Élection présidentielle française Les problèmes structurels de l

Recherche, Stratégie et Analyse
Élection présidentielle française de 2017
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Élection présidentielle française
Les problèmes structurels de l’économie française
vus par les organisations internationales
et les 4 principaux candidats
A
chevé de rédiger le 18 mars 2017
France 2017
#3
Tristan PERRIER
Stratégie et Recherche
Économique
Cette note qui porte sur les problèmes structurels de l’économie française vus par les
organisations internationales et les candidats à l’élection présidentielle, est la troisième d’une
série qui vous accompagnera jusqu’aux résultats des élections présidentielles et législatives
(et sans doute un peu plus loin). Les prochaines éditions que préparent nos économistes et
stratégistes porteront sur :
- Les candidats à la présidentielle et leur position sur l’Europe ;
- La dette française : état des lieux et points d’attention ;
- L’évolution des taux de marge des entreprises françaises ;
- Les candidats à l’élection présidentielle et la politique budgétaire et fiscale ;
- Taux longs français et spread OAT/Bund : le poids de la BCE et les perspectives liées aux
élections.
Bonne lecture à tous.
Philippe ITHURBIDE
Directeur Recherche, Stratégie et Analyse
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Élection présidentielle française de 2017
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Sondages : où en sommes-nous ?
Intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle (15/17 mars 2017)
(30 % des répondants ne sont pas certains d'aller voter ou n'ont pas exprimé de choix)
Sources : KANTAR SOFRES onepoint, Recherche Amundi
La sûreté du choix au premier tour de l'élection présidentielle (15/17 mars 2017)
Pour chaque candidat, part des électeurs se disant sûrs de leur choix)
Sources : KANTAR SOFRES-Onepoint, Recherche Amundi
Stature présidentielle des candidats (en %)
(15/17 mars 2017) Intentions de vote pour le
second tour de l'élection
Sources : KANTAR SOFRES-Onepoint, Recherche Amundi Sources : BVA (18 mars 2017), Recherche Amundi
Marine Le Pen 38 %
Emmanuel Macron 62 %
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Points-clés
De nombreux rapports et études soulignent les multiples blocages structurels de
l’économie française, en général regroupés en trois thèmes : 1/ la rigidité du marché du
travail, 2/ le poids excessif et la mauvaise répartition de la dépense publique et de la
fiscalité, 3/ les inefficiences du marché des produits et services.
Les programmes des quatre principaux candidats à l’élection présidentielle
reposent sur des analyses très différentes de la réalité et de l’importance relative
de ces blocages. Celui de M. Le Pen tourne largement le dos aux analyses
d’inspiration libérale des organisations internationales. Celui de B. Hamon s’en écarte
également, notamment sur l’aspect budgétaire et fiscal. Les programmes de F. Fillon et
d’E. Macron en retiennent une grande partie des conclusions mais en mettant l’accent
sur des priorités différentes (préférence pour la réduction des dépenses publiques et
de la fiscalité dans le premier cas, pour la « flexi-sécurité » dans l’autre).
I - Une économie pénalisée
par de multiples rigidités
Cette note a pour ambition de présenter, d’une part les blocages structurels souvent évoqués par
les organisations internationales (et relayés par la communauté financière) et d’autre part le
positionnement des principaux grands candidats à l’élection présidentielle : François Fillon (Parti
les Républicains, droite conservatrice), Emmanuel Macron (Mouvement « En marche ! », gauche
modérée et centre), Benoît Hamon (Parti socialiste) et Marine Le Pen (Front National, extrême
droite). Le constat des organisations internationales est occulté (rejeté ?) par certains candidats
(dont Marine Le Pen), relativement ignoré par d’autres (dont Benoît Hamon), et plutôt intégré
dans les programmes de F. Fillon et d’E. Macron, mais avec des priorités bien différentes, ce qui
permet d’opposer les programmes sur les réformes à mener.
La France, pays dont la croissance potentielle du PIB est estimée à 1,2 % par an par la
Commission européenne (un chiffre identique à celui de la zone euro) obtient une note moyenne
en termes de compétitivité dans les études les plus suivies par les professionnels des marchés
(Ease of Doing Business, World Economic Forum Competitiveness Index… cf. graphiques). Elle était
classée en 2016, dans l’étude annuelle Réformes économiques : Objectif croissance de l’OCDE (qui vise
à faire le bilan des réformes réalisées et souhaitables dans ses États membres), dans le « Groupe 4 »,
aux côtés de l’Autriche, de la Belgique, de la Finlande, du Luxembourg et de la Slovénie. Ces pays sont
ceux qui ont comme principale faiblesse « un niveau de chômage élevé et une sortie rapide des seniors
du marché du travail » et pour principale force « un haut niveau de productivité ». Notons toutefois qu’en
2017, l’OCDE relève que les réformes favorables à la croissance ont accéléré de façon significative en
France durant la période 2015-2016 par rapport à la période 2013-2014, alors qu’elles ont plutôt
décéléré, en moyenne, dans la plupart des pays développés1.
1Voir : Economic Policy Reforms: Going for Growth. Chapter 1: Overview of structural reform progress
and identifying priorities in 2017. OECD, 2017.
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Classification des pays en fonction de problèmes communs
Groupe Pays Principaux problèmes Points forts
Groupe 1 Espagne, Grèce, Irlande,
Italie, Portugal, République
slovaque
Taux extrêmement élevés
de chômage des jeunes
et de chômage de longue
durée
Amélioration de la
compétitivité coûts grâce
aux réformes antérieures
du marché du travail
Groupe 2 Estonie, Hongrie, Israël,
Pologne, Lettonie, République
tchèque
Écart de productivité
important par rapport aux
pays avancés de l’OCDE
Forte compétitivité-coûts et
solide base manufacturière
Groupe 3 Danemark, Norvège, Pays-
Bas, Suède
Faible durée moyenne du
travail et risques sur le
marché immobilier
Taux de productivité les
plus élevés de l’OCDE
Groupe 4 Autriche, Belgique, Finlande,
France, Luxembourg, Slovénie
Forts taux de chômage et
de sortie anticipée du
marché du travail Haut niveau de productivité
Groupe 5 Australie, Canada, États-Unis,
Nouvelle-Zélande, Royaume-
Uni, Suisse
Lente croissance de la
productivité et faible
rendement des
investissements dans le
capital intellectuel
Relative flexibilité des
marchés de produits et du
travail
Groupe 6 Allemagne, Corée, Japon
Faible productivité dans
les secteurs de services
et faible taux d’activité
féminine à temps plein
Bons résultats à
l’exportation des industries
manufacturières et
chômage relativement
faible
Groupe 7 Chili, Chine, Fédération de
Russie, Mexique
Écart de productivité
important par rapport aux
pays avancés de l’OCDE
Importante marge de
rattrapage, base
manufacturière solide ou
ressources naturelles
abondantes
Groupe 8 Afrique du Sud, Brésil,
Colombie, Inde, Indonésie,
Turquie
Importance de l’emploi
informel, déficits
d’infrastructures et faibles
niveaux d’instruction
Importante marge de
rattrapage et forte
croissance démographique
Source : Réformes économiques : Objectif croissance, OCDE, mars 2016.
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Indice de compétitivité globale
Source : World Economic Forum, Recherche Amundi
Indice de facilité de faire des affaires
(Ease of Doing Business Index)
De fait, les problèmes structurels de l’économie française ont fait l’objet de nombreuses
analyses, réalisées régulièrement par les grandes organisations internationales ou dans le cadre de
rapports commandés par le gouvernement ou réalisés par divers think tanks. Les blocages identifiés
sont multiples, mais peuvent être en général classés dans les trois grands thèmes clairement identifiés
dans les « principales conclusions » du dernier rapport sur la France rédigé en 2015 par l’OCDE :
1. « Le défi le plus important est de réformer le marché du travail afin de promouvoir la création
d’emploi ».
2. « Les dépenses publiques sont trop élevées ».
3. « Plusieurs faiblesses des marchés de produits nuisent aussi à la performance économique ».
Les chiffres abondent pour étayer ces trois conclusions :
Concernant le marché du travail, la France connaît une dichotomie importante entre la sécurité
dont bénéficient les salariés à temps complet (voir graphique ci-après) et ceux sous contrat
précaire. Rappelons que, même si cette position ne fait certainement pas consensus dans l’opinion
publique (ni même chez les économistes), le raisonnement le plus courant au sein d’organisations
comme l’OCDE ou la Commission européenne est que les barrières au licenciement des employés
permanents sont autant de freins à l’embauche. La gouvernance du système de formation
professionnelle est également souvent mise en cause. En termes de résultats, on note que si la France
présente effectivement un taux de chômage au-dessus de la moyenne de l’OCDE (quoique loin d’être le
plus élevé), elle se distingue en étant un pays où la probabilité de passer directement, dans l’année, d’un
emploi à un autre est particulièrement faible2.
2 Voir à ce sujet l’étude “The ins and outs of employment in 25 OECD countries”, OECD Economics Department Working Papers,
No 1350, novembre 2016.
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