40 A NllIROPOLOGIE ET DE VELOPPEMENT
namiques individuelles ou collectives. Le terme de «interactionnisme »
peut susciter deux types de malentendus. D'une part cet interactionnisme-
Hi ne doit pa.<;etre confondu avec I'interactionnisme symbolique ni encore
mnins I'ethno-rnethodologie : il est plus generaliste et moins generatif,
plus polyvalent et moins obsessionncI, plus prudent et moins prctentieux.
II s'attache aI'ensemble des interactions (sociales, politiques,
economiques, symboliques) entre acteurs sur une scene don nee autour
d'enjeux donnes (par exemple en relation avec les processus de
developpement), et non a la grammaire de tel ou tel type d'interactions au
aux procedures formelles de definition de tel ou tel type de sitUation entre
co-acteurs. D' autre part il n' yala aucun refus de prendre en compte les
rapports de force et les phenomenes d'inegalite, bien au contrain~.
L' accent qui est mis sur les ressources des acteurs sociaux « d' en bas» et
leurs «marges de man~uvre» ne neglige pas pour autant les
determinations et pesanteurs qui contraignent et boment ces marges de
manceuvre.
On pense ainsi a Giddens (curieusement largement ignore en France
jusqu'zi ces demieres annees), qui a souvent insiste sur Ie concept de
agency, que ron pourrait traduire par agenceite, c'est-a-dire la capacite
d'action des acteurs sociaux, ou encore leurs competences pragmatiques
I(cf. Giddens, 1979, 1984, 1987). On trouvera plus particulierement chez
, Long (1992, 1994) une claire adaptation de la problematique de Giddens
anf:;;ocio-anthropologie du developpement, qui rejoin! souven! les
perspectives defendues dans cet ouvrage I.
On peut egalement considerer ces problematiques interac:tionnisks
cornme Ie produit de l'importation en anthropologie d'un certain type
d'analyses strategiques developpees en sociologie des organisations
I. En temoigne cet ensemble de citations extraites d'un recent ouvrage (LOi':G el LONG,
1992), dont un chapitre a ele l.raduit en franc;:ais(cf. LONG, 1994.1«Dans les limitcs
dues a I'information, a I'incertitude et aux autre;rontrarntes (e.g. physiques,
norrnatives. politico-econornigues), les acteurs sociaux sonl ,< compctenls »et
., capables »(LONG, 1994: 17 ; knowledgeability et capacity sonl les deux formes
de I'agency chez Giddens; cf. GIDDENS, 1984: 1-16);" L'action (el Ie pouvoirl
dependent de maniere critique de l'emergencc d'un reseau d'acteurs qui deviennent
partiellemenl, et presque jam<1is completement, eng3gcs dans 1es «projets " d'un
autre au d'aUlres personnes. L'efficacite de I' "agency» rccquiert done la
creation/manipulation stralegique d'un reseau de relations SOCi.lIeS,) (id. :18). <, Lc
prol:>leme au niveau de l'analyse est de comprendre par guels proccssu;: les
interventions extcricurcs pcn~trent la vie des individus e:tdes groupcs conccrnes ••.1
s'incorpore.nt ainsi aux ressources ct aux conlraintes des strategies social.::s qu'its
devcloppent. Ainsi les faetems dits "externes» deviennent «internalises " d
prennent un sens dIfferent puur differents groupes (fintercts ou pour diffcreJllS
acteu:'s individue!s »(id. :27). «Local practices include macro-rcprescntatiol1~. and
are shaped by dL,tant lime-space arenas •. (LONG. 1992 : 6-7). <, Rather than vicwjr.~
intervention as the implementation of a plan for action it should he visualized a'; an
ongoing transformation process in which different aClor interests and struggles arc
located» (id. :9) 11s'agit donc de devc\oppe.r «theoretIcally grounded methc.d.s of
rsocial research that allow for the elucidation of actor's interprelations and stratcgi~s
and how thes~ interlock through processes of negotiation and accommodation,. (iJ. :
5).