Cette partie « Fête des fous » ou « Fête de l’âne » se
termine avec un Gloria ad modum tubae de Guillaume
Dufay composé de deux voix en canon sur deux teneurs
en écho sur le mode des (chantées façon) trompettes
(peut-être trompettes marines), mais ici imitées par les
voix facétieuses d’Obsidienne.
Deuxième partie : Noël (25 décembre)
Dans une deuxième partie consacrée à Noël, nous avons
choisi un jumelage musical européen où se succèdent :
- Une laude italienne en gymel improvisé, puis une
version écrite à 4 voix anonyme
- Une hymne dans trois versions :
- à 3 voix écrites
- en faux-bourdon improvisé
- en version écrite à 4 voix (Innocentius
Damnonius)
- un villancico espagnol du manuscrit d’Uppsala
- un lied allemand à 4 voix (arrangement Emmanuel
Bonnardot)
- un carol anglais avec quelques quintoiements et un
autre carol anglais joué aux hauts instruments, ici les
cornemuses, illustrant les techniques de canon et faux
bourdon et évoquant les festivités qui se propageait sur
le parvis de la cathédrale et dans la ville pendant la Fête
de l’âne.
- un motet de style bourguignon.
Ces styles, issus du complexe répertoire polyphonique de
l’Ars nova du XIVème siècle, sont caractérisés par une
relative simplification du discours musical qui permet de
retrouver l’équilibre entre parole et musique mais en
créant une nouvelle richesse contrapuntique que l’on
nommera plus tard harmonie…
Troisième partie : La St Etienne (26 décembre)
La troisième partie est basée sur les chants du propre de
la messe de la St Etienne (26 décembre). Nous y avons
ajouté un conduit dédié à Saint loup et Ste colombe, deux
figures de la vie sénonaise.
Notre interprétation de ce manuscrit propose trois styles
musicaux différents : le grégorien / plain-chant (1 voix),
un conduit (2 voix), des organums improvisés (2 à 4 voix)
Le grégorien et le plain-chant
Le répertoire de Sens (XIIème, XIIIème siècles) ne donne
pas d’indications rythmiques précises comme pour les
premiers manuscrits notés plus anciens tels que St Gall,
Laon…. C’est une période ou l’on passe du chant
grégorien neumé (avec des rythmes) au plain-chant (à
notes de durée égale). Le grégorien est chanté ici plus
librement sur les neumes du manuscrit de Sens en
conservant l’esprit de la modalité ancienne.
Les organum improvisés
Les manuscrits de Sens ne comportant pas de
polyphonies, nous proposons, pour les faire revivre, des
improvisations dans les styles suivants :
- organum de Guido d’Arezzo (à 2 voix)
- organum de l’école Notre Dame de Paris (à 2, 3 et 4
voix) sur les teneurs fournies par le manuscrit 18 de la
bibliothèque de Sens
Le conduit du ms XX
Nous avons ajouté un conduit du manuscrit XX qui
semble donner des indications de danse, nous avons
librement rythmé et ajouter un « quintoiement » puis une
deuxième voix.
J’ai toujours été frappé en entrant dans une église de la
juxtaposition des époques et des styles ! L’idée m’est donc
venue de faire de même avec la musique… La célébration
du 850ème anniversaire de la cathédrale de Sens a offert
le prétexte à cet enregistrement mais en se concentrant
sur l’époque médiévale et du début de la Renaissance,
cinq siècles de musique tout de même !
Ce disque retrace l’aventure musicale liée à la
construction de nos cathédrales et en particulier à celle
de Sens, capitale médiévale de la France ecclésiastique
où Obsidienne est en résidence depuis 2009. C’est pour
l’ensemble l’occasion de mettre en valeur la variété de
son savoir-faire dans l’interprétation d’un répertoire de
plusieurs siècles, des neumes grégoriens aux polyphonies
de la Renaissance. D'un léger "quintoiement" à l'éla-
boration d'un organum, Obsidienne teinte et orne ces
mélodies de polyphonies improvisées dont l’ensemble
s’est fait une spécialité.
La musique médiévale se caractérise par sa grande
sensibilité à la mélodie sur laquelle reposent des
architectures de lignes et d’entrelacs qui se réalisent dans
l’art du contrepoint. Dans les pièces choisies c’est toute
la subtilité des musiques anciennes de mêler le populaire
au savant ; populaire par l’universalité des thèmes des
grandes fêtes de Noël à l’Epiphanie et par un sens
mélodique immédiatement accessible. Savant également
: car que l’on ne s’y trompe pas, il y a derrière ces trésors
de grands artisans compositeurs, improvisateurs dont
nous voulons être les héritiers…
Première partie : la Fête des Fous / Fête de l’âne (1er
janvier)
Quoi de plus emblématique de débuter ce CD par la
messe des fous du fameux manuscrit 46 conservé à
la bibliothèque de Sens (thèse d’Océane Boudeau).
Nous fleurissons ces mélodies avec les techniques
d’improvisation polyphoniques décrites dans Musica
Enchiriadis ou par Guido d’Arezzo ainsi qu’avec des
bourdons et isones, utilisés dans de nombreuses musiques
traditionnelles. Nous avons également instrumentalisé,
rythmé la mélodie et ajouté une seconde voix au «
Collocaret » que l’on retrouve dans plusieurs manuscrits
de la bibliothèque, et qui semble avoir été spécifique au
répertoire des chantres de Sens.
Pour continuer l’idée d’une présentation des Fêtes de
l’âne du XIème au XVème siècle (les fêtes de l’âne
disparaissant à la Renaissance) nous avons, sur un
motet du XIVème siècle, noté à Sens dans le manuscrit
6, fait une contrefaçon avec une recette culinaire puis
ajouté trois pièces du Roman de Fauvel (XIVème
siècle) qui, dans l’esprit de la fête de l’âne, dénonce
par la dérision les abus de la société ; nous sommes
dans la mouvance des Carmina Burana (CD Obsidienne
Ed.Eloquentia), de François Rabelais ou de Sébastien
Brant (Nef des fous)…
CONCERT CELESTE