2.2. ASIC 11
2.2.3 Pré-caractérisés
Les ASIC pré-caractérisés (en anglais Standard Cell)[220] ont vu le jour au début
des années 80, dans le but de combler les lacunes des circuits prédiffusés. Contraire-
ment à ces derniers, le silicium n’est pas prédiffusé avec des éléments de base. Le ven-
deur propose ici une librairie de cellules de base, ainsi que des modules plus complexes
tels que des RAMs,des microprocesseurs, et bien d’autres. Le développeur utilise alors
ces divers éléments pour créer une liste de modules et de leurs interconnexions décri-
vant son système, et le vendeur se charge ensuite de créer le circuit intégré.
L’avantage de cette approche réside dans l’optimisation des modules fournis par le
fabriquant. Le placement de ces modules est réalisé de manière à également optimiser
les performances, tout en minimisant la place nécessaire sur le silicium. Dès lors, la
solution pré-caractérisée est très proche de l’optimal obtenu grâce à l’approche full-
custom, et nécessite un temps de développement nettement moindre.
2.2.4 A réseau structuré
Comme nous le verrons à la section suivante, les circuits reconfigurables ont
l’avantage d’être d’excellents candidats pour les applications industrielles de petit
volume ainsi que pour le prototypage, un design pouvant être immédiatement
testé. Toutefois, ils ne peuvent, en terme de vitesse, rivaliser avec un circuit ASIC
spécialement conçu pour une application. C’est pourquoi en 2003 le dernier-né des
circuits programmable a fait son apparition3: l’ASIC à réseau structuré [257].
Un ASIC à réseau structuré consiste en un circuit composé de différents éléments
semblables à ceux que l’on peut trouver dans un FPGA standard, tels que look-up
tables4, inverseurs, flip-flops, et bien d’autres. Toutefois, à l’inverse du FPGA, ces
différents blocs ne sont pas connectés entre eux. Par analogie avec les mers de portes,
on pourrait les appeler mers de macros, des modules de complexité supérieure étant
prédiffusés. Le circuit de base créé, il reste donc des couches de métal disponibles qui
permettent de réaliser la connectique nécessaire à la réalisation d’un design particulier.
Certains fabricants proposent des solutions mettant en jeu des look-up tables et
différentes portes logiques, ainsi que des blocs de mémoire, des DLLs (Delay-Locked
Loops) et des PLLs (Phase-Locked Loops). Les outils de conception, responsables de
la synthèse et du placement-routage, sont petit à petit adaptés à cette nouvelle tech-
nologie. Altera, un des leaders du marché du FPGA, offre quant à lui le concept de
HardCopy, un circuit contenant exactement les mêmes éléments de base que les FP-
GAs qu’il propose sans toutefois qu’ils soient interconnectés. A l’heure actuelle, les
circuits Stratix, APEX 20Ke et APEX 20KC supportent cette solution. Un utilisateur
ayant réalisé et testé un système sur un de ces FPGAs peut alors le transférer sur un
ASIC structuré correspondant, en étant sûr de garder la même fonctionnalité tout en
augmentant potentiellement la fréquence de fonctionnement.
A ce jour peu de tests ont été effectués dans le but de comparer cette méthodo-
logie avec d’autres, mais les résultats préliminaires tendent à prouver que les ASICs
à réseau structuré occupent trois fois plus de place que les ASICs pré-caractérisés, et
consomment deux à trois fois plus [146].
3Notons toutefois que le concept est apparu au début des années 90, sans connaître grand succès.
4Une look-up table, ou table de correspondance en français, fait correspondre une sortie à chaque
combinaison d’entrées. Dans nos systèmes digitaux, nous parlerons de k-LUT pour une look-up table à k
entrées. Dans ce cas, bits définissent la sortie pour chacune des combinaisons possibles des entrées.