En Arctique, la banquise, la glace et la neige reculent à des vitesses vertigineuses. En se réchauffant,
l’Arctique pourrait amplifier son influence sur les hivers en Europe et augmenter leur sévérité.
La banque Arctique se forme sur l’océan. En
fondant, elle laisse à place à la surface de
l’océan qui absorbe davantage les rayons
solaires et amplifie le réchauffement © NASA
La banquise a une influence climatique. En cause ? Principalement son fort albédo, pourcentage de lumière
qu’elle réfléchit par rapport à celle qu’elle reçoit, comparé à celui d’une couche fine de glace et celui d’un
océan libre de glace. En effet, si la glace épaisse avec neige a un albédo de 90 %, celui d’une faible couche de
glace est de 50 % et celui d’un océan non recouvert de glace d’environ 6 %. Avec un albédo très supérieur, la
banquise réfléchit la lumière et limite donc son réchauffement. En formant une couche de « protection », elle
limite aussi les échanges de chaleur entre l’atmosphère et l’océan. Mais en fondant, les échanges augmentent
et l’albédo de la surface diminue, ce qui a pour effet d’augmenter la température localement. On dit que le
recul de la glace de mer a une rétroaction positive sur le réchauffement climatique, c’est-à-dire qu’elle
l’amplifie.
C’est en grande partie pour cette simple raison que les températures s’élèvent 2,5 fois plus vite en Arctique
que dans le reste du monde. Le scénario A1B du GIEC à l’horizon de 2100 prévoit un réchauffement global
de 2,8°C à l’échelle mondiale, mais de 7°C en Arctique !
Pourquoi ce phénomène va-t-il s’amplifier ?
Il fait plus chaud en Arctique à toutes les saisons. Et plus il fait chaud, plus l’épaisseur de la glace diminue,
laissant davantage d’eau libre. L’albédo global de la région diminue donc. Pour amplifier le phénomène, plus
il y a d’eau libre en septembre et plus l’automne sera chaud. Finalement, la banquise perd inévitablement de
son étendue et de son épaisseur. « Au cours des dernières décennies, la surface couverte par la glace estivale
a décliné d’environ 50 %, l’épaisseur de cette couche de glace se réduisant d’environ 40 % », précise Alain
Fuchs, Président du CNRS à l’occasion du premier congrès national du Chantier Arctique début juin au
Collège de France.