La protection de la biodiversité, « co

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La protection de la biodiversité, « co-bénéfice » évident ou point de tension central des
programmes REDD+ élaborés en vue d’atténuer le changement climatique lié à la déforestation
des forêts tropicales ?
D’évaluations en négociations et de négociations en évaluations, une analyse de l’efficacité
environnementale du Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF)
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Mots clés : REDD+, changement climatique, déforestation, biodiversité, évaluation, banque mondiale
Résumé : Les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation et à la
dégradation des forêts tropicales (REDD) qui ont été mises en place au niveau international et dans de
nombreux pays forestiers, peuvent-elles vraiment permettre de limiter la déforestation des forêts tropicales et
d’en préserver la biodiversité ? Depuis que RED est devenue REDD+1, rien n’est moins sûr.
Nous faisons de cette préoccupation la problématique centrale de notre thèse. En étudiant le principal
programme pilote sur REDD+ - le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) - qui finance
l’élaboration de programmes nationaux REDD+ et les réductions d’émissions générées, cette thèse cherche
plus précisément à répondre aux deux questions suivantes. Quelle place occupent les enjeux de protection de
la biodiversité dans la mise en œuvre du FCPF - de l’élaboration des programmes de préparation à REDD+
aux portes du fonds carbone et de ses transactions marchandes entre bailleurs et pays forestiers -? Comment
favoriser la prise en compte de telles préoccupations ?
Pour y répondre, elle adopte comme cadre théorique celui de l’analyse stratégique de la gestion de
l’environnement (ASGE) et postule que la prise en compte de la biodiversité par le FCPF ne va pas de soi,
qu’elle constitue même un enjeu conflictuel des négociations qui régissent la mise en œuvre du FCPF. Elle
assume que c’est l’action stratégique « d’acteurs d’environnement » qui est décisive pour permettre d’intégrer
la biodiversité dans cette politique focalisée avant tout sur le « carbone ». Elle fait aussi l’hypothèse que parmi
les ressources stratégiques mobilisables par ces acteurs, les nombreuses évaluations qui jalonnent la mise en
œuvre du FCPF pourraient être autant d’opportunités de porter les enjeux liés à la biodiversité.
Pour permettre de répondre à la double question de recherche posée, la thèse adopte une démarche de
recherche - intervention qui combine une analyse en terme de contenu (réalisations et résultats du FCPF) et
une analyse des processus de décisions. Elle repose sur une revue documentaire approfondie et sur trois
années d’observation participante au sein de l’enceinte de décision du fonds de préparation du FCPF
complétées par des entretiens semi-directifs.
L’analyse conclut à une « élision» 2 discrète mais insistante des préoccupations de préservation de la
biodiversité tout au long de la mise en œuvre du FCPF et elle caractérise les formes prises par cette élision.
Elle s’attache à identifier les acteurs qui tentent de résister à cette des-intégration des préoccupations
environnementales, en premier lieu les ONGs observatrices du FCPF, et décrit les stratégies déployées ainsi
que les ressources utiles ou nécessaires qui sont mobilisées. Les politiques de sauvegarde environnementales
et sociales de la Banque mondiale s’avèrent être une composante déterminante des relations de pouvoir autour
des enjeux environnementaux et une ressource essentielle des ONGs. Pour ce qui est des évaluations, si elles
n’échappent pas dans leur ensemble à la dynamique globale d’élision, la thèse met toutefois en évidence, en
s’intéressant à leurs registres et à leurs processus, l’effectivité de certaines d’entre elles à prendre prise sur
l’action et à permettre d’intégrer les préoccupations environnementales. Ce faisant, elle propose donc une
lecture critique de l’utilisation de différents types d’évaluations dans le cadre d’un processus de décision
complexe tel que le FPCF. Cette thèse espère offrir des réflexions utiles en matière d’action stratégique aux
acteurs désireux de porter des préoccupations environnementales dans des enceintes dont la dynamique de
négociation tend à les éluder.
1 Le « + » désigne les activités de boisement (accroissement des stocks de carbone), de conservation et de gestion forestière durable
2 Dans le sens du substantif du verbe « éluder ».
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