Pourtant de l’eau a tout de même été repérée récemment aux pôles, au fond de cratères qui ne voient
jamais la lumière du Soleil, comme sur Mercure.
Poursuivons notre voyage…
Mars mérite qu’on s’y arrête. Malgré ses allures de désert aride, nous y avons fait d’étonnantes
découvertes.
Dans les calottes polaires de neige carbonique, l’eau est piégée sous forme de glace. Ces calottes varient
au cours des saisons, mais au pôle Nord, l’eau y subsiste toute l’année, au sein de véritables falaises de
glace.
Après analyse des photographies du sol de Mars, nous pensons que l’eau existe aussi en profondeur,
dans ce que nous appelons le pergélisol : un amalgame de glace et de roche.
Avec une température moyenne de moins 53°, il fait trop froid à la surface de Mars pour que l’eau soit
présente à l’état liquide.
Mais nous sommes certains que l’eau a coulé dans le passé, car elle a façonné les paysages martiens.
Les images des sondes spatiales nous l’ont montré : regardez ces îles en forme de larmes, ces lits de
rivière asséchés ou encore ces réseaux de vallées aux nombreux affluents et longs de plus de 500 km…
Qui pourrait encore en douter ?
Mais l’eau liquide sur Mars, c’était il y a plus de 3 milliards d’années.
Où est passée l’eau de Mars ? Subsiste-t-il des poches souterraines d’eau liquide ? L’eau s’est-elle
évaporée ou simplement infiltrée dans le sous-sol gelé ? Les deux hypothèses sont étudiées.
Reprenons notre voyage.
Au-delà de la ceinture des astéroïdes, l’eau devient plus abondante.
Nous entrons dans le monde des planètes gazeuses et grâce au satellite infrarouge ISO, ces géantes
nous ont livré quelques secrets.
Par exemple qu’elles renferment une très grande quantité de vapeur d’eau dans leur épaisse atmosphère
de gaz tourmentés, et particulièrement dans leur haute stratosphère.
Nous sommes à 800 millions de km du Soleil. Autour de Jupiter, par moins 200°, les satellites Europe,
Ganymède et Callisto sont de véritables mondes de glace. L’eau s’associe à l’ammoniaque et au méthane
pour former ces banquises grêlées de cratères...
Pour nous, Europe est un monde particulièrement fascinant : les récents survols par la sonde Galiléo ont
révélé à sa surface d’étonnants réseaux de fractures, des failles pouvant atteindre 300 km de long sur 10
km de large ! Pour expliquer de telles structures, nous supposons l’existence d’un vaste océan sous
glaciaire. En jaillissant brutalement à travers l’écorce de glace, cette eau liquide remodèle régulièrement le
sol d’Europe, découpant d’immenses icebergs et dessinant ces étonnants reliefs.
Au fond des océans cachés d’Europe, des sources hydrothermales profondes pourraient avoir favorisé
l’apparition des prémisses de la vie !
A près d’un milliard et demi de km du Soleil, les satellites de Saturne, Encelade et Mimas, présentent
aussi un sol tourmenté.
Vous voyez ces terrains lisses avoisinant des zones fracturées ?
L’eau est probablement responsable de ce remodelage du sol gelé d’Encelade et de Mimas.
Plus loin, nous croiserons Miranda, un satellite d’Uranus. Avec des falaises de glace de plus de 20 km de
haut, Miranda est un monde chaotique à l’histoire violente et tourmentée.
Nous arrivons au terme de notre voyage, aux confins du système solaire. Nous sommes dans le nuage de
Oort, vaste réservoir de blocs de glace et de poussière, ces “ boules de neige sale ” comme on les
nomme, et qui forment le noyau des comètes. On estime leur nombre à plus de mille milliards… Pouvait-
on rêver trouver plus vaste réserve d’eau ?
De l’eau en abondance dans le système solaire ? C’est plutôt une bonne nouvelle.
Mais quelle répartition inégale ! Tant d’eau loin du Soleil, et si peu dans son proche voisinage !
Notre Terre a vraiment l’air d’une anomalie ! Proche du Soleil et si riche en eau …
Cela a tout d’une énigme pour les astronomes...