BIODIVERSITÉ ET AGRICULTURE
Pour Dominique Bussereau, «il ne s’agit pas de
créer des sanctuaires de la nature en milieu
rural »,mais pour autant, « une bonne gestion de
la biodiversité est un atout pour un agriculteur ».
Pour mieux comprendre l’enjeu du débat agricul-
ture et biodiversité, quelques éléments à retenir.
Des rapports complexes
•La diversité du vivant, base de la production
agricole, représente également pour l’agriculture
une contrainte qu’il lui faut gérer (ravageurs, mau-
vaises herbes, prédateurs, concurrence avec des
espèces sauvages…);
•l'agriculture contribue à la diversité biologique
(sélection de races et de variétés, création de
structures paysagères constituant des habitats
particuliers...), et d’un autre côté, elle la réduit
(homogénéisation et simplification du parcellaire
etdes cultures, impacts négatifs pour la biodiver-
sitéde certains intrants etpratiques agricoles…).
Une intégration progressive
•1992 : réforme de la PAC et intégration de la
notion de multifonctionnalité et d’environnement ;
•1999 : mise en œuvre du second pilier de la PAC
et des mesures agroenvironnementales spécifi-
quement ciblées sur la conservation et l’utilisation
durable de la biodiversité ;
•2003 :accords de Luxembourg:élargissement
de la prise en compte de l’environnement dans le
premier pilier de la PAC grâce à la conditionnalité
environnementale des aides. Ces évolutions recon-
naissent la multifonctionnalité des territoires
ruraux et assignent progressivement à ces espa-
ces des objectifs environnementaux et sociaux, en
conjonction avec la production agricole.
Bima 2005 janvier/février 2005
ENVIRONNEMENT10
BIODIVERSITÉ
LE VOLET AGRICOLE
Ouvrant la conférence internationale sur la biodiversité
fin janvier à Paris, le Président de la République
a déclaré que le respect de l’environnement devait être
« l’objectif de l’agriculture toute entière ». Des propos
qui font échos au volet agricole de la stratégie nationale
adoptée par la France en février 2004.
marielle roux
Lors du sommet de la Terre à Rio en
1992, la biodiversité a été reconnue
comme patrimoine commun de l’huma-
nité. La France a ratifié en 1994 la
Convention pour la diversité biologique
(CBD) issue de la conférence de Rio et
s’est dotée en février 2004 d’une stratégie
nationale pour la biodiversité, déclinée en
cinq plans d’action: agriculture, mer, urba-
nisme, transport et outre-mer. Les activi-
tés agricoles et rurales jouent un rôle
majeur dans la gestion du vivant et ont
une influence directe sur sa diversité. Pour
améliorer la prise en compte de la biodi-
versité dans les politiques agricoles fran-
çaises comme dans les pratiques de ter-
rain, cinq grandes orientations sont rete-
nues: promouvoir la biodiversité dans les
démarches territoriales; favoriser les pra-
tiques agricoles qui maintiennent ou pro-
duisent de la biodiversité, notamment
grâce au développement de l’infrastruc-
ture écologique (haies, linéaires, talus,
surfaces toujours en herbe, bosquets) et à
la réduction des pollutions diffuses ; ren-
forcer les dispositifs de conservation et de
réglementation des ressources généti-
ques pour l’agriculture et l’alimentation;
mettre en place un outil de suivi de l’état
de la diversité du vivant en milieu rural et
de son évolution et enfin, renforcer la sen-
sibilisation et les compétences des agri-
culteurs et de tous les acteurs du monde
agricole et rural.
Le plan d’action agriculture pour la biodi-
versité précisera l’état zéro de chaque
action, sera évalué et révisé tous les deux
ans. Début 2005, au plus tard, sera consti-
tué un groupe de travail, pérenne, éma-
nant d’un réseau agriculture-biodiversité.
Objectif: la conservation et l’utilisation
durable de la diversité biologique en milieu
rural, qu’elle soit ordinaire ou remarqua-
ble. C’est l’ensemble des pratiques agrico-
les favorables au maintien, au développe-
ment et à l’utilisation durable de la biodi-
versité qui seront ainsi renforcées l
Pour en savoir plus :
www.recherche.gouv.fr/biodiv2005paris
«Biodiversité : science et gouvernance »
Photo Bernard Molins/MAAPR