PSYNEURO2-Schulz - TRAITEMENT BIOLOGIQUE EN PSYCHIATRIE_Schulz 18/11/13 09:34 Page1 La synthèse des connaissances contemporaines sur les traitements biologiques en psychiatrie, avec une sélection d’informations en neurosciences cliniques et des recommandations pour la pratique médicale. La collection Psychopharmacologie clinique couvre le champ des interfaces entre les apports des neurosciences à la psychiatrie et les développements des traitements d’orientation biologique, à savoir les médicaments psychotropes, ainsi que des techniques de stimulation magnétique et d’autres approches. Le médecin clinicien, psychiatre ou non-psychiatre, trouvera dans cet ouvrage en quatre volumes une somme de connaissances correctement synthétisées quant à l’emploi des médicaments psychotropes. Il pourra également acquérir les modes de pensée caractérisant la psychiatrie contemporaine : modes d’action des médicaments, modalités de leur prescription, précautions lors de comorbidité, identification des effets indésirables et des interactions. LeVolume II décrit les traitements psychiatriques de nature biologique, que ceux-ci soient médicamenteux ou non médicamenteux, les techniques de stimulation électrique cérébrale, la luminothérapie, la privation de sommeil et d’autres techniques. Après des chapitres introductifs (sur le mode d’action et les effets des médicaments, la surveillance plasmatique, la biostatistique, les essais cliniques et les méta-analyses, l’effet placebo et nocebo), chaque technique de traitement et chaque catégorie de médicament psychotrope fait l’objet d’un chapitre, avec la mention de recommandations et une liste de controverses. Ce Volume II est donc centré sur la pharmacologie clinique en psychiatrie. Les données détaillées quant au traitement de chaque trouble psychiatrique se trouvent développées dans le Volume III. De même, les effets indésirables, les interactions et les précautions de prescription lors de situations de comorbidité sont évoqués dans ce Volume II, mais décrits de façon plus complète dans le Volume IV. Conception graphique : Primo&Primo® illu : © Yang MingQi - Fotolia.com a Une présentation systématique qui permet au lecteur de repérer rapidement l’information. a Des centaines d’illustrations cliniques et de commentaires qui viennent appuyer la théorie. a Un accès exhaustif et synthétique aux connaissances en neurosciences cliniques, psychiatrie et psychopharmacologie. a Une synthèse critique de l’utilisation des médicaments psychotropes. ISBN : 978-2-8041-8173-4 L’auteur Pierre Schulz a travaillé comme médecin-chef de l’unité de psychopharmacologie clinique des Hôpitaux universitaires de Genève et comme chargé de cours à la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Pierre Schulz Également disponible Psychiatrie et neurosciences Préface du Pr. Pierre Magistretti collection 9782804181734 PSYNEURO2 Psychopharmacologie clinique Volume I www.deboeck.com Pierre Schulz Schulz Traitements biologiques en psychiatrie Traitements biologiques en psychiatrie Pierre Schulz Traitements biologiques en psychiatrie Préface du Professeur Daniel Bertrand collection Psychopharmacologie clinique Volume 2 Pierre Schulz Traitements biologiques en psychiatrie collection Psychopharmacologie clinique Volume II Préface du professeur Daniel Bertrand Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboeck.com ©De Boeck Supérieur s.a., 2013 1re édition Rue des Minimes, 39 B-1000 Bruxelles Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Imprimé en Italie Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : décembre 2013 Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2013/0074/157 ISBN 978-2-8041-8173-4 Traitements biologiques en psychiatrie Préface Dans ce deuxième volume de la série Psychopharmacologie Clinique, l’auteur se concentre sur les traitements, en abordant par thèmes successifs les aspects principaux des nombreux traitements médicamenteux et non médicamenteux prescrits en psychiatrie. L’intégration des progrès réalisés dans le domaine des neurosciences et de la pharmacologie avec une meilleure classification des diagnostics psychiatriques représente une difficulté substantielle que ce volume permet de surmonter par étapes. Bien que nos connaissances concernant les mécanismes de bases par lesquels certains médicaments compensent des troubles cérébraux restent encore insuffisantes, l’approche utilisée dans ce deuxième volume représente un bilan substantiel, qui sera apprécié des cliniciens. En effet, aujourd’hui, l’observation qu’un composé peut avoir un effet clinique favorable n’est plus suffisante et il devient indispensable d’en comprendre les mécanismes sous-jacents, qui peuvent également être à l’origine des effets indésirables. Par exemple, l’utilisation des inhibiteurs de l’acétylcholine estérase, l’enzyme qui clive le neurotransmetteur acétylcholine en acétate et choline, est reconnue depuis de nombreuses années comme bénéfique dans certaines démences. Mais, bien que l’action de ces inhibiteurs enzymatiques soit documentée au niveau moléculaire, leur effet sur le cortex préfrontal et d’autres structures cérébrales reste néanmoins partiel. S’il est établi que l’inhibition de l’acétylcholine estérase permet une augmentation du taux d’acétylcholine, les conséquences de cette augmentation sur le fonctionnement des récepteurs cholinergiques muscariniques et nicotiniques restent obscures, ainsi que les modifications subséquentes des réseaux neuronaux. Notre compréhension des acétylcholine estérases et de la distribution particulière de certaines de leurs formes au niveau du cerveau permet une meilleure appréhension de la spécificité des antagonistes et le développement de nouvelles molécules ayant moins d’effets secondaires. De manière similaire, notre compréhension du fonctionnement des récepteurs à la dopamine, avec la classification de nombreux sous-types et de leur distribution cérébrale, offre la possibilité d’une approche plus structurée des affections liées directement ou indirectement à cette famille de récepteurs. Les données les plus récentes obtenues dans le domaine des neurotransmetteurs et récepteurs indiquent cependant que nous ne sommes qu’au début d’un long processus et que les réactions croisées existant entre différents systèmes restent encore à clarifier. De plus, les progrès effectués dans les recherches génétiques avec la disponibilité des séquences génomiques ouvrent de nouvelles voies pour examiner la pertinence d’un traitement et pour la minimisation de ses effets secondaires. Un autre thème important abordé dans ce volume concerne les concepts du développement clinique de nouveaux médicaments, les critères utilisés, ainsi que les principes de base de statistique sur lesquels ils s’appuient. Bien que succinct, le chapitre sur les statistiques offre au clinicien la possibilité de comprendre l’élaboration successive qui est conduite dans les essais cliniques, sans devoir recourir à d’autres éléments et sert de point de départ pour une étude plus élaborée. La compréhension des développements cliniques pour le praticien représente un avantage significatif lorsque lui seront présentés de nouveaux médicaments et permet d’apprendre la pertinence de leur prescription, de pouvoir juger de manière éclairée leur efficacité. V Traitements biologiques en psychiatrie Ce deuxième volume de Psychopharmacologie Clinique permet également au lecteur d’approfondir ses connaissances dans le domaine des neurosciences. Les nombreuses références indiquées par l’auteur fournissent au lecteur des points de repères pour une étude approfondie. Ce volume trouvera naturellement sa place dans la pratique de tous les jours d’un clinicien et lui offrira la possibilité d’examiner ou de conforter les données essentielles par rapport à une thérapie donnée des troubles psychiatriques. Professeur honoraire Daniel Bertrand Faculté de Médecine de Genève President and Chief Executive Officer HiQScreen Sàrl, Geneva, Switzerland VI Avant-propos Ce document est le second volume de la série Psychopharmacologie Clinique, série qui propose une synthèse des connaissances en neurosciences cliniques, en pharmacologie du système nerveux, en psychopharmacologie clinique et en psychiatrie d’orientation biologique. J’ai sélectionné les informations sur la base de leur pertinence par rapport au traitement des troubles mentaux, au rôle des neurosciences en psychiatrie et aux exigences de la formation pré- et postgraduée des médecins et des psychologues. Le nombre élevé de pages illustre l’ampleur du champ des connaissances en psychiatrie, en pharmacologie et en neurosciences. LECTORAT Ce manuel vise à apporter une information synthétique et rapidement accessible, afin d’épargner aux cliniciens ou aux étudiants de longues recherches et synthèses de littérature. Il s’adresse à un lectorat voulant acquérir ou parfaire une formation professionnelle en psychiatrie, en psychologie et en neurosciences cliniques : avant tout les professionnels de la santé travaillant dans les soins ou la recherche. Le public non médical peut y trouver une information étendue et précise. THÈMES DU VOLUME II La première partie de ce volume porte sur les modalités des traitements et de la prescription en psychiatrie, les sources d’informations au sujet des traitements, les posologies et sur le passage d’un médicament à un autre. La deuxième partie concerne des domaines de la pharmacologie fondamentale et de la pharmacologie clinique, en relation à la psychiatrie : modes d’action des médicaments, pharmacocinétique, relation entre l’intensité des effets et la concentration plasmatique des médicaments. La troisième partie résume les méthodes d’évaluation de l’utilité des traitements, à savoir la statistique médicale, les essais cliniques, les méta-analyses et le rôle de l’effet placebo. La quatrième partie comporte une description des systèmes de soins, avec évocation de la médecine fondée sur des preuves et des recommandations pour la pratique clinique, c’est-à-dire les conditions de la bonne qualité des soins, ainsi que l’économie de la santé. La cinquième partie concerne l’aspect essentiel de l’individualisation du traitement, c’est-à-dire les moyens d’identifier et de prendre en compte les facteurs à l’origine des différences individuelles dans les bénéfices ou les inconvénients et la toxicité des traitements. Sont décrits les indices cliniques, biochimiques, génétiques des différences individuelles et la mesure du médicament dans le plasma, ou surveillance plasmatique. À la suite des données générales des premières parties, la sixième à la onzième partie portent sur la description des principales classes de médicaments psychotropes, antidépresseurs, stabilisateurs de l’humeur, antipsychotiques, anxiolytiques, antidémentiels et autres classes de médicaments. Dans la douzième partie, des techniques non médicamenteuses ayant des répercussions sur la biologie sont décrites, à savoir les traitements faisant intervenir l’électricité (électrochocs, stimulation magnétique transcrânienne, psychochirurgie), ainsi que les techniques modifiant le fonctionnement des horloges biologiques. Les psychothérapies, la phytothérapie et les médecines alternatives sont aussi mentionnées dans cette section. Les chapitres de la treizième partie contiennent mes commentaires sur le constat de la psychiatrie et des traitements psychiatriques et des hypothèses quant au futur des traitements biologiques en psychiatrie. VII Traitements biologiques en psychiatrie THÈMES DES AUTRES VOLUMES Le volume I a pour titre Psychiatrie et Neurosciences et porte sur l’anatomie et la physiologie des fonctions cérébrales supérieures, ainsi que sur des données cliniques telles que l’épidémiologie et le diagnostic des troubles psychiatriques et leurs mécanismes. Les bénéfices cliniques et les inconvénients des traitements ne sont pas décrits en détails dans ce volume II, car ils forment les thèmes d’autres volumes. Le volume III porte sur le traitement des troubles psychiatriques, en consacrant un chapitre à chaque trouble. Le volume IV porte sur les effets indésirables des traitements, en consacrant un chapitre par type général d’effet indésirable (prise de poids, agitation, anomalies cardiaques, etc.), ainsi que sur les interactions entre les médicaments entre eux et entre les médicaments et les maladies physiques ou psychiatriques. Par exemple : comment prescrire un antidépresseur chez un patient souffrant d’insuffisance rénale ou d’une maladie de Parkinson ? OBJECTIFS J’ai pensé à plusieurs objectifs pour ce manuel, centrés sur le savoir et le savoir-faire en psychiatrie et en psychologie. J’ai inclus dans ce volume les connaissances théoriques que j’ai jugées utiles à la pratique, une somme d’informations acquises durant les dernières décennies. J’ai également souligné les domaines où l’on manque d’informations, afin que les cliniciens puissent orienter leurs diagnostics et traitements en tenant compte, si faire se peut, de ces manques, de cette ignorance. Pour ce qui est du savoir-faire, il est reconnu que celui-ci s’acquiert avant tout par l’exemple et l’expérience, par l’entraînement (à poser des diagnostics, à pratiquer des traitements). C’est vrai de la chirurgie, de la pharmacologie, de la prise en charge psychiatrique et psychothérapeutique. J’ai estimé, avec un optimisme que j’espère raisonnable, qu’une part du savoir-faire en psychiatrie peut se transmettre par l’intermédiaire d’un livre, même si Einstein a écrit : « La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est qu’information ». J’ai rassemblé l’information que le clinicien peut désirer avoir à disposition lorsqu’il pose un diagnostic psychiatrique, lorsqu’il écrit une ordonnance pour un médicament psychotrope ou lorsqu’il analyse une situation d’effet indésirable ou d’interaction. On ne trouve ces informations le plus souvent que sous forme dispersée. J’ai donné une place aux synthèses et, sur le plan clinique, à ce que l’on peut qualifier de recettes de diagnostic ou recettes de prescription. Des recettes implicites sous-tendent tout acte médical et il vaut la peine de les expliciter, de s’interroger à leur sujet, parfois de leur en substituer d’autres. Un autre objectif fut de dépasser les approches syndromiques en psychiatrie. En effet, fonder les diagnostics et les traitements des troubles mentaux sur leur seule description clinique et sur des essais cliniques ne suffit pas, ni maintenant, ni pour le futur : les psychologues cliniciens et les psychiatres devraient accorder plus d’attention aux connaissances sur le fonctionnement biologique du cerveau et aux modes d’action pharmacologique des médicaments psychotropes. J’illustre la pertinence d’évaluer les situations cliniques au travers de raisonnements scientifiques plutôt qu’heuristiques par des descriptions brèves de cas cliniques. Un dernier objectif de ce volume concerne le plaisir de la lecture et de l’étude, à savoir stimuler l’intérêt du lecteur pour les traitements en psychiatrie. MES PROPOSITIONS Chaque chapitre de ce manuel contient mes propositions, faites sous une forme résumée, voire squelettique, qui ne présente pas de données exhaustives et qui n’a pas été révisée par des experts ; il ne s’agit donc pas de Recommandations pour la Pratique Clinique, ou guilelines, mais plutôt de remarques générales. STRUCTURE DU VOLUME La taille considérable du volume s’est imposée du fait du champ des connaissances en neurosciences cliniques, en pharmacologie clinique des médicaments psychotropes (mode d’action, efficacité, effets indésirables, interactions, précautions de prescription) et en organisation des soins. Aborder ces thèmes de façon exhaustive permet d’accéder à une vision synthétique, mais cette exhaustivité ne pouvait être systématique ; j’ai résumé certains thèmes de façon plus approfondie que d’autres, laissant au lecteur la tâche de distinguer la pertinence des principes généraux évoqués par rapport à des données de détails. La bibliographie est abondante pour certains thèmes, alors que d’autres se trouvent mentionnés avec peu de références ; ces choix furent en partie arbitraires, mais ils se justifient par la facilité actuelle d’accès aux informations grâce à Internet et surtout grâce au portail Medline. L’ordre de présentation des informations se répète d’un chapitre à l’autre, ce qui permet au lecteur de repérer rapidement les informations. Les illustrations cliniques au sujet de problèmes courants ou inhabituels évitent au texte un aspect théorique ; elles concernent des questions simples, d’autres rares et difficiles, au travers de cas cliniques légers ou résistants au traitement ; ce faisant, j’ai suivi le postulat que l’apprentissage se fait autant, par l’exemple des succès VIII Avant-propos que par la confrontation aux difficultés et aux échecs. Ces illustrations cliniques respectent le secret de fonction, ayant été construites à partir de données anonymisées et parfois composites, venant de l’anamnèse de plusieurs personnes. Des questions non résolues sont mentionnées dans chaque chapitre, sous une rubrique de Questions et controverses ; ces questions ont une valeur didactique, dans la mesure où un champ de connaissances se définit autant par les réponses connues que par les thèmes en suspens, à savoir par nos incertitudes. Les cliniciens choisissent les stratégies diagnostiques et thérapeutiques en tenant compte de ces manques de connaissances. Chaque chapitre se termine par des propositions pour le diagnostic, l’information aux patients et le traitement. J’ai rédigé ces propositions en tenant compte de recommandations officielles ; elles n’ont pas été avalisées ou accréditées par les sociétés médicales ; elles restent donc indicatives. Elles ont l’avantage d’être brèves. RÉDACTION Ce travail a été initié en collaboration avec le Docteur Jean-Paul Macher, alors qu’il était médecin chef du secteur VII au Centre Hospitalier de Rouffach, département du Haut-Rhin (France) et dirigeait l’institution Formation et Recherche en Neuroscience appliquée à la Psychiatrie (FORENAP) qu’il avait créé. J’étais alors médecin chef de l’Unité de psychopharmacologie clinique des Hôpitaux Universitaires de Genève (Suisse). Les chapitres ont été rédigés sur la base de discussions et de propositions que j’ai retranscrites au cours d’échanges avec le Docteur Macher et avec des psychologues, médecins, cliniciens et chercheurs d’institutions à Genève et à Rouffach. À Rouffach, ces institutions sont principalement le Secteur 8 de la clinique psychiatrique du Centre Hospitalier Spécialisé et FORENAP. À Genève, il s’agit principalement de l’Unité de Psychopharmacologie Clinique du Service de Pharmacologie et de Toxicologie cliniques. IX Remerciements Je n’aurais pas réalisé ce travail sans le soutien, l’aide fidèle, les conseils, les critiques et la patience du Docteur Jean-Paul Macher au cours d’années de collaboration. Je lui exprime ici mon amitié et ma reconnaissance. Je remercie également particulièrement Patricia Berney et Thierry Steimer à Genève, ainsi que Fabrice Duval à Rouffach. Le Professeur Pierre Dayer, médecin chef du Service de Pharmacologie et de Toxicologie Cliniques et directeur médical des Hôpitaux Universitaires de Genève, a soutenu mon travail hospitalier et m’a accordé sa confiance dans ma responsabilité de l’Unité de Psychopharmacologie Clinique, sachant que nous partageons la détermination de favoriser une médecine fondée sur les sciences de base, sur les sciences cliniques, ainsi que sur une application rigoureuse des concepts de la pharmacologie clinique. J’aimerais, à travers ce travail, attester de ma reconnaissance envers mes maîtres : en pharmacologie clinique, les Professeurs Claude Perrier † (Genève, Suisse) et Terrence Blaschke (Stanford, Californie) ; en médecine interne, le Professeur Alex Muller † (Genève, Suisse) et en psychiatrie, le Professeur Lewis Judd (San Diego, Californie). Des psychologues, médecins, cliniciens et chercheurs à Rouffach et à Genève ont consacré du temps à discuter avec moi des domaines qui les passionnent, à proposer des textes et à commenter mes textes. J’espère avoir rendu compte de leurs connaissances et de leur expérience dans les multiples domaines de la psychiatrie d’orientation biologique et des neurosciences cliniques. Je garde seul la responsabilité des insuffisances et imprécisions qui persistent dans ce volume. Que ces personnes trouvent ici l’expression de ma reconnaissance : Patricia Berney, MD, pharmacologue clinique FMH, Unité de Psychopharmacologie Clinique (UPC), Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), Genève, Suisse. Marie Besson, MD, pharmacologue clinique FMH, interniste FMH, UPC, HUG, Genève, Suisse. Yves Cattin, MD, médecine interne FMH, UPC, HUG, Genève, Suisse. François Curtin, MD, UPC, HUG, Genève, Suisse. Marc Antoine Crocq, MD, psychiatre, praticien hospitalier, Centre Hospitalier de Rouffach, Haut-Rhin, France. Youssef Daali, PhD, Service de Pharmacologie clinique, HUG. Fabrice Duval, MD, psychiatre, praticien hospitalier, chef des Secteurs 8 et 9, Centre Hospitalier de Rouffach, Haut-Rhin, France. François Girardin, MD, pharmacologue clinique FMH, interniste FMH, UPC, HUG, Genève, Suisse. Vincent Griesser, MD, informaticien, Genève, Suisse. Davor Komplita, MD, psychiatre FMH, Genève, Suisse. Annabel McQuillan, MD, psychiatre FMH, UPC, HUG, Genève, Suisse. Myriam Noël-Winderling, PhD, neuropsychologue, Genève, Suisse. Christian Oestreicher, PhD, Département de l’Instruction Publique, Genève, Suisse. Natacha Premand, MD, UPC, HUG, Genève, Suisse. XI Traitements biologiques en psychiatrie Christine Rebourg Roesler, PhD, psychologue, Centre Hospitalier de Rouffach, Haut-Rhin, France. Françoise Riquier, MD, psychiatre FMH, Lausanne, Suisse. Marc Rollini, MD, psychiatre FMH, UPC, HUG, Genève, Suisse. Yvan Schulz, PhD, ethnologue, Université de Neuchâtel, Suisse. Thierry Steimer, PhD, biologiste, UPC, HUG, Privat docent, Faculté de Médecine, Genève, Suisse. Rodrigo Casagrande Tango, MD, UPC, HUG, Genève, Suisse. Fabien Trémeau, MD, psychiatre, FORENAP, Rouffach, France. Alfredo Velardi, MD, psychiatre FMH, Neuchâtel, Suisse. Elisabeth Veyriac, MD, Revue Prescrire, Paris, France. Hans Peter Wengle, MD, psychiatre FMH, Clinique Cantonale Psychiatrique de Saint-Gall, Suisse. Enfin, j’aimerais dire aux personnes que j’ai rencontrées comme patients combien elles m’ont appris sur l’être humain, sur ses compétences et ses ressources, sur la force des émotions, la valeur des relations humaines et la résilience. XII Sommaire Préface........................................................................................................................................................................................ V Avant-propos............................................................................................................................................................................. VII Remerciements........................................................................................................................................................................ XI Sommaire................................................................................................................................................................................... XIII Partie 1. Médicaments en psychiatrie..................................................................................................... 1 1. Traitements biologiques................................................................................................................................................... 3 2. Information sur les traitements...................................................................................................................................... 25 3. Prescription........................................................................................................................................................................... 45 4. Posologie............................................................................................................................................................................... 59 5. Passage d’un médicament psychotrope à un autre................................................................................................ 73 Partie 2. Pharmacodynamique et pharmacocinétique............................................................. 85 6. Mode d’action des médicaments psychotropes....................................................................................................... 87 7. Relation dose/effet............................................................................................................................................................. 101 8. Pharmacocinétique............................................................................................................................................................ 111 9. Métabolisme des médicaments..................................................................................................................................... 121 Partie 3. Évaluation du traitement.............................................................................................................. 135 10. Statistique médicale........................................................................................................................................................ 137 11. Essais cliniques................................................................................................................................................................. 147 12. Méta-analyses................................................................................................................................................................... 159 13. Effet placebo...................................................................................................................................................................... 169 Partie 4. Systèmes de soins............................................................................................................................... 179 14. Psychiatrie fondée sur des preuves............................................................................................................................ 181 15. Recommandations pour la pratique clinique.......................................................................................................... 189 16. Qualité des soins.............................................................................................................................................................. 197 17. Économie de la santé...................................................................................................................................................... 205 XIII Traitements biologiques en psychiatrie Partie 5. Individualisation du traitement............................................................................................. 213 18. Différences individuelles et prédiction de la réponse au traitement............................................................... 215 19. Surveillance plasmatique............................................................................................................................................... 227 Partie 6. Antidépresseurs.................................................................................................................................... 247 20. Antidépresseurs................................................................................................................................................................ 249 21. Inhibiteurs non sélectifs de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine. ou antidépresseurs tricycliques................................................................................................................................... 265 22. Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine.......................................................................................... 273 23. Inhibiteurs sélectifs de recapture de la noradrénaline......................................................................................... 281 24. Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine.............................................. 287 25. Antagonistes du récepteur sérotoninergique 5-HT2............................................................................................. 295 26. Antagonistes du récepteur noradrénergique alpha2............................................................................................ 299 27. Inhibiteurs non sélectifs et irréversibles de la monoamine oxydase............................................................... 305 28. Inhibiteurs sélectifs et réversibles de la monoamine oxydase de type A...................................................... 311 29. Antidépresseurs dopaminergiques............................................................................................................................. 317 30. Antidépresseurs mélatoninergiques.......................................................................................................................... 323 31. Autres antidépresseurs................................................................................................................................................... 329 Partie 7. Stabilisateurs de l’humeur.......................................................................................................... 339 32. Stabilisateurs de l’humeur............................................................................................................................................ 341 33. Lithium................................................................................................................................................................................ 351 34. Valproate de sodium....................................................................................................................................................... 363 35. Carbamazépine................................................................................................................................................................. 369 36. Lamotrigine........................................................................................................................................................................ 375 37. Autres antiépileptiques récents.................................................................................................................................... 379 Partie 8. Antipsychotiques................................................................................................................................. 385 38. Antipsychotiques.............................................................................................................................................................. 387 39. Antipsychotiques typiques sédatifs............................................................................................................................ 403 40. Antipsychotiques typiques incisifs.............................................................................................................................. 409 41. Antipsychotiques atypiques.......................................................................................................................................... 415 42. Antipsychotiques à action prolongée........................................................................................................................ 435 Partie 9. Anxiolytiques et somnifères...................................................................................................... 447 43. Anxiolytiques et somnifères......................................................................................................................................... 449 44. Agonistes du récepteur central à benzodiazépines.............................................................................................. 455 45. Autres modulateurs du récepteur GABA-A.............................................................................................................. 469 46. Inhibiteurs de l’influx calcique..................................................................................................................................... 475 47. Antagonistes du récepteur noradrénergique bêta................................................................................................. 483 48. Autres anxiolytiques et somnifères et soumission chimique............................................................................. 489 XIV Sommaire Partie 10. Médicaments antidémentiels................................................................................................ 499 49. Médicaments antidémentiels....................................................................................................................................... 501 50. Médicaments antidémentiels stimulant les systèmes cholinergiques............................................................ 507 51. Autres médicaments antidémentiels......................................................................................................................... 517 Partie 11. Autres médicaments psychotropes.................................................................................. 525 52. Stimulants dopaminergiques....................................................................................................................................... 527 53. Psychostimulants et sympathicomimétiques.......................................................................................................... 533 54. Opiacés............................................................................................................................................................................... 543 55. Médicaments prescrits lors de toxicomanies.......................................................................................................... 553 56. Anticholinergiques........................................................................................................................................................... 561 57. Autres médicaments et hormones.............................................................................................................................. 567 58. Médicaments orphelins................................................................................................................................................. 581 Partie 12. Autres traitements psychiatriques................................................................................... 591 59. Thérapie électroconvulsive............................................................................................................................................ 593 60. Stimulation magnétique transcrânienne.................................................................................................................. 603 61. Autres traitements avec l’électricité............................................................................................................................ 609 62. Psychothérapies............................................................................................................................................................... 615 63. Association entre psychothérapies et médicaments psychotropes................................................................. 635 64. Modifications du rythme veille sommeil et luminothérapie.............................................................................. 645 65. Psychochirurgie................................................................................................................................................................ 653 66. Réalité virtuelle................................................................................................................................................................. 657 67. Phytothérapie..................................................................................................................................................................... 663 68. Traitements alternatifs.................................................................................................................................................... 679 Partie 13. Constatations, prospectives et hypothèses.............................................................. 709 69. Constatations.................................................................................................................................................................... 711 70. Prospectives....................................................................................................................................................................... 723 71. Innovations et traitements non médicamenteux................................................................................................... 745 72. Innovations et traitements médicamenteux............................................................................................................ 753 Index général............................................................................................................................................................................ 779 Index des DCI vers les noms commerciaux.................................................................................................................... 789 Index des noms commerciaux vers les DCI.................................................................................................................... 793 XV Partie 1 Médicaments en psychiatrie Chapitre 1 Traitements biologiques « La plupart des médecins ressemblent, à mes yeux, à de mauvais pilotes. Quand la mer est calme, personne ne discerne leurs fautes, mais qu’ils aient à faire face à un vent violent ou à une tempête, leur ignorance devient alors éclatante. » Hippocrate (460 à 377 avant J.-C.) •Pour décider s’il y a lieu de prescrire un médicament psychotrope à un patient, il faut prédire l’évolution de celui-ci avec ou sans traitement : la décision thérapeutique est fondée sur des algorithmes et des paris du prescripteur. •Il n’y a que peu d’études sur la capacité des cliniciens de prédire la réponse d’un patient donné et ces études indiquent qu’ils n’y arrivent qu’en partie. •La quantification de l’efficacité d’un traitement se fait selon plusieurs approches cliniques et techniques statistiques. Le concept du service médical rendu résume ces données. •Les décisions thérapeutiques devraient refléter les données de la psychiatrie fondée sur des preuves, lorsque de telles données existent. •Le clinicien devrait s’assurer qu’il choisit un traitement en tenant compte de l’origine du trouble, lorsque faire se peut : une psychothérapie n’améliore pas la fatigue des patients hypothyroïdiens et la prescription des médicaments psychotropes ne suffit généralement pas pour voir s’amender des conflits relationnels. •Les croyances des médecins et celles des patients jouent un rôle dans la compliance aux traitements conventionnels et dans le choix de recourir à l’automédication ou à des traitements non conventionnels. •Des critères pour la décision de continuation ou d’arrêt du traitement psychotrope après des années de traitement manquent encore pour plusieurs troubles psychiatriques. •Les moyens d’individualiser les traitements vont augmenter en nombre et en utilité durant les décennies à venir : critères cliniques, paracliniques (neuropsychologie, neuroimagerie) et biologiques (neuroendocrinologie, neuroimmunologie, génomique). 3 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie INTRODUCTION Dans un monde idéal, toute indication d’un médicament psychotrope aurait fait l’ objet d’essais cliniques et les influences non rationnelles sur les choix des médecins importeraient peu : la psychopharmacologie serait devenue une thérapeutique factuelle, solidement fondée sur des données venant d’essais cliniques randomisés avec groupes contrôles et le médecin saurait adapter ce savoir à chaque patient particulier, savoir que les patients reconnaîtraient comme valide. La pratique clinique ne correspond pas à cette image idéalisée ! HISTORIQUE Au début des années 1930, le psychiatre berlinois Manfred Sakel (1900-1957) rendit compte de l’ application à des patients souffrant de schizophrénie de la technique d’insulinothérapie (dite cure de Sakel), qu’il avait utilisée auparavant chez des patients toxicomanes aux opiacés. En 1930, William Bleckwenn (1895-1965) décrivit la subnarcose : l’injection d’un barbiturique pouvait interrompre une catatonie. Ces travaux marquèrent le début de la période actuelle en psychopharmacologie. Et en 1944, le psychiatre anglais William Sargant (1907-1988) et ses coauteurs notèrent les résultats et les techniques de la cure de sommeil, de la cure insulinique, des électrochocs dans un livre d’enseignement ayant pour titre An Introduction to Physical Methods of Treatment in Psychiatry. À partir de 1944, les collaborateurs des laboratoires Rhône-Poulenc synthétisèrent des dérivés de phénothiazines dans le but d’obtenir des antimalariques (phénothiazines connues dès la fin du xixe siècle déjà et dont on avait reconnu les propriétés antihelminthiques depuis la fin des années 1930). Cette voie de recherche, qui fut infructueuse au plan antiparasitaire, allait aboutir à la découverte d’antihistaminiques puissants, utilisés dès 1949 par Henri Laborit (1914-1995). Laborit faisait de la recherche sur le choc chirurgical, dans le but d’obtenir un équivalent pharmacologique de l’hypothermie (dont les propriétés protectrices durant la chirurgie étaient connues). Il releva les propriétés hypnogènes des phénothiazines et dès 1951 utilisa la chlorpromazine (CPZ). Le premier essai clinique de la CPZ dans le traitement des psychoses a été publié en 1952 (Delay et Denniker). La prescription de médicaments psychotropes efficaces fait partie des traitements en psychiatrie depuis les années 1950. Les premières découvertes dans ce domaine viennent d’observations faites par des cliniciens, plutôt que de programmes structurés de recherche en pharmacologie fondamentale et en neurosciences. Ces découvertes ont mené à un changement radical de la psychiatrie, que Jean 4 Delay (1907-1987) évoquait dans sa conférence d’ouverture du premier congrès mondial de psychiatrie, organisé par Henri Ey (1900-1977) à Paris en 1950 : « Si le mot guérison, si grave par les espoirs qu’il fait naître, ne doit être prononcé qu’avec réserve, il ne nous est plus interdit ». D’autres médecins avant lui avaient parlé des progrès de la thérapeutique. Ainsi, Charles Burlureaux écrivait en 1908 : « Depuis une vingtaine d’années, la thérapeutique a subi une évolution que l’ on pourrait appeler une révolution... est-ce un bien, est-ce un mal ? L’ avenir en décidera. » Les risques sociétaux de la psychopharmacologie étaient déjà évoqués par Jean Delay (1907-1987) en 1949 : « Si des techniques comme la narcoanalyse et le choc amphétaminique, isolées ou associées, rendent de grands services dans le diagnostic des psychoses et le traitement des névroses, et plus généralement dans l’ exploration pharmacodynamique de la personnalité, elles doivent néanmoins être strictement réservées à des fins médicales. En particulier, on n’imagine pas sans effroi que ces découvertes de la psycho-chimie puissent être mises à la disposition des polices. Il serait d’une cruelle ironie pour les médecins qui ont découvert ou préconisé ces méthodes afin de guérir, de voir utiliser aux fins d’asservissement de l’homme des expériences qu’ils n’ont faites qu’en vue de sa libération. » Reconnue comme efficace, la CPZ a été longtemps la molécule de référence pour le développement d’autres antipsychotiques (AP). C’est en 1963 que Carlsson et Lindqvist montrèrent que les AP augmentent la concentration cérébrale des métabolites de la dopamine (DA) et de la noradrénaline (NA) et en 1967 van Rossum proposa que les AP agissaient sur des récepteurs à DA. En 1977, Seeman trouva que des concentrations nanomolaires d’halopéridol inhibaient la fixation de la DA sur les membranes cellulaires. Depuis lors, la structure des récepteurs, le nombre des neurotransmetteurs, l’ organisation des réseaux neuronaux ont été décodés magistralement. Un neurotransmetteur est impliqué dans de nombreuses fonctions cérébrales supérieures (FCS) et une FCS ou un composant d’une FCS fait intervenir de nombreux neurotransmetteurs. Également, la frontière entre système nerveux, système endocrinien et système immun n’est plus aussi clairement tracée puisque ces systèmes interagissent. Enfin, la multiplicité des régulations allant d’un gène à une protéine a été révélée dans toute sa complexité, ainsi que dans sa dépendance des événements de l’ environnement et des expériences du sujet. C’est dans ce contexte qu’a lieu la recherche de nouveaux médicaments psychotropes ! Ce chapitre introductif porte sur la prescription de médicaments psychotropes ; les informations s’appliquent à d’autres traitements tels les traitements biologiques non médicamenteux (traitements par l’ électricité, chronothérapie, etc.), les psychothérapies et les médecines alternatives. Chapitre 1 - Traitements biologiques Encadré I. Contexte des traitements médicamenteux en psychiatrie •Peu de traitements médicamenteux psychotropes sont fondés sur les mécanismes des maladies (troubles), puisque ceux-ci restent dans leur majorité à découvrir. •Le traitement médicamenteux ne représente qu’une des formes de traitement en psychiatrie. Les traitements médicamenteux et non médicamenteux, souvent associés, ne visent pas systématiquement les mêmes objectifs. •La somme de connaissances sur les traitements médicamenteux est considérable, mais ces connaissances portent surtout sur l’évolution des patients à court terme, de l’ordre de semaines à mois, ainsi que sur des populations ayant peu de comorbidité physique ou psychiatrique. •La question de la durée optimale du traitement médicamenteux psychotrope est mal connue. •Les médicaments psychotropes ont une efficacité limitée, avec une différence des moyennes standardisée (DMS), ou effect size, de l’ordre de 0,3 à 1,0. •La détection des effets indésirables (EI) médicamenteux est difficile lorsque ceux-ci se présentent sous forme de symptômes psychiatriques. •Des enjeux culturels, financiers ou sociaux s’ajoutent (parfois se substituent) aux motifs médicaux de la prescription des médicaments psychotropes. •De nombreuses décisions de soins en psychiatrie sont à prendre par extrapolation, à cause du manque de connaissances factuelles qui viendraient de la médecine fondée sur des preuves. CONTEXTE DES PRESCRIPTIONS Action psychomodulatrice Le contexte de la prescription des médicaments psychotropes diffère sur plusieurs points de la prescription des médicaments non psychotropes (Encadré I). Niveau d’action d’un traitement Les psychothérapies influencent le fonctionnement cérébral au niveau néocortical et limbique, avec secondairement des répercussions sur des fonctions du cerveau reptilien. Elles sont une approche de haut en bas, ou top-down. Les traitements médicamenteux ou d’autres traitements biologiques non médicamenteux (électrochocs, privation de sommeil, stimulation du nerf vague, etc.) agissent surtout au niveau reptilien et limbique ; ce sont des approches de bas en haut, ou bottom-up. La Figure 1 illustre ces niveaux. La distinction entre modalités top-down et bottom-up des traitements a son utilité, mais elle représente une simplification. Illustration clinique. Cet homme âgé de 25 ans se remet d’une A B Systèmes neuronaux intégrateurs Cognition Représentations Croyances A 2 B A Neurones régulateurs Balance entre systèmes 1 1 2 B Action pharmacomodulatrice décompensation maniaque sous traitement de carbamazépine, avec amélioration de sa labilité émotionnelle, de son impulsivité et de l’envie constante de dire des plaisanteries. Commentaire. Les médicaments et les traitements biologiques non médicamenteux influencent les systèmes neuronaux intégrateurs du néocortex multimodal préfrontal. Illustration clinique. Cet homme est gravement dépressif depuis une rupture affective. Il se rend compte après 3 séances de psychothérapie que cette rupture était inévitable et même bénéfique pour lui. L’insomnie et les états de paniques disparaissent. Commentaire. Les psychothérapies modifient la biologie cérébrale : une stabilisation psychologique par un changement de croyances influence la physiologie du cerveau et du corps. Figure 1. Niveaux d’action d’un traitement Diagramme représentant les contraintes réciproques qu’exercent les processus cognitifs, par l’intermédiaire du fonctionnement des régions d’intégrations sur les neurones régulateurs et vice versa ; les schémas de droite représentent le sens de l’action primordiale et de la résultante secondaire selon, par exemple, que s’exerce une action sur les croyances et représentations (psychomodulatrice), ou que le neurone régulateur est directement modifié (pharmaco-modulation par exemple). D’après Seron X, Jeannerod M. Neuropsychologie Humaine, Pierre Margada, Liège, 1999. 5 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Pratique directive ou non Modèles de la psychiatrie Les internistes, les chirurgiens et d’autres spécialistes ont une approche directive : ils recommandent les mesures thérapeutiques qu’ils jugent préférables. Les psychiatres ont plus rarement une approche directive. Les psychiatres orientent leur formation postgraduée préférentiellement vers un des modèles de la psychiatrie, dont les principaux sont les modèles psychodynamique, comportemental, social, biologique, biopsychosocial (volume I, chapitre 1) et cette orientation influence les décisions quant aux diagnostics et aux traitements. Illustration clinique. Cette femme travaille trop, prend beaucoup de responsabilités et mentionne un conflit de couple, une diminution de sa libido, des attaques de panique et un état dépressif. Son Illustration clinique. Cette femme âgée de 50 ans se souvient psychiatre lui explique que sa situation psychologique ne s’amélio- des psychothérapies suivies 25 ans auparavant. Lors de la première rera que si elle s’accorde plus de temps pour elle-même. La patiente séance, le psychiatre, un homme habillé d’une grande robe claire, a refuse peu après l’offre d’une place de dirigeante et son état clinique passé longtemps à arroser des plantes en lui tournant le dos, alors s’améliore. Commentaire. Son psychiatre considère que sa pratique directive auprès de cette patiente était justifiée. Les prescriptions de médicaments psychotropes, les programmes structurés de psycho-éducation et la thérapie cognitivo-comportementale représentent des approches directives en psychiatrie. Évaluation des relations causales Les manifestations cliniques dont se plaint le patient peuvent provenir d’un trouble psychiatrique, d’une maladie physique, de facteurs de l’ environnement ou du traitement médicamenteux psychotrope. L’ évaluation de ces relations exige de passer en revue une liste d’explications possibles et d’attribuer à chacune un score de vraisemblance (portant sur la cohérence de chacune des explications possibles en fonction des manifestations cliniques), ainsi qu’un score de probabilité (portant sur la probabilité de chacune des explications possibles en fonction de données épidémiologiques ou anamnestiques). Illustration clinique. Ce jeune homme souffrant probablement de schizophrénie a été hospitalisé pour la première fois et a reçu de l’halopéridol dès l’admission à cause de son état d’agitation. Durant cette première journée, le médecin a également organisé un entretien de famille. Quelques heures après l’admission, au milieu de s’allonger sur le canapé et vient s’asseoir contre elle et lui demande « qu’est-ce que vous diriez si je vous dégrafais le pantalon et si je vous mettais la main sur le pubis ? ». La femme répond « Et bien essayez, Docteur. ». Celui-ci la regarde et déclare après quelque instant : « Je ne peux rien pour vous, vous être beaucoup trop blindée ». La femme vivant une phase difficile de son existence, elle a néanmoins suivi durant 6 mois des séances avec l’assistante du psychiatre, qui la faisait se déshabiller et lui touchait les seins. Durant ces séances, elle se souvient d’avoir entendu systématiquement des hurlements de femmes et elle évoque la possibilité que des cris enregistrés servaient de fond sonore. La femme a estimé qu’elle risquait une « désagrégation » de sa personnalité si elle continuait ces séances et c’est avec l’impression de sauver sa vie qu’elle les a interrompues. Par la suite, elle a consulté une femme psychanalyste ; celle-ci ne parlait que très peu, émettait des grognements de gorge et passait du temps à remettre en place ses larges jupes et ses gros bijoux fantaisie. Après 1 an de consultations, la femme en avait assez des longs silences, de parfois 20 minutes, de sa thérapeute et de ses efforts à elle pour initier la conversation. Elle a déclaré à la psychanalyste que, grâce au traitement, elle allait bien, ce qui n’était pas le cas, et qu’elle interrompait les séances. Une jeune médecin travaillant dans les institutions étatiques de psychiatrie fut ensuite son thérapeute durant 2 ans et la femme est reconnaissante à cette médecin de son aide et de son dévouement. Actuellement, elle explique ces aventures avec les thérapeutes du fait de son ignorance de comment s’organise un traitement psychiatrique : malgré qu’elle avait lu passablement au sujet de la psychologie et de la la nuit, l’agitation du patient devient intense. Le médecin de garde psychanalyse, elle ne comprenait pas ce qui se passait et jugeait les dispose de plusieurs choix : il peut diagnostiquer une akathisie et pratiques dénuées d’humanité. Commentaire. Quelques psycho- évoquer une relation causale avec l’antipsychotique, il peut attribuer thérapeutes des années 1970 s’inspiraient de sources aussi variées l’agitation à la maladie elle-même, ou à une réaction psychologique que le bouddhisme, le mode de vie des hippies et le principe d’une à l’entretien de famille, ou encore suspecter un syndrome d’hyper- sexualité libre de tabous. Cet amalgame aboutissait à des comporte- ventilation. Chacun de ces diagnostics mène à des options théra- ments caricaturaux et peu éthiques, mais que les patients avaient de peutiques différentes. Dans ce cas, le médecin a choisi le diagnostic la peine à décoder. La situation a évolué et la presse écrite contient d’hyperventilation et il a agi en conséquence et placé un sac sur la tête du patient (une technique moins traumatique aurait consister à demander au patient de pincer ses narines tout en continuant de respirer), au lieu d’opter pour le diagnostic d’akathisie et le traitement par un anticholinergique proposés par l’infirmier. Commentaire. Dans cette situation, l’akathisie était le diagnostic à la fois le plus vraisemblable cliniquement et le plus probable statistiquement. 6 qu’elle était assise. Lors de la deuxième séance, il lui dit de venir des articles intitulés « Comment choisir son Psy », avec la description des différents modèles de la psychiatrie et des illustrations par des patients racontant leur évolution personnelle. Il reste que la personnalité d’un psychiatre conditionne sa pratique, quels que soient les modèles officiellement recommandés. Le modèle biopsychosocial offre une intégration des principes des différents modèles ; ceci permet d’éviter les situations Chapitre 1 - Traitements biologiques Encadré II. Facteurs influençant les décisions des médecins •Qualité de la formation médicale prégraduée, postgraduée et continue. •Médias. •Publicité par les industries pharmaceutiques. •Recommandations d’experts. •Demandes des patients. comme celle ci-dessus et de favoriser la reconnaissance des faits cliniques ou biologiques qui se rapportent au patient. Illustration clinique. Cet homme âgé de 50 ans a des antécédents de 2 décompensations maniaques, 5 et 8 ans auparavant, et de plusieurs états dépressifs. Le traitement médicamenteux consiste en lithium depuis 5 ans et en venlafaxine depuis 3 ans. Il vient de se séparer de son épouse avec laquelle il a vécu durant 24 ans. Sa demande est que l’on règle la médication, car il se sent déprimé. dans la population générale) de la maladie mentale comme processus indépendant des interactions de la personne avec son environnement : les signes et symptômes ­s’expliqueraient surtout par la pathologie de la personne. Par ailleurs, les troubles selon le DSM ou la CIM sont connotés par la culture occidentale ; d’autres sociétés ont d’autres concepts au sujet des manifestations psychiatriques, voire peu ou pas de concepts à ce sujet. Commentaire. L’anamnèse ancienne et les événements récents justifient que ce patient s’inquiète du traitement médicamenteux, à cause du risque d’un nouvel épisode de décompensation thymique sévère. Illustration clinique. Le patron de cet homme âgé de 55 ans lui annonce qu’il le met à la porte pour des raisons de restructuration de l’entreprise. Cet entretien a lieu en peu de temps, sans remerciement, ni émotion chaleureuse de la part du patron. Dès le premier soir, le patient fait des cauchemars et peu de jours après, il se trouve en arrêt de travail, une situation que son patron considère comme une fuite malhonnête face au travail qu’il doit encore réaliser durant 3 mois dans l’entreprise. Ce patient avait travaillé avec dévouement et compétence durant 20 ans et il n’avait jamais refusé de faire des heures supplémentaires, en accord avec la responsabilité qu’il assumait dans la bonne marche de l’affaire. Après un an d’évolution, il reste gravement dépressif. Sa fille lui dit qu’il devrait prendre des médicaments et voir un psychiatre pour arriver à ne plus parler que de son chômage. Son amie pense de même. Ni sa fille, ni son amie ne reconnaissent suffisamment, à ses yeux à lui, le drame qu’il a vécu. Commentaire. Cet homme a perdu un travail investi ; il a été mis à la porte sans reconnaissance ni remerciement. La prescription d’un antidépresseur peut être utile, mais il est indiqué de prévoir aussi une psychothérapie. Rôle des systèmes de diagnostic Les systèmes de classification, le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM) ou la Classification Internationale des Maladies (CIM) ont l’ avantage d’obliger le médecin à caractériser les manifestations psychiatriques en choisissant à quelle catégorie d’entité clinique les attribuer (volume I, chapitre 34). C’est un progrès. Mais ces systèmes ont leurs désavantages, longuement discutés au cours des versions successives, jusqu’aux dernières, le DSM-5 et la CIM-11. La plupart des entités reconnues par le DSM ou la CIM ne tiennent que peu compte de l’ environnement, ce qui favorise une représentation (auprès des médecins comme Influences sur les décisions de prescription De nombreux facteurs (Encadré II) influencent les décisions des médecins, dont le plus évident consiste en la qualité de la formation médicale. Recommandations Les médecins devront de plus en plus pratiquer la médecine en suivant les recommandations d’organismes officiels. Ces recommandations ont des aspects techniques, spécifiques, et d’autres généraux, par exemple de rappeler régulièrement à chaque patient fumeur qu’il devrait envisager un sevrage, d’inciter tout patient obèse à faire du sport, de vérifier à intervalle régulier les variables qui font suspecter l’ apparition d’un cancer chez les personnes âgées, d’insister sur la nécessité d’une vaccination contre la grippe, etc. Un domaine de recherche porte sur l’ évaluation des conséquences de recommandations officielles, ou guidelines, sur la pratique des médecins : Glikman et ses collaborateurs (2000) ont montré que les médecins connaissent les recommandations (dans ce travail, les recommandations portaient sur le traitement des troubles schizophréniques), que cette connaissance influence leur pratique, mais qu’une meilleure dissémination des informations améliorerait l’ application des recommandations. INDICATIONS Dans ce volume, je mentionne une liste d’indications pour chaque catégorie de médicaments (chapitres 20 à 58) et de traitements non médicamenteux (chapitres 59 à 68). 7 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Encadré III. Mesurer les effets d’un traitement •Efficacité (efficacy) : résultats lors des essais cliniques randomisés dans des conditions expérimentales contrôlées (l’extrapolation de ces données à la pratique n’est que partiellement valide). •Efficacité lors de la pratique (effectiveness) : résultats du traitement obtenus dans le contexte de la pratique de chaque jour, hospitalière ou ambulatoire, en tenant compte des contraintes de faisabilité, de compliance et des caractéristiques du système de soins. Une traduction non officielle de effectiveness serait effectivité. •Efficience (efficiency) : ce concept ajoute le calcul du coût (médico-économie et pharmaco-économie) à celui de l’effectivité. •Utilité (utility) : valeur que le patient (ou le thérapeute) accorde aux résultats (bénéfiques ou délétères) du traitement. EFFICACITÉ L’Encadré III indique les concepts permettant de mesurer les effets d’un traitement. Service médical rendu Le service médical rendu est défini ainsi, pour la France : « Le service médical rendu par un médicament (SMR) correspond à son intérêt en fonction notamment de ses performances cliniques et de la gravité de la maladie traitée. La Commission de la transparence de la haute autorité de santé (HAS) évalue le SMR, qui peut être important, modéré, faible, ou insuffisant pour que le médicament soit pris en charge dans le contexte de la solidarité nationale. L’ amélioration du service médical rendu (ASMR) correspond au progrès thérapeutique apporté par un médicament par rapport aux traitements existants. La Commission de la transparence de la HAS évalue le niveau d’ASMR, cotée de I, majeure, à IV, mineure. Une ASMR de niveau V (équivalent de pas d’ASMR) signifie absence de progrès thérapeutique ». Médicaments psychotropes récents L’ efficacité des médicaments psychotropes récents n’est guère supérieure à celle des anciennes molécules ; c’est essentiellement la configuration des EI qui diffère, dans le sens que les nouveaux médicaments ont été développés avec l’ objectif d’être moins dangereux et d’induire moins d’EI désagréables. Efficacité et populations de patients Dans le traitement à court terme de la dépression, l’ efficacité des antidépresseurs récents et des antidépresseurs tricycliques paraît comparable : dans l’ étude Sequenced Treatment Alternatives to Relieve Depression (STAR*D), le citalopram a mené à une proportion de rémission (score < 7 à l’ échelle Hamilton de dépression, ou HAM-D) de 28 % (Trivedi et al., 2006), comparable aux résultats avec des antidépresseurs anciens, mais la configuration des EI est à l’ avantage de cet antidépresseur et d’autres antidépresseurs récents. 8 Dans le traitement des psychoses avec les antipsychotiques, il se peut qu’existe une supériorité de quelques antipsychotiques atypiques (clozapine, olanzapine, amisulpride, rispéridone) en termes d’efficacité, par rapport à des antipsychotiques typiques sédatifs ou incisifs. Cette supériorité ne ressort pas de toutes les études : par exemple, 4 antipsychotiques atypiques (olanzapine, rispéridone, quétiapine, ziprasidone) inclus dans l’ étude Clinical Antipsychotic Trial of Intervention Effectiveness (CATIE) n’ont pas montré de supériorité sur la perphénazine sur un total de 1 493 patients, tout au moins en termes de la proportion d’arrêts de traitement (patients non suivis, ou drop out) qui était élevée, en moyenne 74 % à 18 mois (Lieberman et al., 2005). Les antipsychotiques atypiques n’induisent pas autant d’EI neurologiques, mais plusieurs induisent une prise de poids importante (Teff et Kim, 2011), avec des répercussions métaboliques et cardiovasculaires telles que se perdrait le bénéfice (en termes de mortalité globale) de la prévention du suicide chez ces patients. Lors de trouble de l’humeur récurrent, les stabilisateurs de l’humeur découverts durant les années 1960 n’ont pas été surpassés quant à leur efficacité. Ainsi, le lithium vaut les traitements récents étudiés lors du programme Systematic Treatment Enhancement Program for Bipolar Disorder (STEP-BD) (Perlis et al., 2006). Efficacité et patients individuels Pour quelques patients, l’efficacité des médicaments psychotropes peut s’avérer spectaculaire. Illustration clinique. Cette femme âgée de 35 ans a perdu sa mère et un frère par suicide. Dans sa famille éloignée, des morts par suicide sont également décrites, mais il n’y a pas d’anamnèse familiale de trouble de l’humeur récurrent bipolaire. La patiente est hospitalisée pour un état dépressif sévère ; moins de 10 jours après le début du traitement par moclobémide, elle se sent mieux, au point qu’elle déclare ne jamais s’être sentie aussi bien. L’amélioration de l’humeur persiste ensuite, mais la patiente développe un état de colère en repensant aux années de souffrance due à une dépression chronique et au fait que ses proches n’ont peut-être pas non plus Chapitre 1 - Traitements biologiques reçu le traitement qui aurait pu leur convenir. Commentaire. Cette illustration clinique date d’une période où la recherche d’un polymorphisme du gène de la monoamine oxydase n’était pas envisageable en clinique. Ce test paraclinique offre toutefois peu d’intérêt, vu l’absence de relation entre le polymorphisme de ce gène et la qualité de la réponse clinique (Licinio et Wong, 2011). Illustration clinique. Cette femme âgée de 30 ans se plaint d’un état dépressif qu’elle dit « remonter à ma naissance ». Un traitement psychothérapeutique est instauré à raison d’une séance par semaine durant 8 semaines. La patiente apprécie les échanges avec son psychiatre mais trouve que son humeur est peu modifiée. Une prescription de moclobémide est instaurée et, en une semaine à raison de 300 mg par jour de prise de cet antidépresseur, la patiente se trouve transformée, sans plus de crises de larmes et avec un enthousiasme pour les relations sociales qu’elle n’avait connu que quelques années auparavant lors de la prise d’un autre antidépresseur. La patiente remercie son médecin de lui avoir procuré « une semaine de vacances », dans le sens d’un soulagement de l’humeur dépressive et de la survenue d’une appréciation de la vie et d’une diminution des peurs lors de contacts avec autrui. Cette amélioration a persisté plusieurs mois, avant que ne réapparaisse une aggravation durant les jours de fin du cycle menstruel. Cette aggravation a elle-même disparu en quelques mois, sans changement du traitement médicamenteux. La chronicité de la dépression et l’importance du changement observé parlent en faveur d’un effet (ainsi que le sont les traitements médicamenteux) : il suffit de connaître les indications et les modalités de la prescription. D’autres exigent du thérapeute une formation spécifique, comme en chirurgie : le jeune médecin auquel on explique théoriquement comment opérer une appendicite risque de se trouver emprunté s’il n’a pas reçu de formation pratique, sous la forme de l’ observation d’un tiers formé et de participation progressive aux gestes chirurgicaux. Illustration clinique. Cet homme âgé de 40 ans a subi une première attaque de panique, suivie d’environ 4 attaques sur une période de 6 mois. Auparavant, il craignait avoir un problème cardiaque à cause de sensations particulières au niveau du sternum ; les examens cardiaques n’avaient rien mis en évidence d’anormal. La première attaque de panique fut violente, avec tremblement de tout le corps, impression de devenir fou et crainte de mourir, de ne plus jamais revoir ses proches. Lors d’une intervision, le médecin traitant du patient interroge un spécialiste de psychothérapie cognitivo-comportementale. Celui-ci explique qu’il faut interroger le patient quant à ses impressions corporelles juste avant les attaques de panique, qu’il faut explorer les symptômes des systèmes respiratoire, digestif, cardiovasculaire et musculaire. Il y a ensuite lieu d’enclencher une partie de ces manifestations, afin de désensibiliser le patient. Commentaire. Cette intervention psychothérapeutique complexe exige du médecin qui veut la pratiquer une formation et des exercices pratiques. médicamenteux bénéfique chez cette patiente. Commentaire. La prescription d’un médicament psychotrope peut modifier les opinions des patients quant au fonctionnement cérébral, surtout si un bénéfice survient qu’il n’avait pas été possible d’atteindre après des mois ou des années de psychothérapie. Peter Kramer a parlé de ces situations dans son livre Listening to Prozac, au titre traduit en Bonheur sur ordonnance. Illustration clinique. Cet homme âgé de 25 ans souffrait d’une dépression. Il vient de passer une année agréable en prenant un traitement de sertraline et il déclare avoir été rarement aussi heureux. Quelques semaines après l’arrêt du traitement, rendu nécessaire à cause de démangeaisons sans lésions visibles, il se sent moins heureux. Commentaire. L’arrêt de la prescription de sertraline semble à l’origine de la péjoration de l’humeur, mais l’anamnèse indique également des soucis professionnels et la reprise d’une consommation de cannabis concomitamment à l’arrêt de l’antidépresseur : on ne peut attribuer l’aggravation récente de l’état du patient seulement à l’arrêt de la sertraline. Efficacité des traitements non médicamenteux Une série de traitements psychiatriques non médicamenteux sont efficaces, avec des différences de moyennes ­standardisées (DMS) comparables aux médicaments, c’est-à-dire de l’ ordre de 0,3 à 1,0 : électrochocs, stimulation magnétique transcrânienne, luminothérapie, privation de sommeil, psychothérapies de diverses orientations. Certains de ces traitements sont faciles à appliquer Influence de la comorbidité La comorbidité est fréquente : dans la population de plus de 1,5 millions d’habitants de l’Écosse, un quart des personnes ont 2 maladies (physiques ou mentales) et la probabilité d’un trouble mental augmente avec la gravité de la morbidité physique (Barnett et al., 2012). De nombreuses études montrent que l’ efficacité des traitements psychotropes diminue lors de comorbidité. Le traitement de patients souffrant de troubles comorbides devrait donc avoir une place importante dans la formation des médecins. Efficacité à long terme On connaît mal la durée souhaitable du maintien des prescriptions médicamenteuses lors de plusieurs troubles, car l’ efficacité à long terme, au cours d’années de prise du traitement, a été peu étudiée. Dans beaucoup de situations, la réponse au traitement n’est que partielle et des récurrences surviennent malgré la continuation du traitement médicamenteux, par exemple lors de trouble obsessionnel-compulsif (Catapano et al., 2006). CRITÈRES D’ÉVALUATION DU TRAITEMENT Une série de variables permettent de suivre l’ évolution des troubles psychiatriques : diminution des scores des 9 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie signes et symptômes psychiatriques, qualité de vie des personnes, minimisation des conséquences sociales et professionnelles du trouble. Critères relatifs aux populations de patients Les concepts de rapport de cotes (RC) ou odds ratio, de différence des moyennes standardisée (DMS) ou effect size, de nombre nécessaire à traiter (NNT) ou number needed to treat et d’autres concepts de la médecine fondée sur des preuves représentent les concepts de base, à connaître afin de comprendre les résultats des essais cliniques. Critères relatifs aux patients individuels Pour un patient donné, la passation d’échelles mesurant la psychopathologie ou d’autres variables rend service, surtout lors de traitement en milieu institutionnel, lorsque le patient est suivi successivement par différents thérapeutes. Lorsqu’un patient est suivi longuement en ambulatoire par le même thérapeute, la passation d’échelles n’est pas indispensable. Critères relatifs au handicap Le handicap représente un concept multidimensionnel, portant sur la compréhension du monde (cognition), les données neurologiques de la motricité (mobilité), les soins personnels (hygiène, alimentation, capacité de ­s’occuper seul), les interactions sociales et interpersonnelles, les activités quotidiennes (travail, administration personnelle, loisirs) et la participation aux activités et aux projets sociétaux. Les traitements médicamenteux devraient être évalués quant à leur impact sur ces dimensions du handicap, ce qui est rarement le cas. Critères relatifs au coût Le risque moindre d’EI des médicaments psychotropes récents a un coût financier : ces médicaments sont plus chers que ceux des années 1950 ; ce surplus de coût justifierait néanmoins la prescription des médicaments récents selon beaucoup d’analyses de pharmaco-économie. BUTS DU TRAITEMENT Idéalement, un traitement médicamenteux, psychothérapeutique ou d’une autre nature, modifie favorablement la situation du patient et influence son évolution. Ces objectifs ne sont malheureusement pas atteints lors de certains troubles, par exemple les diverses formes du retard mental ou de la démence. 10 Buts à court terme Les buts à court terme portent sur l’ amélioration de la symptomatologie et ils varient selon les troubles. Dans la phase aiguë d’une dépression, il s’agit de permettre au sujet de dormir sans les angoisses qui lui tordent le ventre tôt le matin, de fonctionner tant bien que mal durant la journée, sans crise de larmes, de sortir progressivement de son marasme psychologique, de sa douleur morale et de son anhédonie, de prévenir un suicide. Buts à long terme Les buts à long terme concernent la prévention des rechutes et la résolution des problèmes sociaux, professionnels et familiaux. Un autre but à long terme est de permettre au patient de faire un apprentissage qui instaure des mécanismes d’extinction de réactions inadaptées ; c’est le domaine des psychothérapies, notamment la thérapie cognitivocomportementale, la psychothérapie interpersonnelle, la programmation neurolinguistique et d’autres techniques. Guérison La guérison du trouble (voire un traitement menant à un état du patient que celui-ci juge meilleur qu’il ne l’ a jamais été) est parfois atteinte, lorsque le traitement facilite ­l’ acquisition de nouvelles compétences et la modification des comportements ; ceci peut s’obtenir avec les médicaments ou avec les psychothérapies. Satisfaction des patients La satisfaction des patients dépend du degré atteint de contrôle des symptômes, de la qualité subjective de vie du patient (dont l’ acceptation de la maladie et de sa chronicité), ainsi que de la présence des EI et de leurs répercussions, à savoir du rapport risque/bénéfice. Illustration clinique. Cet homme âgé de 30 ans a répondu favorablement à la prescription d’escitalopram, avec une amélioration de son humeur et de sa tolérance aux difficultés professionnelles. Il se plaint d’une diminution importante de sa libido, sans répercussion importante sur l’érection, mais avec une perte de la satisfaction orgasmique. Le conseil d’interrompre l’escitalopram 36 heures avant des rapports sexuels prévus s’accompagne d’une normalisation de la sexualité, notamment de la capacité orgasmique. Commentaire. Lors de la phase de prévention de récurrences, les buts sont d’obtenir une absence de récidive sans que les EI (sur le poids corporel, la vigilance, la sexualité, etc.) ne soient rédhibitoires et ne mènent à insatisfaction du patient et à une mauvaise compliance. Indépendamment du résultat thérapeutique, la satisfaction d’un patient dépend de sa personnalité, ainsi que de se sentir reconnu comme personne souffrante (voire méritante). Chapitre 1 - Traitements biologiques Encadré IV. Préjugés des prescripteurs quant aux médicaments psychotropes* •Physiopathologie des troubles. Penser que « lors d’une maladie d’origine psychologique, c’est un traitement psychologique qui est indiqué et, inversement, lors d’une maladie d’origine biologique, c’est un traitement biologique qui est indiqué » risque de priver les patients d’approches thérapeutiques utiles. •Anomalies cérébrales. Selon ce préjugé, les médicaments psychotropes « corrigent des anomalies dans les neurotransmetteurs cérébraux ». Ils le font peut-être parfois, mais une explication alternative consiste en l’instauration par le médicament d’une autre anomalie contrebalançant celle ou celles à l’origine de la maladie. •Nécessité de traiter. Il est difficile de s’abstenir d’intervenir par une prescription face aux souffrances des patients. •Association d’effets bénéfiques. Selon ce préjugé, « on peut associer plusieurs médicaments psychotropes avec bénéfice et sans grand risque. » •Efficacité du traitement. Selon ce préjugé, particulier à la psychiatrie, « la résistance d’une maladie psychiatrique au traitement médicamenteux peut en général être surmontée ». •Bénéfice secondaire. Penser que « le patient ne s’améliore pas ou pas suffisamment sous traitement parce qu’il tire un bénéfice secondaire de sa maladie » ne rend compte qu’exceptionnellement de l’absence de réponse au traitement. •Influence des industries pharmaceutiques. Les industries pharmaceutiques insistent sur des caractéristiques de leurs médicaments afin de construire l’image du médicament, laquelle ne correspond généralement pas, ou seulement superficiellement, à la complexité des données en physiopathologie, en pharmacologie et en clinique. * Modifié d’après Berney et Schulz, 2005. Qualité de vie Image du médicament La démonstration d’une amélioration de la qualité de vie figure dorénavant parmi les exigences pour autoriser la commercialisation d’un nouveau médicament (Awad et al., 1997). Le concept d’image du médicament regroupe une série d’opinions quant à l’utilité et aux risques du traitement. L’ image du médicament varie au cours du temps. Le clinicien est souvent sceptique à l’ annonce de la commercialisation d’un nouveau médicament, puis vient une phase d’engouement pour le produit (le nouveau médicament semble résoudre enfin un problème thérapeutique). La phase suivante est celle de la déception, par la découverte des limites de l’ efficacité du médicament et la description de ses EI ; le volume des ventes diminue alors. La dernière phase est celle d’une évaluation correcte (ou censée l’être) des caractéristiques du médicament, avec une consommation stabilisée du produit (si possible cohérente par rapport aux résultats des essais cliniques, plutôt qu’induite par un marketing pharmaceutique). J’ai exploré les croyances des prescripteurs durant les années 1970, en demandant à des étudiants préparant leur diplôme de médecine de choisir quelle benzodiazépine (chlordiazépoxide ou Librium®, oxazépam ou Seresta®, nitrazépam ou Mogadon® et diazépam ou Valium®) serait préférable comme somnifère chez différents patients, tous étant qualifiés insomniaques. Le chlordiazépoxide (Librium®) était considérée comme la benzodiazépine de choix pour l’ éthylique, l’ oxazépam (Seresta®) pour la femme ménopausée, le nitrazépam (Mogadon®) pour le jeune homme en bonne santé physique et le diazépam (Valium®) pour le patient d’âge gériatrique agité. Seul ce dernier choix diverge de l’image qu’avaient au moment de cette enquête ces Association de médicaments Des substances ayant divers modes d’action pharmacologique aboutissant au même effet clinique se potentialisent : la sédation augmente si l’ on ajoute un antihistaminique à une benzodiazépine et à un whisky. Mais je ne pense pas que ce raisonnement, évident dans le cas de la sédation, s’applique automatiquement aux associations d’antidépresseurs ou d’antipsychotiques : des essais cliniques sont alors indispensables pour vérifier l’hypothèse d’une meilleure efficacité lors d’association (plusieurs travaux montrent l’inutilité d’associer plusieurs antidépresseurs). CROYANCES ET PRÉJUGÉS Des facteurs subjectifs influencent la prescription et le résultat des traitements (Encadré IV) : certains médecins psychiatres traitent des patients gravement dépressifs sans prescrire de médicaments ; certains patients ne comprennent pas que le médicament ne peut résoudre leurs problèmes que partiellement. Influencer les croyances et préjugés fait partie de facto de l’ enseignement aux médecins et du transfert des informations aux patients. 11 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie benzodiazépines largement prescrites. Ces réponses indiquent que l’image du médicament s’acquiert tôt dans la formation des médecins et qu’elle dépend autant de faits objectifs que de traditions de prescription et d’influences par la publicité. Les résultats de cette étude (Schulz et Dayer, 1978) restent d’actualité. Par exemple, l’image des produits de phytothérapie consiste en produits aux effets bénéfiques multiples, qui seraient aussi efficaces que les médicaments classiques, mais sans risque d’EI : le naturel plutôt que la chimie, le premier étant doux et utile, alors que la chimie est a priori dangereuse. Croyances des médecins Les croyances des prescripteurs quant aux médicaments psychotropes dépendent du contexte social et culturel. La méthadone comme substitution des opiacés permet de regagner confort et qualité de vie et de diminuer le nombre de délits pour couvrir les frais de la toxicomanie ; ce sont des faits, mais, durant les années 1980, des cliniciens qui suivaient le modèle psychodynamique se sont initialement opposés à cette prescription, considérant qu’elle imposait une contrainte et un contrôle social inadmissibles. De même, l’ étudiant confronté à ses examens universitaires trouve légitime de consommer un ß-bloquant, mais éprouve une crainte à la prise d’amphétamines, notamment car celles-ci sont consommées par des personnes en marge de la société. Enfin, les croyances des médecins changent au cours du temps, lorsque changent les conclusions des experts et les recommandations officielles. Par exemple, les antidépresseurs qui inhibent sélectivement la recapture de la sérotonine (5-HT) (ISRS) ont été considérés comme moins, puis plus efficaces, que les antidépresseurs tricycliques, pour être finalement considérés comme d’efficacité comparable (sauf peut-être lors de dépressions très graves, et encore). La prédominance, qui varie au cours du temps, de tel ou tel modèle de la psychiatrie (volume I, chapitre 1) détermine les croyances des thérapeutes. Illustration clinique. Ce psychiatre pense que son patient ne s’améliore pas, car il veut le mener, lui son thérapeute, à l’échec. Commentaire. Un tel raisonnement ne se retrouve pas, ou exceptionnellement, chez les internistes : ceux-ci ne concluent pas que les cancéreux qui meurent malgré le traitement oncologique le font pour confronter, de façon perverse, leur médecin à son impuissance de les guérir. Serait-ce différent en psychiatrie et dans quelle mesure ? de prendre un traitement biologique ou psychologique atteste de leur manque de volonté ou diminue leur libre arbitre. Ces croyances peuvent faire que les personnes se privent, ou privent leurs proches, de traitements qui rendraient service. Gilbert Robin (1893-1967) en a parlé dans Journal d’un psychiatre, publié en 1957 sous le pseudonyme de Docteur G. Durtal. Une des situations est ci-dessous. Illustration clinique. « Une déprimée, une mélancolique. Elle a perdu son père il y a trois mois. Perdu, c’est bien le mot. Car pendant 3 semaines elle l’a attendu en vain. Un ouvrier l’a retrouvé au fond d’une cage d’ascenseur : au cours d’une panne d’électricité, la porte s’était ouverte et il était tombé dans le trou. Lasse, incapable d’agir, de se lever, avant trois heures de l’après-midi, découragée : elle ne guérira pas, gémit-elle. Elle est finie. Or, en quelques séances d’électrochoc, elle peut être remise sur pied. Mais elle se raccroche aux scientistes, aux magnétiseurs. La radiesthésie a trouvé des lésions du foie, du cervelet, de la moelle sacrée, etc. C’est une dépression pure. Je parle, mais dans le vide. C’est irritant de lutter ainsi contre la bêtise. Or je tiens la guérison dans ma main. La malade restera malade. Dieu la tirera de là dans un an, un an et demi environ. Le médecin l’eût guérie en quinze jours. C’est triste de ne pouvoir agir, quant pour une fois, le miracle eût été possible. » Refuser un traitement biologique revient à vouloir éviter une modification du fonctionnement cérébral par des moyens chimiques. Illustration clinique. Ce tabagique demande qu’un traitement naturel lui soit prescrit pour son état dépressif. Commentaire. C’est à la fois triste et amusant d’entendre les fumeurs de tabac ou les consommateurs d’alcool craindre l’influence de médicaments obtenus par synthèse chimique sur le fonctionnement de leur cerveau. D’autres personnes apprécient les traitements médicamenteux et demandent le geste technique de la prescription, au point que la prise de comprimés leur semble la meilleure solution à leurs problèmes. Illustration clinique. Cette femme âgée de 83 ans ressent une grande fatigue et une lassitude aux actes de la vie quotidienne. Elle vit seule et constate que le fait de faire la cuisine pour elle ou un visiteur la rend anxieuse et que ses gestes sont désorganisés. Le score au MMSE est de 29, honorable, mais le dessin de l’horloge montre quelques manques. Il n’y a pas de signes d’une maladie physique, si ce n’est une discrète anémie et un manque de fer. Aucun antidépresseur prescrit sur une période de 12 mois (fluoxétine, réboxétine, bupropion, escitalopram, moclobémide) n’a permis de surmonter l’anxiété, le désespoir et la fatigue. La dose, la durée de la consommation et la concentration plasmatique du médicament Croyances des patients Les patients ont des croyances et des préjugés quant à l’ efficacité et au bien-fondé de la prescription des médicaments psychotropes. Ils peuvent considérer que le fait 12 répondaient aux recommandations pour la pratique. La patiente n’en revient pas : « Enfin, docteur, il doit bien exister un médicament pour moi ! ». Commentaire. La conviction qu’il existe un bon médicament peut être interprétée comme confiance en la science, ou volonté de fuir des enjeux personnels dérangeants. Chapitre 1 - Traitements biologiques Les croyances des patients concernent bien sûr aussi les traitements non médicamenteux et les traitements alternatifs. Illustration clinique. Cette femme âgée de 70 ans consomme des Illustration clinique. Cette mère d’un patient souffrant d’un fémur, sa fille lui apportait les doses nécessaires à son sommeil. trouble schizophrénique a donné une somme importante (par Commentaire. Quelques patients s’assurent d’avoir leur propre rapport à son faible budget), à un gourou qui a promis la guéri- pharmacie lorsqu’ils sont hospitalisés ; c’est une compliance à ses son de son enfant. Une deuxième somme doit être versée et pour propres habitudes. cela la patiente doit se rendre de sa ville à Paris. Elle hésite de faire le voyage et demande conseil à un psychiatre. Commentaire. La crédulité mène à des impasses sur le plan thérapeutique. Elle ne concerne pas que les compétences des gourous, sorciers ou autres charlatans, elle concerne aussi la médecine conventionnelle. L’ étude des croyances du patient (health belief model) permet de comprendre ses attentes ; si celui-ci ne se sent pas jugé, il pourra évoquer à son médecin ses espoirs, par exemple de guérir sans prendre de médicaments, en évitant de prendre chaque jour une substance qualifiée de chimique, ou de trouver une aide efficace dans les médecines alternatives ; le patient pourra dire ses craintes face aux EI. COMPLIANCE DES PATIENTS La qualité du suivi du traitement se nomme compliance selon un anglicisme largement utilisé ; observance et adhésion au traitement sont des synonymes. La qualité de la compliance a des conséquences évidentes quant à l’ efficacité des traitements médicamenteux. C’est tout aussi vrai des traitements non médicamenteux. Par exemple, une meilleure application par le patient des principes de la psychothérapie cognitivo-comportementale s’accompagne d’une meilleure stabilisation du trouble de l’humeur à un an (Strunk et al., 2007). somnifères depuis des décennies ; elle en abuse, prenant 3 fois la posologie usuelle. Durant son hospitalisation pour fracture du La concordance des croyances du patient avec les propositions thérapeutiques du médecin augmente potentiellement le bénéfice du traitement ; cela a été démontré au sujet des croyances quant aux effets de l’ exercice physique lors de dépression (Searle et al., 2011). Formes diverses de compliance Il existe plusieurs formes de compliance déficiente aux traitements. Dans la plupart des cas, le patient oublie ponctuellement de prendre son médicament. Une omission répétée ou l’ augmentation de la posologie représentent des situations plus graves, pouvant compromettre le traitement. Étendue de la mauvaise compliance consulter le médecin. Il a informé celui-ci 2 semaines plus tard, Selon les médicaments et selon les études, 20 à 50 % des patients ont une mauvaise compliance. Cramer et Rosenheck (1998) ont étudié 10 travaux sur les antidépresseurs et 24 sur les antipsychotiques : les patients prennent en moyenne 60 % de la posologie des antipsychotiques et 65 % de celle des antidépresseurs. Le risque de mauvaise compliance augmente si le sujet ne reconnaît pas l’utilité du médicament. Une mauvaise compliance survient aussi lors de traitement indispensable, par exemple pour la prévention de récidive d’un trouble de l’humeur bipolaire : la durée médiane de la prise du lithium après instauration du traitement n’est que de 76 jours selon l’ étude d’un millier de patients par Johnson et McFarland (1996) ; 30 % des patients sont non compliants au traitement par stabilisateurs de l’humeur et 20 % ont une compliance partielle (Keck et al., 1997). Lors de la prévention de rejet après greffe rénale, si les patients prennent correctement les immunosuppresseurs, ils négligent d’autres mesures (Geith et al., 2008). Selon Marder (1998), la mauvaise compliance participerait à 40 % des récidives lors de troubles schizophréniques, rendant les soins plus coûteux (Dolder et al., 2002). La mauvaise compliance a des conséquences potentiellement graves. pour signaler que les troubles digestifs avaient disparu. Aucun exa- Illustration clinique. Cet intellectuel vit en Afrique du nord. Il déve- men biologique ou conseil médical n’a été demandé par le patient, loppe une maladie neurologique mal identifiée et durant son trans- puisque celui-ci estimait revivre une situation qu’il connaissait. fert en urgence par avion en Europe, il risque de mourir. La para- Commentaire. La compliance des patients ne se limite pas aux plégie haute dont il souffre est diagnostiquée comme étant due au aspects du traitement, mais également à la compréhension des virus de la poliomyélite, virus contre lequel il n’avait pas été vacciné, examens nécessaires. par négligence de sa famille. Illustration clinique. Cet homme a souffert un an auparavant de troubles digestifs avec nausées, anorexie, décoloration des selles et perturbation des tests hépatiques. Des investigations ont été réalisées pour identifier l’origine de cette hépatite (tests biologiques pour hépatites virales, radiologie de la vésicule biliaire, neuroimagerie structurelle, etc.). Tous les résultats étant négatifs, l’hépatite a été attribuée à l’antifongique que le patient prenait pour un traitement prévu sur 3 mois. Dans la semaine qui a suivi la fin du traitement, la situation digestive s’est normalisée. Puis, à cause d’un trouble dysthymique persistant, le citalopram a été instauré. Les mêmes troubles digestifs sont réapparus, également avec décoloration des selles ; le patient a supporté le traitement par citalopram pendant 10 jours, puis il l’a interrompu de sa propre décision, sans 13 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Encadré V. Causes de mauvaise compliance aux traitements •Mauvaise information. Le patient pense à tort que le traitement n’est pas nécessaire ou qu’il est inefficace, que sa maladie est incurable, que l’amélioration qu’il ressent permet d’interrompre le traitement ; le patient n’accorde pas au traitement le délai nécessaire pour que l’effet du médicament soit manifeste ; la relation avec le prescripteur est mauvaise ; la prescription et les autres mesures thérapeutiques ont été mal comprises ; le patient souhaite laisser le processus naturel de la guérison se faire ou éviter un traitement considéré toxique. •Image de soi. La prise du médicament atteste d’une faiblesse de caractère ; le patient pense que sa personnalité est modifiée par le traitement ; la prise d’un médicament ou une psychothérapie sont considérées comme intrusions dans la vie privée. •Horaire du traitement. La participation à une psychothérapie ou à un traitement médicamenteux comporte des contraintes : le patient ne souhaite pas quitter son lieu de travail ou être vu prenant un médicament, ne pas subir les contraintes du traitement psychiatrique. •Désagréments de la prise de médicament. Le médicament peut induire des EI qui sont peu supportables ou qui inquiètent le patient ; le patient désire interrompre le traitement, car celui-ci interfère avec d’autres projets (l’impossibilité d’associer le médicament à la prise d’alcool, les EI sur la sexualité, etc.). •Typologie de la maladie psychiatrique et de l’environnement. Les troubles psychiatriques qui atteignent la motivation (toxicomanies, difficultés mnésiques ou cognitives, troubles de personnalité), la comorbidité de maladies physiques, l’absence d’un milieu qui soutient le patient, la pauvreté, le chômage et d’autres facteurs influencent la compliance. •Caractéristiques des systèmes de soin. Il s’agit de la qualité des relations du patient avec les thérapeutes, de l’organisation de l’accès aux traitements, de l’intensité de la prise en charge, des modalités de remboursement des soins, etc. Encadré VI. Interventions afin d’améliorer la compliance des patients •Informer le patient. Le patient devrait recevoir une information détaillée sur sa maladie et sur le traitement médicamenteux ou non médicamenteux. Cette information peut être communiquée par le médecin ou d’autres professionnels de la santé, par des proches, des livres ou des sites sur Internet. •Être disponible. Il y a lieu d’évaluer les croyances du patient quant à sa maladie et son traitement (health belief model), de les discuter et de proposer une autre opinion, si nécessaire. •Adapter le traitement. Un traitement en une prise quotidienne d’un petit nombre de comprimés a de meilleures chances d’être correctement suivi. •Minimiser les effets indésirables. Un traitement bien supporté a de meilleures chances d’être suivi. Illustration clinique. Cet homme part travailler en Afrique. Du fait de ses convictions, il ne prend pas la prophylaxie de la malaria. Il est rapatrié souffrant d’une malaria cérébrale dont le traitement est un succès, sans séquelle cérébrale. Son opinion négative quant aux vaccins et à la prophylaxie médicamenteuse reste inchangée malgré qu’il a failli mourir. Commentaire. Certains adultes refusent les vaccins, pour eux-mêmes ou pour leurs enfants, en mettant en avant le risque des complications vaccinales ou à cause d’un refus d’une médecine jugée trop technique. Origine de la mauvaise compliance Les causes de mauvaise compliance (Encadré V) sont nombreuses. On peut les classer selon qu’elles concernent plus directement le patient, la maladie, le milieu familial, social et professionnel, le traitement lui-même ou les caractéristiques des systèmes de soins. L’ arrêt du traitement décidé unilatéralement par le patient, forme accomplie de la mauvaise compliance, survient plus fréquemment si le patient a une moindre estime de lui-même, un mauvais contact avec 14 le médecin, s’il souffre de troubles comorbides tels que la dépression, ou de difficultés sociales telles que le chômage. Amélioration de la compliance Quelques interventions (Encadré VI) permettent d’améliorer la compliance (Haynal et Schulz, 1983) ; ces interventions sont évidentes (ce sont des truismes de la pratique médicale). Les interventions pour améliorer la compliance ont été formalisées, par exemple pour leur application chez des patients hospitalisés pour troubles schizophréniques : la prise en charge est orientée sur la discussion des avantages et des désavantages de suivre le traitement, sur les techniques de motivation, etc. On peut ainsi améliorer la compliance durant des semaines (Kemp et al., 1996), voire des mois grâce à des sessions de rappel (Kemp et al., 1998). Une meilleure relation thérapeutique augmente la ­compliance des patients souffrant de troubles psychotiques et prenant des antipsychotiques (McCabe et al., 2012). Le médecin qui comprend les priorités du patient organise Chapitre 1 - Traitements biologiques Encadré VII. Ingrédients d’une bonne pratique clinique •Information détaillée quant aux avantages et désavantages du traitement médicamenteux et non médicamenteux, à savoir l’efficacité, le délai avant amélioration, le coût, la tolérance. •Empathie et compréhension, relation sans autoritarisme, sans collusion avec les aspects sombres de la maladie, tels que propension à la violence ou aux mensonges. •Soutien et recommandations pour faire face aux manifestations cliniques du trouble. •Insistance quant à la responsabilité du patient par rapport au traitement, •Acceptation des hésitations et des ambivalences du patient. •Organisation rigoureuse des aspects pratiques du traitement tels que modalités pour obtenir facilement les rendez-vous, organisation des soins ambulatoires au moment de l’hospitalisation et non au moment de la sortie du patient, examens de contrôle rigoureux. •Documents écrits pour les horaires du traitement, pour la façon de quantifier l’efficacité ou les EI. mieux le traitement et utilise à bon escient des stratégies qui améliorent la compliance. Ces stratégies font partie des ingrédients d’une bonne pratique clinique (Encadré VII). COMPLIANCE DES MÉDECINS Un médecin peut être considéré comme compliant s’il suit les principes de la médecine fondée sur des preuves (MFP) lors de ses décisions thérapeutiques. Illustration clinique. Cette femme présente un état dépressif sévère du post-partum. Le psychiatre qui la reçoit refuse de prescrire un antidépresseur pendant 3 mois. La patiente consulte ensuite son interniste, car elle reste dépressive avec des idées suicidaires et elle demande d’être hospitalisée. L’interniste déconseille une hospitalisation avant d’avoir fait l’essai d’un traitement médicamenteux et il prescrit du citalopram, ce qui améliore la situation en 3 semaines, au point que la patiente se dit guérie. L’interniste se pose alors la question de la durée nécessaire du traitement de citalopram après rémission et il conseille à la patiente de continuer la prise de l’antidépresseur durant 6 mois. Commentaire. Le manque d’information des prescripteurs représente la première cause d’écarts de prescription par rapport à la MFP. Non compliance des médecins L’ importance de la non compliance des médecins aux recommandations de la MFP reste peu étudiée. Illustration clinique. Ce psychiatre ne mesure pas la pression artérielle de son patient prenant 1 200 mg de moclobémide et qui dit se sentir fatigué et avoir des vertiges. Commentaire. Les spécialistes sont L’ exigence de déclarer les EI représente également un vaste champ de non compliance des médecins, par manque d’énergie après des journées de consultation (le temps consacré à la pharmacovigilance est une activité chronophage et non rétribuée financièrement). Une forme fréquente de non compliance des médecins consiste à prescrire des médicaments psychotropes dans des indications qui ne sont pas reconnues officiellement. C’est par exemple le cas, à large échelle, avec les antipsychotiques atypiques prescrits hors du champ des troubles psychotiques (McKean et Monasterio, 2012). Collusion entre médecins et patients Une collusion du médecin avec son patient survient dans diverses situations, parfois avec l’intention de ne pas nuire au patient, intention consciente ou non. Le médecin peut ne pas évoquer de diagnostic pour éviter d’avoir à parler du mauvais pronostic de la maladie. Le médecin peut penser comme son patient, que celui-ci a vécu une expérience de révélation lors d’un séminaire de méditation, alors qu’il s’agit du début d’une phase maniaque. Le médecin peut souhaiter qu’un patient âgé retrouve son logement après son hospitalisation, sans reconnaître l’importance du handicap lié à un processus démentiel. Cette collusion entre le patient et le médecin se retrouverait dans toutes les maladies : en oncologie, les cliniciens garderaient, de façon peu réaliste, un optimisme par rapport à la guérison de patients gravement atteints par un cancer bronchique à petites cellules (The et al., 2000). compliants par rapport aux investigations et aux gestes techniques qui Illustration clinique. Cette femme âgée de 30 ans suit depuis ressortent de leur propre spécialité, mais la méconnaissance les rend 6 mois un traitement psychothérapeutique. Elle pleure avant et potentiellement peu compliants par rapport aux autres domaines de après chaque séance. Interrogée, elle dit et confirme n’avoir pas la médecine : tout interniste aurait prévu de mesurer la pression arté- ressenti d’amélioration depuis le début du traitement. Elle décide rielle dans un tel cas. Les psychiatres devraient prendre des mesures cependant de le poursuivre. Commentaire. Certaines collusions de la pression artérielle ou du poids corporel des patients. entre patients et médecins sont plus néfastes que d’autres ! 15 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Encadré VIII. Proportion des patients psychiatriques ne recevant pas de traitement •Trouble de l’humeur. De l’ordre de 30 à 60 %, voire 90 % des patients ne seraient pas traités ; 75 % des adolescents déprimés ne seraient pas traités. •Trouble obsessionnel-compulsif. La majorité des sujets ne reçoivent un traitement adéquat que plus de 10 ans après le début de la maladie. •Trouble de la sexualité. Moins d’un tiers des hommes souffrant de trouble de l’érection demandent un traitement. Les femmes victimes de violences sexuelles n’en parlent pas toujours aux collaborateurs des services de soins, des services sociaux ou légaux. •État de stress post-traumatique. Les conséquences de violences et d’événements traumatisants sont tardivement identifiées et traitées. •Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité. Le traitement par le méthylphénidate est plus rarement prescrit en Europe qu’aux États-Unis. Sous sa forme résiduelle chez l’adulte, ce diagnostic reste fréquemment non identifié. •Toxicomanies. La faible proportion des toxicomanes sous traitement s’explique par leur vie en marge de la société et par un manque de motivation pour des traitements menant vers le sevrage et l’abstinence. •Phobie sociale. Ce trouble n’est quasiment pas reconnu des médecins non psychiatres. Plus de 70 % des personnes atteintes ne sont pas soignées. •Apnées du sommeil. Ce trouble touche plus de 3 % des hommes âgés de plus de 25 ans et environ 1 % de la population nécessiterait un traitement. Seulement 5 % des gens qui ont besoin de ce traitement le reçoivent. Les proportions de patients traités souffrant d’autres troubles du sommeil sont également faibles. PROPORTION DES PATIENTS TRAITÉS Seule une faible proportion des patients souffrant de troubles psychiatriques reçoivent un traitement (Encadré VIII) et parfois seulement des années après le début des symptômes (Christiana et al., 2000). Les études des années 1980 indiquaient que les sujets hospitalisés pour dépression grave n’avaient souvent pas reçu de prescription antérieure d’un antidépresseur. Cela aurait peu changé durant les 20 années suivantes, avec seulement 17 % des sujets ayant fait une tentative de suicide dans le mois précédent prenant un antidépresseur à une posologie adéquate (Suominen et al., 1998). Quelques faits rendent compte de cette observation. Un premier fait porte sur les relations réciproques entre symptômes, souffrance et demande d’aide : parmi les personnes atteintes d’un trouble psychiatrique, toutes ne ressentent pas une souffrance comparable et, que la souffrance soit intense ou non, toutes n’ont pas la même tendance à demander une aide médicale ou psychologique. La réticence à la demande de traitement a plusieurs causes : incapacité de reconnaître la maladie (introspection ou insight), désir du patient de se débrouiller seul, idée que les manifestations disparaîtront sans traitement, manque de temps ou d’argent pour suivre un traitement, manque d’information de la population sur le diagnostic et le traitement. Les généralistes plus jeunes reconnaîtraient plus souvent les troubles psychiatriques chez les patients (Joukamaa et al., 1995), ainsi que les médecins ayant eux-mêmes des 16 troubles psychiatriques. Par ailleurs, la découverte d’un nouveau traitement peut favoriser la détection (et le traitement) de la maladie : ce fut le cas avec les médicaments antidémentiels récents et la démence de type Alzheimer ou avec le sildénafil et la dysfonction érectile. Les conséquences d’un diagnostic non posé, ou posé tardivement, peuvent être lourdes ; le patient pense que sa vie a été pénible du fait de la méconnaissance de la maladie (ou du trouble) dont il était atteint ; il peut s’en vouloir, en vouloir à ses proches, aux institutions qui ne diffusent pas assez d’informations sur la santé ou aux soignants qui n’ont pas su faire un diagnostic correct. RÉSISTANCE AU TRAITEMENT Lorsque la réponse clinique est nulle ou médiocre après plusieurs traitements, on parle de trouble résistant, une situation dont la définition varie selon les recommandations et les spécialistes : les généralistes et les internistes qui n’observent pas de réponse après la première prescription d’un antidépresseur peuvent considérer qu’il s’agit d’une impasse, alors que les psychiatres ne parlent de résistance au traitement qu’après 2 à 3 essais en monothérapie (voire après 1 à 2 essais d’association d’antidépresseurs), ainsi qu’après une révision du diagnostic, l’utilisation des techniques de psychothérapie et les données de la surveillance plasmatique des médicaments. La résistance au traitement pose la question des causes de la mauvaise réponse : diagnostic erroné, non compliance, mauvais choix du médicament ou de sa posologie, Chapitre 1 - Traitements biologiques persistance de facteurs délétères, comorbidité, sévérité intrinsèque de la maladie, etc. Résistance selon les syndromes Certains troubles ont des manifestations cliniques systématiquement résistantes (formes de retard mental, psychoses chroniques, démences, etc.). Dans d’autres cas, une résistance au traitement survient chez un patient a priori traitable, lors de troubles anxieux ou de troubles de l’humeur. Certains médecins pensent que chaque patient devrait répondre à un traitement médicamenteux et que ce n’est que la méconnaissance du prescripteur ou sa crainte de prescrire des posologies élevées, ou la méconnaissance des associations médicamenteuses bénéfiques, qui expliquent la résistance des patients : la résistance au traitement pharmacologique serait l’ exception pour toute une série de troubles psychiatriques. Je crois au contraire qu’il existe des troubles dépressifs, anxieux ou psychotiques qui résistent quelle que soit la qualité des traitements. PRÉDICTION DE LA RÉPONSE ET INDIVIDUALISATION DU TRAITEMENT La capacité de faire un pronostic de la maladie figure en première place des demandes que les patients adressent aux thérapeutes. Le clinicien prévoit (prend un pari) pour chaque patient, quant à l’utilité des médicaments, celle de la psychothérapie ou celle d’autres prises en charge ; il fait des prédictions ; par exemple « une amélioration de 50 % devrait être possible chez ce patient, avec un rôle équivalent du traitement médicamenteux et de la psychothérapie, alors que l’ évolution sans traitement ne permettrait pas d’amélioration ». Ces prédictions se font en tenant compte de la fiabilité du diagnostic, des mécanismes postulés ou connus de la maladie, des modes d’action putatifs du médicament psychotrope et de la présence de facteurs favorables ou non à la réponse au traitement. Il y a lieu de reconnaître les affections qui vont guérir spontanément (une situation fréquente dans la consultation du généraliste), celles qui ne guériront pas ou s’amélioreront peu quel que soit le traitement et celles pour lesquelles le traitement sera décisif par rapport à l’ évolution. Par exemple, une maltraitance dans l’ enfance ­s’accompagne d’une aggravation des états dépressifs et d’une moins bonne qualité de la réponse au traitement (Nanni et al., 2012). Quelques prédictions sont faciles et évidentes. Par exemple, lors d’un état mélancolique, un traitement par les électrochocs sera plus efficace qu’une psychothérapie, ou encore, lors d’une démence de type Alzheimer, c’est la capacité de prise en charge par les proches, l’incontinence sphinctérienne et les symptômes psychiatriques (déambulation, délire de concernement, etc.) qui déterminent la possibilité d’un maintien ou non du patient à son domicile. D’autres situations laissent les prescripteurs indécis ; ainsi, on ne peut qu’imparfaitement prévoir lors d’attaques de panique, si la psychothérapie ou la pharmacothérapie est plus indiquée pour un patient donné. Le clinicien peut utiliser des programmes informatiques qui sont une aide à la prédiction ; la controverse quant à la supériorité des performances de ces programmes sur ­l’ approche clinique est discutée depuis des décennies (Smail, 1971). Prédiction pour des populations de patients La prédiction de l’ évolution peut se faire sur une base statistique, pour des populations de patients. Je cite quelques exemples. L’ analyse spectrale du sommeil avant traitement antidépresseur chez 36 patient a permis de mettre en évidence des différences significatives entre patients qui allaient répondre et patients qui allaient se montrer résistants au médicament (Luthringer et al., 1995). Une concentration plasmatique élevée d’interleukine-6 (IL6) serait associée avec une non réponse aux antidépresseurs récents, alors que la concentration de brain derived nerve factor (BDNF), plus basse chez les dépressifs, n’aurait pas de valeur de pronostic de la réponse au traitement (Yoshimura et al., 2009). La réponse à un ISRS diminue lors d’administration concomitante d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) chez la souris et chez l’homme, avec chez ce dernier une différence de rémission à 12 semaines (sur 800 patients inclus) de 44,5 % sous AINS et de 55,2 % sans AINS (Warner-Schmidt et al., 2001). Certains changements de l’EEG seraient prédictifs de la réponse à la venlafaxine chez des patients ayant résisté à d’autres traitements (Bares et al., 2008). Comment le clinicien peut-il intégrer ces faits à sa pratique ? Prédiction pour un patient individuel La prédiction pour un individu donné reste difficile. Les cliniciens sont d’ailleurs peu doués pour cette prédiction, tout au moins sur la base des rares études consacrées à cette question (Schulz et Berney, 2004). Illustration clinique. Cette femme âgée de 45 ans, ayant des antécédents de toxicomanie à la cocaïne, souffre d’une dépression depuis 6 mois, liée à des conflits avec son père gravement malade. Elle a fait faire un examen paraclinique consistant en la mesure des monoamines et de leurs métabolites dans les urines. Sur la base du constat d’une valeur basse de 5-HT, le médecin a ajouté du 5-hydroxytryptophane à la sertraline. Le résultat fut la survenue de nausées, sans changement de l’anxiété ni de l’humeur. Commentaire. La mesure urinaire ou plasmatique 17 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie des neurotransmetteurs ne semble pas utile par rapport au traitement pharmacologique de la dépression, même si des responsables de laboratoires privés prétendent avoir là une variable paraclinique permettant les choix de prescription (Marc et al., 2011). Il faut expliquer aux patients que ces examens ont peu de valeur pour le diagnostic (sauf lors de phéochromocytome) et pour le choix du traitement. L’ individualisation du traitement et la prédiction de l’ évolution, 2 thèmes conjoints, forment la base de la médecine fondée sur des preuves. Les critères biologiques étudiés durant les années 1960 et les décennies suivantes n’avaient pas de grande valeur prédictive. Cette situation change avec le rôle des polymorphismes génétiques et d’autres critères biochimiques dans la prédiction de l’ évolution, par exemple avec la grande étude sur la dépression, International Study to Predict Optimized Treatment for Depression (iSPOT-D) (Williams et al., 2011). Ces évolutions techniques n’enlèvent rien à l’intérêt porté aux critères cliniques d’évolution, par exemple le fait que la survenue de plus d’émotions de valence positive durant les premiers jours de traitement antidépresseur a une valeur prédictive d’une meilleure réponse (Geschwind et al., 2011), ou que l’ amélioration à 2 semaines (chez plus de 500 patients sous duloxétine ou escitalopram) avait une valeur prédictive du bon résultat de prévention des récidives de dépression à 8 mois de traitement (Katz et al., 2009). L’ amélioration précoce, après une semaine, a également valeur prédictive du bénéfice ultérieur du traitement avec les antipsychotiques, par exemple avec l’halopéridol lors de trouble schizophrénique (Giegling et al., 2012). QUESTIONS ET CONTROVERSES Que penser du diagnostic en psychiatrie ? Les systèmes de diagnostic en psychiatrie étant avant tout descriptifs, quasiment chaque patient peut être informé d’un diagnostic : il suffit au médecin de regrouper les signes et symptômes et de reformuler ce regroupement sous l’ étiquette du nom d’un diagnostic (en suivant les règles du DSM ou de la CIM) ! Le diagnostic en psychiatrie est un objet moins délimité que la fracture d’un os et les faits suivants devraient être gardés en mémoire : un diagnostic psychiatrique décrit généralement un syndrome plutôt qu’une maladie (dont on connaîtrait l’origine et les mécanismes) et ce diagnostic se fait sans tenir grand compte de l’environnement et des expériences de la personne. Les étiquettes de diagnostic ne sont pas toujours légitimes, ne représentant parfois que des pseudo-réalités (dont dépendent des remboursement du traitement), des droits sociaux, voire des obligations de soins. De plus, différentes configurations de symptômes 18 peuvent mener à un même diagnostic psychiatrique : ces patients regroupés sous une même étiquette ont-ils les mêmes problèmes médicaux, les mêmes dysfonctionnements psychologiques et cérébraux ? Quel est le rôle de la relation médecin/malade dans le résultat thérapeutique ? En psychiatrie, de bonnes relations avec les patients représentent l’ équivalent du lavage des mains en chirurgie : une exigence pour que le traitement ait des chances d’apporter plus de bénéfices que d’ennuis. C’est un truisme. La qualité de la relation thérapeutique (therapeutic alliance) est corrélée au succès de la réhabilitation en psychiatrie (Martin et al., 2000), ainsi qu’en rhumatologie (Ferreira et al., 2013), alors que ce facteur est peu important lors de psychothérapie administrée par informatique et par Internet (Knaevelsrud et Maercker, 2006). Une relation de mauvaise qualité induit des échecs de traitement ou des EI. Illustration clinique. Cette femme quitte le service de gynécologie où elle vient d’être hospitalisée durant quelques jours. Sur le trottoir, le (jeune) médecin la rejoint et lui dit : « J’avais oublié de vous signaler que vous êtes séropositive pour le virus du SIDA ». Commentaire. Quel que soit son âge, ce médecin devrait recevoir le qualificatif d’inexpérimenté, même si le surmenage des médecins hospitaliers explique des oublis. Illustration clinique. Cette femme souffrant d’un grave trouble de personnalité borderline appelle son psychiatre pour parler de ses idées suicidaires. Cet appel survient tard en fin de journée. Il n’est qu’un des innombrables appels que cette femme a adressés à son thérapeute depuis des années, à chaque heure du jour ou de la nuit. Le thérapeute répond : « Et alors, que voulez-vous que je fasse ? ». Il téléphone à la patiente 30 minutes plus tard, inquiet. Elle répond : « Tout va bien. C’est gentil à vous de m’avoir rappelée. » Commentaire. Peut-on penser que de rappeler la patiente a permis d’éviter de la trouver morte le lendemain ? Parfois, une relation de mauvaise qualité a des répercussions favorables, inattendues. Illustration clinique. Cet homme a, de par sa maladresse, été à l’origine d’un accident qui a blessé gravement sa conjointe au niveau de la colonne vertébrale. Le (jeune) médecin hospitalier lui explique, après examen médical de sa conjointe : « C’est bon, vous l’avez pas manquée, elle ne marchera jamais plus ». Ceci enclenche le désespoir et la colère de cet homme. Il demande que sa conjointe soit transférée dans un autre hôpital, ce qu’il n’obtient que difficilement, en insistant et en se fâchant. Dans cet autre hôpital, la femme est opérée en urgence, avec un pronostic favorable de reprise de la motricité des membres inférieurs. Commentaire. Quel que soit son âge, ce médecin mérite le qualificatif d’inexpérimenté. Chapitre 1 - Traitements biologiques La qualité de la relation thérapeutique figure parmi une liste de facteurs non spécifiques qui ne sont pas systématiquement inclus dans les protocoles d’études de médecine fondée sur des preuves (Jensen et al., 2005). Or, les caractéristiques du thérapeute déterminent la relation thérapeutique et quelques études ont mis en évidence ce rôle (Del Re et al., 2012). La qualité de la relation thérapeutique dépend aussi de caractéristiques du patient et ces dernières expliquent une partie de la corrélation positive entre la qualité de la relation et le résultat du traitement, par exemple lors du traitement de jeunes adultes toxicomanes (Urbanoski et al., 2012). Que penser des programmes institutionnels de traitements spécialisés ? Ces programmes visent à regrouper les patients ayant un même diagnostic dans un système (ou un lieu) de soins offrant des traitements spécialisés. Ils ont l’ avantage de faciliter l’information des patients, de leur permettre de rencontrer des personnes ayant la même expérience qu’eux, de former des thérapeutes dans un domaine précis, de centraliser les recherches cliniques et thérapeutiques. Ces programmes représentent les équivalents des unités de cardiologie ou d’oncologie en médecine interne. Ils sont parfois critiqués sur la base d’un risque de discrimination des patients (voire des thérapeutes qui préféreraient travailler en unité spécialisée plutôt qu’en psychiatrie générale). Illustration clinique. Je me souviens d’un stage comme médecin remplaçant, durant les années 1970, dans un pavillon fermé pour hommes d’un service hospitalier de psychiatrie. Une de mes missions était d’animer la psychothérapie de groupe. Ceci consistait à réunir les patients autour d’une grande table ovale, dans la salle de réunion. Certains jours étaient plus animés : un patient souffrant de chorée de Huntington était assis contre le mur, ce qui n’empêchait pas ses amples mouvements et le risque de chute ; un patient de grande taille souffrant d’un état maniaque marchait et courait autour de la table en déclamant ; les patients dépressifs se taisaient, durée inférieure à 10 minutes (comme cela serait le cas aux États-Unis, en Grande Bretagne ou en Allemagne, alors qu’en Suisse et en France, les généralistes feraient des consultations de 15 à 20 minutes environ par patient). Or, on ne peut décider en 10 minutes d’un traitement médicamenteux psychotrope correct qu’à la condition que les critères cliniques ou biologiques justifiant la prescription et le rapport bénéfice/risque soient simples, évidents et rapides à analyser. Illustration clinique. Cette femme souffre d’un conflit conjugal qui la déprime au point qu’elle parle de suicide. Son conjoint lui répète qu’elle est une personne sans valeur qui ne fait rien de bien sans ses compétences à lui ou sans son argent. L’anamnèse révèle un alcoolisme grave chez le conjoint, ainsi qu’un abus d’autres drogues : il se réveille durant la nuit, en manque de substances, irritable et violent physiquement envers sa femme. Le clinicien reformule le fait que ce mari souffre d’une grave toxicomanie et qu’il profite de son épouse en la dévalorisant, sciemment ou non. L’épouse comprend la gravité de la pathologie de son mari et en arrive à souhaiter ne plus supporter cette situation inadmissible. Commentaire. Le rôle du thérapeute est parfois de montrer au patient comment formuler une autre compréhension de son environnement, plutôt que d’offrir des traitements visant primairement les signes et symptômes. Ce travail prend plus de 20 minutes. Une approche purement syndromique se justifie avec les médicaments à large spectre, c’est-à-dire agissant quels que soient les mécanismes psychologiques ou biologiques du syndrome. La condition pour envisager de prescrire ces traitements à large spectre est qu’ils induisent peu d’EI ou d‘interactions médicamenteuses, ce qui n’est pas le cas. L’ absence d’explication physiopathologique (tout au moins sur le plan de la biologie) est prévalente en psychiatrie et un diagnostic syndromique mène à un traitement syndromique. Ainsi, les anxiolytiques et les antidépresseurs sont le traitement syndromique des douleurs morales, de l’ anxiété, du désespoir et les antipsychotiques sont le traitement syndronique des hallucinations et des délires. de même que les patients souffrant de troubles schizophréniques, sauf celui dont les idées délirantes étaient intenses au point qu’il les explique au groupe. Commentaire. Il est plus confortable pour les patients d’être hospitalisés dans des unités spécialisées, plutôt que dans des pavillons où ils découvrent des troubles psychiatriques qu’ils n’imaginaient pas exister. Que penser des traitements symptomatiques ou syndromiques ? Prévoir un traitement syndromique évite au prescripteur de se poser la question des explorations et investigations complémentaires ; il rend possible des consultations d’une Quelle est l’efficacité des médicaments psychotropes par comparaison aux médicaments non psychotropes ? Leucht et ses collaborateurs (2012) ont comparé 98 métaanalyses portant sur 48 médicaments dans 20 maladies physiques et 16 médicaments psychotropes dans 8 troubles psychiatriques. Dans l’ ensemble, les médicaments psychotropes ont une bonne efficacité, mesurée par la DMS (effect size), même si quelques médicaments pour maladies physiques ont des DMS supérieures aux psychotropes. 19 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Quelles sont les répercussions d’un traitement médicamenteux reçu plusieurs années auparavant ? Il y a peu d’information à ce sujet. Je cite 2 études à titre d’exemple. La comparaison à l’âge adulte de groupes de patients qui ont été traités dans leur enfance ou leur adolescence avec du méthylphénidate durant 3 à 5 ans pour un trouble déficitaire de l’ attention avec hyperactivité ne montre pas de différences quant à l’ évolution par rapport à un groupe de patients non traités pharmacologiquement (Hechtman et al., 1984). Dans un travail sur 376 de 1 000 patients ayant été traités pour un trouble panique par imipramine, alprazolam ou placebo interrogés après 4 ans, les auteurs ont conclu que l’ évolution avait été ­comparable dans les 3 groupes (Katschnig et al., 1995). La non-compliance peut-elle rendre service ? Lors de prescription inadéquate, une mauvaise ­compliance peut ne pas être au détriment du patient, voire au contraire. Illustration clinique. Cette femme âgée de 55 ans, ayant un diagnostic de trouble schizo-affectif, consomme 9 mg d’halopéridol, 1 500 mg de valproate, 600 mg de clométhiazole, 30 mg de miansérine, 400 mg de célécoxib, 10 mg d’énalapril, 3 g de paracétamol, de l’aspirine, une association de 2 diurétiques, ainsi que 2 préparations multivitaminées et un antiulcéreux. Commentaire. On s’interroge quant au bénéfice de ces 13 médicaments. Les psychiatres sont-ils trop individualistes ? Les psychiatres, les psychologues cliniciens et les psychanalystes insistent sur le rôle de l’ échange entre le patient et le thérapeute : le contrat thérapeutique a lieu surtout avec un thérapeute, plutôt qu’avec une équipe en psychiatrie. Ceci rappelle la pratique de la médecine d’avant les années 1950, lorsqu’un généraliste pouvait poser la majorité des diagnostics et prévoir les gestes thérapeutiques. Depuis lors, en médecine interne, les connaissances ont augmenté en nombre et en complexité au point que la collaboration de nombreux thérapeutes s’impose dans le traitement d’un patient individuel. Serait-ce maintenant le cas en psychiatrie ? En d’autres termes, la pratique individualiste des psychiatres garantit-elle une qualité optimale des soins ? La réponse ne peut être oui que si le psychiatre, psychologue clinicien ou psychanalyste reconnaît les limites de ses capacités et sait faire appel à d’autres professionnels pour le bénéfice de son patient. 20 Illustration clinique. Cette femme dépressive a bien répondu à un traitement de 40 mg par jour de fluoxétine ; elle ne prend pas d’autre médicament. Elle développe une réaction allergique cutanée sous forme de plaques urticariennes avec un prurit important. Son psychiatre décide l’arrêt du traitement de fluoxétine et, afin d’éviter une rechute dépressive, il propose de faire cet arrêt progressivement, sur 6 semaines. Commentaire. La connaissance des essais cliniques de la fluoxétine lors de dépression aurait permis d’éviter de prescrire 40 mg. De meilleures notions de dermatologie aurait permis de comprendre que l’EI cutané est grave et nécessite un arrêt du traitement antidépresseur immédiat et la connaissance de la pharmacocinétique de la fluoxétine aurait permis de décider d’un arrêt immédiat plutôt que progressif vu la très longue T1/2b de la molécule et de son métabolite principal. Manque-t-on d’algorithmes en psychiatrie ? Les algorithmes et les recommandations appartiennent à 2 catégories : expliquer ce qui doit être fait et expliquer ce que l’ on ne peut se passer de faire sans risque. La première catégorie est abondante : les sociétés scientifiques et d’autres organismes officiels ont émis moultes recommandations, ou guidelines. La deuxième catégorie est analogue à la liste de vérification qu’entreprend tout pilote avant de faire décoller son avion. Il s’agit de garantir que les gestes nécessaires ont eu lieu et que les précautions indispensables sont prises. On manque de recommandations de ce type en psychiatrie ; pour illustration, une liste des EI à mentionner aux patients : risque de dyskinésies tardives sous antipsychotiques, de sédation et d’accident automobile sous benzodiazépines, etc. PROPOSITIONS QUANT AUX TRAITEMENTS BIOLOGIQUES Ces propositions portent sur les décisions à prendre et celles à éviter, autrement dit, quelques règles d’or, en anglais les do’s and don’ts. La liste, non exhaustive, ne devrait pas être acceptée sans critique et plusieurs propositions sont des truismes. ➔➔Choisir les indications Les systèmes de classification (DSM et CIM) offrent un diagnostic descriptif, sans qu’il soit nécessaire pour le clinicien d’explorer les mécanismes des anomalies constatées cliniquement. Les traitements sont décidés sur la base de ces diagnostics syndromiques. ➔➔Informer le patient • Il est important de clarifier les objectifs, la durée, les risques et le coût du traitement. Préciser au patient le Chapitre 1 - Traitements biologiques délai avant que l’ on puisse évaluer les effets bénéfiques des médicaments (délai souvent moyen à long) et les EI (délai souvent court). • Ne pas esquiver les questions gênantes et écouter les patients lorsqu’ils parlent des informations trouvées sur Internet. • Donner les informations quant aux comportements qui minimisent les symptômes et le risque des récidives. • Parler souvent des médicaments et rappeler au patient les noms, les posologies et les indications des médicaments qu’il consomme. • Limiter la stigmatisation inhérente aux troubles psychiatriques. Il reste de mise de conseiller au patient de rester discret (ce qui revient à garder le secret) quant à son état psychique et au traitement (par prudence, par rapport au domaine professionnel). • En cas de résistance au traitement, expliquer les mesures envisageables. Admettre, le cas échéant, que l’ on ne sait pas s’il existe un traitement qui serait efficace (si l’ on peut exclure que cette information sera ressentie comme condamnation). ➔➔Organiser le traitement en prévoyant systématiquement de : • Prescrire un médicament psychotrope si le seuil de sévérité du trouble du patient le justifie, par rapport à l’ efficience connue de ce médicament. • Réfléchir à l’utilité comparative des divers types de traitements, psychothérapeutiques, pharmacothérapeutiques ou d’autre nature. • Faire une anamnèse incluant les médicaments psychotropes et non psychotropes, ainsi que les médicaments en vente libre et les drogues. • Identifier quelles améliorations représenteront une confirmation de l’utilité du traitement et seront systématiquement évalués lors des consultations (par quelques questions ou par des échelles de psychopathologie). En pratique, on individualise cette évaluation en ne mesureant que les aspects cliniques spécifiques à chaque patient. • Prescrire les médicaments psychotropes en connaissant leurs modes d’action et leurs effets. • Faire une analyse prévisionnelle des interactions entre les maladies, entre les médicaments et entre les maladies et les médicaments. • Se souvenir que les modifications de l’ état mental d’un patient sous médication peuvent être iatrogènes : agitation, amnésie, syndrome de sevrage, etc. • Prendre des notes au sujet de l’ anamnèse médicamenteuse, de la raison des modifications des traitements et de leurs résultats. Ces notes sont nécessaires pour les patients soignées dans des institutions où les médecins ont des engagements de courte durée. • Lors du début d’un traitement en ambulatoire, voir les patients une fois par semaine, durant quelques semaines. • Poser l’indication d’une surveillance plasmatique des médicaments psychotropes (monitoring thérapeutique) lorsqu’indiqué. • Reconnaître les manifestations cliniques de la toxicité médicamenteuse ou d’un surdosage. • Reconnaître les manifestations cliniques d’un sevrage après arrêt du médicament, les distinguer des EI ou de l’ aggravation de la maladie. • Tenir compte des exigences légales concernant la prescription, par exemple les limitations de la prescription hors indication, ainsi que celles concernant la déclaration des EI. ➔➔Organiser le traitement en évitant systématiquement de : • Prescrire d’emblée 2 médicaments psychotropes pour un même symptôme ou syndrome, surtout s’ils ont un mode d’action similaire. • Conclure que le patient a besoin de médicaments psychotropes sur la seule base qu’il en consomme déjà. • Prescrire hâtivement un médicament psychotrope (par exemple, dès la première heure d’une hospitalisation), avant qu’un examen mental et physique complet n’ait été réalisé. • Modifier la posologie ou changer de médicament avant le délai nécessaire à l’ évaluation des effets du traitement. • Maintenir une prescription pour un médicament psychotrope qui s’avère inefficace (lors du passage à un autre médicament, prévoir une période sans médicament, c’està-dire une fenêtre thérapeutique, si faire se peut). • Écrire une ordonnance pour un emballage de médicament qui comporte des risques vitaux en cas de surdosage à visée suicidaire (dans le cas des antidépresseurs tricycliques ou des antipsychotiques typiques sédatifs, un risque existe avec le plus petit emballage sur le commerce). SOURCES D’INFORMATIONS http://www.hon.ch Portail de la fondation genevoise Health on the Net, qui donne accès à d’autres sites et ­comporte des informations sur diverses maladies. http://www.mentalhealth.com Ce portail comporte des revues de littérature de qualité. http://www.nami.org Portail de la National Alliance for the Mentally Ill, l’ organisation faîtière des associations de malades et de proches aux États-Unis. http:www.emc-psychiatrie.com Ce portail de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale contient le texte du Traité de Psychiatrie, accessible sur abonnement. http://www.esculape.com/prescrire Portail de la revue française Prescrire, reconnue pour son approche critique 21 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie de la prescription et son indépendance éditoriale et financière, accessible sur abonnement. http://www.quackwatch.com Stephen Barret gère un portail construit comme guide contre les fraudes et les idées fausses en médecine, une lecture passionnante ; la liste de sites analogues figure sur http://www.ncahf.org/Internet. html http://www.antipsychiatry.org Portail qui explique pourquoi et comment fuir la psychiatrie et les psychiatres ; le texte est accessible en français. http://www.behavenet.com/guidelines.htm Ce portail regroupe les adresses de nombreuses recommandations relatives au diagnostic et au traitement des troubles psychiatriques, recommandations rédigées par des associations ou des organismes officiels. http://www.nlm.nih.gov La bibliothèque nationale des États-Unis met à disposition le système Medline, un accès essentiel aux résumés des articles de périodiques médicaux. http://www.medhelp.org Un portail permettant aux patients d’obtenir des informations sur les maladies physiques et mentales, avec une section de questions et réponses. http://www.webmed.org Un portail analogue à celui ci-dessus. http://www.intelihealth.com Le portail de Havard Medical School’s consumer health information contient la description des principaux troubles psychiatriques, quelques questionnaires pour établir si l’ on est atteint, la mention des traitements et des commentaires sur les dernières nouveautés. http://www. dialogues-cns.org La revue Dialogues in Clinical Neuroscience publie des revues sur des thèmes de psychiatrie biologie et de traitement ; accessible librement, référencée par Medline. http://www.who.int Portail de l’Organisation Mondiale de la Santé, avec une liste des publications de l’ organisation, ainsi que des extraits de textes. http://www.ncahf.org Portail du National Council Against Health Fraud, une organisation dont l’ objectif est d’apporter une information de qualité sur la médecine et les traitements, d’avertir quant aux approches inefficaces et/ou dangereuses. http://www.cbip.be Portail du Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique qui donne quelques Fiches de transparence, à savoir des textes résumés sur, notamment, le traitement de l’insomnie, de l’ anxiété, des troubles démentiels. Ce portail offre également un répertoire ­commenté des médicaments. http://www.has-sante.fr Portail de la Haute Autorité de Santé française. 22 REMERCIEMENT Fabrice Duval, Natacha Premand et Davor Komplita ont fait des commentaires et des propositions utiles pour la rédaction de ce chapitre. BIBLIOGRAPHIE Awad AG, Voruganti LNP, Helsegrave RJ. Measuring quality of life in patients with schizophrenia. Pharmacoeconomics 11:3247, 1997. Bares M, Brunovsky M, Kopecek M, et al. Early reduction in prefrontal theta QEEG cordance value predicts response to venlafaxine treatment in patients with resistant depressive disorder. European Psychiatry 23:350-355, 2008. Barnett K, Mercer SW, Norbury M, et al. Epidemiology of multimorbidity and implications for health care, research, and medical education: a cross-sectional study 380:37-43, 2012. Berney P, Schulz P. Quelques préjugés et la prescription des médicaments psychotropes. Revue Médicale Suisse 1:954-957, 2005. Burlureaux C. 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International Study to Predict Optimized Treatment for Depression (iSPOT-D), a randomized clinical trial: rationale and protocol. Trials 12:4, 2011. Chapitre 2 Information sur les traitements « L’animal sait, en naissant, tout ce qu’il lui importe de savoir ; l’homme meurt lorsque son éducation est faite. » Denis Diderot (1713-1784) •Les informations sur les traitements concernent 3 domaines principaux : premièrement, les indications et l’efficacité, deuxièmement, la pharmacologie et, troisièmement, les inconvénients du traitement. •Les données sur les indications et l’efficacité portent sur le diagnostic de la maladie, l’évaluation de sa sévérité, le traitement et les modalités de la prescription (posologie, durée du traitement, etc.). Les essais cliniques figurent au premier plan pour la récolte de ces données et pour la quantification des bénéfices et risques du traitement. •Les données sur la pharmacologie portent sur les modes d’action, les effets cliniques et biologique du médicament, le métabolisme, la pharmacocinétique, la pharmacodynamique, ainsi que les précautions à prendre à l’instauration du traitement et les modalités du suivi de celui-ci. •Les données sur les inconvénients concernent les effets indésirables (EI), les interactions entre médicaments et entre maladies et médicaments, les risques lors du surdosage et ceux lors de l’arrêt du traitement. •Les développements de l’informatique, des banques de données et d’Internet ont modifié la pratique de la médecine et de la psychiatrie. Le médecin a actuellement rapidement et facilement accès aux informations sur les médicaments qu’il prescrit, par exemple en consultant sur Internet la monographie de produit. Il doit à ses patients de rechercher ces informations. •Les technologies de télémédecine et de l’intelligence artificielle dans les processus de prise de décision en médecine sont intéressantes, mais peu utilisées en psychiatrie. •La publicité informe, mais elle biaise les décisions. Patients et médecins doivent décider, face à toute information, ci celle-ci est de nature informative (partage de connaissances avec autrui) ou performative (tentative d’influencer le comportement d’autrui) ; beaucoup d’informations ont les 2 caractéristiques. •Les industries pharmaceutiques, les médias, Internet et les autres sources fournissent des informations de qualité variable : du meilleur à l’inacceptable. •Les patients acquièrent des informations sur les maladies et les traitements grâce à Internet. Leur poser des questions au sujet de ces informations évite des malentendus. 25 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie INTRODUCTION Les Encadrés I à III ont un double but. Premièrement, je donne la liste des thèmes se rapportant à chacun de 3 domaines : les indications et l’ efficacité du traitement, la pharmacologie et les inconvénients du traitement. Deuxièmement, je montre comment j’ai regroupé ces thèmes dans ce volume, c’est-àdire l’ ordre de présentation des informations. Les données de l’Encadré II résument les thèmes de ce volume, lesquels définissent la spécialité médicale de la pharmacologie clinique. Les rubriques de l’Encadré III sont évoquées de façon incomplète dans ce volume, car les EI et les interactions représentent les thèmes du volume IV. Les Encadrés I à III montrent la masse d’informations dont devrait disposer un clinicien, ce qui pose la question de l’ accès à ces informations, donc de leur diffusion. Un immense changement L’ accès rapide aux informations médicales représente une modification majeure dans la pratique de la médecine. Les portails qui permettent cet accès sont Medline, l’International Programme on Chemical Safety (INCHEM) et bien d’autres. L’European Medicines Agency (EMEA) propose également un portail intéressant, ainsi que la Haute Autorité de Santé (HAS) française et l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES). La monographie de produit, lorsqu’elle est publiée sur Encadré I. Connaissances centrées sur les maladies* •Présentation clinique. Ces données concernent les présentations, usuelles ou rares, des maladies, ainsi que leurs répercussions pour le sujet et ses proches. •Classification et diagnostic. Il s’agit des critères du diagnostic différentiel selon le DSM ou la CIM. •Prédiction de l’évolution. Cette prédiction, qui détermine le choix thérapeutique, est fondée sur la clinique et la biologie de la maladie, sur la comorbidité, sur la cosanté (j’ai proposé ce néologisme pour l’inverse de la comorbidité) et sur les compétences du patient, voire de ses proches. Une prédiction devrait être faite au sujet de l’évolution à court, moyen et long terme, sous traitement ou indépendamment d’un traitement. Les éléments favorables par rapport à l’évolution spontanée le sont aussi par rapport à l’évolution sous traitement. Le prescripteur doit également faire des paris quant à la survenue des EI et des interactions. •Sévérité. Les critères cliniques et les scores des échelles psychométriques permettent de quantifier la sévérité du trouble. Les médecins utilisent rarement les échelles de quantification de la psychopathologie (elles sont indispensables lors des essais cliniques). •Comorbidité. La comorbidité entre troubles psychiatriques figure parmi les causes de résistance au traitement. La comorbidité avec les troubles physiques complique la prescription des médicaments psychotropes. •Épidémiologie. La fréquence d’une maladie est décrite de plusieurs façons (prévalence à 6 mois, prévalence à vie, incidence, etc.). Ces données diffèrent selon qu’elles sont obtenues auprès de la population en général ou auprès de sujets consultant les services de psychiatrie ou ceux de médecine interne. Le seuil de sévérité choisi pour décider de la présence de la maladie influence les résultats des études en épidémiologie. •Physiopathologie. C’est la liste des changements en psychologie, en neuropsychologie, en physiologie, en neuroendocrinologie et en biochimie que l’on pense liés aux mécanismes du trouble. •Buts du traitement. Un énoncé des buts du traitement permet au thérapeute et au patient de se mettre d’accord sur les objectifs. •Essais cliniques. Cette rubrique porte sur les questions posées lors des essais cliniques, sur les populations étudiées et, le cas échéant, les déficiences de la méthodologie. •Méta-analyses. Ces analyses combinent en une valeur moyenne les résultats de plusieurs essais cliniques et elles augmentent la puissance de l’analyse statistique. •Traitement médicamenteux. Les critères du choix d’un médicament sont résumés sous cette rubrique : efficacité, EI, contreindications, prix. •Traitements non médicamenteux. De nombreux traitements biologiques non médicamenteux en psychiatrie représentent une alternative aux médicaments correctement étudiée. •Résistance au traitement. La résistance au traitement concerne tous les troubles psychiatriques ; les troubles de l’humeur et les troubles schizophréniques ont été le plus étudiés. * Les données de l’Encadré I ne se trouvent pas dans ce volume, mais dans le volume III et en partie dans le volume I. 26 Chapitre 2 - Information sur les traitements Encadré II. Connaissances centrées sur la pharmacologie •Classification. La classification des médicaments psychotropes peut se faire selon les effets cliniques, la structure chimique, les modes d’action pharmacologique ou selon d’autres critères. Dans ce volume, la classification utilisée est mixte, fondée sur les effets cliniques et sur les modes d’action pharmacologique. •Effets et modes d’action. Les effets et les modes d’action, à savoir la pharmacodynamique, peuvent être décrits aux niveaux de la psychologie, de la physiologie, de la neurotransmission, de la pharmacologie ou de la biochimie. J’ai choisi le terme d’effet pour décrire une conséquence d’un mode d’action donné. •Pharmacocinétique. L’absorption, la distribution et l’élimination des médicaments psychotropes sont décrites grâce à des concepts qui quantifient la vitesse et l’intensité de ces phénomènes : demi-vie d’élimination (T1/2b), clairance (Cl), etc. Les métabolites principaux sont mentionnés dans la mesure où cela est pertinent pour la clinique. •Relation entre la dose et l’effet. On dispose de peu de données sur la courbe dose/effet (ou concentration/effet) étudiée sur des populations de sujets recevant des médicaments psychotropes. Cette relation n’a quasiment jamais été étudiée sur des sujets individuels, c’est-à-dire après l’administration de posologies successives et croissantes à une même personne. •Règles de prescription. Il s’agit de la posologie, de la fréquence d’administration et d’autres aspects pratiques de la prescription, notamment les examens cliniques et paracliniques indiqués avant la prise du médicament, durant le suivi du traitement ou au moment de son arrêt. Encadré III. Connaissances centrées sur les inconvénients et les risques du traitement •Effets indésirables. La nature des EI et leur fréquence, les moyens de les reconnaître, de les prévenir ou de les traiter sont des informations importantes, de même que les critères exigeant un arrêt de la prescription. •Intoxication. Le clinicien devrait connaître les signes d’un surdosage et les conséquences cliniques auxquelles le patient se trouve exposé. •Syndrome de sevrage. L’arrêt de certains médicaments psychotropes induit un syndrome de sevrage (ou syndrome d’arrêt) et parfois la recrudescence des symptômes ayant justifié la prescription. •Interactions. On distingue les interactions maladie/maladie (influence d’une maladie sur l’évolution d’une autre maladie), les interactions médicament/médicament (de mécanisme pharmacocinétique ou pharmacodynamique, survenant entre les médicaments psychotropes eux-mêmes ou avec des médicaments non psychotropes) et les interactions maladie/médicament (influence des maladies sur la pharmacocinétique, la pharmacodynamique et les effets des médicaments psychotropes ; influence des médicaments sur l’évolution d’une maladie autre que celle pour laquelle il fut prescrit). Internet, représente une source d’information sur les médicaments et j’en recommande la lecture. SOURCES D’INFORMATIONS DES MÉDECINS Les médecins obtiennent leurs informations grâce à plusieurs sources, qui diffèrent par la qualité des informations, la facilité d’accès et le coût en temps et en argent de cet accès : avis des pairs, essais cliniques, méta-analyses et recommandations, manuels de thérapeutique, notices d’emballage, services de pharmacologie clinique, Internet, Medline, publicité. AVIS DES PAIRS L’ avis des pairs (collègues, médecins chefs, enseignants universitaires) joue un rôle déterminant ; une des missions des collaborateurs du marketing des industries pharmaceutiques consiste à convaincre les responsables d’institutions psychiatriques de l’ efficacité de leurs produits, afin qu’ils en parlent ensuite favorablement à leurs collègues psychiatres et non psychiatres. L’ avis des pairs a une grande utilité pour résoudre des questions pratiques, notamment l’ avis de médecins non psychiatres. Illustration clinique. Cet homme âgé de 50 ans signale durant la consultation chez son psychiatre une sensation de vertige survenue la veille. Le psychiatre consulte par téléphone un neurologue, ce qui permet de poser le diagnostic probable d’un détachement d’otolithe (puisque la position de la tête permettait le contrôle de la sensation de vertige), plutôt que de maladie de Ménière ou d’accident vasculaire cérébral. Commentaire. Les échanges et les discussions entre médecins représentent un aspect de la qualité des soins (aspect par ailleurs mal étudié). Illustration clinique. Cet homme âgé de 75 ans est chroniquement déprimé depuis quelques années. Il est appareillé par un CPAP pour des apnées du sommeil et un contrôle de l’oxymétrie a montré des valeurs dans la norme. Un examen Holter a mis en évidence une 27 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie bradycardie nocturne atteignant par moments une fréquence de 40/min. Le psychiatre consulte par téléphone le cardiologue pour comprendre si un pacemaker va être implanté et pour avoir l’avis du cardiologue quant aux répercussions éventuelles d’une bradycardie nocturne sur l’humeur. Commentaire. Le rôle délétère d’une bradycardie nocturne par rapport à un état dépressif n’est pas cité dans la littérature, à l’exception d’une étude signalant que la pose d’un pacemaker chez des patients souffrant d’apnées obstructives n’améliore pas les valeurs respiratoires durant la nuit (Krahn et al., 2006). Chez ce patient, le rôle de la bradycardie nocturne par rapport à l’état dépressif surtout marqué le matin, avec ralentissement psychomoteur cédant progressivement durant la journée, est resté non résolu. Un pacemaker n’a pas amélioré l’état mental. La conscience du patient d’avoir un déficit cognitif mineur et le fait de prendre une faible dose d’une benzodiazépine comme somnifère représentent 2 autres hypothèses pour rendre compte de l’état dépressif. Lors de l’ adoption par les médecins d’un nouveau médicament dans la liste de leurs prescriptions, les données des essais cliniques ont peu d’influence par rapport aux interactions informelles entre collègues ou entre médecins et représentants de l’industrie pharmaceutique ; ce constat fait en 1959 par Coleman et ses collaborateurs reste vrai. L’ institution où pratique le médecin influe sur les décisions de ce dernier et sur la qualité des soins, surtout lors du début de la formation professionnelle (Rhee et al., 1977). Les habitudes et traditions institutionnelles sont parfois telles que l’ on peut reconnaître, à partir des ordonnances écrites, l’institution dans laquelle un jeune psychiatre a reçu son éducation postgraduée ! ESSAIS CLINIQUES, MÉTA-ANALYSES ET RECOMMANDATIONS Les essais cliniques sont de première importance et chaque médecin sait qu’il devrait en connaître la teneur, mais, comme les textes religieux, ce sont des documents que chacun évoque, mais que peu souhaitent lire : on préfère entendre autrui les décoder et en offrir l’interprétation. Il existe plus de 20 000 journaux médicaux, donc des millions d’articles publiés : comment intégrer ces données dans les habitudes de pratique des médecins ? Plusieurs études montrent que les habitudes de prescription ne changent pas spontanément, même lorsque les informations ont été résumées dans des méta-analyses et que des recommandations ont été publiées dans un journal médical largement distribué. NOTICE D’EMBALLAGE ET MONOGRAPHIE DE PRODUIT Les autorités d’enregistrement des médicaments exercent un contrôle sur le contenu de la notice des médicaments 28 (caractéristiques du médicament) lors de l’ enregistrement pour commercialisation. Le dictionnaire Vidal en France et le Compendium Suisse des Médicaments contiennent ces informations. Les industries pharmaceutiques n’ont pas autorisation de modifier ce document sans en référer à ces autorités. La qualité de l’information est, pour le moins, irrégulière. J’avais souligné à l’ époque la qualité médiocre des compendiums de médicaments par comparaison au manuel Martindale (Schulz et al., 1976) et 4 décennies plus tard, le manuel Martindale est toujours d’excellente qualité et les autres compendia n’ont pas été améliorés ! Le formulaire des États-Unis, le Physician’s Desk Reference (PDR) contient depuis des années les données chiffrées de l’ efficacité clinique, une information essentielle, qui ne se trouve pas systématiquement dans les textes du Dictionnaire Vidal ou du Compendium suisse des médicaments. Je justifie par quelques exemples mon opinion critique des notices d’emballage. Ainsi, le texte pour le méthylphénidate (Ritalin®) en Suisse comporte la recommandation de pratiquer régulièrement une formule sanguine, alors que, du dire même de la firme Novartis, il n’y a pas de risque particulier d’EI sanguin avec ce médicament, mais que l’ on « manque d’information ». L’ oxcarbazépine (Trileptal®) induirait une confusion dans 20 % des cas, selon le texte du Compendium suisse ; renseignements pris, il s’agirait d’une erreur de traduction d’allemand en français : il s’agissait de vertige (dizziness) et non d’un état confusionnel. Le prazépam, une benzodiazépine, a un métabolisme qui change selon les pays. En Suisse (Demetrin®) : « le prazépam est métabolisé complètement au cours de son passage dans le foie. Le métabolite actif principal est le norprazépam ». En France (Lysanxia®) : « le prazépam est entièrement métabolisé en desméthyldiazépam lors du premier passage hépatique... ». Le terme de desméthyldiazépam devrait être remplacé par le terme nordiazépam, qui est le métabolite principal du prazépam et on ne trouve pas mention du norprazépam dans les texte de nomenclature ; les notices d’emballage suisse et française laissent donc planer un doute quant à la nature du métabolite principal (qui est le desméthyldiazépam). En France, la T1/2β de ce métabolite a une marge de variabilité de 30 à 150 heures, alors que celle mentionnée en Suisse est de 50 à 80 heures. Pour la sertraline (Zoloft®), les notices d’emballage se ressemblent entre la France et la Suisse, à une exception : en Suisse, selon le Compendium : « la prise de sertraline au cours du repas ne modifie pas de façon significative la biodisponibilité des comprimés de sertraline ». En France, selon le Vidal : « la prise de sertraline au cours du repas augmente l’ absorption d’environ 30 % ». Ceci s’expliquerait-il par les habitudes alimentaires de ces pays ? Chapitre 2 - Information sur les traitements Les notices d’emballages indiquent de longues listes d’EI, parfois à des fins de protection juridique du fabricant. Ceci ne signifie pas que ces notices sont exhaustives, par exemple, une notice pour une forme de lithium vendue en Suisse comporte, lors d’intoxication, la mention de la diurèse forcée (désuète dans cette indication) et, sous la mention de la dialyse, il n’est pas précisé le type de dialyse. Les monographies de produit sont des documents transmis aux autorités d’enregistrement des médicaments et qui comportent généralement bien plus de données que la notice d’emballage ; des monographies de produit se trouvent en accès libre sur Internet. La possibilité de distribuer des questionnaires sur Internet offre une nouvelle façon de faire des enquêtes épidémiologiques et médicales, méthode illustrée par l’ exemple de l’ étude sur le jet lag social, à savoir le non alignement de l’horloge biologique avec le temps astronomique, une enquête faite auprès de plusieurs dizaines de milliers de personnes en Europe (Wittmann et al., 2006). Des données controversées peuvent faire l’ objet d’enquêtes, avec récolte d’anecdotes cliniques, par exemple au sujet de la controverse sur l’utilité de la sécrétine lors d’autisme (SOS secretin Outcome Survey de Autism Research Institute) à partir d’un court questionnaire auprès des parents. SERVICES DE PHARMACOLOGIE CLINIQUE Consultation d’Internet par les patients Quelques hôpitaux universitaires ont développé des centres d’information sur le médicament qui donnent des renseignements aux médecins leur présentant la situation d’un patient posant problème : inefficacité du traitement, risque de tératogenèse des médicaments prévus, survenue d’EI inhabituels ou sévères. Ces services offrent la possibilité d’une exploration approfondie de la situation de patients donnés. Sous la rubrique de consultation d’un confrère, ces prestations peuvent être facturées au système des assurances maladie (dans le système sanitaire suisse). Des pharmaciens cliniciens participent à ces prestations. INTERNET Internet est une source d’informations au rôle grandissant en psychiatrie (Huang et Alessi, 1996). L’ apprentissage de l’usage de ces outils informatiques demande peu d’effort : les moteurs (générateurs) de recherche comme Google mènent à des portails sur le World Wide Web, WWW ou la toile, selon les clés d’encodage. Certains portails sont à accès limités, réservés à des médecins ou accessibles moyennant paiement. D’autres portails sont ouverts et gratuits. Lorsque l’ on connaît l’ adresse du portail, on peut l’inscrire d’emblée. On peut aussi mettre le nom du portail dans un moteur de recherche (on obtient ainsi un accès parfois plus rapide au portail que si l’ on avait inscrit l’ adresse ­complète du portail). En surfant sur le Web, le clinicien consulte des résumés de qualité émanant d’experts en psychiatrie et psychopharmacologie. Il a aussi la possibilité de consulter la documentation des associations de patients ou de leurs proches. Virtual Hospital est un terme générique pour décrire des sites d’information et de formation. Il y a eu en 1997 un premier congrès virtuel de psychiatrie, organisé par l’Université de Tübingen (Batra et al., 1999). Beaucoup de personnes se disent satisfaites de leur utilisation d’Internet à des fins médicales. Les personnes jeunes, ayant plus d’années d’éducation consultent plus souvent Internet, même si l’ on note une diminution de ces consultations au cours des dernières années (Tu, 2011). Les patients utilisent Internet pour poser un diagnostic, pour se renseigner et se préparer avant une consultation et pour vérifier ensuite les propositions du médecin (CaiataZufferey et al., 2010). La majorité des portails de santé émanent de sources commerciales, industries pharmaceutiques, compagnies d’assurance médicale, etc. Quelques portails émanent d’agences officielles : agences nationales de santé ou agences d’enregistrement des médicaments. La qualité des informations, mesurée grâce à divers outils, dont celui nommé DISCERN, varie selon les portails, ainsi que selon les thèmes concernés. Ainsi, l’information sur la dépression et les antidépresseurs est de qualité correcte, surtout dans les portails agréés par la fondation Health On the Net (HON) (Zermatten et al., 2010 ; Prusti et al., 2011). La qualité de l’information dans les portails médicaux n’est toutefois pas excellente ; par exemple, selon l’ analyse de 21 portails au sujet de la dépression, les recommandations se contredisent souvent (Griffiths et al., 2000). L’ information sur le millepertuis laisse à désirer, en particulier pour ce qui concerne les EI de cette phytothérapie (Thakor et al., 2011). L’ information sur la toxicomanie au cannabis n’est pas de bonne qualité (Khazaal et al., 2008). Certaines informations sont mensongères. Ainsi, la description sur Internet de la préparation pour maigrir nommée Lipo-XR signale que : « Chaque ingrédient possède son action unique et prouvée. La combinaison des ingrédients provoque une combustion de graisse sans précédent. » Le logo de la National Library of Medicine et celui de l’Obesity Society figurent sur ce portail. Or, les portails de ces institutions reconnues ne contiennent aucune mention de Lipo-XR et seulement quelques-uns des 13 constituants 29 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Encadré IV. Exemples de recherches d’information sur Medline* •Question. Quelle est la puissance antihistaminergique de la doxépine ? Recherche et réponse : doxepin [ti] histamine receptors donne 20 citations, dont 4 indiquent l’affinité de la doxépine pour le récepteur histaminergique H1. Cette recherche a rapidement donné une réponse précise. •Question. Un rapport élevé de concentration des acides gras essentiels oméga-6 sur oméga-3 joue-t-il un rôle dans la survenue d’un état dépressif ? Recherche et réponse : omega-6 [ti] omega-3 [ti] depression [ti] donne 2 citations. La première indique ce rapport dans le tissu graisseux de plus de 80 adolescents (Mamalakis et al., 2006). La deuxième indique que ce rapport est effectivement plus élevé lors de dépression, mais les valeurs du rapport lui-même ne figurent pas dans le résumé (Maes et al., 1996). Cette recherche a rapidement donné une réponse, mais celle-ci est imprécise. •Question. Quel est le risque de décès lors d’intoxication aux benzodiazépines sans prise concomitante d’autres médicaments ou drogues ? Recherche et réponse : (benzodiazepines [ti] AND intoxication [ti]) death NOT (alcohol) ne donne aucune référence ; (benzodiazepines [ti] AND intoxication [ti] NOT (alcohol) donne 6 références dont aucune ne concerne la question ; (benzodiazepines [ti] AND intoxication [ti] AND death) ne donne aucune référence ; (benzodiazepines intoxication death) donne 93 citations, dont des mentions d’intoxication par de nombreuses autres substances que les benzodiazépines ; une citation porte sur un décès après intoxication au flurazépam (Martello et al., 2006). En résumé, cette recherche ne fut pas un succès : elle ne donna pas d’accès aux cas connus de décès après intoxication uniquement par des benzodiazépines. Cet exemple illustre une recherche difficile. * Recherches réalisées en été 2012. de Lipo-XR ont fait l’ objet de travaux. Comment accepter, dans ces conditions, la phrase qui suit : « Freine l’ appétit et diminue l’ accumulation adipeux, brûle les calories et la graisse, stimule le métabolisme. Lipo-XR : … most promising weight loss product ». Chaque personne ne tire pas automatiquement des conclusions correctes d’une recherche sur Internet. Ainsi, le surfeur qui se renseigne sur le trouble déficitaire de l’ attention avec hyperactivité risque de tomber sur le portail rébarbatif de l’industrie pharmaceutique au sujet du méthylphénidate, ou sur le portail rassurant et accueillant pour le Pycnogénol®, un ensemble de composés du pin maritime ayant des propriétés antioxydantes. Illustration clinique. Cette femme âgée de 20 ans consulte pour un état dépressif. Lors du premier entretien, elle dit souffrir d’un trouble bipolaire, selon ce qu’elle a lu sur Internet. Le diagnostic est moins grave : trouble cyclothymique sous-syndromique, avec prédominance d’épisodes dépressifs légers et sans relation au cycle menstruel, ni à la période de l’année. Le dépistage biologique (tests thyroïdiens, exclusion d’une maladie cœliaque et d’une avitaminose) met en évidence un rapport anormal des acides gras oméga-6 sur oméga-3. Commentaire. La recherche de la patiente sur Internet l’a menée à évoquer un diagnostic inquiétant, mais faux. Beaucoup des informations sur Internet ont été rédigées en anglais. Il existe des programmes de traduction pour y avoir accès dans d’autres langues, programmes aux performances moyennes à lamentables. Amusons-nous, à partir d’un site sur la dépression et le millepertuis, avec les quelques perles d’une traduction automatique de l’ anglais : « Le moût de rue John est une usine de long-vie avec les jaunes… Normal, sain, peu coûteux et disponible au-dessus du compteur, perforatum de Hypericum a semblé être le remède rêveur pour la dépression… » 30 L’ accès à tant d’informations par Internet peut aussi générer des déceptions et des conflits insolubles pour le patient. Par exemple, la personne qui se sait atteinte de maladie d’Alzheimer peut lire que des greffes seraient pratiquées expérimentalement et vouloir subir une telle greffe. MEDLINE Medline (Medical Literature Analysis and Retrieval System Online), portail de la National Library of Medicine des ÉtatsUnis, représente le portail médical le plus souvent consulté par les professionnels de la santé. La façon la plus aisée de réaliser une recherche dans Medline consiste, comme pour toute activité humaine, à demander à une autre personne de faire le travail. Si cette stratégie échoue, il faut alors s’orienter soi-même parmi les millions de références de Medline en choisissant les mots clés et en les associant à des descripteurs tels que [ti] (dans le titre), [au] (parmi les auteurs), [pdat] (année de parution), [jo] (journal). Des chaînes peuvent être construites : (moclobemide[ti] AND da prada [au]) réalise une recherche de ce qu’un auteur nommé Da Prada a publié sur le moclobémide. L’Encadré IV illustre quelques recherches sur Medline. INFLUENCE DES INDUSTRIES PHARMACEUTIQUES Les médecins subissent l’influence des industries pharmaceutiques : ils reçoivent par la publicité des informations informatives (visant le partage des connaissances) et des informations performatives (visant l’influence sur leurs décisions de prescription). Avoir conscience de ces influences est préférable au maintien de la croyance que Chapitre 2 - Information sur les traitements le médecin prend ses décisions de façon indépendante ; il faut enseigner ce fait aux étudiants en médecine (Wilkes et Hoffman, 2001). Un tel enseignement, par exemple la présentation PharmedOut (Fugh-Berman et al., 2010), modifie les opinions des médecins et rend ces derniers plus aptes à comprendre l’impact des industries pharmaceutiques sur leurs prescriptions. L’ importance de cette influence a été étudiée et l’ on sait que les médecins dans les hôpitaux modifient leurs choix thérapeutiques et initient de nouveaux traitements à la suite des visites des délégués médicaux, notamment dans le domaine de la psychiatrie (Schwartz et al., 2001). Dans une revue de 58 études portant sur l’influence des informations issues des industries, les auteurs écrivent que la majorité des études suggèrent que les médecins plus exposés aux informations des industries pharmaceutiques prescrivent plus souvent, pour des coûts plus élevés et qu’ils rédigent des prescriptions de moindre qualité. Quelques études aboutissent à des conclusions opposées, c’est-à-dire à un effet bénéfique des relations entre les industries pharmaceutiques et les prescripteurs (Spurling et al., 2010). L’ influence des industries pharmaceutiques se fait également au niveau des infirmières, lorsque celles-ci ont la possibilité de rédiger des ordonnances pour une liste limitée de médicaments (Jutel et Menkes, 2008) : elles considèrent souvent l’information venant des industries utiles et elles distribuent volontiers les échantillons médicamenteux reçus (Ladd et al., 2010). La suppression des petits cadeaux venant des industries est bienvenue, mais elle ne rend pas pour autant les médecins indépendants des influences des industries, car on ne peut expurger tout rôle de l’industrie dans la nature de la documentation qui fonde les choix thérapeutiques ; en particulier, les publications médicales, notamment les suppléments publiés à l’ occasion de congrès régionaux, peuvent contenir des informations biaisées dans le sens du marketing : selon une étude de 11 journaux médicaux faite en Allemagne, les contenus éditoriaux des journaux gratuits correspondent plus souvent aux contenus publicitaires (mêmes recommandations de prescription) que ce n’est le cas des journaux sur abonnement (Becker et al., 2011). Illustration publicitaire. Lors d’un symposium financé par une industrie qui commercialise un nouvel antidépresseur inhibant sélectivement la recapture de la sérotonine (ISRS), une molécule à l’époque protégée par brevet, un participant demande au conférencier, professeur d’université, si la prescription du générique de enclenche une désapprobation de l’assemblée et des quolibets. Commentaire. Quelques orateurs ne font pas preuve d’une neutralité envers le médicament ; leurs noms sont connus de beaucoup et leur participation aux conférences diminue la crédibilité des informations transmises lors des congrès médicaux. La médecine moderne n’existerait pas sans les médicaments développés par les industries pharmaceutiques ; les objectifs financiers de ces industries se superposent aux objectifs thérapeutiques des médecins, des patients et des institutions de soins. Les médecins pourraient avoir avec les industries pharmaceutiques une relation de confiance, mais ceci n’est pas (ou plus) le cas : les médecins ont appris à se méfier des agissements des industries pharmaceutiques. Ils ont appris que des experts reçoivent des honoraires pour avis et conférences, notamment les experts qui rédigent les recommandations cliniques (guidelines), dont les industries financent une partie des travaux de recherche, ainsi que des essais cliniques (Choudhry et al., 2002). Ils savent que d’anciens collaborateurs de l’industrie pharmaceutique deviennent des employés d’organismes étatiques pour l’ enregistrement et le contrôle des médicaments. Ils ont entendu parler d’industries ayant caché des données défavorables à un médicament ou ayant promu un médicament hors des indications enregistrées par l’ autorité nationale de santé : elles ont été condamnées pour ces agissements (Spielmans, 2009). Les médecins savent que les congrès auxquels ils participent n’existeraient pas sans l’ argent des industries pharmaceutiques et que des sommes considérables sont dépensées pour les influencer (Lenzer, 2010). Enfin, des auteurs et institutions ont considéré que les industries pharmaceutiques ne se pliaient pas aux principes des droits de l’homme et des recommandations ont été édictées pour contrer ce manque d’éthique (Hunt et Khosla, 2010). Innovations illusoires Afin d’augmenter ou de maintenir les rentrées d’argent, des industries pharmaceutiques commercialisent des médicaments ou des formes galéniques de médicaments dont l’intérêt médical est faible. Ainsi, des formes à libération lente de médicaments n’ont aucune utilité lorsque la T/2β de la forme non retard atteint ou dépasse 8 heures (et lorsqu’il n’est pas prouvé que de limiter la valeur du pic de concentration maximale diminue la fréquence des EI). Séparer l’isomère actif de la forme racémique peut ne présenter aucun avantage autre que de permettre de relancer une protection financière par brevet. fluoxétine donnerait des résultats semblables lors de dépression. Illustration économique. L’hebdomadaire TIME a annoncé, en fin Il lui est répondu que non. Le participant dit ensuite considérer novembre 2011, que la FDA des États-Unis a accepté la mise sur qu’une telle prescription lui semble envisageable et le conféren- le marché d’une forme galénique de zolpidem contenant 1,75 mg cier répond : « En aucun cas ; j’ai déjà dit non. » ; cette réponse (pour les femmes) et 3,5 mg (pour les hommes) dans l’indication 31 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie de l’antipsychotique démarché. Commentaire. Quelques délégués créer une image de marque pour leur médicament, afin d’en retirer des profits, une exigence du marketing qui biaise les informations. Les publicités contiennent mention d’études cliniques qui corroborent les informations, mais ces études sont parfois de qualité méthodologique critiquable, ou n’ont pas été réalisées assez indépendamment de l’industrie pharmaceutique (Heimans et al., 2010). Dans la publicité, l’ accent est mis sur les apports bénéfiques des médicaments, ce qui potentialise l’ effet placebo (alors que lors des essais cliniques, la méthodologie prévue vise au contraire à contrôler et minimiser l’ effet placebo). Les rapports d’experts ou les résumés de symposium constituent à la fois une source d’informations scientifiques et un support de publicité. La publicité dans le domaine de la santé devrait obéir à des règles d’éthique et de qualité des informations, or cela n’est pas le cas, puisqu’une proportion des publicités adressées aux médecins en Europe ne mentionnent pas toujours les restrictions à la prescription, notamment celles imposées par la Food and Drug Administration (FDA) (Korenstein et al., 2001). L’ exagération, voire l’ arnaque, mais aussi le ridicule de certaines publicités laissent sans voix (Encadré V). Sur le plan graphique, les publicités comportent des images qui devraient convaincre, mais qui sont parfois d’une grande simplicité ou bêtise. Ainsi, pour la naïveté : un lion dessiné à côté d’un mouton atteste de la puissance et du peu de toxicité du produit ! Et pour la bêtise : la photographie d’un couple âgé rigolant au sommet d’un toboggan pour enfants ; l’image est bien choisie pour un anti-inflammatoire non stéroïdien, puisqu’après la descente en toboggan, on peut imaginer que l’un des 2 grand-parents aura fracturé son col du fémur ! Les publicités mentionnent des études cliniques, afin de corroborer les informations, mais ces études ne sont pas toujours de qualité méthodologique correcte, ni réalisées indépendamment de l’industrie pharmaceutique (Heimans et al., 2010). Les rapports d’experts ou les résumés de symposium constituent une source d’informations scientifiques, mais aussi un support de publicité. Déceler les informations biaisées à cause des exigences du marketing n’est pas facile. médicaux ont un bagage de connaissances réduit, au point d’être Illustration publicitaire. Dans les pages (septembre 1996) de la inquiétant par rapport à leur mission. revue News and Views, une publication de l’industrie pharmaceu- d’insomnie de milieu de nuit, c’est-à-dire chez des personnes s’étant endormies, puis réveillées sans pouvoir se rendormir. La FDA avait antérieurement refusé cet enregistrement à cause de la nécessité de mieux évaluer le risque d’effets résiduels au matin. Le journal note que les actions de la firme pharmaceutique ont augmenté de 8 % le lendemain de l’annonce de cet enregistrement. Commentaire. Reprendre une faible dose d’un somnifère au milieu de la nuit se trouve à la portée de toute personne ayant un bon couteau ou un coupe-pilule chez soi ! Une indication d’un médicament, lorsqu’une autorité nationale de santé la reconnaît, a l’avantage que l’efficacité et la sécurité ont dû faire l’objet d’une évaluation quantitative. Toutefois, on peut imaginer une multiplication sans limite des indications : qu’en serait-il de l’insomnie de milieu de nuit chez les personnes âgées, les enfants, les insuffisants respiratoires, etc. DÉLÉGUÉ MÉDICAL Le délégué médical (ou visiteur médical, ou représentant pharmaceutique) avait depuis des décennies la possibilité de passer du temps avec le médecin ; ceci devient rare, surtout dans les institutions hospitalières et universitaires : il n’est autorisé qu’à déposer les documents publicitaires au secrétariat médical et ne rencontre que rarement les médecins en formation dans les hôpitaux, et alors sous supervision d’un médecin cadre ; la distribution de stylos et des croissants du matin lui est interdite. Ces limitations et le coût salarial des délégués font que les industries pharmaceutiques diminuent le nombre de leurs délégués médicaux. Illustration publicitaire. Ce délégué médical rappelle au médecin qu’il reste à disposition par téléphone pour fournir son aide au sujet de patients difficiles et il lui indique un groupe de médecins psychiatres qui se réunissent en sa présence pour discuter de médicaments psychotropes (et obtenir validation du temps de formation postgraduée obligatoire). Commentaire. L’éthique de la pratique médicale oblige de mettre un frein à ces méthodes regrettables. Illustration. Ce délégué médical explique que le médicament influence peu l’action d’autres médicaments, car il n’interfère que minimalement avec les récepteurs. Questionné, le délégué ne peut répondre s’il s’agit d’interactions médicamenteuses pharmacocinétiques ou pharmacodynamiques dont il parle et il semble ne pas connaître la distinction entre site de fixation sur les enzymes du métabolisme hépatique et récepteurs membranaires des neurotransmetteurs. Il ne connaît pas non plus le coût journalier (élevé) tique, le paragraphe décrivant les EI de la mirtazapine mentionne PUBLICITÉ La qualité des informations issues des industries pharmaceutiques mériterait un long développement. Ces industries ont un rôle positif dans la formation des médecins ou l’information du public. Elles ont aussi la contrainte de 32 des chiffres inférieurs à ceux sous placebo pour les nausées, les diarrhées, les céphalées ou les troubles sexuels (évalués sur un total de près de 700 patients). L’augmentation de l’appétit, que l’on connaît bien avec cette molécule, ne se trouve pas dans le tableau. Commentaire. Voici une information à la fois bizarre et incomplète. Chapitre 2 - Information sur les traitements Encadré V. Quelques publicités* •« Lâcher un fil... c’est enfin facile ! » Publicité pour un traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate : une injonction simpliste. •« Echec au stress. Renforce les nerfs. Détend les muscles. Active les défenses immunitaires affaiblies par le stress. Permet la fourniture d’énergie. » Publicité pour du calcium et du magnésium, associés à la vitamine C et aux vitamines du groupe B : concepts trop généraux, mal définis. •« Harmonisation psycho-végétative en trois étapes : détente et suppression de l’anxiété, relèvement de l’humeur, stabilisation du système neuro-végétatif. » Ancienne publicité pour un antidépresseur tricyclique : généralisation de la notion d’antibiotiques à large spectre à un médicament psychotrope. * Publicités parues dans des périodiques médicaux de la Suisse francophone. Illustration publicitaire. La commercialisation du zolpidem un processus d’autorisation en cours » et l’industrie explique : (Stilnox®) a été soutenue avec les arguments que la molécule n’a « Nous réalisons une enquête auprès des médecins afin de mesu- pas la structure chimique d’une benzodiazépine et qu’elle se fixe rer leur intérêt pour ce nouveau produit et d’en apprendre plus aux récepteurs w1 (un sous-groupe des récepteurs GABA-A, ce sur leurs préoccupations concernant la dépendance à l’alcool ». qui est écrit en petits caractères quelque part dans le prospectus). Un questionnaire est joint et l’industrie s’engage à verser 1 franc Commentaire. Voici un exemple distrayant associant la confusion à la Croix-Bleue pour chaque questionnaire rempli. Le texte de la entre le mode d’action et la structure chimique à la création d’une lettre énonce : « Nous tentons nous aussi avec cette enquête de nouvelle nomenclature de récepteurs, afin de faciliter la diffusion remettre de l’ordre dans la jungle du traitement de la dépendance d’un médicament (en créant une image de marque qui différait de à l’alcool. Par votre concours, vous participez automatiquement au celle des benzodiazépines). tirage au sort de 10 bouchons à vin design de conception danoise. » Illustration publicitaire. La rispéridone a été introduite sur le marché pour le traitement en phase aiguë de la manie lors de trouble de l’humeur récurrent bipolaire. Certaines publicités envoyées aux médecins laissaient penser que cet antipsychotique était indiqué de façon plus large pour le traitement des troubles de l’humeur récurrents. Commentaire. Les informations imprécises sont (indirectement) mensongères. Illustration publicitaire. La publicité envoyée aux médecins pour l’escitalopram, isomère actif du citalopram, suggère que la plus haute affinité pour le transporteur de sérotonine (5-HTT) est un avantage thérapeutique, que l’escitalopram agit plus précocement que les autres antidépresseurs et que son efficacité est supérieure à celle du citalopram. Commentaire. Ces arguments publicitaires dépassent en enthousiasme le contenu du dossier d’enregistrement. Illustration publicitaire. Dans un journal médical gratuit largement distribué aux médecins suisses, un article mentionne 2 études portant sur la diminution des lipides oxydés et l’augmentation de l’activité de la superoxyde dismutase sous Ginkgo biloba. Le texte contient les phrases suivantes : « Selon les auteurs, ces 2 études peuvent contribuer à expliquer les effets du Ginkgo biloba dans la démence vasculaire et la démence mixte. C’est la raison pour laquelle le Ginkgo biloba devrait avoir une place bien établie dans le traitement préventif du vieillissement (anti-aging), en particulier chez les patients présentant un syndrome métabolique à un stade précoce. » Commentaire. Un tel article devrait recevoir l’étiquette de notice publicitaire, car une conclusion clinique ne saurait être convaincante sans preuve établie au niveau même de la clinique ! Illustration publicitaire. Dans une lettre aux médecins pratiquant en Suisse, cette industrie pharmaceutique annonce qu’un médicament pour traitement de la dépendance à l’alcool « a actuellement Commentaire. Cette lettre pourrait faire penser que cette industrie se préoccupe du problème de l’alcoolisme ; est-ce le cas, ou l’industrie montre-t-elle l’incompétence et la maladresse de ses dirigeants, leur mépris de l’éthique médicale ? Les médecins devraient se sentir offensés par l’évocation de la misérable obole à la Croix-Bleue, de l’offre d’un bouchon à vin et de la mention d’une « jungle du traitement de la dépendance à l’alcool ». Également, un processus d’enregistrement d’un médicament est mentionné par l’industrie, sans nommer la molécule et alors que Swissmedic, l’autorité d’enregistrement, est, quant à elle, tenue au secret tant que les décisions ne sont pas prises. C’est en pensant aux efforts nécessaires pour décoder les informations publicitaires que le Professeur Claude Victor Perrier (1930-1975), qui fut à l’ origine de la pharmacologie clinique à Genève, enseignait que « le médecin ne reçoit des industries pharmaceutiques que l’information qu’il mérite », un constat resté d’actualité. Dans plusieurs pays, il existe un gentleman agreement entre les industries pharmaceutiques et les autorités nationales de contrôle des médicaments : les médecins devraient signaler les publicités abusives. Des institutions d’état délivrent un blâme à une industrie qui aurait enfreint les règles quant à la publicité, mais la réglementation reste peu contraignante et les blâmes fort rares. Publicité envers les patients Dans plusieurs pays, les industries pharmaceutiques ont la liberté d’adresser des messages publicitaires directement aux patients, en leur expliquant qu’ils devront demander une ordonnance pour recevoir le médicament ; diffuser 33 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie les informations quant à la maladie et son traitement justifie cette sorte de publicité. Celle-ci est interdite ou très contrôlée en Europe, mais il y a moyen de détourner l’interdiction. Dans les pays où la publicité pour des médicaments sur ordonnance est autorisée auprès des patients (États-Unis et Australie, entre autres), les chercheurs ont conclu à des aspects positifs et d’autres négatifs de cette information (Mintzes et al., 2002). Le marketing des industries pharmaceutiques influence la définition même et la sévérité des situations cliniques, par exemple la calvitie ou la timidité (Moynihan et al., 2002). Les industries pharmaceutiques ont des canaux indirects pour transmettre au public des informations sur les médicaments vendus sur ordonnance : elles publient des livrets d’information, soutiennent financièrement des associations de patients ayant un portail Internet concernant les troubles anxieux, dépressifs ou démentiels. Ces documents ont l’ étiquette de service éducatif, ou educational service, mais ils offrent aussi un support pour la vente des médicaments (d’ailleurs, les industries soutiennent financièrement des associations ayant un portail sur Internet). ACADEMIC DETAILING Des programmes d’information des médecins par les médecins ont été construits en se fondant sur des stratégies de communication d’efficacité reconnue, à partir de l’ étude de délégués médicaux. Lors de ces initiatives dites d’academic detailing, ce ne sont pas des délégués médicaux, mais des médecins spécialisés qui rendent visite à leurs collègues et utilisent les meilleures stratégies possibles pour influencer la pratique médicale dans le sens de la médecine fondée sur des preuves, avec le moins possible de biais d’information issus des industries pharmaceutiques. Cela fut pratiqué notamment au sujet des antipsychotiques atypiques : en expliquant aux médecins que les avantages de ces médicaments sont moindres que ne l’indiquent les industries pharmaceutiques, une diminution de la fréquence de prescription a été observée (Benjamin et al., 2011). Des initiatives de ce type devraient être plus nombreuses en psychopharmacologie. MANQUE DE CONNAISSANCES ET MANQUE DE DIFFUSION DES CONNAISSANCES Une citation de Tchouang-Tseu (environ 400 à 300 avant J.-C.), mentionnée dans le volume I, trouve aussi sa place ici : « Les hommes font tous grand cas de ce que leur connaissance connaît, nul ne sait ce que c’est que connaître en prenant appui sur ce que la connaissance ne connaît pas. N’est-ce pas là la grande source d’erreur ? ». 34 Le manque de connaissances (ou manque réel d’informations) porte sur les questions au sujet desquelles nous n’avons pas de réponse validée par les résultats d’études cliniques ou par les opinions consensuelles d’experts. Il est à distinguer du manque de diffusion des connaissances (ou manque relatif d’information). Manque de connaissances Il est irréaliste de penser que toutes les décisions thérapeutiques sont basées sur des données objectives. Cette situation fait l’ objet de déclarations inquiètes, notamment celle de G. Martin lors du congrès Collegium Internationale NeuroPsychopharmacologicum (CINP) en 1996, au sujet des états dépressifs chez l’ enfant : « The clinician is left to manage a range of serious dilemmas in a complex field with insufficient evidence to support clinical judgement. » Si l’ on prend l’ exemple des troubles de l’humeur, on peut conclure ce qui suit. Il existe plus de 20 catégories d’états dépressifs et pour chacune de ces situations, on peut considérer 2 buts principaux du traitement, à savoir premièrement induire une rémission sans syndrome résiduel et deuxièmement prévenir une rechute du trouble de l’humeur. En considérant les 20 situations cliniques, les 2 buts thérapeutiques et 20 antidépresseurs commercialisés, on obtient un tableau avec 800 cases. Chacune de celles-ci représente une question valide. Ainsi, quelle est l’ efficacité comparative entre la sertraline et le placebo dans la prévention des rechutes d’un trouble affectif récurrent unipolaire, en l’ absence de comorbidité ? Combien de temps faut-il maintenir un traitement par la sertraline après l’ obtention d’une amélioration d’un trouble dysphorique ? Ces 800 cases ne concernent que les antidépresseurs prescrits en monothérapie : les associations entre psychotropes ou entre psychotropes et psychothérapies sont exclues. De même sont exclues les situations de comorbidité psychiatrique ou physique (troubles de la personnalité, hypertension, maladie neurologique, etc.). Le schéma théorique complet s’avère donc plus complexe que ces 800 cases. On ne disposera jamais de réponses à toutes ces questions, donc jamais d’une psychiatrie factuelle couvrant tous les thèmes ; il faut simplifier, regrouper les conclusions et pratiquer une psychiatrie factuelle réaliste, fondée sur ce qui est réellement connu au travers des essais cliniques. Manque de diffusion des connaissances Lors de manque de diffusion des connaissances, les informations existent, mais le médecin n’y a pas eu accès. Ce manque reste inévitable à cause de la somme de connaissances que le médecin devrait maîtriser, somme qui dépasse ses capacités d’assimilation. Cela étant, le médecin Chapitre 2 - Information sur les traitements Encadré VI. Évaluez vos connaissances en psychopharmacologie clinique* 1. La contraception orale est le traitement le plus efficace du trouble dysphorique prémenstruel. 2. Le lithium est inefficace en monothérapie dans le traitement d’un état maniaque en phase aiguë. 3. Le moclobémide inhibe la recapture présynaptique des monoamines. 4. Il existe des essais cliniques contrôlés portant sur plus de 5 ans dans l’étude du lithium pour prévenir les décompensations du trouble de l’humeur récurrent bipolaire de type I. 5. Le risque de crises convulsives sous clozapine est négligeable. 6. La prescription d’hormones thyroïdiennes chez le patient gravement dépressif et ayant résisté au traitement antidépresseur est contre-indiquée en l’absence d’hypothyroïdie. 7. Lors de dépression, les antidépresseurs ont la même efficacité chez l’enfant que chez l’adulte. * Les réponses se trouvent en fin de chapitre, après la Bibliographie. devrait décider si son impression de manquer d’information face à une situation donnée portera ou non à conséquences ; or, comment savoir, même intuitivement, ce que l’ on ne sait pas ? L’Encadré VI propose au lecteur une brève évaluation de ses connaissances en psychopharmacologie : les affirmations sont-elles justes ou fausses ? Le manque de diffusion des connaissances n’est pas toujours dû à l’insuffisance des efforts du médecin ; certaines informations sont peu accessibles à cause de biais de publication, dont la non publication de données défavorables aux médicaments. Le manque de diffusion des connaissances n’a pas systématiquement de répercussions pratiques. après la présentation, il demande, en privé, au formateur : « en fait, Illustration clinique. Ce patient prend de l’alprazolam depuis trouble sévère de l’attention et hyperactivité. des semaines. Après la prescription de néfazodone, il ressent une sédation importante, que le médecin attribue à cet antidépresseur (depuis lors retiré du commerce). Commentaire. La néfazodone diminue de moitié la clairance orale apparente (Clo) de l’alprazolam, ce qui équivaut à doubler la posologie des benzodiazépines métabolisées par l’intermédiaire des enzymes à cytochrome P450 CYP3A4 : le médecin n’a considéré que le rôle de la néfazodone (effectivement très sédative) et non le fait que la clairance diminuée de l’alprazolam expliquait en grande partie la sédation. le Zyprexa®, c’est quoi comme médicament ? ». Commentaire. Cette prescription aurait dû être précédée d’une recherche d’information puisque le médecin ne connaissait pas le médicament. L’ ignorance des prescripteurs quant au maniement des médicaments psychotropes peut faire que la pratique médicale n’a alors même plus la qualité indispensable d’une médecine spinale (volume I, chapitre 44), définie comme l’ ensemble des réflexes de base de la pratique médicale, par comparaison à la médecine corticale, laquelle exige réflexion face à une situation complexe et nouvelle. Illustration clinique. Ce psychiatre explique à sa patiente qu’il n’a jamais rencontré un cas aussi étrange que le sien. Un an plus tard, cette femme consulte un autre clinicien qui pose le diagnostic d’un Illustration clinique. Ce patient âgé de 55 ans, en bonne santé physique, demande son entrée volontaire en hôpital psychiatrique pour alcoolisme ; à l’entrée le soir, il est gravement alcoolisé, mais calme. Un traitement associant une benzodiazépine, un barbiturique, un antipsychotique sédatif et un antidépresseur tricyclique est instauré et le patient décède durant la nuit. Ce cas remonte aux années 1990. Commentaire. Selon les principes de la médecine spinale, on laisse « désaouler » les patients non agités avant d’instaurer un traitement de sevrage d’alcool. Selon ces mêmes principes, on considère que IGNORANCE ET INCOMPÉTENCE L’ incompétence par manque de connaissances (rencontrée dans tant d’activités humaines) peut être patente dans la prescription de médicaments. Illustration clinique. Ce généraliste est responsable d’une pension pour personnes âgées. Lors d’une visite à la pension, l’infirmière responsable lui propose de prescrire 2,5 mg d’olanzapine les alcooliques en sevrage ont a priori une hépatite et une cardiomyopathie alcooliques (transitoires toutes les 2). De plus, on ne trouve nulle part dans la littérature la recommandation d’administrer un antidépresseur dans la phase aiguë d’un sevrage d’alcool, surtout pas un antidépresseur tricyclique. Quant aux antipsychotiques, dont la prescription devrait être limitée aux situations d’agitation sévère (ce qui n’était pas le cas de ce patient), il est recommandé d’éviter les antipsychotiques typiques sédatifs à cause du risque (plus grand qu’avec l’halopéridol) d’induire des convulsions. (Zyprexa®) à une patiente. Il revient faire la visite 2 semaines plus Illustration clinique. Cette femme est anxieuse et dépressive. Elle tard et constate que la patiente va beaucoup mieux. Le même soir, reçoit depuis des années un médicament qualifié de non hormonal il assiste à un cours de formation postgraduée en pharmacologie et, pour les manifestations de la ménopause, le véralipride. À l’enquête, 35 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie ce médicament s’avère être un antagoniste dopaminergique, ce que les contre-indications à ces antidépresseurs. Le médecin décide le gynécologue prescripteur ne savait pas. À l’arrêt du traitement, la de prescrire de la fluvoxamine et il se renseigne sur la posologie prolactinémie élevée se normalise, ainsi que l’anxiété et la dépres- nécessaire chez la personne âgée. Le patient développe une cho- sion. Commentaire. Les effets indésirables médicamenteux se réo-athétose grave, exigeant son hospitalisation. Commentaire. Le manifestant par des symptômes psychiatriques posent un difficile risque d’un tel EI (très rare et inconnu du médecin) n’avait, à juste problème de diagnostic différentiel. titre, pas été pris en considération dans la décision de prescrire la Illustration clinique. Cette femme souffre d’un trouble de person- fluvoxamine. nalité borderline et ne fait pas confiance aux médecins, ne prenant Illustration clinique. Cette femme présente sous clomipramine qu’avec réticence tout traitement médicamenteux. Elle se trouve une hypomanie avec agressivité et désorganisation des pensées et dans un état dépressif mélancolique qui n’a pas répondu à une des comportements. Le médecin qui la suit ajoute de l’halopéridol, série de traitements de médecine alternative et de psychothérapie. mais maintient la prescription de clomipramine à la même posolo- Son médecin décide qu’un antipsychotique devrait être ajouté au gie durant des semaines, retardant ainsi, en théorie, la guérison de traitement. Il ne tient pas compte des antécédents de cancer du sein ; c’est la patiente qui s’aperçoit que l’amisulpride est contreindiqué, après avoir lu la notice d’emballage. Commentaire. Le l’hypomanie. Commentaire. Certains cliniciens n’interrompent pas la prescription d’un antidépresseur en cas d’hypomanie. cancer du sein n’est pas systématiquement cité comme contreindication dans les notices des antipsychotiques qui induisent une hyperprolactinémie. La situation ci-dessous montre un cas où l’incompétence et les erreurs sont moins caricaturales. Illustration clinique. Cet homme âgé de 68 ans souffre d’un parkinsonisme pour lequel il reçoit de la lévodopa ainsi qu’un autre antiparkinsonien. Depuis plus d’un an son comportement à domicile pose problème à sa femme : il déambule et s’agite parfois, dans le cadre d’une démence progressive. Depuis quelques mois, une prescription de 25 mg par jour de clozapine a été instaurée par rap- CARTE DE SANTÉ La carte de santé, ou carnet de santé, consiste en un support informatique (par exemple de la taille d’une carte de crédit), qui contient les informations médicales et administratives d’une personne (traitements actuels et antérieurs, résultats des examens de laboratoire, diagnostics probables, précautions à cause d’allergies, modalités d’assurance, etc.). La carte de santé est en application ou à l’ étude dans plusieurs pays. port à des dyskinésies dont l’origine est peu claire, probablement la Illustration clinique. Cet interniste reçoit sa patiente pour infec- lévodopa. Le patient est hospitalisé pour réévaluer le traitement et tion urinaire probable avec fièvre depuis 2 jours. Il prescrit un anti- l’origine des dyskinésies. La posologie de clozapine est augmentée biotique et un anti-inflammatoire non stéroïdien. Le lendemain, la à 2 fois 25 mg par jour avec 12,5 mg en réserve. Au troisième jour patiente appelle son psychiatre pour demander si la fièvre qu’elle d’hospitalisation, le patient s’agite, déambule, entre dans toutes présente est une raison suffisante de faire une formule sanguine les chambres des patients, ouvre et ferme les armoires. La ques- (elle n’apprécie pas les prises de sang) : cette patiente bipolaire, tion du traitement de cet état d’agitation est posée et la décision qui prend de la clozapine et du lithium, s’inquiète, comme le lui est prise d’augmenter la posologie de clozapine. Commentaire. avait recommandé son psychiatre, de sa formule sanguine en cas Une telle prescription est purement syndromique, elle ne tient pas de fièvre. L’interniste n’a pas eu l’idée de vérifier les leucocytes compte des diagnostics différentiels à faire. On peut imaginer que pour exclure une leucopénie secondaire à la clozapine, avec infec- le patient, étant hors de son milieu usuel, a pu devenir désorienté tion secondaire. Il a prescrit un anti-inflammatoire, faisant courir un et agité ; la prise de lévodopa à l’hôpital a pu être plus régulière que risque d’intoxication au lithium ; la patiente était informée de ce ce n’était le cas à domicile, ce qui expliquerait le comportement risque, mais elle n’a pas rappelé à l’interniste qu’elle prenait de la répétitif d’ouvrir les armoires ; la posologie augmentée de cloza- clozapine et du lithium. Commentaire. Le dossier de patient infor- pine a pu induire un état de confusion, surtout si le parkinsonisme matisé et accessible à tout médecin permettra de détecter les inte- n’était pas dû à une maladie de Parkinson, mais survenait dans le ractions médicamenteuses potentielles. cadre d’une démence à corps de Lewy, situation où un médicament anticholinergique aggrave les troubles de la vigilance et les hallucinations visuelles. Illustration clinique. Cet homme âgé souffre d’un état dépressif ; il est atteint d’une maladie de Parkinson. Les données de la littérature indiquent que les antidépresseurs tricycliques comme la désipramine peuvent améliorer la dépression lors de maladie de Parkinson. Avant de décider de cette prescription, le médecin demande un ECG, qui montre des extrasystoles ventriculaires nombreuses et une prolongation de l’espace QT. Les extrasystoles ne sont pas une contreindication à la désipramine, elles pourraient même diminuer sous ce traitement, en revanche, la prolongation de l’espace QT figure parmi 36 La controverse porte sur l’ avantage potentiel d’une telle carte comme moyen d’améliorer la sécurité et la qualité des soins, par rapport à un contrôle médical, social et financier jugé excessif, ainsi qu’au risque d’accès de tiers non autorisés à ces données médicales. INFORMATION DES PATIENTS Selon le dogme, les patients bien informés bénéficient plus du traitement, savent mieux contrôler les conséquences de leur trouble psychiatrique et entretiennent de meilleurs Chapitre 2 - Information sur les traitements Encadré VII. Résumé des informations à transmettre au patient •Diagnostic. Reformulation des symptômes : le nom du trouble psychiatrique, ses causes et ses mécanismes, lorsqu’ils sont connus. •Objectifs du traitement. Liste des objectifs et liste des manifestations que le patient peut évaluer lui-même pour juger si ceux-ci sont atteints. •Traitement médicamenteux. Nom commercial et chimique (dénomination commune internationale ou DCI) du médicament et son mode d’action. Efficacité du médicament pour améliorer l’évolution des symptômes, en donnant une information quantifiée de cette efficacité. •Durée du traitement. Durée prévue du traitement et modalités de l’arrêt (risques de sevrage et modalités en cas d’oubli de plusieurs doses). •Précautions. Liste des EI principaux, avec recommandation de lire la notice d’emballage (il faut rassurer le patient en indiquant lesquels sont fréquents, lesquels sont rares, parmi des listes très longues). Précautions, par rapport à la sédation et aux principales interactions médicamenteuses ou avec des drogues. •Autres traitements. Traitements à utiliser en association ou en remplacement d’un traitement médicamenteux (psychothérapie, hygiène de vie, etc.). contacts avec les thérapeutes. Les personnes bien informées prennent une participation plus active à leur traitement ou à celui de leurs proches : informer a pour but d’éviter une attitude passive du patient face à la prise de médicaments psychotropes, de potentialiser l’ effet placebo et de permettre un dialogue sur les aspects techniques du traitement (par exemple l’information qu’un antidépresseur n’agit qu’avec un délai de quelques jours à 4 semaines, et que la prise d’un comprimé de plus les jours où l’ on est particulièrement dépressif ne sert à rien). Le terme anglais de patient empowerment rend compte du rôle grandissant que prend le patient dans les décisions thérapeutiques, ce qui est favorable (Kane, 2002), à condition de laisser une bonne place aux conseils donnés par les médecins, à savoir que la patientèle ne devienne pas exclusivement une clientèle. Thèmes des informations Une liste résumée des informations à transmettre au patient figure à l’Encadré VII ; cette transmission nécessite rigueur et précision. Consentement informé Par consentement informé s’entend que les faits importants de sa maladie et de son traitement ont été expliqués au patient et que celui-ci a compris les informations reçues. En France, sur le plan juridique, la loi dite Kouchner, Loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, fixe l’ obligation d’informer. Le clinicien devrait transmettre ces informations lorsqu’il a l’impression que le patient est le plus attentif ; leur répétition est utile. Des circonstances font que le patient assimile difficilement ces informations, par exemple lors de déficit cognitif, lors d’une décompensation psychiatrique aiguë ou de conflit avec les services de soins. Le contenu du consentement informé est à moduler selon des critères culturels, ainsi que selon des critères cliniques ; le médecin garde une responsabilité quant à décider de parler ou non de certains aspects du diagnostic et du traitement. Le consentement informé est essentiel lors des essais cliniques. Illustration clinique. Cet homme âgé de 80 ans, en excellente santé physique et psychologique, accepte de participer à une étude de pharmacocinétique d’un médicament psychotrope, afin d’établir l’évolution de la clairance hépatique du médicament en fonction de l’âge. Il devrait lire et signer un consentement informé de 2 pages, mais il déclare qu’il n’est pas intéressé par ce texte et fait confiance à l’expérimentateur, déclarant : « c’est vous qui savez, vous êtes le médecin ». Celui-ci insiste et doit lire lui-même le texte. Durant l’étude, ce volontaire sain présente une hypotension artérielle sévère, mais de courte durée et sans conséquence clinique. Commentaire. Le risque d’accident vasculaire cérébral sur la base d’une hypotension artérielle ne figurait pas dans le texte du consentement informé. Qualité de l’information des patients Illustration clinique. Ce patient prend du lithium depuis plus de 10 ans. Il ne sait pas que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) modifient l’élimination du lithium, au point de faire courir un risque d’intoxication. Son médecin traitant n’est pas non plus au courant de cette interaction. Commentaire. Selon notre expérience, peu de patients prenant chroniquement du lithium ont une information correcte des interactions médicamenteuses possibles entre le lithium et les AINS ou les diurétiques. 37 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie Illustration clinique. « Mais, vous savez, docteur, ce sont les petites pilules jaunes ». Commentaire. Est-ce un signe de mauvaise information, un déni, une simple négligence ou une forme de confiance à l’égard du médecin que d’ignorer le nom des médicaments que l’on prend ou le dosage des comprimés ? Quelques troubles psychiatriques rendent malaisé le transfert d’information aux patients. Dans une étude de 27 patients recevant une psycho-éducation quant à la nature de leur trouble schizophrénique, 12 patients seulement, après 10 semaines de ce programme, nommaient leur maladie comme un trouble schizophrénique et près de la moitié pensaient que des facteurs psychosociaux étaient à l’ origine de leur maladie, plutôt que des facteurs biologiques (Hofer et al., 1998). Information des proches Les proches du patient devraient aussi être informés, afin que leurs comportements influencent favorablement l’ évolution du patient, par une meilleure reconnaissance de signes de rechute, par la distinction entre les symptômes du trouble et des manifestations de la personnalité du patient. L’ information déculpabilise les proches, lorsqu’ils pensaient avoir une responsabilité dans la survenue d’un trouble autistique ou schizophrénique chez leur enfant. Il a été proposé que l’information des familles de patients avec troubles schizophréniques se fasse sur une longue période, d’au moins 9 mois, et ce dans un cadre défini (Dixon, 1999). Supports des informations Effets délétères des informations auprès des thérapeutes La récolte de données médicales pour un patient donné permet de poser des diagnostics, mais ceci contraint les médecins à des investigations, avec le risque d’une mise en évidence inattendue de maladies ou de facteurs prédisposants à des maladies. Effets délétères des informations auprès des patients Les patients peuvent interpréter les informations sous un angle imprévu, que l’information vienne de thérapeutes ou d’autres sources. Faut-il expliquer à un jeune patient qui fait une première phase maniaque les chiffres alarmants de l’ étude d’Emil Kraepelin (1856-1926) qui a trouvé qu’après 10 ans d’évolution, la plupart des sujets ont été hospitalisés 10 fois, une observation confirmée dans des études ultérieures ? Illustration clinique. Cette femme gravement déprimée est hospitalisée en psychiatrie, pour la vingtième fois en 10 ans. En réponse à sa question sur l’origine biologique ou psychologique de la dépression, un jeune médecin lui explique la théorie selon laquelle le cerveau se sensibilise au stress à cause des dépressions répétées, au point que les décompensations deviennent spontanées, sans facteur déclenchant. La patiente téléphone le même jour au psychothérapeute qui la suit ambulatoirement et elle dit : « Les médecins viennent de me condamner à mort. » Illustration clinique. Cette femme âgée de 40 ans présente des tics En plus des notices de médicaments destinées aux patients, il existe des brochures, des livres (Tschui, 1996) et des documents en vidéo destinés aux patients ou à leurs proches, concernant les principaux troubles psychiatriques et leurs traitements. Ces documents sont rédigés par des organismes officiels, par des associations de patients ou de proches, par des industries pharmaceutiques. Ces documents abordent des récits de vie, les conséquences sociales, familiales et professionnelles des troubles mentaux, les difficultés et les incompréhensions entre patients et membres de la famille ou médecins, ainsi que le rôle des traitements. moteurs et vocaux d’intensité moyenne, qui ont mené à un retrait d’ac- EFFETS DÉLÉTÈRES DES INFORMATIONS négligeant d’apprécier les autres facettes pénibles de son existence, La diffusion des informations peut avoir des conséquences imprévues et désagréables. Eugen Bleuler (18571939) a proposé, dans son manuel de psychiatrie publié en 1924, le terme iatrogène pour décrire la peur que le patient ressent lorsqu’il est informé de résultats anormaux des tests pratiqués. 38 tivités telles que les sorties au restaurant, au théâtre ou au cinéma, et à un état dépressif chronique. Le diagnostic de maladie de Gilles de la Tourette avait été évoqué, mais un psychiatre avait également parlé, il y a peu, de tics nerveux d’origine psychologique. Le médecin consulté en dernier lieu propose de préciser le diagnostic, prend contact avec 2 neurologues qui avaient vu la patiente et informe celle-ci qu’il n’y a pas d’hésitation quant au diagnostic de Gilles de la Tourette. Depuis lors, elle s’angoisse d’avoir transmis la maladie à ses 2 enfants. Illustration clinique. Cet homme a abusé des benzodiazépines et il a lu sur un portail Internet que les manifestations d’un sevrage de benzodiazépines peuvent durer des années. C’est cette information qui lui fait penser que toutes ses difficultés viennent de ce sevrage, donc d’y apporter les correctifs nécessaires. Commentaire. Internet peut s’avérer aussi toxique qu’une personne qui s’attribuerait le droit de nommer, sans preuve, le mal dont une autre personne est atteinte. La demande d’obtenir la transparence dans les informations transmises par les thérapeutes a parfois des désavantages. Il arrive que la stigmatisation soit augmentée plutôt que diminuée par le transfert de connaissances. Chapitre 2 - Information sur les traitements Illustration clinique. On apprend à cette adolescente de 14 ans que sa mère souffre d’un trouble bipolaire. Dès lors, les rapports entre la mère et l’adolescente se péjorent, la fille ne voulant pas discuter avec une mère qu’elle considère comme une malade et à laquelle elle reproche sa maladie chaque fois que cette dernière émet un ordre clair ou une demande justifiée, mais jugée déplaisante par l’adolescente. Commentaire. Informer quant au diagnostic de bipolarité peut faire que les enfants critiquent les interventions éducatives sous le prétexte que « maman est malade ». Illustration clinique. Cette femme âgée de 65 ans présente depuis des décennies des états dépressifs récurrents avec anhédonie, aboulie, hypersomnie et clinophilie. Ces dépressions durent plusieurs mois et sont suivies de périodes avec moins de sommeil, une hyperactivité motrice évidente, un grand bonheur, mais pas de dépenses inconsidérées. Après des années d’évolution, la lamotrigine est prescrite. L’objectif de prévention des épisodes dépressifs est clairement énoncé à la patiente. Celle-ci se familiarise également avec le terme de maladie bipolaire et évoque ce diagnostic à une amie qui lui répond : « Oh, ma pauvre, quelle horreur ». Elle en parle également à son meilleur ami qui minimise cette information : « Si c’était comme ça, tout le monde serait en psychiatrie. » Quelques jours plus tard, Pharmacothérapeutique (CBIP), pour la France, le répertoire de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM, qui a remplacé l’Agence Française du Médicament) ou le dictionnaire Vidal, pour la Suisse le Compendium Suisse des Médicaments. L’ accès le plus rapide à la réponse est offert par le CBIP et le Vidal ou l’ANSM (si l’ on inscrit sur Google : ANSM et répertoire). Comment accéder à un résumé des caractéristiques du produit ? Il est facile et gratuit de consulter le répertoire de l’ANSM. L’ accès aux monographies du dictionnaire Vidal est réservé (l’ accès à la fiche médicament grand public est gratuit). L’ accès au Compendium Suisse des Médicaments qui donne la notice du médicament pour les patients et celle pour les prescripteurs est libre et gratuit. Malgré ces sources, il n’est pas évident de trouver rapidement une bonne description d’un médicament ; lorsqu’existe une monographie de produit sur Internet, on a là une source exhaustive d’information. il prend néanmoins l’initiative d’organiser une réunion avec le mari de la patiente, sans la présence de cette dernière ; l’ami a trouvé sur Internet et imprimé un document destiné aux proches de malades bipolaires, document qui évoque les souffrances des proches. Le mari refuse la réunion. La patiente lit le texte imprimé et s’affole de la mention de délires qui peuvent arriver lors de trouble bipolaire. Le médecin doit la rassurer, en expliquant que chaque personne a une évolution propre de ce trouble et qu’elle n’a jamais présenté de délire et n’en présentera jamais. Commentaire. Prendre connaissance de l’étiquette donnée à ses difficultés psychologiques peut apporter un soulagement (comme dans le cas du trouble déficitaire d’attention avec hyperactivité), mais également être à l’origine d’un bilan dévalorisant : « Je suis un malade psychiatrique ». Illustration clinique. Ce médecin consulte un collègue pour des douleurs des doigts, avec une rougeur sur les deuxièmes et troisièmes phalanges. Les examens radiologiques sont sans particularité et la recherche du facteur rhumatoïde pour exclure une polyarthrite rhumatoïde s’avère négative. Le collègue annonce alors que la polyarthrite peut rester séronégative durant des années. Cette information complétait la consultation et indiquait la grande compétence technique du collègue consulté. Elle n’a fait qu’angoisser le médecin qui venait comme patient. Commentaire. Plus d’information peut nuire. Les étudiants en médecine, les médecins et le personnel infirmier sont-ils menacés d’hypochondrie du fait de leur savoir médical ? QUESTIONS ET CONTROVERSES Comment savoir si un médicament est commercialisé ? Si l’ on cherche à savoir si un médicament donné est commercialisé ou non, on peut consulter sur Internet, pour la Belgique, le Centre Belge d’Information Comment savoir si un médicament a été refusé à l’enregistrement ? Il n’y a pas de moyen facile pour obtenir une liste de médicaments qui ont été présentés aux autorités d’enregistrement et dont celles-ci ont refusé la commercialisation. Ceci est regrettable. Pourquoi connaît-on bien ce qui importe peu cliniquement et mal ce qui importe beaucoup ? La littérature au sujet des médicaments contient une abondance d’informations sur des faits faciles à mesurer et une pauvreté relative d’informations sur des situations complexes et difficiles à quantifier. Les faits faciles à mesurer sont la pharmacocinétique, l’ efficacité à court terme, la fréquence d’EI ou d’interactions clairement définis, etc. Ces données simples abondent dans les textes officiels (Compendium Suisse des Médicaments, Dictionnaire Vidal), mais elles ont une pertinence limitée : connaître la valeur de la concentration (Cmax) au moment (Tmax) du maximum du pic de concentration plasmatique après la prise d’une dose unique ne sert à peu près à rien. Connaître le moment du Tmax n’est utile que pour la prescription d’un somnifère (et encore, on peut penser qu’une préparation galénique d’un somnifère devrait assurer une absorption rapide du produit). Dans la catégorie des faits difficiles à mesurer, on trouve la prédiction de la réponse thérapeutique pour un patient donné, l’influence de la comorbidité (bénéfices d’un 39 Partie 1 - Médicaments en psychiatrie médicament psychotrope lors de dépression chez les patients cancéreux), l’utilité ou les risques des associations médicamenteuses, etc. Certaines de ces informations importantes ne figurent pas dans les notices sur les médicaments, n’étant pas exigées des autorités d’enregistrement. Informer les patients améliore-t-il leur évolution ? Lors des troubles démentiels à leur début, l’information des patients et des proches permet d’expliquer ce que l’ on sait de l’ origine de la démence, de ses manifestations et son évolution ; en apportant ces informations, on souhaite faciliter la compliance et minimiser les sources de conflits entre les proches et le patient. Cela peut aussi aboutir à des réactions telles que dépression, désespoir et idées de suicide. Le clinicien ne peut que mal prédire les réactions du patient et ne sait comment adapter les informations qu’il donne. L’ utilité de l’information dépend également du contexte de la pratique médicale, ce que les états démentiels illustrent bien : leur dépistage se fait quasiment en routine dans les pays ayant des institutions spécialisées pour la recherche et le traitement de ces patients ; dans d’autres pays, on hésite encore à poser un tel diagnostic à la phase précoce et à en informer les malades, notamment car les institutions de soins sont rares et les médicaments coûteux. Avec le cas de l’ autisme chez l’ enfant, les pédopsychiatres, dans leur grande majorité, informent les parents, et ce d’autant plus qu’ils pensent que les résultats des recherches auront un impact sur le traitement. Les raisons de différer l’ annonce sont l’incertitude quant au diagnostic et l’ appréhension quant aux réactions de l’enfant et des parents. Les patients lisent les notices d’emballages et certaines données, comme les effets indésirables rares mais sévères, peuvent les inquiéter. Illustration clinique. Cet homme âgé de 35 ans souffre d’un trouble obsessionnel-compulsif exigeant de lui 3 heures de vérification quotidienne de l’ordre des objets dans son appartement. Une posologie prudente (un demi comprimé) d’un inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine est prescrite. Le patient ayant lu la notice du médicament est persuadé que les changements respiratoires (mineurs) apparus depuis le début du traitement ont pour origine une atteinte pulmonaire. Le traitement a été maintenu sans complication durant plusieurs semaines et a eu un effet bénéfique sur la symptomatologie obsessionnelle. Commentaire. La liste des EI rheumatica nécessitant un traitement de prednisone et de méthotrexate, avec disparition des douleurs. Commentaire. Faut-il informer la patiente de l’existence d’un article médical suggérant une relation entre la prise de statines et la polymyalgia rheumatica, relation établie à partir d’une banque de données de l’Organisation Mondiale de la Santé et quelques rapports de cas (de Jong et al., 2012) ? Cette exhaustivité des informations transmises est-elle souhaitable du point de vue de l’évolution clinique ? J’ai pour habitude de demander aux patients, en début d’un traitement médicamenteux psychotrope, que, si des manifestations surviennent qui les étonnent, ils m’en informent rapidement par téléphone. Je leur signale également que la liste des EI dans la notice est longue en partie pour des raisons légales. Certains patients disent éviter de lire la documentation qui accompagne l’ emballage du médicament. Illustration clinique. Cette femme âgée de 50 ans a débuté depuis 4 jours un traitement de baclofène hors indication, dans le contexte d’un alcoolisme. Elle se plaint de gêne respiratoire et de constriction thoracique. Elle explique que cela peut venir du fait qu’elle a lu la notice du médicament et regrette de l’avoir fait. Elle pense aussi que ces manifestations respiratoires pourraient être dues à son état d’anxiété chronique avec des phases d’anxiété aiguë, état qui dure depuis des années. Commentaire. La mention de cette difficulté respiratoire a mené à l’arrêt temporaire du baclofène, puis à une reprise du traitement après 5 jours, vu la persistance des difficultés respiratoires. Il y avait lieu d’exclure un syndrome DRESS (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms), à savoir une hypersensibilité médicamenteuse avec éruption cutanée sévère et atteinte d’autres organes. Le délai court après instauration du traitement et l’absence de signes cutanés parlaient contre ce diagnostic. Que penser du rôle du pharmacien dans la dissémination des informations sur les médicaments ? Le rôle du pharmacien pour informer les clients est difficile, puisque qu’il devrait connaître la totalité des médicaments, leurs indications, effets bénéfiques, EI et interactions. Vu son importance, ce rôle a fait l’ objet d’études randomisées (Rubio-Valera et al., 2011). En Suisse, les pharmaciens d’officine ont obtenu qu’une taxe soit remboursée par les assurances maladie, taxe rétribuant l’information qu’ils donnent au sujet des médicaments prescrits par les médecins (il n’y a pas de taxe pour les médicaments vendus en automédication). des inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine est longue et ce patient a curieusement mis l’accent seulement sur un problème rare. Illustration clinique. Cette femme prend une statine depuis 5 ans. Elle se plaint de la survenue récente de douleurs dans les jambes et interrompt son traitement sur le conseil de son interniste. En 2 semaines apparaît une symptomatologie de polymyalgia 40 QUESTIONS PRÉLIMINAIRES À UNE PRESCRIPTION, VERSION POUR LE PRESCRIPTEUR Le prescripteur devrait se poser une série de questions avant d’écrire une ordonnance. La liste ci-dessous est Index1 academic detailing 34 acamprosate 553-554 acceptance and commitment therapy 622 acide gamma-hydroxy-butyrique (GHB, g-OH) 489-491 courbe dose/réponse 107 pharmacodépendance 490 soumission chimique 495-496 acides gras oméga-3 330-331 acupuncture 686-687 adrafinil 540 âge antipsychotique 399 pharmacocinétique 130 agomélatine 324-326 surveillance plasmatique 232 agonistes b2 335 agonistes du récepteur central à benzodiazépines 455-467 alprazolam 463 bromazépam 463 clobazam 463 clonazépam 463 clorazépate 463 diazépam 464 flunitrazépam 464 flurazépam 464 kétazolam 464 lorazépam 464 midazolam 464 oxazépam 464 nordazépam 464 pharmacodépendance et addiction 461 puissance 459 sevrage 462-463 soumission chimique 496 témazépam 464 triazolam 464 algorithme 20 alimémazine 405 alprazolam 463 amantadine 530 amineptine 321 amisulpride 421 surveillance plasmatique 238 amitriptyline 269 surveillance plasmatique 232 amoxapine 269 amphétamines 536-537 analyse transactionnelle 627 antagoniste du calcium 519 antagonistes du récepteur noradrénergique a2 299-304 miansérine 302 mirtazapine 302 yohimbine 302-303 antagonistes du récepteur noradrénergique b 483-488 aténolol 486 métoprolol 486 oxprénolol 486-487 pindolol 487 propranolol 487 timolol 485 sevrage 486 antagonistes du récepteur sérotoninergique 5-HT2 295-298 trazodone 296-298 sevrage 297 anti-androgènes 568 anticholinergiques 561-566 bipéridène 564 procyclidine 564 scopolamine 564-565 sevrage 564 trihéxyphénidyle 565 antidépresseurs 249-338 antidépresseurs dopaminergiques 317-322 antidépresseurs mélatoninergiques 323-328 antagonistes du récepteur sérotoninergique 5-HT2 295-298 antagonistes du récepteur adrénergique alpha-2 299-304 autres antidépresseurs 329-338 association d’antidépresseurs 258 classification 250 courbe dose/réponse 106 effets et modes d’action 253-256 effets indésirables 256-257, 260 efficacité 252-253 indications 251-252 1. La rubrique intitulée Questions et controverses et celle intitulée Recommandations se trouvant systématiquement à la fin de chaque chapitre, elles sont omises de cet index. Il en va de même des rubriques Effets et modes d’action, Efficacité, Effets indésirables, Indications, Interactions, Intoxication, Métabolisme et pharmacocinétique : ces rubriques figurent presque systématiquement dans chaque chapitre. Les numéros de pages en gras indiquent les passages les plus importants pour chaque sujet. 779 Traitements biologiques en psychiatrie inhibiteurs non sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (antidépresseurs tricycliques) 265-272 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine 273-280 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline 281-286 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine 295-299 inhibiteurs non sélectifs et irréversibles de la monoamine oxydase de type A 305-310 inhibiteurs sélectifs et réversibles de la monoamine oxydase de type A 311-316 interaction avec les médicaments 256 interaction avec les maladies 256 intoxication 256 pharmacocinétique 256 posologie 60-63 règles de prescription 60-63 prédiction de la réponse 220 sevrage 257 sujets sains 259 surveillance plasmatique 232-236 antidépresseurs dopaminergiques 317-322 amineptine 321 bupropion 319-320 pramipexole 320 sélégiline 320 sevrage 319 antidépresseurs mélatoninergiques 323- 327 agomélatine 324-327 antidépresseurs, autres 329-338 acides gras oméga-3 330-331 5-hydroxytryptophane 331 L-tryptophane 332 kétamine 332 phénylalanine 333 L-tyrosine 333 S-adénosyl-méthionine 333-334 tianeptine 334-335 antiépileptiques récents 64, 379-384 oxcarbazépine 381-382 surveillance plasmatique 237 tiagabine 381 topiramate 382 vigabatrine 383 antihistaminiques 492-493, 568 780 cyproheptadine 568 flunarizine 569 hydroxysine 569 méthysergide 569 pizotifène 569 antioxydants 518, 582 antipsychotiques 387-446 antipsychotiques atypiques 415-433 antipsychotiques typiques incisifs 409-414 antipsychotiques typiques sédatifs 404-408 antipsychotiques à action prolongée 435-446 association d’antipsychotiques 396 choix de l’antipsychotique 396 classification 388, 391 courbe dose/réponse 106-107, 397 étoiles de Bobon 391 posologie 65-67 prédiction de la réponse 221 puissance et équivalents de chlorpromazine 393-394 règles de prescription 67 surveillance plasmatique 237-240 antipsychotique atypiques 415-433 amisulpride 421 aripiprazole 421-422 arsénapine 422 clozapine 422-423, 429 lurasidone 423 olanzapine 424-425 palipéridone 425 quétiapine 425 rispéridone 426-427 relation dose/effet 419 sertindole 427 sevrage 421 sulpiride 427 sultopride 427 surveillance plasmatique 237-240 tiapride 428 ziprasidone 428 antipsychotiques typique incisifs 409-414 flupentixol 412 fluphénazine 412 halopéridol 412 perphénazine 412-413 pimozide 413 pipampérone 413 posologie 65-67 prédiction de la réponse 221 puissance et équivalents de chlorpromazine 393-394 sevrage 411 surveillance plasmatique 237-240 antipsychotiques typique sédatifs 404-408 alimémazine 405 carpipramine 405 chlorpromazine 405 chlorprothixène 405 cis-clopenthixol (zuclopenthixol) 406 clothiapine 406 cyamémazine 406 loxapine 406 périciazine 406 posologie 65-67 prédiction de la réponse 221 promazine 406 puissance et équivalents de chlorpromazine 393-394 sevrage 405 surveillance plasmatique 237-240 thioridazine 407 zuclopenthixol (cis-clopenthixol) 406 antipsychotiques à action prolongée 435-446 clopenthixol à action prolongée 441 flupentixol à action prolongée 441 fluphénazine à action prolongée 441 halopéridol à action prolongée 441 olanzapine à action prolongée 441 palipéridone à action prolongée 441-442 penfluridol à action prolongée 442 rispéridone à action prolongée 442 passage d’un antipsychotique non retard 439 passage d’un antipsychotique retard 440 posologie 438 surveillance plasmatique 237-240 zuclopenthixol à action prolongée 443 anxiolytiques et somnifères 449-499 agonistes du récepteur central à benzodiazepines 455-468 antagonistes des récepteurs noradrénergiques b 483-488 association d’anxiolytiques ou de somnifères 450 Index autres modulateurs du récepteur GABA-A 469-474 autres anxiolytiques et somnifères 489-495 classification 451 inhibiteurs de l’influx calcique 475-482 posologie des anxiolytiques 68 posologie des somnifères 69 règles de prescription des anxiolytiques 68-69 règles de prescription des somnifères 70 sevrage 452 soumission chimique 496-497 anxiolytiques (autres) et somnifères (autres) et soumission chimique 489-498 acide gamma-hydroxybutyrique (GHB, g-OH) 490-491 antihistaminiques 492-493 captodiame 494 barbituriques 493 buspirone 493-494 chloral 494 clométhiazole 494-495 étifoxine 495 apomorphine 530-531 aripiprazole 421-422 surveillance plasmatique 238 aromathérapie 687-688 arrêt de la prescription 52-53 asénapine 422 aténolol 486 atomoxétine 282-284 automédication 54-55 ayahuasca 703 azapirones 335-336 baclofène 569 barbéxalone 540 biais de publication 156 bibliothérapie 625 biodisponibilité 113 biofeedback 688 biologie moléculaire 758-759 bipéridène 564 brofaromine 314 bromazépam 463 bromocriptine 531 brompéridol 413 buprénorphine 547 bupropion 319-320 surveillance plasmatique 232-234 cabergoline 530-531 café 667 caisson de privation sensorielle 688-689 carte de santé 36 carbamazépine 369-373 surveillance plasmatique 237 carbimide de sodium 555-556 carnitine 582-583 carpipramine 405 cétirizine 575 charbon activé 116, 570 antidépresseurs tricycliques 270 lithium 357 valproate 367 chélateurs 519 chlorpromazine 405 équivalents de chlorpromazine 393 chlorprothixène 405-406 chronothérapie 645-652 cimifuga 667 cinnarizine 519 cis-clopenthixol (zuclopenthixol) 406 citalopram 277-278 surveillance plasmatique 234 clobazam 463 clomipramine 269 clonazépam 463 clonidine 556 clopenthixol à action prolongée 441 clorazépate 463 clothiapine 406 clozapine 422, 429 surveillance plasmatique 232 co-dergocrine 517 coenzyme Q10 583 codéine 547-548 Collaboration Cochrane 166-167 compléments alimentaires 689-691, 702 compliance 13-15 concentration maximale 114 concentration en plateau de dosage itératif 114 conférences de consensus 191, 192 constatations 711-721 causalité des changements cliniques 712 science et psychiatrie 713 diagnostic psychiatrique 714-715 essais cliniques 717 industrie pharmaceutique 720 information des patients 716 médecine alternative 719 pharmacodépendance 720 psychiatrie et société 717-718 troubles sous-syndromiques 715 croyance et préjugés 10-13 courbe dose/réponse, voir relation dose/effet (191-110) cyproheptadine 568-569 D-cyclosérine 583 dantrolène 570 déhydroépiandrostérone (DHEA) 583-584 délégué médical 32 demi-vie d’absorption 114 demi-vie d’élimination 116 désipramine 269 dextrométhorphane 496, 548, 551 soumission chimique 496 diagnostic polymorphisme des enzymes du métabolisme 131 sévérité du trouble 217 diazépam 464 dibenzépine 269 différence des moyennes standardisée (DMS) 163, 165 différences individuelles et prédiction de la réponse au traitement 215-225 âge et sexe 217 contre-régulations physiques 217 contre-régulations psychologiques 217-218 loi de la ligne de base 218 médecine et psychiatrie prédictive 222 origine des différences individuelles 216 origine ethnique 217 pharmacocinétique 218 pharmacodynamique 218-219 polymorphisme génétique 219 réponse aux antidépresseurs 220 réponse aux antipsychotiques 221 réponse aux stabilisateurs de l’humeur 221 sévérité du trouble 217 disease management 209 disulfirame 556 781 Traitements biologiques en psychiatrie dompéridone 398 donépézil 509 dosulépine 269 doxépine 269-270 dropéridol 413 duloxétine 289-290 surveillance plasmatique 234 économie de la santé 205-212 brevets 209 disease management 209 historique 206 pharmaco-économie 206 managed care 209 médicaments génériques 209 méthodologie 207-208 qualité des soins 209-210 quelques chiffres 208 remboursement 209 effect size 163, 165 effet placebo, voir placebo (169-177) effet nocebo 170, 176 effets délétères des informations 38-39 efficacité 105 efficacité du traitement 7-9 efficience 105 électrochocs, voir thérapie électroconvulsive (593-601) enzymes à cytochrome P450 123 enzymes de réactions de phase II 123 équivalents de chlorpromazine 393-394 erreurs de prescription 51-52 erreur de type I ou II 140-141 escitalopram 278 surveillance plasmatique 234 essais cliniques 147-158 biais de publication 156 critères d’évaluation 150 éthique et réglementation 151 étude pivot 154 études de cas individuels 150 futur des essais cliniques 156 hypothèses 150 importance du placebo 151 innovations 756 nombre de sujets 151 non-suivis 154 qualité des essais cliniques 153 qualité de vie 151 sécurité des médicaments 153 simple ou double insu 151 782 surveillance plasmatique 155 terminologie et catégories d’études 148 traitements non médicamenteux 152 éthique commissions d’éthique 202 industries pharmaceutiques 200 réglementation des essais cliniques 151 placebo 174 qualité des soins 199 étoiles de Bobon 98, 391 évaluation du traitement 9-10 exercice physique 690-691 eye mouvement desensitization and reprocessing 627 fleurs du Dr Bach 674 flumazénil 464-465 flunarizine 569 flunitrazépam 464 flupentixol à action prolongée 441 flurazépam 464 fluoxétine 278 surveillance plasmatique 234 flupentixol 412 surveillance plasmatique 239 flupentixol à action prolongée 441 fluphénazine 412 fluphénazine à action prolongée 441 fluvoxamine 278 surveillance plasmatique 234-235 fraction libre 117 gabapentine 479 galantamine 512 gamma-OH (g-OH, GHB) voir acide gamma-hydroxybutyrique (490-492) génériques pharmacocinétique 118 pharmaco-économie 209 génotype du métabolisme médicamenteux 131 surveillance plasmatique 242 ginkgo 519, 667-668 ginseng 668-669 glutamate 584 glycine 398, 583 goséréline 568 guanfacine 556 guarana 669 guidelines 191 5-hydroxytryptophane 331-332 halopéridol 412 surveillance plasmatique 239 halopéridol à action prolongée 441 homéopathie 691 hormones thyroïdiennes 570-571 hydroxyzine 569 5-hydroxytryptophane 331-332 hypnose 691 ibogaïne 558 ignorance et incompétence 35-36 image du médicament 11 imipramine 269 incompétence et ignorance 35-36 indications reconnues officiellement 47 indications non reconnues officiellement 47 industrie pharmaceutique 30-31, 200, influence des industries 30 information des patients 36-38 information sur les traitements 25-44 academic detailing 34 carte de santé 36 délégué médical 32 effets délétères des informations 38-39 ignorance et incompétence 35-36 influence des industries 30 information des patients 36-38 Internet 29 manque de connaissance 34 Medline 30 notice d’emballage et monographie 28 publicité 32-34 question préliminaires à une prescription 40-41 sources d’informations 27 inhibiteurs de l’influx calcique 475-482 énacarbil de gabapentine 478 gabapentine 475-479 prégabaline 479 sevrage 479 inhibiteurs non sélectifs de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine (antidépresseurs tricycliques) 265-280 amitriptyline 269 amoxapine 269 clomipramine 269 désipramine 269 Index dibenzépine 269 dosulépine 269 doxépine 269 imipramine 269 maprotiline 270 nortriptyline 269 opipramol 270 protriptyline 269 sevrage 268 trimipramine 269 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine 273-280 citalopram 277 escitalopram 278 fluoxétine 278 fluvoxamine 278 paroxétine 278 relation dose/effet 274 sertraline 279 sevrage 277 syndrome sérotoninergique 277 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline 281-285 atomoxétine 282-285 reboxétine 282-285 relation dose/effet 291 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine 287-293 duloxétine 289 milnacipran 290 sevrage 289 venlafaxine 290-291 inhibiteurs non sélectifs et irréversibles de la monoamine oxydase 305-309 iproniazide 305 phénelzine 305 précautions alimentaires 307 sevrage 268 tranylcypromine 305 inhibiteurs sélectifs et réversibles de la monoamine oxydase de type A 311-315 brofaromine 314 moclobémide 312-315 sélégiline 314 sevrage 314 toloxatone 314 innovations et traitements médicamenteux 753-778 antidémentiels (hypothèses pour de nouveaux) 769-772 antidépresseurs (hypothèses pour de nouveaux) 760-763 antipsychotiques (hypothèses pour de nouveaux) 764-766 anxiolytiques (hypothèses pour de nouveaux) 767-770 autres médicaments psychotropes (hypothèses pour de nouveaux) 773 biologie moléculaire 758-759 choix du traitement 755-756 essais cliniques 756 futur de la psychopharmacologie 754-755 indications nouvelles 756 modes d’administration 757 modes d’action 757-758 nanomédecine 759-760 somnifères (hypothèses pour de nouveaux) 767-770 stabilisateurs de l’humeur (hypothèses pour de nouveaux) 763-764 innovations et traitements non médicamenteux 745-751 electroceuticals 747 insectothérapie 749-750 luminothérapie 748 modifications du rythme veille/sommeil 748 neurofeedback 747 phytothérapie 747-748 psychothérapies 747-749 psychochirurgie 748 réalité virtuelle 748 stimulation cérébrale profonde 747 stimulation électrique transcutanée 747 stimulation magnétique transcrânienne 746 synchronisation des ondes cérébrales 747 thérapie électroconvulsive 746 traitements alternatifs 750 traitements par l’électricité (autres) 746-747 inositol 336, 582 Internet 29 interactions médicament/médicament 130 inhibition du CYP3A4 130 inhibition de la glucuronide transférase 130 inhibition des transporteurs d’efflux 130 intervalle de confiance 141 iproniazide 308 isomères 98-99 kava-kava 669 kétamine 332-333 kétazolam 464 L-alpha-acétylméththadol (LAAM) 548 L-déprényl (sélégiline) 314, 320 L- tryptophane 332-333 L-tyrosine 333 lamotrigine 376-378 surveillance plasmatique 237 lévodopa 531 limites de la psychiatrie fondée sur des preuves 184-186 lithium 351-361 bilan avant traitement 358 intoxication 357, 358-359 sevrage 357 surveillance plasmatique 237 lofexidine 556 loi de la ligne de base 218 lorazépam 464 loxapine 406 luminothérapie 645-652 lurasidone 423 magie et médecine 682 managed care 201, 209 manque de connaissance 34 maprotiline 270 mazindol 537 mécamylamine 558 médecine alternative, voir traitements alternatifs (679-708) médecine anthroposophique 692 médecine orthomoléculaire 586 médecine védique 693 médicaments antidémentiels 501-524 buts du traitement 502 classification 503 médicaments antidémentiels stimulant les systèmes cholinergiques 507-515 médicaments antidémentiels, autres 517-523 posologie 70 règles de prescription 70-71 sevrage 504 médicaments antidémentiels stimulant les systèmes cholinergiques 507-515 783 Traitements biologiques en psychiatrie association de médicaments 509 dépression 512-513 donépézil 511 galantamine 512 métrifonate 513 parkinsonisme 512-513 physostigmine 513 posologie 70, 511 pyridostigmine 513 règles de prescription 70-71 rivastigmine 512 sevrage 511 tacrine 512 médicaments antidémentiels (autres) 517-524 antagoniste du calcium 519 antioxydants 518 chélateurs 519 cinnarizine 519 co-dergocrine 519 efficacité 519 ginkgo 519, 667-668 indications 518 mémantine 520 modes d’action 520 piracétam 520 propentofylline 521 stimulants des monoamines 521 médicaments génériques, voir génériques 118, 208-210 médicaments orphelins 581-589 antioxydants 582 carnitine 582-583 coenzyme Q10 583 D-cyclosérine 583 déhydroépiandrostérone (DHEA) 583-584 glutamate 584 glycine 583 inositol 584 médecine orthomoléculaire 586 mélatonine 584-585 rameltéon 586 S-adénosyl-méthionine (SAMe) 586 vitamines 586 médicaments prescrits lors de toxicomanies 553-560 acamprosate 554-555 carbimide de sodium 555-556 clonidine 556 disulfirame 556 guanfacine 556 784 ibogaïne 558 lofexidine 556 mécamylamine 558 naltrexone 557 nicotine 557 varénicline 557-558 médicaments et hormones (autres) 567-579 anti-androgènes 568 antihistaminiques 568 baclofène 569 cétirizine 575 charbon activé 570 cyproheptadine 568-569 dantrolène 570 flunarizine 569 hormones thyroïdiennes 570-571 hydroxyzine 569 indications 568 effets et modes d’action 568 efficacité 568 méthysergide 569 n-acétyl-cystéine 571 ocytocine 572 orlistat 572-573 physostigmine 573 pizotifène 569 placebo 573 protiréline 571 sibutramine 575 sildénafil 573-574 tadalafil 574 testostérone 574 tizanidine 574-575 vardénafil 574 médicaments psychotropes et psychothérapie, voir psychothérapie et médicaments psychotropes 635-643 méditation 698 Medline 30 mélatonine 584-585 mémantine 520 mépéridine 548 méta-analyses 159-168 Collaboration Cochrane 166-167 critères d’inclusion ou d’exclusion des essais cliniques 162 différence des moyennes standardisée (DMS) 163, 165 effect size 163, 165 méthodologie 160-161 nombre nécessaire à traiter (NNT) 164 protocoles 161 rapport de cotes (RC) 163-164 taille du résultat 164-165 métabolisme versus élimination 115 métabolisme des médicaments 121-134 diagnostic d’un polymorphisme des enzymes du métabolisme 131 enzymes à cytochrome P450 123 enzymes de réactions de phase II 123 génotype du métabolisme médicamenteux 131 influence de l’âge et du sexe 130 interactions médicament/médicament 130 métabolisme versus élimination 115 mono-oxygénases autres que CYP450 124 p-glycoprotéine 126 phénotype du métabolisme médicamenteux 131 polymorphisme des enzymes et transporteurs 126 réactions de phase I 122-123 réactions de phase II 123 réactions de phase III 123 transporteurs d’efflux 123, 125-126, 129 transporteurs d’influx 123, 125, 129 surveillance plasmatique 131 métabolites et pharmacodynamie 91 méthaqualone 497 méthadone 549 méthylnaltrexone 551 méthylphénidate 283, 537-538, 540 méthysergide 569 métoclopramide 398 métoprolol 486 métrifonate 513 miansérine 302 surveillance plasmatique 235 milacémide 529 millepertuis 82, 669-671, 673, 674 milnacipran 290 minaprine 336 mirtazapine 302 surveillance plasmatique 235 moclobémide 312-314 surveillance plasmatique 235 modafinil 538-539 mode d’action des médicaments psychotropes 87-100 Index étoiles de Bobon 98 isomères 98-99 métabolites et pharmacodynamie 91 modes d’action versus effets 91 monothérapie et pharmacodynamique 91 pharmacologie fondamentale 93 récepteurogramme et autres – grammes 90-91, 388 récepteurogramme et manifestations cliniques 94-96 substituer, activer, inhiber 88 modes d’action versus effets 91 modifications du rythme veille sommeil et luminothérapie 645-652 avance de la phase d’endormissement 647 luminothérapie 648-650 privation de sommeil 646-647 suppression du sommeil paradoxal 649-650 traitement par l’obscurité 650 modulateurs du récepteur GABA-A (autres que benzodiazépines) 469-474 zaléplon 472 zolpidem 472 zopiclone 472-473 mono-oxygénases autres que CYP450 124 monothérapie et pharmacodynamique 91, 99 morphine 549-550 n-acétyl-cystéine 571 naltrexone 557 néfazodone 297 neurofeedback 688 nicotine 557 nocebo 170, 176 nombre nécessaire à traiter (NNT) 164 nordazépam 464 nortriptyline 269 notice d’emballage et monographie 28 ocytocine 572 olanzapine 423 surveillance plasmatique 239 opiacés 543-552 buprénorphine 547 codéine 547-548 dextromtorphane 548 L-alpha-acétylméththadol (LAAM) 548 mépéridine 548 méthadone 549 méthylnaltrexone 551 morphine 549-550 oxycodone 550 propoxyphène 551 tramadol 550-551 puissance 544 sevrage 546-547 opipramol 270 orlistat 572-573 orphelins, voir médicaments orphelins (581-589) orthomoléculaire 586, 694-695 ostéopathie 700 oxazépam 464 oxcarbamazépine 380-381 oxprénolol 486-487 oxycodone 550 p-glycoprotéine 126 palipéridone 425 surveillance plasmatique 239 palipéridone à action prolongée 441-442 paroxétine 278-279 surveillance plasmatique 236 passage d’un médicament à un autre 73-84 antidépresseur à un autre 75-77 antipsychotique à action prolongée à un autre 80 antipsychotique à un autre 78-80 anxiolytique à un autre 80 somnifère à un autre 80-81 stabilisateur à un autre 77-78 passiflore 671 penfluridol 442 périciazine 406 perphénazine 412-413 pharmacocinétique 111-120 biodisponibilité 113 concentration maximale 114 concentration en plateau de dosage itératif 114 demi-vie d’absorption 114 demi-vie d’élimination 116 différences individuelles 218 fraction libre 117 métabolisme versus élimination 115 transporteur d’efflux 117 transporteurs d’influx 118 volume de distribution 116-117 pharmacodépendance acide gamma-hydroxy-butyrique (GHB, g-OH) 491 benzodiazépines 462, 465 gabapentine 480 prégabaline 480 zaléplon 472 zolpidem 472 zopiclone 472 pharmaco-dynamie, voir mode d’action des médicaments (87-100) pharmaco-économie, voir économie de la santé (205-212) pharmacologie fondamentale 93 phénelzine 308 phénotype du métabolisme médicamenteux 131 surveillance plasmatique 242 phentermine 539 phénylalanine 333 phénylpropranolamine 539 philosophie 629 physostigmine 513, 573 phytothérapie 663-677 café 667 cimifuga 667 ginkgo 519, 667-668 ginseng 668-669 guarana 669 fleurs du Dr Bach 674 kava-kava 669 millepertuis 669-671, 673, 674 passiflore 671 rhodiola rosea 671 thé 667 valériane 671-672 pimozide 413 pindolol 487 pipampérone 413 piracétam 520 piribédil 531 pizotifène 569 placebo 169-177, 573 effet nocebo 170, 176 essais cliniques 151, 171, 173-175 historique 170 mécanismes psychologiques 172 mécanismes biologiques 172 nature du placebo 170 pratique clinique 785 Traitements biologiques en psychiatrie pleine conscience 622-623 polymorphisme des enzymes et transporteurs 126-129, 219 CYP1A2 126 CYP2A6 126 CYP2D6 127-128 CYP2C19 128 CYP3A4 128 alcool déshydrogénase 128 diagnostic d’un polymorphisme 131 glucuronide transférase 129 mono-oxygénases autres que CYP450 128-129 mono-oxygénase contenant des flavines 128-129 N-acétyltransférase 129 transporteurs d’efflux 129 transporteur d’influx 129 posologie 59-72 antidépresseurs 60-63 antiépileptiques récents 64 antipsychotiques 65-67 anxiolytiques 68 autres médicaments 71 médicaments antidémentiels 70 pramipexole 320 prédiction de la réponse au traitement 215-225 physiopathologie et réponse aux antidépresseurs 259 pramipexole 532 prébiotiques 695 prescription 3-24, 45-58 arrêt de la prescription 52-53 automédication 54-55 erreurs de prescription 51-52 indications reconnues officiellement 47 indications non reconnues officiellement 47 prescription de substances non enregistrées 48-49 prescriptions non médicamenteuses 55 profils de prescription 50 polymédication 50-51 prégabaline 479 prescription (règles de) antidépresseurs 60 antipsychotiques 67 anxiolytiques 68-69 somnifères 70 stabilisateurs de l’humeur 63-64 786 prescription de substances non enregistrées 48-49 prescriptions non médicamenteuses 55 prière 695-696 probiotiques 695 procédures opératoires standardisées 191 procyclidine 564 profils de prescription 50 programmation neurolinguistique 624 propentofylline 521 propoxyphène 551 propranolol 487 protiréline 571 protriptyline 269 polymédication 50-51 promazine 406 prospectives 723-743 addiction à Internet 741 culture et psychiatrie 729- 730 dose des traitements 740 économie et psychiatrie 730-731 formation des psychiatres 741 génétique 736 indications des traitements 734 informations (diffusion des) 737-739 intervenants en psychiatrie 733 migrations et psychiatrie 732 neuropsychologie 736 nosologie 733 patientèle 732-733 pollutions chimiques externes 728-729 pollutions chimiques internes 727-728 pratique clinique 725 psychiatrie biologique 734 santé mentale et psychiatrie 724-725 télémédecine 741 travail et psychiatrie 729 psychiatrie fondée sur des preuves 181-187 analyse décisionnelle 184 champs d’application 182 documentation 182-183 limites 184-186 niveaux de preuve 183-184 psychiatrie orthomoléculaire 694-695 psychochirurgie 653-656 psychoéducation 624 psychostimulants et sympathomimétiques 533-542 adrafinil 540 amphétamines 536-537 barbéxalone 540 mazindol 537 méthylphénidate 537-538, 540 modafinil 538-539 phénylpropranolamine 539 psychothérapies 615-634 acceptance and commitment therapy 623 analyse transactionnelle 627 bibliothérapie 625 comparaison à la pharmacothérapie 618 eye mouvement desensitization and reprocessing 627 philosophie 629 pleine conscience 622-623 programmation neurolinguistique 624 psychoéducation 624 psychothérapie d’inspiration analytique 625 psychothérapie cognitivo-comportementale 621-622 psychothérapie dialectique 624 psychothérapie interpersonnelle 623-624 psychothérapies de groupe 626-627 somatic experiencing 627 traitements de troisième vague 623 psychothérapie comparée à la pharmacothérapie 618 psychothérapie et médicaments psychotropes (association) 635-643 drogues et psychothérapies 641 troubles anxieux 640 troubles de l’humeur 639 troubles schizophréniques 641 publicité 32-34 qualité de vie 151 qualité des soins 197-203 accès et coût des soins 198 coût des traitements 209-210 éthique 199 générer ou contrôler la qualité 199 industries pharmaceutiques 200 managed care 201 questions préliminaires à une prescription 40-41 Index quétiapine 425-426 surveillance plasmatique 239-240 rameltéon 326, 584 rapport de cotes (RC) 163-164 réactions de phase I 122-123 réactions de phase II 123 réactions de phase III 123 réalité virtuelle 657-661 réboxétine 282-284 récepteurogramme, transporteurogramme et autres -grammes 90-91, 94-96, 761-773 antagonistes du récepteur adrénergique a-2 300 antagonistes du récepteur sérotoninergique 5-HT2 296 antidémentiels 510, 769-773 antidépresseurs 250, 257, 760-762 antidépresseurs tricycliques 266 antipsychotiques 388, 391, 764-766 antipsychotiques atypiques 417-418 anxiolytiques et somnifères 449, 767-770 citalopram 92 clozapine 92 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine 275 lithium 355, 761-763 psychostimulants 533 stimulants du système dopaminergique 529 recommandations pour la pratique clinique 189-196 biais 194 conférences de consensus 191, 192 historique 190 guidelines 191 liste et exemples de recommandations 192-193 procédures opératoires standardisées 191 typologie des recommandations 190-192 régime cétogène 701 règles de prescription, voir prescription (règles de) régression vers les vies antérieures 696-698 relation médecin/malade 18 relaxation 698 relation dose/effet 101-110 courbe dose/réponse 102 courbe d’utilité 105 efficacité 105 efficience 105 exemples de courbes dose/réponse 106-107, 291 puissance 105 résistance au traitement 16-17, rhodiola rosea 671 rispéridone 426 surveillance plasmatique 240 rispéridone à action prolongée 442-443 rivastigmine 512 ropirinole 532 S-adénosyl-méthionine 333-334, 586 scopolamine 564-565 sécurité des médicaments et essais cliniques 153 sélégiline (L-déprényl) 314, 320 sertindole 427, 429 sertraline 279 surveillance plasmatique 236 sevrage 52 acide gamma-hydroxy-butyrique (GHB, g-OH) 490 anticholinergiques 565 antidépresseurs 62, 257 antidépresseurs tricycliques 268 antipsychotiques 396 antipsychotiques atypiques 421 antipsychotiques typiques incisifs 411 antipsychotiques typiques sédatifs 405 baclofène 569 benzodiazépines 69, 462 b-bloquants 484 bupropion 319 carbamazépine 372 clométhiazole 494 duloxétine 289 gabapentine 479 inhibiteurs de l’acétylcholine estérase 512, 771 inhibiteurs irréversibles non sélectifs de la monoamine oxydase 308 inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine 277 lithium 357 miansérine 302 millepertuis 82 mirtazapine 302 moclobémide 314 opiacés 544-545 paroxétine 279 somnifères anciens 70 stabilisateurs de l’humeur 344 stimulants dopaminergiques 531 trazodone 297 valproate 366 venlafaxine 289 zaléplon 472 zopiclone 472 sexe et pharmacocinétique 130 sibutramine 575 sildénafil 573-574, 575-576 somnifères, voir anxiolytiques et somnifères (447-498) classfication 460 posologie 69-70 règles de prescription 70 sophrologie 691 soumission chimique 496-497 acide gamma-hydroxybutyrique (GHB, g-OH) 496 alcool 496 antihistaminiques 496 benzodiazépines 496 cannabis 496 dextrométhorphane 496, 548, 551 examens cliniques et paracliniques 497 sources des informations 27 stabilisateurs de l’humeur 341-349 arrêt de traitement 344-345 antiépileptiques récents (autres) 379-384 carbamazépine 369-374 indications 342 interactions 344 intoxication 344 effets et modes d’action 344 effets indésirables 344 efficacité 342-343 lamotrigine 375-379 lithium 351-362 métabolisme et pharmacocinétique 344 posologie 63-64 prédiction de la réponse 221 règles de prescription 63-64 sevrage 344 surveillance plasmatique 236-237 valproate de sodium 369-374 statistique médicale 137-146 787 Traitements biologiques en psychiatrie concepts de statistique médicale 143 distribution des variables 139, 143 erreur de type I et II 14-141, 144 certitude et incertitude 137 intervalle de confiance 141 nature des variables 139, 142, 143 paramètres, tests et analyses 142 précision et exactitude 142-143 relation causale 137 résumé de statistique 142-144 signification statistique ou clinique 145 statistiques descriptives et inférentielles 140, 143 tests statistiques 142, 144 variables qualitatives 140 variables quantitatives 139 stimulants des monoamines comme antidémentiels 521 stimulants dopaminergiques 527-532 amantadine 530-531 bromocriptine 531 lévodopa 531 milacémide 531 piribédil 531 pramipexole 532 ropirinole 532 stimulation cérébrale profonde 610-611 stimulation électrique transcrânienne 611 stimulation magnétique transcrânienne 603-608 stimulation du nerf vague 611-612 subnarcose 699-700 suicide lithium 353 sulpiride 427 sultopride 427-428 surveillance plasmatique 227-245 antidépresseurs 232 antipsychotiques 237 antipsychotiques à action prolongée 240 aspects méthodologiques 229 essais cliniques 155 polymorphisme des enzymes du métabolisme 131 règles pour la surveillance plasmatique 228 788 stabilisateurs de l’humeur 236-237 syndrome sérotoninergique 277 tacrine 512 tadalafil 574 témazépam 464 testostérone 576 tai chi 701 thé 667 thérapie électroconvulsive 593-601 historique 594 modalités techniques 596-597 thioridazine 407 tiagabine 381-382 tianeptine 334-335 tiapride 428 timolol 487 tizanidine 574-575 toloxatone 314 topiramate 382-383 toxine botulinique 336 traitements 3-24, 45-58 information sur les traitements 25-44 traitements alternatifs 679-708 acupuncture 686-687 aromathérapie 687-688 ayahuasca 703 biofeedback 688 caisson de privation sensorielle 688-689 compléments alimentaires 689-690, 750 exercice physique 690-691 homéopathie 691 hypnose 691 justification 684-685 législation 701-702 magie et médecine 682 médecine anthroposophique 692 médecine védique 693 méditation 698 neurofeedback 688 ostéopathie 700 prébiotiques 693 prière 693-694 probiotiques 695 psychiatrie orthomoléculaire 694-695 régime cétogène 701 régression vers les vies antérieures 696-697 relaxation 698 sophrologie 691 subnarcose 699-700 tai chi 701 yoga 701 traitements avec l’électricité (autres) 609-613 efficacité 610 stimulation cérébrale profonde 610-611 stimulation électrique transcrânienne 611 stimulation du nerf vague 611-612 tramadol 291, 550 transporteurogramme, voir récepteurogramme transporteurs d’efflux 117 transporteurs d’influx 118 tranylcypromine 308 trazodone 296-297 surveillance plasmatique 236 triazolam 464 tricycliques, voir inhibiteurs non sélectifs de la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine (265-280) trimipramine 269 valériane 671-672 valproate 363-368 surveillance plasmatique 237 vardénafil 574 varénicline 557-558 venlafaxine 290 relation dose/réponse 291 surveillance plasmatique 236 vigabatrine 383 vitamines 586 volume de distribution 116-117 yoga 701 yohimbine 302-303 zaléplon 472 ziprasidone 428-429 zolpidem 472 zopiclone 472-473 zuclopenthixol (cis-clopenthixol) 406 zuclopenthixol à action prolongée 443 Noms des médicaments : (DCI vers noms commerciaux) Les noms donnés (en Belgique, en France et en Suisse) aux médicaments lors de la première commercialisation figurent dans cette liste, sous forme de dénomination commune internationale (DCI) et de noms commerciaux. Se référer aux documents officiels et nationaux pour une liste exhaustive, comportant notamment les noms des formes génériques (ces dernières ne figurent pas dans cette liste, ces formes étant nombreuses). Un médicament commercialisé uniquement sous forme de générique ne figure pas non plus dans cette liste. (BE : Belgique, CH : Suisse, FR : France.) acamprosate : Campral®, BE, CH, Aotal®, FR adrafinil (retiré, Olmifon®) agomélatine : Valdoxan®, BE, CH, FR alimémazine : Théralène®, BE, FR alprazolam : Xanax®, BE, CH, FR amantadine : Symmetrel®, CH, Mantadix®, FR amisulpride : Solian®, CH, FR amitriptyline : Saroten®, CH, Laroxyl®, FR amoxapine : Défanyl®, FR asénapine : Sycrest®, BE, CH, FR aténolol : Tenormin®, BE, CH, Tenormine®, FR atomoxétine : Strattera®, BE, CH, FR baclofène : Liorésal®, BE, CH, FR bibéridène : Akineton®, BE bromazépam : Lexotan®, BE, Lexotanil®, CH, Lexomil®, FR bromocriptine : Parlodel®, BE, CH, FR brotizolam : Lendormin®, BE, CH buprénorphine : Subutex®, BE, CH, FR bupropion : Wellbutrin®, BE, CH, FR buspirone (retiré, Buspar®) captodiane : Covatine®, FR carbamazépine : Tégrétol®, BE, CH, FR carpipramine : Prazinil®, FR cétirizine : Zyrtec®, BE, CH, FR charbon activé : Carbovit®, CH, Carbomix, FR chloral hydrate : Chloral®, CH chlordiazépoxide : Librax®, CH, FR chlorpromazine : Chlorazin®, CH, Largactil®, FR chlorprothixène : Truxal®, FR cinnarizine : Stugeron®, BE, CH, Sureptil®, FR citalopram : Seropram®, BE, CH, FR clobazam : Frisium®, BE, Urbanyl®, CH, FR clométhiazone : Distraneurine®, CH clomipramine : Anafranil®, BE, CH, FR clonazépam : Rivotril®, BE, CH, FR clonidine : Dixarit®, BE, Catapresan®, CH, Catapressan®, FR clorazépate : Tranxene®, BE, Tranxilium® CH, Tranxène®, FR clotiapine : Etumine®, BE, Entumine®, CH clotiazépam : Clozan®, BE, Veratran®, FR cloxazolam : Akton, BE, Lubalix®, CH clozapine : Léponex®, CH, FR, Leponex®, BE codergocrine : Hydergine®, BE, CH, FR cyamémazine : Tercian®, FR cyproheptadine : Periactin®, CH, Périactine®, FR dantrolène : Dantrium®, BE, CH, FR désipramine : Pertofran®, FR dextrométhorphane : Bexim®, CH, Vicks®, BE, FR diazépam : Valium®, BE, CH, FR dibenzépine : Novéril® TR, CH diphénhydramine : Polaramine®, BE, Benocten®, FR, Sleepia®, FR disulfirame : Antabuse®, BE, Antabus®, CH, FR donépézil : Aricept®, BE, CH, FR dosulépine ou dothiépine : Prothiaden®, BE , FR doxépine : Sinequan®, BE,Sinquane®, CH, Quitaxon®, FR doxylamine : Donormyl®, FR duloxétine : Cymbalta®, BE, CH, FR escitalopram : Cipralexa®, BE, Cipralex®, CH, Seroplex®, FR estazolam : Nuctalon®, FR étifoxine : Stresam®, FR flumazénil : Anexate®, BE, CH, FR flunarizine : Sibellium®, BE, CH, FR 789 Traitements biologiques en psychiatrie flunitrazépam : Rohypnol®, CH, FR fluoxétine : Fluctine®, CH, Prozac®, BE, FR flupentixol : Fluanxol®, BE, CH, FR flupentixol-décanoate : Fluanxol Dépôt® CH, FR fluphénazine : Dapotum®, CH, Moditen®, FR fluphénazine-décanoate : Dapotum D®, CH, Modecate®, FR flurazépam : Dalmadorm®, CH fluvoxamine : Floxyfral®, BE, CH, FR gabapentine : Neurontin®, BE, CH, FR galantamine : Reminyl®, BE, CH, FR ginkgo biloba : Tavonin®, BE, Symfona®, CH, Tanakan®, FR goséréline : Zoladex®, BE, CH, FR Haldol®, halopéridol : BE, CH, FR halopéridol-décnoate : Haldol decanoas®, CH, FR 5-hydroxytryptophane : Levotonine®, FR hydroxyzine : Atarax®, BE, CH, FR imipramine : Tofranil®, BE, CH, FR iproniazide : Marsilid®, FR kétamine : Kétalar® BE, CH kétazolam : Solatran®, CH lamotrigine : Lamictal®, BE, CH, FR lévomépromazine : Nozinan®, BE, CH, FR lipostatine : Xenical®, BE, CH, FR lithium : nombreuses préparations loflazépate : Victan®, BE, FR loprazolam : Dormonoct®, BE, Halvane®, FR lorazépam : Temesta®, BE, CH, FR lormétazépam : Loramet®, BE, CH, Noctamide®, FR loxapine : Loxapac®, FR lurasidone : Latuda®, CH maprotiline : Ludiomil®, BE, CH, FR mazindol (retiré, Téronac®) mélatonine : Circadin®, BE, CH, FR mémantine : Ebixa®, BE, CH, FR mépéridine : Dolantin®, BE, Dolosal®, FR) 790 méprobamate (retiré, Meprodil®, Equanil®, Pertranquil® méthylphénidate : Ritaline® BE, CH, FR méthysergide : Deseril®, BE, Désernil®, FR métoprolol : Loprésor®, BE, CH, Lopressor®, FR miansérine : Lerivon®, BE, Tolvon®, CH, Athymil®, FR midazolam : Dormicum®, CH, BE, FR millepertuis : nombreuses préparations milnacipran : Ixel®, FR mirtazapine : Remeron®, BE, CH, Norset®, FR moclobémide : Aurorix®, BE, CH, Moclamine®, FR modafinil : Provigil®, BE, Modasomil®, CH, Modiodal®, FR naloxone : Narcan®, FR néfazodone (retiré, Nefadar®) nitrazépam : Mogadon®, BE, CH, FR nordazépam : Calmday®, BE, Vegesan®, CH, Nordaz®, FR nortriptyline : Nortrilen®, BE, Nortrilène®, CH ocytocine : Syntocinon®, BE, CH, FR olanzapine : Zyprexa®, CH, FR olanzapine-pamoate : ZypAdhera®, BE, FR opipramol : Insidon®, CH, FR oxazépam : Seresta®, CH, FR oxcarbazépine : Trileptal®, BE, CH, FR oxprénolol : Trasicor®, CH, FR oxycodone : OxyContin®, BE, Oxycontin®, CH, FR palipéridone : Invega®, BE, CH, FR palipéridone-palmitate : Xeplion®, BE, CH, FR paroxétine : Seroxat®, BE, Deroxat®, CH, FR penfludirol : Semap®, BE périciazine : Neuleptil®, FR perphénazine :Trilafon®, CH phénelzine : Nardelzine®, BE pimozide : Orap®, BE, FR pindolol : Viskène®, CH, Visken®, BE, FR pipampérone : Dipiperon®, CH, FR piracétam : Nootropil®, BE, FR, CH piribédil : Trivastal®, FR pizotifène : Sandomigran®, BE, Sanmigran®, FR pramipexole : Sifrol®, BE, CH, Mirapexin®, FR prazépam : Demetrin®, CH, Lysanxia®, BE, FR prégabaline : Lyrica®, BE, CH, FR procyclidine : Kemadrin®, BE promazine : Prazine®, CH prométhazine : Phénergan®, BE, CH, FR propentofylline : Trental®, CH, Torental®, BE, FR propranolol : Indéral®, BE, CH, Avlocardyl®, FR quétiapine : Seroquel®, CH quinupramine : Kinupril®, FR réboxétine : Edronax®, BE, CH rispéridone : Risperdal®, BE, CH, FR rispéridone à action prolongée : Risperdal Consta LP®, FR, Risperdal Consta®, BE, CH rivastigmine : Exelon®, BE, CH, FR sélégiline : Elpredyl®, BE, Jumexal®, CH, Deprenyl®, FR sertraline : Zoloft®, CH, FR sibutramine (retiré, Reductil®) sildénafil : Viagra®, BE, CH, FR sulbutiamine : Arcalion®, FR sulpiride : Dogmatil®, BE, CH, FR sultopride : Barnetil®, FR tadalafil : Cialis®, BE, CH, FR témazépam : Normison®, CH, FR testostérone : Intrinsa®, FR tiagabine : Gabitril®, BE, CH, FR tianeptine : Stablon®, FR tiapride : Tiapridal®, BE, CH, FR timolol : Blocadren®, CH, FR tizanidine : Sirdalud®, BE, CH tofisopam : Seriel®, FR) toloxatone (retiré, Humoryl®) topiramate : Topamax®, BE, CH, Epitomax®, FR tramadol : Tramal®, CH trazodone : Trittico®, CH triazolam : Halcion®, BE, CH, FR triiodothyronine (L-T3) : Cynomel®, FR trimipramine : Surmontil®, CH, FR Noms des médicaments valproate : Dépakine Chrono®, BE, CH, FR valpromide : Dépamide®, FR vardénafil : Levitra®, BE, CH, FR varénicline : Champix®, venlafaxine : Efexor®, FR BE, CH, FR BE, CH, Effexor®, vigabatrine : Sabril®, BE, CH, FR viloxazine : Vivalan®, FR yohimbine : Yocoral®, BE, Yohimbine Houde®, FR Sonata®, zaléplon : CH, FR ziprasidone : Geodon® (Etats-Unis) zolpidem : Stilnoct®, BE, Stilnox®, CH, FR zopiclone : Imovane®, BE, CH, FR zuclopenthixol : Clopixol®, BE, CH, FR zuclopenthixol-décanoate : Clopixol Dépôt®, CH, Clopixol® action prolongée, FR 791 Noms des médicaments : noms commerciaux vers DCI Les noms donnés (en Belgique, en France et en Suisse) aux médicaments lors de la première commercialisation figurent dans cette liste, sous forme de dénomination commune internationale (DCI) et de noms commerciaux. Se référer aux documents officiels et nationaux pour une liste exhaustive, comportant notamment les noms des formes génériques (ces dernières ne figurent pas dans cette liste, ces formes étant nombreuses). Un médicament commercialisé uniquement sous forme de générique ne figure pas non plus dans cette liste. (BE : Belgique, CH : Suisse, FR : France.) Akineton®, BE : bibéridène Akton, BE : cloxazolam Aotal®, FR : acamprosate Anafranil®, BE, CH, FR : clomipramine Anexate®, BE, CH, FR : flumazénil Antabus®, CH, FR : disulfirame Antabuse®, BE : disulfirame Arcalion®, FR : sulbutiamine Aricept®, BE, CH, FR : donépézil Atarax®, BE, CH, FR : hydroxyzine Athymil®, FR : miansérine Aurorix®, BE, CH : moclobémide Avlocardyl®, FR : propranolol : Cialis®, BE, CH, FR : tadalafil Cipralex®, CH : escitalopram Cipralexa®, BE : escitalopram Circadin®, BE, CH, FR : mélatonine Clopixol®, BE, CH, FR : zuclopenthixol Clopixol® action prolongée, FR : zuclopenthixol-décanoate Clopixol Dépôt®, CH : zuclopenthixol-décanoate Clozan®, BE : clotiazépam Covatine®, FR : captodiane Cymbalta®, BE, CH, FR : duloxétine Cynomel®, FR : triiodothyronine (L-T3) Barnetil®, FR : sultopride Benocten®, FR : diphénhydramine Bexim®, CH : dextrométhorphane Blocadren®, CH, FR : timolol Buspar® (retiré, buspirone) Dalmadorm®, CH : flurazépam Dantrium®, BE, CH, FR : dantrolène Dapotum®, CH : fluphénazine Dapotum D®, CH : fluphénazine-décanoate Défanyl®, FR : amoxapine Demetrin®, CH : prazépam Dépakine Chrono®, BE, CH, FR : valproate Dépamide®, FR : valpromide Deprenyl®, FR : sélégiline Deroxat®, CH, FR : paroxétine Deseril®, BE : méthysergide Désernil®, FR : méthysergide Dipiperon®, CH, FR : pipampérone Calmday®, BE : nordazépam Campral®, BE, CH : acamprosate Carbovit®, CH : charbon activé Carbomix, FR : charbon activé Catapresan®, CH : clonidine Catapressan®, FR : clonidine Champix®, BE, CH, FR : varénicline Chloral®, CH : chloral hydrate Chlorazin®, CH : chlorpromazine Distraneurine®, CH : clométhiazone Dixarit®, BE : clonidine Dolantin®, BE : mépéridine Dogmatil®, BE, CH, FR : sulpiride Dolosal®, FR : mépéridine Donormyl®, FR : doxylamine Dormicum®, CH, BE, FR : midazolam Dormonoct®, BE : loprazolam Ebixa®, BE, CH, FR : mémantine Edronax®, BE, CH : réboxétine Efexor®, BE, CH : venlafaxine Effexor®, FR : venlafaxine Elpredyl®, BE : sélégiline : Entumine®, CH : clotiapine Epitomax®, FR : topiramate Equanil® (retiré, méprobamate), Etumine®, BE : clotiapine Exelon®, BE, CH, FR : rivastigmine Floxyfral®, BE, CH, FR : fluvoxamine Fluctine®, CH : fluoxétine Fluanxol®, BE, CH, FR : flupentixol Fluanxol Dépôt® CH, FR : flupentixol-décanoate Frisium®, BE : clobazam Gabitril®, BE, CH, FR : tiagabine Geodon®, (Etats-Unis) : ziprasidone 793 Traitements biologiques en psychiatrie Halcion®, BE, CH, FR : triazolam Haldol®, BE, CH, FR : halopéridol Haldol decanoas®, CH, FR : halopéridol-décnoate Halvane®, FR : loprazolam Humoryl® (retiré, toloxatone) Hydergine®, BE, CH, FR : codergocrine Imovane®, BE, CH, FR : zopiclone Indéral®, BE, CH : propranolol Insidon®, CH, FR : opipramol Intrinsa®, FR : testostérone Invega®, BE, CH, FR : palipéridone Ixel®, FR : milnacipran Jumexal®, CH : sélégiline Kemadrin®, BE : procyclidine Kétalar® BE, CH : kétamine Kinupril®, FR : quinupramine Lamictal®, BE, CH, FR : lamotrigine Largactil®, FR : chlorpromazine Laroxyl®, FR : amitriptyline Latuda®, CH : lurasidone Lendormin®, BE, CH : brotizolam Leponex®, BE : clozapine Léponex®, CH, FR : clozapine Lerivon®, BE : miansérine Levitra®, BE, CH, FR : vardénafil Levotonine®, FR : 5-hydroxytryptophane Lexomil®, FR bromazépam Lexotan®, BE : bromazépam Lexotanil®, CH : bromazépam Librax®, CH, FR : chlordiazépoxide Liorésal®, BE, CH, FR : baclofène Loprésor®, BE, CH : métoprolol Lopressor®, FR : métoprolol Loramet®, BE, CH : lormétazépam Loxapac®, FR : loxapine Lubalix®, CH : cloxazolam Ludiomil®, BE, CH, FR : maprotiline Lyrica®, BE, CH, FR : prégabaline Lysanxia®, BE, FR : prazépam Mantadix®, FR : amantadine Marsilid®, FR : iproniazide Meprodil® (retiré, méprobamate) Mirapexin®, FR : pramipexole Moclamine®, FR : moclobémide 794 Modasomil®, CH : modafinil Modecate®, FR : fluphénazine-décanoate Modiodal®, FR : modafinil Moditen®, FR : fluphénazine Mogadon®, BE, CH, FR : nitrazépam Narcan®, FR : naloxone Nardelzine®, BE : phénelzine Nefadar® (retiré, néfazodone) Neuleptil®, FR : périciazine Neurontin®, BE, CH, FR : gabapentine Noctamide®, FR : lormétazépam Nootropil®, BE, FR, CH : piracétam Nordaz®, FR : nordazépam Normison®, CH, FR : témazépam Norset®, FR : mirtazapine Nortrilen®, BE : nortriptyline Nortrilène®, CH : nortriptyline Novéril® TR, CH : dibenzépine Nozinan®, BE, CH, FR : lévomépromazine Nuctalon®, FR : estazolam Olmifon® (retiré, adrafinil) Orap®, BE, FR : pimozide OxyContin®, BE : oxycodone Oxycontin®, CH, FR : oxycodone Parlodel®, BE, CH, FR : bromocriptine Periactin®, CH : cyproheptadine Périactine®, FR : cyproheptadine Pertofran®, FR : désipramine Pertranquil® (retiré, méprobamate) Phénergan®, BE, CH, FR : prométhazine Polaramine®, BE : diphénhydramine Prazine®, CH : promazine Prazinil®, FR : carpipramine Prothiaden®, BE , FR : dosulépine ou dothiépine Provigil®, BE : modafinil Prozac®, BE, FR : fluoxétine Quitaxon®, FR : doxépine Reductil® (retiré, sibutramine) Remeron®, BE, CH : mirtazapine Reminyl®, BE, CH, FR : galantamine Risperdal®, BE, CH, FR : rispéridone Risperdal Consta LP®, FR : rispéridone à action prolongée Risperdal Consta®, BE, CH : rispéridone à action prolongée Ritaline® BE, CH, FR : méthylphénidate Rivotril®, BE, CH, FR : clonazépam Rohypnol®, CH, FR : flunitrazépam Sabril®, BE, CH, FR : vigabatrine Sandomigran®, BE : pizotifène Sanmigran®, FR : pizotifène Saroten®, CH : amitriptyline Semap®, BE : penfludirol Seresta®, CH, FR : oxazépam Seriel®, FR : tofisopam Seroplex®, FR : escitalopram Seropram®, BE, CH, FR : citalopram Seroquel®, CH : quétiapine Seroxat®, BE : paroxétine, Sibellium®, BE, CH, FR : flunarizine Sifrol®, BE, CH : pramipexole Sinequan®, BE : doxépine Sinquane®, CH : doxépine Sirdalud®, BE, CH : tizanidine Sleepia®, FR : diphénhydramine Solatran®, CH : kétazolam Solian®, CH, FR : amisulpride Sonata®, CH, FR : zaléplon Stablon®, FR : tianeptine Stilnoct®, BE : zolpidem Stilnox®, CH, FR : zolpidem Strattera®, BE, CH, FR : atomoxétine Stresam®, FR : étifoxine Stugeron®, BE, CH : cinnarizine Subutex®, BE, CH, FR : buprénorphine Sureptil®, FR : cinnarizine Surmontil®, CH, FR : trimipramine Sycrest®, BE, CH, FR : asénapine Symfona®, CH : ginkgo biloba Symmetrel®, CH : amantadine Syntocinon®, BE, CH, FR : ocytocine Tanakan®, FR : ginkgo biloba Tavonin®, BE : ginkgo biloba Tégrétol®, BE, CH, FR : carbamazépine Temesta®, BE, CH, FR : lorazépam Tenormin®, BE, CH : aténolol Tenormine®, FR : aténolol Tercian®, FR : cyamémazine Téronac® (retiré, mazindol) Théralène®, BE, FR : alimémazine Tiapridal®, BE, CH, FR : tiapride Torental®, BE, FR : propentofylline Tofranil®, BE, CH, FR : imipramine Tolvon®, CH : miansérine Topamax®, BE, CH : topiramate Noms des médicaments Tramal®, CH : tramadol Valium®, BE, CH, FR : diazépam Tranxene®, Vegesan®, BE : clorazépate CH : nordazépam Tranxène®, FR : clorazépate Veratran®, FR : clotiazépam Tranxilium® CH : clorazépate Victan®, BE, FR : loflazépate Trasicor®, CH, FR : oxprénolol Trental®, CH : propentofylline Trileptal®, BE, CH, FR : oxcarbazépine Trilafon®, CH : perphénazine Trittico®, CH : trazodone Trivastal®, FR : piribédil Truxal®, FR : chlorprothixène Wellbutrin®, BE, CH, FR : bupropion Xenical®, BE, CH, FR : lipostatine Viagra®, BE, CH, FR : sildénafil Vicks®, BE, FR : dextrométhorphane Urbanyl®, CH, FR : clobazam Visken®, BE, FR : pindolol Valdoxan®, BE, CH, FR : agomélatine Vivalan®, FR : viloxazine Xeplion®, BE, CH, FR : palipéridone-palmitate Yocoral®, BE : yohimbine Yohimbine Houde®, FR : yohimbine Zoladex®, BE, CH, FR : goséréline Zoloft®, CH, FR : sertraline ZypAdhera®, BE, FR : olanzapine-pamoate Zyprexa®, CH, FR : olanzapine Zyrtec®, BE, CH, FR : cétirizine Viskène®, CH : pindolol 795 Dans la collection Psychopharmacologie clinique P. Schulz, Psychiatrie et neurosciences. Vol. I PSYNEURO2-Schulz - TRAITEMENT BIOLOGIQUE EN PSYCHIATRIE_Schulz 18/11/13 09:34 Page1 La synthèse des connaissances contemporaines sur les traitements biologiques en psychiatrie, avec une sélection d’informations en neurosciences cliniques et des recommandations pour la pratique médicale. La collection Psychopharmacologie clinique couvre le champ des interfaces entre les apports des neurosciences à la psychiatrie et les développements des traitements d’orientation biologique, à savoir les médicaments psychotropes, ainsi que des techniques de stimulation magnétique et d’autres approches. Le médecin clinicien, psychiatre ou non-psychiatre, trouvera dans cet ouvrage en quatre volumes une somme de connaissances correctement synthétisées quant à l’emploi des médicaments psychotropes. Il pourra également acquérir les modes de pensée caractérisant la psychiatrie contemporaine : modes d’action des médicaments, modalités de leur prescription, précautions lors de comorbidité, identification des effets indésirables et des interactions. LeVolume II décrit les traitements psychiatriques de nature biologique, que ceux-ci soient médicamenteux ou non médicamenteux, les techniques de stimulation électrique cérébrale, la luminothérapie, la privation de sommeil et d’autres techniques. Après des chapitres introductifs (sur le mode d’action et les effets des médicaments, la surveillance plasmatique, la biostatistique, les essais cliniques et les méta-analyses, l’effet placebo et nocebo), chaque technique de traitement et chaque catégorie de médicament psychotrope fait l’objet d’un chapitre, avec la mention de recommandations et une liste de controverses. Ce Volume II est donc centré sur la pharmacologie clinique en psychiatrie. Les données détaillées quant au traitement de chaque trouble psychiatrique se trouvent développées dans le Volume III. De même, les effets indésirables, les interactions et les précautions de prescription lors de situations de comorbidité sont évoqués dans ce Volume II, mais décrits de façon plus complète dans le Volume IV. Conception graphique : Primo&Primo® illu : © Yang MingQi - Fotolia.com a Une présentation systématique qui permet au lecteur de repérer rapidement l’information. a Des centaines d’illustrations cliniques et de commentaires qui viennent appuyer la théorie. a Un accès exhaustif et synthétique aux connaissances en neurosciences cliniques, psychiatrie et psychopharmacologie. a Une synthèse critique de l’utilisation des médicaments psychotropes. ISBN : 978-2-8041-8173-4 L’auteur Pierre Schulz a travaillé comme médecin-chef de l’unité de psychopharmacologie clinique des Hôpitaux universitaires de Genève et comme chargé de cours à la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Pierre Schulz Également disponible Psychiatrie et neurosciences Préface du Pr. Pierre Magistretti collection 9782804181734 PSYNEURO2 Psychopharmacologie clinique Volume I www.deboeck.com Pierre Schulz Schulz Traitements biologiques en psychiatrie Traitements biologiques en psychiatrie Pierre Schulz Traitements biologiques en psychiatrie Préface du Professeur Daniel Bertrand collection Psychopharmacologie clinique Volume 2