
L’image du lm
Le tournage
La recherche d’un chapiteau
On a retrouvé l’original 
Construction du chapiteau
Il y a quelques années, mon père revend le chapiteau de 
mon enfance, et il achète un chapiteau blanc, sans mat, 
que j’aime moins mais qui lui permet, à lui, de faire 
d’autres scénographies. 
Le chapiteau de mon enfance est revendu, donc, puis il 
passe de mains en mains et très vite je ne sais plus où il est. 
Un jour je suis dans la Creuse. Dans un village voisin, 
il y a une projection d’Une Partie de campagne de Jean 
Renoir. Impossible de rater ce lm que j’adore par dessus 
tout. Alors on y va, on brave la tempête. Je me souviens 
d’avoir couru dans le noir, sous une pluie battante et 
contre un vent très violent, pour rejoindre le chapiteau où 
le lm était projeté. On est à l’abri, le lm démarre. Et là, 
je suis peu à peu envahie par une drôle de sensation : celle 
de connaître cet endroit, sans vraiment le connaître. Je 
regarde autour de moi et je comprends que je suis dans le 
chapiteau de mon enfance ! J’étais bouleversée. C’est très 
spécique à l’itinérance : se retrouver par hasard, sans le 
savoir, dans la maison de ton enfance…
Pour le lm, on cherche un chapiteau dans toute la France, 
puis l’Europe, mais ça ne convient jamais. Trop grands. 
Trop petits. Trop moches. Je ne suis jamais contente. Il y a 
toujours quelque chose qui ne va pas. 
En faisant cette recherche, je comprends petit 
à petit que le chapiteau de mon enfance, que je 
croyais très courant, très banal, n’existe nulle 
part ailleurs. Je ne le savais pas, ou bien je l’avais 
oublié, mais ce chapiteau avait été créé par mon 
père, qui voulait faire appel à l’imaginaire du 
cirque tout en évitant son côté folklorique. C’est 
pour ça que les rayures, par exemple, sont en 
diagonales. Que le chapiteau n’est pas rouge 
et jaune, comme souvent au cirque, mais 
bleu et jaune. Il n’a pas d’étoiles, 
non plus. Et il est opaque pour 
avoir le noir même en plein jour, 
avec quatre mats, au lieu de deux 
mats ce qui permet d’avoir un 
grill technique, c’est à dire un 
système de rails qui permettent 
d’accrocher des projecteurs, des 
panneaux ou des éléments de 
décor. De faire du théâtre, donc. 
Le passé de la troupe
En cherchant le chapiteau du lm, 
petit à petit je comprends qu’un 
chapiteau raconte à lui seul l’esprit 
d’une troupe. Et je comprends 
que le chapiteau de mon enfance 
EST le chapiteau du scénario. Seul 
celui-ci correspond à la taille de la 
compagnie, à ses spectacles... il est 
l’esprit de la compagnie, son ADN. 
Heureusement nous l’avons retrouvé 
dans les Ardennes et après d’âpres 
discussions avec leurs propriétaires 
(ils y tenaient eux aussi comme 
à la prunelle de leurs yeux, c’est 
décidemment une histoire d’amour 
les chapiteaux !) ils nous ont laissés 
tourner le lm dedans.
Léa