PAROLEs DE FEmmEs #2 - Théâtre de l`aquarium

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Paroles de Femmes #2
SACRÉ, SUCRÉ, SALÉ
GARDE BARRIÈRE ET GARDE FOUS
Stéphanie Schwartzbrod
et Nicolas Struve ///////////
d’après deux interviews de femmes
mise en scène Jean-Louis Benoit ///////
8 > 26 mars 2016
Tél. 01 43 74 99 61
theatredelaquarium.com
PRESSE CATHERINE GUIZARD Générale mardi 8 mars à 19H
01 48 40 97 88 & 06 60 43 21 13 / [email protected]
PAROLES DE FEMMES #2
8 > 26 mars 2016
> 1e partie
du mardi au dimanche à 19h > durée 1h20
SACRÉ, SUCRÉ, SALÉ de et avec Stéphanie Schwartzbrod,
mise en scène Stéphanie Schwartzbrod et Nicolas Struve
> 2e partie
du mardi au samedi à 21h / dimanche à 17h > création
GARDE BARRIÈRE ET GARDE FOUS, d’après deux interviews France Culture
mise en scène Jean-Louis Benoit
PRESSE
Catherine Guizard
TARIFS
01 48 40 97 88 & 06 60 43 21 13
lastrada.cguizard @ gmail.com
22€ / 15€ (+ 65 ans, collectivités et associations, à partir de 4 personnes) / 12€ (étudiants,
demandeurs d’emploi, intermittents - 1 Ticket-Théâtre(s)) / 10€ (scolaires)
> PASS 2 spectacles : 30€ / 24€ (+ de 65 ans, collectivités et associations, groupe à partir
de 4 personnes, étudiants, demandeurs d’emploi, intermittents - 2 Tickets-Théâtre(s)*) /
20€ scolaires
ACCÈS
LOC.
> ABONNEMENT SAISON : 4 spectacles 40€, spectacle supplémentaire 10€
> en ligne theatredelaquarium.com
> par téléphone 01 43 74 99 61, du mardi au samedi de 14h à 19h
> NAVETTE CARTOUCHERIE AU M° CHÂTEAU DE VINCENNES (LIGNE 1)
gratuite, elle circule régulièrement entre l’arrêt Château de Vincennes (sortie n°6 du
métro) et la Cartoucherie 1h avant et après le spectacle. Ou bus 112, arrêt Cartoucherie.
20 minutes à pieds depuis le Château de Vincennes. Parking gratuit sur le site.
2 Stations Vélib’ : Pyramide-entrée parc floral et 11 avenue du Tremblay-INSEP.
Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie - route du champ de manœuvre 75012 Paris / 01 43 74 72 74
> www.theatredelaquarium.com / Facebook, Twitter
SACRÉ, SUCRÉ, SALÉ
cabaret mystico-drolatique et nourrissant
librement inspiré de Saveurs sacrées de Stéphanie Schwartzbrod (Éd. Actes Sud)
texte, conception et jeu Stéphanie Schwartzbrod
avec des extraits de Gabbatha de Fabrice Hadjadj et Le repas de Valère Novarina
mise en scène Stéphanie Schwartzbrod, Nicolas Struve
collaboration artistique Michel-Olivier Michel, lumière François Pierron, son Éric Sesniac
contact diffusion Emmanuelle Cros > [email protected] / 06 62 08 79 29
Aujourd’hui, c’est fête. Tour à tour juive, musulmane ou catholique, elle coupe,
touille, pétrit et cuisine en direct, tout en racontant Esther et Mahomet, la Mer Rouge
et l’Eucharistie, Roch Hachana et le Ramadan... Parce que chaque plat renvoie à une
histoire, chaque ingrédient à un symbole, parce que manger donne à penser, parce
que les repas sont faits pour être partagés, et parce qu’il y a trop de points communs
entre les trois monothéismes (à commencer par la sensualité !) pour les opposer.
Une heure de jubilation culinaire et spirituelle...
À table, spectateurs !
production > Nest CDN de Thionville, Cie « l’oubli des cerisiers ».
Avec le soutien d’Arcadi Île-de-France.
Spectacle labellisé « Rue du conservatoire »(association des élèves et anciens élèves du CNSAD).
Création en janvier 2012 au Nest, CDN de Thionville.
tournée 2016 > Centre des Bords de Mame à Le Perreux, (12 et 13 avril), Théâtre de l’Usine à Eragny-sur-Oise
(20 mai), Théâtre de Jouy-le-Moutier (27 mai), L’Antarès à Vauréal (28 mai) Le Dôme à Pontoise (2 juin)...
SAVEURS SACRÉES : RECETTES RITUELLES DES FÊTES RELIGIEUSES
(Ed. Actes Sud)
Si chaque religion a pour caractéristique de prêcher pour sa « paroisse », elles ont
en commun de proposer à leurs fidèles tout un rituel de prescriptions et traditions
alimentaires. Stéphanie Schwartzbrod en dresse ici un inventaire comparé. Tout en
approfondissant leur sens théologique, elle explore le calendrier et les menus de fêtes,
rassemble quelques quatre-vingts recettes liées aux temps forts de chaque confession,
depuis l’Épiphanie et sa galette (janvier) jusqu’au boregh d’Hanoucca (décembre), en
passant par le hammentachen de Pourim, le couscous aux fèves de Pessah, la chorba
du Ramadan, la mrouzia de l’Aïd el-Kebir, le poulet aux épices et aux olives de Kippour,
la bûche de Noël... Autant dire que, si ce livre raconte et commente la sacralité de
certaines préparations, il nous transmet surtout, savoir-faire à l’appui, la tradition
festive et gastronomique des trois grandes religions monothéistes.
TOUS AUTOUR DE LA TABLE
Réfléchir avant de parler est nécessaire pour vivre.
Nous, cerveaux, devons manger pour penser.
Le repas de Valère Novarina (extrait)
Je suis comédienne mais également, par les
hasards de la vie et par passion, auteur de
plusieurs livres de cuisine. C’est pourquoi Jean
Boillot, directeur du Nest, CDN de Thionville, m’a
demandé d’inventer un spectacle autour de la
cuisine pour le festival qui a eu lieu en janvier 2012
entre Metz et Thionville. J’ai eu envie d’adapter
pour la scène un de mes livres auquel je suis
particulièrement attachée : Saveurs sacrées, paru
chez Actes Sud en 2007 et vendu à plus de 4000
exemplaires.
© Pierre Hecker
Sacré, sucré, salé est un spectacle qui parle du temps qui s’écoule, rythmé par les fêtes juives,
chrétiennes ou musulmanes, qu’elles nous soient proches, ou plus mystérieuses. C’est un spectacle
qui parle de la foi, mais sous l’angle particulier de la nourriture. Comment celle-ci porte un sens,
comment elle peut se faire parole tout en restant joyeuse, gourmande… comment l’on aime manger
«.non ce qui est bon à manger mais ce qui est bon à penser ». L’espace de jeu s’y remplit des odeurs
de la chorba, soupe qui rompt le jeûne chaque soir du mois du Ramadan, et qui est préparée sur la
scène durant le spectacle et servie au public après les applaudissements.
C’est une sorte de cabaret un peu mystique mêlant le burlesque avec peut-être quelque chose de
plus profond. Un cabaret rempli de récits et d’histoires : comment, à Roch Hachana, la nourriture
se transforme littéralement en parole ; comment l’ascèse se transforme en champ d’exercices.;
comment Esther déjoua la première extermination des juifs en préparant un immense festin ;
comment une petite vieille s’émerveille de manger chaque jour l’hostie ; comment une femme vit
tout au long du jour le ramadan ; comment les hébreux traversèrent la Mer Rouge et ce qui en
découla ensuite dans les assiettes de milliers de juifs du monde entier.… et bien d’autres choses
encore.
Stéphanie Schwartzbrod
VISITE SPIRITUELLE ET GUSTATIVE DU MONDE
Une forme théâtrale multiple, empreinte de
burlesque
Ma préoccupation constante a été : comment
faire du théâtre avec quelque chose qui, à priori,
relève plus de la conférence. Et petit à petit, au
fil des répétitions, la scène s’est transformée en
un espace de conte, de sketch, même de cinéma
(avec un court extrait des 10 commandements de
Cécil B. DeMille, durant lequel les pains matsot de
Pessah se transforment en popcorn), ou encore
de liturgie, avec la Semaine Sainte. Le burlesque
est très présent. Car ce spectacle raconte aussi
que la « passion de croire » n’est pas tout à faire
étrangère à la passion de jouer et à l’état amoureux,
et que croire n’est pas chose sans sensualité.
Passion amoureuse, fantaisie imaginative du jeu,
et élan mystique sont frères et sœurs : ils ont en
commun le besoin de croire, et le ravissement
-.ou la béatitude.-, qui côtoient intrinsèquement le
burlesque.
© Pierre Hecker
Impliquer le public, convoquer les sens
J’avais envie de faire participer le public. Ainsi, je questionne les spectateurs, je leur fais agiter des
crécelles au nom d’Aman, le méchant, et pousser des cris de joie au nom de Mardochée, le gentil,
durant l’évocation de la fête de Pourim ; ou encore j’inspecte la salle avec une lampe de poche pour
voir s’ils n’ont pas laissé des miettes de ce qu’ils ont mangé avant de venir... Il me paraissait surtout
très important de faire participer les sens, car la nourriture est par nature sensuelle. J’avais envie que
les spectateurs sortent du spectacle en ayant envie de manger : c’est pourquoi je tiens à leur offrir la
chorba. Ainsi, j’ai voulu jouer avec l’odeur, le goût, mais aussi avec l’écoute, grâce à la musique qui
est très présente, des chants du muezzin, et du son des cloches, aux chants de Yossele Rosenblatt,
cantor ashkénaze des années 30, au violoncelle de Sonia Wieder Atherton, ou encore à une chanson
extrêmement contemporaine de Daniel Darc, « Sois sanctifié ».
De sept à quatre-vingt-dix-sept ans !
C’est un spectacle très ludique, où les enfants sont tenus en haleine. Ils sont par ailleurs très sensibles
à la notion du « sacré », comme à la symbolique des choses ou des récits. Ils aiment apprendre le
sens des fêtes qu’ils traversent tout au long de l’année, et par là-même, de ce qu’ils mangent.
Changer le regard
J’espère aussi inviter à porter un autre regard sur la foi, dans une époque où le rapport à
la religion en général et l’image qu’on a de celle des autres en particulier, sont devenus si
négatifs et si galvaudés. Par-delà les déviances et les extrémismes passés et actuels, le
rationalisme moderne a fragilisé notre rapport au sacré, en mettant à jour la relativité des
valeurs et des croyances. Mais la nature de la religion est beaucoup plus complexe que la
vision rationaliste ne voudrait nous le faire croire.
Ce que ce spectacle raconte, c’est que notre rapport au sacré a toujours été profondément
sensoriel. C’est aussi en elles-mêmes que les pratiques font sens. Les fêtes et leurs
traditions culinaires sont aussi l’essence de la religion, parce qu’elles relient les hommes
par l’observance d’une pratique commune, et par le plaisir et la joie partagés. L’une des
étymologies du mot « religion.», religare, signifie « relier ». Et l’une des étymologies du mot
« manger » en hébreu signifie « Dieu se donne en totalité ». Ce sont aussi ces aspects que
je souhaite restituer.
Parler de ce qui nous rassemble
Par sa nature, c’est un spectacle rassembleur, qui apprend beaucoup de choses sur ce
qu’on mange, mais aussi sur ce qu’« ils » mangent. Les pratiques et coutumes de ces trois
religions sont profondément reliées, et reposent sur un socle commun, dont elles ont hérité.
En les abordant par leurs pratiques festives et culinaires, on trouve un moyen de mettre en
avant ce qui les rapproche.
Un écho universel
Ce spectacle peut trouver un écho en chacun des spectateurs, qu’il soit croyant, athée ou
agnostique. Parce que sa matière est d’abord universelle. Cette femme qui passe d’un
récit et d’une religion à l’autre, d’un personnage à l’autre, est toujours mue par une même
passion : celle de penser le monde, de l’organiser, de lui donner sens, et d’inscrire sa vie
dans une histoire ou une continuité. Cette quête, bien qu’elle s’exprime différemment chez
chacun de nous, est bien la plus universelle qui soit. Comme l’hommage rendu au jeûne
spirituel, le rapprochement de la pensée et de la faim nous suggère que quelque chose les
relie, que l’une est aussi vitale que l’autre, et que la quête de sens ne va pas sans les sens.
© Antoine Billet
STÉPHANIE SCHWARTZBROD, comédienne, autrice, metteure en scène
La comédienne Stéphanie Schwartzbrod a travaillé avec de nombreux metteurs en
scène dont Alain Ollivier, Alfredo Arias, François Rancillac, Bernard Sobel, Stuart
Seide, Stanislas Nordey, Yves Beaunesne, Jacques Nichet, Frédéric Fisbach,
Arthur Nauziciel, Elisabeth Chailloux, Daniel Jeanneteau, Laurent Gutmann,
Claude Brozzoni, Claude Buchwald, Lisa Wurmser, Jean Boillot (dont Notre avare,
présenté à l’Aquarium en 2012)… Dernièrement, elle a joué dans Combat de nègre
et de chiens de Bernard-Marie Koltès (Cie du Bredin) mise en scène par Laurent
Vacher.
Elle collabore régulièrement avec Nicolas Struve (Cie L’oubli des cerisiers) :
Ensorcelés par la mort d’après Svetlana Alexievitch, De la montagne et de la fin
d’après Marina Tsvetaeva
Elle a publié :
- Saveurs sacrées : Recettes rituelles des fêtes religieuses (Ed. Actes Sud)
- Produits et recettes bio de A à Z (en collaboration avec Katell Maitre - Éd. de La
Martinière)
- Tout bon, tout bio !, Recettes vitaminées pour écolos gourmets (Ed. J’Ai Lu)
- La cuisine bio (Ed. J’Ai Lu)
- La cuisine des enfants (Ed. J’Ai Lu)
- La cuisine des fêtards : 50 recettes pour réussir toutes vos fêtes (Ed. J’Ai Lu)
© Emmanuel Simiand
Nicolas STRUVE, comédien, metteur en scène, TRADUCTEUR
Nicolas Struve est un comédien passionné qui a travaillé au théâtre avec Valère
Novarina, Lars Noren, Christophe Perton, Claude Baqué, Gilles Bouillon, JeanLouis Martinelli, Claude Buchvald, Richard Brunel, Laure Favret, Benoît Lambert,
Maria Zachenska, Lisa Wurmser, Alfredo Arias, Richard Demarcy, Bruno
Abraham- Kremer... Dernièrement, il a joué dans Le vivier des noms de Valère
Novarina et Ils ne sont pas encore tous là... d’après La Cerisaie deTchekhov mis
en scène par Chantal Morel.
Il a mis en scène Une Aventure et De la montagne et de la fin de Marina Tsvetaieva
(trad. personnelle), Ensorcelés par la mort de S. Alexievitch, Tartuffe de Molière
(Culture France / Kazan / Russie), Beurre de Pinottes de C. Lavallée. Il prépare
pour la saison 16/17, À nos enfants (Train fantôme), une écriture collective qui
sera joué au TGP de St-Denis. Il a traduit du russe M. Tsvetaeva, A. Tchekhov, M.
Knebel, O. Moukhina, les frères Presniakov…
© Emmanuel Simiand
L’OUBLI DES CERISIERS
La compagnie L’oubli des cerisiers a été fondée en 1999 à l’occasion de la création d’Une Aventure de Marina Tsvetaeva
aux Rencontres Internationales de Théâtre de Dijon (traduction et mise en scène de N. Struve). La compagnie est restée
en sommeil jusqu’à la création en janvier 2008 au Studio Théâtre de Vitry (dir. D. Jeanneteau) de Ensorcelés par la
mort de Svetlana Alexievitch (mise en scène Nicolas Struve) – joué à la Maison de la Poésie, au Nouveau Théâtre de
Montreuil, au TQI, à la fête de l’humanité au CDR de Tours, à la Comédie de Valence, au Théâtre des sources, au Phénix
de Valenciennes, au Forum Meyrin (Suisse) – en tout plus d’une soixantaine de fois. En 2009, à la Maison de la Poésie
(Dir. Cl. Guerre), a eu lieu la création de De la montagne et de la fin de Marina Tsvetaeva (trad. et m.e.s. Nicolas Struve).
Le spectacle sera recréé en 2011 à la Maison de la Poésie de Paris pour une deuxième série. Lui aussi aura été joué une
soixantaine de fois.
Compagne de route de Nicolas Struve, Stéphanie Schwartzbrod a joué dans les deux derniers spectacles qu’il a créés et
reprend son spectacle Sacré, sucré, salé avec l’aide de la compagnie.
GARDE BARRIÈRE ET GARDE FOUS
d’après l’émission « Les pieds sur terre » par Sonia Kronlund de France Culture :
Monique garde barrière, reportage d’Olivier Minot (2008)
et Les travailleurs de l’ombre II : Garde-fou, jusqu’au bout de la nuit, reportage Élodie Maillot (2007)
mise en scène Jean-Louis Benoit
décor Jean Haas, son Stéphanie Gibert, lumière et vidéo Pascal Sautelet, costumes Marie Sartoux
avec Léna Bréban
Deux femmes. Monique, garde barrière SNCF, travaille de jour, Myriam,
infirmière en HP, de nuit. Professions dures, mal rétribuées, sous-évaluées...
Elles sont des millions dans la France d’aujourd’hui. Elles ne soulèvent
ni enthousiasme ni indignation : ce sont des vies normales, modestes,
indispensables mais ignorées. Et pour une fois, elles ont la parole.
Deux femmes incroyables apparaissent…
production : La compagnie de Jean-Louis Benoit
tournée : La Criée - Théâtre national de Marseille (du 26 au 29 avril), Le Quai à Angers (du 17 au 20 mai)...
La Compagnie de Jean-Louis Benoit est conventionnée par la DRAC Île-de-France
MONIQUE ET MYRIAM : DEUX FEMMES AU TRAVAIL
Je vais mettre en scène deux interviews : celle d’une garde barrière
et celle d’une infirmière en hôpital psychiatrique. Ces deux interviews
recueillies sur France Culture datent de 2007 et 2008.
Ces deux femmes atteignent la cinquantaine. Elles n’ont rien à voir
entre elles : la première, Monique, est garde barrière à Bourg-enBresse. Elle travaille seule. Entre la guérite et la maison, elle attend que
les trains s’annoncent pour baisser la barrière de protection. Elle parle
à très peu de gens. Elle est rarement chez elle. Elle est éloignée de la
ville. Elle vit en plein air et en plein jour la majeure partie du temps. La
seconde, Myriam, travaille la nuit à l’hôpital Saint-Anne, à Paris. Elle
va de chambre en chambre dans un couloir, une torche électrique à
la main. Elle parle à beaucoup de gens, des malades qu’elle s’efforce
d’aider à dormir.
Monique sait très bien que les barrières de la SNCF sont en train de
disparaître et que, dans peu de temps, il n’y en aura plus à garder. Elle
est une femme délaissée. Par contre, des fous, il y en a de plus en plus.
Ils ont besoin d’être gardés, eux, surtout la nuit quand la solitude les
épouvante. Myriam est une femme dont on ne peut se passer.
Vies normales. Professions dures, journées longues, éprouvantes
nerveusement. Professions sous-évaluées, mal rétribuées, peu
reconnues. Elles sont des millions dans la France d’aujourd’hui.
Elles ne soulèvent ni enthousiasme, ni indignation : ce sont des vies
normales. Et pourtant, à écouter Monique et Myriam, nous sommes
étonnés. Nous découvrons qu’elles existent et à quel point ce qu’elles
font est extra ordinaire et nous donne envie de vivre.
Il y a dans ce spectacle le jour et la nuit. Le jour de la garde barrière
et la nuit de la garde fous. Le vacarme des trains le jour, le ronflement
des malades la nuit, la quasi immobilité de Monique et les allées et
venues de Myriam dans son couloir. Il y a la campagne qui environne
Monique, il y a les murs de l’hôpital autour de Myriam.
Toutes deux gardent. Toutes deux regardent. Toutes deux surveillent
et protègent. Une horloge règle leur temps de travail. Les malades de
Myriam, la nuit, demandent souvent quelle heure il est.
Ce jour-là, cette nuit-là, Monique et Myriam vont pouvoir parler sans
heurts de ce à quoi elles pensent. Souvent, Monique évoque le passé.
Myriam n’en a pas le temps : elle est toute entière au présent.
Ces deux interviews très contrastées ne constituent évidemment pas un texte écrit.
Elles ne sont pas, a priori, destinées à « faire » du théâtre. Il n’y a pas d’auteur
dramatique. Pourtant, voilà bien longtemps que l’écriture théâtrale, elle, a su
s’emparer de ces paroles brutes de gens oubliés pour en organiser des spectacles
que nous avons encore en mémoire. Le Théâtre de l’Aquarium dont j’ai fait partie
pendant de longues années a grandi sur ce qui me semble être une vérité forte, à
savoir que si l’on veut parler des hommes et des femmes de notre temps, il faut
d’abord écouter ceux qui n’ont pas la parole.
Une actrice seule interprètera ces « personnes » qui, au théâtre, deviendront
forcément des personnages.
Garde barrière et garde fous est un spectacle intimiste. Émouvantes, drôles,
toniques et songeuses, ces femmes, si lointaines et pourtant si proches de nous,
nous dressent de façon décousue un certain inventaire des cruautés de notre
société, avec ses pannes économiques, ses mutations douloureuses, sa brutalité
dans les relations humaines, son injustice, ses folies et l’indifférence qu’elle
affiche pour les gens de l’ombre, ceux qui comptent peu… Les angoisses que doit
apaiser Myriam cette nuit-là sont parfois les nôtres.
La parole ici est simple. Jamais sommaire. Elle nous renvoie sans cesse à la
politique. Je dirais même qu’elle nous fait mieux comprendre la politique. Il y a un
rêve de Tchekhov qui était de pouvoir évoquer par son écriture tout un clair de lune
en ne peignant que son reflet sur un tesson de bouteille. La parole de Monique et
de Myriam est ainsi : un reflet.
Écoutons ces femmes, elles nous racontent le monde.
Jean-Louis Benoit
photo Antoine Benoit
JEAN-LOUIS BENOIT, metteur en scène
Cofondateur avec Didier Bezace et Jacques Nichet du Théâtre de l’Aquarium en 1970, il en
conserve la direction jusqu’en 2001. De 2002 à juin 2011, il dirige La Criée, Théâtre National
de Marseille.
Il met en scène et écrit de nombreux spectacles au Théâtre de l’Aquarium : Un Conseil de
classe très ordinaire, Le Procès de Jeanne d’Arc, veuve de Mao Tse Toung, Les Voeux du
Président, La Peau et les os de Georges Hyvernaud, La Nuit, la télévision et la guerre du
Golf, Les Ratés de Henri-René Lenormand, Une Nuit à l’Elysée, Henry V de Shakespeare
(création en France au Festival d’Avignon (1999).
Il met en scène les comédiens de la Comédie-Française à plusieurs reprises : Moi
de Labiche, Les Fourberies de Scapin (1997), Le Revizor de Gogol (1999), Le Bourgeois
gentilhomme (2000) et Le Menteur (2004).
Il met en scène La Trilogie de la Villégiature de Goldoni, en 2002 (Festival d’Avignon / La
Criée, Théâtre National de Marseille), Les Caprices de Marianne de Musset (2006), Du
malheur d’avoir de l’esprit de Griboïedov (2007), La Nuit des rois de Shakespeare (2009),
Un pied dans le crime d’Eugène Labiche, joué par Philippe Torreton et Dominique Pinon
(créé en 2010 et en tournée en 2011). En 2012, il crée Courteline, Amour noir, spectacle
composé de 3 courtes pièces de Georges Courteline, La Peur des coups, La Paix chez soi
et Les Boulingrin.
En 2015, il a mis en scène Tilt ! de Sébastien Thiéry au Théâtre de Poche Montparnasse
et Lucrèce Borgia de Victor Hugo avec Nathalie Richard dans le rôle titre, Les Rustres de
Goldoni (coproduction Les Théâtres de la Ville du Luxembourg) joué au Vieux Colombier. En
2016, il monte Le syndrome de l’écossais d’Isabelle Le Nouvel au Théâtre des Nouveautés.
Il est également scénariste pour la télévision et écrit des adaptations et des dialogues
pour le cinéma. Il réalise des films pour le cinéma : Les Poings fermés, Dédé, La Mort du
chinois, et pour la télévision-: Les Disparus de Saint-Agil, Le Bal, L’Étau, La Fidèle infidèle,
La Parenthèse, Les Fourberies de Scapin.
photo Frédéric Fontenoy
LéNA Bréban, comédienne
La comédienne Léna Bréban alterne théâtre et
cinéma. Elle a commencé avec la scène en suivant
une formation à l’école du Théâtre National de Chaillot
puis au Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique à
Paris.
Au cours de sa carrière, elle a travaillé avec des metteurs en scène de renom-: en 1996, elle a joué dans 2500 à
l’heure et Terezin par Jacques Livchine et Hervée De Lafond, dans Victor ou les Enfants au pouvoir et l’Ecole des
femmes de Molière mis en scène par Jean-Chistian Grinewald, dans Juste un peu d’amour par Christian Egger ; en
2003, dans Comme il vous plaira de William Shakespeare mis en scène par Jean-Yves Ruf, Valparaiso de Don Delillo
et l’année suivante dans Richard II de William Shakespeare mis en scène par Thierry de Peretti ; en 2006, dans Le
Retour de Sade de Bernard Noël et Daewoo de François Bon (le prix de la critique et un Molière) mis en scène par
Charles Tordjman ; en 2010, dans Paroles et Guérison de Christopher Hampton mis en scène par Didier Long ; en
2011, dans dans Invasion ! de Jonas Hassen Khemiri créé par Michel Didym ; en 2012, dans La photo de papa de
Stéphane Wojtowitch mis en scène par Panchika Velez au Théâtre des Amandiers, théâtre dont elle avait déjà foulé
les planches en 2006 avec Phèdre de Sénèque mis en scène par Julie Recoing.
Elle a rencontré Jean-Louis Benoit sur le spectacle Courteline, amour noir qu’il a créé en 2012, une coproduction
du théâtre de La Criée à Marseille et de la Compagnie de Jean-Louis Benoit (100 dates de tournée).
Elle s’est produite au Théâtre de La Colline à plusieurs reprises notamment dans Asservissement sexuel volontaire
de et par Pascal Rambert en 2000, Chaise d’Edward Bond mis en scène par Alain Françon (2008) et Nina c’est autre
chose de Michel Vinaver, mis en scène par Guillaume Lévêque (2009).
En 2015, elle a été nommée pour le meilleur second rôle féminin pour son jeu dans La Maison d’à côté mis en scène
par Philippe Adrien. Cette même année, elle a mis en scène Les Inséparables, une adaptation du roman de Colas
Gutman.
Au cinéma, elle a joué de nombreux rôles, notamment dans Séraphine de Martin Provost (2007), Les amants
réguliers de Philippe Garrel (2004) et Une femme d’extérieur de Christophe Blanc (1999).
SAISON 2015/16 > ENJEUX
theatredelaquarium.com
Le Théâtre de l’Aquarium est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication (Direction Générale de la Création Artistique),
avec le soutien de la Ville de Paris et du Conseil Régional d’Île-de-France / licences 1033612-1033613-1033614
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