Airbus : un « euro-management » qui ne parvient pas à décoller
Ne nous attardons pas sur le passé et les probables délits d'initiés pratiqués les précédents
dirigeants (et les toujours actionnaires). La justice est censée se prononcer à ce sujet, même s'il
est certain que c'était un indice indéniable de très mauvaise gestion. L'exemple devant venir
d'en-haut pour tout projet humain ambitieux, le management précédent était donc sans aucun
doute à écarter au plus vite.
Alors, intéressons nous à l'équipe dirigeante actuelle car elle paraî déjà être en difficulté face à
une autre exigence de bon management: la capacité d'anticiper l'avenir. En effet, les dirigeants
d'Airbus semblent découvrir aujourd'hui que l'Euro va franchir la barre des 1,50 USD. En
conséquence de quoi, et dans ce qui ressemble fort à une sorte de panique, on entend les
dirigeants du groupe, MM. Gallois et Enders, annoncer d 'éventuelles catastrophes et leurs
cortèges de décisions pénibles ou radicales : la fin d'Airbus, la délocalisation des activités en
zone Dollar, l'intensification du fameux plan Power 8 pour licencier plus de monde, la mise sous
pression des sous-traitants, ... . Et, bien entendu, en sourdine, on entend la mélodie bien connue
des demandes de subventions publiques accrues.
Cette « petite musique » de l'aide publique incite d'ailleurs à douter de la naîveté totale de MM.
Gallois et Enders en ce qui concerne leur surprise face à la hausse de l'Euro par rapport au
Dollar.
Se tromper à ce point sur l'évolution du Dollar, c'est comme fabriquer des avions est être
incapable de les faire voler.
Ceci dit, si vraiment, le management d'Airbus a conçu son plan stratégique pour les années à
venir sur la base d'un taux Euro-Dollar inférieur à 1,50 alors il faut que les actionnaires d'Airbus
écartent cette équipe au plus vite car ils sont d'une incompétence abyssale : être sur un marché
où la variation du taux Euro-Dollar est censé être centrale et se tromper à ce point sur son
évolution, c'est comme fabriquer des avions est être incapable de les faire voler.
Chez Airbus on licencierait immédiatement les seconds; alors si c'est le cas, il faut licencier les
premiers aujourd'hui, car de deux choses l'une :
. soit ils n'ont tout simplement pas les compétences pour gérer un grand groupe industriel sur un
marché global
. soit ils sont dépassés intellectuellement, trop enkystés dans une vision d'un monde désormais
enfui, où le Dollar US était synonyme de valeur, et ils constituent donc un grave handicap
intellectuel pour Airbus, étant incapables d'anticiper le marché mondial des années à venir.
Sinon ces jérémiades sur la baisse du Dollar, ses conséquences « catastophistes » et le
quémandage de subventions doivent cesser imédiatement pour être remplacées par une vision
d'avenir qui anticipe pleinement l'évolution du marché mondial que va affronter Airbus dans les
années à venir. Et là, au vu de la « surprise » des dirigeants du groupe à propos des taux de
change, tout est à refaire dans la Vision 2020 du groupe européen.
Deux pistes essentielles pour refonder la Vision 2020 d'Airbus
Je me bornerai à indiquer deux axes essentiels à mon sens pour permettre à Airbus de traverser
les turbulences mondiales de ces cinq prochaines années:
. tout d'abord, il faut que le management du géant européen de l'aviation comprenne que la chute
du Dollar US est un phénomène structurel, qui est loin d'être terminé. La poursuite de la chute de
la devise américaine va ainsi inévitablement conduire les sociétés exportatrices de la zone Euro