ACTES DU FORUM DE LA RÉGULATION 2003!:
S.Solari
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dimension territoriale a été confirmée par PALOMBARINI (2001; 2003) dans l'étude des
compromis politiques à l'origine des gouvernements et de l'action politique italienne.
Le concept de régulation politique au niveau local a été développé à propos des régions de la
Vénétie et de l’ Emilia Romagna par Patrizia MESSINA (1999; 2002). Patrizia Messina a
analysé l'importance des subcultures politiques locales pour mieux caractériser la forme
d'interaction et la configuration institutionnelle des administrations locales. Elle a montré le
côté agrégatif des institutions de culture "blanche" en Vénétie et l’aspect intégratif de la
culture "rouge" dans les autres régions (Emilie Romagne, Toscane). Une autre étude
(MESSINA et alii., 1999) prend en considération le thème des finances locales2 pour montrer la
connexion entre la régulation politique et la régulation économique.
L’étude comparée des aspects institutionnels qui relient économie, culture, administration
publique dans trois régions du nord-est italien a été menée grâce à une recherche sur les
institutions à caractère associatif pour la production de politiques axées sur le développement
local (SOLARI, 2002b; 2004ab). Encore une fois, les différents styles politiques interviennent
dans l'évolution économique locale. Ils tendent à modifier la forme des interactions entre les
administrations et la capacité des communautés locales à s'organiser pour la production de
biens publics mieux adaptés au développement du territoire.
Enfin, une recherche récente pour la Région Vénétie sur les conséquences de la réforme de la
Constitution italienne en matière de principes de Fédéralisme Budgétaire, a fourni des
documents intéressants sur les finances des régions. Le calcul par région du résidu fiscal (la
différence entre le total des recettes et des dépenses de toutes les administrations)3 donne des
résultats surprenants. Par-delà la redistribution nord-sud et la demande d’un résidu fiscal pour
les régions du nord, l'aspect qui nous intéresse le plus est la différence entre les résidus des
régions elles-mêmes. Le Veneto, région 'blanche' contraire à la production directe de biens
publics par l'administration et orientée plutôt vers l’équilibre budgétaire, a des résultats
nettement supérieurs aux autres régions (plus riches), et en particulier à l'Emilia Romagna
'rouge' dont le modèle de développement reste néanmoins très proche. Le résidu fiscal de la
Vénétie représente 23,5% des recettes, contre 6,6% pour le Piémont, 5,7% pour la Lombardie
et 15,2% pour l’Emilie Romagne; en valeur absolue il est le double de celui de la Lombardie
et de l'Emilie Romagne et le quadruple de celui du Piémont (la Vénétie pourtant est moins
riche que la Lombardie et l'Emilie Romagne).4 Ce qui fait problème, eu égard aux relations
État-économie au niveau local, aux flux financiers qui en dérivent et à la figure des
institutions qui structurent les rapports.5
Pour confirmer l'hypothèse (MESSINA et al., 1999) de rapports étroits entre la subculture
politique territoriale, le style administratif, les finances publiques et le modèle de
développement, il faut une analyse et un cadre théorique plus précis. Ce cadre doit permettre
de mieux formuler cette hypothèse mais aussi de la vérifier dans une perspective intégrée et
historique. La Théorie de la Régulation de ce point de vue offre de nombreux avantages:
interdisciplinarité, place centrale des institutions, perspective historique, un cadre favorable à
l'introduction d'idéal-types pour schématiser les situations, un cadre pratique pour la
comparaison. Jusqu’ici, un certain nombre de problèmes épistémologiques demeurent en
suspens, et les difficultés d'application font obstacle à l'analyse.
2 Du point de vue financier, la dépense publique locale des administrations des régions à subculture rouge est plus élévée,
surtout dans le domaine de la culture, de l'éducation, de l'intervention économique et de certaines infrastructures sociales.
3 Données du Ministère de l'Économie, Département pour les politiques de développement et cohésion.
4 3,1 mille euro de taxes payées par chaque citoyen du Veneto vont aux autres régions, contre seulement 0,8 pour la
Lombardie..
5 Une part importante des dépenses des collectivités locales est représentée par des services publics essentiels à caractère
fortement redistributif, comme la santé et l'aide aux personnes. Le fédéralisme budgétaire est donc extrêmement complexe
en Italie car on peut difficilement reingénieriser la structure des recettes pour accorder l’autonomie financière aux
collectivités locales qui gèrent les services en question. De fortes disparités territoriales de revenus rendent impossible la
décentralisation des services essentiels.