BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:28 Page 56 ARTICLE Comment aborder la gestion des peuplements d’insectes en France ? Jean-Jacques BIGNON* Résumé Dans un souci de préservation de la biodiversité planétaire et à l’instar des autres classes animales et végétales, il a été confié aux gestionnaires de milieux naturels d’intégrer les insectes dans les plans de gestion. Une tâche difficile qui doit prendre en compte non seulement la richesse spécifique des insectes mais aussi toutes les relations intra et inter spécifiques, animales et végétales. Après le rappel des principaux traits biologiques des insectes, l’auteur définit une méthode d’analyse de la structure des peuplements d’insectes, une vision plus large qui cherche à mettre en évidence la diversité d’un système et l’évolution spatio-temporelle des peuplements. Il relève les limites de la méthode et notamment la pertinence des relevés face aux disséminations des insectes dans les écosystèmes. La notion globale d’analyse des écosystèmes d’une part et les modalités de gestion d’autre part sont discutées dans le contexte sociétal dans lequel elles seront mises en place. La recherche d’un outil simple d’évaluation et de mise en place efficace adapté et concerté dans le cadre du développement durable semble être fondamental pour que les insectes « ordinaires » parmi lesquels vit l’Homme tous les jours soient aussi pris en compte dans les aménagements. Mots-clés : gestion, biodiversité, sociétal, entomologie, stratégie d’échantillonnage, développement durable, spatiotemporelle, dissémination. Introduction Actuellement, les plans de gestion sont élaborés indépendamment pour les plantes, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux, les mammifères et maintenant les insectes. Pour ce qui concerne la conservation des insectes dans les biotopes français, il convient de s’interroger sur le choix des critères retenus actuellement par les gestionnaires d’espaces naturels à entretenir et à savoir si la sélection de certaines espèces dites « patrimoniales » contribue réellement au renforcement ou même au seul maintien de la diversité biologiques. Cet « élitisme entomologique », en négligeant le reste de l’entomofaune ne conduit-il pas à sous-estimer l’importance des relations qui s’établissent entre les différents groupes d’insectes et donc à ne pas prendre en compte la véritable diversité biologique ? Aussi, les plans de gestion durables ne devraient-ils pas prendre en considération l’ensemble de l’entomofaune en tenant compte de la spécificité de ce groupe dont les caractéristiques ne se déclinent pas forcément comme les autres classes de l’histoire naturelle ? Dans cette optique, nous nous proposons de définir une méthode d’analyse des peuplements d’insectes qui permette de dresser une image la plus représentative possible de leur présence et de leur rôle dans les différents biotopes étudiés. Chaque insecte comme tout être vivant évolue dans l’espace et dans le temps. La mise en évidence de la structure des peuplements et le rôle intra et interspécifique joué dans l’écosystème peuvent être abordés par la distribution des insectes dans l’espace. Un des critères non négligeable à évaluer dans les études est le déplacement et notamment celui de la dissémination passive des insectes. La dissémination des insectes dans le temps et l’espace Les déplacements actifs et la dissémination passive représentent l’origine de la distribution des organismes dans les écosystèmes. Les déplacements actifs Les insectes ne se distribuent pas au hasard dans la nature mais selon des critères connus (ou encore inconnus d’ailleurs) qui les différencieront les uns des autres. Ils deviendront par conséquent des indicateurs biologiques d’un ou plusieurs critères donnés. Les déplacements actifs résultent d’une action comportementale de l’insecte. La distribution de ces insectes dans un habitat donné se fait dans des valeurs limites selon des facteurs abiotiques (température, rayonnement, air, eau, pression, sels, substrats…) ou biotiques (ressource trophique, relation inter et intra spécifique) et des effets stimulants des facteurs attractifs et répulsifs (notions de stimuli et de taxies positive ou négative - thermotaxie, phototaxie, rhéotaxie, anémotaxie…). Beaucoup d’insectes à anémotaxie négative sont emportés par des vents soudains et violents puis transportés sur de grandes distances loin de leurs habitats : pucerons, coccinelles, punaises, carabes, papillons... Des observations 56 Rev. sci. Bourgogne-Nature 5-2007, 56-65 La distribution des insectes dans l’espace et le temps Lorsque nous devons apporter un diagnostic entomologique d’une station donnée, le premier travail est de dresser l’inventaire des espèces, basé sur la présence-absence. Il est évalué au cours d’une ou plusieurs journées choisies en fonction de la disponibilité des personnes en charge du diagnostic. Cet inventaire restera bien souvent la seule image reflétant le peuplement d’insectes de la station en omettant d’évaluer la taille des populations, les relations inter et intraspécifiques, les cycles de développement, etc. L’objectif d’une étude entomologique sera donc de réunir la faunistique et l’écologie. BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:28 Page 57 4500 Altitude au-dessus du niveau de la mer (mètres) 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 Hymenoptera Diptera Homoptera Hemiptera Coleoptera Lepidoptera Trichoptera Mecoptera Neuroptera Thysanoptera Psocoidea Ephemerida Isoptera Orthoptera Odonata 0 Groupes taxinomiques Figure 1. Distribution verticale du plancton aérien (d’après GLICK, 1939). personnelles sur les Diptères Syrphidae ont montré une distribution régulière des espèces selon les heures de la journée au point que certaines espèces ne sont visibles que le matin et d’autres uniquement l’après-midi. Ces présences distinctes sont corrélées à un ensemble de variations de critères simultanés d’ordre physique (caractères microclimatiques de la station…) et biologique (activité des osmophores des plantes, transpiration…). Les migrations sont définies comme un déplacement régulier entre des lieux représentant des alternatives dont habituellement une seule correspond au lieu de reproduction. Dans un sens plus large, une migration peut désigner tout déplacement important d’animaux. Nous citerons pour mémoire la migration spectaculaire des papillons connus sur de grands territoires Vanessa cardui et Vanessa atalanta (Lepidoptera Nymphalidae), Agrius convolvuli et Acherontia atropos (Lepidoptera Sphingidae), ou encore des libellules Sympetrum, Crocothemis, (Odonata Libellulidae), Anax (Odonata Aeshnidae)… et les migrations moins connues des diptères Syrphidae, Stratyomyiidae, Tabanidae sur des territoires à l’échelle régionale, dont certaines sont spectaculaires en été et en automne sur les cols des montagnes. Les migrations s’effectuent aussi sur des espaces plus restreints comme les vallées où les migrants (Coleoptera Coccinellidae) recherchent leur quartier d’hiver. Hormis le fait que ces migrations sont à prendre en compte dans les études, elles ne représentent qu’un aspect secondaire de la distribution des insectes dans un biotope donné. Déplacements passifs ou dissémination passive Le plancton aérien est formé d’une quinzaine d’ordres d’insectes (figure 1). Si pour la plupart des ordres, les insectes sont transportés depuis le niveau de la mer jusqu’à 1 500 m d’altitude, les Diptères, les Hyménoptères et les Homoptères, qui en forment la partie essentielle, peuvent s’élever à plus de 4 000 mètres d’altitude. La distribution spatiale des organismes est grandement influencée par des déplacements d’ordre passif. Cette notion est peu abordée dans l’interprétation des résultats et son importance ne se limite pas qu’aux zones ventées des crêtes montagneuses ou des zones littorales mais aussi aux petites vallées soumises au vent. Les vents ascendants transportent les insectes vers les sommets. Les milliards d’ insectes transportés au printemps (hémiptères, diptères, pucerons) servent de nourriture aux insectes carnassiers des régions hautes (beaucoup de Carabiques ailés dont les Nebria). Les transports aériens peuvent s’effectuer sur de très longues distances, de quelques dizaines de km à plusieurs centaines de km. Une étude conduite sur le peuplement de diptères des pelouses calcaricoles du Mont d’Hubert au Cap Blanc Nez dans le Pas-deCalais (BIGNON et al., 1999) met en évidence une forte diversité due en partie à l’action du vent en tant qu’agent de dissémination des familles d’insectes. L’étude de cette diversité a montré une forte présence d’insectes complètement étrangers aux biotopes littoraux. Beaucoup d’insectes ont des appendices adaptés au transport par le vent. Lymantria monacha (Lepidoptera, Lymantriidae) pos- Comment aborder la gestion des peuplements d’insectes en France ? 57 BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:28 Page 58 sède au premier stade de sa vie larvaire de longues soies qui lui permettent d’être plus facilement transporté par le vent. Les Adeles (Lepidoptera) se laissent portées par les antennes alors que ce sont les pattes et les cerques qui jouent ce rôle chez les Ephémères. Dans le cadre d’évènements exceptionnels comme les crues, la macrofaune benthique d’une rivière à courant rapide peut être transportée brutalement de l’amont vers l’aval. Quant aux insectes terrestres emportés par le vent, qui chutent à la surface de l’eau, ils dérivent vers les berges au gré des courants et des vents de surface. Si les imagos (la forme la plus visible) représentent la masse la plus importante du plancton, les œufs et les petites larves peuvent aussi être emportés par les vents. Cette dissémination par le vent et par l’eau conduit à deux effets écologiques importants : celui d’apporter la ressource trophique aux peuplements d’insectes autochtones et celui de permettre à certaines espèces d’envahir des milieux nouveaux et d’élargir ainsi leur aire de répartition géographique. Nous nous rendons bien compte qu’un observateur face à un biotope est assez démuni dans la définition de l’image d’un peuplement d’insectes. Nous devrions savoir séparer les espèces autochtones des espèces allochtones. Les relations intra et interspécifiques Les êtres vivants se développent ensemble en s’imposant, à des degrés divers, des niveaux de relation diversifiés pour le partage de la ressource trophique dans l’espace et dans le temps. Chaque espèce est représentée par une expansion limitée et par une population dont l’effectif varie au cours du temps. Que ce soit dans une population ou dans un peuplement, les individus interagissent dans des formes de vie complexes et diversifiées. Parmi les relations intraspécifiques, les individus forment des colonies ou des sociétés organisées et structurées par un système de communication parfois très sophistiqué dans la construction de l’unité sociale. Les individus peuvent être abondant localement (cas des Apoïdes et des Vespides). Parmi les relations interspécifiques, si on excepte l’amensalisme, le mutualisme et la symbiose, les relations entre individus sont soit bénéfiques, soit maléfiques. Les individus entrent en concurrence pour l’habitat et en compétition pour les ressources. Au moment où l’on parle tant de biodiversité, le parasitisme est un modèle particulier de relation interspécifique qu’il nous semble important de prendre en compte, tellement les formes parasitaires et les cycles de développement sont nombreux. Le parasitisme qui touche les insectes fait appel à quatre cycles parasitaires (cycle à un, deux, trois ou quatre hôtes) dont on distingue, pour chacun d’eux, les ectoparasites, les mésoparasites, les endoparasites et les parasitoïdes (insectes entomophages qui appartiennent essentiellement aux Hyménoptères et aux Diptères). La stratégie parasitaire repose sur trois stades : l’infection qui suit la rencontre hôte-parasite, le maintien en vie du parasite et la reproduction avant la dispersion. Cette stratégie fait intervenir chez le parasite des adaptations spécifiques complexes comme la reproduction asexuée, l’adaptation aux conditions de vie (aquatique, anoxique, saline), aux transformations morphologiques du corps, à l’exploitation du système de communication intraspécifique de l’hôte, aux effets inhibiteurs… Cette coévolution oblige les uns et les autres à modifier en permanence les processus pour mieux profiter ou pour mieux se défendre. espèces recensées dans le monde et les estimations les porteraient à 800 000 espèces. Une autre originalité de certaines espèces parasites est d’effectuer leur cycle de développement sur un hôte végétal. Les curieuses déformations végétales ou galles sont souvent l’oeuvre d’insectes. Les galles se manifestent par l’hypertrophie des tissus du végétal due à des modifications du métabolisme enzymatique provoquées par des Coléoptères, des Hyménoptères, des Diptères, des Lépidoptères, des Hémiptères, des Orthoptères, des Névroptères… Plus de 2 000 espèces d’insectes sont zoocécidogènes. La coévolution des insectes-parasitoïdes ou insectes-plantes, traduit une diversité de formes adaptatives complexes qui demandent certainement de les intégrer dans la biologie de la conservation et précisément dans la description des peuplements d’insectes. Autres critères d’appréciation Nous rappelons, pour mémoire au gestionnaire, que d’autres aspects de la vie des animaux existent et que cela devrait l’éclairer dans la tâche qui lui est confiée en prenant le recul nécessaire dans son approche du milieu naturel avant toute intervention, s’il souhaite répondre positivement à la protection de la diversité biologique. Les conditions mêmes de vie de certaines espèces grégaires ou individuelles à faible déplacement (larves et imagos) rendent difficile l’échantillonnage. Les espèces à faible déplacement, peu visibles, demandent un effort particulier d’observation et une bonne connaissance de leur biologie. Leur présence est bien sûr plus difficile à mettre en évidence. Très abondants, ces parasitoïdes à biologie complexe participent donc de manière active à l’équilibre biologique, une sorte de dynamique des écosystèmes. Les parasitoïdes représentent 8,5 % des Dans les biotopes soumis aux phénomènes climatiques drastiques (vent fort, neige persistante) ou bien à l’altitude, la morphologie et l’anatomie des adultes peuvent être complètement modifiées jusqu’à la perte totale de l’aptitude au vol comme a pu le montrer BRUNHES (1984) chez les Limoniidae et les Tipulidae (Diptera Nematocera) des tourbières d’Auvergne ou les femelles montrent une forte réduction alaire et un développement important des ovaires. Un autre exemple, au Cap Blanc Nez 58 Rev. sci. Bourgogne-Nature 5-2007, 56-65 Jean-Jacques BIGNON BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:28 (BIGNON et al., 1999 ) met en évidence de nombreux cas de réduction alaire chez des diptères et des hyménoptères. Enfin, le dynamisme de la végétation, à l’origine de la disparition ou de l’apparition d’espèces nouvelles d’un lieu donné par transformation des conditions écologiques et biologiques du système, ne doit pas être ignoré. Jusque là, notre discussion n’a porté que sur les adultes et imagos. Jamais, il n’a été question de larves et pourtant, elles peuvent être souvent de bien meilleurs indicateurs de conditions de milieu que les adultes. En de bien rares cas, les larves sont prises en compte dans les études, de la microfaune des sols, des parasites des cultures, des indices biologiques... L’étude des larves est largement plus difficile et leur biologie est bien moins connue. Les échantillonnages sont fastidieux, moins usités et les identifications délicates. Et pourtant, l’interprétation est beaucoup plus pertinente lorsque la vie des larves et des adultes est connue. D’autres sujets pourraient être abordés, comme la diversité des modes de reproduction, la longévité larvaire, le stade biologique par lequel certaines espèces passent la mauvaise saison (depuis l’œuf jusqu’à l’adulte). En conclusion, nous nous apercevons que les critères que nous venons de citer remettent en cause le fondement basé sur la seule protection de quelques espèces et montrent à quel point la diversité ignorée des espèces parasites est importante. En revanche, la dissémination passive peut induire des biais dans la présence d’insectes en les comptabilisant à tort dans les inven- Page 59 taires. La question de l’indigénat des espèces est à retenir. Il paraît difficile de placer tous les insectes à un même niveau. Un indice biologique pourrait être attribué aux espèces connues à partir de la complexité des formes de vie. Définition de la méthode d’évaluation du peuplement d’insectes dans les habitats Lorsqu’un observateur tente d’estimer la diversité d’un peuplement, il ne lui est pas aisé de trouver d’emblée la méthode pour en dresser la meilleure image possible. Si l’observation visuelle est le moyen le plus rapide, elle ne lui permet pas d’apporter un résultat complet tant il est biaisé par plusieurs facteurs humains (acuité visuelle, audition, réflexes), par le mouvement de fuite des insectes qu’il provoque en les observant et aussi par sa spécialité puisqu’il ne saura pas être bon chasseur pour tous les groupes représentés dans un biotope. Il arrivera néanmoins à dresser un inventaire des espèces donnant une première idée de l’entomofaune. Mais l’entrée « espèce » n’est à mon sens pas suffisante pour en déduire des recommandations de gestion. Pour éviter de faire de l’élitisme sur tel ou tel groupe d’insectes, nous avons choisi de mettre en place une méthode qui échantillonne sans distinction toutes les espèces. L’optimisation d’une étude entomologique doit nécessairement passer par une notion d’efficacité car l’étude doit aboutir dans des délais impartis, avec des moyens limités. Pour répondre à cette optimisation, la méthode basée sur le compromis a été choisie pour échantillonner de façon modérée, tant du point de vue qualitatif (espèces présentes) que du point de vue quantitatif (abondances respectives). Le principe repose sur l’échantillonnage des insectes volants et des insectes marcheurs à partir d’un piège attractif pour les premiers, et d’un piège d’interception pour les seconds. Les techniques de récolte L’échantillonnage s’effectue de deux manières différentes. Le repérage à vue et le piégeage. Dans le premier cas l’aspect qualitatif est privilégié alors que dans le second cas les deux aspects sont confondus. Le repérage à vue donne la première approche des lieux et permet de choisir les stations où les pièges seront finalement installés. L’avantage des piégeages est de fonctionner en continu 24h/24. Ils informent sur la densité et sur l’activité des populations en place. Les pièges récoltent un grand nombre d’individus répartis dans de nombreuses familles d’insectes. Cette technique est facile d’utilisation et peu coûteuse, ce qui est loin d’être négligeable lorsque plusieurs répétitions sont à mettre en place ou encore lorsque plusieurs stations doivent être installées simultanément pour la comparaison de peuplements d’habitats. La surface des piéges étant connue, il est aussi possible d’estimer la biomasse. Les pièges utilisés sont le pot Barber (photographie 1) et le piège de Moericke ou plateau coloré (photographie 2). Le piège d’interception capture les insectes marcheurs au sol au hasard de leurs déplacements sans agir sur leur comportement (photographie 1). Appelé pot Barber (RIVARD, 1962), il consiste en une petite cuvette sphérique en plastique marginée de 9,5 cm de diamètre sur 7 cm de profondeur dont le tiers est rempli d’un liquide conservateur (monoéthylène glycol). Cette petite cuvette mobile est glissée dans une boîte de conserve fixe, enterrée, à diamètre légèrement supérieur. Un petit toit protége le piège des intempéries. Photographie 1. Le piège d’interception ou le pot Barber. Le plateau coloré ou piège de Moericke est un bac carré en plastique de 30 cm de côté (27cm intérieur) d’une hauteur de 10 cm Comment aborder la gestion des peuplements d’insectes en France ? 59 BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:29 Page 60 Le choix des stations Les stations sont choisies en fonction de l’objectif de l’étude et après une observation méticuleuse du biotope. L’opérateur recherche des stations homogènes aux surfaces suffisamment grandes pour assurer plusieurs répétitions. Un relevé floristique et une description phytosociologique de la végétation sont vivement recommandés. Périodicité des relevés et époque de piégeage Photographie 2. Le piège attractif, le piège de Moericke ou plateau coloré, au sol et à 1 m. recouvert d’une peinture jaune de référence SIGMA formule Chinolith Base 3058 + 606-7. Le domaine spectral de diffusion se situe entre 400 et 700 nanomètres. Le maximum d’efficacité de capture a été obtenu par la couleur jaune (ROTH, 1964). Les plateaux sont remplis au 3/4 d’eau additionnée de quelques gouttes de Teepol (une substance indispensable pour supprimer la tension superficielle de l’eau afin d’assurer la noyade immédiate de l’insecte). La périodicité des relevés dépend de l’objectif de l’étude, de la disponibilité du récolteur, des conditions climatiques… Elle doit permettre d’effectuer d’éventuels cumuls de données sur plusieurs semaines afin de travailler à différentes échelles d’observation temporelle (BRUNEL, 1987). Comme les insectes doivent être récoltés dans de bonnes conditions, le relevé hebdomadaire convient assez bien sauf dans le cas de fortes températures où les plateaux colorés s’assèchent très vite. Il est prudent alors d’intervenir deux fois par semaine. Le relevé des pièges doit se faire à date fixe pour obtenir des La stratégie d’échantillonnage Le plan d’échantillonnage met en évidence la variation de trois facteurs : la distribution spatiale, temporelle (n relevés selon un pas d’échantillonnage d’une semaine) et les stades de maturité des peuplements par station (juvénile, intermédiaire, mature). Choix du dispositif de piégeage Les pots Barber sont disposés au sol pour capturer les « marcheurs ». Les plateaux colorés sont disposés au sol et à un mètre de hauteur pour échantillonner les individus « volants ». Le principe est de capturer les individus à deux niveaux de la strate de végétation et d’intégrer les variations de hauteur de la strate herbacée. Une unité de piégeage comprend plusieurs pièges par station (répétition). Un tel dispositif est mis en place afin de comparer la variabilité intrastationnelle à la variabilité interstationnelle, et de tester ainsi l’homogénéité par station, de manière à savoir si la différence constatée entre deux ensembles d’échantillons comparés est réellement due à une différence écologique ou à un effet aléatoire (FRONTIER, 1983). Une analyse fine du peuplement demanderait donc de placer 3 à 5 répétitions, c’est-à-dire 5 pièges espacés de plus de 3 mètres (pour éviter l’effet piège). Mais dans le but de garder la notion de rendement (optimisation), nous retenons deux répétitions par station pour l’échantillonnage aussi bien pour les pots Barber que pour les plateaux colorés, soit 2 dispositifs de piégeage par unité (figure 2, photographie 1). 60 Jean-Jacques BIGNON Figure 2. Principe d’installation d’une unité d’échantillonnage : piège de Mœricke. Photographie 3. Plateaux colorés installés à 1m de hauteur et mis en défens par une clôture dans une prairie pâturée. Rev. sci. Bourgogne-Nature 5-2007, 56-65 BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:29 Page 61 La quantité d’individus par échantillon peut varier de l’unité à plusieurs centaines voire des milliers d’individus selon la saison, le type d’habitat et la météorologie de la semaine. Les individus de chaque échantillon, après avoir été triés et comptabilisés sont conservés dans des boîtes ou des tubes remplis d’alcool. Les insectes sont référencés pour apporter toute latitude à d’éventuels retours aux échantillons dans le cas d’une vérification ou encore pour la reprise de l’identification à l’espèce d’une famille qui avec un effectif suffisant montrerait une particularité quelconque. La difficulté d’identification Photographie 4. Exemple de la représentativité comparée des familles selon trois modes de gestion d’un biotope : témoin fauche et pâture. Nous avons choisi d’identifier toutes les familles d’insectes. Contrairement aux botanistes, les entomologistes sont souvent spécialistes d’une seule famille voire de quelques-unes. Sans l’intervention d’un spécialiste par famille, il est impossible d’appréhender toutes les espèces dans une durée compatible avec le délai des études. Une détermination à la famille (court terme) est choisie pour le calcul de la diversité. Nous avons suivi FRONTIER et al. (2004) dans le calcul des indices de diversité à partir de la famille. Bien souvent une unité taxinomique supérieure à l’espèce correspond à une certaine homogénéité écologique et éthologique « Il y a en général plus de différences entre les biologies d’espèces de familles différentes qu’entre espèces d’une même famille ». De surcroît, l’avantage majeur est le nombre restreint de familles (par rapport aux espèces) à analyser et leur relative rapidité d’identification. Une détermination à l’espèce (moyen terme) peut être réalisée lorsqu’une famille a présenté un intérêt comme une forte richesse spécifique. Dans ce cas, les espèces sont identifiées et les données sont traitées par la statistique de la même manière que pour les familles. Limite de la méthode d’échantillonnage par pièges colorés Photographie 5. Fiche de tri. échantillons comparables. Ces relevés peuvent être réalisés par des étudiants ou par des techniciens en charge des terrains d’étude. Une petite formation préalable est nécessaire car de la rigueur de la récolte dépendra la pertinence des résultats. L’attractivité des surfaces colorées a été démontrée depuis longtemps (MOERICKE, 1955). L’efficacité maximale de capture pour la couleur jaune a été révélée par les expérimentations de ROTH (1963) qui obtint, sur 20 310 insectes capturés dans une luzernière au moyen de 5 couleurs, 55 % du total des espèces. L’efficacité maximale de capture par les plateaux colorés s’effectue donc avec le jaune. Ces pièges font intervenir trois types d’attraction : le chromatotropisme, l’hydrotropisme, et la polarisation horizontale de la lumière. Le tri des échantillons D’autres critères, dépendant de l’agencement et de la présentation des pièges, interviennent dans le pouvoir attractif des pièges : l’influence de la hauteur de piégeage ; la forme et la dimension des pièges sur les captures ; le nombre de pièges jaunes sur une même station et leur interdistance et les facteurs abiotiques et biotiques sur le taux de piégeage. Il a été constaté par BRUNEL (1971) que pour certaines espèces phytophages (Diptera Psilidae), les fluctuations de capture sont largement influencées par la nature du biotope et par la plante hôte. Pour d’autres espèces, il est nécessaire de connaître les phases comportementales pour interpréter l’efficacité de capture (BAILLOT & TREHEN, 1974). De retour au laboratoire, chaque échantillon est trié dans une boîte de Pétri (photographie 4) sous loupe binoculaire. Les individus sont comptés et identifiés à la famille. Les résultats sont reportés sur une fiche de tri (photographie 5). L’utilisation des pièges permet de comparer les peuplements de biotopes identiques ou différents. Les biais engendrés par les pièges restent les mêmes d’un biotope à l’autre si bien que tous les résultats sont comparables. Face à toutes ces limites, le piège universel est loin d’être mis au point. Rechercher la structure exacte du peuplement d’insectes d’un biotope donné est illusoire sachant que la composition floristique, la structure de végétation et le Le piégeage peut s’effectuer durant toute l’année. En hiver, l’effectif des captures est plus faible mais les espèces hivernales sont toujours intéressantes car elles sont généralement peu étudiées. Comment aborder la gestion des peuplements d’insectes en France ? 61 BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:29 Page 62 Ordres Diptères Hyménoptères Hémiptères-Homoptères Coléoptères Lépidoptères Orthoptères Autres ordres Total Familles 3021 531 474 118 66 55 54 4319 Tableau I, figure 3. Répartition quantitative des insectes récoltés sur une station. Tableau II. Fiche élaborée des effectifs des familles de trois stations. microclimat d’une station au cours des saisons et les biologies des insectes ne permettent pas d’étudier tous les critères en même temps. La méthode exige de savoir identifier toutes les familles. Si elles sont moins nombreuses que les espèces, la difficulté d’identification reste malgré tout importante. Les résultats Figure 4. Exemple de la représentativité comparée des familles selon trois modes de gestion d’un biotope. Les résultats sont regroupés sous forme de tableaux (tableaux I et II) et de graphiques (figures 3 et 4). Ils mettent en évidence le nombre d’insectes récoltés dans chacun des ordres et donnent les effectifs des familles. Pour que les résultats apportent une information correcte, les effectifs de classe (familles ou espèces) doivent être suffisamment importants pour éviter les erreurs statistiques. Pour des raisons diverses, tous les échantillons ne pourront être traités. C’est la raison pour laquelle nous plaçons aussi des répétitions dans les unités d’échantillonnage. La période d’échantillonnage peut être allongée. C’est au moment du tri et de la mise en forme des résultats que les échantillons sont choisis. Les chiffres en rouge montrent l’effectif le plus important observé des trois stations. Figure 5. Phénologie des Diptères Sciaridae durant une période choisie et sur trois stations. L’échantillonnage au cours d’une longue période montre le moment de 62 Rev. sci. Bourgogne-Nature 5-2007, 56-65 Jean-Jacques BIGNON BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:29 Page 63 Figure 6. Schéma de la déformation des DRF le long d’une succession écologique. l’émergence des espèces et fait apparaître des différences d’effectifs selon les stations (figure 5). Interprétation des résultats La méthode statistique utilisée pour interpréter les résultats repose sur l’estimation de la diversité biologique, terme d’autant plus d’actualité que sa conservation est à l’ordre du jour de tous les programmes environnementaux. La diversité biologique est évaluée par le calcul de l’indice de diversité (H’) (SHANNON & WEAVER, 1949) et par la régularité (R) (PIELOU, 1975). L’indice de diversité de ShannonWeaver traduit le nombre de taxons représentés dans l’échantillon et la répartition plus ou moins équitable des effectifs au sein de ces taxons. La formule de l’indice de SHANNONWEAVER est la suivante : i=S H’ = -* pi * Log2 pi i=1 S = nombre de taxons (ici les familles) pi = Fréquence relative du ie taxon H’ est exprimé en bits / individu, le bit étant une unité d’information On peut déterminer aussi : - l’indice maximal de diversité : H’max = Log2S - la Régularité : R = H’/H’max Le calcul d’un indice de diversité est souvent perçu comme une approche trop synthétique de l’estimation de la structure du peuplement, et la distribu- Figure 7. Exemple d’application des Diagrammes rangs fréquences appliquée à la comparaison des structures de peuplements de trois stations. tion des valeurs dans la formule du calcul de l’indice de diversité est trop dissymétrique, donnant un poids trop important aux espèces rares. Divers auteurs ont donc proposé des représentations graphiques de la diversité d’une communauté appelées diagramme rang-fréquence (DRF) (figures II et III). S’il est aujourd’hui admis que le système bilogarithmique proposé par FRONTIER (1976) fournit les courbes les plus aisément interprétables, la construction de ces diagrammes relève du même principe que celui du calcul de l’indice de diversité. Les taxons recensés dans un échantillon sont classés à partir de leurs effectifs spécifiques dans un ordre décroissant de leurs fréquences. Ces fréquences exprimées en ‰ sont ensuite portées en ordonnées sur un graphique bidimensionnel, et le rang de ces espèces, depuis les plus nombreuses jusqu’aux plus rares, en abscisses. La succession écologique d’un peuplement peut s’exprimer par quatre diagrammes : début de succession (1), stade intermédiaire (1’), maturité du système (2) ou fin de succession (3). Le stade 1, diagramme à concavité dirigée vers le haut, traduit la dominance d’une ou de quelques espèces. La diversité et la régularité sont faibles, caractérisant une situation de phase pionnière de colonisation ou encore de perturbation de l’écosystème. Le stade (2), diagramme convexe, avec des fréquences voisines pour les espèces de premiers rangs, c’est-à-dire les plus nombreuses, traduit une valeur très élevée de la diversité et de la régularité et donc l’existence d’une communauté mature. Le stade intermédiaire (1’) montre un diagramme relativement rectiligne avec une légère convexité vers le haut. Ce cas de figure s’observe également en fin d’évolution de la biocénose (3). Comment aborder la gestion des peuplements d’insectes en France ? 63 BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:29 Page 64 Tableau III. Succession des 5 familles structurantes de diptères de deux modes de gestion comparés au témoin. L’allure des courbes ainsi obtenues caractérise les stades d’évolution d’un écosystème au cours d’une succession écologique. La localisation des espèces les plus abondantes sur le diagramme permet de suivre leurs variations donc l’importance respective dans l’espace ou dans le temps (figure 7). Le tableau VI montre une représentation rapide de la différence des successions des familles. Les successions ne sont pas identiques d’une station à une autre, ni du niveau du sol à 1 m de hauteur. Nous créons ainsi des éléments de réflexion qui demandent de puiser dans la biologie des espèces pour interpréter ces différences de successions et peut-être entrevoir des pistes pour des recommandations de gestion. Intérêts de la méthode La méthode d’estimation de la diversité des insectes donne une vision globale du système étudié : ses caractéristiques, son comportement et son évolution. Elle permet : 1. d’étudier aussi bien les espèces que les familles d’insectes ; 2. de dresser l’inventaire des familles et des espèces ; 3. de déterminer les successions des espèces au cours du temps et selon la hauteur de végétation ; 4. d’établir le spectre phénologique des familles et des espèces ; 5. d’assurer un échantillonnage continu des insectes. Cette continuité permet de relever des espèces, pas nécessairement rares, mais difficiles à observer ; 6. de découvrir facilement des espèces nouvelles pour la science et/ou pour la France ; 7. de relever l’adaptation morphologique des individus à la suite de conditions particulières du biotope ; 8. de choisir des périodes d’intervention de gestion conservatoire ; 9. de mettre en évidence des biologies nouvelles d’espèces peu connues ; 10. de comparer des habitats ou des structures de peuplement en appliquant la même méthode dans des biotopes différents ; 11. de montrer les fluctuations périodiques, les phénologies, les successions de familles ou d’espèces d’insectes (stades pionniers, juvéniles, matures) 12. d’installer facilement une unité d’échantillonnage pour des suivis de la biodiversité ; 13. de comparer l’impact des modes de gestion sur n’importe quel système naturel ou modifié. D’une manière générale, ces études écologiques produisent des connaissances. Les inconvénients de la méthode Malgré ses nombreux intérêts, la méthode présente aussi quelques inconvénients dont : 1. la nécessité d’avoir un niveau élevé d’identification de toutes les familles pour l’entomologiste ; 2. un investissement spécifique assez long dans le temps (de l’installation des unités d’échantillonnages au tri) ; 3. un échantillonnage relatif basé sur le spectre d’attraction des familles d’insectes à partir d’un piège qui ne capture pas toutes les familles d’insectes ; 64 Jean-Jacques BIGNON 4. une image de la structure du peuplement pas suffisamment précise en raison d’une pertinence limitée ; 5. la demande de récolteurs sur place avec une rigueur de récolte pas toujours comprise ; 6. l’étude d’un habitat qui ne cesse d’évoluer au cours des saisons et qui n’est jamais véritablement le même d’une année à l’autre, ce qui rend encore plus difficile les comparaisons. La gestion des insectes dans le développement durable de notre société Les gestionnaires demandent souvent d’apporter des recommandations de gestion des insectes. Cette gestion des insectes ne peut à mon sens passer que par des niveaux d’évaluation globale pour la simple raison que les entomologistes sont loin de disposer du recul nécessaire et de maîtriser les biologies des insectes. Comment faire pour que les recommandations d’une gestion spécifique pour telle ou telle espèce ne nuisent pas à d’autres espèces évoluant dans un même biotope ? La gestion par la guilde (les coprophages, les xylophages, les phytophages)… c’est-à-dire un ensemble d’espèces taxonomiquement apparentées et qui exploite localement un même type de ressources me semblerait être une voie à étudier. Cette idée est déjà en partie mise en pratique pour les espèces saproxylophages, par exemple. En s’assurant de rétablir les connexions entre habitats « modifiés » d’un paysage végétal, la petite échelle est probablement la solution la plus judicieuse pour les insectes. Il suffirait d’intégrer dans tous les projets qui sont actuellement débattus en environnement, le critère insecte mais entendu dans un contexte écologique, global et non au niveau spécifique. La restauration des corridors biologiques, en accord avec l’aménagement du territoire, est une mesure locale qui peut avoir comme résultante un impact national voire européen. C’est en créant de grands espaces contiguës Rev. sci. Bourgogne-Nature 5-2007, 56-65 BN numéro 5-07. int. 23/10/07 14:29 Page 65 que la diversité biologique peut être maintenue. Il faut des espaces relativement importants pour les échanges entre populations. Une action indirecte alarmante de notre société sur le milieu naturel concerne la réduction insidieuse de surface naturelle au profit du bâti. À titre d’exemple, en replaçant le contexte de la conservation des insectes dans le contexte sociétal, JANCOVICI (2005) met en évidence à partir des résultats de l’IFEN que les surfaces artificialisées augmentent régulièrement chaque année. Entre 1992 et 2000, les surfaces artificialisées (sols bâtis + sols artificiels non bâtis + routes et parkings) ont progressé de 13 % (38 014 à 43 000 km2), soit 6,94 % de l’occupation total des sols du territoire en 1992 et 7,85 % en 2000 (tableau IV). Ce taux de croissance actuel des surfaces artificialisées nous laisse 160 ans de consommation foncière pour occuper toute la surface du territoire. En gelant 50 % des surfaces agricoles et forestières, il nous reste juste un siècle au rythme actuel. Cela montre à quelle vitesse l’Homme est capable de modifier le territoire. La consommation de l’espace est la première cause indirecte de la baisse de la diversité biologique. Elle ne concerne pas uniquement les insectes mais l’ensemble des êtres vivants. Le poste d’un interlocuteur scientifique à l’interface des deux professions : chercheur et gestionnaire me paraît indispensable. Un véritable métier d’intermédiaire qui serait à l’écoute du chercheur et du gestionnaire, comme cela existe entre l’expérimentateur et le technicien. Un double rôle où le premier serait de synthétiser les connaissances récentes de la recherche et le second de créer les outils nécessaires sur les conseils des deux parties. Dans la quête d’un nouvel outil, les gestionnaires devront penser de manière globale dans leur stratégie de la conservation des biotopes et de la biodiversité. Les entomologistes doivent s’unir pour réaliser de nouveaux outils d’aide à la gestion des milieux naturels sur le fondement des bases écologiques. Tableau IV. Évolution de l’occupation du sol français de 1992 à 2000 (d’après IFEN). Bibliographie BAILLOT, S. & P. TREHEN. 1974. Variations de l’attractivité des pièges colorés de Moericke en fonction de la localisation spatio–temporelle de l’émergence, des comportements sexuels et des phases de dispersion de quelques espèces de diptères. Ann.Zool.-Ecol.anim., 6(4): 574584. BIGNON, J.J., ANDREI-RUIZ, M.C. & S. PERFEZOU. 1999. Structure du peuplement de diptères des pelouses calcaricoles du Mont d’Hubert (Cap Blanc Nez, Pas-de-Calais, France). Ann. Soc. Entomol. Fr. (N.S.), 35(suppl.): 248-250. BRUNEL, C. 1987. Étude entomocoenotique le long d’un transect culture/coteau calcaire/Vallée humide à la Chaussée-Tirancourt (Vallée de la Somme). Répartition spatio-temporelle du peuplement. Thèse Université des sciences et Techniques de Lille. 188 p + 35 p annexes. BRUNEL, E. 1971. Influence de la plante hôte (espèce et stade végétatif) sur les captures de Psila rosae Fab. (Diptera,Psilidae) au moyen de pièges jaunes. Overdruk vit : Mededelingen Fakulteit Lanbow Netenschappen Gent, 36(1): 241-249. BRUNHES, J. 1984. La perte de l’aptitude au vol chez les Limoniidae et les Tipulidae (Diptera) des hautes régions du Massif Central : note préliminaire. Documents d’Ecologie –Pyrénéenne, IIIIV: 297-300. FRONTIER. 1977. Réflexions pour une théorie des écosystèmes. Bull. Ecol, 8(4): 445-464. FRONTIER, S. 1976. Utilisation des diagrammes rang-fréquence dans l’analyse des écosystèmes. J. rech. Oceanogr., 1(3): 35-48. FRONTIER, S. 1983. Stratégies d’échantillonnages en Écologie. Éd. Masson, Paris, 494 p. FRONTIER, S., PICHOT-VIALE, D., LEPRETRE, A., DAVOULT, D. & C. LUCZAK, 2004. Ecosystèmes. Structure, fonctionnement et évolution. 3e édition. Éd. Masson, Paris, 549 p. GLICK, 1939. in KÜHNELT, W., 1969. Écologie générale. Éd. Masson, Paris, 359 p. JANCOVICI, J.M., 2005. Evolution de l’urbanisation en France : e, combien de temps aurons-nous urbanisé notre pays à 100 %. http://www.manicore.com/documentation/urbanisation.html MOERICKE, V. 1955. Sur l’influence des surfaces blanches sur le comportement des insectes phytophages pendant le vol d’attaque (en allemand). Z. Pflanzenkrankh u. Pnzfbenschutz, 62: 588-593. PIELOU, 1975. Ecological diversity. Wiley, New York, VIII, 165 p. RIVARD. 1962. Un piège à fosse amélioré pour la capture d’insectes actifs à la surface du sol. The Canadian Entomologist, 94: 1270-1273. ROTH M., 1963. Comparaisons des méthodes de captures en écologie entomologique. Rev. Path. Vég. Et Agric., 42(3): 177-197. SHANNON, C.E. & W. WEAVER. 1949. The mathematical theory of communication. University Illinois Press, Urbana, 1963 éd., IV, 125 p. Photographie 3. Plateaux colorés installés à 1m de hauteur et mis en défens par une clôture dans une prairie pâturée. Figure 4. Exemple de la représentativité comparée des familles selon trois modes de gestion d’un biotope : témoin fauche et pâture. Le critère spatio-temporel et la prise en compte de toutes les familles d’un peuplement d’insectes permettent d’estimer la véritable diversité biologique d’un système et non pas la richesse spécifique comme cela est si souvent fait aujourd’hui Comment aborder la gestion des peuplements d’insectes en France ? 65