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- L’étude des tourbières et des lacs d’altitude
Ces deux écosystèmes possèdent un double avantage : celui d’être à la fois une sentinelle du
changement actuel, ainsi que d’excellentes archives des changements passés. Le laboratoire Géode de
Toulouse (CNRS) accompagné par le Parc national et l’Agence de l’eau, procède ainsi à des carottages
de tourbières et de sédiments lacustres afin de caractériser l’état écologique actuel des lacs d’altitude et
des tourbières, et leur évolution au cours des temps.
Datation au carbone 14, analyse des pollens, étude des diatomées (algues microscopiques) et des restes
d’insectes aquatiques,… permettent ainsi d’étudier l’évolution de leur fonctionnement en fonction de
différents facteurs : activités humaines sur le bassin versant (pastoralisme, tourisme, pollution
atmosphérique), changement climatique,…
Cette étude est complétée par un suivi de six lacs d’altitude qui s’inscrit dans l’observation sur le long
terme des changements climatiques à venir. Plusieurs paramètres sont étudiés : taux d’oxygène,
température, conductivité, turbidité, PH et transparence.
- Le suivi de six glaciers
Depuis 2001, accompagné financièrement par le Parc national des Pyrénées, la région Midi-Pyrénées et
les départements des Hautes-Pyrénées et de Haute-Garonne, l’Association Moraine suit l’évolution de
neuf glaciers des Pyrénées françaises. Las Néous, les Oulettes de Gaube, le Petit Vignemale, Ossoue,
Gabiétous et Taillon : six d’entre eux sont situés en zone cœur du Parc national. « Les glaciers
constituent un baromètre scientifique remarquable du réchauffement climatique » note Pierre René,
glaciologue de l’association Moraine.
Les travaux glaciologiques de terrain font l’objet d’une collaboration avec les gardes-moniteurs du Parc
national. A partir d’un protocole répété à l’identique chaque année, l’objectif est de mesurer l’évolution
physique des glaciers : longueur, surface et volume.
Paramètre le plus représentatif des conditions atmosphériques, le volume ou plutôt la variation de volume
est déterminé sur le terrain grâce à plusieurs investigations. Fin mai, le bilan de l’accumulation de neige
est réalisé par sondages et carottages. A la fin de la période estivale, grâce à la mise en place préalable
de balises d’ablation, la fonte du névé et de la glace est calculée. Par soustraction du bilan estival au
bilan hivernal, la variation du volume, aussi appelée bilan de masse, est connue. « Pour qu’un glacier
puisse subsister, il faut que son bilan de masse soit positif ou nul. Depuis quatorze ans, le bilan annuel
du glacier d’Ossoue, le plus étudié de tous, n’a été qu’une seule fois légèrement positif. Il diminue
progressivement, poursuit Pierre René. Le glacier d’Ossoue a perdu 60% de sa surface en cent ans.
Compte-tenu des prévisions climatiques, ces glaciers sont voués à disparaitre à l’horizon 2050. »
Les photographies des glaciers à années distinctes rendent accessibles à tous l’évaluation qualitative de
l’évolution. Chacun d’entre nous peut de fait, se rendre compte de leur régression progressive.
Photo : Association Morraine
L’évolution du glacier d’Ossoue entre 2015 (photo) et 2005 (marquage rouge). Le glacier a perdu en 10
ans, 122m de longueur, 12ha de surface et 16m d'épaisseur.