CHANA TOVA 5776
REVUE CULTURELLE DES COMMUNAUTÉS JUIVES DU VAL DE MARNE
N° 23 TICHRI 5776 – SEPTEMBRE-OCTOBRE 2015
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n° 23 Septembre-octobre 2015page 3
Eden 94 est une publication bimestrielle
éditée par l’Association culturelle Eden 94.
Directrice de la publication : Joëlle BOKOBZA
Rédacteurs : Ludovic BENSIMON, André BENAYOUN,
Chmouel BOKOBZA, Anael DOUIEB, Albert ELHARRAR,
Guy HALFON, Joël HALIOUA, Ilanit SAGAND-NAHUM, Sarah TELLOUK.
Directeur de la publicité et de la communication :
ArmandBOKOBZA.
Conseillère particulière : Ninon LANQUAR.
Conseillères auprès de la rédaction : Noémie MARCIANO
et Claire DRIGUES.
Imprimerie et conception : Grie Industries
La page de couverture a été réalisée par
Jacques AFRIAT, Artiste-Peintre.
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Sommaire
La Torah en tant que guide… p. 4
La prière est un cadeau p. 5
Vœux des personnalités p. 6, 7 et 8
Interview du président Albert Elharrar p. 10-11
La jeunesse est notre avenir p. 12
Rav Shlomo Carlebach p. 13
Florence Benguigui, artiste-peintre p. 14
En direct avec Daniel Ohayon p. 17
L'altérité dans le judaïsme p. 18
L'immobilier en Israël p. 19
Hommages p. 21-22
Il est revenu le temps des fêtes de ROCH HACHANA…
Comme dans la ritournelle, il est loin le temps des lilas celui des toujours
toujours, meurent la rose et le lilas*. Après l’orage de l’année nissant, faudra t-il
ou non garder espoir en des éclaircies?
Qui que nous soyons dans notre communauté et quel que soit le niveau
de notre pratique de la Torah, nous avons le sentiment que ce moment est
important dans le timing de nos vies. Il alimente une série de questionnements
et permet de dresser un bilan. Le «Ma» (le quoi) et le «Mi»(le qui), pour Joël
HALIOUA s’interrogeant sur la place de la femme et plus généralement le
cheminement vers l’altérité. Connaissant un peu la nature humaine, je dirais
que les préoccupations sujettes à réexion sont prioritairement d’ordre
matériel «Ma», viennent ensuite celles relatives à notre état physique et à
celui de notre entourage, puis nous tentons d’aborder avec lucidité notre
évolution personnelle.
Selon le traité Roch Hachana de la Michna, toute l’humanité délerait
devant D.ieu ce jour-là, tel un troupeau de moutons. Cette idée est en outre
commentée dans le Talmud qui insiste sur le fait que le Nouvel an est une
occasion pour chacun de faire un examen de conscience à la lumiè tre des
valeurs du judaïsme, telle la prière pour Anael DOUIEB et Chmouel BOKOBZA,
car elle conduit au perfectionnement, vers l’approche du roi du monde.
Une forme de bilan de compétences dirait-on dans le monde professionnel.
Si cette fête apparaît sous trois noms** dans la Torah, cest en raison de trois
idées fondamentales que sont le respect pour ce jour, son souvenir et sa
proclamation et celui du jour où l’on sonne le chofar, corne de bélier. Les
sages ajoutèrent plus tard à cette fête deux autres noms***. La notion de «jour
du jugement» est rabbinique.
Alors une image me vient à l’esprit, elle symbolise la robustesse du roseau
dans la fable de La Fontaine, comparable au peuple juif dans sa guration.
Quelque soit le vent qui veut son déracinement, zéphyr, typhon ou cyclone il
plie mais ne rompt pas!.
« Ne t’en fais pas pour moi, j’ai mes souvenirs », il reviendra le joli temps du lilas.*
Bonnes fêtes à vous tous! Puissions-nous être inscrits dans le livre de la vie!
Joëlle BOKOBZA
* Barbara «le temps des lilas»
** Chabbaton : jour de repos solennel qui devait être observé au premier jour du septième mois;
Zikhron térouah : jour du Souvenir proclamé par la sonnerie du chofar ; Yom Térouah : jour où l’on
sonne du chofar
*** Yom ha-Din : jour du jugement; Yom ha-Zikaron : jour du Souvenir, où D.ieu se souvient de ses
créatures.
Édito
u,HST
page 4 • n° 23 Septembre-octobre 2015
Dans le Tanya, l’Admour Hazaken précise la façon
dont l’homme doit se lier à «Celui qui le fait être».
Nombre de personnes sinterrogent sur les objectifs
à atteindre au cours de leur vie. Quel est le vrai et
unique but, la raison d’être, de «l’homme juif»? Voici une brève
synthèse des enseignements de la Hassidout: «l’homme juif»
est issu de l’union entre une âme qui sélève en permanence
vers D.ieu et un corps naturellement attiré par le monde.
Lâme divine est celle qui va lier l’homme à D.ieu d’un lien
fondamental, décrite comme une partie véritablement
divine au sein du corps. C’est cette âme qui est à l’origine du
retour des hommes vers D.ieu (téchouva). C’est elle qui se fait
entendre lorsque soudainement, un homme durant sa vie, se
met en quête d’une supériorité, d’un «quelque chose» plus
divin, plus spirituel. Cette âme siège majoritairement dans le
cerveau et dans la partie droite du cœur. Lâme animale, en
revanche, permet à l’homme de se lier au monde matériel,
se trouvant dans la partie gauche du cœur. C’est elle qui
est à l’origine des désirs et instincts envers ce monde. On
distingue ici, deux niveaux chez l’homme: d’une part, son
cerveau et son intellect qui sont sources de réexion, de
méditation, d’analyse et d’autre part, le cœur qui lui, véhicule
les émotions et sentiments. Le Tanya explique, que le moteur
de toute émotion, quelle quelle soit, doit être l’intellect. Les
sentiments découlent de la réexion.
Ainsi, lorsque l’on médite sur la présence de D.ieu et sur
la grandeur de l’Eternel, ces réexions mettront en éveil
des sentiments d’amour et de crainte. Cependant, si l’âme
animale domine, elle met en avant les traits de caractères
lesplus bas du corps humain, à savoir les instincts et désirs de
ce monde. Cela peut conduire à la naissance de sentiments
négatifs, tels que l’orgueil et la colère. Ainsi, les actions
de«l’homme juif» émanent de sa réexion d’où découleront
les sentiments (à la diérence de l’animal uniquement
dominé par ses instincts). L’homme doit savoir reconnaître
ce qui est au-dessus de lui, la présence divine. Le moment le
plus approprié à cette réexion est la prière, la téla, au cours
de laquelle nous implorons D.ieu, nous reconnaissons ainsi
sa puissance, sa grandeur et nous l’acceptons comme roi. A
l’issue de l’oce, l’homme se trouve alors joyeux, guidé par
des sentiments positifs, d’humilité et prêt à la réalisation de
la volonté de D.ieu. Cependant, il faut savoir que même l’âme
animale reste une création divine et en réalité, en son essence
la plus profonde, elle espère que l’homme ne soit pas soumis
à elle. Lexemple rapporté est celui d’une prostituée, que le roi
paie pour mettre à l’épreuve son ls, en tentant de le séduire.
Lintention profonde de cette femme légère est que le prince
ne cède pas à la tentation. Elle espère profondément quil
sortira vainqueur de cette épreuve, mais elle reste soumise à
l’ordre du roi et réalise son travail.
En espérant que l’on puisse puiser toutes nos forces de l’âme
divine, pour passer une excellente et heureuse année 5776.
* Œuvre hassidique écrite par Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi, il y a
plus de 200 ans qui envisage la relation de l'homme au divin par la
connaissance de soi.
** « Le vieux Rabbi », nommé ainsi depuis son plus jeune âge par son
érudition reconnue de tous. Premier Rabbi de la dynastie Habad.
LA TORAH EN TANT QUE GUIDE…
Par Chmouel BOKOBZA
Réexion basée sur les enseignements hassidiques du célèbre auteur du «Tanya*», l’Admour Hazaken**.
CALENDRIER DES FÊTES DE TICHRI
Roch Hachana : lundi 14 et mardi 15 septembre 2015
Yom Kippour : mardi 22 au soir et mercredi 23 septembre 2015
Souccot : du dimanche 27 septembre au soir, au dimanche 4 octobre 2015 au soir
Chémini Atséret : lundi 5 octobre 2015
Sim'hat Torah : mardi 6 octobre 2015
n° 23 Septembre-octobre 2015page 5
LA PRIÈRE EST UN CADEAU
Par Anael DOUIEB
La prière est une partie intrinsèque de la vie d’un juif.
Elle l’accompagne en toute situation, plus ou moins
facile, la prière contribue à construire l’univers
personnel de l’homme, participe grandement à son
perfectionnement, à son assurance et constitue un lien
direct avec son Créateur. La prière aussi aide les actions
quotidiennes de l’homme.
«
» N’est-il pas extraordinaire que
l’homme puisse épancher son cœur devant le Maître du monde
(que son nom soit béni) de la même manière quil s’épancherait
face à son prochain?, ainsi disait le Hazon-Ich et ainsi
indiquait-il à l’homme le chemin à emprunter.
La prière est la capacité de l’homme à s’exprimer, épancher
son cœur et toujours garder à l’esprit la présence de Celui qui
l’écoute et qui est attaché à ses prières.
D… désire la prière des justes, comme il est écrit : «
» (ton peuple est un peuple de justes), D… désire
la prière de tous ses enfants. Ceci est déjà perceptible à
l’époque d’Adam qui eut besoin de prier et donc de dévoiler
cette extraordinaire capacité et seulement de cette façon, il
a mérité les pluies abondantes qui ont fait vivre la création.
Nous avons trouvé aussi cela à propos de notre père Itzhak
qui a prié « » (en présence de sa femme) et ensuite
seulement, ils méritèrent le fruit de leurs entrailles.
La prière vient aujourd’hui remplacer les sacrices, suite à
la destruction du Temple. Comme il est écrit: «
» et ainsi, la prière représente le lien entre le peuple
d’Israël et D…, entre l’homme et son Créateur, entre le ls
et son père.
Un tel lien est indispensable, l’homme a besoin de sentir
la présence de quelqu’un à ses côtés, qui l’accompagne
et l’écoute. La sensation la plus dure pour l’individu est la
sensation d’isolement, d’abandon. Lorsqu’il a conscience que
trois fois par jour (et parfois plus) il a « rendez-vous avec le
Roi», il ne peut y avoir de sensation plus agréable que cela.
De plus, la prière ajoute une sensation de sécurité
extraordinaire, la conscience que tout est entre ses Mains
(béni soit-il). Si l’homme veut changer quelque chose dans sa
vie, il ne tient qu’à lui de le demander, cela construit, façonne,
perfectionne son monde et stabilise sa paix intérieure.
La prière est « » (la supériorité de l’homme
par rapport à l’animal), la capacité à s’exprimer par la bouche.
« » (l’âme qui parle) comme le dit Hourquenos.
L’homme doit prier pour recevoir sa pitance et la vie,
régulièrement tous les matins, contrairement à l’animal qui
mange, vit… et meurt. L’homme a besoin de prier pour la
réussite de chaque action quil entreprend dans sa vie, ceci
créant chez lui une sensation de dépendance absolue et de
sécurité parfaite.
La prière est le moteur de la vie de l’homme, elle débute sa
journée et la termine. Tout commence et nit par la prière
et c’est ce qui perfectionne énormément le mode de vie
quotidien du juif.
L’homme peut gérer son quotidien en ayant clairement
à l’esprit que Quelqu’un le protège d’en haut et surveille
chacun de ses pas.
La croyance qu’il est toujours possible de changer une
situation donnée par la prière, donne une sensation
étourdissante de bien-être et de paix – toute situation peut
être inversée et tout peut toujours être changé.
Cependant, la prière demande une grande concentration
comme on le sait, une prière sans concentration ressemble
à un corps sans âme.
Il faut impliquer son cœur à l’intérieur de la prière, et ressentir
la présence de la Shéhina (présence divine), se tenant debout
devant nous et écoutant chaque mot de notre prière.
La prière est le l conducteur, la connexion téléphonique
ouverte entre l’homme et son Créateur, elle est celle qui
construit son monde spirituel et matériel en même temps.
Il serait bon que l’homme sache estimer à sa juste valeur
l’immense cadeau dont il est le dépositaire et qu’il y
investisse toute sa concentration et son cœur.
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