IFPEK Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes L'ergothérapeute: Professionnel pivot pour la motivation du patient post-AVC en rééducation Entre influence de la pratique et de l'information UE 6.5 S6 Evaluation de la pratique professionnelle et recherche SOARES Gwendolina Mai 2015 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale. IFPEK Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes L'ergothérapeute: Professionnel pivot pour la motivation du patient post-AVC en rééducation Entre influence de la pratique et de l'information Sous la direction de Monsieur LEMOINE Fabien UE 6.5 S6 Evaluation de la pratique professionnelle et recherche SOARES Gwendolina Mai 2015 Résumé La rééducation des personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral s’avère bien souvent éprouvante, tant physiquement que moralement. Celle-ci, se devant d’être intensive et la plus précoce possible, suppose un plein investissement du patient dans son projet rééducatif. Susciter sa motivation lors de cette période charnière apparait primordial, il en revient à chaque rééducateur d’œuvrer dans ce sens. L’ergothérapeute, inscrit dans une démarche centrée sur la personne et s’attachant à aider celle-ci à s’engager dans des activités qui lui font sens, a-t-il un rôle privilégié dans la motivation du patient post-AVC ? Cette étude, s’appuyant sur une enquête menée par questionnaires auprès d’ergothérapeutes et de patients post-AVC, vise à déterminer l’influence que la pratique du professionnel peut avoir sur la motivation de la personne rééduquée. Les résultats tendent à démontrer l’intérêt d’une pratique ciblant les activités signifiantes et significatives mais amènent aussi à considérer d’autres aspects essentiels pour la motivation qui seront ici discutés. Par ailleurs, la compréhension du patient étant indispensable afin qu’il puisse adhérer à la rééducation, une information adaptée à son profil s’avère nécessaire. Dans cette optique, quelles propositions peuvent être envisagées ? Mots clés : pratique centrée sur le patient, motivation, activités signifiantes et significatives, accident vasculaire cérébral, information du patient. Summary The rehabilitation of cerebrovascular accidents victims is often trying, physically and psychologically. The latter, being very intensive and the earliest possible after the accident, implies the patient’s complete involvement in his healing project. Patient’s motivation seems to be essential to cope with this transitional period, this is why each rehabilitator has to help with this. The occupational therapist exercises in accordance with the patient-centered approach and attempts to help people to engage in activities that make sense for them. Does he have a special role in the patient’s motivation in cerebrovascular accident recovery ? This study, based on a survey led by questionnaires intended for occupational therapists and cerebrovascular accident patients, aims to determine the influence the professional’s practice can have on the rehabilitated person’s motivation. The results tend to demonstrate the interest of a practice targeting meaningful and significant activities, but also lead to consider other key topics that will be discussed here. Furthermore, the understanding of the patient being essential to help him adhere to the rehabilitation, an adapted information to his profile proves to be necessary. In this point of view, which proposals can be considered ? Keywords : patient-centered practice, motivation, meaningful and significant activities, cerebrovascular accident, patient’s information. Remerciements Je tiens sincèrement à remercier : Monsieur Fabien Lemoine, qui m’a encadrée tout au long de ce travail, pour sa disponibilité, ses nombreux conseils, ses encouragements et sa patience. L’ensemble des intervenants de l’IFER pour leur disponibilité, leur confiance, mais aussi pour m’avoir fait partager leurs expériences enrichissantes au cours de ces deux années passées à leurs côtés. L’ensemble des sujets de mon étude, professionnels et usagers, ayant accepté de répondre à mon appel et sans qui nulle recherche n’aurait pu aboutir. Enfin, merci à ma famille, mes proches et amis pour tout leur soutien et les encouragements qu’ils m’ont apporté. Sommaire Introduction ........................................................................................................................... 1 1 Emergence du sujet.......................................................................................................... 2 2 Partie conceptuelle ..........................................................................................................11 2.1 L’Accident Vasculaire cérébral chez l’adulte .........................................................11 2.1.1 Qu’est ce qu’un AVC ? .........................................................................................11 2.1.2 Les répercussions de l’AVC, un bouleversement du corps et de l’esprit ...............13 2.1.3 L’intervention de l’ergothérapeute auprès des patients victimes d’un AVC ...........15 2.2 L’évolution du statut du patient au sein du système de soins ..............................17 2.2.1 D’un patient « soumis »….....................................................................................17 2.2.2 Vers un patient citoyen et acteur de sa santé, capable d’autonomie .....................18 2.2.3 L’émergence de la Pratique Centrée sur la Personne (PCP) ................................20 2.2.4 Le lien entre la PCP et la vision de l’ergothérapeute : l’exemple du Modèle de l’Occupation Humaine de Gary Kielhofner (MOH) .........................................................20 2.3 Ergothérapie et activités ..........................................................................................22 2.3.1 L’ergothérapeute : professionnel pivot entre activité humaine et santé .................22 2.3.2 Activité et Occupation : deux termes sources de débat ........................................23 2.3.3 L’activité : outil thérapeutique par excellence de l’ergothérapeute ........................24 2.3.4 L’analyse de l’activité : intérêts et perspectives d’adaptations ..............................25 2.4 La motivation individuelle ........................................................................................27 2.4.1 La motivation vue par différents auteurs ...............................................................27 2.4.2 Retour sur les facteurs motivationnels d’intérêt pour la problématique .................30 3 Partie expérimentale..........................................................................................................31 3.1 Méthodologie ............................................................................................................31 3.1.1 Populations ciblées...............................................................................................31 3.1.2 Des indicateurs pour construire mon recueil de données .....................................31 3.1.3 Les outils pour le recueil de données....................................................................32 3.2 Analyse des études ..................................................................................................33 3.2.1 La pratique utilisée en ergothérapie auprès des patients post-AVC ......................34 3.2.2 La pratique professionnelle de l’ergothérapeute et son influence sur la motivation du patient post-AVC pour sa rééducation ......................................................................35 3.2.3 Les caractéristiques de l’activité thérapeutique idéale ..........................................36 3.2.4 Quel rôle pour le patient post-AVC dans sa rééducation ?....................................37 3.2.5 Un lien entre information et motivation du patient post-AVC ? ..............................38 3.3 Discussion.................................................................................................................41 3.3.1 Retour sur la problématique et les hypothèses .....................................................41 3.3.2 Pour aller plus loin… ouverture vers de nouvelles réflexions ...............................46 3.3.3 Limites rencontrées ..............................................................................................49 Conclusion..........................................................................................................................50 Bibliographie ......................................................................................................................... Glossaire ................................................................................................................................ Annexes ................................................................................................................................. Introduction L’Accident Vasculaire Cérébral est aujourd’hui une pathologie quasi omniprésente dans le paysage sanitaire français comme l’attestent les 130000 nouveaux cas par an et les 110000 hospitalisations à temps complet qu’elle induit (Lemonnier, 2009). Le nombre de personnes atteintes ne cesse de s’accroitre depuis cette dernière décennie, sous l’influence de l’évolution des modes de vie tendant à la sédentarité ou encore, du vieillissement de la population. La prise en charge des patients post-AVC est alors plus que jamais d’actualité. C’est en outre ce que j’ai pu observer lors d’un de mes stages dans un service de soins de suite et de réadaptation. Lors de cette expérience professionnelle, j’ai été interpellée par un des patients post-AVC qui semblait particulièrement peu motivé pour la prise en charge. Qu’elle en était la raison ? Alors que la rééducation du patient post-AVC se doit d’être intensive et la plus précoce possible afin de maximiser le pronostic de récupération des déficiences, je saisissais ici toute l’importance d’aider ce dernier à s’investir pleinement dans sa prise en charge. Cette idée s’est d’ailleurs confirmée au cours de mes lectures exploratoires issues de la littérature scientifique, avec notamment l’apport de plusieurs études britanniques s’intéressant à la motivation du patient post-AVC en rééducation (Maclean et al. 2000a, 2000b, 2002). De celles-ci, il en ressort que les professionnels de l’équipe rééducative s’accordent à reconnaitre l’intérêt de la motivation comme facteur d’efficacité et de réussite pour la prise en charge du patient post-AVC. Si les rééducateurs admettent l’impact positif de la motivation, comment s’y prennentils en pratique pour la susciter ? Plus spécifiquement à la prise en charge ergothérapique et en relation avec mon expérience de stage source de nombreuses interrogations, j’ai donc cherché à répondre aux questions suivantes : L’ergothérapeute a-t-il un rôle à jouer dans la motivation du patient post-AVC en rééducation ? Le type de pratique utilisé par l’ergothérapeute peut-il influencer la motivation du patient ? Au-delà de la pratique pure, l’information et les explications données au patient au regard de sa prise en charge et de sa situation favoriseraient-elle la motivation de ce dernier ? Comment l’ergothérapeute s’inscritil dans cette démarche d’information ? A-t-il un rôle à y jouer ? De ces questionnements s’est élaborée la question de recherche suivante : En quoi une démarche d’intervention personnalisée proposée par l’ergothérapeute au patient post-AVC influence-t-elle sa motivation pour sa rééducation ? Cette étude, guidée par l’apport de références théoriques développant des notions et concepts d’intérêt pour ce sujet, s’appuiera sur deux questionnaires, l’un destiné aux ergothérapeutes, l’autre à l’attention des patients. L’exploitation de ces sources permettra de vérifier la validité des hypothèses formulées mais aussi proposer des axes de réponses à cette série d’interrogations et enfin, d’ouvrir le champ des perspectives professionnelles. 1 1 Emergence du sujet La rédaction du mémoire de fin d’étude représente pour tout étudiant, professionnel en devenir, l’ultime et incontournable étape venant conclure ces trois années de formation en Ergothérapie. C’est l’occasion de mener une recherche professionnelle à partir d’une réflexion personnelle sur un sujet qui nous tient à cœur. Pour moi, c’est aussi l’opportunité d’évoquer, à partir de ma jeune et courte expérience professionnelle, une situation de stage ayant suscité de nombreux questionnements. La première année d’Ergothérapie nous enseigne les modèles conceptuels centraux qui fondent notre pratique professionnelle, ainsi que les Sciences de l’Activité Humaine, domaine sur lequel l’Ergothérapie s’appuie. Tout au long de notre cursus, nous sommes sensibilisés au fait d’appliquer dans notre futur exercice une pratique centrée sur le patient, concept phare qui confère à notre profession toute sa particularité et sa richesse. Celle-ci incite le professionnel à adopter une vision holistique de l’être humain où l’individu est considéré comme un système composé de plusieurs niveaux (personnel, organique, socioculturel et systémique) en interaction constante et étroite les uns des autres (MargotCattin, 2005). Cette pratique centrée sur la personne insiste sur l’importance d’impliquer le patient dans sa rééducation par un partage du pouvoir avec lui afin de déterminer ensemble, thérapeute et patient, le plan d’intervention et de négocier les moyens à utiliser pour parvenir aux objectifs ciblés. Ceci permet alors d’augmenter sa satisfaction mais aussi de le rendre acteur de ses soins. C’est donc avec ces bases théoriques et imprégnée de cette identité professionnelle que j’ai vécu mes premières expériences sur le terrain. Or, lors de plusieurs de mes stages, notamment en rééducation fonctionnelle où j’ai eu l’opportunité d’accompagner dans leur rééducation des personnes victimes d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC), j’ai pris conscience que cette pratique ne pouvait pas toujours être appliquée. En effet, les ergothérapeutes établissaient seuls les objectifs d’intervention, sans intégrer le patient à cette démarche. Thérapeute et patient ne s’étant pas concertés, ce dernier ne pouvait donc pas négocier avec le professionnel les objectifs importants pour lui. Il apparaissait alors que les objectifs d’intervention, qui pourtant orientent le processus rééducatif, soient impersonnels et sans cohérence avec les attentes et les besoins immédiats de la personne. Ils étaient davantage définis à partir des performances réalisées par le patient lors des évaluations initiales. Malgré un recueil de données effectué renseignant sur les habitudes de vie et les attentes du patient, ces informations obtenues étaient peu exploitées en aval. De plus, il n’y avait pas de continuité d’information, d’explication claire et formelle des objectifs établis par l’ergothérapeute afin d’expliciter concrètement ce qu’il allait entreprendre en rééducation. Le patient n’avait donc pas 2 l’opportunité de comprendre le dispositif de prise en charge qu’il allait suivre. Il entrait en rééducation intensive submergé de questionnements, de doutes, sans savoir vraiment ce qui l’attendait. Beaucoup de patients paraissaient alors peu motivés pour leur rééducation, peinant à s’y engager pleinement. En étaient-ce les raisons ? Afin de proposer un développement plus concret, j’ai choisi d’appuyer la suite de mon raisonnement sur l’accompagnement d’un patient qui m’a particulièrement interpellé, lors d’un stage en Soins de Suite et de Réadaptation. Cette personne présentait des troubles neurologiques d’ordre moteur avec une hémiplégie suite à un AVC. Lors des séances de rééducation, il semblait peu motivé par ce qui lui était proposé, l’ergothérapeute devant le solliciter fréquemment pour qu’il réalise les exercices. « Encore des cônes aujourd’hui », était une réflexion que j’ai souvent entendue de sa part, dite non sans une certaine résignation, lorsqu’il arrivait en salle d’ergothérapie. Elle symbolisait parfaitement la dynamique passive dans laquelle le patient s’était installé. La plupart du temps, les séances d’ergothérapie se basaient sur la réalisation d’exercices analytiques tels que les déplacements de cônes ou le solitaire géant, et sur l’utilisation de techniques rééducatives spécifiques comme notamment les méthodes Bobath et Perfetti1. Le patient avait l’impression de perdre son temps à faire des activités qu’il considérait comme infantilisantes disant ne pas être « là pour jouer ». Au fil des jours, il exprimait sa lassitude envers ces séances et ces exercices qu’il qualifiait de rébarbatifs et peu stimulants, et pour lesquels il ne percevait pas d’intérêt à leur réalisation. En tant que future professionnelle, je comprenais les raisons pour lesquelles l’ergothérapeute proposait ce type d’activités. Mais du point de vue du patient, comment ces activités peuvent-elles être motivantes si elles lui sont étrangères et ne font pas sens pour lui? Une phase de rééducation analytique est-elle vraiment indispensable ? Dans quelle mesure les activités signifiantes et significatives sontelles utilisées? Les activités signifiantes et significatives faisant référence respectivement au sens donné par la personne et au sens donné socialement par l’entourage (Morel-Bracq, 2009a). En conséquence, si le patient ne parvient pas à comprendre le sens de ce qui lui est proposé et si la finalité des stratégies utilisées pour atteindre les objectifs fixés n’est pas reconnue, il semble évident que son adhésion au plan de traitement et aux moyens mis en œuvre soit plus difficile à obtenir. Cette réflexion m’amène à évoquer ici la notion d’information du patient pour sa rééducation. En effet, il n’y avait pas de réelle transmission d’informations, d’explications claires et concrètes de la part de l’ergothérapeute sur le programme de rééducation qu’allait suivre le patient, sur les exercices proposés et leurs finalités. Pour quelles raisons les activités analytiques n’étaient-elles pas systématiquement expliquées au patient ? D’ailleurs, 1 Voir description en partie théorique 3 comment l’information était-elle transmise au patient pour sa rééducation? Aurait-il trouvé un sens à ses efforts ? Aurait-on favorisé son adhésion à la thérapeutique employée, si on avait pris le temps de lui expliquer le processus rééducatif et l’importance de ce genre d’exercices pour la récupération motrice (même s’ils peuvent sembler à l’origine répétitifs et peu motivants)? Existe-t-il déjà un protocole d’information du patient qui permettrait de faire le point sur ses connaissances et de présenter la manière dont la rééducation se déroulera? Proposer une information formelle de qualité au patient permettrait-il d’améliorer son engagement pour sa rééducation ? Un patient informé est-il forcément motivé? Cela signifiet-il naturellement qu’il a compris et adhère au traitement proposé ou le patient lui-même peut-il présenter des caractéristiques propres limitant sa motivation ? La prise en charge semble souvent être dictée par des contraintes de temps qui viennent limiter les moyens de l’ergothérapeute dans l’accompagnement de la personne et qui, peutêtre, peuvent expliquer parfois l’impasse faite sur certaines notions. Or, un patient informé ayant compris les objectifs de sa rééducation ne permet-il pas de gagner du temps en aval ? Devant cette situation problématique, j’ai discuté avec ce patient en cherchant à lui faire exprimer ses attentes et ses envies quant aux séances de rééducation, dans l’espoir de susciter un regain d’intérêt et de motivation de sa part. Sa réponse fut assez déconcertante : « bah je la laisse gérer [l’ergothérapeute], c’est elle qui décide, c’est elle la chef ». À ce moment, c’est toute ma vision, peut-être utopique, de ma future pratique qui s’effondra. Alors que j’avais dans l’esprit l’idée d’une relation de partenaires de soin thérapeute/patient, ce dernier me renvoyait une toute autre réalité, celle de je suis patient et je n’ai pas mon mot à dire. Ces propos illustraient parfaitement les difficultés qu’il avait à se sentir concerné par sa prise en charge. Il était passif et non acteur de sa rééducation, sans réelle possibilité de choix, ceci entrainant un rapport inégalitaire avec le professionnel. Ma question de départ était alors : L’ergothérapeute peut-il, par sa pratique, avoir un rôle à jouer dans la motivation du patient post-AVC en rééducation ? Le modèle biomédical était prédominant dans ce cadre institutionnel de rééducation et tendait même à s’imposer en ergothérapie. J’avais l’impression de perdre peu à peu cette ligne directrice de pratique centrée sur le patient aux dépens d’un modèle s’intéressant uniquement aux facteurs biomécaniques, aux composantes intrinsèques mesurables. Certes, ce modèle présente plusieurs avantages puisqu’il permet de mesurer les performances, de quantifier, d’objectiver l’atteinte des habiletés ou des fonctions corporelles. Néanmoins, cette approche, fréquemment qualifiée de réductionniste dans la littérature scientifique (Morel-Bracq, 2009a ; Meyer, 2007, 2013, p.56), centre son intention sur une partie de l’individu, les moyens utilisés étant bien souvent éloignés des principales 4 préoccupations du patient. Cette conception biomécanique du soin mise en pratique sur le terrain diverge de la vision holistique et multidimensionnelle de l’être humain pourtant revendiquée théoriquement par la profession. La rééducation orientée selon une approche biomédicale est-elle à l’origine d’un manque de motivation de ce patient ? Existe-il d’autres facteurs pouvant expliquer ce manque de motivation ? Dans cette dynamique, où les connaissances biomédicales de professionnels experts sont privilégiées, quel rôle accordons-nous véritablement au patient dans sa rééducation ? Notre système de santé donne-t-il vraiment les moyens au patient d’être acteur de sa prise en charge ? Depuis ces dernières décennies, on a assisté à une révolution du monde de la santé transformant radicalement les relations soignants/soignés. Autrefois considéré comme objet passif et soumis au paternalisme médical (Curchod, 2009), le patient devient aujourd’hui usager de ses soins. On note une réelle volonté de la part du Système de Santé d’améliorer la qualité de la prise en charge. Comme l’explique Curchod (2009, p.3), « les autorités publiques et juridiques se doivent de répondre à l’exigence croissante du malade à devenir acteur à part entière dans la conduite de son traitement et ont donc renforcé le cadre législatif » d’une part en proposant différentes lois depuis le début des années 2000 assurant la reconnaissance des droits des patients, et d’autre part en précisant les obligations professionnelles. Un lien intéressant peut être fait ici avec l’évolution de notre société au sein de laquelle les individus réclament plus de transparence et veulent être associés aux décisions qui les concernent. On peut d’ailleurs le constater par la montée en nombre des associations de patients qui se fédèrent aux plans d’actions national et international (Sandrin-Berthon, 2001). En parallèle, les sites internet et les émissions à visée médicale accessibles au plus grand nombre fleurissent et gagnent en popularité. Cet accès rapide à l’information à travers ces sources variées, offre ainsi à chacun l’opportunité de se sentir « expert », d’acquérir des connaissances, ceci traduisant une certaine volonté des citoyens de s’impliquer dans leur propre santé, bien qu’une surinformation non encadrée par un professionnel de santé puisse être aussi source de dérives et d’interprétation subjective dommageable. Ces différentes mesures favorisent la mise en application d’une approche davantage systémique de la personne avec l’émergence de la notion de partenariat qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les concepts fondamentaux de l’ergothérapie. Cette nouvelle dynamique de la pratique ergothérapique trouve son origine Outre Atlantique, sous l’impulsion de l’association Canadienne des Ergothérapeutes (ACE). Dès 1991, l’ACE publie Les Lignes Directrices pour une pratique de l’Ergothérapie centrée sur le « client ». Ces recommandations ont pour but de permettre aux personnes hospitalisées de devenir 5 consommateurs et décideurs, négociant avec l’ergothérapeute l’élaboration du plan d’intervention. Un changement de statut du patient sous l’effet du développement du «consumérisme», terme emprunté à l’ACE, qui n’est plus un objet passif de ses soins mais se positionne en tant que véritable acteur de sa prise en charge. Malgré les dispositifs visant à améliorer la qualité des soins des établissements de santé, il semble pourtant que cette vision holistique éprouve en pratique des difficultés à être appliquée. Ma situation de stage est-elle une expérience isolée ou d’autres situations similaires ont-elles été repérées? Après avoir échangé avec des collègues de promotion afin de confronter nos expériences professionnelles, j’ai pu remarquer que des situations similaires pouvaient se retrouver dans plusieurs lieux de stage. En effet, il a été observé que le fait d’intégrer le patient à la négociation du plan d’intervention était très rare. Néanmoins, la plupart des ergothérapeutes expliquaient les activités proposées de façon à leur donner davantage de sens. Il était aussi courant que les ergothérapeutes proposent des mises en situations et des activités significatives afin de répondre aux objectifs de rééducation. J’ai ensuite mené une revue de littérature sur les raisons qui pouvaient justifier le fait que la pratique centrée sur le patient ne soit pas toujours appliquée dans les services et les centres de rééducation. La pratique centrée sur le patient dans le cadre de l’Ergothérapie fait l’objet de nombreuses études depuis ces dernières années. L’une d’entre elles, celle de Mortenson et Dyck (2006), s’intéresse aux limites de cette pratique. Elle pointe l’existence d’obstacles à son application tant au niveau du patient, du professionnel mais aussi de l’environnement institutionnel. En effet, cette pratique nécessite un accord préalable entre le thérapeute et le patient. Parfois, ce dernier peut estimer devoir être passif et laisser le thérapeute, considéré comme expert compétent, décider à sa place de la conduite de l’intervention. Ce constat rejoint d’ailleurs les résultats d’une étude réalisée par Maitra (2006) pour l’American Occupational Therapy Association. Cette dernière renseigne sur la perception qu’ont les patients et les ergothérapeutes de la pratique centrée sur le client, elle conclut d’ailleurs à une différence notable de perception quant au niveau de participation du patient. Alors que les ergothérapeutes affirment pour la plupart utiliser les principes de la pratique centrée sur la personne, la majorité des patients estime ne pas avoir réellement un rôle actif dans leur thérapie et n’est pas consciente de la mise en pratique de cette approche. Maitra propose en fin d’étude l’idée de développer une stratégie systématique afin de déterminer le rôle que les patients veulent jouer dans leur rééducation ce qui, selon elle, permettrait d’améliorer l’efficacité de la prise en charge et ainsi d’assurer la pleine satisfaction des ergothérapeutes et de leur patients. 6 Par ailleurs, il ne semble pas exister de consensus quant à la définition de la pratique centrée sur le patient qui varie d’un professionnel à l’autre. Pour certains, la pratique centrée sur le patient impose un partage égal du pouvoir décisionnel entre le thérapeute et le patient, ceci impliquant une relation de partenaires de soin. Pour d’autres, elle se résume au simple fait de prendre en compte les besoins et buts de la personne, ce qui pointe un déséquilibre du pouvoir dans la relation thérapeutique. Le niveau de participation du patient fait donc débat. Or, trop de pouvoir de la part du thérapeute peut entrainer une résistance du patient. Rebeiro (2000, citée dans Mortenson et Dyck, 2006, p.262) constate que cette « relation de partenaire de soin est souvent entravée par la volonté du thérapeute de prescrire des activités, se focalisant sur la maladie plutôt que sur la personne, ce qui a pour conséquence de limiter le choix et donc à diminuer la capacité du patient à participer à sa rééducation ». Dans ce contexte, l’ergothérapeute peut-il considérer le point de vue de son patient? Jusqu’où peut-on lui laisser le choix pour sa thérapie ? Enfin, ces auteurs déplorent une divergence notable entre la théorie de l’approche centrée sur le patient et son application réelle sur le terrain. Duggan (2005) conclu d’ailleurs dans son étude que l’environnement institutionnel se révèle être un obstacle prépondérant. Il avance que cette approche holistique n’est pas une réelle priorité des établissements sanitaires. En effet, les professionnels de santé se doivent de répondre aux exigences du système de soins actuel où la rentabilité est impérative, ce qui vient compliquer l’application d’une telle pratique qui se veut chronophage. Nous devons prendre du temps sur les prises en charge pour remplir des données administratives, la tarification à l’activité en est un exemple, mais c’est autant de temps consacré au patient de perdu. Pourtant, la mise en place de cette pratique centrée sur le patient, ayant l’avantage de cibler plus précisément les objectifs occupationnels importants pour lui, ne permet-elle pas de gagner un temps précieux en rééducation en évitant de fixer des objectifs qui ont peu de signification pour ce dernier ? La survenue d’un Accident Vasculaire Cérébral marque bien souvent une rupture brutale dans la vie de la personne touchée et peut conduire à des séquelles pouvant à long terme altérer la qualité de vie. L’apparition subite de déficiences se révèle être un choc retentissant et angoissant pour le patient qui ne comprend pas pourquoi son corps ne lui obéit plus. Pourtant, à son arrivée en rééducation, une course contre la montre est engagée. C’est à cette période que le potentiel de récupération est maximal. Dans ses recommandations de juin 2012, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconise d’ailleurs la mise en place d’une rééducation intensive et la plus précoce possible afin de stimuler la plasticité cérébrale, mécanisme permettant la réorganisation des connexions et réseaux neuronaux sous l’effet d’expériences vécues comme par exemple suite à un AVC. Ainsi, « la 7 précocité de la rééducation de l’hémiplégie vasculaire [étant] un facteur d’efficacité ». La période de rééducation peut être parfois longue, mais aussi éprouvante tant physiquement que moralement pour le patient qui multiplie les séances auprès des différents rééducateurs, allant parfois jusqu’à 3h par jour. Ceci suppose la mobilisation importante de ressources de la part du patient, afin qu’il soit pleinement impliqué dans sa prise en charge. Susciter sa motivation semble alors impératif. Le développement de ce mémoire repose sur la description d’un patient que j’ai perçu comme peu motivé, Mais qu’est ce que la motivation? Mes recherches m’ont conduite vers des dizaines de théories différentes tentant d’expliquer cette notion, d’ailleurs « chaque théorie motivationnelle apporte sa propre définition de la motivation » (Fenouillet, 2012 p.8), ce qui en fait un terme vague pourtant fréquemment utilisé dans le langage courant. « Derrière ce terme se cache les raisons qui poussent tout un chacun à agir » (Fenouillet, 2012 p.7), une question se pose alors: Quelles sont les raisons qui forgent l’action de l’individu? Pour Claude Levy-Leboyer, « Etre motivé, c’est essentiellement, avoir un objectif, décider de faire un effort pour l’atteindre, persévérer dans cet effort jusqu’à ce que le but soit atteint. Les degrés de la motivation dépendent de la variation de ces trois aspects et de leurs interactions avec tous les autres déterminants de la performance : aptitudes, personnalité, savoirs et compétences ». Cette définition laisse supposer que la motivation est influencée par différents facteurs intrinsèques à l’individu. De nombreuses études se sont penchées sur la motivation du patient en rééducation. Beaucoup d’entre elles concluent que la motivation est un déterminant positif influençant les résultats de la rééducation. Une de ces investigations menée par Maclean, Pound, Wolfe et al. (2000a) s’intéresse plus particulièrement à la motivation des patients post-AVC en rééducation. Ces derniers, considérés comme hautement motivés ou comme faiblement motivés pour leur rééducation ont été interrogés. Les résultats mettent en lumière que le fait d’avoir un rôle important dans la rééducation, de parvenir à comprendre les objectifs de rééducation, d’avoir la volonté de rentrer chez soi au plus vite et de pouvoir être comparé positivement aux autres sont des facteurs favorisant la motivation des patients. À contrario, le manque d’informations claires, des messages contradictoires transmis par l’équipe soignante et une surprotection de la part de l’entourage, tant au niveau de la famille que des professionnels, ont un impact négatif sur sa motivation. Par ailleurs, la motivation peut être influencée par les caractéristiques personnelles cliniques et culturelles propres au patient mais aussi par l’environnement de la rééducation et notamment par l’attitude des professionnels à son égard (Maclean et al., 2002). Des facteurs extrinsèques à la personne peuvent donc aussi influencer la motivation de l’individu. 8 A travers ces lectures, j’ai pu constater que la motivation du patient est une problématique commune et récurrente à un grand nombre de professionnels de rééducation. Cependant, la plupart des études étant qualitatives, elles n’offrent parfois qu’un regard subjectif de la situation. La perception que chacun se fait d’un patient considéré comme motivé ou non peut donc varier d’un observateur à un autre. De nombreux facteurs peuvent impacter la motivation du patient, qu’ils soient intrinsèques ou extrinsèques. Ces notions feront d’ailleurs l’objet d’une exploration théorique dans une prochaine partie. Pour conclure cette phase de recherche, j’ai choisi de mener un entretien exploratoire auprès d’une ergothérapeute exerçant en Soins de Suite et de Réadaptation. Le but de ma démarche était d’avoir un retour d’expérience et l’avis d’un professionnel quant à l’intérêt ou non de mon questionnement de départ, mais aussi d’obtenir des informations permettant d’étoffer davantage ma problématique. Quatre questions concernant ses expériences professionnelles auprès de patients post-AVC en rééducation lui ont été posées2. L’ergothérapeute interrogée m’a fait part que la motivation du patient pour sa rééducation était une problématique récurrente dans sa pratique. Elle m’explique que dans certains cas un manque de motivation peut être causé par la pathologie neurologique présentée par le patient mais aussi par la durée, parfois longue, de la prise en charge. Elle insiste aussi sur le fait que la capacité du patient à comprendre ce qu’on lui propose détermine en grande partie son engagement et son adhésion au plan de traitement, le défi étant de lui permettre de trouver un sens à ce qu’il doit faire en séance. En accord avec la littérature professionnelle (ACE, 1997), elle souligne l’importance de faire au maximum le lien avec les habitudes de vie de la personne tout en lui donnant des objectifs précis. Laisser une possibilité de choix au patient pour sa rééducation est de même primordial afin qu’il s’investisse et se sente acteur. Enfin, l’information et la connaissance du patient sur sa pathologie semble être un point central pour le rendre acteur de sa prise en charge. Parvenir à l’éduquer, à le sensibiliser sur sa pathologie et sur le programme mis en œuvre en rééducation pour optimiser la récupération motrice est selon elle un défi et une importante partie du travail accompli. Mais elle déplore qu’en pratique les patients manquent souvent de connaissance sur ce qu’il leur arrive. Ont-ils reçu l’information ? Si oui, étaient-ils en mesure de la comprendre ? Existe-t-il un moment idéal pour informer le patient ? Y-a-t-il des éléments à améliorer dans l’information du patient ? Quel rôle l’ergothérapeute peut-il y jouer ? 2 On retrouvera le compte rendu complet de cet entretien en annexe 1. 9 De mes recherches exploratoires, qu’elles aient été auprès des professionnels interrogés ou à travers mes diverses lectures, j’ai pu réaliser l’importance de rechercher la motivation du patient. Celle-ci est en lien avec le fait de le rendre acteur de sa prise en charge. Sans sa participation active et son plein engagement, la rééducation ne peut être aussi efficace. Il faut donc l’aider à mettre un sens sur ce qu’il entreprend, ce sens étant déterminant pour motiver l’action. Ainsi, j’ai pu formuler ma question de recherche : En quoi une démarche d’intervention personnalisée proposée par l’ergothérapeute au patient post-AVC influence-t-elle sa motivation pour sa rééducation ? Au regard de ces différentes investigations, j’ai relevé deux points importants qui permettraient de répondre à ma question de recherche, ceux-ci concernant dans la pratique professionnelle l’utilisation d’activités signifiantes et significatives et la mise en œuvre d’une démarche d’information du patient. J’émets donc les deux hypothèses suivantes : L’orientation de la pratique professionnelle proposée par l’ergothérapeute ciblant l’utilisation des activités signifiantes et significatives du patient post-AVC a un impact positif sur sa motivation. Faciliter la compréhension du patient post-AVC (de sa situation, de la rééducation à suivre) par une démarche d’information adaptée systématique en début de prise en charge favorise son investissement pour sa rééducation, et par là même, sa motivation. 10 2 Partie conceptuelle 2.1 L’Accident Vasculaire cérébral chez l’adulte 2.1.1 Qu’est ce qu’un AVC ? 2.1.1.1 Définition L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les Accidents vasculaires cérébraux comme étant « le développement rapide de signes cliniques localisés ou globaux de dysfonction cérébrale avec des symptômes durant plus de 24H pouvant entraîner la mort, sans autre cause apparente qu’une origine vasculaire ». La survenue d’un AVC est un évènement néfaste pour le cerveau qui n’est plus nourrit en oxygène et en nutriments indispensables à son bon fonctionnement, les vaisseaux sanguins permettant initialement ce transport étant endommagés. Cette privation peut provoquer des dysfonctionnements avec des répercussions probables au niveau des fonctions sensori-motrices. L’AVC, encore nommé « ictus » ou « attaque cérébrale », regroupe des affections hétérogènes dont les causes peuvent être différentes. On en dénombre deux grands types (Béjot et al., 2009, p. 727) : - Les AVC ischémiques : les plus fréquents puisqu’ils représentent 80 à 90 % des AVC. Ils se caractérisent par l’obstruction d’un vaisseau, le sang véhiculé n’arrive plus à destination des structures cérébrales. La zone lésée est un territoire cérébral défini en aval de l’obstruction. Ces ischémies cérébrales peuvent être de nature : - Transitoire : on parle alors d’Accident Ischémique Transitoire (AIT). Il s’agit ici d’un déficit neurologique focalisé apparaissant et régressant de façon soudaine (moins de 24H) sans laisser de séquelles. Cet épisode peut être annonciateur de la survenue d’un AVC plus grave. - Constituée : On parle ici d’Infarctus Cérébral (IC). - Les AVC hémorragiques : La paroi du vaisseau se rompt entrainant la diffusion du sang dans le cerveau. L’hémorragie peut se produire à l’intérieur même du tissu cérébral, il s’agit alors d’une Hémorragie Intra Cérébrale (HIC) responsable de 10 à 20% des AVC. Les Hémorragies méningées sont les plus rares, moins de 2% des cas recensés. 2.1.1.2 Données épidémiologiques En France, les AVC représentent la première cause de handicap moteur acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence (peu après la maladie d’Alzheimer) et la troisième cause de mortalité pour les hommes (la première cause de mortalité pour les femmes). Ce phénomène touche chaque année environ 130000 nouveaux patients avec une prévalence estimée à 400000 cas (Lemonnier, 2009). En 2010, les maladies cérébrovasculaires étaient à l’origine de 32 500 décès et de handicap lourd pour 30000 11 patients. Elles étaient aussi responsables de 130000 hospitalisations complètes pour accidents neuro-vasculaires, dont 110000 étaient attribuées à l’AVC et 20 500 à l’AIT3. En parallèle, le nombre de personnes hospitalisées pour un AVC ne cesse de s’accroitre depuis 2002 (+ 16.5%). Bien que l’âge moyen des personnes touchées est de 73 ans, on note depuis ces dernières années une augmentation du taux de survenue avant 65 ans. Cette pathologie concerne un panel d’âge de plus en plus étendu : sur les 130000 nouveaux cas, le quart des personnes touchées a moins de 65 ans (10000 à 15000 personnes ont moins de 45 ans), la moitié a entre 65 et 84 ans et le dernier quart concerne les personnes d’au moins 85 ans. On estime que 25% des personnes victimes vont mourir dans le premier mois suivant l’AVC, 50% gardent un handicap de sévérité variable et 25% récupèrent sans séquelles notables (Azouvi, 2003). Ces chiffres prouvent que l’AVC est une pathologie fréquente et souvent grave en termes de conséquences, ce qui en fait une problématique majeure de Santé Publique. 2.1.1.3 L’AVC : un enjeu de Santé Publique La prise en charge des personnes victimes d’un AVC est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. Avec l’évolution de notre société, qu’elle soit d’une part démographique due au vieillissement de la population (la fréquence de survenue des AVC augmentant avec l’âge), ou d’autre part sous l’influence de l’évolution des modes de vie (augmentation de la population à risque due à la sédentarité, à l’obésité, à une mauvaise alimentation, au tabagisme,…), cela laisse présager un nombre croissant de personnes atteintes dans les années futures. C’est aussi actuellement l’une des maladies les plus coûteuses pour le Système de Santé Français, la dépense annuelle imputée à ce phénomène s’élève à environ 8.3 milliards d’euros (Fery-Lemonnier, 2009). Cet impact financier considérable s’explique par les coûts directs liés aux hospitalisations, au traitement médical et aux différentes ressources humaines et matérielles mobilisées pour soigner les victimes, mais aussi par les coûts indirects comprenant le versement d’allocations pour compenser les conséquences de la maladie en raison de séquelles neurologiques invalidantes, par exemple pour pallier la perte de productivité de la personne due à l’interruption temporaire ou définitive son activité professionnelle (Azouvi, p.25, 2003). En 2008, les principaux régimes de l’assurancemaladie comptabilisaient 306000 personnes classées de façon permanente en affection longue durée (ALD) « accident vasculaire cérébral invalidant » (De Peretti, 2012). Au regard des importantes répercussions en terme de mortalité, de morbidité et de coût socio-économique, l’AVC est devenu une priorité de Santé Publique. Une première mesure spécifique aux AVC est l’Objectif 72 issu de la loi relative à la politique de Santé 3 Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des droits des Femmes, 2013. 12 Publique du 9 août 2004. Il vise à « réduire la fréquence et la sévérité des séquelles fonctionnelles associées aux AVC ». Plus récemment, le Plan d’actions national « accidents vasculaires cérébraux 2010-2014 » décrit un ensemble d’actions de prévention, de soins et de réadaptation à appliquer pour parvenir à ce but. La création d’unités neuro-vasculaires (UNV) permettant une prise en charge de qualité en est l’une des résultantes. Malgré ces actions en santé publique, l’accès rapide aux soins de qualité reste encore inégalitaire sur le territoire, seulement 20% des patients victimes d’un AVC en 2008 ont été hospitalisés en UNV (Fery-Lemonnier, 2009). Il parait nécessaire de développer dans les années à venir le nombre des structures de soins spécialisées mais aussi d’homogénéiser la couverture nationale pour permettre de prendre en charge davantage de victimes. 2.1.2 Les répercussions de l’AVC, un bouleversement du corps et de l’esprit 2.1.2.1 D’importantes conséquences en terme de déficiences et de troubles Le tableau clinique de l’AVC fait apparaitre une grande variété de symptômes selon le degré et la localisation de l’atteinte. Les troubles corporels repérés se situeront pour la plupart du côté opposé à l’hémisphère cérébral touché. Généralement, les conséquences de l’AVC peuvent être d’ordre moteur avec le plus souvent une hémiplégie*. Peuvent s’associer des troubles du tonus et de la coordination, l’apparition de mouvements anormaux tels que les phénomènes spastiques* et syncinétiques*. Il peut être aussi constaté une modification des réflexes ostéo-tendineux et cutanés ainsi qu’un désordre du mécanisme postural entraînant des troubles de l’équilibre. Des troubles sensitifs de nature variable selon les voies de la sensibilité (superficielle ou profonde) atteintes peuvent apparaitre, tels qu’une hypoesthésie*, une hyperesthésie* ou une allodynie*. Des troubles visuels périphériques peuvent s’associer avec notamment une hémianopsie latérale homonyme* ou encore des troubles neuropsychologiques affectant les praxies*, les gnosies*, les fonctions du langage (comme l’aphasie* et la dysarthrie*), la mémoire, les fonctions exécutives*... Des troubles de reconnaissance de la topographie corporelle peuvent s’ajouter : une hémiasomatognosie* et une anosognosie* entrainant une héminégligence*. Enfin, Il est important de prendre en compte les répercussions psychologiques de l’AVC qui peut être à l’origine de troubles de l’humeur en particulier d’épisodes dépressifs sévères dans 30 à 40% des cas lors de la première année post-AVC (Azouvi, 2003), ou encore de difficultés psychologiques liées à l’acceptation du handicap. 13 2.1.2.2 D’importantes situations de handicap persistantes Les séquelles neurologiques des AVC sont fréquentes et graves, elles peuvent avoir d’importantes répercussions sur la qualité de vie des personnes. Selon les données recueillies par le registre de Dijon, 60% des survivants présentent des symptômes persistants un mois après l’AVC dont 25% ont un handicap « léger ou modéré » alors que 34% ne peuvent marcher sans assistance (De Peretti, 2012). En fin de séjour hospitalier, la proportion de personnes très dépendantes physiquement est de 43.2%. Globalement, les séquelles suite à un AVC peuvent induire des situations de handicap à plusieurs niveaux. On note un retentissement important sur le niveau d’indépendance de la personne dans les activités de vie quotidienne (AVQ). D’après les enquêtes Handicap-Santé-Ménage et Handicap-Santé-Institution (HSM-HSI) (2008-2009), près de la moitié des personnes interrogées présentant un antécédent d’AVC ont signalé des difficultés pour au moins une AVQ (45.3%). Les plus fréquentes étant relatives aux activités de toilette (39,4%), d’habillage/déshabillage (34,3%) et aux capacités de préparer son repas (31,0%). D’importantes limitations du périmètre de marche sont aussi constatées pour la moitié des personnes ayant déclaré des séquelles. La vie professionnelle peut, elle aussi, être bouleversée. Chez les personnes de 20 à 59 ans déclarant un AVC avec séquelles, le taux d’inactivité s’élève à 66.2% (d’après HSMHSI). De même, le taux de chômage est plus important chez ces sujets (38% contre 9% en l’absence d’AVC). Dans certains cas, une réorientation professionnelle ou l’adaptation du travail s’avèrent nécessaires pour permettre la reprise d’une activité professionnelle. Enfin, les conséquences sur la vie sociale sont importantes d’autant plus pour les jeunes victimes d’AVC. L’équilibre familial peut être profondément modifié. Cette situation demande parfois une redistribution des rôles de chacun qui peut s’avérer difficile, où le partenaire et les enfants deviennent des aidants4. Cette modification des rapports familiaux peut être source de conflits notamment au sein du couple : la proportion de divorces est plus importante (14.5%) dans les 3 mois suivant la sortie d’hospitalisation (Teasell, 2000). La perte des activités de loisirs et l’isolement social sont aussi des problématiques récurrentes. Comme vu précédemment, l’AVC est une problématique complexe à l’origine de séquelles et de situations de handicap pour la personne qui doit alors repenser sa vie et s’adapter à ces nouvelles conditions. Ici, l’intervention de l’équipe rééducative/réadaptative prend tout son sens et son importance. Une prise en charge holistique est alors nécessaire afin de prendre en compte les composantes intrinsèques mais aussi les besoins et attentes du patient en vue d’un retour dans son environnement avec une qualité de vie optimale. 4 Aidant : personne qui vient (à titre non professionnel) en aide à un proche dépendant, en situation de handicap ou âgé, dans les actes de la vie quotidienne. 14 2.1.3 L’intervention de l’ergothérapeute auprès des patients victimes d’un AVC Environ 30 % des personnes victimes d’un AVC sont hospitalisées en soins de suite et de réadaptation (SSR) au décours de leur prise en charge en soins de courte durée (FeryLemonnier 2009), c’est donc une pathologie fréquemment rencontrée au sein des structures de soin. Ces personnes bénéficieront d’une prise en charge pluridisciplinaire orientée suivant les déficiences et besoins qu’elles présentent. 2.1.3.1 Le rôle de l’ergothérapeute au sein de l’équipe rééducative pluridisciplinaire Selon l’arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’Ergothérapie, « l’ergothérapeute est un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur le lien entre l’activité humaine et la santé. Il intervient en faveur d’une personne ou d’un groupe de personnes dans un environnement médical, professionnel, éducatif et social. Il met en œuvre des soins et des interventions de prévention, d’éducation thérapeutique, de rééducation, de réadaptation, de réinsertion et de réhabilitation psychosociale visant à réduire et compenser les altérations et les limitations d’activité, développer, restaurer et maintenir l’indépendance, l’autonomie et l’implication sociale de la personne » (cité par Trouvé et al. 2012). L’ergothérapeute est donc expert du bien-être, dans l’analyse d’activité et dans la prévention des situations de handicap en permettant à la personne de développer ses compétences et ainsi, d’optimiser sa qualité de vie, son indépendance et son autonomie. Il agit de même sur l’environnement humain et matériel de la personne afin de le rendre davantage facilitateur permettant ainsi d’augmenter sa productivité personnelle par rapport à ses différentes activités signifiantes et significatives. Pour chaque intervention, il procède premièrement à une évaluation complète du patient (capacités et incapacités ; niveau d’indépendance ; environnement humain et matériel ; recueil de données sur l’histoire, les besoins et attentes), puis à la pose du diagnostic ergothérapique synthétisant les situations de handicap et leur retentissement probable sur la vie du sujet. Ensuite, l’intervention comprend l’établissement d’objectifs en coopération avec le patient, puis le développement d’un programme d’intervention spécifique ciblant les moyens de prise en charge afin de répondre à la problématique de la personne. 2.1.3.2 L’intérêt de la prise en charge ergothérapique auprès de patients post-AVC Pour l’ergothérapeute, la prise en charge des patients post-AVC est souvent à deux vitesses, s’articulant entre la rééducation et la réadaptation. Avant tout, il intervient dans l’installation et le positionnement des personnes afin de prévenir l’apparition de complications directes ou indirectes liées à l’AVC, telles que des troubles cutanés et trophiques, des douleurs, des troubles neuro-orthopédiques (avec la 15 diastasis* de l’épaule hémiparétique et les rétractions tendineuses), des déformations ou encore des attitudes vicieuses* liées à l’immobilisation prolongée. Le premier temps est donc celui de la rééducation qui a pour principal objectif la récupération maximale des fonctions lésées et des capacités antérieures du patient afin de limiter les répercussions de l’AVC sur la vie quotidienne. Pour ce faire, l’ergothérapeute propose différentes activités sollicitant la motricité, la sensibilité, la cognition. Comme le préconise l’HAS, la prise en charge doit être précoce et intensive afin d’optimiser l’efficacité de la rééducation. Elle doit combiner les différentes méthodes de rééducation post-AVC en évolution constante sans se limiter à une approche exclusive. Ainsi, les anciennes et les nouvelles techniques issues des progrès sur les connaissances en neurosciences, de l’imagerie fonctionnelle et nouvelles technologies coexistent. Parmi les techniques traditionnelles, nous pouvons citer Bobath dont le principe repose sur la facilitation neuro-musculaire, l’installation du patient et la nécessité d’étirer un muscle spastique. La méthode Perfetti est quant à elle une approche sensitivo-motrice incontournable des années 90, basée sur l’analyse d’informations sensorielles issues de l’environnement afin de les transformer en actes moteurs. Dans les nouvelles techniques rééducatives, nous retrouvons la thérapie par contrainte induite qui impose au patient d’utiliser uniquement son membre lésé dans la réalisation d’activités. Cette technique force la réorganisation corticale sous l’effet de la plasticité cérébrale. Citons encore la thérapie miroir, l'imagerie mentale ou encore la réalité virtuelle, nouvelle technique ludique proposant des mises en situation sécurisées et qui peut être utilisée indépendamment du niveau fonctionnel du patient. Enfin, la prise en charge s’oriente progressivement vers la réadaptation en vue du retour du patient dans son milieu de vie. Le potentiel de récupération étant moindre, ce deuxième versant consiste alors à la mise en place de moyens d’adaptations et de compensations en fonction des séquelles persistantes afin d’améliorer la vie quotidienne. L’ergothérapeute peut préconiser des aides techniques et/ou humaines, un aménagement de l’environnement si nécessaire pour favoriser l’indépendance de la personne. Il a aussi un rôle d’accompagnateur pour aider à la réinsertion socioprofessionnelle en informant des démarches à entreprendre (droits aux prestations, régularisation du permis, reprise de l’activité professionnelle, ressources pour la vie sociale…). Ces lignes directrices ont pour but d’homogénéiser les pratiques, chaque professionnel doit alors être en mesure de choisir des programmes adaptés à la spécificité du patient afin de lui proposer une intervention de qualité optimale. Par cette même volonté d’exigence se développent peu à peu des démarches éducatives destinées à l’usager. 16 2.2 L’évolution du statut du patient au sein du système de soins Depuis ces dernières décennies, le monde de la santé et notamment les rapports entre professionnels et usagers se sont profondément modifiés, incitant à une remise en question des pratiques professionnelles et du rôle de chaque acteur. 2.2.1 D’un patient « soumis »… Au milieu du XXème siècle, le paternalisme médical, conceptualisé par Parsons5 en 1951 (Curchod, 2006, p.103), a énormément influencé les relations soignants-soignés. Ce concept aujourd’hui dépassé reposait sur l’idée que le soignant, doué de connaissances, imposait son pouvoir au soigné alors considéré comme objet passif et privé de volonté, qui n’avait que pour seul rôle d’obéir aux instructions reçues. Deux postulats s’appliquaient : d’une part, le médecin savait ce qui était bon pour son patient et décidait donc pour la personne, la priorité étant la santé du soigné plutôt que son autonomie et son bien-être. D’autre part, on considérait que l’impact émotionnel de la maladie était tel que le patient ne pouvait faire face. Ainsi, un rapport inégalitaire entre le « sachant » décideur et le « souffrant » obéissant (Anon, 2006) et soumis à l’autorité médicale s’imposait, ceci notamment dû à l’absence de structure régulant les droits et devoirs (Curchod, 2006). 2.2.1.1 Une conception biomécaniste de l’être humain À ce paradigme, la Médecine assimilait l’Homme malade à une machine, son corps ayant subi des pannes qui nécessitent une réparation au même titre que n’importe quel appareil. Cette vision mécaniste de l’être humain pointée par Descartes dans Le traité de l’homme (1648) s’intéressait uniquement aux organes touchés, ignorant l’identité individuelle et le vécu subjectif de la personne. Le patient se sentait nié dans son individualité, réduit à la pathologie qu’il présentait. Cette époque était la période triomphante du modèle biomédical où l’objectif des pratiques médicales était de guérir l’organe malade (Gatto, 2006, p.25). Ce concept « infère que la maladie provient principalement d’un problème organique [et] véhicule l’idée selon laquelle toute maladie a une cause biologique qui peut être guérie » (D’Ivernois et Gagnayre, 1995), un modèle biomédical qui limite alors l’individu à ses composantes corporelles biomécaniques, neurocomportementales et cognitives (Meyer, 2007, p.44). Peu à peu, la contestation de l’autorité ancestrale des soignants ainsi que l’évolution sociétale tendent à interroger sur les rôles de chacun. La personne soignée demande à être considérée dans sa globalité et aspire à une meilleure prise en compte de la dimension relationnelle des soins. Autant de nouvelles exigences qui font émerger le principe d’autonomie du patient contribuant à la mise en place de nouvelles règles au sein des établissements de soins. 5 Sociologue américain 17 2.2.2 Vers un patient citoyen et acteur de sa santé, capable d’autonomie Au fur et à mesure, la notion de « patient citoyen » se développe. Il devient capable d’agir, de penser, de décider (Curchod, 2006). De nouveaux termes apparaissent, celui d’usager voir même de « client » (Eiberlé, 2000), qui illustrent parfaitement le changement statutaire de la personne hospitalisée. Sous la volonté de reconnaitre le sujet dans sa globalité, le modèle holistique « centré sur la personne » s’intègre progressivement dans le paysage médical. 2.2.2.1 Une volonté d’améliorer la qualité du système de santé Cette évolution amène à de nouvelles exigences en terme de qualité de soins dans les établissements sanitaires. Elles se traduisent par exemple par la création de protocoles et de recommandations de bonnes pratiques décrites par la HAS afin d’améliorer la qualité de la prise en charge des personnes victimes d’AVC. Le Plan d’actions national AVC 20102014 (Ministère de la Santé et des Sports, 2010) encourage à l’amélioration de l’information auprès des patients et à la mise en place de nouveaux outils thérapeutiques tels que l’éducation thérapeutique du patient (ETP), symboles de l’autonomisation des patients. Dans le but de faire correspondre l’offre de soins aux attentes et besoins des patients, les démarches qualité d’évaluation des établissements sanitaires mobilisent à la fois professionnels et politiques, mais aussi les usagers à qui l’on accorde une place de plus en plus centrale dans l’organisation du système de santé. Leur parole et leur degré de satisfaction sont à présent valorisées (Mazoyer, 2007). 2.2.2.2 L’information du patient, vers de nouvelles exigences La loi Kouchner du 4 mars 2002 relative aux droits des malades a pour vocation de remettre le patient au cœur du dispositif de soins, en réaffirmant ses droits et en en proclamant de nouveaux : le droit d’accès aux informations concernant son état de santé, le droit au secret des informations, le droit au partage des décisions ou encore, le droit à l’information sur les soins eux-mêmes (Ministère de la Santé, 2002). La dernière version de la Charte du patient hospitalisé stipule même que « Afin que la personne malade puisse participer pleinement, notamment aux choix thérapeutiques qui la concernent et à leur mise en œuvre quotidienne, les médecins et le personnel paramédical participent à son information et son éducation, chacun dans son domaine de compétence». L’information est un droit pour le patient, un devoir pour le professionnel de santé et n’est plus exclusivement transmise par le médecin. Chaque professionnel, ergothérapeute compris, a alors son rôle à jouer. Conseiller, éduquer, informer sont d’ailleurs des compétences à mettre en œuvre en ergothérapie. 18 2.2.2.3 Les bénéfices de l’information du patient L’information semble être indissociable du soin afin de permettre au patient de comprendre les enjeux de la prise en charge, le programme de rééducation qui peut être proposé, ceci lui offrant l’opportunité de s’approprier sa situation. Selon Curchod (2006), elle constitue le socle de base à l’adhésion du patient à sa prise en charge, à la négociation et ouvre la porte à une meilleure relation de confiance avec le thérapeute puisqu’il se sent alors intégré à la démarche de soins. Elle suppose d’être individualisée en fonction des besoins et des capacités de la personne afin qu’elle puisse être intelligible. Ainsi, le savoir lui étant accessible, le patient se place en véritable acteur de ses soins. La relation asymétrique entre le soignant et le patient fait place à une notion de partenariat basée sur un accord mutuel entre les deux protagonistes. Aujourd’hui, on reconnait la complémentarité entre l’expertise technique du professionnel et le patient comme expert du vécu de sa situation, une interdépendance indispensable à l’obtention de résultats satisfaisants (Curchod, 2006). 2.2.2.4 Malgré tout demeure une insatisfaction des besoins des patients victimes d’un AVC Malgré les efforts pour que l’offre de soins réponde aux attentes des patients, des études révèlent une certaine insatisfaction des personnes victimes d’un AVC au regard de leur parcours de soins en rééducation. Les principales insatisfactions relevées dans l’une de ces études sont notamment le manque d’informations individualisées et d’explications de la part des soignants qui entrainent un manque de compréhension pour leur situation (Lawrence et Kinn, 2012). Les personnes interrogées regrettent d’avoir été peu impliquées dans leur projet de soins. Elles expliquent avoir ressenti le fait que leur prise en charge était peu centrée sur leurs besoins mais davantage sur la pratique des professionnels. Ces constats font échos aux résultats de l’étude de Röding et al. (2003) qui évoque l’expérience de certains patients frustrés quant à leur parcours de soins, regrettant un manque de personnalisation et d’écoute à l’élaboration du plan d’intervention. De même, ils exprimaient un manque d’informations claires sur la pathologie et ses conséquences, ce qui était source d’incompréhension. Ils expliquaient alors ne pas savoir pourquoi ils étaient en rééducation et ce qu’ils étaient supposés y faire. Ils se sentaient comme « invisibles » et passifs. Il ne semble pas exister de protocoles destinés à l’information du patient sur sa rééducation malgré les nombreuses lois faisant référence à ce droit. Comment l’information est-elle transmise ? Comment peut-elle être améliorée ? Ceci sera d’ailleurs l’un des thèmes abordés lors de mon enquête. Ainsi, cette transformation de la culture soignante témoignant de l’évolution de la vision de la prise en charge du patient a donc permis de placer ce dernier au cœur de ses soins. Cette reconsidération du patient a notamment été induite par l’émergence de l’approche centrée sur la personne, portée par le courant humaniste. 19 2.2.3 L’émergence de la Pratique Centrée sur la Personne (PCP) Carl Rogers, influent psychologue américain du courant humaniste, a développé dès les années 40 l’Approche Centrée sur la Personne (ACP) qui met l’accent sur la qualité de la relation entre le thérapeute et le patient. À travers sa théorie, il s’oppose à l’expansion d’une psychologie de plus en plus scientifique contribuant à déshumaniser les patients. Il définit trois conditions de « savoir-être » auxquelles le thérapeute doit répondre afin d’adopter une approche centrée sur la personne. La première est « l’authenticité » qui implique au thérapeute d’être lui-même dans la relation en laissant s’exprimer ses « vrais » sentiments dans la relation. La deuxième attitude est « l’acceptation positive inconditionnelle » ou « de non-jugement » quoi que dise ou vive le patient, et cela sans être influencé par des jugements extérieurs. Enfin, le thérapeute doit faire preuve de « compréhension empathique ». Cela signifie que le thérapeute puisse ressentir avec justesse les sentiments et les difficultés éprouvées par le patient, et qu’il parvienne à lui communiquer cette compréhension (Meyer, 2007). Ainsi, Rogers prône une méthode non-directive de la thérapie, partant du postulat que « l’individu possède en lui-même des ressources considérables pour se comprendre, se percevoir différemment, changer ses attitudes fondamentales et son comportement vis-à-vis de lui-même » (Rogers, 1962). Cette approche ou pratique centrée sur la personne arrive plus tardivement dans les professions de santé qui étaient encore « très inféodées à l’approche réductrice de la biomédecine » (Meyer, 2007, p.42). Cette théorie de référence va notamment constituer la base de la profession d’ergothérapeute au Canada à partir des années 1980. Elle implique une étroite collaboration entre l’ergothérapeute et le patient et suppose, au-delà de tenir compte du patient en tant que personne, de négocier les buts et les stratégies de traitement, le processus thérapeutique lui appartenant « en propre et qui devra faire sens pour lui et dans son environnement » (Meyer, 2007, p.115). La pratique centrée sur la personne et ses besoins a d’ailleurs, par sa vision globale (incluant l’aspect spirituel), très largement imprégné la conception de modèles de pratique centraux en ergothérapie. 2.2.4 Le lien entre la PCP et la vision de l’ergothérapeute : l’exemple du Modèle de l’Occupation Humaine de Gary Kielhofner (MOH) Il existe un grand nombre de modèles de pratique en ergothérapie. Cependant, en lien avec la problématique de ce mémoire, il me semblait intéressant de présenter plus particulièrement le MOH. Ce modèle, fortement humaniste et centré sur la personne « permet de structurer le recueil de données concernant la personne, de comprendre ses 20 forces et ses faiblesses concernant son engagement dans l’activité et de mettre en place un traitement ergothérapique » (Morel-Bracq, 2009a, p.69). Il permet également de prendre en compte les interactions entre la personne et son environnement, ses motivations, ses habitudes et ses capacités afin d’instaurer une adaptation dynamique des activités humaines primordiales dans l’auto-organisation de la personne (Morel-Bracq, 2009a). Pour Kielhofner (2008), l’individu se compose de 3 éléments6 permettant de mieux comprendre la manière dont les activités sont choisies et réalisées : - La volition fait référence à la motivation et aux processus guidant le choix de l’activité. Elle comprend la conscience de ses capacités et le sentiment d’efficacité dans ses actions, les valeurs mises sur les activités considérées importantes et signifiantes ainsi que les intérêts personnels qui participent aux processus d’anticipation, de choix, d’expérience et d’interprétation faisant référence aux actions satisfaisantes et appréciées. -L’habituation, constituée des habitudes et des rôles socio-culturels de la personne. Cette composante permet l’organisation et la simplification de la vie quotidienne sous forme de routine. - Les capacités de rendement, en lien avec les systèmes organiques. Ces capacités ou moyens dont dispose la personne pour réaliser l’action sont à la fois évalués de manière objective mais surtout subjective, en fonction des sensations et vécus propres au sujet. Le contexte environnemental à la fois humain et matériel est en interdépendance et indissociable de ces 3 composantes qui ensemble, peuvent simultanément affecter les actions, les pensées et les émotions. L’environnement, à travers ses différents aspects, peut alors avoir un impact retentissant sur les activités de la personne. Enfin, cette théorie avance la notion d’Agir qui « permet de développer son identité et ses compétences et ainsi permet l’adaptation à l’environnement » (Morel-Bracq, 2009a, p.70). L’Agir se décline selon trois niveaux d’accomplissement : le premier étant la participation de l’individu, puis le rendement des activités, ainsi qu’un dernier niveau, celui des habiletés déclinées par Kielhofner selon 3 types : les habiletés motrices, les habiletés opératoires et les habiletés d’interaction et de communication. Ce modèle de l’activité humaine, centré sur le patient et fortement inspiré du courant humaniste, apparait comme une approche pertinente permettant à l’ergothérapeute de mieux comprendre l’engagement et l’importance des activités signifiantes et significatives pour l’être humain. Cette façon de conceptualiser l’interaction entre l’Homme et l’Activité invite le professionnel à aller investiguer des aspects beaucoup plus larges de la personne, au-delà des simples données médicales. 6 Voir annexe 2 : Schéma du Modèle de l’Occupation Humaine (MOH). 21 2.3 Ergothérapie et activités 2.3.1 L’ergothérapeute : professionnel pivot entre activité humaine et santé L’activité est le concept central de l’ergothérapie. Elle constitue l’ADN, l’identité même de notre profession comme l’atteste son étymologie : l’ergothérapeute est « un soignant de/par/avec « ergo » », de racine grecque « ergon » faisant référence à l’agir, au travail, à l’ouvrage (Pibarot, 1996). L’activité est par essence le propre de l’Homme, qui lui permet de se caractériser et de se réaliser en tant que personne. Entreprendre une activité va de soi et se fait naturellement, sans penser à la manière dont on procède ou à l’influence qu’elle peut avoir sur la santé. De nombreux auteurs se sont penchés sur l’existence d’un lien entre activité humaine et santé. Unanimement, ils mettent en évidence l’importance de l’activité pour l’être humain et son rôle dans le maintien et la promotion de la santé. La santé étant définie comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (OMS, 1946), on lui confère une dimension globale liée au sentiment de bienêtre, à la satisfaction et à la qualité de vie de la personne, autant d’idéaux qui peuvent être atteints par le pouvoir d’action et la participation à des activités. Pour Ann Wilcock (2006), « l’activité humaine est un mécanisme biologique nécessaire pour la survie et la santé». Les êtres humains ont un « besoin inné de s’engager dans des activités » (Morel-Bracq, 2011, p.22). Ces dernières leurs permettent de satisfaire leurs besoins fondamentaux (comme se nourrir, se protéger, se reproduire,…), de maintenir leur santé mais aussi de développer leurs capacités physiques et cognitives et de s’accomplir dans la société en interagissant avec leur environnement physique, social et culturel, selon le sens qu’ils donnent à leur vie et les valeurs qui les motivent. Afin de favoriser l’homéostasie, la satisfaction de ces besoins nécessite un certain équilibre entre les différentes sphères de l’activité : les soins personnels, les activités productives, les activités sociales, de repos et de loisirs (Morel-Bracq, 2011) ; un équilibre du besoin d’agir indispensable pour permettre à chacun une certaine qualité de vie et d’atteindre son potentiel. A contrario, une rupture de cet équilibre (par exemple lors de l’envahissement d’un certain type d’activité au détriment d’autres catégories) peut entrainer une véritable situation de crise et avoir un impact durable sur l’état psychologique. En relation avec les différentes notions abordées, l’ergothérapeute se positionne comme le trait d’union entre activité humaine et santé, soutenant l’idée que, à l’instar de Whiteford et Morel (2007, p.41), « L’ergothérapie est une discipline fondée sur l’affirmation d’une relation directe entre ce que les gens font et leur propre état de santé et de bien-être ». Ces réflexions sur le lien entre l’activité et l’homme ont d’ailleurs débouché sur le développement des Sciences de l’Activité Humaine ou « Occupational Science » (Yerxa, 22 1989)7. Basée sur les activités significatives, elle vise à appréhender la personne en tant qu’être agissant sous ses dimensions physique, psychique et sociale et ce, à travers ses différentes sphères d’activités (soins personnels, travail, loisirs) tout en tenant compte de son environnement. Cette discipline, s’efforçant d’expliquer le sens donné aux activités de vie quotidienne, apparait comme le fondement scientifique de la pratique en ergothérapie dont un des objectifs est d’optimiser au maximum la qualité de vie de la personne (Whiteford et Morel, 2007). 2.3.2 Activité et Occupation : deux termes sources de débat Dans notre profession, les termes activité et occupation ne font l’objet d’aucun consensus puisqu’ils semblent difficilement transposables d’une langue à une autre. C’est notamment le cas en France où l’occupation utilisée par les anglophones n’a pas de traduction directe en français, mais revêt très souvent le sens de passe-temps à caractère récréatif, de loisirs. Dans la culture française, elle n’a pas la valeur positive que lui accordent les anglais puisqu’elle signifie pour ces derniers l’ensemble des activités réalisées par la personne dans sa vie quotidienne et fait davantage référence au travail plutôt qu’aux loisirs. Au vu de la façon dont les anglophones définissent l’occupation, on pourrait penser qu’il s’agit ici pour nous, en tant que français, de la définition de l’activité. Afin de lever cette ambigüité, ENOTHE8 propose deux définitions distinctes : - L’occupation est « un groupe d’activités, culturellement dénommées, qui ont une valeur socioculturelle et un sens personnel. Elles sont le support de la participation à la société. Elles comprennent les soins personnels, le travail et les loisirs » (Meyer, 2007, p.34). - L’activité est « la réalisation d’une suite structurée d’actions ou de tâches qui concourt aux occupations » (Meyer, 2007, p.34). Cela sous-entend que l’activité désigne en fait « une partie ou une dimension de l’occupation » (Golledge, 1998)9. Ainsi, l’occupation est une « expérience individuelle et singulière spécifiquement élaborée et menée par l’individu » alors que « l’activité est une idée plus générale, culturellement construite, partagée par les individus, et qui porte sur une catégorie d’actions humaines » (Meyer, 2007, p.33). Pour éviter tout amalgame de terminologie, il convient de traduire en français le terme occupation par « activités signifiantes et significatives » selon le sens donné par Léontiev dans sa théorie de l’activité (Morel, 2006, 2009a) : - Les activités signifiantes sont celles qui ont un sens particulier pour la personne lié à son histoire propre et à son projet personnel. Par exemple, le football est pour moi un hobby qui m’est important et que j’ai plaisir à pratiquer, cela dépassant le simple fait de vouloir entretenir ma santé physique. 7 8 9 Cité par Whiteford et Morel, 2007. Groupe de travail terminologique du Réseau Européen des Ecoles d’Ergothérapie. Citée dans Meyer, 2007, p.33. 23 - Les activités significatives revêtent un sens social donné par l’entourage. C’est par exemple le fait de cuisiner parce qu’il faut se nourrir, cette activité est donc significative mais pas signifiante si la personne la réalisant n’aime pas particulièrement cuisiner. L’activité matérialise donc le concept plus abstrait et complexe d’occupation et est d’ailleurs, dans le cadre d’un traitement ergothérapique, un outil thérapeutique très intéressant et riche à exploiter. 2.3.3 L’activité : outil thérapeutique par excellence de l’ergothérapeute En rééducation fonctionnelle, l’ergothérapeute est souvent amené à prendre en charge des patients présentant diverses déficiences pouvant s’additionner (sensori-motrices, cognitives,…), à l’origine d’un niveau de dépendance notable, notamment chez les personnes victimes d’un AVC. Selon la gravité de l’atteinte, les capacités de ces dernières peuvent être sensiblement diminuées, touchant en premier lieu le domaine des activités. Afin de surmonter cette « inactivité », l’ergothérapeute va alors viser « à rendre la personne capable de s’engager dans des activités qui ont un sens pour elle et qui amélioreront sa qualité de vie grâce à des activités significatives » (Morel-bracq, 2001). Cet outil offre une multitude de possibilités d’usage dans les démarches rééducatives. Utilisée depuis longtemps à des fins thérapeutiques, l’activité s’impose comme le moyen d’intervention privilégié en vue d’obtenir une récupération maximale des capacités initiales (Margot-Cattin, 2005). Plus qu’un moyen, elle est aussi une finalité, un objectif thérapeutique aidant la personne « à retrouver ou développer les activités qui vont lui permettre de prendre soin d’elle-même, de prendre du plaisir et donner un sens à sa vie » (Morel-Bracq, 2009b, p.88). Elle peut encore servir d’outil d’évaluation et d’observation par une mise en situation fonctionnelle permettant de mesurer l’écart de niveau entre les capacités analytiques antérieures et celles gagnées, ou permettant de déceler des troubles de fonctionnement. En revanche, une analyse précise de l’activité est nécessaire afin de l’exploiter de manière pertinente et optimale (voir la sous-partie 2.3.4). Elle peut de même devenir un outil d’auto-évaluation s’intéressant aux ressentis du patient. Bien qu’intuitive, cette autre facette de l’activité est essentielle à la progression du traitement puisqu’elle se réfère à ce que perçoit le patient. Enfin, l’activité prend un rôle précieux de médiateur à l’instauration de la relation thérapeutique puisqu’elle induit pour le patient une confrontation directe à la réalité de ses incapacités, ses difficultés étant matérialisées concrètement par une relative réussite ou échec lors de sa réalisation. Elle « ouvre [alors] l’espace de relation soignant-soigné » (Pelbois-Pibarot, 1982, p.28). Lors des séances de rééducation, l’ergothérapeute peut proposer différentes activités selon le contexte de prise en charge. Golledge (1998) en distingue quatre grandes catégories. La première est celle des « occupations » qui regroupe l’ensemble des activités 24 de la personne (en accord avec la définition vue précédemment proposée par ENOTHE). Selon elle, utiliser ces activités comme moyen thérapeutique est fondamental dans la pratique de l’ergothérapeute, elles comprennent à la fois les activités signifiantes et significatives de la personne. Elle différencie ensuite les « purposeful activities », créatives ou artisanales, utilisées dans un but thérapeutique (par exemple pour rééduquer les fonctions motrices ou cognitives nécessaires à la récupération de l’indépendance dans les AVQ). Celles-ci ne faisant pas partie des habitudes de vie du patient, elles peuvent ne pas avoir de sens pour lui, ce qui implique une certaine vigilance de la part du professionnel lorsqu’il les propose (Morel, 2006). Les « diversional activities » ou activités de loisirs peuvent être aussi entreprises, mais ne sont pas légitimes pour Golledge sauf si elles sont satisfaisantes et permettent à la personne d’améliorer ses capacités d’adaptation. Enfin, « l’activity », symbolise les activités n’ayant « ni sens, ni pertinence dans la vie de la personne » (Morel, 2006, p.11). Ce sont par exemple des exercices analytiques tels que les cônes ou les jeux de solitaire s’appuyant sur des principes biomécaniques réductionnistes de la fonction. Ces activités présentent certains intérêts puisqu’elles permettent de stimuler les fonctions déficitaires tout en contrôlant et corrigeant le geste par des compensations (inhibition de la spasticité, contrôle du tonus,…). Elles facilitent l’analyse du mouvement, l’observation, la mesure des progrès effectués et limitent les situations d’échec. Bien qu’elles puissent être cohérentes avec les objectifs de rééducation, elles manquent cependant de lien avec les habitudes de vie du patient qui peut alors éprouver des difficultés à se les approprier et comprendre leurs finalités. Pour Golledge (1998), une intervention centrée sur les systèmes organiques à travers l’utilisation de ces activités ne correspond pas aux fondements théoriques de l’ergothérapie et doit être limitée le plus possible. L’activité n’est pas en elle-même thérapeutique mais le devient « si elle est porteuse de sens pour la personne, quelle que soit la pathologie dont elle est atteinte » (Pibarot, 1996, p. 92). Laisser au patient une opportunité de choix sur les activités ayant pour lui un sens personnel et subjectif s’avère être primordial afin de proposer une démarche d’intervention pertinente en lien avec ses intérêts. Pour Pibarot (1996, p.93), « la façon dont [le patient] s’approprie le soin dépend pour une grande part de la façon dont il est donné ». Elle note d’ailleurs un tournant dans la rééducation dès lors que la personne parvient à s’approprier, quelle que soit la manière, les techniques ou soins proposés. Il parait donc essentiel que le thérapeute cherche à ce que le patient perçoive l’activité comme utile et significative pour lui permettre de s’engager dans son travail thérapeutique. A l’inverse, un manque d’adhésion aux activités peut remettre en cause la bonne poursuite de l’intervention. 2.3.4 L’analyse de l’activité : intérêts et perspectives d’adaptations Le choix de l’activité thérapeutique n’est pas lié au hasard. En effet, signifiante et significative pour le patient, elle doit aussi être pertinente pour le thérapeute afin d’atteindre 25 les objectifs rééducatifs fixés. L’analyse de l’activité, au cœur de la formation de l’ergothérapeute, prend alors toute son importance permettant d’exploiter au maximum l’activité choisie. Fondée sur le modèle biomécanique, l’analyse d’activité s’intéressant uniquement aux composantes mesurables nécessaires pour réaliser l’action s’avère aujourd’hui insuffisante. Qualifiée d’« occupational mapping » ou de « cartographie des activités signifiantes et significatives », elle est naturellement devenue holistique, prenant en compte les aspects environnementaux et culturels, l’histoire, les habitudes de vie et le contexte pour la motivation et la performance du patient dans l’activité (Morel-Bracq, 2009b). Cette cartographie met en avant « Les composantes de l’action [qui] décrivent les dimensions [physique, sensori-motrice, cognitive, psycho-sociale] nécessaires pour s’engager dans une activité » (Morel-Bracq, 2009a, p.103). Une analyse préalable de l’activité va donc permettre à l’ergothérapeute de décrire le plus rigoureusement possible toutes les exigences requises : connaissance des étapes et des procédures de réalisation, matériaux et outils utilisés, temps et espace nécessaires, gestes et actions à produire en termes de capacités sensori-motrices, les capacités cognitives et procédurales recrutées ainsi que les capacités d’interaction et de communication, les risques et les adaptations possibles (Sureau, 2008). En pointant les caractéristiques qui rendent l’activité pertinente ou inadaptée à la situation, l’ergothérapeute pourra l’aménager progressivement en fonction des capacités motrices maximales (souvent limitées chez le patient hémiplégique) et ainsi, éviter les situations d’échec. Ces moyens de facilitation, qu’ils consistent à la graduation de la difficulté des tâches, au découpage en séquence ou à la simplification des opérations, rendent alors possible le travail des « habiletés opératoires et motrices de façon analytique, à partir d’activités ou occupations signifiantes pour le patient » (Bonan et Orvoine, 2012, p.69). « L’adaptation de l’activité doit permettre au patient de se lancer des défis, de s’engager réellement dans une activité qui lui tient à cœur, de réussir et ainsi de se redonner de la valeur » (Sureau, 2008, p.191). On suppose alors que l’ajustement équilibré de l’activité, permettant de défier les capacités (sans être trop simple et donc ennuyeuse, ni trop difficile et donc source d’anxiété et de peur de l’échec), stimulerait le patient à atteindre et dépasser les objectifs proposés par l’ergothérapeute et l’encouragerait à vivre l’expérience optimale conceptualisée par la Théorie du Flow (Csikszentmihalyi, 1990, 2004)10. Si l’activité est porteuse de sens pour le patient l’amenant à s’engager dans sa réalisation, on peut alors penser qu’elle est une source potentielle de motivation sollicitant « l’agir » de ce dernier. 10 Ce processus relève l’importance de l’engagement de la personne dans certaines activités afin d’expérimenter un état particulier de Flow procurant du bien-être et favorisant sa qualité de vie. Pour ce théoricien, « toute activité peut procurer du Flow à condition qu’elle ait du sens et vise un objectif important pour la personne qui s’y engage » (Morel-Bracq, 2001, p.22). 26 2.4 La motivation individuelle La motivation se pose avant tout comme un terme générique regroupant de nombreuses théories qui compliquent la définition de ce concept. Selon le contexte, la motivation peut être en effet substituée par d’autres notions telles que « l’envie, le besoin, l’engagement, l’intérêt, le but » afin de décrire plus précisément la nature de la force qui pousse à l’action. Une revue de littérature permettra dans un premier temps de mettre en exergue quelques théories motivationnelles présentant un caractère d’intérêt au regard de cette étude et à travers lesquelles un lien peut être fait avec la pratique de l’ergothérapie. Enfin, nous extrairons de ces formes de pensée des éléments pertinents sur lesquels nous appuyer dans l’optique de la recherche sur le terrain. 2.4.1 La motivation vue par différents auteurs Ce concept vague mais néanmoins passionnant fait l’objet de nombreux écrits. Les auteurs, dans leur champ de spécialisation respectif (éducation, travail, loisirs, rééducation,…) s’attèlent à observer l’effet que la motivation peut avoir sur la performance de la personne. Parmi les théories les plus reconnues, voici quelques exemples qui guideront la réflexion de cette étude. 2.4.1.1 Le besoin d’autodétermination et de libre choix (Deci et Ryan, 1985) Dès 1985, Deci et Ryan distinguent l’existence de deux sources de motivation selon le niveau d’autodétermination qu’elles supposent : l’une intrinsèque, l’autre extrinsèque à l’individu. La motivation intrinsèque induit une complète autodétermination de la personne. Ce type de motivation, en lien avec le besoin inné d’agir et de compétences « s’attache directement à ce qui est éprouvé dans la performance d’une activité », elle « est simplement le plaisir de faire l’activité et ce plaisir soutient la performance » (Deci et Ryan, 2000). Elle implique pour la personne le libre choix de ses activités sans être influencée par des forces externes, leur pratique procurant bien-être, satisfaction et un sentiment d’autonomie plus important (Fenouillet, 2012). La motivation extrinsèque est, quant à elle, moins autodéterminée que la précédente puisqu’elle suppose l’influence de stimulations externes qui poussent l’individu à l’action, autre que le seul fait de vouloir faire l’activité pour ce qu’elle représente en elle-même. En lien avec la prise en charge ergothérapique, on note l’importance de laisser une capacité de choix au patient sur les activités à réaliser, favorisant ainsi son sentiment d’autodétermination. De ce fait, en lui offrant la possibilité de ressentir un certain contrôle pour l’action, il s’impliquerait davantage dans l’activité devenue significative, étant motivé intrinsèquement. 2.4.1.2 La théorie des caractéristiques de la tâche (Hackman et Oldham, 1976) Dans cette théorie, Hackman et Oldham (1976) postulent que la motivation au travail, ici transposée dans le cadre de la réalisation de l’activité en ergothérapie, est liée à la 27 présence de caractéristiques qui semblent apporter du sens à l’activité. Ils proposent 5 caractéristiques de la tâche sur lesquelles il est possible d’agir afin d’augmenter la motivation : la variété des compétences et des activités proposées ; l’identité de l’activité, c’est-à-dire la connaissance et la compréhension du patient pour cette activité, que cela soit son processus de réalisation mais aussi des résultats attendus possibles ; la signification de l’activité, qu’elle ai du sens, une dimension signifiante/significative pour le patient qui l’effectue, cette signification en lien avec le bien-être de ce dernier ; l’autonomie du patient, qui peut réaliser l’activité selon ses habitudes de vie, l’ergothérapeute lui laissant une marge de liberté dans son organisation ; un feedback ou retour d’information de la part du thérapeute sur l’activité effectuée et la performance accomplie par le patient (un feedback positif : par exemple un encouragement qui motive davantage le patient pour l’action). 2.4.1.3 Le sentiment d’auto-efficacité (Bandura, 2007) Ce concept est défini, selon Bandura, comme l’idée subjective qu’a la personne de ses capacités à effectuer les actions indispensables à l’atteinte d’un objectif escompté (2007, cité par Meyer, 2013). Pour lui, si les personnes doutent de pouvoir obtenir par leur propre action les résultats qu’elles souhaitent, elles n’auront que peu de raisons d’agir et seront moins disposées à persévérer face aux difficultés. Ce sentiment d’auto-efficacité ou selfefficacy s’illustre comme un médiateur clé de la motivation et donc de l’effort de l’individu. On note par cela l’influence qu’il peut avoir sur la manière dont le patient perçoit ses capacités (bien souvent amoindries comparées à celles antérieures à l’AVC), en rapport avec un contexte de rééducation exigeant en terme d’efforts à fournir afin d’effectuer les activités rééducatives, d’où l’importance de renforcer son self-efficacy. Bandura propose 4 sources pouvant agir sur le degré d’efficacité que la personne s’attribue : les expériences actives de maitrise de performances similaires, de succès, d’échec ; les expériences vicariantes par la comparaison sociale en observant la réussite ou l’échec d’un pair pour l’activité (contribuant à renforcer ou non l’estime de soi) ; la persuasion verbale par les feedbacks positifs de personnes signifiantes ou considérées comme compétentes ; l’état physiologique et émotionnel éprouvé lors de l’action. 2.4.1.4 La théorie du but ou du positionnement d’objectif (Locke et Latham 1967) La poursuite de buts et d’objectifs clairement définis semble être un des moteurs de la motivation individuelle, c’est ce que reconnaissent Locke et Latham (1967, 1990, cités par Fenouillet, 2012) dans la théorie du positionnement d’objectif. Ces auteurs définissent plusieurs conditions à la fixation de buts : ceux-ci doivent être difficiles mais réalisables (équilibre entre l’effort à fournir et accessibilité de l’objectif), spécifiques (explicites et clairs), acceptés et appropriés à la personne, lui permettant un réel engagement personnel, accompagnés de feedbacks réguliers pour permettre d’évaluer et d’ajuster l’objectif en fonction de l’évolution. L’appropriation des objectifs nécessite qu’ils soient compris, clairs et 28 acceptés par le patient, en adéquation avec ses besoins. Ceci implique une participation de ce dernier afin de négocier des objectifs importants de sa prise en charge afin de lui permettre d’augmenter sa motivation en vue de leur atteinte. 2.4.1.5 L’apport des études de Maclean et al. (2000a, 2000b, 2002) sur la motivation des patients post-AVC en rééducation A travers leurs différentes études, Maclean et al. s’attachent à saisir et à comprendre les facteurs favorisant la motivation du patient post-AVC en rééducation. Six éléments clés pour l’optimisation du niveau motivationnel du patient sont repérés : - L’accès à la compréhension pour le patient de sa propre situation : compréhension de la pathologie en expliquant (par des termes adaptés à la personne) comment cette atteinte se répercute au niveau corporel, compréhension des conséquences de la pathologie. Ceci permet de mettre un sens sur les efforts que ce dernier devra fournir en rééducation. - La participation active du patient à la démarche d’intervention : lui accorder une possibilité de choix et de négociation à l’élaboration des objectifs et à la définition des activités utilisées comme moyens thérapeutiques (pour qu’ils soient signifiants et significatifs, ce qui augmenterait d’autant plus son niveau d’autodétermination et de libre choix comme présentés précédemment). Ceci implique une certaine compétence du thérapeute qui doit partager le pouvoir avec le patient, être à l’écoute et faire que ce dernier ressente que ses désirs et points de vue sur la rééducation sont pris en compte et bienvenus. - L’accès à la compréhension des enjeux et intérêts de l’intervention en ergothérapie : compréhension du rôle et de l’intérêt du travail en ergothérapie, compréhension du processus thérapeutique menant à l’atteinte des objectifs, explication de l’importance de réaliser l’activité thérapeutique spécifique en relation avec la pathologie (afin qu’elle ne soit pas considérée comme impertinente par rapport aux objectifs fixés) dans le but de faire un lien plus concret avec la finalité souhaitée et d’améliorer le désir de participation du patient. - La pertinence de l’intervention au regard de la singularité du patient : sentiment que ses besoins, ses habitudes de vie, ses valeurs, sa culture soient clairement identifiés, sentiment d’être compris et accepté dans son unicité, adhésion aux objectifs définis avec le thérapeute car ceux-ci sont clairs, ajustables et en relation avec ses intérêts et ses désirs. - L’attitude et la qualité de l’accompagnement du thérapeute auprès du patient : recours aux feedbacks positifs et réguliers (encouragements, réassurance, supports, valorisation). Cela implique des compétences et des qualités relationnelles de la part du thérapeute qui, par son attitude et positionné en tant que leadership et personne compétente, peut parvenir à motiver le patient, à ce qu’il s’engage davantage dans le processus rééducatif, favorisant de ce fait l’instauration d’une relation thérapeutique efficiente. 29 - L’importance du soutien familial et social : les pairs qui accompagnent et se fédèrent au projet thérapeutique du patient. L’entourage de la personne constitue un soutien de poids afin de faire face aux difficultés imposées par la situation. 2.4.2 Retour sur les facteurs motivationnels d’intérêt pour la problématique Comme l’affirme Meyer (p.146, 2013), « il est capital que le patient s’engage activement dans l’intervention [d’autant plus en ergothérapie] puisque les prestations ne peuvent pas être passivement appliquées ». De ce fait, la motivation étant considérée comme une condition essentielle à la réussite de l’intervention, il s’avère alors intéressant de saisir et de comprendre les facteurs qui la favorisent. Dans cette optique, j’ai puisé dans la littérature plusieurs éléments qui serviront de base théorique en vue de l’exploration pratique de cette étude. Ainsi, les facteurs motivationnels retenus, dans le cadre de la prise en charge ergothérapique du patient postAVC, portent sur : - La compréhension par ce dernier de sa propre situation (Maclean et al., 2000a, 2000b, 2002). - Sa participation à la rééducation notamment au choix des activités pour les séances d’ergothérapie (Deci et Ryan, 1985 ; Hackman et Oldham, 1976). - La compréhension des enjeux et intérêts de l’intervention ergothérapique (Hackman et Oldham, 1976). - La pertinence de l’intervention ergothérapique au regard des intérêts et besoins du patients, s’appuyant sur les activités considérées comme signifiantes et significatives pour le patient (Hackman et Oldham, 1976 ; Locke et Latham, 1976). - L’attitude de l’ergothérapeute et notamment le recours à des feedbacks (Bandura, 2007 ; Hackman et Oldham, 1976 ; Locke et Latham, 1976). En théorie, il a été démontré que la motivation avait un effet sur la performance (et ici, la rééducation) si certains critères étaient réunis, critères auxquels l’ergothérapeute semble pouvoir répondre grâce à ses spécificités propres (notamment par son approche globale de la personne), afin d’influer sur la motivation du patient post-AVC en rééducation. Mais qu’en est-il sur le terrain ? 30 3 Partie expérimentale 3.1 Méthodologie Cette initiation à la démarche de recherche vise à renseigner et à vérifier la pertinence de mes deux hypothèses en lien avec la question de recherche précédemment établie. Afin de permettre une première confrontation pratique de la théorie, une enquête à donc été menée. Voici la méthodologie employée ayant guidé l’élaboration du recueil de données de cette étude. 3.1.1 Populations ciblées Mon étude portant sur la motivation des patients post-AVC en rééducation, il me semblait légitime d’aller m’adresser à la fois aux ergothérapeutes exerçant en rééducation fonctionnelle et aux patients post-AVC qui sont les premiers concernés par ce sujet. J’ai ainsi choisi de mener une enquête à destination de ces deux publics afin de confronter l’avis et l’expérience de chacun des partis. L’enquête destinée aux patients s’est plus particulièrement adressée à une population adulte ayant bénéficié d’une prise en charge ergothérapique lors de leur hospitalisation à temps complet. J’ai notamment ciblé des personnes ne présentant pas de troubles cognitifs majeurs ce qui, dans le cas contraire, aurait pu être à l’origine d’un biais dans mes résultats. 3.1.2 Des indicateurs pour construire mon recueil de données Grâce aux apports théoriques de la revue de littérature, j’ai pu mettre en évidence différents éléments permettant de susciter la motivation d’un individu. Afin de faciliter l’investigation sur le terrain, je vais donc m’appuyer sur cinq indicateurs issus de facteurs motivationnels identifiés à partir des articles et théories étudiés précédemment. Ces indicateurs, pertinents au regard de la problématique, portent sur : L’accès à la compréhension par le patient de sa propre situation : ceci induisant la compréhension de sa pathologie, des conséquences et séquelles, de la qualité de l’information reçue pour permettre d’accéder à cette compréhension. Le niveau de participation du patient à la démarche d’intervention : les possibilités de ce dernier de négocier avec l’ergothérapeute l’identification de ses besoins et le choix des activités à utiliser dans le cadre de l’intervention, les possibilités à donner son avis et d’être écouté par le thérapeute. La compréhension des enjeux et des intérêts de l’intervention ergothérapique : la perception du lien entre la pathologie et les activités thérapeutiques effectuées, la possibilité d’identifier l’activité (c’est-à-dire, de comprendre son intérêt et les résultats attendus), la variété des activités utilisées, la qualité de l’information reçue. 31 La pertinence de l’intervention au regard de la singularité du patient : les objectifs sont en adéquation avec ses besoins et ses intérêts, les moyens d’intervention s’appuient sur les activités signifiantes et significatives pour le patient. L’attitude adoptée par l’ergothérapeute : la qualité de l’accompagnement, le feedback positif et la relation thérapeutique, le thérapeute est ouvert à l’expression du patient. 3.1.3 Les outils pour le recueil de données 3.1.3.1 Choix d’un questionnaire en ligne à destination des ergothérapeutes Afin d’avoir un aperçu global de la pratique des ergothérapeutes mais aussi d’avoir une idée de leur perception quant au lien entre le type de pratique utilisé et le niveau de motivation du patient post-AVC, il m’a semblé pertinent d’opter pour l’utilisation d’un questionnaire, notamment d’un questionnaire en ligne11. Celui-ci se compose de 14 questions distribuées selon trois parties abordant la pratique ergothérapique et les activités, l’information du patient post-AVC et la motivation de ce dernier en rééducation. Les questions sont à la fois fermées (dichotomiques, à choix multiples, échelles d’attitude (de Likert)) mais aussi ouvertes permettant ainsi de recueillir l’avis et l’expérience de chaque ergothérapeute sur ce sujet. Les données obtenues permettront de proposer des axes de réponses à mes questionnements sur la pratique professionnelle mais aussi de confronter le regard du professionnel à celui du patient afin d’apporter des précisions et d’enrichir l’analyse des données obtenues pour cette dernière population. 3.1.3.2 Choix d’un questionnaire à destination des patients post-AVC Dans l’objectif de valider ou non mes deux hypothèses, je souhaitais, en m’adressant directement aux patients post-AVC, recueillir leur expérience au regard de la rééducation suivie. Je cherchais à savoir si la prise en charge, en lien avec les activités proposées, était motivante pour eux. Je cherchais aussi à me renseigner sur l’information dont ils avaient bénéficié au regard de la rééducation et voir si celle-ci pouvait influencer leur motivation. Dans cette optique, j’ai construit un questionnaire12 composé de 12 questions à la fois quantitatives et qualitatives s’articulant sur quatre parties : l’information reçue en rééducation, les activités réalisées en ergothérapie, la motivation et enfin le rôle du patient dans sa rééducation. Les questions fermées m’ont permis de catégoriser chaque patient sur les trois indicateurs clés de l’étude : l’information, la motivation et le type de pratique. Pour calculer ces trois indicateurs, j’ai donc coté chaque modalité de réponse des questions fermées faisant référence à ces trois indicateurs : - L’information du patient renseigne la question 2a. J’ai catégorisé les participants en fonction de leur réponse à chacun des 5 items composant cette question. Chaque item proposant 5 modalités de réponse (« pas du tout informé » à « tout à fait informé »), j’ai 11 12 Via Google Formulaire®, questionnaire complet annexe 3. L’intégralité du questionnaire à destination des patients est consultable en annexe 4. 32 déterminé si le patient était faiblement informé (=0) ou fortement informé (=1), la modalité « passable » étant la valeur centrale est cotée à 0,5. Après cumul des scores obtenus (sur un total de 5 points), il est possible de classer chaque patient : • 0 ≤ score patient < 2,5 = faiblement informé • 2,5 ≤ score patient ≤ 5 = fortement informé - le type de pratique reçue par le patient se réfère à la question 5a,b,c,d. Je me suis basée sur la fréquence d’apparition des activités réalisées en ergothérapie citées par chaque participant (ainsi que les adjectifs s’y référant) en associant chacune d’elles à un type de pratique en fonction de leurs caractéristiques. Ainsi, chaque patient a pu être catégorisé comme ayant bénéficié d’un type de pratique : ou • davantage centrée sur la pathologie • davantage centrée sur le patient - La motivation du patient a quant à elle pu être cotée à partir des réponses aux items de la question 7. De la même manière que pour déterminer le niveau d’information reçu par chaque patient, j’ai déterminé pour chacun des 3 items proposant quant à eux 4 modalités de réponse (de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord ») si le patient était faiblement motivé (=0) ou fortement motivé (=1). Après addition des scores issus des 3 items (sur un total de 3), il est possible de catégoriser chaque patient : • 0 ≤ score patient < 1,5 = faiblement motivé • 1,5 ≤ score patient ≤ 3 = fortement motivé Ces données obtenues seront ensuite traitées et analysées. Elles permettront, à partir d’un tableau dynamique incluant ces trois indicateurs, de confronter les résultats issus de l’enquête menée auprès des patients afin de valider ou réfuter les hypothèses posées. En complément, l’apport qualitatif des questions ouvertes permettra d’enrichir l’analyse mais aussi de donner au patient la liberté de s’exprimer et de confier son ressenti au regard de la rééducation suivie. 3.2 Analyse des études Le profil des participants de cette double enquête Par cette étape de recueil de données, 14 questionnaires destinés au patients postAVC ont été comptabilisés sur les 18 envoyés (4 réponses au questionnaire n’ont pu être retenues : l’une ne faisant pas appel à une prise en charge ergothérapique, les trois autres étaient en lien avec une prise en charge en hôpital de jour, ce qui ne correspondait pas au contexte étudié). Du côté des ergothérapeutes, 24 réponses ont été recueillies. Le panel des répondants se montre d’ailleurs assez éclectique en terme d’années d’expérience auprès de la population de patients post-AVC (allant de 6 mois à 30 ans d’expérience dans ce 33 domaine) mais aussi en terme d’ancienneté au regard de l’année d’obtention du diplôme d’ergothérapeute (étendue entre 1983 et 2014). Ainsi, on peut conclure que la problématique de la motivation du patient post-AVC pour sa rééducation semble susciter l’intérêt des professionnels et ce, indépendamment de l’âge et de l’expérience de ces derniers. Afin de confirmer ou d’infirmer les hypothèses en lien avec la question de recherche suivante : En quoi une démarche d’intervention personnalisée proposée par l’ergothérapeute au patient post-AVC influence-t-elle sa motivation pour sa rééducation ?, une analyse croisée des questionnaires ergothérapeutes et patients13 va donc être proposée, celle-ci permettant d’aborder et de confronter le point de vue de ces deux partis. D’après les réponses recueillies au questionnaire concernant les patients, j’ai pu catégoriser ces 14 participants14 dans l’une des 8 conditions expérimentales définies par mes trois indicateurs de la recherche (Tableau 1) : Patients fortement informés Patients faiblement informés Pratique davantage centrée sur le patient Pratique davantage centrée sur la pathologie Fortement motivés 2 [P6 ; P8] 3 [P1 ; P12 ; P14] Faiblement motivés 0 2 [P2 ; P7] Fortement motivés 2 [P3 ; P10] 0 Faiblement motivés 0 5 [P4 ; P5 ; P9 ; P11 ; P13] Tableau 1 : dynamique de la répartition des groupes patients 3.2.1 La pratique utilisée en ergothérapie auprès des patients post-AVC Au regard des résultats obtenus concernant le type de pratique reçu par les patients, on note qu’une tendance se dégage. En effet, il en ressort que 71% des personnes interrogées ont reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie. Les exercices de type analytique et jeux adaptés ont d’ailleurs été le plus fréquemment cités, puisqu’ils représentent 56,4% des activités nommées. Néanmoins, malgré que certains patients (tels que Patient 4 (P4) ou encore P13) aient évoqué l’utilisation exclusive de ces activities15 au cours de leur rééducation, d’autres indiquent qu’ils réalisent des activités de vie quotidienne, bien que celles-ci soient tout de même utilisées en proportion moindre (32,7% des activités nommées). On note par ailleurs que les purposeful activities (les activités créatives et artisanales) et les diversional activities (de loisirs) représentent respectivement seulement 7,3% et 3,6% des activités réalisées en séance d’ergothérapie. Du côté des professionnels interrogés, les exercices analytiques demeurent majoritairement utilisés sans pour autant s’avérer être le moyen de rééducation exclusif. Bien 13 Les résultats des questionnaires ergothérapeutes et patients sont consultables respectivement en annexes 5 et 6(.2). Cf le tableau de catégorisation des patients, annexe 7. 15 Les termes activities, occupations, purposeful activities et diversional activities sont issus de la classification des activités établie par Golledge. 14 34 au contraire, les ergothérapeutes tendent davantage à diversifier les moyens thérapeutiques puisque les activités de vie quotidienne et les activités signifiantes et significatives du patient se positionnent respectivement comme les 2ème et 3ème moyens les plus utilisés en séance. Cette différence moins marquante que pour les patients dans l’utilisation des différentes activités se confirme notamment avec la pratique professionnelle dans laquelle les ergothérapeutes estiment se situer. En effet, 42% des thérapeutes ont répondu appliquer une pratique mixte c’est-à-dire aussi bien centrée sur le patient que sur la pathologie, 33% estiment adopter une pratique davantage centrée sur le patient alors que seulement 8% d’entre eux considèrent leur pratique davantage centrée sur la pathologie du patient. 3.2.2 La pratique professionnelle de l’ergothérapeute et son influence sur la motivation du patient post-AVC pour sa rééducation En observant la répartition des patients à partir du tableau dynamique, on remarque que 100% des participants ayant reçu une pratique davantage centrée sur la personne, en lien avec l’utilisation d’activités signifiantes et significatives, sont considérés comme fortement motivés pour la rééducation et ce, indépendamment du niveau d’information dont ils ont bénéficié. Pour les personnes ayant bénéficié d’une pratique davantage centrée sur la pathologie en lien avec l’utilisation des activities, les résultats s’avèrent plus discutables puisque 70% d’entre elles ont été, de manière générale, catégorisées comme faiblement motivées quelque soit l’importance de l’information reçue (nous pousserons l’analyse concernant cet aspect de l’étude dans un prochain temps de réflexion). Au vu des résultats, il semblerait donc bien que le type de pratique utilisé par l’ergothérapeute ait une influence sur la motivation du patient. 3.2.2.1 L’ergothérapeute, un professionnel concerné par la motivation du patient A la grande majorité, 92% des ergothérapeutes estiment avoir un rôle à jouer dans la motivation du patient post-AVC. En accord avec les conclusions tirées des lectures préliminaires, la motivation s’avère être, selon les professionnels, un élément moteur pour la rééducation (pour 83% des patients). Il en revient donc au thérapeute de mettre en œuvre tout ce qui est en son pouvoir afin de permettre au patient d’adhérer et de s’investir dans la prise en charge. 3.2.2.2 Les activités thérapeutiques à privilégier pour susciter la motivation des patients Afin de favoriser la motivation des patients, les activités de vie quotidienne se placent en choix n°1 pour la majorité des professionnels avec 37,5%. Viennent ensuite les mises en situation écologique votées par 20.8% des répondants et enfin les activités signifiantes et significatives qui remportent quant à elles 17% des suffrages. L’utilisation de ces dernières s’avèrent d’ailleurs être le choix n°3 majoritaire pour 33% des votants. Les activités faisant référence au rôle de la personne et porteuses de sens pour elle, en lien avec ses habitudes 35 de vie (comme peuvent revêtir les activités de vie quotidienne) semblent être, pour les ergothérapeutes, les plus efficaces pour susciter la motivation des patients. Cette observation est confirmée par les patients qui insistent sur l’importance de réaliser davantage d’activités en lien avec leur habitude de vie mais aussi avec le domaine productif (la problématique de l’activité professionnelle se posant pour cette population adulte), ces activités faisant référence aux occupations selon Golledge, afin de les motiver davantage. Néanmoins, certains professionnels soulignent la difficulté de généraliser l’impact des différents types d’activités sur la motivation des patients, cela dépendant davantage de la particularité et de la capacité de ces derniers à intégrer l’activité qui leur est proposée. Alors que la mise en œuvre d’une pratique davantage centrée sur la personne au moyen d’activités signifiantes et significatives semble effectivement favoriser la motivation de celle-ci pour la rééducation, on remarque tout de même que 30% des patients s’avèrent fortement motivés bien qu’ils aient reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie. Comment peut-on expliquer ce pourcentage plus partagé ? Ces activities, pourtant étrangères pour la personne, peuvent-elles être source de motivation ? 3.2.3 Les caractéristiques de l’activité thérapeutique idéale Pour les ergothérapeutes interrogés, l’activité thérapeutique doit présenter des caractéristiques essentielles pour que son utilisation soit pertinente et efficiente pour la rééducation du patient. En effet, celle-ci doit avant tout être signifiante (citée à 16 reprises), réalisable et adaptée à ses capacités fonctionnelles (14 fois), mais elle se doit aussi d’être motivante/stimulante (7 fois) pour maintenir l’investissement de la personne pour la rééducation. Ces données confirment que l’ergothérapeute se soucie de la motivation du patient qu’il tente de susciter au moyen d’activités qui font sens pour lui, ce qui est d’ailleurs, la définition même des activités signifiantes. Cette facette de l’activité fait par ailleurs partie de l’une des 5 caractéristiques de la tâche décrites par Hackman et Oldham (1976) pour favoriser la motivation de la personne. Néanmoins, l’ergothérapeute doit aussi considérer le niveau de récupération fonctionnelle (cité 13 fois) afin de répondre aux contraintes liées à la pathologie et donc de proposer des activités réalisables. Ceci apparait comme un critère indispensable guidant le choix de l’activité au même titre que la dimension signifiante et/ou significative que doit revêtir l’activité pour le patient (citées 14 fois). Ces réponses mettent en avant une problématique sous-jacente à laquelle bon nombre de patients ont déjà été confrontés face la réalisation d’activités: le problème des situations d’échec. On note ici toute l’importance d’un choix pertinent de l’activité afin de répondre à ces différents critères. Mais comment les activités thérapeutiques sont-elles choisies ? Par qui ? 36 3.2.4 Quel rôle pour le patient post-AVC dans sa rééducation ? 3.2.4.1 Une liberté de choix des activités accrue suivant l’évolution de la prise en charge Au regard de l’échantillon du groupe patients, on relève que 67% des activités réalisées dans le cadre des séances d’ergothérapie leur étaient imposées, leur avis sur l’intérêt pour l’activité n’ayant pas été consulté (question 5b,c,d). Pourtant, on note une réelle volonté des ergothérapeutes de faire participer le patient au choix de l’activité puisque 67% des professionnels interrogés déclarent solliciter fréquemment à toujours la participation du patient pour déterminer les activités. De cette manière, les professionnels favorisent le besoin d’autodétermination du patient qui éprouve alors le sentiment d’être en capacité de choisir l’activité, ce qui contribue à renforcer la motivation de ce dernier pour l’activité. Mais alors, comment expliquer un tel écart de pourcentage entre ces 2 populations ? Comme le précise plusieurs ergothérapeutes, la possibilité de choix est peu laissée au patient en début de rééducation « par manque de connaissance de sa part des objectifs à atteindre et le pourquoi » (Ergothérapeute 3 (E3), question 2). A ce stade de la prise en charge, les patients s’en remettent « aux savoirs des spécialistes » (E21) qui sont plus compétents pour choisir les activités les plus pertinentes en fonction des déficiences à rééduquer. Comme l’explique E4, « c’est seulement une fois que le patient a récupéré assez de capacités qu’il pourra choisir ». Bien qu’il semble que les activités soient dans un premier temps choisies par le thérapeute, tous s’entendent sur le fait que l’accord et l’adhésion du patient pour l’activité demeurent indispensables pour valider le choix du moyen. C’est davantage dans un temps de réadaptation que la place du patient pour le choix des activités sera plus importante, les activités mises en parallèle avec ses habitudes et ses projets, en vue du retour dans son milieu de vie. 3.2.4.2 La perception des patients sur leur rôle au sein de la rééducation Les patients montrent une volonté unanime de participer et d’être actifs dans leur prise en charge puisque 100% de ceux ayant répondu se sentir actifs se satisfont de ce statut. Dans la même logique, 100% des personnes se considérant être passives se disent insatisfaites de cette situation. Néanmoins, malgré une majorité de 72% de patients se sentant actifs à très actifs concernant leur participation à la rééducation, on note pourtant que seulement la moitié des répondants pouvait « choisir les activités qui étaient importantes pour [elle] ». De plus, 71% ont répondu être d’accord à tout à fait d’accord avec l’affirmation « Je me laissais guider par le professionnel ». Ces résultats contradictoires rejoignent l’avis des ergothérapeutes quant à la question de la participation du patient. En effet, la majorité des ergothérapeutes (29,2%) pense que « la possibilité pour le patient de participer activement à sa rééducation (opportunité de choix pour les objectifs et moyens utilisés en ergothérapie) est primordiale pour la réussite de la rééducation » pour seulement 60% de leurs patients. Par ces différents points, on constate alors que le fait que la personne se 37 sente active au sein de la rééducation ne dépend pas forcément de sa capacité à choisir et à négocier avec le thérapeute. Comme vu précédemment avec l’étude de Maitra (2006) proposant de déterminer le rôle que les patients veulent jouer dans leur rééducation afin d’assurer leur satisfaction mais aussi l’efficacité de la prise en charge, on réalise ici que certains patients se contentent de cette position en retrait concernant les choix pour la rééducation. En effet, certains préfèrent davantage s’en remettre aux compétences et responsabilités du professionnel pour guider la thérapie et ce, sans que cette situation n’affecte la perception des rééduqués quant à leur statut. Laisser le choix au patient n’est donc pas une fin en soi, mais d’autres éléments appartenant à la sphère relationnelle semblent primordiaux afin que ce dernier se sente actif et participatif à la rééducation. L’investissement et l’attitude positive du thérapeute tournée vers l’écoute et ouverte aux souhaits et avis du patient, ou encore la valorisation par des feedbacks sont, pour les professionnels, autant d’éléments incontournables qui renforcent le sentiment d’intégration du patient. Grâce à une relation de confiance instaurée au sein du binôme, le professionnel bénéficie d’un leadership accordé par le patient, et peut donc par son influence susciter davantage la motivation du patient et son engagement pour la rééducation. 3.2.5 Un lien entre information et motivation du patient post-AVC ? 3.2.5.1 L’ergothérapeute, professionnel impliqué dans l’information du patient En toute logique, 100% des ergothérapeutes estiment avoir un rôle à jouer dans l’information du patient. Sans surprise, l’ergothérapeute semble donc avoir toute sa place dans l’information du patient. Mais quels supports les professionnels utilisent-ils pour véhiculer l’information et sur quoi celle-ci porte-t-elle ? Alors que la transmission orale de l’information lors de temps formels et informels (lors de l’entretien initial, tout au long de la prise en charge, pendant les séances selon les sollicitations du patient) est un moyen privilégié par la totalité des ergothérapeutes, certains ont aussi tendance à diversifier les supports d’information : 21% des professionnels éprouvent le besoin d’avoir recours à un support écrit (improvisé par eux-mêmes), en s’appuyant notamment sur des schémas pour illustrer le fonctionnement cérébral. Comme le déclare E8, « un dessin est beaucoup mieux compris que des explications théoriques », faudrait-il alors davantage privilégier les supports écrits afin de permettre au patient de mieux comprendre sa pathologie et les symptômes engendrés ? A noter que seulement 12,5% des ergothérapeutes indiquent utiliser un support écrit pré-établi de type livret/une plaquette d’information destinée au patient post-AVC. Par ailleurs, les ergothérapeutes semblent davantage informer le patient sur des sujets en rapport avec leur champ de compétence propre puisque l’information du patient quant à « l’intérêt de l’intervention en 38 ergothérapie » est systématique pour 88% des interrogés. Il en est de même concernant « la finalité visée des activités thérapeutiques utilisées » (75% assurent toujours informer le patient sur ce point) ou encore « sur les objectifs d’intervention fixés » (71% ayant répondu « toujours »). L’information s’avère cependant moins systématique concernant la pathologie présentée et les conséquences et séquelles dues à l’atteinte (38% et 21% des professionnels affirment toujours informer le patient sur ces deux points respectifs). Pour justifier cette tendance, plusieurs ergothérapeutes expriment que la transmission de ces informations à valeur médicale relève davantage du médecin, à l’image des déclarations faites par l’ergothérapeute lors de l’entretien exploratoire qui me confiait ne pas beaucoup informer le patient sur ce point, à cause de cette « culture du médecin » par lequel seule l’information passait. Cependant, avec le changement de paradigme qu’à connu le système de santé ces dernières décennies, on tend davantage vers la complémentarité des informations transmises par les différents professionnels, comme l’illustre la majorité des ergothérapeutes déclarant faire souvent cet effort d’information concernant la pathologie et les conséquences et séquelles (respectivement 54% et 58%). Bien sûr, même s’il en revient en premier lieu des compétences du médecin, chaque professionnel doit donc être en mesure d’apporter des réponses aux questions du patient. Du côté des patients, on note un réel besoin d’information concernant la pathologie puisque 43% d’entre eux estiment, lors de leur arrivée en rééducation, ne pas réellement savoir ce qui leur était arrivé. De manière générale, on remarque que le niveau d’information reçu selon le sujet évoqué est assez hétérogène d’un patient à l’autre : alors que la majorité (57%) estime avoir été bien à tout à fait informée sur la pathologie, les résultats s’avèrent plus mitigés et pointent un déficit d’information concernant l’intérêt de la prise en charge en ergothérapie où 43% des répondants déplorent ne pas avoir été assez à pas du tout informé à ce sujet. Ces résultats peuvent-ils justifier la faible motivation de certains patients perçue lors de cette étude ? Par ailleurs, plusieurs patients expriment le désir de recevoir davantage d’information concernant l’impact de la pathologie sur la vie quotidienne mais aussi sur la prise en charge rééducative et notamment en ergothérapie en lien avec les moyens utilisés. 3.2.5.2 L’information du patient, élément optimisateur de sa motivation pour la rééducation En se référant au tableau dynamique présenté en début d’analyse, on observe que la répartition des patients suivant les 3 indicateurs clés de l’étude amène à réflexion, particulièrement pour ceux ayant bénéficié d’une pratique davantage centrée sur la pathologie. En effet, on remarque que 100% des patients ayant reçu ce type de pratique et étant faiblement informés sont également faiblement motivés. A l’inverse, à type de pratique similaire, on note des résultats plus partagés lorsque les patients sont perçus comme fortement informés puisque seulement 60% d’entre eux sont aussi fortement motivés. Par 39 cela, on suppose alors qu’une bonne information n’induit pas forcément que le patient soit motivé pour la rééducation. Au regard de ces résultats il semblerait que l’information influence la motivation du patient, mais informer suffit-il ? Comment expliquer les 40% de faiblement motivé malgré une bonne information ? 3.2.5.3 Au-delà de l’information, rechercher la compréhension du patient comme clé à sa motivation A l’image des propos tenu par E10, « seul un support papier ne suffit pas à bien véhiculer l’information » en référence à l’utilisation de supports écrits type plaquette ou livret d’information. En effet, bien que 71% des ergothérapeutes soient tout à fait d’accord avec le fait que « l’information du patient concernant sa rééducation lui permettrait de mieux s’approprier l’intervention qu’il va suivre », on note cependant que cette affirmation ne fait pas consensus. Outre l’information reçue, c’est davantage la compréhension du patient qui semble essentielle pour les ergothérapeutes afin de lui permettre d’adhérer aux propositions du professionnel et ainsi, de se motiver davantage pour la rééducation (comme le conclu Maclean et al. dans son étude). Ceci prouve l’importance de l’explication de l’ergothérapeute qui peut se traduire par les situations opposées de P12 et P13 (tout deux ayant reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie) pour lesquels seules l’information et l’explication des activités thérapeutiques diffèrent. Alors que le premier a toujours compris l’intérêt des activités réalisées se traduisant par un sentiment positif envers ces moyens (« encourageante », « motivante »), le second pointe un manque d’explication de la part de l‘ergothérapeute, ceci ayant pour conséquence une incompréhension et donc une vision négative des activités analytiques (jugées « rébarbatives », « peu intéressantes » et « infantilisantes »). Le professionnel doit donc entreprendre la démarche d’aller au-delà de la simple transmission d’information, en accompagnant le patient tout au long de son processus en respectant son « rythme […] puisqu’il ne peut pas tout intégrer et tout entendre rapidement » (E12), et en reformulant l’information afin de l’aider à s’engager davantage. Par ailleurs, comme le souligne E14, « ce n’est pas l’information donnée qui permet [au patient] de s’approprier l’intervention mais c’est la perception […] de cette information qui, si elle est en phase avec ses croyance va faciliter la rééducation par compréhension de la logique » : la prise en compte de l’histoire de vie, des représentations et des croyances culturelles du patient sont donc fondamentales pour guider et adapter la prise en charge en fonction de ses capacités à comprendre et à adhérer à celle-ci. Alors que 42% des ergothérapeutes estiment que « les moyens à disposition afin d’informer le patient sur sa rééducation sont suffisantes pour lui permettre de comprendre l’intervention qu’il va suivre », et que l’on constate dans cette étude autant de patients faiblement que fortement informés, faudrait-il améliorer l’information du patient ? Quelles pistes peuvent être envisagées ? 40 3.3 Discussion 3.3.1 Retour sur la problématique et les hypothèses Depuis l’émergence de ma question de départ guidant l’élaboration de ce travail jusqu’à la construction de ma démarche de recherche, je m’interrogeais à savoir si l’ergothérapeute pouvait, par sa pratique professionnelle, jouer un rôle dans la motivation du patient post-AVC en rééducation. J’ai ainsi posé la question de recherche suivante : En quoi une démarche d’intervention personnalisée proposée par l’ergothérapeute au patient post-AVC influence-t-elle sa motivation pour sa rééducation ? Afin de tenter d’apporter des axes de réponses à ma question de recherche, j’ai alors proposé, suite à mes lectures et entretien exploratoires, deux hypothèses susceptibles de répondre à cette interrogation. Hypothèse 1 : L’orientation de la pratique professionnelle proposée par l’ergothérapeute ciblant l’utilisation des activités signifiantes et significatives du patient post-AVC a un impact positif sur sa motivation. (Dans un souci de consensus au regard des termes employés, une pratique centrée sur la pathologie s’intéresse uniquement aux composantes corporelles, neurocomportementales et cognitives à rééduquer, basée sur des activités analytiques d’intérêt pour l’approche biomécanique. Une pratique centrée sur le patient fait référence à une approche globale de la personne en lien avec ses habitudes de vie et besoins, se basant sur l’utilisation d’activités signifiantes et significatives.) Comme il a été évoqué tout au long de ce mémoire, l’Activité se positionne comme l’outil de base de l’ergothérapeute. Ce dernier, ayant à cœur d’inscrire sa pratique dans une approche centrée sur la personne, recherche donc à stimuler les différentes dimensions affective, cognitive, physique et spirituelle du patient. Les résultats de l’enquête menée auprès des professionnels permettent de vérifier le rôle de l’ergothérapeute dans la motivation des patients post-AVC en rééducation. En proposant une prise en charge globale soucieuse des désirs et besoins du patient, on peut alors penser que l’ergothérapeute se place comme le professionnel rééducateur privilégié pour assumer ce rôle, la capacité de ce dernier à susciter la motivation du patient faisant même partie de ses compétences propres puisqu’il doit être en mesure d’« identifier les facteurs et mettre en œuvre les stratégies favorisant l’engagement des personnes dans l’activité et l’amélioration de leur autonomie »16. Confirmé par les résultats obtenus à partir des données des patients, il semble clair que l’utilisation par l’ergothérapeute d’une pratique davantage centrée sur le patient ait un impact positif sur la motivation de ce dernier. Une affirmation ne souffrant d’aucune contestation au 16 Sous-compétence 7 de la compétence 3 d’après le référentiel des compétences pour le D.E d’ergothérapeute. 41 vue des 100% de patients fortement motivés en lien avec ce type de pratique. Dans la continuité de la réflexion, l’utilisation d’activités signifiantes et significatives représente pour la majorité des ergothérapeutes un des trois moyens à privilégier afin de susciter la motivation du patient (les deux autres moyens étant « activités de vie quotidienne » et « mises en situation » qui, par ailleurs, peuvent aussi revêtir une dimension signifiante et/ou significative pour la personne, un des biais de l’étude qui sera développé prochainement). L’intérêt de ces activités ayant même été confirmé par les patients interrogés. Cependant, bien que les professionnels aient une réelle volonté de considérer davantage les besoins et habitudes de vie du patient pour guider la prise en charge, on note tout de même que l’utilisation des activités de type analytique faisant écho à une pratique centrée sur la pathologie est quasi systématique dans le paysage rééducatif. Ont-elles un intérêt pour la pratique bien qu’elles ne fassent pas sens pour le patient, à l’inverse de ce que préconisent les fondements théoriques de l’ergothérapie ? Un des enjeux importants soulevé par cette étude est le souci de limiter les situations d’échec, obstacles majeurs à la motivation du patient selon les professionnels interrogés, ce qui amène ces derniers à proposer des activités réalisables et adaptées aux capacités de la personne. Cette considération pose la question de la faisabilité des activités signifiantes et significatives (celles-ci nécessitant plusieurs compétences, ne permettant pas d’isoler une seule composante à l’inverse des activités analytiques) puisque certains patients peuvent, en début de rééducation, présenter des déficiences motrices notables empêchant leur réalisation. Les activités analytiques, limitant plus facilement les mises en échec, permettent aussi de répondre plus aisément aux objectifs rééducatifs visés et de développer ainsi les pré-requis indispensables à la réalisation plus complexe d’activités en terme d’exigence motrice. De plus, ne faisant pas sens pour le patient, les situations d’échec seraient perçues moins violemment que si elles se présentaient face à des activités qui lui tiennent à cœur. Afin de rendre les activités signifiantes et significatives réalisables, ne serait-il pas envisageable de les décomposer en sous-tâches comme évoqué en partie conceptuelle afin de permettre l’atteinte du but fixé ? A la fois stimulante, réalisable et porteuse de sens pour la personne, l’activité satisferait ainsi à la Théorie du But (Locke et Latham, 1967) pour laquelle l’activité peut être motivante si sa difficulté est modérée et que le défi posé par sa réalisation est accessible. Cela éviterait par ailleurs les situations d’échec du patient et renforcerait par là-même son sentiment d’auto-efficacité comme le défini Bandura (2007). D’autre part, il faut aussi reconnaitre que le potentiel motivationnel attribué aux activités présente un caractère subjectif et difficilement généralisable à tous les patients (cela dépendant de la capacité de la personne à percevoir et à comprendre l’intérêt de l’activité, ceci pouvant être influencé entre autre par le contexte socioculturel, les 42 représentations et croyances de la personne). L’analyse des résultats a en effet permis d’ouvrir le champ d’observation aux patients ayant reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie, ceci apportant d’autres réflexions intéressantes. Bien que cette étude n’ait pas pour but de démontrer un possible impact négatif d’une pratique centrée sur la pathologie sur la motivation du patient, je m’attendais néanmoins à observer cette tendance (en lien avec mes expériences de stage passées). Cependant, il semblerait que ce type de pratique basée sur l’utilisation des activities, ne faisant pourtant pas sens pour la personne, n’induise pas forcément une faible motivation de la personne. Même si les résultats montrent que dans 70% des cas, les patients ayant reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie s’avèrent effectivement faiblement motivés, 30% parviennent tout de même à attribuer un potentiel motivationnel à ces activities, qu’elle en est la raison ? Les résultats de l’étude soulignent que le fait de percevoir les progrès au niveau de la rééducation s’impose, pour la majorité des patients (71%), comme l’élément moteur n°1 pour favoriser leur motivation. Là encore, il semble pertinent de reconnaitre ici que les activities ont l’avantage d’être mesurables et contrôlables, comme nous l’avons vu lors de l’exploration conceptuelle. Ainsi, puisqu’elles facilitent la mesure des progrès effectués, elles permettent donc de répondre à cet élément primordial pour la motivation d’après les patients interrogés. C’est d’ailleurs pour cela que certains patients perçoivent positivement ces activités, à l’image de P12 et P14 (ces activités étant pour eux « motivantes » et « encourageantes » bien qu’ « étrangères »), deux patients considérés comme fortement motivés et ayant reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie17. Ces activités présentent donc plusieurs intérêts pour la rééducation : mesurables, contrôlables, stimulantes pour certains patients qui perçoivent davantage leur progression mais aussi accessibles et réalisables, ceci constituant l’une des qualités essentielles d’une activité thérapeutique selon les professionnels. Bien que l’utilisation des activités analytiques doit être fonction du profil du patient et de sa capacité à comprendre leur intérêt, celles-ci s’avèrent tout de même importantes même si elles s’éloignent de la pratique centrée sur la personne dans laquelle l’ergothérapeute se revendique. Devant cette situation illustrée par P12 et P14, on comprend alors que ce n’est pas la réalisation de ce type d’activité pour ce qu’elle représente en elle-même qui motive le patient (puisqu’elle n’est liée à aucune dimension personnelle faisant écho aux habitudes de vie antérieures) mais plutôt le bénéfice secondaire entrainé par l’action qui est ici de récupérer des déficiences suite à l’AVC. Cette force externe (par la volonté de récupérer au niveau fonctionnel) poussant le patient à l’action met ici en jeu la motivation extrinsèque de la personne, la forme la moins autodéterminée selon Deci et Ryan (1985). 17 Dans le cas de P12 et P14, j’ai relevé une utilisation majoritaire d’exercices analytiques tels que le déplacement de cônes, de bâtonnets, d’aiguilles,… 43 Pour conclure ce temps de réflexion, je pense donc pouvoir valider l’hypothèse 1. Néanmoins, bien que cette affirmation s’applique à une minorité de patients, cette dernière observation nous amène à considérer qu’une pratique davantage centrée sur la pathologie peut, elle aussi, être motivante (contrairement aux observations faites en stage). Hypothèse 2 : Faciliter la compréhension du patient post-AVC (de sa situation, de la rééducation à suivre) par une démarche d’information adaptée systématique en début de prise en charge favorise son investissement pour sa rééducation, et par là même, sa motivation. Afin de valider cette hypothèse 2, il faut là encore s’attarder sur l’observation des patients ayant reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie. En comparant la répartition de ce groupe, il apparait clairement qu’un manque d’information est préjudiciable pour la motivation du patient post-AVC puisque 100% des personnes faiblement informées s’avèrent aussi faiblement motivées. Dans le cas contraire, où les patients ont été fortement informés, 60% d’entre eux sont aussi fortement motivés. Par cela, alors que le manque d’information entraine inévitablement une faible motivation, on s’aperçoit que l’inverse (un bon niveau d’information reçu) n’est pas une vérité absolue comme le prouve les 40% de patients pourtant faiblement motivés malgré avoir été fortement informés. On peut donc penser qu’informer correctement le patient n’est pas suffisant pour qu’il puisse s’investir davantage dans la rééducation. En poussant l’analyse, au-delà de l’information transmise, c’est avant tout la compréhension et la perception propre du patient qui importent, ce sont ces dimensions qui permettent de convertir l’information reçue en un facteur motivationnel. Ce constat rejoint d’ailleurs la position des ergothérapeutes interrogés sur la question pour qui, à l’instar d’un des répondants, « il faut promouvoir la compréhension de la personne pour qu’elle puisse s’investir dans un projet de rééducation ». Il est donc primordial que le patient comprenne sa pathologie, la situation si particulière qu’il est en train de vivre, et qu’il saisisse les enjeux et l’intérêt de la prise en charge rééducative. Les ergothérapeutes insistent d’ailleurs sur les conséquences dommageables qu’un manque d’information et d’explication concernant les exercices, les objectifs rééducatifs ou encore les répercussions de l’atteinte peuvent induire sur la motivation du patient. Cela peut justement s’illustrer par la situation de certains patients (P4, P9, P11 et P318) de l’étude qui, estimant tous ne pas avoir été assez informés sur « la finalité des activités proposées en ergothérapie », ont éprouvé un sentiment négatif à l’évocation des activities (« rébarbative », « lassante », « infantilisante »). Ces constats soulignent l’importance des explications et de l’information transmises par l’ergothérapeute 18 Ces 4 patients ont tous reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie. 44 afin que le patient puisse comprendre l’intérêt de l’activité mais aussi afin d’éviter tout amalgame comme le déplore E14 citant des paroles récurrentes de patients : « Dès que j’aurais fini de jouer je pourrais aller en rééducation, le MK [masso-kinésithérapeute] m’attend ! ». L’explication de l’activité apparait primordiale pour permettre au patient de lui conférer une identité, correspondant à l’une des 5 caractéristiques préconisées par Hackman et Oldham dans la Théorie des caractéristiques de la tâche (1976) et ainsi, favoriser sa motivation et donc son adhésion pour le moyen utilisé. Cependant, à en croire les situations de P2 et P719, on peut se demander si les explications fournies par le professionnel sont gages d’adhésion du patient aux activités thérapeutiques. En effet, bien qu’ils estiment avoir été respectivement bien et très bien informés concernant « la finalité visée des activités thérapeutiques proposées en ergothérapie », ils indiquent pourtant ne pas avoir toujours compris l’intérêt des exercices proposés. Comme conséquence de ce manque de compréhension malgré une bonne information reçue, on constate que ces derniers demeurent faiblement motivés. A contrario, à niveau d’information et type de pratique reçues égales à P2 et P7, on remarque que P12 et p14 s’avèrent quant à eux être fortement motivés. Par cela, on s’aperçoit que cette faculté à intégrer l’intérêt de l’activité et d’y adhérer est propre à chacun, ceci pouvant expliquer qu’une activité analytique peut-être perçue comme motivante par certains ou au contraire peu stimulante par d’autres. Comme l’a soulevé l’ergothérapeute interrogé lors de l’entretien exploratoire, cette différence de perception de la part des patients peut être conditionnée par le niveau socioculturel, les croyances, les représentations, les valeurs mais aussi par le niveau d’études de chacun. Par cela, puisque chaque patient est unique, le professionnel se doit d’adapter l’information transmise afin qu’elle soit la plus pertinente et qu’elle lui permette d’être en capacité de comprendre et donc d’agir. En tant qu’ergothérapeute, il est évident que nous ayons un rôle central dans l’information du patient et ce, au même titre que les autres professionnels de santé gravitant autour de la personne lors de sa prise en charge. Au vu de l’importance de proposer un discours commun entre les différents professionnels, il est de notre ressort de mettre en place des moyens satisfaisants mais aussi de contribuer à la cohésion de l’équipe pluri professionnelle afin de proposer une information de qualité, complémentaire et cohérente de la part de tous les acteurs. Cette seconde hypothèse semble alors à première vue validée puisque on s’aperçoit, comme observé à travers la situation des patients, que le niveau d’information du patient entraine une amélioration de son niveau de motivation. Cependant, ces résultats ne peuvent être généralisable à tous les individus comme le souligne les 40% de patients demeurant 19 P2 et P7 ont reçu une pratique davantage centrée sur la pathologie et tous deux étaient fortement informés. 45 faiblement motivés malgré avoir été fortement informés. Ainsi, comme l’information du patient n’induit pas réellement que ce dernier soit davantage motivé pour la rééducation (s’il ne parvient pas à comprendre l’information transmise), je considère alors que mon hypothèse n’est que partiellement vérifiée. L’information conditionne la motivation du patient post-AVC, mais la compréhension de ce dernier est indispensable afin qu’il s’investisse et adhère à la rééducation. De manière générale, il est important de souligner que des facteurs spécifiques inhérents à la pathologie complexe qu’est l’AVC, peuvent induire une difficulté à stimuler le patient pour sa prise en charge et ce, indépendamment de la pratique du professionnel ou de l’information transmise. On peut notamment évoquer la dépression post-AVC, complication très fréquente, (dans 30 à 40% des cas, Azouvi, 2003) citée par de nombreux ergothérapeutes. L’atteinte de certaines zones cérébrales régulant les circuits neurologiques impliqués dans le processus de motivation, des troubles cognitifs importants, une durée de prise en charge parfois longue oscillant entre des phases de récupération et de « plateau », ou encore le problème de deuil de la personne entre sa situation pré et post-AVC sont autant d’éléments perturbateurs pouvant s’additionner. Il en revient donc aux compétences de l’ergothérapeute d’adapter sa pratique en tenant compte des particularités de chaque patient et notamment des capacités de ce dernier à s’investir dans l’activité proposée. 3.3.2 Pour aller plus loin… ouverture vers de nouvelles réflexions Ce mémoire s’est construit progressivement autour d’une situation professionnelle vécue en stage. Il m’a permis notamment de pouvoir m’interroger et de réfléchir sur les solutions qui pourraient être envisagées, au regard de ma problématique, afin de motiver davantage ce patient post-AVC en rééducation. Par cette étude, j’ai ainsi pu mesurer toute la complexité qu’implique une prise en charge où les enjeux oscillent entre la compréhension du patient pour la démarche de l’ergothérapeute, l’efficacité de l’intervention du point de vue rééducatif et ce, tout en ayant la volonté de répondre aux besoins et attentes du patient. Cette réflexion m’a conforté sur la définition du métier d’ergothérapeute tel que je le perçois et que j’aurais à cœur d’entreprendre dans ma future pratique, celle d’une prise en compte globale du patient afin de lui proposer une réponse individualisée. De cette évidence mais aussi de mes observations précédentes découlent d’autres questionnements. Comment choisir l’activité ? Comment peut-on davantage faire participer le patient ? Une période de rééducation analytique initiale est-elle indispensable ? De quelle manière peut-on choisir des activités qui à la fois, répondent aux objectifs thérapeutiques, mais qui soient aussi efficaces pour favoriser la motivation du patient post-AVC ? Aider la personne à s’engager dans les activités signifiantes et significatives apparait comme l’une des spécificités de notre profession. Promouvoir l’utilisation d’outils 46 ergothérapiques ne serait-il pas le moyen d’asseoir encore un peu plus notre identité professionnelle et de tendre encore plus à une pratique centrée sur la personne? Il apparait comme une évidence d’évoquer ici la Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel. C’est un bilan élaboré par et pour des ergothérapeutes en cohérence avec le Modèle Canadien du rendement Occupationnel20 dont il est issu. Cette évaluation subjective permet véritablement d’intégrer le patient et favorise sa participation dans sa prise en charge puisque, dans ce cas, c’est lui seul qui détermine les activités importantes pour lui et qui lui posent des difficultés. A partir de son propre point de vue, il va alors coter l’intérêt qu’il porte à l’activité évoquée, mais aussi sa performance et sa satisfaction à la réaliser. Dans ce sens, la MCRO permet au patient d’accroitre son sentiment d’être co acteur de sa rééducation et renforce par là même son besoin d’autodétermination et de libre choix. Malgré qu’il semble encore peu utilisé au sein des structures, il parait, de mon point de vue, primordial tant pour la profession (afin d’ancrer l’identité professionnelle mais aussi d’aider l’ergothérapeute à cibler plus pertinemment les éléments clefs à travailler en rééducation) que pour le bien-être et la satisfaction du patient au regard de sa prise en charge, de développer le recours systématique à ce type d’outil. Dans ce sens, on remarque d’ailleurs le développement des formations continues dans le but d’aider les ergothérapeutes à se familiariser à la MCRO, les invitant ainsi à systématiser l’utilisation de ce bilan auprès des patients. Par ailleurs, l’enquête fait apparaitre un autre point important ouvrant la réflexion audelà de la pratique propre de l’ergothérapeute mais concernant l’ensemble des professionnels de santé. Aujourd’hui, avec la nouvelle conception du soin, le rôle du patient évolue vers plus d’autonomie et de nouvelles exigences apparaissent, notamment en ce qui concerne l’information du patient. Considérée comme un puissant levier ouvrant à l’implication du patient afin de lui redonner un pouvoir d’action dans sa démarche de santé, l’information de qualité est donc primordiale. Celle-ci se doit d’être la plus juste et la plus adaptée à la situation personnelle du patient et ce, tout au long de sa prise en charge. Mais quel support d’information privilégier ? Alors que l’information orale s’avère être la pratique la plus courante, il semblerait qu’un document écrit soit devenu « un outil indispensable à la bonne compréhension des informations [puisque] les écrits restent et les paroles s’envolent » (Lelièvre, 2008). Devant cet enjeu, la HAS invite d’ailleurs les établissements de santé à rédiger des documents d’information écrits en publiant en 2008 le guide méthodologique Elaboration d’un document écrit d’information à l’attention des patients et des usagers de santé, qu’il s’agisse pour améliorer le niveau de connaissance de la personne sur sa pathologie, pour comprendre les intérêts des soins et plus particulièrement 20 Modèle centré sur le « client » prenant en compte la subjectivité, les besoins et désirs de la personne. Celui-ci propose une vision globale de la personne et suppose l’existence d’un lien fort entre la personne (sous ses dimensions affective, physique, cognitive et spirituelle), ses activités (classées en 3 grands domaines : soins personnels, productivité, loisirs) son environnement (à la fois physique, institutionnel, culturel et social), sa santé et son bien-être. Ce modèle met en évidence le rôle primordial de l’occupation sur la participation de la personne, comme tel est le cas avec le MOH, modèle de pratique présenté lors de l’exploration conceptuelle. 47 à notre situation, pour comprendre la rééducation qu’il va suivre. Toutefois, il faut souligner que l’information écrite ne doit pas substituer les échanges oraux mais doit venir en complément des discussions entre soignant et patient, l’oral étant le meilleur moyen de s’assurer de la bonne compréhension de la personne. Alors que le rôle de l’ergothérapeute quant à l’information du patient fait l’unanimité auprès des interrogés, beaucoup insistent néanmoins sur l’importance de collaborer avec les différents professionnels afin de transmettre une information harmonieuse et sans manquement, ceci supposant un travail en équipe. Renforcer l’inter professionnalité ne serait-il pas une solution permettant d’améliorer la qualité de l’information du patient et par cela, favoriser sa compréhension pour la rééducation qu’il va suivre? Comment cela peut-il se traduire sur le terrain ? De mes recherches complémentaires et en accord avec les propos de plusieurs ergothérapeutes interrogés, la question de la mise en place de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) fait ici surface. En effet, cette démarche « comprend des activités organisées, y compris un soutien psychosocial, conçues pour rendre les patients conscients et informés de leur maladie, des soins, de l’organisation et des procédures hospitalières, et des comportements liés à la santé et à la maladie. Elle a pour but de les aider (ainsi que leurs familles) à comprendre leur maladie et leur traitement, à collaborer ensemble et à assumer leurs responsabilités dans leur propre prise en charge dans le but de les aider à maintenir et améliorer leur qualité de vie.» (HAS, 2007). L’ETP, ancrée dans une approche centrée sur la personne, s’intéresse aux besoins spécifiques du patient en prenant en compte ses processus d’adaptation, ses représentations de la santé et de la maladie ainsi que les aspects socioculturels. De cette manière, le patient « devient sujet et non plus objet de ses soins [placé] au cœur d’une relation multiple avec différents intervenants » (Fournier, p.420), ceci renforçant de même la qualité de l’accompagnement et la connaissance des différents professionnels rencontrés. On peut alors penser que l’ETP serait un « bon moyen pour permettre au patient de connaitre sa pathologie et de s’investir dans sa rééducation » (E22), mais aussi pour qu’il se sente intégré réellement dans son processus rééducatif. Faisant partie intégrante de la prise en charge, elle permet d’assurer une cohérence et une continuité dans le suivi de l’information donnée par les différents professionnels. La mise en place de programmes d’ETP apportant déjà une très grande satisfaction, tant pour les équipes soignantes que pour le patient, il y a fort à penser que ce critère de qualité, préconisé par les agences de santé, se développe durablement au sein des établissements de soin (Rehel, 2004). 48 3.3.3 Limites rencontrées Une des principales limites relatives à cette étude concerne la fiabilité des résultats obtenus notamment pour l’échantillon des patients. Ma première idée était d’aller rencontrer cette population directement au sein des structures de soin afin de les accompagner dans la passation du questionnaire qui leur était destiné (mon choix était d’accompagner moi-même le patient afin d’éviter un biais concernant l’authenticité des réponses recueillies). Cependant, la prise de contact avec les patients post-AVC hospitalisés à temps complet étant dépendante du nombre et de la situation géographique des ergothérapeutes, j’ai choisi d’ouvrir l’enquête aux personnes ayant subi un AVC mais se trouvant à distance de leur hospitalisation21. Ainsi, cela me permettait d’anticiper quant à une très faible participation de patients. Néanmoins, cet ajustement méthodologique m’a mené face à de nouvelles limites. Tout d’abord, le retour d’expérience plus ou moins récent selon l’histoire du répondant peut altérer la fiabilité des réponses qui peuvent être, basées sur des souvenirs, moins précises et moins authentiques par rapport à ce que les personnes auraient répondu dans un contexte réel d’hospitalisation à temps complet. Ensuite, en procédant ainsi, je n’ai pas pu entreprendre d’étude comparative entre l’ergothérapeute et son patient, ce qui m’a fait perdre en pertinence du point de vue de la qualité de l’analyse. Procéder ainsi m’aurait permis de mieux distinguer les éléments pouvant nuire ou susciter la motivation du patient en rééducation. Par ailleurs, le nombre total de patients répondants restant peu représentatif, Les conclusions de l’étude ne peuvent être généralisables à une plus grande échelle. Une des difficultés de mon étude était de trouver la façon dont j’allais pouvoir interroger les professionnels sur leur pratique, tout en veillant à ne pas stigmatiser celles s’éloignant des fondements théoriques de l’ergothérapie. Lors de l’analyse des données, je me suis aperçue de quelques approximations concernant la formulation des modalités de réponses pour le questionnaire des ergothérapeutes (les questions concernées sont les 4 et 11 pour lesquelles plusieurs modalités de réponses pouvaient par exemple faire référence à des activités signifiantes et significatives) ce qui a induit des difficultés pour le traitement de ces réponses. Enfin, désireuse d’interroger les ergothérapeutes sur différents points en lien avec le concept de motivation et les différents indicateurs ressortis de mes recherches théoriques, beaucoup de questions posées ne répondaient pas directement à mes hypothèses et se sont donc avérées peu utiles et envahissantes au vu de la quantité d’informations à traiter. Avec le recul, j’aurais sans doute davantage épuré la construction de mes outils d’investigation. 21 Les participants ont été recrutés via les réseaux sociaux par l’intermédiaire d’un groupe rassemblant des personnes victimes d’un AVC. Après leur avoir exposé le cadre de mon étude et les conditions de passation, j’ai pu diffuser à chaque intéressé le lien d’un questionnaire en ligne via Google Formulaire® afin d’y répondre. 49 Conclusion En tant que professionnelle en devenir, j’avais à cœur de réaliser ce dernier travail sur un sujet qui me passionne autant qu’il me semble encore insaisissable, celui de la motivation du patient. Comme Georg Christoph Lichtenberg l’a dit : « Rien n’est plus insondable que le système de motivations derrière nos actions». Bien qu’une large part de mystère entoure encore ce concept, son effet bénéfique comme moteur au dépassement de soi n’est plus à prouver. Convaincue que la réussite d’un projet, d’un défi, découle en grande partie de la motivation, c’est donc avec cette idée que s’est construit ce mémoire qui avait pour but d’éclaircir les éléments favorisant la motivation du patient post-AVC dans le cadre de sa prise en charge en ergothérapie. Au travers de l’investigation menée par questionnaires auprès des deux populations concernées, je désirai mettre en avant la légitimité du rôle de l’ergothérapeute en tant que professionnel pivot pour la motivation du patient puisqu’inscrit dans une démarche centrée sur la personne. Par cela, je cherchais à démontrer que le type de pratique utilisée par l’ergothérapeute pouvait influencer la motivation du patient post-AVC mais aussi que l’information du patient sur sa situation et sa rééducation était primordiale afin qu’il puisse s’investir dans celle-ci. Selon Trombly, « La motivation du patient implique que les activités proposées prennent sens par rapport à son existence ou à ses intérêts, et qu’elles aient un but identifié, sans quoi il peine à s’y engager ». Cette pensée résume parfaitement les conclusions de cette étude qui a permis, d’une part, de confirmer l’intérêt de l’utilisation d’une pratique davantage centrée sur le patient ciblant les activités signifiantes et significatives afin de favoriser la motivation de ce dernier ; mais aussi de souligner l’importance primordiale de la compréhension faite par le patient de sa situation et de ce qui lui est proposé en rééducation afin que ce dernier puisse s’investir davantage dans son projet rééducatif. Par ailleurs, cette étude m’a permise de pousser ma réflexion quant à l’utilisation des activities toujours largement proposées en ergothérapie, l’utilisation des cônes citée par les patients et retrouvée lors de mes stages en étant l’exemple le plus représentatif. Focalisée sur l’utilisation des activités signifiantes et significatives comme moyens permettant de susciter la motivation du patient post-AVC, j’ai pu m’apercevoir au cours de ce travail que le potentiel motivationnel d’une activité dépend réellement de la capacité du patient à comprendre son intérêt. C’est d’ailleurs pourquoi certains d’entre eux considèrent les activities motivantes, le type de motivation suscitée ici étant extrinsèque à l’activité, induite par le bénéfice secondaire qu’apporte sa réalisation. Bien que l’ergothérapeute ait à cœur de proposer une prise en charge en lien avec les besoins, les intérêts et les habitudes de vie du patient, il doit cependant aussi satisfaire aux exigences rééducatives en fonction du niveau de récupération et des contraintes liées à la pathologie bien souvent importantes suite à un 50 AVC qui l’obligent à choisir des activités adaptées et réalisables. Le professionnel doit-il en début de prise en charge privilégier uniquement les composantes biomécaniques ? Une période de rééducation analytique est-elle incontournable ? «Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts ni par les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais »22. Par cela, il en revient donc à l’ergothérapeute, en tant que professionnel de l’adaptabilité, de proposer une intervention appropriée au profil de chaque patient (et de sa capacité propre à intégrer l’intérêt des activités thérapeutiques), ceci en trouvant le juste équilibre entre l’efficacité de la prise en charge d’un point de vue rééducatif et l’attractivité des moyens utilisés afin d’obtenir l’adhésion et la motivation du patient, deux leviers primordiaux pour la réussite de la rééducation. Devant l’enjeu que représente la compréhension du patient post-AVC sur sa situation et sa rééducation pour favoriser sa motivation et donc son désir de participation pour sa prise en charge, on voit ici toute l’importance d’une information adaptée et cohérente de la part de l’ensemble des professionnels impliqués. Dans ce sens, la mise en place d’un programme d’Education Thérapeutique du Patient en parallèle de la prise en charge classique serait une perspective intéressante afin de proposer une information formalisée, systématique et adaptée aux besoins spécifiques du patient. 22 Feu Hassan II 51 Bibliographie • ACUITE MG. Extraits et notes de lecture issues de: COLLECTIF, 2004, De l’apprentissage social au sentiment d’efficacité personnelle. Autour de l’œuvre d’Albert Bandura. l’Harmattan, 175, 2011. [en ligne] Disponible sur internet : <http://etab.acmontpellier.fr/0660516c/pub/CPC_ASH/docs_MG/BANDURA_Theorie.pdf> (Consulté le 12 janvier 2015). • ANON. Lignes directrices pour une pratique de l'ergothérapie centrée sur le client. Ottawa : Association canadienne des ergothérapeutes, 1997, 109p. • ANON. L'information des patients, vers de nouvelles exigences. Soins cadres, 2006, n°60, p. 21-61. • AZOUVI P., BUSSEL B. 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Montepellier : Sauramps médical, 2007. p. 41-44. 55 Glossaire (L’intégralité des définitions ci-dessous est issue des cours dispensés lors de la formation.) • Allodynie : survenue d’une douleur déclenchée à la suite d’un stimulus normalement indolore. • Anosognosie : méconnaissance partielle ou totale d’un état pathologique ou d’un trouble et ce, en l’absence de confusion mentale. • Aphasie : trouble acquis de la communication par le langage secondaire à des lésions cérébrales. • Attitudes vicieuses : position anormale prise par un membre ou plusieurs articulations due à une anomalie du squelette ou d’une affection neurologique de longue durée. • Diastasis : subluxation de la tête humérale. • Dysarthrie : trouble de l’articulation de la parole et de la production de sons, lié à une lésion du système nerveux ou une atteinte des différents organes mis en jeu. • Fonctions exécutives : opérations cognitivo-comportementales nécessaires afin de réaliser des tâches non routinières, nouvelles ou inhabituelles. • Gnosies : facultés permettant de reconnaitre, à l’aide d’un de ses sens, la forme d’un objet, sa représentation et sa signification. • Hémianopsie latérale homonyme : perte de la vision d’un hémi-champ visuel du même côté que la paralysie. • Hémiasomatognosie : perte ou défaut de reconnaissance corporelle de l’hémicorps lésé. • Héminégligence : associe une anosognosie et une hémiasomatognosie qui entraine une perte de l’attention ou de considération du côté paralysé. • Hémiplégie : déficit de la commande volontaire d’un hémicorps, consécutif à une lésion cérébrale controlatérale provoquant un déficit moteur. • Hyperesthésie : exacerbation anormale de la perception des sensations (tactile, thermique, vibratoire,…) • Hypoesthésie : baisse de l’intensité des sensations pouvant affecter l’ensemble des fonctions sensitives (vibrations, pressions, thermique,…) causée par un dysfonctionnement nerveux. • Praxies : fonctions cognitives élaborées nécessaires pour effectuer une activité gestuelle avec une finalité motrice, orientée dans le temps et l’espace. • Spasticité : phénomène caractéristique de l’hémiplégie qui se traduit par une augmentation du réflexe tonique d’étirement lié à la vitesse d’étirement de ce muscle. • Syncinésies : contractions involontaires de muscles ou de groupes musculaires, déclenchées lors de la commande volontaire du côté hémiplégique, parasitant les autres muscles. Annexes • Annexe 1 : Compte-rendu du l’entretien exploratoire du 24.10.2014 • Annexe 2 : Schéma du Modèle de l’Occupation Humaine (MOH) de Gary Kielhofner • Annexe 3 : Questionnaire en ligne à destination des ergothérapeutes (issu de copies écran de l’original) • Annexe 4 : Questionnaire en ligne à destination des patients post-AVC (issu de copies écran de l’original) • Annexe 5 : Résultats issus du questionnaire à destination des ergothérapeutes • Annexe 6.1 : Résultats du questionnaire à destination des patients post-AVC (issu de copies écran de la grille de résultats originale) • Annexe 6.2 : Représentation graphique des résultats quantitatifs du questionnaire patients • Annexe 7 : Tableau de catégorisation des patients post-AVC Annexe1 : Compte rendu de l’entretien exploratoire du 24.10.2014 réalisé auprès d’une ergothérapeute exerçant en SSR: Question 1 : « Dans votre pratique êtes-vous souvent confronté à un manque de motivation du patient post-AVC pour sa rééducation? », l’ergothérapeute m’a fait part que c’était en effet un problème récurrent dans sa pratique, surtout en phase de récupération. Elle met en avant qu’un manque de motivation peut s’expliquer par la pathologie neurologique que présente le patient, certaines zones cérébrales régulant les circuits neurologiques impliqués dans le processus de motivation pouvant être touchées. D’autre part, la durée de la prise en charge peut aussi influer sur la motivation, le patient s’installe peu à peu dans un cocon au sein du service et ne fait plus le lien avec la vie à l’extérieur. C’est davantage en fin de rééducation, lorsque la prise en charge devient plus concrète et réadaptative, notamment suite à la visite à domicile, qu’elle note un regain de motivation. Question 2 : « remarquez-vous une différence dans l'attitude d'un même patient selon la pratique utilisée (une activité analytique ou une activité signifiante/significative)? Elle insiste sur le fait que cela dépend des caractéristiques du patient, de sa culture, de sa capacité à comprendre ce qu’elle lui demande. S’il ne trouve pas de sens à ce qu’il doit faire en séance, il aura une attitude nonchalante et sera peu motivé. Pour elle, une activité, même analytique, peut être motivante s’il arrive à en saisir l’intérêt. Question 3 : en général, comment parvenez-vous à impliquer le patient dans sa rééducation et à le motiver? Elle souligne l’importance de faire le lien avec les habitudes de vie de la personne, de donner des objectifs précis, compréhensibles et d’expliquer comment ils vont les atteindre. La pratique propre de l’ergothérapeute joue aussi son rôle dans l’implication du patient. La personnalité du professionnel et la relation de confiance qu’il parvient à instaurer avec la personne entre aussi en jeu. Elle met en avant que « de vouloir pour les patients ça ne marche pas, il faut vraiment que ça vienne d’eux, qu’ils aient envie de faire les choses sinon ça ne fonctionnera pas ». Elle me confie d’ailleurs « qu’au début de la pratique professionnelle on a tendance à trop vouloir pour les patients, tu penses que c’est bien pour lui donc tu veux que ça se passe comme toi tu veux mais si le patient n’adhère pas au projet ça ne marchera pas ». J’en conclu qu’il est alors important de laisser une possibilité de choix au patient pour sa rééducation afin qu’il puisse s’investir et se sentir acteur. Question 4 : Pour vous, quelles peuvent être les raisons qui permettent d’expliquer des difficultés à rendre certains patients acteurs de leur prise en charge? Elle déplore que souvent, à leur arrivée en rééducation, les patients ne savent pas pourquoi ils ont eu un AVC, n’ont pas de connaissance sur leur pathologie soit par manque d’information ou parce qu’ils ont reçu cette information trop tôt, quand ils n’étaient pas en mesure d’assimiler ce qui leur était arrivé. Selon elle, il serait nécessaire de prendre le temps d’expliquer ce qu’est un AVC, le fonctionnement du système nerveux central en lien avec les déficiences qu’ils présentent, de les informer sur la pathologie et sur le programme qu’on peut leur proposer en rééducation. En lien avec ces déclarations, elle me dit ne pas beaucoup entreprendre cette démarche car il y a cette « culture du médecin » par lequel seule l’information passait, et qu’avant en tant que paramédical ce n’était pas leur rôle. Y-a-t-il des éléments à améliorer dans l’information du patient ? Quel rôle l’ergothérapeute peut-il y jouer? Annexe 2 : Schéma du Modèle de l’Occupation Humaine (MOH) de Gary Kielhofner Schéma issu de l’ouvrage Modèles conceptuels en ergothérapie : introduction aux concepts fondamentaux (Morel-Bracq, 2009a). Annexe 3 : Questionnaire en ligne à destination des ergothérapeutes (issu de copies écran de l’original) Annexe 4 : Questionnaire en ligne à destination des patients post-AVC (issu de copies écran de l’original) Annexe 5 : résultats issus du questionnaire à destination des ergothérapeutes Le profil des ergothérapeutes interrogés : Ergothérapeute interrogé 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) 10) 11) 12) 13) 14) 15) 16) 17) 18) 19) 20) 21) 22) 23) 24) Lieu d’exercice Année d’obtention du diplôme SSR SSRNL SMPR Service de revalidation SSR Centre de rééducation SMPR SSR SMPR SMPR CMPR SSR SMPR SSR CMPR SSR SMPR CHU SMPR Centre de rééducation SSR SSR Centre de rééducation SMPR 2006 2008 2001 2013 1993 2010 1999 2013 2012 2011 2012 2002 2008 1989 1983 2013 2008 2008 1999 2014 1991 2004 1994 2005 Années de pratique auprès de la population de patients post-AVC 8 ans 1an 14 ans 1 an 5 ans 5 ans 11 ans 1 an 1 an 3 ans ½ 3 ans 12 ans 3 ans 23 ans 30 ans 9 mois 7 ans Multiples expériences 15 ans 6 mois 24 ans 10 ans 21 ans 10 ans 1) Quelles sont, pour vous, les qualités essentielles d'une activité à utiliser avec les patients post-AVC post en rééducation? 1) Expliquée – motivante – signifiante ; 2) adaptée – signifiante - je ne sais pas ; 3) adaptée – intéressante – comprise ; 4) motivante – réalisable – répétitive ; 5) signifiante - intensité inten croissante – répétitive ; 6) pertinente – écologique – adaptée ; 7) signifiante – adapté – stimulante ; 8) réalisable – signifiante – concrète ; 9) ludique –répétitive – infradouloureuse ; 10) globale – écologique – ludique ; 11) fonctionnelle – signifiante – écologique ; 12) efficace – écologique – signifiante ; 13) Précise – réalisable – évolutive ; 14) un sens pour lui – motivante - demandé par lui ; 15) significative – signifiante – motivante ; 16) adaptée aux capacités/incapacités de la personne - adaptée à l'évolution de la rééducation - adaptée aux objectifs de rééducation (objectifs thérapeutiques de l'ergo et objectifs du patient) ; 17) concrète – signifiante – évolutive ; 18) signifiante – simple – motivante ; 19) progressive – infradouloureuse e – adapté ; 20) signifiante – ajustable – réalisable ; 21) signifiantepartageable avec d'autres personnes (aspect social) - reproductible par la personne lorsqu'elle est seule ; 22) motivante – signifiante – réalisable ; 23) non contraignante - améliorer améliore le deficit sur court ou long terme – signifiante ; 24) adaptée – intérêt - réponse aux objectifs. 2) En règle générale, dans quelle mesure le patient participe-t-ilil au choix de l'activité? Précision(s) éventuelles : 2) L'activité est proposée par l'ergothérapeute MAIS avec l'accord et l'adhésion du patient ; 3) Le choix est peu laissé au début par manque de connaissance de sa part des objectifs à atteindre et le pourquoi. Au fur et à mesure de la rééducation, son choix est de plus en plus important et mis en parallèle avec son projet de vie ; 4) Il me semble que dans un premier temps, le choix de l'activité ne peut pas être fait par le patient (on peut tenir compte de ce qu'il aime ou pas). C'est seulement une fois que le patient à récupérer assez de capacités qu'il pourra choisir ; 5) l'activité est toujours proposée en accord avec le patient; importance de l'explication du but de l'activité ; 7) Le numéro 4 est à revoir car une activité de vie quotidienne peut être signifiante et significative autant qu'une mise en situation écologique ou pour certaines personnes des exercices analytiques.... ; 14) départ avec la MCRO qui identifie les besoins de vie du patient ; 15) Ca me paraît primordial ; 19) Pour la partie rééducation, c'est l'ergo qui choisi ses exercices en fonction des objectifs de rééducation. Pour la partie réadaptation, mise en situation concrète, le patient participe au choix de faire ou non la cuisine, les courses, la conduite auto, ... 21) Les personnes, surtout en début de rééducation s'en remettent aux "savoirs des spécialistes". c'est justement l'intérêt de l'ergothérapeute de partager ses connaissances, de faire des échanges en groupe pour que chaque personne puisse évoquer son expérience... et de faire émerger les choix personnels. 3) En fonction de quel(s) critère(s) est guidé le choix de l’activité ? 1) habitudes antérieures de vie, le niveau de récupération motrice du membre supérieur et de la marche ; 2) capacités fonctionnelles du patient, l'objectif visé, activités significatives ; 3) l'objectif fixé : récupération motrice à atteindre, transferts, mise en situation en chambre (toilette, habillage) en fonction de son projet de vie et de sa situation sociale ; 4) Il m'apparait essentiel de tenir compte de l'évolution du patient. Ne pas trop le mettre face à ses incapacités. Choisir des activités qu'il va pouvoir réaliser (surtout au début d'une prise en charge qui va être analytique) ; 5) activité proposée à la suite d'une évaluation initiale du patient (habitudes antérieures de vie, projet du patient, évaluation des déficiences, incapacités et des situations de handicap ...) ; 6) des habitudes de vie, des capacités résiduelles ; 7) La personne exprime ses priorités en fonction des situations de Handicap qu'il juge prioritaire pour lui. Je choisis l'exercice et explique en quoi il est en adéquation avec ses objectifs ; 8) en fonction des capacités motrices, des objectifs déterminés et de la motivation de la personne ; 9) La prescription, Les déficits observés lors des bilans réalisés, Les habitudes de vie, les activités significatives ; 10) Selon le déficit sensori-moteur, Activités signifiantes, Autonomie vie quotidienne ; 11) En fonction de ses besoins, de ses envies, de sa motivation, de ses contraintes, de ses capacités/incapacités ; 12) En fonction des capacités du patient, de ce qu'il a besoin de travailler ; 13) Selon les capacités sensitivomotrices du patient et les objectifs de rééducation ou réadaptation de la séance ; 14) besoin de vie et demande de la personne ; 15) Attente du patient , en lien avec ses habitudes de vie, priorité du patient ; 16) En fonction des atteintes (motrices, sensitives...), des capacités et incapacités de la personne, en fonction des objectifs thérapeutiques et des objectifs personnels du patient, en fonction de la participation et de la motivation du patient ; 17) Après un entretien avec le patient, déjà des activités se dégagent d'elles-mêmes, et avec elles, leur importance pour le patient ; 18) Doit répondre aux objectifs de la prise en charge, Doit répondre aux objectifs du patient, Doit être un maximum en lien avec les habitudes de vie du patient ; 19) Les mouvements mis en jeux lors de cette activité, les capacités nécessaires et celles du patient ainsi que les objectifs fixés pour faire progresser le patient ; 20) Selon les objectifs de rééducation et l'état de santé de personne du jour que se soit physique, psychique et psychologique ; 21) par tâtonnement avec la personne pour trouver des activités variées, qui satisfont les modèles de rééducation neurologique et la motivation de la personne ; 22) il faut que l'activité ait un sens pour le patient ; 23) la participation et l'envie du patient, les possibilités motrices, mise en situation /au domicile,/à l'activité professionnelle,/à son environnement sociale, si elle permet d'envisager une progression ; 24) objectifs, intérêts du patient, faisabilité. 4) De manière générale, quelles activités proposez-vous proposez au patient post-AVC AVC lors des séances d’ergothérapie ?1) 1) 1=20%, 2=20%, 3=20%,4=10%,5=15%, 1 = mises en situation écologique 6=0%, 7=15% ; 2) 1=10%, 2=25%, 3=25%, 3 4=10%, 5=20%, 2 = activités de vie quotidienne 6=0%, 7=10% ; 3) 1=25%, 2=25%, 3=20%, 3=20% 4=10%, 5=10%, 3 = exercices analytiques 4 = jeux adaptés 6=10%, 7=0% ; 4) 1=20%, 2=20%, 3=50%, 4=0%, 5=10%, 5 = activités signifiantes et significatives 6=0%, 7=0% ; 5) 1=20%, 20%, 2=20%, 3=20%, 4=20%, 5=20%, 5=20% 6 = activités artisanales 6=0%, 7=0% ; 6) 1=20%, 2=20%, 3=20%, 4=20%, 5=15%, 7 = activités de groupe thérapeutique 6=15%, 7=0% ; 7) 1=30%, 2=30%, 3=10%, 4=30%, 5=75%, 6=0%, 7=0% ; 8) 1=20%, 2=25%, 3=30%, 4=10%, 5=15%, 6=0% , 7=0% ; 9) 1=25%, 2=25%, 3=15%, 4=0%, 5=15%, 6=10%, 7=10% ; 10) 1=0%, 2=30%, 3=20%, 4=0%, 5=25%, 6=15%, 7=10% ; 11) 1=40%, 2=75%, 3=75%, 4=75%, 5=50%, 6=15%, 7=10% ; 12) 1=10%, 2=20%, 3=20% , 4=10%, 5=10%, 6=10%, 7=20% ; 13) 1=0%, 2=10%, 3=80%, 4=10%, 5=0%, 6=0%, 7=0% ; 14) 1=0%, 2=0%, 3=0%, 4=0%, 5=0%, 6=0%, 7=0% ; 15) 1=10%, 2=10%, 3=10%, 4=10%, 5=40%, 6=10%, 7=10% ; 16) 1=10%, 2=25%, 3=10%, 4=0%, 5=20%, 6=15%, 7=20% ; 17) 1=30%,, 2=40%, 3=10%, 4=10%, 5=10%, 6=0%, 7=0% ; 18) 1=20%, 2=30%, 3=20%, 4=0%, 5=20%, 6=10%, 7=0% ; 19) 1=20%, 2=10%, 3=30%, 4=30%, 5=10%, 6=0%, 7=0% ; 20) 1=20%, 2=20%, 3=15%, 4=25%, 5=60%, 6=10%, 7=0% ; 21) 1=10%, 2=10%, 3=10%, 4=10%, 5=10%, 6=10%, 7=10% ; 22) 2) 1=20%, 2=20%, 3=10%, 4=10%, 5=20%, 6=10%, 7=10% ; 23) 1=10%, 2=20%, 3=25%, 4=25%, 5=10%, 6=10%, 7=0% ; 24) 1=20%, 2=20%, 3=60%, 4=70%, 5=50%, 6=20%, 7=10%. Autre(s) activité(s) proposée(s) : 5) Nouvelles ouvelles technologies : outils de réalité virtuelle ; 10) Pour moi MES écologique et AVQ: idem ; 14) ce n'est pas la question... toutes ces activités sont proposables mais seulement en fonction des besoins de vie, si le patient aime et joue beaucoup nous passons par le jeu. Les enfants aiment tous jouer, les adultes tes non pas tous. Nous repartons du besoin du patient ...et utilisons toutes ses activités ; 21) discussion (travail relationnel), informatique et nouvelles technologie, rééducation assistée par robot, jardinage, démontage de machines ne fonctionnant plus, rencontre famille pour expliquer la pathologie les symptômes et leurs conséquences sur la vie quotidienne etc, apprentissage des transferts par la famille à l'hôpital (donc pas écologique). 5) Où pourriez-vous vous situer votre pratique ? 6.a) En tant qu’ergothérapeute, pensez-vous pensez qu’il est de votre rôle de participer à l’information du patient ? 6.b) Si oui, quelles informations délivrez-vous délivrez aux patients ? Autre(s) information(s) importante(s) : 9) Pour les deux première: Tout dépend des informations données par le médecin ou les autres thérapeutes ; 10) Cela dépend des informations délivrés par le médecin et autres thérapeutes, des questions évoquées par le patient, Informations données également sur la règlementation pour la conduite notamment, sur d'autres activités proposées (éducation thérapeutique)... en accord avec le médecin et autres thérapeutes ; 13) Informations sur la suite de la prise en charge et l'orientation vers un centre de rééducation ation ou un SSR ; 14) les deux premiers sont repris en équipe lors d'un atelier de groupe ETP : "qu'est ce qu'un AVC" donc je n'aie pas pu bien coter. j'ai mis 2 mais j'aurai pu mettre 3, 2 juste pour montrer que je ne me permets pas de le faire seule mais avec méd, MK, ortho, psycho, etc. a vous de revoir ma cotation pas fiable du tout. idem pour conséquences et séquelles ; 15) Info sur le matériel préconisé ; 21) Il faut promouvoir la compréhension de la personne pour qu'elle puisse s'investir dans un projet jet de rééducation d'abord, puis de vie ensuite. Les aidants naturels et professionnels sont importants à considérer. Il faut respecter l'émotivité de la personne face à ces informations, ainsi que les autres personnes, famille, amis, etc. Selon la compréhension compréh de la personne et l'étape du processus de deuil, il est nécessaire de moduler le type d'information. Il est nécessaire de vérifier la compréhension de la personne (questionnement, mise en situation, explication à d'autres personnes,etc. La dynamique dynamique de groupe et l’interprofession alliés sont deux aspects essentiels. 6.c) Comment procédez-vous vous pour informer le patient ? (oral, écrit, vidéos, temps formel, temps informel…) 1) discussions lors des séances de rééducation et lors de l'entretien initial ; 2) à l'oral lors de l'entretien initial, au cours des séances tout au long de la prise en charge ; 3) à l'oral lors des séances en fonction de leurs demandes. Lors de réunion avec avec les familles, certaines fiches techniques affichées en chambre (rappel des consignes) ; 4) Toujours lors de la prise en charge, de façon orale. Au fur et à mesure du choix des activités, Etre à l'écoute de ses inquiétudes et le rassurer de par des explications, Je fais toujours attention à ne pas lui donner trop d'espoir sur l'évolution sans pour autant lui faire penser que tout redeviendra comme avant. Il faut distiller l'information, d'après moi, arriver à donner ni trop ni pas assez d'information pour permettre au patient de garder sa motivation ; 5) information donnée au cours des séances de rééducation et en fonction des demandes du patient, remise de livret, rencontre patient et famille, Associations france AVC ; 6) Les informations sont données au patient de façon orale, en essayant d'illustrer (sans support établi) de façon précise. Ces informations sont données lors d'une séance. Nos patients bénéficient de prise en charge individuelle (séance de 45 minutes par patient) ; 7) Conversation orale lors du premier entretien puis avec des temps informel lorsque je sens que la personne est prête à abordée certain sujet. Cela me parait essentiel à une bonne pratique de l'ergothérapie. Certaines informations sont données aussi lors des P3i ; 8) De manière générale je passe par l'oral (la population choisi n'ayant pas de troubles cognitifs) pour expliquer la pratique et la patho. Mais il est vrai que je m'appuie souvent sur des dessins pour bien expliquer ce qui leur est arrivé au niveau cérébral. En général ces personnes ne connaissent pas le fonctionnement du cerveau et ne comprennent pas leur paralysie. Un dessin est beaucoup mieux compris que des explications théoriques ; 9) Oral, Plaquette d'information ; 10) Oral surtout. Support de plaquettes peut être utilisé. Généralement, ses informations sont données durant les séances d'ergo ; 11) Oral par entretien, temps informel lors des exercices ou mises en situation ; 12) En général par des entretiens avec le patient ; 13) oral, échange oral avec les familles aussi ; 14) l'ensemble de tout cela. lors du groupe nous échangeons sur ce qu'ils savent, sur la notion de gravité et de rebondissement. qu'est ce qu'ils en comprennent. oral, support écrit, vidéo ; 15) oral et/ou écrit (si problème mnésique, attentionnel...) temps formel ; 16) Par oral lors des séances de rééducation. Des informations sur un temps formel sont apportées lors de l'entretien d'admission, au bilan intermédiaire et lors du bilan final. Puis diverses informations sont données au fur et à mesure de la prise en charge selon les besoins des patients ; 17) Information via l'oral majoritairement, avec la famille ou pas, au moment d'une visite à domicile la plupart du temps, mais aussi lorsque le patient se pose la question, donc ça peut être au moment d'une séance en chambre ou une séance en salle. Quoi qu'il en soit, au moment de la VAD toujours, car ça permet de replacer les objectifs et cela justifie aussi certains aménagements dans le domicile, et cela permet de temporiser l'évolution, conserver la motivation de la personne ; 18) Discussions et lien avec l'entourage ; 19) A l'oral lors du bilan d'entrée. A l'oral, avant l'exercice proposé. De manière informelle lors d'une question du patient ou de sa famille ; 20) L'information est donné au patient selon ses capacités en terme de communication. Souvent réalisé sur des temps de séance de rééducation. Certains éléments peuvent être repris en staff pour que le médecin retourne vers la personne afin de compléter certains éléments de réponse ; 21) Toute méthode pédagogique est bonne à utiliser. La didactique est un aspect important. cela peut donc être oral écrit, vidéo, recherche sur internet, rencontre avec d'autres patients (dynamique de groupe ou pair émulation). Nous avons eu l'opportunité de faire participer des médecins en stage et des internes à des groupes d'automobilisation. Cela a été très riche ; 22) Par oral ou par schémas. Sur un temps le plus souvent informel (pendant la séance) ; 23) échange oral lors de la première rencontre et tt au long de la prise en charge ; 24) oral. 6.d) Si non, pouvez-vous expliquer votre réponse ? Aucun ergothérapeute n’a répondu à cette question. 7) Que pensez-vous vous des affirmations suivantes ? 8) De manière générale, quels moyens (réalisables ou non) peuvent être envisagés afin d’améliorer la qualité de l’information du patient concernant sa rééducation ? 1) mises en place de temps d'information en groupe sur l'AVC, les facteurs de risque et les changements nécessaires dans les habitudes de vie (activité (activité physique, diététique...). communication avec la famille et le patient sur l'évolution et les exercices qui peuvent être faits en autonomie ; 2) proposer un porte-folio folio dans lequel son intégrer des fiches concernant les différents suivi, l'importante l'importan de l'accompagnement de la famille et de l'investissement du patient pour la réussite de sa rééducation, séances d'éducation thérapeutique AVC de groupe ; 3) je ne vois pas ; 4) Avoir toujours plus de temps pour être en prise en charge individuelle ; 5) Rencontre pluridisciplinaire avec le patient et sa famille ; 6) Support écrit à type de plaquette illustrée ; 7) Livret d'information pour accueillir le patient si l'on se sent plus à l'aise avec un support. Prendre le temps lors du premier entretien de bien bi faire le lien entre le Patient, ses besoins et les objectifs que nous pouvons nous fixer ensemble afin déjà de créer une collaboration avec la personne atteinte d'hémiplégie... Prendre le temps de lui parler de sa patho, de sa fatigue.... ; 8) En premier premier lieu un rdv avec le médecin qui lui explique simplement sa pathologie (où je travaille cette étape est souvent oubliée !), les conséquences et trace brièvement la rééducation qu'il va avoir. Chaque professionnel doit revenir sur la patho et répondre aux questions, expliquer notre pratique et pourquoi on le fait. Etablir des objectifs et lui en faire part. L'intégrer complètement dans sa prise en charge sans le "contraindre" à tel ou tel exercice. Souvent, en terme d'information, je leur donne des contacts sur des groupes de paroles ou des associations qui répondront également aux questions sans être dans le système de soins. Mais attention à bien connaître ses associations/intervenants car cela peut avoir un fort impact (négatif parfois) sur le patient, et il faut tout revoir avec lui ; 9) Il est important de distribuer les plaquettes tout en les expliquant. Pour les pathologies avec une évolution péjorative, il est important de collaborer avec les autres professionnels comme les psychologues ; 10) Seul un support papier ne suffit pas a bien véhiculé l'information. Une information orale voire une discussion doit être entreprise. Des posters peuvent également être mis en place sur certaines activités ; 11) Support écrit - conférence rencontre famille/équipe ; 12) Je pense que les moyens utilisés actuellement sont satisfaisants: information en individuel, en groupes, éducation thérapeutique, ... Ce qui me semble important est d'aller au rythme du patient puisqu'il ne peut pas tout intégrer et tout entendre rapidement. ra Ne pas hésiter à faire des redites, à le faire reformuler... ; 13) Dialogue avec le médecin, groupe d'éducation sur l'AVC, ses troubles et ses répercussions ; 14) pour revenir sur votre 7.1 l'information du patient n'est pas la question, la vraie question est ce qu'il en a perçu. Nous pouvons vous informer, certaines fois vous n'allez rien écouter à l'info donner et redemander après... vous n'étiez pas prête à accepter l'info donné. le patient c'est pareil. c'est pas l'info donné qui permet de s'approprier s'approprier l'intervention mais c'est la perception du patient de cette info qui si l'info est en phase avec ses croyances va faciliter la rééduc par compréhension de la logique. Les moyens mis à disposition changent : l'ETP peut permettre d'améliorer la cohérence hérence entre l'info et la réception par le patient. Nous savons que les livrets donnés n'ont quasiment pas d'efficacité mais nous le faisons toujours... ; 15) Programme d'éducation thérapeutique, pair émulation... ; 16) Difficile à dire car les conséquences conséquenc d'un AVC peuvent beaucoup différer d'une personne à l'autre. Une brochure ou des séances d'informations en groupe pourraient être intéressantes afin que les patients puissent échanger entre eux ; 17) Information par le médecin, individuel ou groupe, informations informations non formelle par les professionnels qui gravitent autour du patient (rééducateurs et soignants), supports écrits, plaquettes à disposition, groupe d'éducation thérapeutique à destination du patient et famille ; 18) Un rendez vous médical initial pour permettre de présenter les différents intervenants qui peuvent être en mesure d'intervenir près du patient. Un retour complet systématique fait au patient suite aux réunions de synthèse ; 19) Réalisation d'un petit livret ou film explicatif spécifique au service et à la rééducation de l'AVC. ; 20) L'importance du discours commun entre professionnels, les moyens généralisables pour différents patients concernant l'information de leurs difficultés sont complexes à mettre en place au vu de l'expression des es AVC et selon les atteintes "il y a autant de personnes victimes d'un AVC que d'AVC » ; 21) brochures, films, sites internet, groupes de paroles, groupes d'éducation thérapeutique, activités groupales, association dédiées pour faire le lien à la sortie, ... ; 22) Doit être réalisé dans une pièce calme pour que le patient puisse se concentrer sur ce qui lui est dit. L'éducation thérapeutique est un bon moyen pour permettre au patient de connaître sa pathologie et de s'investir dans sa rééducation ; 23) harmoniser moniser un discours simple et adapté par tte l'équipe soignante et médicale ; 24) suivi psychologique. 9) En tant qu’ergothérapeute, estimez-vous vous avoir un rôle important à jouer dans la motivation du patient ? 10) A votre avis, pour quel pourcentage de patients pensez-vous pensez que… 11) Selon vous, quelles sont les activités thérapeutiques les plus efficaces afin de motiver le patient post-AVC AVC pour ses séances de rééducation ? Autre(s) activité(s) efficace(s) : 6) variable suivant les patients ; 9) Tout dépend du stade de récupération ; 14) votre questionnaire ne le permet pas mais j'aurai aimé mettre les 4 que j'ai coché au même niveau... ; 21) cela dépend des personnes et des situations. Il n'y a pas de protocole, et l'ergothérapeute doit s'adapter. s'adapter. 12) Selon vous, en rapport avec la pratique utilisée par l’ergothérapeute, quels éléments peuvent : - influencer positivement la motivation du patient : 1) la visite au domicile est souvent un moment tremplin pour le patient. Il se rend compte des de difficultés et des progrès à effectuer. Il est alors plus motivé après pour la rééducation. Les week end thérapeutiques sont aussi un moyen de les motiver pour les semaines de rééducation ; 2) proposer des activités adaptées aux capacités du patient ; 3) l'intégration de la famille dans le projet et leur compréhension ; 4) L'ambiance du service et les liens avec les autres patients ; 5) le feedback de l'activité ; 6) La réussite d'une activité , l'intérêt du patient pour l'activité, la relation avec le thérapeute th ; 7) comprendre se qu'il fait, aller au rythme de la personne, et souvent le fait d'aller sur l'extérieur et la VAD ; 8) le gain d'autonomie et d'indépendance, les exercices proposés, la diversité et les explications fournies ; 9) Explication, Compréhension, préhension, l'adhérence ; 10) Explication de l'activité. Alternance des activités analytique et quotidien. Parfois, ils se sentent très en échec sur une situation du quotidien car comparaison avant l'avc. Valoriser la progression ou les activités qui peuvent peuvent être réalisées. Avoir plusieurs activités complémentaires pour la rééducation ; 11) participation de la famille aux séances (ex transfert), mise en place de moyen de compensation ; 12) L'implication du patient dans son suivi thérapeutique. Sa participation ion dans l'élaboration des objectifs thérapeutiques ; 13) la réussite des exercices de rééducation et mises en situation écologique, la valorisation du patient, l'échange avec d'autres patients en progrès ; 14) partir de ses besoins de vie ; 15) ne pas juger, er, avoir des objectifs modestes, éviter trop de situations d'échecs, inclure la famille, avoir de l'humour ; 16) la relation patient-soignants soignants (kiné, ergo, IDE..) (établissement d'une relation de confiance), la participation du patient dans sa rééducation,, l'observation d'évolution positive ; 17) La présence soutenante de la famille. La compréhension de sa situation, compréhension aussi que les étapes et la rééducation vont être longues, mais qu'il ne faut pas se décourager tout de suite. Le soutien de l'équipe. l'équipe. La valorisation par l'activité auprès de ses proches et des autres patients (groupe de cuisine, dégustation par les autres patients par exemple). La capacité à montrer au patient qu'il peut faire des choses, de façon différente, ou avec aides techniques. ques. La rencontre avec d'autres patients "porteurs", qui vont discuter avec les autres et montrer qu'avec la patience et la ténacité, la rééducation apporte des solutions. Relation de confiance avec le patient et ses proches. Ecouter le patient, donner de l'importance à son discours ; 18) un lien permanent avec l'entourage, expliquer les objectifs des exercices proposés et toujours faire le lien avec la vie quotidienne, lui redire régulièrement que l'ergo est à l'écoute des problématiques liées à la vie quotidienne, faire sentir au patient qu'un lien existe avec les autres rééducateurs ; 19) L'information sur les répercutions au quotidien. Le niveau de dépendance qui diminue ; 20) Si la personne "a le moral", si elle est entourée par le cercle amical et familial", si elle se voit progresser et qu'il y a un impact positif dans son quotidien ; 21) une relation de confiance, le respect des rythmes de l'usager et de sa famille, le respects des valeurs, la didactique dans l'approche relationnelle et les activités mises en œuvre, l'interdisciplinarité, le lien avec la vie après l'hôpital, la dynamique de groupe, la qualité des résultats obtenus, la récupération des fonctions atteintes par l'AVC, le fait que la personne trouve une activité qui l'intéresse et qu'elle souhaite reproduire à la sortie de l'hôpital, ... sorties thérapeutiques, travailler au retour des WE au domicile, suivi en hôpitaux de jour ; 22) l'investissement du thérapeute et le choix d'un activité qui ait un sens pour lui ; 23) la réussite de l'exercice et la progression ; 24) entourage du patient. - influencer négativement la motivation du patient : 1) trop d'exercices analytiques sans explication de l'intérêt ; 2) la mise en échec ; 3) la comparaison avec d'autres patients qui' n'évoluent pas comme eux et faussent leurs idées et réalités ; 4) Voir des patients ayant eu également un AVC mais n'ayant pas forcement bien récupéré ; 5) le manque de récupération, la répétition des activités ; 6) la mise en échec, une prise en charge trop centrée sur la pathologie ; 7) La routine des exercices non signifiant pour la personne ; 8) qu'on ne l'intègre pas dans sa rééducation, faire des exercices qui n'ont aucun sens pour lui ; 9) La répétition, L'échec, la non compréhension ; 10) Trop de mise en échec, incompréhension de l'activités par rapport à ses difficultés ; 11) incapacité face à une activité qui lui tient à cœur ; 12) lui imposer des activités qu'il n'a pas envie de faire ; 13) La mise en échec, l'indifférence des médecins et équipe paramédicale ; 14) une activité "débile" qui sert à rien , à part l'occuper et dont le patient ne comprend pas l'intérêt: ex: dès que j'aurai fini de jouer je pourrai aller en rééducation, le MK m'attend!!!" (Phrase classique de patients si les ergothérapeutes font n'importe quoi) ; 15) ne pas tenir compte de ses attentes , ne rien lui expliquer, avoir des objectifs qu'on ne peut pas atteindre, être négatif, avoir des jugements de valeur...16) le manque d'information, une ambiance mauvaise au sein des équipes, un manque de communication dans l'équipe ; 17) Trop de mise en échec, Dépression post AVC, Manque de soutien de la famille, Manque de présence rassurante de l'équipe pour le patient, Lorsque le handicap est lourd d'emblée, pour une personne jeune et dynamique, le découragement peut être rapide, Décider pour le patient, ne pas l'écouter, ne pas prendre en compte son avis ; 18) pas de lien avec l'entourage, ne pas expliquer les objectifs, ne pas être à l'écoute du patient ; 19) La mise en échec lors de mise en situation trop précoce. Des exercices non adaptés aux capacités du patient ; 20) Si la personne souffre d'un syndrome dépressif, si peu de progrès sont identifiés, si la personne n'est pas entourée par la famille, si elle n'est pas en accord avec le projet ; 21) l'idem, mais à l'inverse : confiance faussée, impossibilité à suivre les rythmes de la personne en lien avec les contraintes institutionnelles, la difficulté à trouver des valeurs communes, une didactique inopérante, l'absence de récupération et/ou de résultats, etc... ; 22) Donner une activité qui ne plaise pas au patient ; 23) l'incompréhension ou l'échec ; 24) entourage du patient. 13) Selon vous, quelles attitudes adoptées par l’ergothérapeute vis-à-vis du patient peuvent : - influencer positivement la motivation du patient : 1) mise en avant des progrès, éviter de le mettre en échec, l'empathie ; 2) la mise en avant des progrès réalisés, l'empathie, la communication ; 3) l'écoute et l'explication (répéter s'il le faut), le respect du temps pour leur acceptation, la patience ! 4) L'écoute et le dialogue ; 5) présence au cours de la séance, accompagnement adapté, stimulations importantes, évaluations régulières permettant d'objectiver éventuellement les progrès ; 6) l'écoute, la résolution de problèmes, la bonne implication de la prise en charge, la relation de confiance ; 7) La collaboration avec le patient, le rendre auteur de son suivi (et pas acteur......) ; 8) l'attention et l'écoute portée, les conseils, l'accompagnement ; 9) l'attitude positive , le dialogue ; 10) Ecoute, valoriser, expliquer ; 11) rechercher des activités qui lui tiennent a cœur, se déplacer pour réaliser en milieu écologique ; 12) laisser de la place au patient pour qu'il puisse exprimer ses objectifs ; 13) la valorisation, l'écoute bienveillante, l'encouragement ; 14) centré sur lui ; 15) être ouvert, à l'écoute, le prendre en considération , être optimiste et positif, empathie et tenir compte de ses remarques et intérêts ; 16) lui laisser, au fur et à mesure, un maximum d'autonomie dans sa rééducation, répondre aux questions posées, faire participer la famille à la prise en charge si besoin, être à l'écoute ; 17) Rassurant, Valorisant, Attitude englobante, porteuse, Patience, Relation de confiance+++ ; 18) être motivé et motivant, être réactif par rapport aux demandes du patient ; 19) Montrer le côté positif, montrer les progrès en situation avec ou non la famille. Avoir une attitude rassurante. Expliquer que sa va prendre du temps ; 20) Lorsque L'ergothérapeute se montre empathique, Instaure une relation de confiance et une relation thérapeutique et qu'il y a un accord entre le patient, le projet et l'équipe pluriprofessionnelle ; 21) adaptabilité à la situation de la personne, stimulation de la participation de la famille et des proches, approche éducative, respect des valeurs de chacun, bonne gestion des contraintes institutionnelles, investissement de l'ergothérapeute reconnu par la personne et son entourage, interdisciplinarité ; 22) ¨l'empathie et le dynamisme ; 23) écoute et bienveillance, proposer des objectifs au patient, lier l'exercice à une application dans sa vie quotidienne ; 24) explications et implications. - influencer négativement la motivation du patient : 1) manque de communication et d'explication de l'intérêt des exercices ou mises en situation proposés ; 2) le manque d'information et d'explication concernant le suivi, les objectifs, les répercussions fonctionnelles de l'AVC ; 3) quand notre vision de la situation n'est pas la leur. (impossibilité de RAD malgré leur envie,...) ; 4) Quand la relation de confiance ne s'installe pas entre le patient et le thérapeute ; 5) le manque de communication, la proposition d'activités mettant en échec le patient ; 6) une distance thérapeutique un peu trop éloignée ; 7) ne pas inclure la personne dans son process de rééduc réadapt et ne pas chercher des activités qui ont du sens pour la personne ; 8) montrer qu'on ne sait plus quoi faire pour le faire progresser ou à l'inverse continuer sans oser dire que maintenant il faut passer à l'étape suivante réadaptation... ; 9) ergothérapeute non présent ; 10) L'inverse ; 11) ne pas tenir compte de ses choix envies ; 12) ignorer ce que dit le patient ; 13) l'indifférence ; 14) centré sur sa pathologie ; 15) Ne pas l'écouter, être négatif, le juger... 16) un cadre trop strict ; 17) Distance relationnelle trop grande, Avoir une attitude trop directif, ne pas laisser le temps à la personne de comprendre et de s'adapter, Ne pas prendre le temps d'écouter le patient, Ne pas prendre en compte ses souhaits de vie, ou ne pas expliquer suffisamment ce qui se passe, Considérer le patient autrement que comme un adulte (infantiliser, le cocooner à outrance) ; 18) ne pas être motivé, ne pas être réactif par rapport aux demandes du patient et faire traîner les choses ; 19) Le comparer à d'autres patient. Rappeler les échecs ; 20) si L'ergothérapeute propose des activités insignifiantes, ne se montre pas Empathique ; 21) idem à l'inverse ; 22) Le manque de motivation ; 23) l'insistance ou le mauvais choix d'une activité ; 24) non écoute. 14) D’après vous, quels facteurs peuvent expliquer un manque de motivation du patient post-AVC pour sa rééducation ? 1) on compréhension des exercices, dépression, le manque de récupération rapide ; 2) le manque de récupération, la dépression, le manque de soutien par l'entourage ; 3) un écart entre leur souhait et la réalité. le travail de deuil qui prend du temps ... ; 4) Les phases de deuil ont une grosse influence sur la motivation du patient ; 5) le manque de récupération, la perte de l'autonomie antérieure, les troubles cognitifs inhérents à l'AVC, la douleur, le manque d'adaptation des activités en fonction de la récupération du patient ; 6) un syndrome dépressif, une banalisation des séquelles, une période où les progrès sont moins visibles ; 7) Syndrome dépressif, anosognosie, situation familiale compliquée ou le patient ne trouve plus sa place et ne peut se projeter, trop de nursing de la part de certaines personnes ; 8) le choc de la pathologie, si l'AVC est massif ou non, La récupération, le regard des autres et notamment la famille et amis ; 9) les troubles, la dépression, la non récupération ; 10) Idem que précédemment ; 11) l'entourage facilitateur qui fait à la place du patient ; 12) s'il ne voit pas d'évolution au niveau de sa rééducation ; 13) le manque de compréhension de sa pathologie, l'indifférence de l'équipe médicale et paramédicale, la dépression post AVC ; 14) faire n'importe quoi sans savoir pourquoi il le fait, sans comprendre ; 15) dépression, phase du processus de deuil , ne pas être rentré chez lui et être éloigné de son entourage, ne pas se sentir acteur ... ; 16) un syndrome dépressif, un manque de présence de l'entourage, la peur de l'avenir ; 17) La dépression post AVC. Manque de soutien familial, manque de compréhension des troubles cognitifs par la famille aussi. Equipe qui ne sait pas écouter et prendre en compte les souhaits du patient ; 18) dépression post- AVC, trait de caractère pré-AVC ; 19) La soudaineté de l'AVC. La dépendance à une tierce personne pour les actes de base de vie quotidienne. La fatigue générale de la personne ; 20) Son état physique (syndrome dépressif), la progression nulle ou très lente ; 21) l'absence de récupération, des moyens inadaptés (exemples jeux type maternelle en ergothérapie pour des personnes de plus de 60 ans), une difficulté de compréhension de la rééducation, une difficulté de confiance dans la médecine et/ou la rééducation, une difficulté à gérer les contraintes de la vie à l'hôpital, des difficultés personnelles à gérer ( entreprise par exemple, ...) ; 22) les troubles cognitifs, une hospitalisation qui dure trop longtemps, l'éloignement de la famille ; 23) ne pas voir de résultat tt de suite, ne pas comprendre l'intérêt d'un exercice ( car compare l'outil thérapeutique à un jeu), un état de fragilité psychologique ; 24) dépression, entourage. • Avez-vous des remarques complémentaires sur la question de la motivation des patients post-AVC? 6) Remarque concernant l'efficacité des différentes activités (question 11). Le classement est variable suivant chaque patient, il est difficile d'établir une hiérarchie, il faut prendre en compte les habitudes de vie et les intérêts du patient ; 7) Très intéressant comme idée de mémoire... 13) attention à la dépression post AVC! ; 14) comment former tous les ergos de France en même temps pour que l'identité ergothérapeutique française rejoignent l'identité ergo européenne voir internationale. Pourquoi est ce si dur pour certains ergos de quitter quelque chose qui n'a pas de sens ni pour eux ni pour le patient???? J’aimerai comprendre... ; 15) En fait toutes ces remarques sont valable pour toutes les personnes prise en soin pour toutes les pathos ; 16) La motivation dépend également souvent des antécédents des patients. Les personnes ayant déjà des troubles dépressifs avant l'AVC (même s'ils datent de plusieurs années), ont souvent une réapparition de ces troubles suite à l'AVC, ce qui entraîne un manque de motivation dans la prise en charge rééducative ; 18) Une prise en charge avec un patient ayant eu un AVC est souvent faite de phases, on alterne entre des phases positives où la rééducation est efficace et avec des phases où la prise en charge est plus délicate et où le patient est moins bien au niveau de son humeur? ; 19) Il faut leur laisser le temps de digérer ce qu'il vient de leur arriver. Prendre le temps de la rééducation, ne pas passer trop vite à la réadaptation. Faire en fonction de la demande du patient ; 20) non ; 21) RAS.. ; 22) proposer des WE thérapeutique au domicile permettent au patient d'être confronter à ses difficultés au quotidien et favorise la motivation. • Dans la continuité de cette étude, je désirerai recueillir la perception du patient sur ce qui le motive en rééducation afin d’affiner davantage mon enquête. Accepteriez-vous de me mettre en relation avec un patient de votre service qui serait intéressé par ma démarche (répondant aux critères d’inclusion de l’étude : personne adulte sans troubles cognitifs majeurs) afin que je puisse m’entretenir avec lui ? Oui = 6 Non = 18 Annexe 6.1 : Résultats du questionnaire à destination des patients post-AVC (issu de copies écran de la grille de résultats originale) Page 1 Page 2.1 Page 2.2 Page 3.1 Page 3.2 Page 4 Page 5 Annexe 6.2 : Représentation graphique des résultats quantitatifs du questionnaire patients 1) lors de votre entrée en rééducation, saviez-vous vous ce qui vous était arrivé, la pathologie dont vous souffriez ? 2.a) Concernant votre prise en charge, vous sentiez-vous vous suffisamment informé… 3) Pensez-vous vous que votre prise en charge en ergothérapie était personnalisée, adaptée à vos besoins et vos habitudes de vie ? 6.a) Compreniez-vous vous les activités que l’ergothérapeute vous demandait de faire en séance ? 7) Indiquez votre accord avec chacune des affirmations suivantes : 8) Pour vous, qu’est ce qui était le plus important pour vous motiver en séance d’ergothérapie d’er ? 10) Que pensiez-vous vous de votre rôle dans votre prise en charge ? 11.a) Au niveau de votre participation à la rééducation (possibilité de choisir et de négocier avec le thérapeute des objectifs et activités thérapeutiques), vous vous sentiez alors : 12) De manière générale, en repensant à votre expérience, comment commen évalueriez--vous votre niveau de satisfaction concernant la prise en charge en ergothérapie ? Annexe 7 : Tableau de catégorisation des patients post-AVC Indicateurs/N° des questions correspondantes Information numéro des répondants identification des répondants Q2(a) (score /5) Mini = 0 Max = 5 Moy = 2,5 1 P1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 12 13 14 Motivation Rôle du patient Q5(a+b+c+d) Q7 (score /3) Mini = 0 Max = 3 Moy = 1,5 Q11 (score /16) Mini = 4 Max = 16 Moy = 10 2,5 = forte centrée sur la pathologie 2 = forte 11 = actif 4 = forte centrée sur la pathologie 0 = faible 11 = actif 2 = faible centrée sur le patient 3 = forte 7 = passif 1,5 = faible centrée sur la pathologie 0 = faible 5 = passif 2 = faible centrée sur la pathologie 1 = faible 9 = passif 5 = forte centrée sur le patient 3 = forte 14 = actif 5 = forte centrée sur la pathologie 1 = faible 9 = passif 5 = forte centrée sur le patient 3 = forte 13 = actif 0 = faible centrée sur la pathologie 1 = faible 10 = actif 3 = forte 15 = actif P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8 P9 P10 0 = faible 11 type de pratique centrée sur le patient 1,5 = faible centrée sur la pathologie 0 = faible 5 = passif 3,5 = forte centrée sur la pathologie 3 = forte 14 = actif 1,5 = faible centrée sur la pathologie 0 = faible 6 = passif 5 = forte centrée sur la pathologie 3 = forte 12 = actif P11 P12 P13 P14