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La lumière du soleil est diffusée parlesnuages,le brouillard etlesaérosolsen suspension danslair ; lesmicro-ondes
émisesparnos téléphonesportables sontdiffuséesparlestiments des villesetle bruitdu trafic autoroutierest
diffusé parlesarbres.Dans tous cescasde diffusion faible,lapropagation de londe est perturbée maisnest pas
arrêtée. Ilsetrouve qu’un désordresuffisammentfort peut complètementbloquerlapropagation d’une onde ;ce
phénomène est connu sous le nom de « localisation dAnderson ». Lorigine physique de lalocalisation dAnderson
desondesclassiquesest lamême quecelle de lalocalisation desélectronsdansles solidessordonnés.Maisles
ondesclassiquesen permettent une observation plus claire etmoinsambiguë. Danscetarticle nous passonsen
revue quelques-unsde nos résultats concernantlalocalisation dAnderson desondesclassiquesetillustronsnos
propospar une exriencetrès récente qui emploie lesondesélastiquespour lamettre en évidence.
Pourquoi lesondesclassiques?
endantlesannéesquatre-vingts lesphysiciens réali-
sentprogressivementque le phénomène de locali-
sation dAnderson – le confinement spatial des
ondesdûausordre–nest pas uniquement un phéno-
mène quantique,maisplus généralement un phénomène
ondulatoire. Ce phénomène trouveson origine dansles
interrencesdesondesmultiplementdiffuséesdans un
milieusordonné etil devraitdoncexisterpour tout type
donde cohérente:lalumière,le son,lesondesélastiques,
etc.Lesondesclassiques semblentlesmieux appropriées
àladémonstration directe duphénomène, ceci pour au
moins trois raisons:tout dabord,lesexriencespeuvent
se faireàtempératureambiante puisque la cohérence des
ondesclassiquesne se dégrade pasaveclatempérature.
Pour lesélectronsouautresparticulesquantiques(lesato-
mesfroids,parexemple),desbasses températures sont
cessairespour éviterladiffusion inélastique. Ensuite,
aveclesondesclassiqueson peut facilementéviterlesinte-
ractionsentre lesondeselles-mêmes(les« non
linéarités» dans un langage doptique oudacoustique).
Enfin,lesmesures résoluesen fréquence,en tempsouen
espacesont tout àfaitenvisageables ; celareprésenteune
bteàoutilsimportante dontne peut bénéficierlétude de
lalocalisation forte desélectrons,qui ne dispose pratique-
mentque du seul outil desmesuresde la conductance (AC
ouDC) globale d’un échantillon. La possibilité dobserver
lalocalisation dAnderson aveclesondesclassiquesadonc
séduitde nombreux physiciensde différents domaines
quisesontaussitôtlancésàla conquête du sujet.
Lespremiers résultats ne sesontpasfaitattendretrès
longtempsetslesannéesquatre-vingt-dixlalocalisa-
tion forte dAnderson desondesélectromagnétiquesetdu
son aété observée dansles systèmes uni- oubidimension-
nels(1Det 2D), ainsi que danslesguidesdondesquasi-
uni-dimensionnels.Cela a représentéun grand pas vers
lavantcarcesexriencesontpermis une étude précise
desfonctionsdonde localiséesetde leurs proprtés sta-
tistiques, ce quiaprovoquéune explosion dactivitéthéo-
rique dansle domaine,sansparlerdes résultats
«secondaires»,obtenus grâceà cesétudes,qui ne
concernentpasdirectementlalocalisation dAnderson
maisplutôtladiffusion multiple desondesen général.
Cependant,le « saintgraal » dudomaine – lalocalisation
forte dansles systèmes tridimensionnels(3D),où une
vraie transition de localisation doitexisteravectouteune
physiqueriche de phénomènescritiquesresteàtrouver.
Etpour cause, carcertainesdifficultés scifiquespour
lesondesclassiquesempêchent une observation facile de
latransition. Tout dabord,il yaune différence impor-
tante entre léquation de Schrödinger,qui décritle
comportementde lafonction donde d’un électron (ou
d’unatome) dans un potentiel désordonné,etléquation
de Helmholtz crivant une onde classique dans un
milieuaatoire (voirencadré1 ). Cette différence implique
que lalocalisation desondesclassiquesnest possible que
dans un intervalle de fréquencesintermédiaires,etnon
P
La localisation forte dAnderson
desondesclassiques
Article proposé par:
SergeyE.Skipetrov,sergey.skipetrov@grenoble.cnrs.fr
Bart A.vanTiggelen,bart.van-tiggelen@grenoble.cnrs.fr
Laboratoire de physique etmodélisation desmilieux condensés, UMR 5493, CNRS /Univ.Grenoble 1, Grenoble
John H.Page
Departmentof Physicsand Astronomy, University of Manitoba, Winnipeg, Canada
La localisation forte dAnderson desondesclassiques
76
pasplus oumoins«trivialement»àdes trèsbassesfré-
quencescomme cest le caspour lesélectrons.Ensuite,
pour lesondesélectromagnétiques– lumière oumicro-
ondes– il est difficile datteindre le degré de désordre
cessaire pour lalocalisation. La raison principale est
que le degré de désordre est principalementterminé
parle contraste dindice de réfraction nentre lescompo-
sants d’un milieusordonné. Dansle visible,nest
comprisentre1etenviron 3,5, ce qui limite le contraste
optiqueaccessible. Enfin,lesondesclassiques souffrent
de labsorption. Contrairementaux particulesquantiques
dontle nombre est conservé,lesondesclassiquesperdent
presque inévitablement une partie de leur énergie dansle
milieu.Dans un matériauàstructurecomplexe,labsorp-
tion est souventdifficile à contrôleravecprécision. Il est
cependantcrucial de distinguer une onde qui napaspu
traverserle milieuà cause de lalocalisation dAnderson,
d’une onde quiaétéabsorbée dansle milieu.Cecis’avère
délicatdanslamesure où,danslaquasi-totalité desexpé-
riences,on déduitle comportementde londe àlintérieur
dumilieuàpartird’une mesure de transmission. Voilà
pourquoi beaucoup dexperts insistentaujourdhuisur les
Léquation de Schrödingeretléquation de Helmholtz
Encadré 1
Une particule quantique (parexemple,un électron) dans
un potentiel aatoireV (r) est crite par une fonction donde
qui obéitàléquation de Schrödinger:
.
Pour une particule dénergie E ,,
conduisantàléquation de Schrödinger stationnaire:
.
Parailleurs,lapropagation d’une onde scalaire (la
lumièresi on néglige lapolarisation,oule son) dans un
milieusordonné est crite parléquation donde :
,
oùest lafonction donde classique (le champ électri-
que pour lalumière oulapression si on parle d’une onde
acoustique),etc (r) est lavitesse de londe. La vitesse est une
fonction aatoire de laposition r.Pour une onde monochro-
matique de fréquenceangulaire
ω
,,
conduisantàléquation de Helmholtz :
où représente lesfluctuationsde
vitesse duesausordre par rapport àun milieu uniforme
avecvitessec 0.Cette équation alamême forme que léqua-
tion de Schrödinger stationnairesi on identifie
.
D’une part, cetteanalogie implique que lesmêmesphé-
nomènespeuvent se produire pour lesparticulesquantiques
etpour lesondesclassiques.Dautre part,on remarque
qu’une particule quantiqueàsuffisammentbasse énergie
pourraêtre « trivialement» piégée dans un puits de poten-
tiel formé parle potentiel aatoire:leffet tunnel nest plus
capable de rendre lélectron mobile. Pour une onde classi-
que,en revanche,diminuerlafréquenceωentraîne non seu-
lement une baisse d« énergie »,maiségalement une baisse
dupotentiel effectif σ (r) puisquece dernierest proportionnel
àω 2.En fait,puisque,on trouve que lénergie
effective est toujours surieureaupotentiel ! Lerégime de
tunnel favorable àlalocalisation ne semble pasexister.
Apparemment,lesondesclassiquesne peuventjamaisêtre
piégéesparle désordre de fon triviale. Nous illustrons
cettesituation danslafigureE1 .
Ψ (,)rt
it
tmtVt--
=−∇ +
ΨΨΨ
(,)(,)()(,)
rrrr
22
2
Ψ (,)()exp( /)rrtiEt=
ψ
-
−∇ +=
-22
2 mVE
ψψψ
() () () ()rrrr
∇−
=
22
2
2
10ΨΨ(,)() (,)rrrtctt
Ψ (,)()exp( )rrtit=
ψω
−∇ +=
22
02
ψσψωψ
() () () ()rrrr
c
σω ω
() //()rr=
20222
cc
22
2
2
022
mEc
mV
--
↔↔
ωσ
,() ()rr
FigureE1 – (a)A basse énergie – prèsdesbordsdu spectre – une parti-
cule quantique peut se déplacerpareffet tunnel. Asuffisammentbasse
énergie,même leffet tunnel ne lui permettraplus daller trèsloin etla
particule serapiégée. Cest le casde localisation « triviale » carlaparti-
cule seraitdéjàpiégée classiquement.Parcontre,en une etdeux
dimensions,même lesparticulesavecdesénergiesE>V (r)seraient
localisées.Cerésultatest beaucoup moinsintuitif ! (b)Une onde classi-
que monochromatique dans un milieusordonné est crite parla
même équation qu’une particule quantique, bien queseulementle cas
équivalentàE>V (r)seréalise. Afin de localiser une onde classique,le
sordre doitêtresuffisammentfort pour empêcher une propagation
libre,plutôtqu’une propagation pareffet tunnel.
ωσ
202
/()c>r
77
La localisation forte dAnderson desondesclassiques
fluctuationsantesdans toutesles variablesobservéeset
ne se limitentpasàlétude de lamoyenne densemble du
transport.Lesdéfis sontimportants.Pour pouvoiraffir-
merque lalocalisation forteaété observée,une seule
exrience ne suffitplus aujour daujourdhui. Touteune
to-do-list attend lexrimentateur :dynamiqueanormale,
confinement spatial,fluctuationsnon gaussiennes,fonc-
tion donde multi-fractale…
Danscetarticle,nous allonsdiscuter une desexrien-
ces récentesque nous avons réaliséesavecdesondesélas-
tiquesdans unverre de billesdaluminium (voirfigure1 ).
Une onde sonore est envoyée dansléchantillon oùelle est
transformée en une onde élastique. Cette dernièrese pro-
page dansle réseauélastique formé parlesbillesbrasées
et se diffusesur lesporesde lastructure. Il en résulteune
marche aatoire de londe sur le réseauqui,danscertai-
nesbandesde fréquences,peut êtrebloquée parlesinter-
rencesentre lesondesdiffusées.Cest doncla
localisation dAnderson – larrêtdu transport dûausor-
dre–quiseréalise dansnoséchantillons.Une nouvelle
génération dexriencesavu le jour très récemment.Ces
exriencesprofitentpleinementde lafacilité desmesu-
res résoluesen espace eten tempsofferte parlesondes
classiques.Ellespermettentde mettre en évidence le phé-
nomène de localisation dAnderson de fon trèsconvain-
cante etde s’affranchirdeseffets dabsorption. Ence qui
concerne lesaspects théoriques,plusieurs approchesau
problème de localisation dAnderson ontété développées.
Une de cesapprochesest résumée danslencadré2 .Les
progrès récents dansle domaine de lalocalisation des
ondesclassiques sontlargementdus àla collaboration
étroite entrethéoriciensetexrimentateurs.
Exriences résoluesen temps
Danslapremière exrience,nous envoyons une
courte impulsion sonore dansnotre échantillon désor-
donné etnous observonslintensitéI (t ) de londe trans-
mise en fonction du tempst .Parmi lesondespartielles
traversantléchantillon,il yadesondesquisuiventdes
chemins trèscourts,presquebalistiques,etquittent
léchantillon très vite, ainsi que desondesquirestentpié-
géesdansléchantillon,trèslongtemps.Dece fait,
limpulsion transmises’avèreconsidérablementélargie
en durée (voirfigure2 ). Cetélargissementaété observé
pour plusieurs fréquencesde londe,de 200 kHzà3MHz,
maislallure de la courbeI (t ) nest pas toujours lamême.
Pour lesbassesfréquences( figure2a ),I (t ) décrtexpo-
nentiellementaprès son maximum, ce qui est en parfait
accordaveclathéorie de diffusion classique qui néglige
lesinterrencesentre lesondesdiffusées(ligne rouge sur
lafigure2a ). Autrementdit,si on lançaitdesballesde
ping-pong àtravers une chambre denfant,remplie de
jouets de toutes sortesplacésde manière désordonnée,on
auraitmesuré lamême distribution dunombre de balles
«transmises» en fonction du tempsque ladistribution
I ( t ) observée danslafigure2a .
Pour leshautesfréquences,en revanche,I ( t ) décrt
en fonction du tempsbeaucoup moins vite qu’une simple
exponentielle (figure2b ). Il est évidentque lathéorie de
Figure 1 – Un deséchantillons utiliséspour lobservation de lalocalisation
dAnderson desondesélastiques.Il est composé de billesdaluminium de
4 mm de diatre, braséespour former unréseauélastique désordonné.
Figure2Intensité moyenne I(t) d’une courte impulsion ultrasonoretrans-
miseàtravers le milieusordonné de lafigure1 .À basse fréquence (a),les
ondes secomportentcomme desparticulesclassiquesetI(t) décrtexpo-
nentiellementavecle temps,en accordaveclaprédiction de lathéorie de
diffusion (ligne rouge). Pour leshautesfréquences(b),lathéorie de diffu-
sion (en pointillés) nest plus valable. Cest lathéorie auto-cohérente de la
localisation (ligne rouge) qui prend larelève. Cettethéorie décrit trèsbien
lesmesures si on suppose que lesondesélastiques sontlocalisées[cest-à-
dire que kl <(kl)c ].Enrevanche,lajustementde la courbethéoriqueaux
donnéesnest paspossible pour kl >(kl)c(régime de diffusion). Selon le cri-
tère de Ioffe-Regel, celamontre qu’àhaute fréquence lesondesélastiques
sontlocaliséesdansnoséchantillons[ NaturePhysics4,945 (2008)].
La localisation forte dAnderson desondesclassiques
78
diffusion (ligne pointillée) nest plus valable. Enrevanche,
lescourbesI ( t )sonten parfaitaccordaveclesprédictions
de lathéorie auto-cohérente de lalocalisation ( encadré2 )
représentéesparlaligne rouge danslafigure2b .Lebon
accord entrethéorie etexriencesuggère qu’àhaute fré-
quence lapropagation desondesélastiquesest profondé-
mentaffectée parleseffets dinterrences.La
propagation est donctrèsdifférente de celle desballesde
ping-pong ! Leralentissementde lacroissance de I (t )
aux tempslongsconstitueunsigne indirectde lalocalisa-
tion dAnderson dansnoséchantillonsàhaute fréquence:
lesondes sontpiégéesparle désordre maisfinalement
finissentpar s’échapperde léchantillon. Notonsque
labsorption ne peut expliquercesobservations.En effet,
labsorption change lapente de lacroissance exponen-
tielle de I (t ) maisne peut paslarendre non exponentielle !
Cest bien lathéorie de localisation qui établitle lien
entre lalocalisation dAnderson etlacroissance non
exponentielle de I(t) observée danslafigure2b .De plus,
même en régime de diffusion,I(t) peut vierd’une sim-
ple exponentielle pour les tempsplus longsque le temps
de HeisenbergtHégalàlinverse de lespacemententre
lesquasi-modesde léchantillon. En effet, au-delàde tH
on commenceàrésoudre lesquasi-modesetladescrip-
tion de lapropagation parlathéorie de diffusion cesse
dêtreadéquate.
Exriences spatialement résolues
Est-il possible davoir une observation plus directe de la
localisation ? Peut-on observerlalocalisation d’un paquet
donde ? Pour répondreà cesquestions,nous avonsfoca-
liséune impulsion ultrasonore en un pointρ=0sur la
surface de léchantillon etnous avonsmesuré lintensité
I (ρ ,t ) en fonction de laposition ρsur lasurface opposée.
Pour caractériserle profil spatial de I (ρ ,t ),nous le repré-
sentonscomme I (ρ ,t )=I (0,t )·exp[ρ 2 / w ρ ( t ) 2 ]oùw ρ ( t ) est
lalargeur transverse effective duprofil. Lavantage d’une
telle représentation est lamise en évidence desdifférences
entre le régime de propagation diffuse,pour lequel
w ρ ( t ) 2t ,etle régime de localisation dAnderson,pour
lequel on s’attend à ce quew ρ ( t ) 2tende vers une valeur
indépendante du tempsdanslalimite des tempslongs.
Lesdifférences sontillustréesdanslesfigures 3aet 3boù
nous montronsw ρ ( t ) 2pour deux échantillonsdifférents,
mais toujours àhaute fréquence. On observeclairement
qu’aulieude crtre linéairementavect ,w ρ ( t ) 2sature pour
les tempslongs.De plus,le profil spatial de I ( ρ ,t ) nest pas
gaussien puisquew ρ ( t ) 2dépend clairementde ρ .Le profil
transverse observé en transmission est illustrésur la
figure3c .Nous observonsque le profil s’étale, avantde
converger vers un profil stable en temps.Cest exactement
ce que lon attend dumot« localisation » ! Onaici lobser-
vation laplus directeà ce jour de ce phénomène.
La théorie préditque lavaleur de w ρ ( t ) 2aux tempslongs
dépend de lalongueur de localisation etde lépaisseur de
léchantillon. Puisque lépaisseur est connue,lamesure de
w ρ ( t ) 2permetde déterminerlalongueur de localisation. En
plus,il est facile de vérifierquew ρ ( t ) 2nest pas sensible à
labsorption desondes.Donclamesuredew ρ ( t ) 2permetde
caractériserle régime de propagation sansconnaître la
valeur précise de labsorption qui est toujours difficile à
terminer.
Statistique desfluctuations
de l’intensité
Jusqu’àprésentnous avonsparlé de lintensité
moyenne. Maislalocalisation dAnderson se manifeste
également– etpeuttre même surtout – danslesfluctua-
tionsde lintensité,les taveluresspeckle » en anglais).
En fait,plusieurs théoriesprédisentdesfluctuations
antesde lintensité dansle régime de localisation
dAnderson. Si on excite léchantillon avecune onde de
fréquence etde profil spatialadéquats pour exciter un état
localisé,latransmission de londe àtravers léchantillon
peut êtretrèsélevée,voiretotale, bien qu’elle soitfaible en
moyenne. Pour mettre en évidence lesfluctuations
antesde lintensité,nous avonsilluminé léchantillon
par une onde plane monochromatique etmesuré linten-
sitéI (ρ )transmiseàtravers léchantillon. Cette mesure
Figure3La saturation de lalargeur transverse d’une impulsion transmise
aucours du temps[(a) et(b),pour deux échantillonsdifférents] confirme la
localisation dAnderson desondesélastiquesdansnoséchantillons(symbo-
les– exrience,lignesthéorie). Non seulementlalargeur transverse
w ρ ( t ) 2maisaussi le profil spatialcompletde limpulsion (c)sontbien décrits
parlathéorie auto-cohérente[ NaturePhysics4,945 (2008)].
79
La localisation forte dAnderson desondesclassiques
Théorie auto-cohérente de lalocalisation dAnderson
Encadré 2
Puisque latransition dAnderson est une transition
entre deux régimes trèsdifférents de transport (diffusion à
sordre faible etlocalisation àsordre fort),il est trèsdif-
ficile de développer une théorie qui décriraitlesdeux régi-
mesainsi que latransition entre eux.La théorie auto-
cohérente de lalocalisation est basée sur une considération
– dite de localisation faible – quis’applique en régime de dif-
fusion. Néanmoins,il setrouve que lextrapolation de ces
résultats au-delàdu seuil de localisation donne des résultats
encourageants pour plusieurs quantitésmesuréesdansles
exriences.Même au voisinage de latransition,lathéorie
auto-cohérente permetde prévoirle bon comportementde
certainesobservables(parexemple lavariation ducoeffi-
cientde transmission aveclépaisseur de léchantillon,oula
dynamique descourtesimpulsions). Toutefois,lavaleur
prédite parlathéorie pour lexposantcritique de latransi-
tion ν,lexposantqui gère ladivergence de lalongueur de
localisation ξàlatransition,est en désaccordavecles simu-
lationsnuriques.
La théorie auto-cohérente prend en compte lesinterren-
cesdesondesdans un milieusordonné. NotonsP particule la
probabilité qu’une particule classiquerevienne au voisinage
d’un point r oùelle setrouvaitinitialement.Cette probabilité
secalcule àpartird’une somme de probabilitéscorrespon-
dantaux différents cheminsque laparticule peut poursuivre
dansle milieusordonné. Pour chacun de ceschemins(par
exemple,pour le chemin rouge danslafigureE2 ) il existeun
chemin réciproque (le chemin bleu) qui passe parlesmêmes
diffuseurs maisdanslordre inverse. La probabilitéderetour
est doncP particule =P 1+P 2=2 P 1avecP 1=P 2 ,probabilités
correspondantaux chemins rouge etbleu respectivement.
Une observation cruciale est que pour une onde cohérente
(ou une particule quantique,crite par une fonction donde)
il faut sommerlesamplitudesA 1etA 2desondes(oules
amplitudesdesprobabilités)correspondantaux chemins1 et
2.Parconséquent,laprobabilité de retour est donnée par
P onde =| A 1+A 2| 2=4 P 1 , avecP 1=P 2=A 1 2=A 2 2 .P onde est
doncdeux foisplus grande queP particule.Lintégrale de lapro-
babilitésur tout lespacevaut 1 pour lesparticulesclassiques
aussibien que pour lesondes.Une probabilité de retour plus
élevée implique doncque le transport quantique est réduit
par rapport au transport classique. En effet,puisqu’une onde
aplus de chancesde reveniràson pointde départ,elle aforce-
mentmoinsde chancesde se dégager!
Ceraisonnement,illustrésur lafigureE2 ,peut être mis
sous une forme un peuplus mathématique. Dans une des-
cription classique,le parcours aatoire d’une particule se
trouvantinitialementen r est critparlaprobabilité
de trouverlaparticule aupoint r après untempst .
Ala condition que,oùlest le libre parcours
moyen, cette probabilité obéitàune équation de diffusion :
oùest latransformée de Fourierde . Le
coefficientde diffusion est une constante dansladescription
classique:.Pour une onde cohérente,le coeffi-
cientde diffusion est réduità cause desinterrencesentre
leschemins réciproquesévoquéesci-dessus :
,
oùCest uncoefficientnurique etkest le vecteur donde.
Onretrouve danscette équation laprobabilité de retour dis-
cutée danslafigureE2 ,sauf que maintenantcest laprobabi-
lité de retour dans une région despace de taille lautour du
pointde départ quicompte. Cette équation exprime mathé-
matiquementlimpactdesinterrences sur le transport
ondulatoire dans un milieusordonné. La correction inter-
rentielle aucoefficientde diffusion est donnée parlasolu-
tion de léquation de diffusion qui doitêtrerésolue de
manièreauto-cohérente (doùle nom de lathéorie). La dépen-
dance de Daveclaposition apparaîtnaturellementdans un
milieude taille finie puisque limportance desinterrences
nest paslamême aux interfacesetàlintérieur dumilieu.
Lesdeux équationsde cetencadréreprésententlesdeux
équationsfondamentalesde lathéorie auto-cohérente de la
localisation dans saformulation moderne. D’une part,dans
le milieuinfini tridimensionnel,ellesprédisentlatransition
dAnderson autour de kl =( kl) c1 (critère de Ioffe-Regel).
Dautre part,pour un milieufini etkl >> ( kl) ccesmêmes
équationsdonnentle critèredeThouless (avecgla
«conductancesansdimension ») comme condition néces-
saire pour observerlalocalisation.
Pt(,,)rr
rrl
−−
=
iDPΩΩ Ω(,)(,,)( )rrrrr
δ
P(,,)rr
Ω
Pt(,,)rr
DD
B
(,)rΩ=
FigureE2La probabilité de reveniraumême point r est plus élevée
pour une onde que pour une particule classiqueà cause desinterren-
cesconstructivesentre lesondes se propageantle long deschemins1 et
2qui ne diffèrentque parladirection de propagation de londe.
11
2
DD
C
kl Pl
(,)(,,)
rrr rr
ΩΩ=
B
g1
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