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RESUME EXECUTIF
L’étude intitulée « Sécurité alimentaire et sanitaire face au changement
climatique : essai pour une stratégie d’adaptation dans le cadre d’une gouvernance
intégrée au Maroc » entre dans le cadre de la 2ème phase du programme d’études
« Changement climatique : impacts sur le Maroc et options d’adaptation
globales ». Cette étude, qui s’est axée sur une approche en termes de sécurité
hydrique, alimentaire, sanitaire, économique et, plus globalement, de sécurité
humaine, est motivée par les considérations ci-après :
Le climat de la planète se réchauffe et l’activité anthropique en est la cause
principale. Cette réalité est aujourd’hui très largement reconnue par les chercheurs,
les décideurs et les acteurs publics et privés. Les rapports du GIEC et ceux émanant
de plusieurs organisations internationales (FAO, OMC, OMS, etc.), ainsi que
plusieurs recherches et études récentes, interpellent de manière croissante les
différents processus décisionnels afin de considérer le risque climatique dans les
politiques et les actions entreprises et d’éviter des situations difficiles à gérer et de
plus en plus coûteuses à corriger dans le futur.
La hausse des prix des produits de première nécessité en 2007 et 2008, dû
particulièrement aux fluctuations spéculatives (IFRPI, 2011), à l'absence de
politiques publiques pour l'agriculture dans la majorité des pays du Sud et aux
impacts négatifs du changement climatique et des biocarburants, dessinent un
panorama particulièrement sombre pour ces pays qui vivent principalement de
l'agriculture et qui, néanmoins, se retrouvent dans l'obligation d'importer des
produits agricoles et alimentaires pour sécuriser leur approvisionnement. Ainsi,
avec le rythme actuel de la croissance démographique et de la demande
alimentaire (notamment dans les pays émergents), il faudra une hausse de 70% de
la production agricole mondiale pour nourrir les neuf milliards de personnes que
compterait notre planète en 2050. Paradoxalement, 90% de cette hausse devra se
faire dans les pays du Sud. En Afrique du Nord et Proche Orient, le Global Hunger
Index (GHI) a diminué de 39% en 2011 par rapport à 1990 (passant de 7.9 à 4.8). Il
est de 5.9 (situation modérée) et 12.4 (situation grave) pour le Maroc et la
Mauritanie, alors qu’il est inférieur à 4.9 (niveau bas de la faim) dans les autres pays
du Nord de l’Afrique (IFPRI, 2011).
Dans ce contexte, le Maroc est confronté à une série de défis liés au
changement climatique – avec des vulnérabilités qui pourraient s’aggraver
considérablement durant les prochaines décennies – qui ont le potentiel de faire
de l’insécurité alimentaire et sanitaire une priorité nationale dans le futur. Combiné
à d’autres facteurs de vulnérabilité sociale et économique, l’enjeu climatique agit
comme amplificateur de situations déjà précaires :