème
Société Française d’Immunologie
Colloque du Club de Vaccinologie
21-22 janvier 2013
CIS, Institut Pasteur, Paris
Monday January 21st, 2013
Session Basic immunology for new vaccine strategies
Chairs: Guido Kroemer and Bertrand Dubois
10.00
Innate lymphoid cells: An emerging family of immune effectors
James Di Santo (France)
10.30
Follicular Helper T cells: Cognate Regulators of B cell Immunity
Nicolas Fazilleau (France)
11.00
Innate sensing and vaccine adjuvants
Ed C Lavelle (Ireland)
11.30
Coffee Break
short communications
12.00
To be selected
To be selected
To be selected
12.45
Lunch
Session Cutting edge vaccine development.
Chairs: Brigitte Autran and Armelle Phalipon
14.15
Development of novel preventive vaccines based on recombinant or chimeric measles viruses
Frédéric Tangy (France)
14.45
Mechanisms of skin delivery of vaccines
Béhazine Combadière (France)
15.15
Poxvirus-based vaccines: 20 years experience in animal health
Laurent Fischer, Merial
15.45
Mucosal SIV/HIV vaccines
Morgane Bomsel (France)
16.15
Coffee break
short communications
16.45
To be selected
To be selected
Session Vaccination at extreme ages.
Chairs: Odile Launay and Isabelle Schwartz
17.15
Aging and vaccination
Beatrix Grubeck-Loebenstein (Austria)
17.45
Effector and regulatory cells shape early life immune responses to pathogens and vaccines
Richard Lo-Man (France)
18.15
Keynote lecture
Introduction by Claude Leclerc
HIV neutralizing antibody repertoire for vaccine development
Antonio Lanzavecchia (Switzerland)
19.00
Cocktail/diner and poster walk
SFI Actualités 32
Tuesday January 22nd, 2013
Session Clinical trials of new vaccines.
Chairs: Emanuelle Trannoy and Marc Girard
08.30
Malaria vaccine development: update on RTS,S/AS01 and next generation candidate approaches
Johan Vekemans, GlaxoSmithKline
09.00
From research to Phase III: development of Sanofi Pasteur dengue vaccine
Bruno Guy, Sanofi
09.30
Efficacy of Pneumococcal Conjugate Vaccine
Josef Schmitt, Pfizer
10.00
Vaccine Discovery: from genome to proteome
Guido Grandi, Novartis
10.30
Coffee Break
short communications
11.00
To be selected
To be selected
Session Cancer vaccines.
Chairs: Claude Leclerc and Eric Tartour
11.30
Cancer vaccines: clinical results
George E Peoples (USA)
12.00
In vivo targeting of dendritic cells for the development of cancer vaccines
Claude Leclerc (France)
short communications
12.30
To be selected
To be selected
13.00
Lunch
Session Predicting vaccine efficacy.
Chairs: Béhazine Combadière and Anne Hosmalin
14.30
Monitoring immune response to cancer vaccines
Philipp Beckhove (Germany)
15.00
A regulatory dendritic cell signature correlates with the clinical efficacy of allergen-specific sublingual
immunotherapy
Philippe Moingeon, Stallergenes
15.30
Keynote lecture
Introduction by Brigitte Autran
Prediction and mechanisms of immune response to vaccines
Rafik Sekaly (USA)
16.00
End of the Meeting
SFI Actualités 33
Clubs
SFI Actualités 34
Meetings
SFI Actualités 35
EFIS AWARDS FOR
ECI2012 !
C
ongratulations to the winners
below,
their
outstanding
achievement
speaking
for
themselves!
The Awardees will receive their prizes
during the Opening Cermony of ECI2012
Glasgow.
EFIS-EJI Ita Askonas Award - € 10,000
cash award for the best female group
leader in immunology and support to
attend the ECI 2012. The winner is:
Dr. Francesca Granucci, Department
of Biotechnology and Biosciences,
University of Milano-Bicocca
SFI Actualités 36
EFIS/BioLegend Young Investigator
Award- € 7,500 cash award for the
best young researcher in immunology,
invitation and support to attend the ECI
2012. The winner is: Dr. Elodie Segura,
Inserm Institut Curie Paris, France
The most-cited review article is:
Exosomes: From biogenesis and
secretion to biological function, by S.
Keller, M.P. Sanderson, A. Stoeck and P.
Altevogt. Vol. 107/2 (2006) 102-108.
EFIS-IL Best cited paper awards - For
the best original and review papers
published in Immunology Letters :
5,000 cash award plus invitation and
support of the key author to attend
the ECI 2012.
La rédaction félicite très chaleureusement le Dr Elodie SEGURA
et la remercie d’avoir préparé un
résumé de ses travaux pour cette
édition du bulletin.
The most-cited research article is
IFN-g and TNF-a differentially regulate
immunomodulation
by
murine
mesenchymal stem cells, by K. English,
F.P. Barry, C.P. Field-Corbett and B. P.
Mahon, Vol. 110/2 (2007) 91-100.
L
es cellules dendritiques (DC)
sont une population rare
et hétérogène de cellules
présentatrices d’antigène qui jouent
un rôle essentiel dans l’initiation des
réponses immunitaires et le maintien
de la tolérance.
CARACTERISATION
DES SOUSPOPULATIONS DE
CELLULES
DENDRITIQUES
HUMAINES
Elodie Segura
Inserm U932, Institut Curie, Paris
[email protected]
Les DC murines peuvent être divisées
en différentes sous-populations distinctes
phénotypiquement,
ontologiquement
et fonctionnellement (1). De facon
chématique, les DC plasmocytoïdes
(pDC) sont spécialisées dans la
secrétion d’interférons de type I
en réponse à des infections tandis
que les DC dites «conventionnelles»
(cDC) sont spécialisées dans la
présentation d’antigènes. Certaines
sous-populations de cDC résident dans
les organes lymphoïdes secondaires
(DC «résidentes»), tandis que d’autres
sont présentes dans les tissus
périphériques et migrent vers les
ganglions lymphatiques après activation
(DC «migratoires»). Ces différentes
catégories de DC comprennent ellesmêmes différentes sous-populations.
Cette complexité, qui peut paraître
fastidieuse aux non-spécialistes, stimule
la curiosité des aficionados : en effet,
les sous-populations de DC présentent
une
spécialisation
fonctionnelle
remarquable, mais dont les mécanismes
demeurent mal connus.
Ainsi, la capacité de présenter des
antigènes exogènes sur les molécules du
CMH de classe I (appelée «présentation
croisée») est une propriété essentielle pour
l’induction de réponses anti-tumorales et
anti-virales, mais est largement restreinte
à deux sous-populations de DC : les DC
résidentes CD8+ (2,3) et les DC migratoires
CD103+ (4,5).
Le type de réponse T CD4+ induite est
également primordial pour l’efficacité
de la réponse immunitaire. Après leur
activation par les DC, les cellules T CD4+
peuvent se différencier en plusieurs
types de cellules effectrices helper
(Th) que l’on distingue par le profil des
cytokines sécrétées. Schématiquement,
les cellules Th1 sécrètent le TNF-α et
l’IFN-γ et sont notamment impliquées
dans le développement de réponses T
cytotoxiques; les cellules Th2 sécrètent
IL-4, IL-5 et IL-13 et sont importantes
notamment pour les réponses contre les
parasites extracellulaires et l’immunité
humorale, tandis que les cellules Th17
sécrètent de l’IL-17 et de l’IL-22 et
sont impliquées dans les réponses
inflammatoires. Chez la souris, il a
été montré que le sous-type de DC et
leur mode d’activation jouent un rôle
déterminant dans l’induction d’un profil
Th plutôt qu’un autre (6,7).
En raison de leur rôle central dans
l’induction des réponses immunitaires,
les DC sont au coeur de nombreuses
stratégies thérapeutiques. Ainsi, des
travaux pionniers de Ralph Steinman
ont montré que des antigènes
pouvaient être délivrés de façon
ciblée à des DC in vitro et in vivo
en utilisant des anticorps chimériques
dirigés contre le récepteur endocytique
CD205 et couplés à un antigène (8).
A la suite de ces travaux, différents
groupes ont conduit des essais de
vaccination, un enjeu majeur étant la
capacité à cibler efficacement les DC
capables de présentation croisée afin
d’induire la différenciation de cellules
T cytotoxiques.
Toutefois, même si les systèmes
immunitaires de l’homme et de la
souris présentent de nombreuses
similitudes, il existe également des
différences notables. Afin de pouvoir
appliquer à l’homme certaines des
stratégies thérapeutiques prometteuses
développées chez la souris, il est
essentiel de mieux caractériser les
populations de DC humaines et
d’identifier les populations les plus
efficaces pour l’induction des différents
types de réponses immunitaires. C’est
le sujet de mon travail, mené dans le
laboratoire de Sebastian Amigorena à
l’Institut Curie à Paris (9).
Chez
l’homme,
plusieurs
souspopulations de DC ont été démontrées.
Des pDC et deux populations de DC
«myéloïdes» BDCA1+ ou BDCA3+Clec9A+
ont été identifiées dans le sang (10,11)
et certains organes lymphoïdes tels que
la rate et les amygdales. Les DC de la
peau ont été également caractérisées :
on distingue les cellules de Langerhans
(LC) et les DC dermales CD1a+ ou
CD14+ (12). Cependant, leur capacité
de migration dans les ganglions drainant
n’a pas été analysée.
Afin de mieux connaître les propriétés
des sous-populations de DC humaines,
j’ai analysé les DC présentes dans les
ganglions axillaires, drainant la peau,
et comparé ces DC à celles présentes
dans le sang, les amygdales, la rate et
la peau même. Dans un premier temps,
SFI Actualités 37
Figure 1 Les sous-populations de DC dans les ganglions axillaires. Les ganglions axillaires
contiennent des DC migratoires venant de la peau et des DC résidents dont les précurseurs
immédiats proviennent du sang.
j’ai analysé le phénotype des différentes
sous-populations de DC en utilisant les
marqueurs phénotypiques décrits dans
la littérature. Mes résultats montrent
que les ganglions axillaires contiennent
trois types de DC migratoires issues de
la peau : LC, DC CD1a+ et DC CD206+
(populations qui sont absentes des
ganglions ne drainant pas la peau, de la
rate et des amygdales), et trois types de
DC résidentes : pDC, DC BDCA1+ et DC
BDCA3+Clec9A+, qui sont présentes dans
tous les organes lymphoïdes testés. Une
caractérisation détaillée suggère que les
DC migratoires CD206+ correspondent
aux DC dermales CD14+, l’expression de
CD14 étant diminuée après migration.
Les organes lymphoïdes, ganglions
lymphatiques
drainants
et
nondrainants, rate et amygdales, possèdent
tous également une population de
macrophages (Figure 1).
Afin d’analyser ces cellules d’un point
de vue fonctionnel, j’ai réalisé des
cultures des sous-populations de
DC purifiées des ganglions avec des
lymphocytes T CD4+ naïfs allogéniques,
ainsi que des analyses de présentation
croisée utilisant un antigène modèle et
un clone lymphocytaire T CD8+. Les DC
migratoires CD1a+ et les LC purifiées
des ganglions induisent une réponse
lymphocytaire Th2 et sont capables
de présentation croisée, tandis que
les DC migratoires CD206+ activent
peu les cellules T CD4+ et induisent
des réponses de type T folliculaire
helper (Tfh). Cela correspond à ce qui
a été décrit pour ces populations de
DC directement purifiées de la peau
(13), montrant que les propriétés des
DC migratoires sont conservées après
migration. En ce qui concerne les DC
résidentes, j’ai montré que les DC
BDCA1+ et DC BDCA3+Clec9A+ induisent
SFI Actualités 38
à la fois des réponses Th1 et Th2, alors
que les DC correspondantes du sang
induisent uniquement des réponses
Th1. De plus, les DC résidentes des
ganglions sont capables de présentation
croisée sans activation préalable, tandis
que j’ai confirmé que les DC du sang
ne «cross-présentent» efficacement
qu’après activation par des ligands
de Récepteurs Toll-Like (14,15). Ces
résultats suggèrent que les DC du
sang ne possèdent pas encore toutes
leurs propriétés fonctionnelles et ne
les acquièrent qu’après avoir atteint les
organes lymphoïdes. Cette observation
est cohérente avec les données d’autres
travaux suggérant que les DC présentes
dans le sang correspondent à une forme
précurseur des DC résidentes (16).
En conclusion, ces résultats illustrent la
nécessité d’analyser les DC directement
purifiées des organes lymphoïdes car leurs
propriétés ne sont pas toujours les mêmes
que celles des DC isolées du sang.
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secondary T cell responses at body
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cytotoxic T cells in vivo. J Exp Med
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intravenous
soluble
antigen
is
presented to CD4+ T cells by CD8dendritic cells, but cross-presented to
CD8+ T cells by CD8+ dendritic cells. J
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of protein antigen to the dendritic
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state leads to antigen presentation on
major histocompatibility complex class
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of dermal dendritic cells obtained from
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(DCs) represent a unique myeloid DC
subset that cross-presents necrotic cell
antigens. J Exp Med 207:1247-1260.
16. Ziegler-Heitbrock L et al 2010.
Nomenclature of monocytes and dendritic
cells in blood. Blood 116:74-80.
Meetings
SFI Actualités 39
2012
CONGRES EUROPEEN D’IMMUNOLOGIE ECI 2012
Glasgow, Scotland, du mercredi 5 au samedi 8 septembre 2012
4ème WORKSHOP CNFI
Centre des Cordeliers, Paris, vendredi 19 octobre 2012
LA VIE
DE LA SFI
Comité d’organisation : Sonia Berrih-Aknin, José Boucraut, Sylvain Fisson,
Stéphane Hunot, David Laplaud, Serge Nataf, Abdelhadi Saoudi
2013
8ème Colloque du Club de Vaccinologie
Institut Pasteur, Paris, lundi 21 et mardi 22 janvier 2013
Comité d’organisation : Isabelle Schwartz-Cornil, Eric Tartour, Brigitte
Autran, Béhazine Combadière, Bertrand Dubois, Marc Girard, Anne
Hosmalin Guido Kroemer, Odile Launay, Claude Leclerc, Philippe Moingeon,
Armelle Phalipon, Emanuelle Trannoy
RENCONTRES EN IMMUNOLOGIE
Paris, du jeudi 21 au samedi 23 mars 2013
Organisées par le CRI avec le soutien de la SFI
23ème COURS D’IMMUNOLOGIE DE LA SFI
Albé, du lundi 8 au mercredi 10 avril 2013
Comité d’organisation : Sylvie Fournel, Sylvain Fisson, Gilles Thibault
JOURNEE DE RECHERCHE EN ALLERGOLOGIE
Paris, du mardi 16 avril au vendredi 19 avril 2013
Organisée par la SFA avec le soutien de la SFI
16ème COLLOQUE CYTOKINES et CHIMIOKINES
Le Croisic, du lundi 27 au mercredi 29 mai 2013
Comité d’organisation : Jean-Claude Lecron, Maria Leite-de-Moraes,
Michel Samson, Abdelilah Wakkach, Hans Yssel
Comité de rédaction de SFI Actualités :
Hans Yssel, Florence Jambou
Retrouvez-nous sur le web : http://www.sfi-immunologie.fr
Société Française d’Immunologie
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Correspondance et Bureaux
191, rue de Vaugirard, bureau 107 - 75015 PARIS
Téléphone : 33 (0)1 45 66 85 97 - Télécopie : +33 (0)1 45 67 46 98
E-mail : [email protected]
Association reconnue d’utilité publique, loi 1901 (J.O. N°045/C du 22/02/1978)
SIRET 391 994 795 00014 APE 7219Z
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