Anne DUMONT, psychologue UTAMA Introduction Parler d’alcool avec les aînés reste un sujet tabou Pourquoi ? Représentations sociales (des sujets âgés/alcool) Peurs Méconnaissances du trouble de l’alcoolisation (mésusage, dépendance) Maladies dues au vieillissement (troubles cognitifs, démences, perte d’autonomie) Troubles psychologiques/psychiatriques Isolement social Oser parler d’alcool avec la personne âgée « Ouvrir le dialogue est un véritable acte de soin » Malgré les idées reçues : « A son âge, cela ne vaut plus la peine » « Il a déjà tout perdu, on ne va pas lui retirer l’alcool encore en plus. C’est son seul plaisir » « Il a toujours bu… ce n’est pas maintenant que ça va changer » Ou à l’inverse : « A son âge, il ne devrait plus boire d’alcool du tout » « Il n’y a qu’à vider les bouteilles dans l’évier, et le problèmes sera réglé » Qui ? Les professionnels de santé (Médecins, pharmaciens, paramédicaux, psychologues, travailleurs sociaux) Auxiliaires de Vie Aides (employé de maison, personne de compagnie) Entourage proche (famille, amis, voisins) Quand l’aborder ? En consultation dans le cadre d’un suivi en médecine générale A l’entrée en EHPAD, foyer-logement Lors d’une hospitalisation directe ou indirecte liée à la consommation d’alcool Aux urgences Lors des soins quotidiens apportés à la personne En présence de situations d’ivresses répétées à domicile ou en institution Lorsque la personne âgée demande régulièrement qu’un tiers lui apporte de l’alcool Comment l’aborder ? Ouvrir le dialogue afin de créer une relation de confiance : Evaluation gériatrique standardisée (EGS) Questions ouvertes en lien avec les habitudes de vie (alimentation, sommeil, loisirs, plaisirs, médicaments, tabac) « Vous arrive-t-il de consommer de l’alcool ? » Comportements bienveillants, non jugeant : se montrer disponible, attentif et empathique Outils : entretien motivationnel, questionnaires (ARPS ou EDDA) Comment l’aborder ? Evaluation brève de la consommation : Aider la personne âgée à situer sa consommation OH, ses habitudes et le contexte qui y sont liés : « Qu’avez-vous l’habitude de boire au cours de la journée ou de la semaine? » « Vous arrive t-il de consommer de l’alcool (vin, bière…)? » « A quelle heure vous consommez le 1er verre d’alcool? » « Combien de verres consommez vous dans la journée? » Aider la personne âgée à définir le sens des consommations OH : « Pensez-vous que vous consommez du vin par plaisir, par habitude, parce que ça vous aide dans les moments difficiles ? » Comment l’aborder ? Evaluation brève de la consommation : Aider la personne âgée à repérer les conséquences de la consommation dans la vie quotidienne et les possibilités de les réduire : « D’après vous, quels seraient les côtés positifs et les côtés négatifs qui pourraient être associés à votre consommation ? » « Est-ce que votre entourage vous a déjà fait des réflexions sur votre consommation? » Lors de l’entretien Informer/explorer : Explorer les antécédents OH Explorer ce que sait la personne âgée des risques liés à la consommation d’alcool avec l’avancée en âge Explorer les motivations de la personne à la consommation OH (habitude de vie, plaisir, évitement émotionnel, gestion des difficultés de vie) Informer sur l’alcool et les médicaments, les risques de chute, les comorbidités… Informer, sans jugement, sur les seuils OMS à ne pas dépasser Informer sur les mécanismes de la dépendance Informer sur l’utilité d’une réduction de la consommation pour sa santé et sa qualité de vie Lors de l’entretien Observer : Les difficultés, les résistances du patient à parler de sa consommation OH Ses propres difficultés en tant que professionnels à parler d’alcool L’état émotionnel du patient Les motivations au changement du patient Accompagner la personne âgée Favoriser le discours Favoriser l’expression émotionnelle Susciter la motivation au changement (ambivalences, résistances, balance décisionnelle…) Identifier la dénégation Respecter le rythme de la personne Responsabilisé la personne Favoriser une prise en charge addictologique et/ou psychologique