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Avant-propos
Articulées en Langue, les productions de Discours sont des combinaisons de
signes qui ne se chevauchent jamais, en raison de ce que Saussure a appelé la
linéarité du signifiant. Les images acoustiques (« signifiants », dans le Cours de
Linguistique Générale) ne pouvant être articulés entre elles que successivement,
le système linguistique d’une langue donnée impose fréquemment un ordre
canonique, que ce soit au niveau du « mot », dans le cas de mots composés ou
dérivés, au niveau du syntagme ou au niveau de la phrase. En outre, la disposition
des éléments dans les diverses unités du langage (mot, syntagme, phrase) varie
d’une langue à l'autre.
D’après la thèse d’Ali Chokri sur l’ordre des mots (1988), « les différents
agencements du discours ne sont pas de simples tournures de style, […] ils
obéissent à une logique structurale cohérente qui va de la phase d'approche du réel
à l'expression des seules intentions signifiantes du sujet parlant ». L’enjeu de la
présente étude est de montrer que l’ordre des mots, dans une langue comme le
coréen, connote la manière de penser le monde phénoménal.
La théorie choisie pour mener à bien cette étude est la systématique
énonciative. Cette théorie propose des analyses dont l’objectif est de ne pas
séparer le Discours des conditions linguistiques de sa production. Dépassant le
cadre d’une systématique des langues, elle rappelle également qu’un énoncé n'est
jamais isolé du contexte linguistique et situationnel où se trouve le sujet parlant.
Afin de pouvoir décrire les différentes stratégies d’agencement des
éléments à l’intérieur d'une unité donnée, il faut d’abord distinguer les niveaux
d’analyse du langage. En matière d’ordre, sont pertinents les trois niveaux
d’analyse suivants : le niveau du « mot » ; celui du syntagme ; celui de la phrase-
texte.
Cette démarche est purement sémasiologique. Elle débute par