8Rapport «Non au cancer de l‘intestin! Oui, mais comment?» 9Rapport «Non au cancer de l‘intestin! Oui, mais comment?»
tent déjà plus de 20% de l’ensemble des dépen-
ses. Et cette proportion tend à s’accroître. C’est
la catégorie de coûts qui augmente le plus
rapidement, avec celle des coûts hospitaliers.
Durant la période 2001–2005, les coûts des
médicaments ont augmenté de presque 20%.
Les coûts des médicaments ambulatoires ont
presque doublé entre 1997 et 2004. Pendant la
même période, l’indice national des prix à la
consommation n’a pourtant augmenté que de
8% environ. Pour les consommatrices et
consommateurs, cette évolution est inquiétan-
te, car aujourd’hui les ménages suisses consa-
crent déjà plus de 22% de leur revenu au paie-
ment des primes d’assurance, toutes assurances
confondues. <
une plus grande dépense physique et en rédui-
sant sa consommation d’alcool, on peut faire
aussi beaucoup pour réduire son risque face au
cancer de l’intestin», a assuré Fabio Levi. En
Suisse, grâce notamment aux nouvelles appro-
ches thérapeutiques, le taux de survie à cinq
ans après un carcinome colorectal n’a cessé de
s’accroître au cours de ces dernières décen-
nies: il était de 55% entre 1990 et 1994, de 60%
entre 1995 et 1999, et de 64% entre 2000 et
2002.
La prévention par coloscopie se révèle
payante
En menant des campagnes de prévention, on
peut encore abaisser la mortalité par cancer
colorectal. «Mais cela a un prix», a souligné
Thomas Szucs, économiste de la santé à l’Uni-
versité de Zurich. La mission de l’économie de
la santé consiste à fournir aux politiques des
outils décisionnels. L’objectif est d’identifier les
méthodes médicales qui présentent le meilleur
rapport coûts-efficacité. Dans l’analyse, il s’agit
tout d’abord d’estimer le nombre d’«années de
vie perdues» à cause d’une maladie, en l’occur-
rence le cancer de l’intestin. Ce paramètre sert
ensuite de base pour calculer le nombre
d’«années de vie sauvées» grâce à un dépista-
ge par exemple. En intégrant les coûts des dif-
férentes méthodes, on arrive à évaluer le rap-
port coûts-efficacité de chacune d’elles. Il existe
toute une série d’études tentant d’estimer
cette valeur pour les différentes méthodes de
dépistage du cancer de l’intestin. «La colosco-
pie se révèle être une méthode qui présente un
très bon rapport coûts-efficacité», a précisé
Thomas Szucs. D’après ses calculs, une année
de vie sauvée grâce à la coloscopie coûte envi-
ron 12 500 francs. C’est un coût favorable si on
le compare à celui de la mammographie par
exemple, qui est de l’ordre de 80 000 francs.
Les coûts des médicaments inquiètent
les caisses-maladie
Reto Guetg, médecin-conseil de santésuisse, a
évalué les coûts liés au traitement du cancer co-
lorectal. «Chaque génération de médicaments
est plus onéreuse que la précédente», a-t-il
souligné. S’agissant des médicaments utilisés
pour combattre le cancer de l’intestin, l’aug-
mentation des coûts a atteint un facteur 500
aux Etats-Unis: un traitement sur huit semaines
coûtait naguère $ 63, alors qu’il atteint presque
$ 31 000 aujourd’hui. En Suisse, si les coûts des
anciens traitements étaient de l’ordre de 1600
à 12 000 francs durant les six premiers mois,
ceux des nouveaux traitements se situent entre
25 000 et 35 000 francs, et ils ont encore dou-
blé avec l’arrivée des plus récents principes
actifs.
Le rapport coûts-efficacité des
nouveaux médicaments est ouvert
Bien que les nouveaux médicaments apportent
des améliorations indiscutables, on peut se de-
mander s’il existe un rapport raisonnable entre
les coûts et l’efficacité thérapeutique. Pour fixer
le prix de leurs médicaments, les entreprises
pharmaceutiques prennent en considération
des critères tels celui des coûts socio-économi-
ques épargnés grâce au traitement. «Avec la
«méthode de substitution», on intègre précisé-
ment ce critère dans le calcul du nouveau prix»,
a expliqué Reto Guetg. Les éventuelles écono-
mies réalisées dans les coûts indirects sont ain-
si l’agent payeur. Dans la plupart des cas, la ma-
nière dont le coût des principes actifs est
effectivement calculé est opaque d’un point de
vue de l’économie d’entreprise. Les médica-
ments occupent donc une place à part: non
seulement leur prix n’est pas transparent, mais
ils ne suivent pas la tendance générale selon
laquelle, pour la plupart des biens de consom-
mation, le nouveau modèle coûte moins cher
que le précédent tout en étant bien souvent
encore plus performant. «Pensez simplement
à votre nouvel ordinateur portable», a suggéré
Reto Guetg. Il existe cependant un contre-
exemple: avec une nouvelle préparation, le trai-
tement présente un rapport coûts-efficacité
plus favorable qu’avec la préparation précé-
demment utilisée.
Pour les assurances-maladie, l’évolution des
prix des médicaments est un problème, car les
coûts des produits pharmaceutiques représen-
Coûts du traitement du carcinome du
côlon en Suisse
Plus tôt le cancer du côlon est diagnosti-
qué, moins son traitement est onéreux.
D’après les calculs de Reto Guetg, les coûts
directs du traitement du carcinome du
côlon s’élèvent à environ 184 millions de
francs par année. Somme qu’il faut à peu
près doubler si l’on veut inclure les coûts
indirects tels que les journées de travail
perdues. Ce qui donne une charge globale
annuelle avoisinant les 370 millions de
francs. Ces coûts augmenteront encore
avec l’introduction d’une nouvelle généra-
tion d’anticorps monoclonaux qui prolon-
gent la survie des patients dont la tumeur
n’a été détectée qu’à un stade avancé
(avec métastases). En combinaison avec la
chirurgie palliative (élimination des métas-
tases du foie et/ou des poumons), le traite-
ment permet de prolonger encore davanta-
ge la survie de nombreux malades tout en
leur assurant une bonne qualité de vie. La
«chirurgie du cancer», avec ses succès,
contribue donc elle aussi à l’évolution accé-
lérée des coûts. La durée de convalescence
après des interventions chirurgicales a pu
être nettement raccourcie grâce à l’amélio-
ration des techniques opératoires et anes-
thésiques. Néanmoins, si un dépistage per-
met de poser davantage de diagnostics à
des stades précoces auxquels les traite-
ments sont peu onéreux et les coûts indi-
rects faibles, on pourra sans doute inverser
la courbe d’évolution des coûts.
La coloscopie est une méthode
qui présente un très bon rapport
coûts-efficacité
Thomas Szucs
«»
Le dépistage précoce peut aider
à faire baisser les coûts.
Reto Guetg
« »
L‘essentiel en bref
> Il est urgent de mettre en place des stratégies de diagnostic
précoce et de dépistage des carcinomes colorectaux. Ces
stratégies doivent être soumises à une évaluation et à une
assurance de qualité rigoureuses. Cela est nécessaire si
l’on veut réduire efficacement la charge socio-sanitaire que
représente le cancer de l’intestin.
Fabio Levi
> Ce qui est déterminant dans l’évaluation des méthodes
médicales, c’est la réponse à cette question: «Quel bénéfice
pour le patient et à quel coût?». Le critère de décision face
à différentes méthodes, ce sont les coûts de chacune d’elles
par année de vie gagnée grâce au dépistage.
Thomas Szucs
> Les progrès thérapeutiques dans le domaine du cancer de
l’intestin entraînent une augmentation surproportionnelle
des coûts. L’augmentation des coûts pourrait être freinée,
voire enrayée par des diagnostics plus fréquents aux stades
précoces (quand il n’y pas encore de métastases éloignées).
Reto Guetg