Le récit de la première multiplication des pains (chez Mc 6), commence par une remarque étonnante de
Saint Marc : « En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce
qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. » (Mc 6, 34).
« Ils étaient comme des brebis sans berger »
Pourtant, il y avait beaucoup de synagogues autour du lac de Galilée et ces gens qui étaient là,
fréquentaient certainement celle de leur village, comme nous, aujourd’hui, notre église paroissiale.
Il y avait partout des chefs de synagogues et les évangiles ne disent rien sur une pénurie de vocations à
cette époque.
Pourtant lorsque Jésus regardait ces gens, ils avaient l’air d’être sans berger, un troupeau sans pasteur…
Il manquait quelque chose dans la pastorale de l’époque. Les chefs de synagogues exerçaient leur
ministère à leur manière mais cela n’était pas suffisant, quelque chose manquait, quelque chose ne
fonctionnait pas. Jésus attendait d’eux quelque chose de plus. Dieu attendait d’eux quelque chose de
plus, mais eux, pensaient que tout allait bien, que la pastorale qu’ils avaient apprise au séminaire, à
Jérusalem, était bonne. Probablement, ils disaient : « On fait ce qu’on peut ».
Juste après la phrase : « Ils étaient comme des brebis sans berger » Saint Marc dit : « Alors, il se mit à les
enseigner longuement. ».
Jésus fait ce qu’il manquait.
Il manquait l’enseignement : « didasko » (gr) - enseigner, donner des instructions, des préceptes,
apprendre, prêcher, instruire.
Pour donner l’exemple aux apôtres, pour les former, il fait lui-même leur travail, Il leur montre comment
faire.
On se rappelle ce que Dieu dit au prophète Ézéchiel : « C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est
moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu. La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la
ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui
est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. » (Ez 34, 15-16).
L’enseignement de Jésus était long : « Il se mit à les enseigner longuement. » :
Le mot grec « polus » est généralement traduit par : beaucoup, grand, beaucoup de choses, longtemps.
Non pas une courte homélie du dimanche de 10 minutes ou 3 minutes pendant la messe en semaine,
mais un long enseignement.
« Il se mit à les enseigner longuement. »
Mais Jésus n’a pas appelé les apôtres pour faire leur travail et pour enseigner à leur place. C’est pour cela
que juste après, Jésus leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » (Mc 6, 37).
Il y a 16 ans, dans ma paroisse, je me sentais comme si Jésus me disait : « Donne-leur toi-même à
manger ».
Pourtant je pensais que je donnais à manger aux brebis que Jésus m’avait confiées.
Je prêchais, je parlais aux enfants et aux jeunes…
« Je fais ce que je peux… Qu’est-ce que je peux faire de plus ? »
Remarquons maintenant la réaction des apôtres : « Ils répliquent : "Irons-nous dépenser le salaire de
deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ?" » (Mc 6, 37).
« Ils répliquent ».
Le mot « répliquer » (en grec Lego) signifie entre autre : enseigner, conseiller, commander.
Il est intéressant d’analyser dans la Bible les moments où l’homme commence à enseigner, conseiller
Dieu. Comme si Dieu n’était pas au courant de tous les détails du dossier, comme s’il fallait l’éclairer,
l’aider à comprendre…
Aujourd’hui beaucoup de curés font de même.
Ils disent : « Seigneur, je n’ai pas le temps. Je suis trop pris. Dans mon diocèse il n’y a pas assez de prêtres
et j’ai une grande paroisse. Et surtout j’ai beaucoup de réunions, pratiquement tous les soirs. Cela me
prend beaucoup de temps. Si j’arrive à bien préparer une homélie avant le week-end, c’est déjà pas mal.