
Panorama énergies-climat, édition 2015
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La Chine annonce le lancement de son marché
carbone national pour 2016
Depuis mi 2014, de nombreuses annonces font état du
lancement probable d’un marché carbone domestique
en Chine qui débuterait en 2016 avec la couverture
des émissions de six principaux secteurs. Ce marché
national devrait être pleinement effectif d’ici 2020 et
couvrirait des émissions de l’ordre de 3-4 Mdt
(comparé aux 8,3 Mdt d’émissions dues à la
combustion d’énergie en Chine en 2012).
Le prochain plan quinquennal qui doit être publié au
premier trimestre 2016 devrait fournir les grandes
lignes de ce dispositif et des réformes des marchés de
l’énergie en lien avec celui-ci.
La façon dont le marché carbone national chinois est
envisagé n’est pas encore connue. En effet, avec le
développement des 7 marchés pilotes initiés entre
2013 et 2014, la couverture des émissions chinoises
se fait pour l’instant sur des règles de fonctionnement
différentes. La couverture des émissions totales par
ces marchés varie de 35% à 60% selon les marchés.
Les prix s’établissent entre 3 USD et 9 USD (mais ne
sont pas toujours représentatifs de l’équilibre
offre/demande du fait de la faible liquidité constatée sur
les marchés). Les autorités chinoises devront définir si
elles privilégient un marché carbone unique sur leur
territoire ou si elles optent pour le développement de
marchés par région ou ville qui se connecteraient entre
eux.
Quoiqu’il en soit, le marché carbone chinois serait le
plus important au monde en termes de quantités
d’émissions couvertes, devant le marché carbone
européen.
En décembre 2014, suite au développement des
marchés carbone en Californie et au Québec, l’Etat de
Washington pourrait rejoindre la Western Climate
Initiative (WCI), collaboration d’Etats américains de
l’ouest et de Provinces canadiennes fondée en 2007
pour développer les outils de lutte contre le
changement climatique, et mettre en place son marché
carbone. L’Ontario, également membre de la WCI, a
annoncé étudier la mise en place d’un marché
carbone.
Figure 5 – Evolution des prix du carbone dans les
différents marchés carbone internationaux
Source : Chaire économie du climat, 2015
Liaison entre marchés carbone : un pas de
plus vers une couverture mondiale des
émissions
Initiatives de connexion entre marchés
Au sein de la Western Climate Initiative, la connexion
entre le marché californien et le marché québécois,
initiée en 2013, s’est en effet concrétisée en 2014. Ce
sont les deux premiers marchés carbone au monde à
se connecter totalement et directement. La dernière
enchère commune aux deux systèmes s’est déroulée
le 18 février 2015 avec un prix d’adjudication à 12,21
USD, soit 11 cents au-dessus du prix plancher fixé
réglementairement. Par ailleurs, la Californie cherche à
nouer de nombreuses coopérations avec d’autres pays
ou régions. En 2013, l’administration californienne a
signé des accords de coopération avec l’Oregon,
Washington et la Province canadienne de Colombie
Britannique, malgré l’absence de loi effective instaurant
un prix carbone dans ces régions. Un accord similaire
a été signé avec la Commission nationale pour le
développement et les réformes chinoise en 2013 (c’est
le premier accord de ce type entre la Chine et un Etat
américain). De plus, la Californie et le Mexique
travaillent dorénavant de concert à travers un accord
de coopération sur le développement des mécanismes
de tarification du carbone signé le 29 juillet 2014.
L’accord appelle également à une exploration des
voies possibles pour permettre une meilleure
harmonisation des deux systèmes dans le futur.
Côté européen, l’Union européenne et la Suisse
étudient également la possibilité de connecter leurs
systèmes.
Le développement des marchés carbone, le
partage d’expériences et le renforcement de
capacité peuvent contribuer à l’aboutissement des
négociations internationales
Le développement de solutions de tarification des
émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial
permet également à chacun de prendre la mesure de
ce qu’implique l’action contre le changement climatique
et de constater qu’une action ciblée sur ses
préoccupations domestiques est possible. La
possibilité pour un État de faire appel à des marchés
carbone dans le cadre d’un accord climat lui permet
d’agir sur ses coûts de conformité, tout en s’inscrivant
dans une logique de soutien de transferts de
technologies, de savoir-faire et de financement à une
échelle internationale : les marchés carbone sont en
général perçus comme des flexibilités qui fournissent
une incitation à accroître l’ambition climatique dans le
cadre des négociations internationales.
Le partage d’expériences et l’assistance technique sur
les marchés carbone, à travers la promotion du
développement de ces outils, pourraient favoriser
l’obtention d’un accord international à Paris en 2015.
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Cécile GOUBET, Dimitar NIKOV