INTRODUCTION
Depuis les années 2000, la protection intégrée est devenue pratique courante pour les producteurs
de roses aux Pays-Bas. Les acariens prédateurs Phytoseiulus persimilis Athias-Henriot, Neoseiulus
cucumeris (Oudemans) et Amblyseius swirskii (Athias-Henriot) ont joué un rôle important dans ce
développement. En présence de ravageurs, de nombreuses espèces d’ acariens phytoséiides
peuvent s’installer en culture de roses, comme Euseius ovalis (Evans), Euseius gallicus Kreiter &
Tixier, Amblydromalus limonicus (Garman & McGregor), lphiseius degenerans (Berlese), Amblyseius
andersoni Chant et Neoseiulus alpinus (Schweizer). Certains d'entre eux sont d’importants
prédateurs du thrips californien Frankliniella occidentalis (Pergande) (Thysanoptera: Thripidae) et
d'aleurodes (Hemiptera: Aleyrodidae). Malheureusement, ces prédateurs ne se maintiennent pas sur
le long terme en cultures ornementales parce que les producteurs ne peuvent tolérer aucun
ravageur, donc aucune proie pour les auxiliaires. Les phytoséiides doivent être par conséquent
réintroduits régulièrement. Les producteurs utilisent chaque mois des sachets contenant les acariens
prédateurs, du son et des acariens servant de nourriture aux prédateurs. Certains dispersent leurs
auxiliaires chaque semaine ou toutes les deux semaines en vrac sur leur culture. Malgré cette
stratégie, les thrips continuent d’ occasionner des dégâts, en particulier en été où la pression de
thrips est à son plus haut niveau.
Tous les spécialistes en protection biologique sont d’ avis qu’une méthode doit être mise au point
pour obtenir un nombre élévé d'acariens prédateurs dans la culture avant que le thrips californien
ne se reproduise. L'idée d'élever les acariens prédateurs avec une alimentation artificielle dans les
serres de production n’est pas nouvelle. Les acariens astigmates (proies) utilisés actuellement dans
les sachets sont malheureusement incapables de coloniser la culture de roses et ne sont d’aucune
aide aux prédateurs pour survivre sur les plants. Des essais récents sont en cours pour stimuler les
auxiliaires en leur fournissant de la nourriture dans la litière (Muñoz-Cárdenas, données non publiées
2014). Le pollen a aussi longuement été étudié et est une excellente source de nourriture pour les
acariens prédateurs (van Rijn & Tanigoshi, 1999). Mais aucune stratégie d’apport de pollen sur les
cultures n’était rendue possible pour les producteurs jusqu’à présent. En 2014, cela a changé avec le
lancement de Nutrimite, un complément alimentaire à base de pollen de massette Typha sp. L .
Grâce à cette nourriture alternative, de fortes densités de population de certains phytoséiides
peuvent être obtenues dans les cultures et servir de protection préventive, une première ligne de
défense contre les thrips. Le pollen est appliqué toutes les deux semaines à une dose de 500 g/ha.
Parmi les espèces d’acariens prédateurs commercialisées, seules quelques unes réagissent au pollen
dans les serres. Deux espèces d’Euseius semblent particulièrement intéressantes pour la culture de
roses : Euseius ovalis testée depuis 2003 aux Pays-Bas (Pijnakker, 2005) et E. gallicus, espèce
présente naturellement sur Rosacées aux Pays-Bas et qui fut trouvée en 2013 dans une serre
commerciale sur Rosa sp. cv. Red Naomi. Le but de notre étude était de comparer le potentiel de
l'acarien prédateur Euseius gallicus avec celui d’ Euseius ovalis et Amblyseius swirskii. Ces trois
espèces sont connues pour être de bons prédateurs de thrips et d’aleurodes, présenter une certaine
affinité pour la culture de roses et réagir au pollen.
MATERIEL ET MÉTHODE
Expérimentation en cages - Évaluation de deux acariens prédateurs sur jeunes plants (ca. 2 mois)
L’essai a été mené de mars à juin 2013 (semaine 13 – 24) dans les serres expérimentales du
Greenlab de Biobest à Westerlo (Belgique). Soixante jeunes rosiers cv. Red Naomi cultivés sur des
pains de laine de roche ont été répartis dans douze cages de 3,75 m2 faites de filet insect-proof. La
serre était équipée de systèmes de climatisation pour réguler la température et l'hygrométrie. La
température était de 20 ± 3°C et l’humidité relative de 70 ± 20%. L'essai a été réalisé avec quatre
modalités en trois répétitions avec des acariens prédateurs qui provenaient d’élevages de Biobest.
Les traitements consistaient en : 1. témoin, 2. un lâcher de 50 Euseius ovalis par cage, 3. trois lâchers