Recherche, Stratégie et Analyse
Élection présidentielle française de 2017
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Points-clés
De nombreux rapports et études soulignent les multiples blocages structurels de
l’économie française, en général regroupés en trois thèmes : 1/ la rigidité du marché du
travail, 2/ le poids excessif et la mauvaise répartition de la dépense publique et de la
fiscalité, 3/ les inefficiences du marché des produits et services.
Les programmes des quatre principaux candidats à l’élection présidentielle
reposent sur des analyses très différentes de la réalité et de l’importance relative
de ces blocages. Celui de M. Le Pen tourne largement le dos aux analyses
d’inspiration libérale des organisations internationales. Celui de B. Hamon s’en écarte
également, notamment sur l’aspect budgétaire et fiscal. Les programmes de F. Fillon et
d’E. Macron en retiennent une grande partie des conclusions mais en mettant l’accent
sur des priorités différentes (préférence pour la réduction des dépenses publiques et
de la fiscalité dans le premier cas, pour la « flexi-sécurité » dans l’autre).
I - Une économie pénalisée
par de multiples rigidités
Cette note a pour ambition de présenter, d’une part les blocages structurels souvent évoqués par
les organisations internationales (et relayés par la communauté financière) et d’autre part le
positionnement des principaux grands candidats à l’élection présidentielle : François Fillon (Parti
les Républicains, droite conservatrice), Emmanuel Macron (Mouvement « En marche ! », gauche
modérée et centre), Benoît Hamon (Parti socialiste) et Marine Le Pen (Front National, extrême
droite). Le constat des organisations internationales est occulté (rejeté ?) par certains candidats
(dont Marine Le Pen), relativement ignoré par d’autres (dont Benoît Hamon), et plutôt intégré
dans les programmes de F. Fillon et d’E. Macron, mais avec des priorités bien différentes, ce qui
permet d’opposer les programmes sur les réformes à mener.
La France, pays dont la croissance potentielle du PIB est estimée à 1,2 % par an par la
Commission européenne (un chiffre identique à celui de la zone euro) obtient une note moyenne
en termes de compétitivité dans les études les plus suivies par les professionnels des marchés
(Ease of Doing Business, World Economic Forum Competitiveness Index… cf. graphiques). Elle était
classée en 2016, dans l’étude annuelle Réformes économiques : Objectif croissance de l’OCDE (qui vise
à faire le bilan des réformes réalisées et souhaitables dans ses États membres), dans le « Groupe 4 »,
aux côtés de l’Autriche, de la Belgique, de la Finlande, du Luxembourg et de la Slovénie. Ces pays sont
ceux qui ont comme principale faiblesse « un niveau de chômage élevé et une sortie rapide des seniors
du marché du travail » et pour principale force « un haut niveau de productivité ». Notons toutefois qu’en
2017, l’OCDE relève que les réformes favorables à la croissance ont accéléré de façon significative en
France durant la période 2015-2016 par rapport à la période 2013-2014, alors qu’elles ont plutôt
décéléré, en moyenne, dans la plupart des pays développés1.
1Voir : Economic Policy Reforms: Going for Growth. Chapter 1: Overview of structural reform progress
and identifying priorities in 2017. OECD, 2017.