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peut être interprété comme la première utilisation d’une lentille pour corriger la vue en décrivant
l’utilisation que fait Néron d’une émeraude de forme convexe lors des spectacles
de gladiateurs (probablement pour corriger un défaut de vision). Sénèque (3 av. J.-C. - 65) décrit
l’effet grossissant d’un globe en verre rempli d’eau.Le mathématicien arabe Alhazen (965-1038), a
écrit le premier traité d'optique qui décrit comment le cristallin forme une image sur la rétine.Les
lentilles n’ont cependant pas été utilisées par le grand public avant la généralisation des lunettes de
vue, probablement inventées en Italie dans les années 1280.L'origine de ces premières besicles (voir
photo) reste aujourd'hui encore largement méconnue : ils sont trois, deux Italiens -Alexandro Spina,
Salvino d'Armato- et un Anglais -Roger Bacon-, à revendiquer la paternité de l'invention. Une chose
est sûre : les lunettes apparaissent dans le milieu monastique, les moines étant alors les seuls à savoir
lire et écrire. Jusqu'au 16e siècle, lorsqu’ils sont atteints de presbytie (ils doivent augmenter la
distance entre l’objet à observer et leur œil), ils auront à leur disposition qu'un seul type de besicles,
des lunettes aux verres minéraux convexes pour pouvoir voir de près et recopier leurs manuscrits
sacrés. Les myopes, qui voient flou les objets éloignés, attendront la Renaissance pour utiliser des
lunettes fabriquée à partir de lentilles divergentes pour corriger leur défaut de l’œil. Quelques
modèles de ces premières besicles sont exposés au musée de la lunette : grossièrement taillées dans
une monture monobloc ou constituées de verres enchâssés et reliés par un axe central, certaines sont
en cuir bouilli, en écaille de tortue ou encore en laiton et en cuivre. Si pendant 500 ans, la forme des
besicles n'évolue guère, les lunettes vont connaître une mutation importante au 18e siècle avec
l'apparition de petites branches, tenant sur les tempes. La collection Essilor - Pierre Marly,
conservée à Morez, comprend plusieurs de ces modèles, dont des lunettes à tempes tout en argent
ayant appartenues à l'une des filles de Louis XV, Victoire de France.
Quelques dates
XIIIe siècle : les origines
Auparavant, les moines utilisaient des loupes de lecture, posées à même le texte, pour grossir les caractères. Avant de
parvenir au concept de « lunettes », il fallut encore fixer deux manches de ces loupes par un clou, pour les porter sur le
nez. Ce furent les premières « bésicles clouantes ». La paternité de l’invention reste un sujet de controverse : revient-
elle au moine Roger Bacon, mort en 1294, ou au Florentin Salvino degli Armati, mort en 1317 ? Mystère…
Moyen Âge : le développement
De nombreuses gravures et dessins du Moyen Âge témoignent de personnages portant bésicles, au point de faire des
anachronismes en peignant des saints binoclards. Utilisées principalement par les moines et les savants, leur usage va
exploser avec l’invention de l’imprimerie, qui démocratise l’acte de lecture. Maintenir en équilibre ses bésicles sur le
nez demeure cependant un exercice périlleux, car les branches n’existent toujours pas.
De la Renaissance au XVIIIe siècle : la mode a du nez
Les lunettes, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Les binocles vont donc devenir un objet de mode de plus
en plus raffiné.
1440 : grosse actualité pour les myopes ; les verres concaves apparaissent à Florence. Avant, seuls les
astigmates utilisaient les « lunettes ».
1508 : Léonard de Vinci, dans son « Codex de l’œil », décrit une méthode pour modifier la cornée, dans ce qui
est considéré comme l’ancêtre des lentilles de contact.
1728 : les lunettes à tempes. Il faut attendre l’invention d’un opticien anglais, Edward Scarlett, pour voir les
premières lunettes à branches, notablement courtes pour faciliter le port des perruques. Mais les branches, par
la pression exercée sur les tempes, donnent des maux de tête aux lecteurs aguerris. Les lunettes sans branches
resteront donc la mode jusqu’aux environs des années 1930.
XVIIIe siècle : les lunettes deviennent un accessoire de distinction sociale, et les lunetiers rivalisent
d’inventivité pour convaincre les clients de poser leurs créations sur leur nez. Lorgnon, lorgnette, mini-
longue-vue, binocles ciseaux tenus par la main comme pour couper le nez, etc., les lunettes sont un point de
rencontre entre la médecine et la mode.
XIXe siècle-1930 : monocles, binocles et pince-nez
D’objet de distinction sociale, le verre correcteur se veut de plus en plus pratique. Les hommes portent leur monocle
galamment attaché à leur veston, telle une montre gousset. Les binocles possèdent un système de pince-nez pour tenir
plus efficacement. Le verre correcteur reste un objet extérieur au corps, que l’on met puis que l’on enlève.
1825 : grosse actualité pour les astigmates ; les verres correcteurs de l’astigmatisme apparaissent.