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Thème 1 : Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le
milieu du XIXème siècle :
Les économies-monde successives
(britannique, aricaine, multipolaire)
Introduction
Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, l’histoire de l’économie mondiale
depuis 1850 est caractérisée par deux phénomènes majeurs : la croissance économique
et la mondialisation. Après avoir vu la croissance économique, penchons nous sur la
mondialisation.
Définition de la mondialisation :
Processus de mise en relation des territoires à l’échelle mondiale
A travers une série de flux (personnes, informations, transports, marchandises,
capitaux) de plus en plus nombreux et étendus : en général ils sont représentés
par des flèches sur les cartes.
Flux : circulation de marchandises, d’hommes, de capitaux, d’informations.
Il y a des endroits qui émettent et reçoivent plus de ces flux que d’autres : on dit
qu’ils sont mieux insérés/intégrés dans la mondialisation et on les appelle des
pôles
Contexte :
On dit généralement qu’une première mondialisation commence au XVIe siècle avec la
Conquête des Amériques. Mais dans la période qui nous intéresse (1850-aujourd’hui), il
y a trois phases principales de mondialisation.
Les deux premières phases sont caractérisées par un type de mondialisation que l’on
appelle des économies-monde (britannique et américaine) et la troisième phase est
caractérisée par un autre type de mondialisation, le système-monde ou économie
multipolaire.
Plan du cours :
I. L’économie-monde britannique (1850-1914)
II. L’économie-monde américaine (XXe siècle)
III. Une économie multipolaire
I. L’économie-monde britannique
a) Les causes de la puissance :
Révolution Industrielle : La Grande-Bretagne est le premier pays à vivre une
Révolution Industrielle au milieu du XIXe siècle. Dès cette époque, son
industrie, surtout dans le textile et la sidérurgie, est la plus productive et la plus
innovante. Le pays devient rapidement « l’atelier du monde ». En 1850, elle
produit 40% des biens manufacturés de la planète ! Par ailleurs, l’Angleterre
possède des gisements de charbon sur son territoire ce qui minimise les coûts
de transport de cette matière première.
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Libre-échange : Pour tirer profit de son avance sur les autres pays, l’Angleterre
adopte le libre-échange en 1846, en supprimant les droits de douane sur le blé.
Du coup, la Grande-Bretagne peux réduire son agriculture pour se concentrer
sur le développement de l’industrie. Les pays voisins, comme la France, peuvent
donc exporter librement leurs produits agricoles en Angleterre. En échange, ils
réduisent les droits de douanes pour l’importation de produits industriels
anglais. La Grande-Bretagne s’enrichit fortement en vendant ces produits
industriels.
Supériorité militaire : la Royal Navy britannique est la marine militaire la
plus importante du monde. Elle permet ainsi l’expansion de l’Empire colonial
britannique dans toutes les mers. Rapidement, le pays possède des territoires sur
tous les continents. La Royal Navy protège les routes commerciales
circulent les produits industriels exportés par l’Angleterre, mais aussi les
matières premières qu’elle importe de ses colonies (coton, thé…). Elle protège
aussi les entreprises britanniques qui possèdent rapidement des filiales dans
toutes les grandes places commerciales du monde (banques, assurances,
commerce, navigation…)
b) Une influence britannique mondiale :
Division internationale du travail : L’économie-monde britannique repose sur
une division internationale du travail (DIT). Le Royaume-Uni est le pôle
principal de l’économie-monde. Il importe des matières premières de ses
colonies (coton, céréales, tabac, thé), mais aussi des pays européens voisins
(blé, céréales…). En même temps, il exporte des produits industriels
manufacturés qui ont une plus forte valeur ajoutée vers ces pays. Le pays joue
aussi le rôle de d’entrepôt de redistribution : il achète la laine argentine qu’il
revend aux usines françaises, il importe et revend le thé des Indes…
Domination financière : Le Royaume-Uni est la principale puissance financière
mondiale. La livre sterling est la monnaie utilisée pour tous les paiements
internationaux. Les banques britanniques sont très riches et prêtent aux Etats
étrangers.
Contrôle des routes maritimes : La marine marchande anglaise contrôle 60%
du commerce mondial. Les routes maritimes de l’Atlantique Nord et de
l’Extrême Orient sont les plus importantes. En 1882, Londres s’empare de
l’Egypte pour contrôler le canal de Suez ouvert en 1869.
Une mondialisation incomplète : Cependant, la majorité des exportations
(60%) et des investissements (70%) à l’étranger se dirigent vers le monde anglo-
saxon : Etats-Unis, colonies britanniques (Inde, colonies d’Afrique) et
dominions britanniques (Canada, Australie). Les flux commerciaux et financiers
sont d’abord dirigés vers cet ensemble (qui représente l’Empire britannique
historique), et non vers l’ensemble du monde. La mondialisation n’est donc pas
complète.
c) La fin de la domination :
Grande Dépression : Entre 1874 et 1896 a lieu la Grande Dépression. Faute
d’innovations, la croissance économique britannique ralentit et ne parvient pas à
retrouver son dynamisme antérieur. Les principaux partenaires commerciaux de
l’Angleterre (Allemagne, Etats-Unis) adoptent le protectionnisme pour se
protéger de la crise économique. Ils imposent des taxes à l’importation de
produits industriels britanniques pour favoriser la consommation des produits de
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leurs propres industries. Ainsi, le Royaume-Uni n’arrive plus à vendre ses
produits industriels. Par ailleurs, il n’investit pas assez dans la Seconde
Révolution industrielle qui favorise surtout les Etats-Unis.
Première Guerre mondiale : dès 1913, le Royaume-Uni n’est plus la première
puissance industrielle du monde. La Première Guerre mondiale accentue ses
difficultés économiques. En effet, pour financer l’effort de guerre, le Royaume-
Uni s’endette auprès des Etats-Unis.
Une grande puissance : malgré ce clin, dans l’entre-deux guerres, le
Royaume-Uni reste une grande puissance, même si elle n’est plus la première
puissance mondiale. Dans les années 1930, elle contrôle encore près de la moitié
du commerce mondial et la livre-sterling demeure la monnaie de référence
internationale. A partir de 1931, le Royaume-Uni fonde le Commonwealth qui
lui assure l’accès à de nombreux marchés mondiaux.
II. L’économie-monde américaine :
a) Les causes de la puissance américaine (1918-1945) :
Ressources naturelles et main-d’œuvre : La conquête de l’Ouest du XIXe
siècle permet de découvrir les nombreuses ressources naturelles qu’abrite le
gigantesque territoire américain. Toutes les ressources nécessaires aux
Révolutions Industrielles s’y trouvent : charbon, fer, pétrole... Grâce à ces
richesses, le pays attire de nombreux immigrants européens. La population
passe de 23 millions d’habitants en 1850 à 132 millions en 1940. Du coup, les
Etats-Unis disposent d’une main-d’œuvre abondante pour fabriquer les produits,
mais aussi d’un marché de consommateurs pour acheter ces produits, ce qui est
la base de la croissance économique.
Révolution Industrielle : Grâce à leurs liens privilégiés avec le Royaume-Uni
(ex colonie), les Etats-Unis importent les innovations technologiques des
Anglais dès la première Révolution Industrielle. Avec la Seconde Révolution
Industrielle, l’industrie britannique est passée par celle des Etats-Unis qui,
grâce à leurs ressources et leur main-d’œuvre parviennent à produire plus que
les Britanniques. De plus, les entreprises américaines sont les plus performantes
grâce au taylorisme et au fordisme.
La première puissance économique mondiale : A la fin du XIXe siècle, les
Etats-Unis deviennent la première puissance économique mondiale. La
Première Guerre mondiale accroît encore la puissance américaine au détriment
de l’Europe affaiblie. En 1929, les Etats-Unis produisent 43% de la production
industrielle mondiale et sont la première puissance financière de la planète. La
crise économique de 1929 affaiblit le pays, mais les Etats-Unis demeurent la
première puissance.
Seconde Guerre mondiale : La Seconde Guerre mondiale permet aux Etats-
Unis de s’enrichir encore plus. Leur territoire n’est presque pas affecté par la
guerre. Du coup, leurs usines continuent à fonctionner, et ils vendent leurs
produits aux Européens qui voient leurs usines bombardées. En 1951, les Etats-
Unis fournissent 51% de la production industrielle mondiale, grâce à leur avance
technologique et aux besoins de l’Europe dévastée.
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b) La superpuissance américaine (1945-1970)
Libre-échange : Après la guerre, les Etats-Unis veulent continuer à assurer des
débouchés à leurs entreprises qui produisent énormément de richesses, même
après que les usines européennes recommencent à fonctionner. Pour cela, il faut
que les autres pays aient le moins de barrières douanières possibles contre les
importations et donc qu’ils adoptent le libre-échange. Pour les pousser à faire
cela, les Etats-Unis promeuvent quatre initiatives au sortir de la guerre (comme
ils sont les plus riches, ils peuvent facilement imposer ces mesures) :
o Accords de Bretton Woods (1944) : organisation d’un système
monétaire international reposant sur le dollar américain : la valeur de
chaque monnaie est fixée par rapport à celle du dollar américain.
o Création de deux Banques Internationales (1944) : le Fond Monétaire
International (FMI), qui sert à prêter de l’argent aux Etats en faillite, et
la Banque Mondiale qui finance des programmes de développement.
o Plan Marshall (1947) : plan qui vise à la reconstruction de l’Europe
d’après-guerre à travers des prêts des Etats-Unis.
o Accord Général sur les Tarifs Douaniers ou GATT (1947) : En 1947,
23 pays signent à Genève le GATT. Il s’agit d’un accord qui invite les
signataires à adopter le libre-échange.
La superpuissance: Les Etats-Unis passent donc à dominer l’économie
mondiale : ils sont le centre d’une nouvelle économie-monde. Mais ils sont aussi
une des principales puissances politiques mondiales car ils dominent le bloc de
l’Ouest dans le cadre de la Guerre Froide. Au niveau culturel, l’American way
of life, qui repose sur la société de consommation, les films hollywoodiens, etc.
se diffuse partout.
Division internationale du travail : le Canada et l’Amérique Latine fournissent
des matières premières aux Etats-Unis qui les transforment en produits
industriels à plus forte valeur ajoutée. L’Europe de l’Ouest représente le premier
débouché des produits américains. A partir des années 1960, les Etats-Unis
bénéficient également de la main-d’œuvre des Nouveaux Pays Industrialisés
(NPI) d’Asie (Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan, Singapour). Les Firmes
Transnationales (FTN) américaines se délocalisent donc de plus en plus.
Une mondialisation incomplète : L’économie-monde américaine concerne
avant tout le continent américain et le bloc occidental, il s’agit à nouveau d’une
mondialisation incomplète, puisque le bloc soviétique et les pays communistes
en sont exclus.
c) La contestation de la puissance américaine (1970-1990)
Problèmes internes : Dès 1960, les problèmes internes de la société américaine
viennent remettre en question le modèle de l’American way of life : pauvreté,
ségrégation raciale, protestations contre le modèle capitaliste et la guerre au
Vietnam, critiques du non-respect de l’environnement etc.
Antiaméricanisme : La contestation vient aussi de l’extérieur :
l’antiaméricanisme est important en Europe, car les pays ne veulent pas être
dépendants des Américains. Pour rivaliser avec la superpuissance des Etats-
Unis, en 1957, les pays européens forment la Communau Economique
Européenne (CEE), l’ancêtre de l’Union Européenne. L’antiaméricanisme est
encore plus fort dans les pays du Sud, comme au Proche et au Moyen-Orient ou
en Amérique Latine de nombreux acteurs protestent contre la domination
économique américaine.
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Concurrence économique : A partir de 1957, les Etats-Unis vont avoir de plus
en plus de concurrents économiques. D’abord la CEE, mais aussi ensuite le
Japon, puis les NPI asiatiques. Ainsi, même si les Etats-Unis demeurent
actuellement la première puissance économique mondiale, leur part relative dans
le commerce mondiale diminue, car ils ont de plus en plus de rivaux.
III. L’économie multipolaire ou système-monde :
a) Les causes de la multipolarité
Mondialisation : C’est la mondialisation qui provoque la multiplication des
pôles et les débuts du système-monde, à travers une multiplication des flux et
des échanges mondiaux depuis la fin de la Guerre Froide. Les échanges se
multiplient dans tous les domaines : flux de marchandises (matières premières et
produits manufacturés), de services, d’informations, de personnes, de capitaux…
Libéralisme : La chute du Bloc Soviétique en 1991 et l’ouverture économique
de la Chine à partir de 1979 marquent la victoire du modèle libéraliste à
l’échelle internationale. Le libre-échange se généralise partout. Les
marchandises, mais aussi les capitaux, circulent de plus en plus librement et
abondamment. En 1995, le GATT est remplacé par l’Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) chargée d’œuvrer pour la promotion du libre-échange
avec plus de pouvoir que le GATT.
Révolution des transports et des NTIC : La libéralisation économique est
accompagnée d’une révolution des transports et des Nouvelles Technologies de
l’Information et de la Communication (NTIC). La taille des navires augmente,
ils se spécialisent (pétroliers, porte-conteneurs) et peuvent transporter de plus en
plus de marchandises. L’essor du trafic aérien facilite les flux de personnes.
Avec Internet, le prix des transferts de données est négligeable et les flux
financiers sont rendus plus aisés.
Division internationale du travail : La Division Internationale du Travail ne
concerne plus qu’une seule partie du monde (Empire britannique ou Bloc de
l’Ouest), mais elle est désormais généralisée. Les FTN sont les acteurs
économiques les plus importants de cette phase de la mondialisation. Elles
organisent leurs activités à l’échelle planétaire selon les débouchés qu’elles
veulent conquérir, les coûts de production ou les capacités technologiques
d’une région. La conception des produits, la fabrication de leurs pièces
détachées et l’assemblage final s’effectuent généralement dans des pays
différents.
b) La domination de la Triade
Triade : Actuellement, l’économie multipolaire est dominée par trois pôles
regroupés sous l’appellation de Triade : il s’agit de l’Amérique du Nord, de
l’Europe occidentale et du duo Japon-Corée du Sud.
La superpuissance américaine : Les Etats-Unis demeurent la seule
superpuissance. Le dollar est toujours la monnaie de référence, les FTN
américaines sont parmi les plus performantes et les Américains dominent le
secteur des hautes technologies (Google, Facebook…). Mais leur place dans
l’économie mondiale a reculé à cause de la montée en puissance de concurrents
économiques (CEE, Japon), de leur déficit commercial (ils importent plus qu’ils
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