A. Aoulmi Lycée Pierre Corneille
Sciences économiques & sociales
2013 - 2014
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Sociologie - Tme 1 Classes, stratification et mobilité sociales
Questionnement 1 : Comment analyser la structure sociale ?
Les attentes du programme officiel
Notions
Indications complémentaires
Inégalités économiques
Inégalités sociales,
Classes sociales,
Groupes de statut,
Catégories
socioprofessionnelles.
On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois
cumulatif. On procédera à des comparaisons aux niveaux européen et international en utilisant les principaux
indicateurs et outils statistiques appropriés. On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la
tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur
pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des
critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie).
Acquis de première : salaire, revenu, profit, revenus de transfert, groupe social.
Le plan du cours
I. Comment caractériser les inégalités économiques et sociales aujourd’hui ?
A. Les inégalités sont-elles uniquement économiques ?
1. Qu’est-ce qu’une inégalité ?
2. Les différentes formes d’inégalités et leur mesure
B. L’aspect cumulatif des inégalités
1. Les inégalités économiques se renforcent entre elles
2. Les inégalités économiques et sociales cohabitent et se cumulent
II. Des inégalités à la stratification sociale
A. Comment la tradition sociologique analyse-t-elle structure sociale et stratification sociale ?
1. La vision de Karl Marx
2. La vision de M. Weber
B. Quels sont les prolongements contemporains des analyses sociologiques fondatrices ?
1. Bourdieu : Classes dominantes et classes dominées
2. Un outil pour l’analyse de la structure sociale : la nomenclature des PCS
C. Rendre compte de la structure sociale aujourd’hui.
1. Fin ou transformation des classes sociales ?
2. La multiplicité des critères de différenciation sociale
Quelques exemples de sujets possibles
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Dissertation
EC Partie 2
EC Partie 3
- Comment rendre compte
aujourd'hui de la structure
sociale en France ? (bac 2013)
- Vous analyserez la pertinence du
concept de classes sociales pour
comprendre la société
d’aujourd’hui.
- La multiplicité des critères de
différenciation sociale brouille-t-
elle les frontières de classe ?
- Comment expliquer le maintien
des inégalités dans les pays
développés ?
- Montrez à partir d'un exemple
comment les inégalités
économiques peuvent être à
l'origine d'inégalités sociales. (bac
2013)
- Montrez le caractère multiforme
des inégalités. (bac 2013)
- Quelles sont les caractéristiques
des groupes de statut selon Max
Weber ? (bac 2013)
- Comment Marx définit-il les
classes sociales ?
- Distinguez l’approche des classes
sociales chez Karl Marx et Max
Weber.
- Comment peut-on mesurer les
inégalités économiques ?
- Vous présenterez le document
puis vous caractériserez les
inégalités de patrimoine qu'il met
en évidence. (bac 2013)
- Vous présenterez le document
puis vous caractériserez les
inégalités qu'il met en évidence.
(bac 2013)
- Vous comparerez les structures
socioprofessionnelles de ces pays
européens.
- Vous montrerez en quoi le
document permet de caractériser
les inégalités d’accès au
logement.
- Vous montrerez que les
inégalités peuvent avoir un
caractère cumulatif. (bac 2013)
- Les classes sociales ont-elles
disparu ?
- Montrez que les inégalités sont
dues à des facteurs multiples.
- En quoi les inégalités peuvent-
elles se cumuler ?
1
Les sujets sont issus des premières sessions du baccalauréat ou des principaux manuels de SES de la classe de Terminale
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Sensibilisation
Document 1 - Approcher le caractère multiforme des inégalités
Vidéo mise en ligne par Médecins du monde autour des débats européens sur l’accès aux soins des migrants
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=3uNO9rTAevo
Questions :
1. Quelle est l’inégalité principale mise en évidence par ce reportage ?
2. A quel autre type d’inégalités ce reportage fait-il également référence ?
3. Quelle est la caractéristique des populations migrantes par rapport à l’ensemble des inégalités évoquées ?
I. Comment caractériser les inégalités économiques et sociales aujourd’hui ?
A. Les inégalités sont-elles uniquement économiques ?
1. Qu’est-ce qu’une inégalité ?
Document 2 Différence ou inégali? Manuel Hachette - Doc 2 page 308 - Question 1, 2
2. Les différentes formes d’inégalités et leur mesure
Les inégalités économiques
Document 3 Les inégalités économiques en France
L’histoire de l’inégalité des salaires n’est pas un long fleuve tranquille. Que l’on utilise des indicateurs comme la part des hauts salaires (décile supérieur, centile
supérieur, …) dans la masse salariale totale ou comme le rapport entre le décile le plus élevé et le décile le plus bas de la distribution, on observe une longue
phase d’alternance de phases d’élargissement et de compression de la hiérarchie, au gré des ruptures économiques et politiques de l’histoire propre à chaque
pays. (…) Le phénomène le plus frappant est que chacune des phases [d’évolution du niveau des inégalités de salaires] a eu tendance à compenser les effets de
la précédente, si bien que l’on n’observe aucune tendance claire sur longue période. Par exemple, la part des 10% des salariés les mieux rémunérés (le décile
supérieur de la hiérarchie des salaires) a oscillé entre 25-28% de la masse salariale tout au long du 20ème siècle, sans trend de long terme, ni à la hausse ni à la
baisse. Il en va de même des autres indicateurs : la part des 10% les moins bien rémunérés (le décile inférieur) a toujours gravité autour des 4-5%, la part des 1%
les mieux payés (le centile supérieur) autour des 6-7%, etc. (…)
Cet exposé serait très incomplet si l’on omettait de mentionner le très rapide accroissement des inégalités salariales observé depuis la fin des années 1990. Si
l’on compare les différents fractiles de la hiérarchie des revenus, on constate en effet pour la première fois que les gains de pouvoir d’achat ont été répartis de
façon extrêmement inégalitaire entre 1998 et 2006. Pour les 90% des foyers les moins riches, la hausse cumulée de pouvoir d’achat sur toute la période a atteint
tout juste 10%. Mais si l’on monte à l’intérieur des 10% des foyers les plus riches, on constate des hausses de revenus de plus en plus importantes, dépassant
60% pour les 0.01% des foyers les plus riches, soit 3500 foyers sur 35 millions, qui en 2006 disposaient d’un revenu moyen supérieur à 2 millions d’euros.
T. Piketty, « Les inégalités économiques sur longue période », in P. Combemale (dir.), Les grandes questions économiques et sociales, La Découverte, 2013
T. Piketty, « Les inégalités économiques sur longue période », in P.
Combemale (dir.), Les grandes questions économiques et sociales, La
Découverte, 2013
Source : Insee, « Enquête Patrimoine 2010 » France métropolitaine, 2010
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Questions :
1. Quels indicateurs proposent T. Piketty pour analyser les inégalités de salaires ?
2. Quel constat T. Piketty fait-il sur l’évolution des inégalités de salaires ?
3. Donnez la signification des chiffres pour la période 1900-1910 et l’année 1997 dans le graphique 1. Le constat posé par T. Piketty dans le texte se
vérifie-t-il ? Comment l’expliquez-vous ?
4. A partir du graphique 1, déterminez 5 périodes dans l’évolution des inégalités de revenus en France.
5. Donnez la signification des trois valeurs entourées dans le tableau statistique.
6. Ce tableau vous paraît-il confirmer la thèse d’une hausse des inégalités au début du 21ème siècle ? Justifiez votre réponse.
7. A partir du graphique intitulé « Courbe de Lorenz », donnez la signification du chiffre 14.
8. Montrez que ce graphique met en évidence une répartition inégale du patrimoine des français.
9. A partir de l’ensemble de ces documents, quelle définition pouvez-vous proposer d’inégalités économiques ?
Document 4 - L’évolution des inégalités de revenu dans les pays riches
Questions :
1. Donnez la signification des valeurs pour la France et
l’Allemagne
2. Comment ont évolué les inégalités au sein des pays de
l’OCDE sur les 25 dernières années ? Justifiez votre
réponse et comparez le cas de la France à celui de
l’Allemagne.
NB : Le coefficient de Gini se calcule à partir de la courbe de
Lorenz, qui elle représente la concentration d’une ressources
(revenus, patrimoine) au sein d’une société.
- Plus le coefficient de Gini est proche de 1, plus les
inégalités dans la répartition de la ressource analysée
sont fortes.
- Plus le coefficient de Gini est proche de 0, plus les
inégalités sont faibles.
Les inégalités sociales
Document 5 Quelles sont les différentes formes d’inégalités sociales ?
Les inégalités sont nombreuses, même si les plus visibles sont économiques. À ces inégalités économiques se superposent d’autres types d’inégalités sociales
affectant n’importe quelle espèce de possessions (richesse, instruction, information, etc.), de qualités (prestige, âge, état de santé, etc.) et de réalisations
(diplôme, performance physique, autorité, etc.).
En termes clairs, on peut repérer les inégalités de statut entre hommes et femmes (dans le travail ou la politique), les inégalités scolaires et culturelles (selon les
milieux sociaux), les inégalités ethniques et raciales (pour l’accès à l’emploi et au logement), sans parler des inégalités face à la santé, à la mortalité, sans oublier
les inégalités affectives et enfin physiques, qui sont aussi réelles : les beaux, les affreux, les bien-portants, les handicapés 4. Tout cela pose le fondement même
de ce mot « égalité » !
Les inégalités sociales [traduisent] un phénomène social de différenciation entre les individus que chaque société interprète à sa manière : « Chacun commença
à regarder les autres et à vouloir être regardé » ; dès cet instant, « l’estime publique eut un prix ». Depuis Rousseau, Tocqueville, voire Karl Marx, le thème des
inégalités est au centre du débat tant en sociologie qu’en philosophie. Rousseau [se demande] « pourquoi les uns naissent avec une cuillère en or dans la bouche
et les autres dans la misère ? » (…) Si, au départ, ces inégalités sont nées suite à des accidents historiques et se sont maintenues par convention, c’est-à-dire par
un arbitraire social, Rousseau pense qu’elles peuvent disparaître parce que « ce que la société a fait, la société peut le défaire… »
D’après E. Prieur et E. Jovelin, « État providence, inégalités sociales et travail social en France. Un combat des titans », Pensées plurielles, n°10, 2005
Questions :
1. Etablissez la différence entre une inégalité sociale et une inégalité économique
2. Donnez des exemples pour les inégalités citées dans la première partie du texte
Document 6 Les inégalités face à la santé - Manuel Hachette - Doc 4 page 313 - Question 1 à 4
Document 7 - Les inégalités hommes-femmes - Manuel Hachette - Doc 5 page 313 - Question 1, 2 et 4
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B. L’aspect cumulatif des inégalités
1. Les inégalités économiques se renforcent entre elles
Document 8 Inégalités de revenus, épargne et inégalités de patrimoine
Le taux d’épargne progresse en fonction de son revenu : nul, voire négatif dans le premier quartile, il avoisine 20% dans le quartile le plus élevé. A ce
phénomène s’ajoute un effet de cycle de vie qui accroît encore la concentration du patrimoine. En effet, le patrimoine moyen croît avec l’âge de la personne
de référence pour atteindre un maximum vers 55 ans en 1998.
Les inégalités de patrimoine, rapport du CAE 2001
Question : Complétez le schéma ci-dessous, qui explicite les liens entre inégalités de patrimoine et inégalité de revenus. A partir du schéma, rédigez un
paragraphe explicatif.
2. Les inégalités économiques et sociales cohabitent et se cumulent
Document 9 - Le système des inégalités
Source : A. Bihr, R. Pfefferkorn, Repères La Découverte
Questions :
1. Entourez en rouge les inégalités économiques.
2. Numérotez les flèches du schéma ci-contre (certaines flèches ont
plusieurs légendes, d’autres aucune)
a) Pénibilidu travail, risque d’accident du travail
b) Héritage
c) Diplôme et qualifications
d) Discriminations à l’embauche
e) Relations sociales (capital social)
f) Connaissance du système éducatif, ambition scolaire
g) Inégalités du partage du travail domestique
h) Recours aux médecins spécialistes
i) Prix du m2 selon quartier
j) Recours à des employés domestiques
k) Rapport au corps
l) Capital culturel familial
m) Capital culturel scolaire
3. Rédigez un paragraphe explicitant la flèche en pointillé
Exercice 1 Synthèse
Complétez le texte ci-dessous à l’aide du vocabulaire suivant : cumulatif, inégalités, symboliques, économiques, réduction, sociales ou politiques, patrimoine,
d’inégalités sociales
L’espace des est multidimensionnel. Les inégalités concernent tout à la fois l’accès aux ressources proprement (revenu,
patrimoine…), aux ressources (conditions d’existence, éducation, santé, accès au pouvoir…) et (titres
scolaires, pratiques langagières…). Elles prennent donc des formes multiples et se renouvellent constamment selon les mutations structurelles de la société
(sociales, économiques, technologiques, idéologiques…).
Les inégalités spécifiquement économiques ont une place particulière car elles constituent souvent une matrice sans être la seule sur laquelle se développe
une multiplicité . Par exemple, les inégalités de revenu et de donnent naissance à des inégalités d’accès au
logement, d’accès à la santé, etc. Les inégalités sont donc interactives.
Plus encore, elles sont liées entre elles par des processus qui alimentent la polarisation de la structure sociale : les avantages des
uns s’additionnent pendant que les désavantages des autres se renforcent mutuellement. Une autre caractéristique des inégalités économiques et sociales est
qu’elles ont tendance, comme le démontrent les études sur la mobilité sociale, à se reproduire d’une génération à l’autre.
En ce qui concerne l’évolution des inégalités, on observe incontestablement sur le long terme un mouvement de des inégalités
économiques. L’impression est plus contrastée en ce qui concerne les inégalités sociales : sans être exhaustif, on peut dire que si certaines inégalités persistent
(inégalité hommes / femmes, inégalité face à la santé…), on assiste clairement à un mouvement d’homogénéisation des modes de vie et à la généralisation de
l’accès au système éducatif.
A. Aoulmi Lycée Pierre Corneille
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II. Des inégalités à la stratification sociale
Document 10 La notion de classe sociale
La notion de classe apparaît comme l’une des plus célèbres mais également l’une des plus polémiques de la sociologie. Cette dernière s’est justement constituée
comme discipline, au 19ème siècle, à un moment où l’ordre social a été profondément remis en question dans l’ensemble des pays européens. Les fondements de
la société traditionnelle ont été ébranlés au point de saper la base de la stratification sociale : les ordres s’effacent progressivement devant les classes.
(…) Si l’étude des classes ne s’est jamais réduite à une pure description objective des groupes composant la société, ont été progressivement mis en place, à
l’initiative de l’Etat, à l’image des professions et catégories socioprofessionnelles, de l’INSEE, des instruments susceptibles de rendre compte de l’évolution
morphologique de la société française. Ils ne dispensent pas pour autant sur les logiques qui conduisent à l’agrégation des personnes dans un groupe, dans
lequel celles-ci sont censées se reconnaître. Il est alors nécessaire de se pencher sur les mécanismes qui participent à la construction et à la consolidation des
groupes sociaux comme de leur effritement, voire de leur effondrement.
Un intérêt particulier doit être accordé aux relations instaurées entre les classes sociales : celles-ci peuvent prendre différentes perspectives au cours du
temps (antagonisme, concurrence, coopération…).
P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004
Questions :
1. Quels étaient les fondements d’une société organisée autour de la notion d’ « ordre » ?
2. En vous appuyant sur la phrase soulignée, rappelez la définition d’un groupe social (programme de 1ère).
3. A quelle condition passe-t-on d’une analyse en termes de structure sociale à une analyse en termes de stratification sociale ?
A. Comment la tradition sociologique analyse-t-elle structure sociale et stratification sociale ?
1. La vision de Karl Marx
Document 11 « Classe en soi », « Classe pour soi », classes en lutte
Karl Marx est certainement l’auteur auquel la notion de classe sociale est spontanément attachée. (…) Il lui confère une place centrale dans l’évolution sociale,
comme dans les conflits qui traversent irrémédiablement les sociétés humaines. La formule de K. Marx et F. Engels extraite du Manifeste du Parti communiste
(1848) : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes », rend bien compte de l’importance accordée aux classes
sociales dans les processus historiques et sociaux. (…) L’évolution des sociétés humaines oppose ainsi, dans un conflit majeur, deux groupes sociaux
antagonistes : patriciens et plébéiens dans la société antique, seigneurs et serfs dans la société féodale, bourgeoisie et prolétariat dans la société capitaliste.
Le critère objectif fini par Marx (…) est la place occupée dans le processus de production : les propriétaires des moyens de production s’opposent aux non
propriétaires, tels les salariés dans les sociétés industrielles contraints de vendre leur force de travail pour survivre. Si le critère économique conduit Marx a
adopté une approche réaliste des classes sociales (les classes existent dans la réalité, et le sociologue ne fait qu’en rendre compte), un reproche classique de
réductionnisme extrême a été adressé au marxisme, l’économique paraît primer sur les autres domaines de la vie sociale.
Marx complète (…) son analyse en accordant une importance au critère subjectif, le sentiment d’appartenance à la classe sociale. (…) Marx est ainsi conduit à
formuler une distinction entre la classe en soi et la classe pour soi. Une classe en soi existe à partir du moment où un ensemble de personnes occupent la même
position dans le processus de production (…) alors qu’une classe pour soi exige une conscience de classe, c’est-à-dire l’apparition d’intérêt commun à défendre
contre d’autres classes. Le passage de l’une à l’autre, [de la classe en soi à la classe pour soi], ne peut s’effectuer que par la médiation de la lutte qui fait naître,
chez les classes dominées, une prise de conscience progressive de leur exploitation (…). En dépit de la concurrence qui met aux prises les ouvriers entre eux dans
la société industrielle, et notamment l’usage de l’armée de réserve industrielle formée des travailleurs privés d’emploi, Marx fonde ses espoirs sur la formation
du groupe ouvrier. La naissance et le développement de la fabrique conduit à regrouper ensemble, sur un même lieu de travail (l’usine) et de vie (la cité
ouvrière), une population toujours plus nombreuse. Cette force lui semble en mesure de faire triompher à terme, le prolétariat qui prend, peu à peu (avec l’aide
du développement du syndicalisme ouvrier), conscience de lui-même. Le mode de production capitaliste lui paraît donc condamner également les autres classes
notamment la petite bourgeoisie (artisan, commerçant…) – et ne laisse place qu’à un affrontement binaire entre bourgeoisie et prolétariat.
La polarisation semble s’imposer inéluctablement et conduire à un antagonisme qui ne cessera qu’avec la transformation complète (la révolution, puis le
communisme) du système historique formé par le capitalisme.
P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004
Questions :
1. Pourquoi l’analyse mariste est-elle qualifiée de réaliste ?
2. Quel est le critère qui permet de distinguer les classes sociales entre elles selon Marx ?
3. Comment peut-on qualifier les relations entre les classes sociales dans l’analyse marxiste ?
4. L’analyse de Marx est-elle uniquement fondée sur le critère objectif de la position occupée dans le processus de production ?
5. Expliquez la phrase soulignée
2. La vision de M. Weber
Document 12 Une analyse tridimensionnelle de la structure sociale
Une analyse en termes de stratification sociales qui refuse les postulats de Marx est proposée par M. Weber dans Economie et Société (1920). L’approche de
Weber ne se réduit pas aux classes sociales, qui ne constituent pour lui que l’un des éléments de la stratification sociale. Sa classification retient trois sphères
d’activité sociale conduisant, chacune, à l’établissement d’une hiérarchie spécifique : la classe correspond à l’ordre économique, le statut à l’ordre social et le
parti à l’ordre politique.
La classe sociale, comme d’ailleurs les autres éléments, est abordée d’un point de vue nominaliste : autrement dit, si elle n’existe pas nécessairement en tant
que groupe sociale « réel » (l’existence d’une loi historique conduisant à un affrontement inéluctable est ainsi étranger à M. Weber), le sociologue peut se servir
de ce concept pour rendre compte d’une dimension de la réalité. Les classes sociales rassemblent des individus ayant en commun une situation de classes
mesurables
Par l’accès différencié à un ensemble de biens (classe de possession), la possession ou non des moyens de production (classe de production). La classe sociale
regroupe chez Weber les deux dimensions précédentes et se conjugue à l’évolution des positions occupées par un individu au fil du temps, notamment en
comparaison avec celles de ses ascendants et de ses descendants : Weber s’intéresse ici implicitement au phénomène de mobilité sociale. Le statut social de
l’individu peut également être fondé sur le prestige attribué à tel ou tel groupe [on parle alors de groupe de statut]. Comme le souligne Weber la considération
sociale n’est pas étroitement liée à la position économique : dans certaines sociétés, la possession d’un niveau d’instruction élevé (prêtre, professeur...), d’un
honneur, en raison de la naissance (un titre de noblesse), l’exercice d’une profession prestigieuse (savant, artiste…) sont valorisés et peuvent contribuer à
rapprocher des individus, à leur faire prendre conscience de leur appartenance à un même ensemble : une certaine homogamie peut renforcer leur cohésion.
Au sein de l’ordre politique, une adhésion à un groupement (le parti) peut permettre à l’individu d’obtenir certaines gratifications matérielles ou symboliques
(poste, estime de soi…) et dans certaines situations, la possibilité d’y faire carrière et d’avoir accès aux ressources publiques (un « contact » au gouvernement, la
possibilité de se faire entendre par un professionnel de la politique)
Weber insiste, à la différence de Marx, sur le fait que les différents ordres possèdent leur propre autonomie et, qu’a priori, aucun d’entre eux ne saurait
triompher des autres.
P. Riutort, Précis de sociologie, Puf, 2004
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