un facteur de production conditionnant la productivité, la capacité d’attirer les capitaux, la
compétitivité et l’emploi. En réduire les coûts quand ils sont assurés par la dépense publique,
introduire les mécanismes et les valeurs du marché et privilégier les objectifs économiques de
la formation sont les axes complémentaires de la réforme de l’éducation prônée par les
gardiens de l’orthodoxie.
Le rôle décisif des organisations internationales
Cette mondialisation libérale de l’éducation touche inégalement les degrés d’enseignement et
les pays. Elle passe par des voies diverses et d’abord par toutes les formes de commerce par
lesquelles la formation peut prendre le caractère de marchandise : vente de « produits
éducatifs!», circulation dans le monde des étudiants qui peuvent payer, création de filiales
universitaires à l’étranger, essor du e-learning, etc. La constitution d’un marché mondial de
l’éducation, même s’il a commencé de tenir salon à Vancouver, trouve cependant ses limites,
du moins pour l’instant, dans le fait que les services éducatifs restent dans de nombreux pays
majoritairement publics et nationaux. C’est bien l’enjeu du processus de libéralisation
générale des services engagé par l’Organisation mondiale du commerce avec l’Accord
général sur le commerce des services (AGCS). Mais cette mondialisation passe également de
plus en plus par des voies symboliques et politiques dans lesquelles les organisations
internationales telles que l’OCDE, la Banque mondiale ou la Commission européenne, jouent
souvent un rôle majeur. Elles n’ont pas en effet seulement un rôle de contrôle, d’évaluation,
de prescription ou de financement dans le domaine économique et financier. Elles déploient
depuis déjà longtemps un véritable travail symbolique portant sur toutes les dimensions de la
représentation de la société. L’homogénéisation des concepts, la construction d’évaluations
communes, la fixation d’objectifs semblables participent de cette unification du modèle. Dans
le domaine éducatif, les conséquences de cette représentation commencent à se faire sentir.
Loin des usagers locaux et des professionnels de l’école, qui ignorent souvent la source des
«!évidences!» qui leur sont imposées, en dehors des cadres institués de la démocratie, les
gouvernements nationaux se font volontiers le relais de ces élaborations et contribuent ainsi à
la constitution progressive d’un modèle unifié d’éducation à l’échelle mondiale.
Certes, on objectera avec raison que ces organisations internationales restent l’émanation des
gouvernements qui y participent. A quoi on peut répondre que les gouvernements,
profondément en accord avec la pente générale de la mondialisation économique et
financière, préfèrent déléguer à ces mêmes organisations le soin de définir les «!priorités!» et