premiers documents aient pu introduire des distorsions, bien que les diverses
sectes islamiques contestent certains versets ou le caractère exhaustif de la recen-
sion, la grande majorité des musulmans accepte le texte actuel datant de 1924
comme l'expression la plus parfaite de la révélation faite par Allah à Mahomet par
l'intercession de l'archange Gabriel.
La place que tient le Coran dans la vie d'un musulman est considérable. Il dicte son
comportement religieux, mais aussi moral, familial et social.
C'est un texte autant politique et militaire que religieux.
Pour un Occidental dont l'esprit est formé à une logique d'origine grecque et carté-
sienne, la lecture du Coran est un calvaire. Seuls les arabisants peuvent en appré-
cier la poésie obscure et énigmatique, et en comprendre le sens profond.
Une traduction du Coran dans une langue moderne, si parfaite soit-elle, si étoffée
de commentaires qu'elle puisse être, ne peut suffire à elle-même et entraîner l'adhé-
sion d'un esprit cartésien. D'autant que, contrairement au judaïsme et au christia-
nisme, l'islam n'a pas encore été soumis à la critique historique et scientifique.
Cette approche commence, mais dans la douleur, car les théologiens islamistes s'y
opposent farouchement. Cela explique sans doute que l'islam n'ait jamais réussi à
s'implanter durablement dans le monde occidental, les convertis n'ayant pour la
plupart jamais lu le Coran, ceux qui l'ont lu le trouvant trop plein de contradictions
et de passages incompréhensibles.
Mais cela n'autorise pas à ignorer ce qui est un élément essentiel d'une civilisation
qui fut brillante à une période de son histoire, mais aujourd'hui menaçante.
Deux questions priment maintenant sur les autres : l'islam peut-il être modé-
ré ? L'islam peut-il évoluer ?
À première vue je répondrais non aux deux questions, car je pense que l'islam est
en voie de fossilisation. Atatürk, le père de la Turquie, allait plus loin : « L'islam,
cette théologie absurde d'un bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne
nos vies » disait-il.
Mais le « oui » devient possible si l'on considère son histoire.
L'islam a connu des phases évolutives. La première fut un âge tribal. Il semble
s'être achevé avec l'unification politique de l'Arabie au 7ème siècle, mais la colonisa-
tion de l'Espagne par l'islam, par exemple, s'est faite dans une logique tribale,
Arabes, Berbères, etc. se partageant le pays en tenant compte des rapports de force
entre les diverses tribus musulmanes.