Le dépistage organisé de certains cancers peut inciter à celui d’autres cancers
En 2008, 94 % des femmes de 50 à 74 ans déclarent avoir réalisé un test de dépistage du
cancer du sein, proportion remarquablement stable par rapport à 2005 (93 %).
Pour les auteurs de l’enquête Roche-EDIFICE 2 (2008) sur le cancer de la prostate, ce résultat
est à rapprocher de celui obtenu dans le cancer colorectal : l’incitation au dépistage de ces
deux cancers par des campagnes de sensibilisation et des programmes organisés encourage la
population à penser que le dépistage est souhaitable quel que soit le cancer ciblé. En quelque
sorte, il y aurait un effet « tâche d’huile », qui serait une des explications possibles du taux
élevé d’hommes déclarant avoir effectué un dépistage du cancer de la prostate.
L’implication des généralistes est liée à leur information
En ce qui concerne le cancer du sein, on observe également une stabilité de l’implication des
généralistes : 67 % (68 % en 2005) recommandent systématiquement le test à leurs patientes
de cette tranche d’âge. On note là aussi que la consultation d’un médecin (généraliste ou
gynécologue) est un des raisons avancés par les femmes pour pratiquer un test.
Comment expliquer alors le moins bon score du dépistage du cancer colorectal ? Une
importante proportion de patients (36 %) et de médecins (17 %) avancent la même
explication : les patients ne se sentent pas concernés. En revanche, pour beaucoup de
médecins, les patients ont peur de l’examen et de son résultat (27 %), alors que ceux-ci sont
peu nombreux (8 %) à donner cette raison.
Pour Jérôme Viguier, il est là aussi intéressant de rapprocher les résultats des trois enquêtes :
« Plus l’implication des généralistes est importante, plus les taux de dépistage sont élevés. » Cette
implication passe vraisemblablement par l’amélioration de l’information donnée aux
médecins : en contraste avec ce qui se passe pour les deux autres cancers étudiés, seuls 30 %
des généralistes recommandent le dépistage du cancer colorectal et seulement la moitié
d’entre eux s’estiment suffisamment informés à son propos.
Jérôme Viguier fait également remarquer l’importance de l’entourage dans la décision de se
faire dépister (encouragement par la famille, par le ou la conjointe, antécédent de cancer dans
la famille sont des facteurs favorisants). Il avance une explication supplémentaire, difficile à
mettre en évidence dans une enquête : « Pour le cancer colorectal, le test implique une
manipulation des selles, ce qui en soi n’est pas un facteur favorisant la fidélisation à ce dépistage.
Mais il implique aussi que le médecin ait le temps d’expliquer les gestes à son patient et
qu’auparavant, il ait eu celui de le convaincre. Or le temps est ce qui leur manque le plus. »
En conclusion, il est manifeste qu’un des grands intérêts des enquêtes Roche-EDIFICE est
de porter sur trois cancers dont le dépistage est suivi régulièrement, ce qui permet des
comparaisons et suggère quelques enseignements :
¾ Un dépistage organisé est plus efficace qu’un dépistage individuel.
¾ Quel que soit le mode de dépistage, l’implication des généralistes est fondamentale.
¾ Celle-ci est favorisée par la qualité de l’information qui leur est délivrée.
¾ Le dépistage de certains cancers favorise celui des autres.
¾ Le rôle déterminant de l’entourage fait penser qu’il est fondamental de créer un
« climat » d’encouragement mutuel patient-famille-médecin à promouvoir le
dépistage.
Il n’est donc pas surprenant que le comité d’organisation de l’ASCO 2009 ait retenu pour la
seconde fois la présentation de deux enquêtes Roche-EDIFICE sous la forme d’abstracts et
posters.