Que penser de la paille de colza pour nourrir les animaux ?
La paille de colza favorise la rumination mais son intérêt alimentaire reste limité.
La paille de colza est plus riche en parois que les pailles de céréales (teneur en lignine et cellulose brute
plus élevée), ce qui lui confère un fort pouvoir grattant dans le rumen. Elle favorise la rumination dans le
cas d’une ration riche en éléments fermentescibles type ration vaches laitières ou animaux à l’engrais.
Mais sa richesse en parois induit une valeur énergétique bien en dessous de celle des pailles de céréales,
tandis que sa valeur protéique est à peine du même niveau. Ci-dessous les valeurs comparées de
différentes pailles (sources : INRA et Institut de l’Elevage).
(1)
(2)
(3)
(données rares, valeur estimée)
Compte tenu de ses valeurs et de sa faible appétence, la paille de colza est loin d’être valorisée dans la
panse au même titre qu’une paille de céréale ou de protéagineux.
Autrement dit, elle n’est pas la ressource la mieux adaptée pour faire face à un profond déficit fourrager.
Elle ne présente pas réellement d’intérêt sur des rations vaches ou brebis allaitantes à faible risque
acidogène. Au delà de 10-15 % de la ration totale, son encombrement pourrait même perturber le transit.
En revanche, elle peut être incorporée à hauteur de 0.5 à 1 kg maximum dans la ration d’une vache laitière
pour apporter de la fibre, à condition qu’elle soit bien conservée et bien mélangée (cf. ci-dessous).
Introduisez-là progressivement dans la ration afin de trouver l’équilibre optimum.
Une valorisation possible en litière.
Compte tenu de son faible potentiel fourrager, la paille de colza peut être utilisée en litière pour
économiser de la paille de céréale, mieux adaptée à l’alimentation. Toutefois, son efficacité pour capter les
liquides est moins bonne que celle de la paille de céréale. Ainsi, privilégiez une utilisation en alternance
avec de la paille de céréale pour améliorer l’absorption des jus. Par exemple, pour ceux qui curent
fréquemment, faites votre première couche de litière, qui représente souvent un volume important, en
paille de colza, et ajoutez la paille de céréale pour les couches suivantes. Vous pouvez éventuellement
l’utiliser en litière pure sur des animaux moins exigeants (génisses, brebis à l’entretien, …), sachant que
pour un même résultat de propreté, il faut une quantité plus importante qu’avec de la paille de céréale.
Attention : des précautions incontournables sont à prendre dès la récolte.
La qualité de conservation est primordiale. Il faut impérativement que la paille soit très sèche pour éviter le
développement de moisissures dans les bottes qui rendraient son utilisation difficile (les vaches trient)
voire risquée (présence de toxines). A la récolte, les tiges de colza sont généralement encore vertes. Seule
solution : armez-vous de patience ! Il est nécessaire d’attendre plusieurs jours après la moisson, souvent
une semaine, avant de presser.
La partie intéressante est l’arborescence du colza, la tige étant trop grosse et trop difficile à faire sécher.
L’idéal est donc de presser derrière une moissonneuse ancienne génération qui fauche haut (les pailles
moins brisées restent sur la chaume et le pick-up les ramasse aisément).
Pour être consommés, les brins doivent être d’une longueur maximum de 10 cm (optimum 4 à 8 cm). Si
vous ne possédez pas de mélangeuse, mieux vaut pré-hacher la paille au rotocut avant prise en charge par
la remorque distributrice.
(1) UFL : Unité fourragère laitière
(2) PDIN : Protéines digestibles dans l’intestin permis par l’azote
(3) PDIE : Protéines digestibles dans l’intestin permis par l’énergie