La localisation forte d’Anderson desondesclassiques
78
diffusion (ligne pointillée) n’est plus valable. Enrevanche,
lescourbesI ( t )sonten parfaitaccordaveclesprédictions
de lathéorie auto-cohérente de lalocalisation ( encadré2 )
représentéesparlaligne rouge danslafigure2b .Lebon
accord entrethéorie etexpériencesuggère qu’àhaute fré-
quence lapropagation desondesélastiquesest profondé-
mentaffectée parleseffets d’interférences.La
propagation est donctrèsdifférente de celle desballesde
ping-pong ! Leralentissementde ladécroissance de I (t )
aux tempslongsconstitueunsigne indirectde lalocalisa-
tion d’Anderson dansnoséchantillonsàhaute fréquence:
lesondes sontpiégéesparle désordre maisfinalement
finissentpar s’échapperde l’échantillon. Notonsque
l’absorption ne peut expliquercesobservations.En effet,
l’absorption change lapente de ladécroissance exponen-
tielle de I (t ) maisne peut paslarendre non exponentielle !
C’est bien lathéorie de localisation qui établitle lien
entre lalocalisation d’Anderson etladécroissance non
exponentielle de I(t) observée danslafigure2b .De plus,
même en régime de diffusion,I(t) peut dévierd’une sim-
ple exponentielle pour les tempsplus longsque le temps
de HeisenbergtHégalàl’inverse de l’espacemententre
lesquasi-modesde l’échantillon. En effet, au-delàde tH
on commenceàrésoudre lesquasi-modesetladescrip-
tion de lapropagation parlathéorie de diffusion cesse
d’êtreadéquate.
Expériences spatialement résolues
Est-il possible d’avoir une observation plus directe de la
localisation ? Peut-on observerlalocalisation d’un paquet
d’onde ? Pour répondreà cesquestions,nous avonsfoca-
liséune impulsion ultrasonore en un pointρ=0sur la
surface de l’échantillon etnous avonsmesuré l’intensité
I (ρ ,t ) en fonction de laposition ρsur lasurface opposée.
Pour caractériserle profil spatial de I (ρ ,t ),nous le repré-
sentonscomme I (ρ ,t )=I (0,t )·exp[– ρ 2 / w ρ ( t ) 2 ]oùw ρ ( t ) est
lalargeur transverse effective duprofil. L’avantage d’une
telle représentation est lamise en évidence desdifférences
entre le régime de propagation diffuse,pour lequel
w ρ ( t ) 2∼t ,etle régime de localisation d’Anderson,pour
lequel on s’attend à ce quew ρ ( t ) 2tende vers une valeur
indépendante du tempsdanslalimite des tempslongs.
Lesdifférences sontillustréesdanslesfigures 3aet 3boù
nous montronsw ρ ( t ) 2pour deux échantillonsdifférents,
mais toujours àhaute fréquence. On observeclairement
qu’aulieude croître linéairementavect ,w ρ ( t ) 2sature pour
les tempslongs.De plus,le profil spatial de I ( ρ ,t ) n’est pas
gaussien puisquew ρ ( t ) 2dépend clairementde ρ .Le profil
transverse observé en transmission est illustrésur la
figure3c .Nous observonsque le profil s’étale, avantde
converger vers un profil stable en temps.C’est exactement
ce que l’on attend dumot« localisation » ! Onaici l’obser-
vation laplus directeà ce jour de ce phénomène.
La théorie préditque lavaleur de w ρ ( t ) 2aux tempslongs
dépend de lalongueur de localisation etde l’épaisseur de
l’échantillon. Puisque l’épaisseur est connue,lamesure de
w ρ ( t ) 2permetde déterminerlalongueur de localisation. En
plus,il est facile de vérifierquew ρ ( t ) 2n’est pas sensible à
l’absorption desondes.Donclamesuredew ρ ( t ) 2permetde
caractériserle régime de propagation sansconnaître la
valeur précise de l’absorption qui est toujours difficile à
déterminer.
Statistique desfluctuations
de l’intensité
Jusqu’àprésentnous avonsparlé de l’intensité
moyenne. Maislalocalisation d’Anderson se manifeste
également– etpeut-être même surtout – danslesfluctua-
tionsde l’intensité,les tavelures(« speckle » en anglais).
En fait,plusieurs théoriesprédisentdesfluctuations
géantesde l’intensité dansle régime de localisation
d’Anderson. Si on excite l’échantillon avecune onde de
fréquence etde profil spatialadéquats pour exciter un état
localisé,latransmission de l’onde àtravers l’échantillon
peut êtretrèsélevée,voiretotale, bien qu’elle soitfaible en
moyenne. Pour mettre en évidence lesfluctuations
géantesde l’intensité,nous avonsilluminé l’échantillon
par une onde plane monochromatique etmesuré l’inten-
sitéI (ρ )transmiseàtravers l’échantillon. Cette mesure
Figure3–La saturation de lalargeur transverse d’une impulsion transmise
aucours du temps[(a) et(b),pour deux échantillonsdifférents] confirme la
localisation d’Anderson desondesélastiquesdansnoséchantillons(symbo-
les– expérience,lignes–théorie). Non seulementlalargeur transverse
w ρ ( t ) 2maisaussi le profil spatialcompletde l’impulsion (c)sontbien décrits
parlathéorie auto-cohérente[ NaturePhysics4,945 (2008)].