Introduction de Michel Masson - Reseau

La “Trinité” des chrétiens –celles des orthodoxes,
des autres chrétiens, et dans une certaine mesure,
celle de la religion mosaïque qu’expose l’ex-Rabbin
Drach… – est fascinante. La trimensionnalité du
bouddhisme (IVCa01), du Tao (IVCa02)… vient
aussi alimenter la réflexion sur l’anthropologie (cette
science de l’homme) tripartite.
Du duel au duo
Cependant ce qui retiendra notre attention, ce
ne sont pas directement les aspects théologique ou
mystique, mais les retombées philosophiques ; sa-
chant que ce point de départ permettra de repenser
l’ensemble des domaines, non seulement anthro-
pologiques proprement dits, mais aussi et surtout,
pédagogique, sociologique, politique… qui en dé-
coulent.
La vision de l’homme unidimensionnel des po-
litiques (qui s’adressent à des individus), ou celle
duale des philosophes (que les Églises ont malheu-
reusement suivis, si ce n’est dans le fond, du moins
dans la forme)… ont des conséquences si catastro-
phiques et si récurrentes, qu’un constat détaillé est
superflu… Il n’y a qu’à regarder l’état de nos com-
munautés et de nos sociétés. Le conflit est devenu
l’unique façon d’exister. La vision binaire et de sa
praxis – que le marxisme a théorisée et érigé en
système – doit nécessairement être remplacée par
la seule alternative possible : l’anthropologie tri-
partite, ou tridimensionnelle, ternaire, trilogique…
comme l’on voudra.
À ce titre, les théories ternaires devraient appor-
ter du grain à moudre à une réflexion préalable à
l’instauration d’une vision tridimensionnelle du
monde en général et de l’homme en particulier et
de ses domaines existentiels. Elle devrait aussi
contribuer à ouvrir nos yeux obscurcis sur le monde
qui nous entoure, et la ternarité de son fonctionne-
ment.
Dans cette perspective, on est en droit de sup-
poser que le mystère trinitaire est riche en ensei-
gnements. Que ce mystère soit considéré comme
un mythe ou une réalité, il ne serait pas raisonnable
de faire l’impasse sur ce qui a toujours été au centre
de la théologie et des doctrines (1) chrétiennes fon-
datrices de notre civilisation* (voir en IICa05)…
même si elles ne sont plus revendiquées…
Encore faudrait-il que les Églises en général, la
catholique en particulier, fassent un effort de réex-
plicitation de sa doctrine en la matière; que soit
reformulée la définition duale –prête donc pour le
duel– qu’elle donne de l’homme (voir en IVCc).
Bien entendu il ne s’agit pas ici d’introduire une
réflexion sur la Trinité elle-même, mais de s’inté-
resser à l’anthropologie qui y est incluse. L’objectif
est de faire, si ce n’est la jonction, du moins la re-
lation entre cette expression anthropologique et
celle que nous appelons de nos vœux.
Le ternaire dans l’Histoire
Il n’y a pas, à ma connaissance, d’autre com-
pendium sérieux et suffisamment complet sur l’his-
toire de l’anthropologie tripartite issu du christia-
nisme que dans l’ouvrage : “Théologie dans
l’Histoire”, du cardinal Henri de Lubac, paru chez
DDB en 1990. Ce titre comporte deux tomes. La
partie en quatre chapitres du tome I est intitulée
“Anthropologie tripartite”.
Ces ouvrages devenus introuvables, nous ont
été indiqués par le théologien André Doze que je
remercie particulièrement, d’autant plus qu’il a eu
ialté – tridimensionnel – triel – tripartition – paradigme ternaire – dialectique – dual – duel –
Introduction à l’
Anthropologie tripartite chrétienne
❊ ❊(*)
Si l’homme est tridimensionnel,
l’ordre du monde l’est aussi.
(*) Études explicitant (❊ ❊ ❊), illustrant (❊ ❊)ou étant en rapport avec (❊)… le paradigme ternaire.
Classement => 4Cb01 version 1.0 • 10/ 2008
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la gentillesse de nous photocopier la centaine de
pages concernées.
Merci également à Jean Billiard, qui a accepté,
en plus des lourdes tâches qu’il assume par ailleurs,
de commenter ces textes.
J’ai consciencieusement reconstitué ces quatre
chapitres, ce qui ne fut pas une sinécure, car la
mise en page est complexe, et les pages comportent
du texte en caractères grecs et tout un appareillage
complexe de notes. (Les lecteurs attentifs qui re-
péreraient des erreurs seront les bienvenus)
Ceux qui prendront connaissance de ces textes,
assortis de quatre commentaires (issus de ceux en-
voyés, au long de sa lecture par Jean Billiard, à
notre bienfaiteur culturel) observeront que l’Histoire
de l’anthropologie ternaire n’est pas un long fleuve
tranquille… en réalité elle n’a toujours pas abouti
(cf.: IVCb,c). Même si nous pouvons remarquer
que, si la théorie est défaillante, la pratique ne l’est
pas. En effet ces doctrines sociale et politique, sont
pratiquement ternaires, même si elles ne se réfèrent
pas explicitement –et pour cause !– à la tridimen-
sionnalité de l’homme…
D’autre part, force est de constater que l’anthro-
pologie philosophique ternaire, elle, est embryon-
naire et balbutiante (2), pour ne pas dire quasi
inexistante. En prenant une posture parfaitement
autonome, la vision moderne est devenue idéolo-
gique, et à ce titre duelle. Il n’est donc pas étonnant
que le conflit soit devenu la seule source de dyna-
misme…
Pour nous qui prenons les problèmes par le bas,
dans une démarche inductive, il n’est question que
d’anthropologie tout court : posture intermédiaire
et médiatrice entre théologie et philosophie…
Il est déraisonnable pour ne pas dire impossible
d’aborder les divers domaines existentiels – éduca-
tion, enseignement, travail… politique– sans une
connaissance complète et juste de l’homme et de
sa manière d’être.
Aventure passionnante à laquelle nous vous in-
vitons.
Michel Masson
(1) “Doctrine” est ici pris dans le sens qu’il devrait toujours
avoir : la manière d’accorder les principes (ici trini-
taires) avec les réalités… Toute doctrine est une fonc-
tion ternaire, en ce sens qu’elle est composée de trois
éléments constitutifs : les principes et les réalités en sont
les deux pôles qui sont unis par le moyen-terme – la
manière – qui est comme le cœur et le moteur de toute
doctrine qui est nécessairement d’action. En résumé, il
s’agit de savoir, savoir-faire, faire
(2) Prenons deux exemples.
- Les Actes du colloque de CERISY “Corps Âme Esprit” qui ont
rassemblé un ensemble prestigieux de 15 auteurs et 14
conférenciers… de tous bords et de toutes obédiences. De
nombreuses disciplines étaient représentées : histoire, phi-
losophie,sciences, physiologie, psychiatrie, religion, arts…
Dès les remarques préliminaires, Paul Braffort avertit : « La
“triade” corps - âme - esprit est exemplaire, en ce qu’elle
soulève un grand nombre de problèmes dont les corré-
lâts, si l’on en déployait complètement les ramifications,
recouvriraient sans doute la totalité de l’horizon des
connaissances. »
- Plus récemment, les Éditions Le Mercure Dauphinois ont
publié une série de sept ouvrages sur ce même thème
“corps âme esprit” qui a réuni huit intellectuels : un or-
thodoxe, un théologien catholique, un protestant, un rab-
bin, une et un musulman, un bouddhiste et un
philosophe. Le dernier paru – cette année – par le domi-
nicain Jérôme Rousse-Lacordaire, est muni de la double
garantie d’orthodoxie catholique : nihil obstat et imprimi
postest. Voici ce qu’il écrit dès l’introduction : « La triade
aussi fameuse que controversée “corps, âme, esprit” pose
à l’anthropologie chrétienne une très redoutable ques-
tion… De fait, l’anthropologie catholique s’est plutôt dé-
veloppée sur le registre de la dualité, voire parfois sur du
dualisme, de l’âme et du corps. Mais… ».
Michel Fromaget, anthropologue, avec qui nous avons été
en rapport sur le sujet, vient à son tour de produire,
après plusieurs ouvrages sur l’anthropologie ternaire,
un titre au Mercure de France : “Modernité et désarroi”.
Nous nous réjouissons que, bien qu’il affirme le
contraire, sa manière de considérer ce problème évo-
lue… et a été conduit à faire «quelques aménage-
ments», ceci, peut-être à notre contact… malgré les
dénégations induites faites par avance. Nous différons
en effet sur quelques points ; mais pas de quoi installer
la discorde…
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