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entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion5
avec nous. Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ ».
En outre, la deuxième et la troisième épîtres de Jean prouvent l’existence de
communautés locales, d’ « églises » (on trouve ce terme précis d’ekklèsia). Il suffit de se
reporter au début et à la fin de la deuxième épître de Jean pour constater l’existence de ces
lieux d’églises et de cette pratique communautaire et fraternelle. La lettre est adressée à Dame
élue et à ses enfants. En finale, l’auteur annonce sa visite à la communauté : « 12 J'ai bien des
choses à vous écrire, pourtant je n'ai pas voulu le faire avec du papier et de l'encre. Car j'espère me
rendre chez vous et vous parler de vive voix, afin que notre joie soit complète. 13 Te saluent les
enfants de ta Soeur l'élue». La troisième lettre de Jean mentionne explicitement « l’église » ;
l’auteur y dénonce le comportement d’un certain Diotréphès : 3 Jn v. 9 J'ai écrit un mot à l'église. Mais
Diotréphès, qui aime à tout régenter, ne nous reconnaît pas. v. 10 Aussi, lorsque je viendrai, je
dénoncerai ses procédés, lui qui se répand contre nous en paroles mauvaises: et non content de cela,
il refuse lui-même de recevoir les frères, et ceux qui voudraient les recevoir, il les en empêche et les
chasse de l'église (en 3 Jn 9-10).
École johannique
Lorsque l’on emploie le terme d’ « école »6 à propos des écrits johanniques et de leur
milieu de formation, on évoque une même école de pensée, marquée par un vocabulaire
spécifique avec des tournures de langage et d’interprétation singulières qui relèvent d’une
même orientation théologique. Après avoir comparé différents types d’écoles (écoles
rabbiniques dans le judaïsme, écoles philosophiques en Grèce, etc.), A. Culpepper a relevé
quelques traits comparables entre ces institutions et l’école johannique. Certains
rapprochements sont intéressants notamment par rapport au disciple que Jésus aimait,
initiateur7 du développement singulier d’une tradition, mais les divergences sont elles aussi à
relever. Au chapitre 21 la communauté s’exprime en « nous » après la mort de cet initiateur
(plutôt que « fondateur »), de ce « témoin8 » pour reprendre une thématique importante de la
tradition johannique :
Jn 21 23 ... on a répété parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas.
Les chrétiens johanniques qui se désignent comme « frères » renvoient à une tradition basée
sur son témoignage vrai, c’est-à-dire ferme, solide, de fidélité :
Jn 21 24 C'est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons
que son témoignage est conforme à la vérité.
Le disciple bien aimé, désigné comme tel par la communauté qui a prolongé sa tradition, a
joué un rôle fondamental dans l’élaboration des formulations théologiques et christologiques,
une interprétation légitimée à la lumière de l’Esprit Saint pour la proclamer en vérité (Esprit
de vérité), avec son soutien (l’Esprit est Paraclet, c’est-à-dire « avocat », « défenseur »,
« protecteur »), ses encouragements, son intercession et ses conseils (cette fonction
correspond également au « paraclet »).
5 Les autres emplois de « communion » (koinwni,a) dans le Nouveau Testament sont évocateurs, notamment :
Ac 2,42 (communion fraternelle) ; 1 Co 1,9 (« appelés à la communion avec son Fils ») ; « communion du Saint
Esprit » (2 Co 13,13) ou communion « dans l’ Esprit » (Ph 2,1).
6 A. Culpepper , The Johannine School, Montana, 1975.
7 Je préfère employer pour le disciple que Jésus aimait le terme d’ « initiateur » ou suivant le quatrième évangile
lui-même, le qualificatif de « témoin ».
8 Je vous recommande l’excellent petit livre de E. Cothenet, La chaîne des témoins dans l’évangile de Jean. De
Jean- Baptiste au disciple bien-aimé. Paris Cerf (Lire la Bible) 2005.