Jean-Pierre Minaudier. Lycée La Bruyère, Versailles, octobre 17, 2004. Fr 7.4
cinq ans — la situation s'améliora lentement sous la République, mais la mortalité infantile
restait élevée, tout particulièrement en ville et dans les régions industrielles, entre autres parce
que la mise en nourrice des enfants était encore un procédé courant (ainsi le jeune Louis-
Ferdinand Destouches, le futur Céline, né en 1894 en banlieue parisienne, passa ses trois
premières années en nourrice à la campagne).
L'hygiène, quoiqu'en progrès, demeurait déficiente, notamment l'hygiène corporelle:
jusqu'au début des années 1960 incluses, de nombreux témoignages d'étrangers installés en
France, d'écrivains notamment, font état d'une gêne devant l'odeur corporelle des foules
françaises, par exemple dans le métro ou aux fêtes foraines. La plupart des Français, y
compris dans la bourgeoisie, ne prenaient qu'un bain hebdomadaire (la douche était à peu près
inconnue: c'est une invention américaine)1. On gardait le même linge toute la semaine: dans la
bourgeoisie, les chemises avaient des faux cols et des poignets amovibles que l'on changeait
plus souvent, l'important étant de sauvegarder les apparences… Tout ceci est à relier au
climat (la crasse tient chaud!), à la mauvaise alimentation aussi qui fragilisait, rendait frileux2;
et à l'état désastreux du logement populaire: entassement (souvent dans une seule pièce),
manque de lumière, miasmes, absence de commodités. Il n'y avait pas de salle de bains, on se
débarbouillait à l'évier et, de temps en temps, on allait aux bains publics… Ce ne fut qu'en
1894 qu'une loi rendit obligatoire le raccordement des logements au tout-à-l'égout à Paris, et
en 1902 qu'une autre ordonna la construction de W.C. dans les logements neufs… L'état des
logements était encore pire dans les petites villes que dans les grandes.
Les maladies infectieuses faisaient des ravages: la variole, la typhoïde, la tuberculose
(la maladie romantique par excellence; la maladie des pauvres des villes surtout), et la
syphilis, affection vénérienne qui obsédait et fascinait les contemporains bien au-delà de ses
ravages réels: un certain discours, pas seulement dans les milieux catholiques, en faisait la
punition des péchés de chair — les atteintes physiques de la maladie faisaient l'objet de toute
une littérature à prétentions pédagogiques et hygiénistes, aussi complaisante que morbide
(avec souvent un glissement vers le racisme, ou en tout cas des formes de racisme social: car
la syhpilis était sensée être une dégénérescence héréditaire — que faire donc des
syphilitiques, qui risquaient de gâcher la race? Certains proposaient de les stériliser, de les
isoler; on n'en était pas encore à parler de les éliminer).
L'alcoolisme surtout faisait des ravages, aussi bien celui des mondains que celui des
milieux ouvriers: les travailleurs de force y trouvaient un appoint énergétique. Chez les
mineurs, exposés aux poussières qui dessèchent la bouche, il atteignait des sommets: certains
arrivaient à boire six litres de vin par jour. L'alcoolisme se nourrissait bien sûr de la misère,
1 Λε βιδετ, ∀µευβλε∀ µινεµµεντ φραναισ, σψµβολε δυ µοδε δε ϖιε βουργεοισ δε λα
Βελλε ⊃ποθυε (ετ, ◊ λ∍τραν γερ, δ∍υνε χερταινε ∀χοθυινεριε∀ γαυλοισε), εστ υν αχχεσσοιρε
τψπιθυε δε χεττε ποθυε ο ον νε σε λαϖαιτ λε χορπσ θυε παρ µορχεαυξ. Σα δισπαριτιον
προγρεσσιϖε, δεπυισ υνε τρενταινε δ∍αννεσ, εστ υν σιγ νε δ∍αµλιορατιον δε λ∍ηψ γινε
γλοβαλε.
2 Ον αχχυµυλαιτ λεσ παισσευρσ, θυιττε ◊ χε θυ∍ελλεσ φυσσεντ πλυσ ου µοινσ προπρεσ
(υνε πιχε τψπιθυε δε λ∍ηαβιλλεµεντ µασχυλιν δε λ∍ποθυε ταιτ λα χειντυρε δε φλανελλε).
Μαισ λε χλιµατ ν∍εξπλιθυε πασ τουτ: λα σιτυατιον ν∍ταιτ πασ µειλλευρε δανσ λε συδ θυε
δανσ λε νορδ δυ παψσ, νι ◊ λα χαµπαγ νε θυ∍εν ϖιλλε. Λεσ αττιτυδεσ ενϖερσ λε χορπσ
ταιεντ τρσ διφφρεντεσ δε χελλεσ δ∍αυϕουρδ∍ηυι: λα πρυδεριε ργναιτ, λε χορπσ ταιτ
χαχη, νι; ον νε λε χυλτιϖαιτ γυρε. Σελον υν τµοιγνα γε φαµιλιαλ, δανσ λεσ αννεσ 1940
ενχορε, δανσ λεσ πενσιοννατσ χατηολιθυεσ λεσ λϖεσ σε δουχηαιεντ (πασ σουϖεντ)… εν
σλιπ! Λεσ χηοσεσ χοµµενχρεντ ◊ χηαν γερ ϖερσ 1900, αϖεχ λ∍εσσορ δυ σπορτ (ϖοψεζ αυ
χηαπιτρε 6); µαισ χ∍ταιτ υν µουϖεµεντ λιµιτ αυξ µιλιευξ λεσ πλυσ αισσ: εν 1917,
λ∍ατηλτισµε ετ λα δχοντραχτιον πηψσιθυε δεσ σολδατσ αµριχαινσ φυρεντ υν χηοχ πουρ
λεσ Φραναισ. Δε χε ποιντ δε ϖυε χε φυρεντ λεσ αννεσ 1920 θυι χονστιτυρεντ λε πρεµιερ
ϖριταβλε τουρναντ: εν παρτιχυλιερ, λ∍ηαβιλλεµεντ σε σιµπλιφια ραδιχαλεµεντ συρτουτ
πουρ λεσ φεµµεσ. Λεσ αννεσ 1960, ϖιδεµµεντ, εν φυρεντ υν σεχονδ.