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Les cinq domaines de l’anthropologie
Pour préciser le champ d’étude, de problématisation et de recherche de la
discipline anthropologie, il est possible de suivre le découpage proposé par
l’anthropologue François Laplantine en « cinq domaines principaux »5. Chacun de
ces domaines est défini par un certain abord des êtres et des phénomènes humains,
privilégiant une dimension ou une autre de l’homme et des hommes. Nous allons voir
comment l’anthropologie définie dans son acception la plus large se situe en fait à
l’intersection des dites sciences de la nature - où l’homme est envisagé comme
individu vivant animal issu d’une évolution - et des dites sciences de la culture ou
sciences de l’homme – où l’homme est envisagé comme sujet d’un milieu et d’une
histoire sociales et culturelles.
L’anthropologie biologique
« L’anthropologie biologique », historiquement la première à s’être constitué sous
l’appellation d’anthropologie, « (désignée autrefois sous le nom d’anthropologie
physique) est l’étude des variations des caractères biologiques de l’homme dans
l’espace et dans le temps »6.
Si ce domaine de l’anthropologie ne sera que peu mobilisé dans le cadre de ce
cours, l’anthropologie biologique nous renseigne néanmoins sur les conditions
biologiques – principalement neuro-génétiques – qui rendent possibles, voire
nécessaires, la diversification des êtres humains et des cultures humaines. Pour le
dire d’une formule lapidaire, l’être humain est biologiquement « déterminé à ne pas
l’être » (c’est la théorie de l’ouverture du programme génétique qui nous l’apprend) :
il naît prématuré et dépendant longtemps de son environnement, de son milieu, et
d’abord de ses parents et de sa famille, de ceux qui prennent soin de lui et le
conduisent dans l’existence (cette caractéristique est connue sous le terme de
néoténie) ; enfin, l’être humain apprend et devient ce qu’il est au fil des expériences
qu’il fait du monde, expériences qui le marquent et le transforment en profondeur,
comme fondamentalement ouvert (les avancées récentes sur la plasticité cérébrale
et sur les possibilités de transformation tout au long de l’existence sont très explicites
à ce propos).
En un mot, l’être humain est biologiquement ouvert à la dimension inédite des
événements, à la diversité des expériences de vie et des rencontres sociales et
culturelles.
Enfin, si l’anthropologie biologique intéresse l’éducation, c’est aussi parce qu’elle
fournit à la pensée éducative et mon de l’éducation (notamment « nationale ») une
partie de ses théories, de ses conceptions et de ses représentations, d’ailleurs plus
ou moins réelles, ou plus ou moins imaginaires. Et de ces théories et représentations
sont déduites des pratiques éducatives et des modalités pédagogiques. Mieux vaut-il
quant même ne pas être totalement ignorant à la fois des avancées réelles sur la
biologie du développement de l’enfant et des débats-combats idéologiques
auxquelles les différentes théories biologiques de l’être humain peuvent donner lieu
dans la sphère éducative (le cas complexe de l’autisme est à ce titre assez
paradigmatique à ce jour).
5 François Laplantine, op. cit., p. 17.
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