Vingt éléments pour un programme de transition post-capitaliste Jorge Riechmann groupe écosocialiste de solidaritéS Vingt éléments pour un programme de transition post-capitaliste À un certain moment de mon livre El socialismo puede llegar sólo en bicicleta (Los Libros de la Catarata, Madrid 2012), à la fin du chapitre 8, je me suis risqué à ébaucher ce que pourraient être les lignes principales d’un programme de transition. Je le complète et l’actualise ici. 1 Réforme écologique de la Comptabilité Nationale, afin de disposer d’indicateurs adéquats qui permettent d’évaluer le comportement biophysique de l’économie (au-delà de la sphère de la valeur monétaire). 2 Socialisation du système de crédit. Banque publique forte qui canalise l’investissement nécessaire à la transition économico-écologique. 3 Parmi les mécanismes les plus intéressants pour la planification indirecte non bureaucratique de l’investissement dans l’économie auprès des secteurs importants se trouvent les escomptes et majorations selon les types d’intérêts. La banque publique prête de l’argent aux entreprises moyennant certains escomptes ou majorations selon le type d’intérêt décidé pour chaque catégorie de biens de consommation en fonction de critères sociaux et écologiques. 4 Réforme fiscale écologique, pour « internaliser » une partie des coûts externes que génère aujourd’hui notre modèle de production et de consommation insoutenable. L’élément central en serait un fort éco-impôt sur les combustibles fossiles. 5 Distribution plus égalitaire de la richesse et des revenus. « Nouveau contrat fiscal », qui augmenterait 2 globalement la contribution des hauts revenus et du capital et qui mettrait plus de ressources à disposition du secteur public (et supprimerait les paradis fiscaux). 6 7 Réductions intenses des disparités salariales. Réduction du temps de travail, de manière à ce que l’on puisse profiter de beaucoup plus de loisirs (compris non pas comme consumérisme durant le temps libre, mais comme activités autotéliques - celles qui trouvent leur sens en elles-mêmes et qui ne poursuivent pas d’autres fins -, qui sont une des clés principales de la bonne vie…) 8 …en cherchant à ce que la réduction du temps de travail se traduise en nouveaux emplois (ce qui est loin d’être automatique). Le plein emploi redeviendrait un objectif essentiel des politiques économiques. Travailler moins (solidarité sociale) et consommer moins de biens destructeurs de ressources rares (solidarité internationale et intergénérationnelle) pour travailler tous et toutes et consommer de manière différente. 9 Politiques actives de l’emploi ; formation continue tout au long de la vie professionnelle ; systèmes rénovés de requalification professionnelle. 10 « Troisième secteur » d’utilité sociale, semi-public, pour répondre aux demandes insatisfaites (par exemple celles se rapportant à la « crise des soins »). 11 « Deuxième salaire » que l’État verserait aux salariés ne travaillant pas à temps complet ou qui le feraient pour un salaire en-dessous du minimum décent. 12 Fiscalité sur la consommation de luxe, par le biais d’impôts sur les dépenses (imposition progressive au-dessus d’un certain niveau de dépenses), ou par le biais d’une hausse de la TVA sur les produits de luxe. 13 Stratégies d’encouragement des consommations collectives afin de maintenir un haut degré de satisfaction des besoins avec un impact environnemental beaucoup moins important. 14 Accumulation matérielle de biens et services publics de qualité par un secteur de l’économie socialisée : énergie, transports, communications, habitat, santé, éducation… 15 Infrastructures au service de la durabilité : énergies renouvelables, transports collectifs, villes et villages soutenables… 16 Fortes restrictions à la publicité commerciale. Pour commencer, une reforme de l’imposition : interdire aux entreprises de déclarer la publicité comme frais déductibles des impôts. 17 Réduction de la dimension de l’appareil économique et productif jusqu’aux limites du soutenable. Économie d’« état stationnaire » allant dans ce sens (pas nécessairement en ce qui concerne la « création de valeur ». Je préfère l’expression d’économie homéostatique, une économie dynamique qui ne s’étend pas matériellement (et qui stabilise son « flux métabolique » de matériaux et d’énergie à un niveau soutenable). 18 Application du principe de biomimesis (reconstruire les systèmes humains en imitant certains traits importants des systèmes naturels, de manière à ce que les premiers soient plus compatibles avec les seconds), généraliser les stratégies qui ont déjà porté leurs fruits dans certains secteurs et disciplines (agroécologie, chimie verte, écologie industrielle etc.) 19 20 Stratégie d’éco-efficience Déglobaliser et relocaliser l’essentiel de la production. 11.02.2013 · http://tratarde.org Jorge Riechmann Poète, traducteur littéraire, écrivant des essais et professeur de philosophie morale à l’Université Autonome de Madrid. Jorge Riechmann est auteur d’une trentaine d’œuvres sur les questions d’écologie. Il est aussi un militant actif dans diverses associations écologistes. Traduction : Groupe écosocialiste de solidaritéS (Suisse) L’un des objectifs du groupe écosocialiste de solidaritéS est la diffusion de textes, écrits en français ou en d’autres langues, relevant de l’écosocialisme. Le groupe n’adhère pas nécessairement à tous les points et propositions qui y sont exprimés. Ceux-ci n’engagent que leur auteur. 3 Nous sommes un groupe du mouvement solidaritéS formé de militant·e·s et de sympathisant·e·s. groupe écosocialiste de solidaritéS Vous vous sentez solidaire de notre combat pour une écologie anticapitaliste ? Rejoignez-nous pour discuter et proposer ensemble des actions afin de bâtir un autre monde… ou prenez simplement contact pour recevoir des nouvelles de nos activités. www.solidarites.ch/ecosoc [email protected] L’écosocialismE créer notre alternative face à la crise systémique actuelle du capitalisme u Si tu penses que la crise économique et l’accélération des désastres écologiques sont les conséquences des contradictions et des exigences du capitalisme et de sa course au profit maximum... u Si tu penses qu’un changement des rapports sociaux est nécessaire et que la préoccupation écologique doit être déterminante dans notre projet émancipateur... u Si tu considères que l’approfondissement de la crise écologique contribue à l’accroissement des inégalités et à la multiplication des conflits... u Si pour toi l’écosocialisme implique un changement radical dans les rapports de genre et une lutte pour un écoféminisme anticapitaliste... ...rejoins le groupe écosocialiste de solidaritéS !