Etude de l'importance économique et sociale du secteur forestier et faunique dans les Etats d'Afrique centrale: Cas du Cameroun Termes de Références 1. Contexte et justification Le Bassin du Congo renferme la plus vaste étendue de forêts tropicales humides en Afrique, la deuxième plus grande forêt tropicale primaire du monde, après les forêts amazoniennes. Sa superficie, de 210 millions d'ha, représente 26 % des forêts du monde et 70 % du couvert forestier d'Afrique. C’est l’un des plus grands centres de diversité biologique au monde avec plus de 15 000 espèces végétales connues dont plus de 80% sont endémiques. Les forêts denses du Bassin du Congo se retrouvent principalement dans quatre pays à savoir : le Cameroun avec environ 17 millions d’hectares, le Gabon environ 21 millions d’hectares, le Congo-Brazzaville environ 19 millions d’hectares, et la RDC 100 millions d’hectares (État des Forêts, 2008), le reste étant partagé entre les autres pays de la sous-région. Une analyse de la FAO (2001) des données d’évolution du couvert forestier entre 1990 et 2000 montrait que les taux annuels de déforestation varient entre 0 – 0.1% (Congo, Centrafrique, Gabon, Sao Tomé) et 0.4-0.6% (Congo Démocratique, Guinée Equatoriale, Tchad) avec un maximum absolu au Cameroun (0.9%) et attribuait à l’agriculture et l’extension urbaine, la plus grande partie des déboisements. L’exploitation forestière dans la sous-région est extensive et engendre une faible modification du couvert forestier (moins de 10% des superficies des concessions, détruites pour infrastructures et opérations d’exploitation) ce qui, ajouté à la faible densité des populations explique ces faibles taux de déforestation. Ces forêts sont source de revenus économiques importants pour les pays à la fois dans les secteurs formel (exploitation industrielle du bois, chasse sportive) et informel (produits forestiers non ligneux, exploitation artisanale du bois et bois énergie, commerce de gibier). Dans la plupart des pays du Bassin du Congo, l’exploitation forestière reste le principal employeur (hormis l’État) de main d’œuvre peu qualifiée dans les zones rurales et reculées. Il arrive aussi que les exploitants forestiers se substituent à l’État dans ces zones, pour assurer des « services publics » (constructions de routes, dispensaires, écoles, etc. suivant leur cahier des charges ou encore dans des processus volontaristes tel que la certification forestière). Pour certaines populations très pauvres, les ressources de la forêt constituent une bouée de secours sans laquelle elles tomberaient en deçà du seuil de survie. Aujourd’hui, les négociations sur le changement climatique se cristallisent sur le rôle de la forêt et les avantages économiques qui pourraient en découler, à travers d’autres produits susceptibles de valeurs marchandes (séquestration de CO2, régulation hydrique, conservation des ressources génétiques) reconnus sous le label « services environnementaux ». La forêt devrait dès lors être considérée comme étant une ressource stratégique pour les États d’Afrique centrale, pouvant soutenir leurs efforts en faveur de la réduction de la pauvreté et la relance de la croissance économique. Malheureusement, force est de constater que les Documents Page | 1 stratégiques pour la réduction de la pauvreté (PSRP) de la plupart de ces pays ont marginalisé les forêts et leur rôle dans la réduction de la pauvreté. Au Cameroun par exemple, la forêt n’a pas été suffisamment pris en compte non seulement dans le premier Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté en 2003 (DSRP) mais aussi lors de la formulation par les autorités d’une vision de développement à l’horizon 2035 pour le Cameroun et dans sa déclinaison opérationnelle pour les dix prochaines années au travers le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). Au cours de la mission conjointe multipartenaires de suivi-évaluation du Programme sectoriel forêt environnement (PSFE) d’octobre 2010, les participants ont relevé que la non atteinte de certains déclencheurs des tranches de financement du programme, définis pourtant conjointement, est le reflet de l’importance marginale accordée à ce secteur en concurrence directe avec les secteurs agricole et minier, vus comme porteurs de croissance pour le pays. Cette perception contraste tout de même avec l’agenda politique sous-régional de haut niveau, où la conservation et la gestion durable des forêts du Bassin du Congo sont mises de l’avant depuis plus d’une décennie, à travers le 1er Sommet des Chefs d’États de Yaoundé en 1999 qui déboucha sur la déclaration de Yaoundé et le second Sommet des Chefs d’États de 2005 qui accoucha la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) avec la signature du Traité et l’adoption du plan de convergence par les Chefs d’Etat. Processus que les partenaires techniques et financiers internationaux ont soutenu depuis son lancement, matérialisé notamment par la création en 2002 du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC). Les membres du PFBC (une soixantaine aujourd’hui), ont apporté des appuis divers à ce processus, afin d’aider les États à atteindre leurs objectifs de conservation et de gestion durable des forêts du Bassin du Congo. Malheureusement, peu de progrès ont été constaté sur le terrain. Les priorités politiques des Chefs d’États ne se sont pas traduites en décisions techniques appropriées au sein des administrations en charge de leur mise en œuvre et du processus de recouvrement des recettes devant être générées par le secteur qui aurait dû bénéficier d’une plus grande diligence en regard des nombreux contentieux constatés. Ces faiblesses ont ainsi réduit les retombées qu’aurait pu avoir le secteur sur l’économie nationale, retombées qui sont par ailleurs trop peu documentées pour leur donner la visibilité méritée, ce qui explique en importante partie le peu d’intérêt de certains ministères pour contribuer à la mise en œuvre des décisions prises par les Chefs d’États en faveur de la COMIFAC, au motif que la contribution des ressources forestières à la croissance économique est marginale. La Facilitation du PFBC de concert avec la COMIFAC et les Administrations forestières des pays membres, ont convenus de conduire une étude devant permettre une évaluation exhaustive de la contribution du secteur forestier à la croissance économique des différents États afin que les décideurs politiques prennent des décisions éclairées et justes sur la gestion du secteur forestier et faunique. 2. Objet de l’étude 2.1.Objectif général Page | 2 L’étude a pour objectif général d’évaluer l’importance économique et sociale de la gestion et de l’exploitation des ressources forestières et fauniques ainsi que des retombées attendues des services environnementaux aux niveaux local et national dans les pays de l’espace COMIFAC, à l’exemple du Cameroun. 2.2. Objectifs spécifiques Les objectifs spécifiques de cette étude sont les suivants : a. Evaluer les avantages économiques directs et indirects générés par le sous-secteur forêt/faune et les comparer à ceux des autres sous-secteurs ruraux (agriculture, élevage, pêche) ; b. Déterminer la contribution du sous-secteur forêt/faune à l’économie nationale sur la base des indicateurs macro-économiques ; c. Comparer le financement public du sous-secteur aux recettes générées; d. Evaluer l’incidence du sous-secteur sur l’emploi (secteurs formel et informel)1, particulièrement sur l’emploi des jeunes ; e. Evaluer la perte fiscale et économique liée aux pratiques illégales observées dans l’exploitation forestière et faunique ; f. Estimer les avantages économiques potentiels découlant des mécanismes novateurs de financement (PSE, REDD+, MDP, etc.) et de l’écotourisme ; g. Évaluer les autres avantages sociaux et culturels du sous-secteur h. Développer un canevas- type d’évaluation de la contribution du sous-secteur forêt/faune à l’économie des États d’Afrique centrale à partir de l’étude pilote du Cameroun. 3. Méthodologie de l’étude Cette étude doit être basée sur une démarche de collecte et d’analyse de données statistiquement fiables et scientifiquement valides de manière à servir de référence pour les différents acteurs intervenant dans la sous-région Afrique centrale. Au demeurant, le consultant devra soumettre une proposition de méthodologie à la validation du comité de suivi de l’étude, avant l’entame des investigations. 4. Activités à réaliser Les activités ci-après seront menées dans le cadre de cette étude, à savoir : - Elaborer un plan d’intervention de chaque membre de l’équipe (précisant mandat, activités, et produits), y compris la trame de collecte de données pour validation par le comité de suivi ; - Collecter et exploiter la documentation existante sur le sujet auprès des institutions nationales, régionales et internationales présentes au Cameroun ; - Compiler et analyser les données puis, rédiger le rapport de l’étude ; - Présenter le rapport préliminaire de l’étude au comité de suivi pour observations et commentaires ; 1 Emploi ici compris du fait de son impact dans la transformation sociale Page | 3 - Présenter le pré-rapport final au cours d’un atelier national fortement médiatisé. Finaliser et remettre le rapport final (comprenant un résumé exécutif en français et en anglais) au MINFOF. 5. Résultats attendus Les résultats attendus de cette étude sont les suivants : a. Les avantages économiques directs et indirects générés par le sous- secteur forêt/faune sont connus; b. L’importance relative du sous-secteur forêt/faune par rapport aux autres sous- secteurs ruraux est connue; c. La contribution du sous-secteur forêt/faune à l’économie nationale sur la base des indicateurs macro-économiques est connue; d. Le flux financier public du sous- secteur est déterminé; e. L’incidence du sous-secteur sur l’emploi est connue; f. La perte fiscale et économique liée aux pratiques illégales observées dans l’exploitation forestière et faunique est estimée; g. Les avantages économiques potentiels liés à l’adhésion du Cameroun aux mécanismes novateurs de financement et à la promotion de l’écotourisme sont évalués; h. Les autres avantages sociaux et culturels du sous- secteur sont estimés; i. Un canevas- type d’évaluation de la contribution du sous-secteur forêt/faune à l’économie des États d’Afrique centrale est élaboré. 6. Durée de l’étude Le travail de l’équipe s’étendra sur une période calendaire de trois (03) mois, pour des niveaux d’effort estimés à 135 h/j pour les consultants et 90 h/j pour les enquêteurs: Un maximum de 20 jours de déplacement sur le terrain sera autorisé pour chaque consultant et pris en compte dans le calendrier des interventions. Les enquêteurs déploieront environ 80% de leur temps sur le terrain. 7. Profil du consultant L’étude devra être confiée à une structure spécialisée, crédible, dont la compétence pour les questions d’économie forestière est internationalement reconnue. Une convention sera négociée et signée par le MINFOF et cette dernière. La Facilitation du PFBC cofinançant l’étude est favorable à une telle démarche. Les partenaires contributeurs du Fonds commun le sont également, dans la mesure où cette démarche est conforme aux dispositions du paragraphe 4.6 du Manuel de procédures de ce Fonds. L’institution retenue devra constituer une équipe d’au plus trois consultants chargés chacun d’évaluer les contributions économiques et sociales respectivement (i) des ressources des forêts denses, (ii) des ressources des savanes (sèches et humides), et (ii) des financements novateurs, à l’économie locale et nationale. Des enquêteurs (trois au maximum) seront recrutés pour la collecte de données sur le terrain. Page | 4 L’institution proposera une équipe complète avec CV à la validation du Comité de suivi. Elle désignera le chef d’équipe et veillera à la qualité scientifique du rapport. Les consultants proposés doivent avoir mené des études similaires dans la sous-région ou ailleurs dans le Monde. 8. Suivi évaluation de l’étude Le suivi de l’étude sera facilité par un Comité de suivi présidé par le MINFOF avec pour membres les représentants des Services du Premier Ministre, du MINEPAT, du MINFI, du MINEP et de chaque partenaire contributeur. Les membres du comité auront pour mandat de suivre au nom de leurs institutions respectives, le déroulement technique de l’étude et formuleront des recommandations visant à améliorer la qualité du travail à réaliser et du rapport à produire. Le comité sera créé par une décision du MINFOF et chaque institution membre sera invitée à désigner son représentant. Sa composition sera constatée à l’issue de la première réunion. Le MINFOF devra s’assurer que les invitations sont envoyées à temps aux institutions membres du Comité. Les retards dans la désignation de représentants ne devront pas engendrer de retards dans le démarrage de l’étude. La réunion se tiendra dès lors qu’un représentant de partenaires et un représentant d’un ministère autre que le MINFOF seront présents. 9. Budget L’étude sera cofinancée par le Fonds commun et la Facilitation du PFBC. La proposition de budget sera faite par l’institution contractante à l’Unité de gestion du Fonds commun, qui l’évaluera en concertation avec les partenaires financiers et en respect des dispositions du manuel de procédures. Page | 5