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COP21, CLIMAT ET DÉVELOPPEMENT ÉQUITABLE - ASSOCIATIONS RÉGIONALES
Ce sont donc trois fous passionnés qui se sont lancés dans cette aventure, avec une mé-
diatrice scientique et trois autres personnes - un spécialiste vidéo et deux spécialistes
de l’événementiel - qui ont monté ce projet en commençant par envoyer un dossier au
comité de la COP21, qui l’a labellisé, et c’est devenu au nal ce que je vous demandais
tout à l’heure d’imaginer. C’est devenu aussi un élément de l’opération nationale de la
Fête de la science
, ce qui nous a permis de bénécier d’un soutien très fort du ministère
de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et, évidem-
ment, de la SNCF. Grâce à cette aide, nous avons pu, à chaque étape du train, monter
un
Village du climat
où les associations étaient présentes et exposaient ce qu’elles fai-
saient au niveau local.
Ce train a été un véritable succès. Maintenant que l’opération est terminée, on com-
mence a avoir des retours et ils sont tous extrêmement positifs. le contact direct entre
le chercheur et le public fut l’aspect très important du succès de ce train. On était dans
une démarche complètement inverse de la démarche habituelle qui consiste à dire: je
suis sollicité pour vous présenter mes recherches. On a construit cette exposition dans
cette démarche, puisque c’est le chercheur qui va au contact du public, ce qui est très
inhabituel et trouble le public. Au début on se présentait: «Je suis chercheur au CNRS,
à l’Ifremer, à Météo France…» et le public était vraiment très surpris d’avoir, en face
de lui, un chercheur qui se déplace car ça cassait l’image du chercheur enfermé dans
son laboratoire et complètement autiste. Cette image-là était rompue et cela pertur-
bait le public mais aussi les élus. Pendant une heure, les élus circulaient dans le train
et étaient très perturbés par le fait d’avoir un contact direct avec ce chercheur. En fait,
c’était comme si ils avaient une heure d’intraveineuse de climat. Un train, c’est étroit,
c’est très conné et, pendant une heure, ils restaient là et on les prenait par la main, du
premier jusqu’au troisième wagon, et on leur racontait l’histoire du climat: comment
marche la recherche, comment elle fonctionne, à quoi on peut s’attendre, quels sont les
impacts si on ne fait rien. On leur montrait le scénario du laisser-faire, qu’on présentait
comme une forme d’assurance. En fait, il s’agissait de présenter le pire pour aider à s’en
prémunir, pour éviter que cela n’arrive. On présentait aussi le fait qu’il y a des solutions,
pour donner un peu d’optimisme car, quand on arrivait au moment où on présentait les
impacts, ils étaient quand même assez déprimés.
Il fallait leur remonter un peu le moral en leur disant: «Voilà, ça, c’est ce qu’on ne veut
pas voir advenir mais, en revanche, il y a des solutions». Nous avions construit ce qu’on
a appelé la voiture des solutions, un espace dédié aux discussions avec les gens, pour leur
redonner la parole et pour qu’ils soient de nouveau acteurs.
C’est vraiment ce qui a fait le succès de ce train. Quelqu’un nous a dit que ce train était un
accélérateur de connaissances et de conscience, qu'on peut, peut-être, le résumer comme
cela. C’est un endroit où 23000 personnes sont passées qui, en une heure, se sont fami-
liarisées avec les sciences du climat, des sciences dures, mais ont aussi pris conscience du
fait que les climatologues, le signal des climatologues, le message des climatologues étaient
sérieux et que, d’autre part, les climatologues étaient le premier maillon de la chaîne de
décision et avaient un devoir d’objectivité et d’impartialité. Ils ont rencontré tout ça dans
le train et je pense que c’est ce qui a fait, vraiment, le succès de l’opération.