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Projet de Plan Fédéral
‘Adaptation aux changements climatiques’
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Contenu
Pourquoi un Plan Fédéral Adaptation ? .................................................................................................. 2
Contexte .................................................................................................................................................. 3
Projections .............................................................................................................................................. 3
Impacts des changements climatiques ................................................................................................... 4
Impacts actuels ................................................................................................................................... 4
Impacts futurs ..................................................................................................................................... 4
Impacts globaux .............................................................................................................................. 4
Impacts régionaux en Europe ......................................................................................................... 6
Coût des changements climatiques .................................................................................................... 6
Le Plan Fédéral Adaptation ..................................................................................................................... 8
1. Transport ......................................................................................................................................... 9
2. Economie ...................................................................................................................................... 14
3. Energie .......................................................................................................................................... 18
4. Milieu marin .................................................................................................................................. 20
5. Recherche ..................................................................................................................................... 23
6. Santé ............................................................................................................................................. 31
7. Coopération au développement ................................................................................................... 36
8. Sécurité internationale ................................................................................................................. 40
9. Gestion de crise lors de catastrophes naturelles .......................................................................... 45
10. Agriculture................................................................................................................................... 50
Mesures transversales ...................................................................................................................... 53
Suivi et évaluation ................................................................................................................................. 56
Références ............................................................................................................................................ 57
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Pourquoi un Plan Fédéral Adaptation ?
Le 5ème rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC) [1] confirme sans équivoque le phénomène de réchauffement global et le lien avec les
émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine. L’augmentation de la concentration
atmosphérique en CO2 depuis la période préindustrielle constitue de loin le principal facteur de
réchauffement du climat.
Depuis 1950, des changements ont été observés sur l’ensemble du système climatique et dans
toutes les régions du monde: l'atmosphère et les océans se sont réchauffés, l'étendue et le volume
de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer s’est élevé et les concentrations de GES ont
augmenté. Beaucoup de ces changements sont sans précédent. De nombreux aspects du
changement climatique anthropique sont irréversibles et vont persister pendant de nombreux
siècles, voire millénaires, et ce même si les émissions de gaz à effet de serre sont arrêtées.
Les changements climatiques sont devenus un enjeu majeur qui nécessitent une réponse urgente à
deux niveaux: d’une part la réduction des émissions de gaz à effet de serre (atténuation), d’autre
part la limitation des impacts des changements climatiques (adaptation).
Les changements en cours et à venir vont en effet affecter de nombreux secteurs : transport, santé,
économie, agriculture, énergie, etc. Nous devons nous préparer à ces changements et nous adapter
de manière à minimiser les impacts négatifs des changements climatiques et maximiser les
opportunités qui pourraient se présenter.
Une série de mesures d’adaptation aux changements climatiques observés et projetés sont d’ores et
déjà mises en œuvre. De mesures additionnelles sont nécessaires ; plus le réchauffement sera
marqué, plus ces mesures seront importantes.
L’atténuation vise à s’attaquer aux causes des changements climatiques, à savoir l’augmentation des
concentrations de GES dans l'atmosphère.
L’adaptation est le processus dajustement au climat actuel ou futur et à ses effets, afin d’atténuer
les effets néfastes ou d’exploiter les opportunités bénéfiques.
Elle vise à prendre les mesures nécessaires pour réduire la vulnérabilité des systèmes humains et
naturels aux conséquences des changements climatiques.
L’adaptation seule ne peut suffire à faire face au défi des changements climatiques, en particulier sur
le long-terme ; des mesures d’atténuation sont indispensables. La mise en œuvre conjointe de
mesures d’atténuation et d’adaptation offre les meilleures chances de diminuer les risques associés
aux changements climatiques.
La gamme des mesures d’adaptation est très large, incluant l’utilisation de technologies (par
exemple l’élévation du niveau des digues), le changement de comportement (choix raisonné du type
et de l’origine de la nourriture, etc.), la modification des techniques de gestion (pratiques agricoles
adéquates, etc.) et les décisions politiques (plans stratégiques, etc.).
L’autorité fédérale dispose d’un éventail de compétences et de leviers pertinents dans différents
secteurs (transport, économie, énergie, milieu marin, recherche, santé, coopération au
développement, gestion de crise lors de catastrophes naturelles, sécurité internationale, agriculture)
pour mener des actions en matière d’adaptation.
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Le présent Plan vise à actionner ces leviers pour mener une politique d’adaptation coordonnée au
niveau fédéral. Il a été rédigé en étroite collaboration avec les départements fédéraux en charge des
matières susmentionnées ainsi que les parties prenantes concernées.
Le Plan couvre une période de 6 ans. Une revue à mi-parcours sera effectuée en 2017, ce qui
permettra de vérifier l’articulation entre le futur Plan National d’Adaptation et les actions fédérales.
Contexte
Au niveau européen, la Commission Européenne a adopté en avril 2013 une Stratégie européenne
relative à l’adaptation au changement climatique visant à rendre l’UE plus résiliente aux
changements climatiques. La stratégie encourage notamment les Etats membres à prendre des
mesures d’adaptation et à mieux prendre en compte l'adaptation dans les secteurs les plus
vulnérables ('climate proofing').
La Belgique est un Etat fédéral. Elle est composée de l’autorité fédérale et d’entités fédérées,
chacune responsable dans sa sphère de compétence pour l’adaptation au changement climatique.
La Commission Nationale Climat (CNC) a adopté en décembre 2010 la « Stratégie Nationale
d’Adaptation ». Cette stratégie prévoit notamment l’élaboration d’un Plan National d’Adaptation
(PNA).
Le Plan d’action Fédéral Adaptation constitue la contribution fédérale au PNA. Il s’intègre dans la
vision stratégique fédérale à long terme de veloppement durable adoptée en mai 2013, et plus
particulièrement à l’objectif 32: «La Belgique sera adaptée à l’impact direct et indirect des
conséquences des changements climatiques ».
Ce plan complétera les plans d’action national et régionaux en cours de finalisation
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.
Projections
La plupart des modèles climatiques ont une résolution comprise entre 50 et 300 km. Compte tenu
de la taille de la Belgique, il n'est pas facile de fournir projections climatiques détaillées pour notre
pays. Cependant, un certain nombre d’études/projets fournissent des informations précieuses [5, 6,
7, 8, 10, 12].
Des projections climatiques ont été construites pour le territoire belge [5,6], sur base du projet
européen ENSEMBLES
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(construit à partir d’un seul scénario, le scénario SRES A1B du GIEC, qui est
un scénario moyen). Une autre étude donne une image plus large [12, 13], elle prend en compte les
quatre scénarios mondiaux du GIEC issus du 4ème rapport d’évaluation (2007). Ces 4 scénarios ont
été veloppés dans le cadre du rapport spécial Special Report on Emission scenarios du GIEC
(‘SRES’, 2000)
Ces études, bien que menant à des résultats légèrement différents, confirment les grandes
tendances pour la Belgique
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:
- Un climat plus chaud: toutes les projections indiquent une augmentation de la température
moyenne (scénario A1B: de +1.3°C à +2.8°C d’ici à 2050) ainsi qu’une augmentation de
température dans toutes les saisons (avec les 4 scénarios SRES: +1.5°C à +4.4°C en hivers et
+2.4°C à +7.2°C en été d’ici à 2100).
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Au moment de l’adoption du Plan Fédéral Adaptation, seule la Région flamande a adopté son plan d’action adaptation
(Vlaams AdaptatiePlan, juin 2013).
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http://www.ensembles-eu.org
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Données sont exprimées en comparaison avec la période de référence 1961-1990
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- Un renforcement de la saisonnalité des précipitations: diminution en été (jusqu’à -25% en
2100) et augmentation en hivers (jusqu’à +22% en 2100).
- Les modifications prévues des précipitations montrent peu de différences régionales en
Belgique.
- Plus d’événements extrêmes: les épisodes de pluies intenses en hiver et les orages violents
en été seront plus fréquents et plus intenses, les canicules en été seront plus fréquentes.
- La baisse des précipitations estivales, combinée à une plus grande évaporation, entraînera
de plus faibles débits des rivières en été (diminution de plus de 50% d'ici la fin du 21e siècle),
engendrant des risques de pénurie d’eau.
- Le niveau de la mer à la te belge pourra augmenter de 60 à 90 cm d’ici à 2100 (voire 200
cm selon le scénario le plus pessimiste).
Impacts des changements climatiques
Impacts actuels
Beaucoup de systèmes naturels sont affectés par les changements climatiques régionaux et par les
changements de température en particulier [2, 4].
Ces effets se manifestent notamment par :
- perturbation des systèmes hydrologiques (réchauffement des lacs et rivières, avec des effets
sur leur structure thermique et la qualité de l'eau, etc.)
- perturbation des systèmes terrestres biologiques (déplacement vers le nord des aires de
distribution des espèces animales et végétales, événements printaniers précoces tels que le
débourrement, la migration des oiseaux et la ponte d’œufs, etc.)
- perturbation des systèmes biologiques marins et d’eau douce (variations des aires de
répartition des espèces marines, prolifération d’algues, etc.)
Certains systèmes sociaux et économiques ont subi les effets des changements climatiques : impacts
des modifications du régime de précipitations sur la fréquence des inondations, impacts du
réchauffement sur la gestion agricole et forestière, impacts sur la santé publique (mortalité associée
aux vagues de chaleur, allergies aux pollens, déplacements de certains vecteurs de maladies
infectieuses, etc.), etc.
Impacts futurs
Impacts globaux
Le GIEC a identifié les principaux impacts globaux des changements climatiques projetés pour ce
siècle [2, 3]:
Eau
Le débit des rivières et la disponibilité en eau augmenteront durant la première moitié de ce siècle
(10-40% à l’horizon 2050) dans certaines régions (hautes latitudes et certaines zones tropicales
humides), et diminueront (10-30%) dans la plupart des régions de latitude moyenne et tropicales
sèches, dont certaines sont déjà confrontées à un stress hydrique.
Les zones touchées par la sécheresse seront en extension.
L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements de précipitation extrême
augmenteront le risque d’inondation.
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