principe de l'autonomie peut être ancré dans la famille et la communauté, et la prise de décisions peut être un
processus partagé qui requiert un certain temps. Si Mme Morgan semble indécise et perplexe, l'insistance du
médecin à faire valoir son point de vue durant la consultation n'est peut-être pas la démarche la plus bénéfique;
elle pourrait plutôt traduire un manque de sensibilité aux réalités culturelles et nuire à la relation patient-médecin.
Une solution éventuelle serait de reporter toute décision concernant le traitement et de mettre fin à la
consultation, en convenant que Mme Morgan et sa fille organiseront une rencontre ou un « cercle de partage » avec
d'autres membres de la famille et des membres de la collectivité. Après un délai convenu, Mme Morgan et sa fille
consulteraient à nouveau la Dre Butterfield pour discuter des options de traitement.
En ce qui a trait au comportement passif de Mme Morgan et à la participation active de sa fille durant les
consultations, la Dre Butterfield devrait se montrer sensible aux différences culturelles, sans pour autant présumer
que ces différences sont l'unique facteur qui explique ce type particulier de communication. Elle devrait chercher à
comprendre les interactions complexes entre les différents facteurs culturels, personnels et autres qui peuvent
influencer les rapports entre le patient et le médecin. Le médecin devrait aussi demander à Mme Morgan, en privé,
si elle désire toujours que sa fille continue de participer activement à la prise de décisions qui la concernent.
Q3. Eu égard aux ententes et pratiques antérieures, la fille de Mme Morgan a-t-elle raison de se plaindre
du fait que la Dre Butterfield a discuté de son état de santé en présence de sa mère?
En ce qui a trait à la demande de la fille de respecter sa vie privée durant les consultations, il est important d'être
conscient, mais non de présumer, de l'influence des différences culturelles et ainsi de subsumer l'individuel sous
les notions de collectif. La fille de Mme Morgan doit être traitée avec respect, en tant que membre d'un groupe
autochtone, et ses besoins doivent être examinés sur une base individuelle. En dépit des ententes et des
expériences antérieures favorisant des consultations communes sur l'état de santé et le traitement de la mère et
de la fille, cette situation doit être clarifiée sur une base continue. Dans le cas présent, il y a eu violation manifeste
de la vie privée de la patiente. Il est important de confirmer que les ententes préalables demeurent toujours
valables. Cela est pertinent à tous les cas. Lorsqu’un accord est conclu au sujet de la confidentialité, la validité de
l'accord doit être vérifiée régulièrement et ne doit pas être tenue pour acquise.
Q4. Compte tenu de leurs antécédents culturels et personnels, quelle incidence les analyses de sang
ont-elles pour Mme Morgan et sa fille?
Bien que les analyses de sang proposées ne concernent qu'une seule personne, elles pourraient aussi fournir des
renseignements sur une collectivité et avoir des incidences sur la mère et la fille en tant que membres de cette
collectivité. Toute discussion doit tenir compte de la manière dont les Autochtones perçoivent l'individu et la
collectivité, dans le contexte du colonialisme historique et de leur situation sociale actuelle. En accord avec ses
obligations morales concernant l'autonomie et le respect de l’individu et de la collectivité dans un contexte plus
général, le médecin devrait éviter de percevoir les Autochtones comme un groupe sensible à la maladie (ce qui
pourrait évoquer une faiblesse et avoir des connotations négatives quant à la qualité du « sang » de ce peuple).
Les discussions devraient plutôt viser à favoriser le mieux-être et la résilience. Le prélèvement de sang pour le
dépistage de l'arthrite en regard de la vulnérabilité du groupe revêt une signification particulière dans les cultures
autochtones. Le médecin devrait connaître diverses façons de conceptualiser les analyses de sang, afin que ses
discussions avec le patient dans le cadre du processus décisionnel s'appuient sur une discussion franche du passé.
Afin de satisfaire à l'obligation morale liée au respect de l'autonomie, les discussions sur les traitements et les
interventions doivent se dérouler dans un contexte qui témoigne d'une sensibilité aux réalités culturelles et qui
repose sur la relation de confiance, tant du point de vue fiduciaire qu'éthique. Le médecin a l'obligation morale de
protéger le patient contre tout préjudice et de tenter de soulager le plus possible ses souffrances durant la
consultation et ultérieurement. La consultation peut s’appuyer sur une prise de décision partagée et un examen
attentif de toutes les subtilités en jeu pour que l'on accorde la même importance à toutes les connaissances mises
en commun. Être à l'écoute des expériences personnelles du patient et se montrer sensible à sa culture sont deux
facteurs importants qui garantissent que le patient est traité avec respect et bénéficie d'un avantage
thérapeutique.
Liste de vérification des questions qui ont été abordées au cours de ce module
1. Comment la culture de Mme Morgan influence-t-elle la communication et la prise de décisions?
2. Hormis la culture d’une personne, quels sont les facteurs importants à prendre en compte?
3. Comment vos croyances, votre culture, vos valeurs et vos expériences antérieures en tant que clinicien