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vous passez une épreuve, ... n'ayez crainte de vous en éloigner dans les situations quotidiennes
que ne règle pas la formalité de la situation d'examen !
4. Variétés, variation, hétérogénéité
Plutôt que de niveaux de langue, on parle souvent, en sociolinguistique, de variétés. Une
langue semble donc constituée de variétés : populaire, soutenue, etc. Or la réalité linguistique
est beaucoup plus compliquée : une même parole use de variétés différentes, elle apparaît
comme hétérogène.
Ce que l'on peut expliquer globalement et dialectiquement de la sorte : des forces de
diversification (centrifuges) traversent toute langue. Elles créent de l'hétérogène, de la
variation. Ces forces entrent en conflit avec des forces opposées d'unification (centripètes) qui
visent à l'homogénéisation, à laquelle elles ne parviennent jamais. La solution à ce conflit, ce
sont pratiquement les variétés, ni tout à fait même(s), ni tout à fait autre(s), et plus finement
l'hétérogénéité de toute parole.
Si dans une langue, les forces centrifuges l'emportent alors la langue donne naissance à
plusieurs langues : ainsi le latin a donné naissance aux : castillan (espagnol), catalan, français,
galicien, italien, occitan, portugais, romanche. Sous nos yeux, l'américain tend à devenir une
langue et plus seulement une variété de l'anglais. Il en va de même du brésilien vis à vis du
portugais. On pourrait dire qu'une langue, c'est une variété qui a réussi ... Du point de vue des
locuteurs, il y a tendanciellement compréhension entre variétés de la même langue, et
tendanciellement incompréhension entre langue issues d'une même langue mère.
Nulle part au monde, les forces centripètes ne l'ont totalement emporté au point de présenter
une langue sans variétés (je mets à part bien sûr une langue créée artificiellement comme
l'esperanto). C'est que, au principe de la vie sociale, il y a production de différences.
« L'existence de variations et de structures hétérogènes dans les communautés linguistiques
étudiées est une réalité bien établie. C'est plutôt l'existence d'un autre type de communauté
linguistique qu'il convient de mettre en doute. Il y a profondément enfouie chez les linguistes
une espèce de légende qui veut que, avant leur apparition sur la scène, il ait existé un groupe
homogène et uniforme qui "parlait vraiment la langue". Les chercheurs ont le sentiment d'une
corruption du modèle normal de leur communauté, due au contact avec d'autres langues, aux
effets de l'éducation et à la pression de la langue standard, ou encore aux tabous et à
l'admixtion de dialectes et de jargons spécialisés. Mais, depuis quelques années, nous en
sommes venus à reconnaître qu'une telle situation est normale, que non seulement
l'hétérogénéité est courante, mais qu'elle constitue le résultat naturel des facteurs linguistiques
fondamentaux. Nous soutenons que c'est l'absence de permutations stylistiques et de systèmes
de communications stratifiés qui se révèlerait dysfonctionnelle » (Labov, 1973/1976 : 282-
283).
5. Variétés et hiérarchisation
D'un strict point de vue linguistique, les variétés d'une même langue sont tout aussi
fonctionnelles les unes que les autres. Mais l'usage social fait que, globalement, la/les
variété(s) employées par les couches sociales inférieures sont dévalorisées, celle(s)
employée(s) par les couches sociales supérieures sont valorisées. Le jugement de valeur sur
telle prononciation ("c'est pas bien", "c'est laid"), n'a aucune objectivité ; il procède de la
hiérarchisation sociolinguistique des différentes variétés.
La norme, — celle du standard qu'enseigne l'école — , est une variété légitimée qui dispose
de moyens et d'institutions (l'école, l'Académie française) pour son imposition. On peut très
schématiquement distinguer norme, hypernorme, hyponorme :